Réincarné en mercenaire de l’espace – Tome 2 – Chapitre 10 – Partie 1

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Chapitre 10 : La lieutenante mignonne, mais ennuyeuse

Partie 1

« Vous ne m’échapperez pas. »

« Oh-oh. »

Nous avions passé trois jours à tout préparer : provisions, carburant et maintenance. Le Krishna était en pleine forme et il était prêt à s’élancer dans l’univers.

Puis Serena était revenue. Et elle n’était pas dans son uniforme cette fois.

« Madame !? » J’avais paniqué. Pourquoi était-elle ici en vêtements de ville ? « Euh, madame, s’il vous plaît ? Madame, s’il vous plaît, madame, je vous en supplie. M’dame ! »

« Qu’est-ce que c’est que cette réponse !? » dit Serena. « Excusez-moi ! Arrêtez de me pousser ! C’est grossier ! C’est plus qu’irrespectueux ! Je suis la fille du marquis Holz, je vous le fais savoir ! »

« Tch. Merde, vous êtes ennuyeuse. »

« Pardon ? Est-ce que vous venez de me traiter d’ennuyeuse ? » La mâchoire de Serena s’était effondrée devant mon rejet flagrant. Oh ? Qu’est-ce que c’est ? Tu vas utiliser tes droits de noble ou je ne sais quoi pour me découper sans remords ?

« Euh, Maître Hiro ? Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne façon de lui parler…, » dit Mimi.

« Comment un homme peut-il être aussi intrépide ? » murmura Elma.

Le visage de Mimi s’était assombri en me voyant repousser la lieutenante commandante, Elma avait juste secoué la tête. Hé, quel est le problème ? Je ne sais pas ce que ressent cette noble, mais le Krishna est mon navire. Elle ne peut pas faire irruption dans mon domaine.

« C’est quoi le problème ? » avais-je dit. « N’aviez-vous pas dit que vous abandonneriez l’idée de me recruter ? »

« Ngh ! O-oui, je suppose que je l’ai fait, mais… »

« Mais ? »

« Ce n’est pas juste ! Je suis ensevelie sous le travail, mais vous pouvez tous aller vous amuser dans les stations du système Cierra !? C’est la définition de l’injustice ! » Serena avait pointé un doigt sur nous.

« Argh. Comment peut-elle être autant une emmerdeuse ? » Je m’étais emporté. Comment a-t-elle su que nous allions là-bas, de toute façon ? Maintenant, je suis effrayé.

« J’ai entendu ça ! Vous m’avez encore traitée d’emmerdeuse ! »

J’avais ignoré la déception palpable de Serena et j’avais soupiré. Comment pourrais-je la qualifier autrement que d’emmerdeuse ? Quel autre mot pouvait décrire la perturbation qu’entraînait chacune de ses apparitions, comme si elle avait spécifiquement prévu d’arriver juste au moment où nous étions sur le point de partir ?

« C’est méchant, même pour toi, Hiro, » déclara Elma. « D’habitude, tu es gentil avec les filles. »

« Ça ne me dérangerait pas si elle était juste un gros bonnet, mais c’est la fille d’un marquis. Si je suis trop gentil avec elle, elle pourrait trop s’attacher à moi. »

« Attachée !? Je suis quoi, une sorte d’animal de compagnie !? » Serena rougit de rage.

« Tu risques d’avoir l’effet inverse, » m’avait prévenu Mimi.

Attends, vraiment ? Est-ce que Serena s’attache de plus en plus chaque fois que j’essaie de la repousser ?

« Pour de vrai, c’est quoi le problème ? » avais-je dit. « Oui, nous sommes sur le point de partir en vacances dans le système Cierra. Enfin, des vacances de travail. Nous allons toujours descendre quelques pirates ici et là. »

« Eh bien, je pense que c’est, euh… imprudent, » dit Serena.

« Imprudent ? » avais-je répété.

« Oui. Des gens sont morts et des biens ont été endommagés dans cette attaque bioterroriste. Ne pensez-vous pas qu’il est imprudent de partir en vacances pendant une période aussi difficile pour la colonie ? »

« Je vois. » J’avais hoché la tête.

« Héhé. Je suis heureuse que vous compreniez. Peut-être pourriez-vous rester… »

« Mais ça n’a rien à voir avec nous, » je l’avais interrompue. « Maintenant, il faut y aller. Vous pouvez partir, s’il vous plaît ? Je dirais que c’est bien plus imprudent d’utiliser ça comme excuse pour nous garder dans le coin. »

« Aah ! » Serena avait crié. « Non, vous ne pouvez pas ! C’est mal pour un homme de porter la main sur une femme noble non mariée ! Aah ! Je vous couperai les cheveux pour cet affront, je le jure ! C’est mon droit ! »

« Mon Dieu, comme vous êtes ennuyeux, vraiment !? Vous avez l’air sobre, mais vous devez être ivre ! » J’avais essayé de pousser Serena hors de la cafétéria, mais elle s’était enfermée dans l’embrasure de la porte avec ses quatre membres, résistant pour sauver sa vie. À ce rythme, j’allais devoir la faire sortir avec cette fichue armure de puissance.

« Argh, bon sang. Calmez-vous, vous deux. Allez. » Elma s’était mise entre nous et nous avait séparés de force. Résister ne me servirait pas à grand-chose ici, alors j’avais levé les mains en signe de reddition et m’étais installé sur une chaise. Mimi s’était assise à côté de moi tandis que Serena et Elma s’étaient assises en face de nous.

« D’accord. » Je soupirai. « Je vais vous le demander encore une fois. Quel est le marché ? On veut sortir de ce système stellaire. Si vous ne me donnez pas une bonne raison d’entraver notre liberté, alors je vais utiliser mon autorité de capitaine pour que ces deux-là m’aident à vous jeter hors du vaisseau. » J’avais regardé Serena dans une tentative d’intimidation.

Cela avait marché.

« Urk… » Elle avait détourné les yeux, refusant de regarder l’un d’entre nous. « Je vous envie tous. Alors j’ai voulu venir et vous arrêter. »

« Hein ? »

« Je suis jalouse, et je voulais vous arrêter ! Avez-vous un problème avec ça !? » aboya Serena.

« Oui, beaucoup de problèmes ! » avais-je dit.

« Dans quel univers est-ce que c’est juste !? Je passe chaque minute de chaque heure de chaque jour à regarder ces maudits monstres tentaculaires sur l’holoaffichage, à étudier les données, à assister à des réunions stratégiques et à rédiger des rapports ! Et pourtant, vous allez dans une station balnéaire ! Pourquoi ne viendrais-je pas vous arrêter !? »

« C’est carrément énervant ! C’est vraiment de la jalousie ! »

« Non, non, non ! Ce n’est pas juste, ce n’est pas juste ! Je veux partir en vacances ! »

« Vous faites une crise de colère maintenant !? Qu’en est-il de votre honneur de soldat ou de votre fierté de noble !? »

La lieutenante commandante avait tapé du poing sur la table et avait crié. Elle avait dû boire avant de venir ici, parce que le soldat équilibré que je connaissais avant avait totalement disparu.

« Alors vous êtes vraiment… venue nous arrêter parce que vous êtes jalouse ? » avais-je demandé.

Serena m’avait lancé un regard noir et avait hoché la tête. J’avais souri, l’incitant à faire de même. Je t’ai eu.

« okayk, sortez. »

« Nooon ! Mais j’étais tellement honnête ! » avait-elle hurlé.

« Vous étiez malveillante ! Comment suis-je supposé compatir !? »

Serena s’était accrochée à la table en signe de protestation alors que j’essayais de la décoller. Mimi était, bien sûr, celle qui avait mis fin à notre lutte. « Excusez-moi. Puis-je parler ? »

« Qu’est-ce qu’il y a ? » avais-je demandé.

« Eh bien, Lieutenante Commandante, je crois que vous savez que faire des crises de colère n’aidera pas, » lui avait dit Mimi. « Vous connaissez votre position mieux que quiconque. Le fait que vous soyez en tenue de ville signifie que vous n’êtes pas au travail, n’est-ce pas ? »

« Bien, » dit Serena.

« Alors peut-être êtes-vous ici pour souffler un peu ou même pour vous défouler. Vous voulez passer du temps avec Maître Hiro parce qu’il ignore votre statut et vous parle comme vous êtes. Est-ce bien ça ? »

Le silence boudeur de Serena était une réponse suffisante.

« Passer du temps avec moi ? » Mimi aurait pu avoir une idée, mais je n’avais aucune idée. De plus, je n’avais pas l’intention d’emmener Serena à un autre rendez-vous désastreux et alcoolisé. Elle sentait les ennuis.

« Et si on faisait une petite fête ? » proposa Elma. « Nous n’avons pas de nourriture bio, mais le Steel Chef fait de bonnes choses. J’ai aussi des boissons. »

« Oui, je sais, » avais-je dit. « Comme les 100 000 Eners de matériel qui brûlent un trou dans ma soute, non ? » Elma avait visiblement tressailli à ce rappel.

« En quoi est-ce important ? Tu veux me garder ici, n’est-ce pas ? » dit Elma.

« Oui, c’est vrai. » La jolie et fiable Elma était très agréable à avoir sur le navire, tout comme la douce petite Mimi. Mais Serena ? Pas du tout. Ce serait un tout autre modèle. « okayk, juste pour aujourd’hui, on peut sortir les boissons. Et vous m’en devez deux maintenant, Serena. »

« Arg ! O-okay. » La dette de Serena envers moi augmentait, ce qui aurait dû être un problème pour elle — à moins qu’elle n’utilise cela pour rester proche de moi. Oh, non.

« Et si on s’y mettait ? » avais-je dit. « On peut appeler ça une fête d’adieu. »

« Oui, monsieur ! » Mimi gazouilla. « En fait, je viens de faire livrer de la nouvelle nourriture ici ! Essayons-la. »

Attendez. Nouvelle nourriture ? Quand est-ce que c’est arrivé ? Mimi apprenait quelques trucs d’Elma. Je me demandais si la soute était bien remplie avec ces deux-là qui faisaient entrer en douce leurs friandises préférées.

 

☆☆☆

 

« Alors, euh… Je n’arrive pas vraiment à penser à quelque chose, mais quand même, santé ! »

« À la vôtre ! »

Après mon toast plat et ennuyeux, les filles avaient fait tinter leurs verres. Elles avaient toutes de l’alcool, mais j’en étais resté à mon habituel soda non gazeux.

Mimi rayonnait. « Aah, quelle belle boisson ! »

« C’est celle que j’ai achetée à l’usine, » lui dit Elma. « elle était un peu chère… »

« Tu appelles 100 000 Eners un peu ? » avais-je demandé.

« Ce n’est pas tant d’argent pour des mercenaires… »

« Vous avez tous une relation étrange avec l’argent, » pensa Serena.

« P-Pas moi ! » dit Mimi. « Maître Hiro et Elma sont juste un peu… »

« Un peu de quoi ? » Elma ajouta. « N’as-tu pas supplié Hiro pour une nouvelle baignoire, une machine à laver, une cuisinière, et tout le reste ? C’était combien ? Trois cent mille Eners ? »

« Je suis d’accord. Tu es tout aussi mauvaise, » avais-je dit.

« N-Non pas du tout…, » murmura Mimi.

Celui qui avait dit « trois femmes font une maison de fous » avait raison. Elles avaient apparemment une infinité de choses à raconter, passant d’un sujet à l’autre. J’avais du mal à suivre les fils tortueux de la conversation qui changeait rapidement. Ne puis-je pas simplement organiser tout cela sur une clé USB ?

À la place, j’avais regardé l’étalage de friandises qui était arrivé grâce à Mimi. Je ne pourrais même pas nommer la moitié des trucs sur la table. Toutes sortes de cuisines nous attendaient. Il devait y avoir autant de plats que d’étoiles dans le ciel. okayk, c’est peut-être un peu hyperbolique.

J’avais décidé d’inspecter le plat le plus proche de moi. C’était des pâtes rosées, ou du moins c’est ce qu’il semblait. C’est bon. Ça, euh, ne bouge pas ou quoi que ce soit. Je ne dirai pas ce que c’était, mais le simple fait de l’imaginer m’avait fait frissonner. J’avais utilisé mes baguettes pour prendre un morceau de pâtes et l’examiner de près. D’accord, ce sont des pâtes. En tout cas, ça n’a pas l’air d’être des vers.

Je l’avais mis dans ma bouche. Il ne s’était pas débattu et n’avait pas explosé sur ma langue, ce qui était un soulagement. Quant au goût… il rappelait l’oursin. Il y avait une richesse sucrée, ce qui le rendait très savoureux.

Je mâchais encore quand j’avais vu que les filles me fixaient.

« Quoi ? » avais-je dit en avalant la bouchée.

« Est-ce bon ? » m’avait demandé Elma.

« C’est pas mal. C’est doux et épais… Pourquoi me regardez-vous comme ça ? »

« Euh, ça s’appelle un ver de l’espace —, » commença Mimi.

« La la la, je ne t’entends pas ! » avais-je crié. « Ce sont des pâtes aux oursins ! Des pâtes au goût d’oursin fabriquées avec des techniques d’aromatisation avancées ! »

« C’est une sacrée tentative d’auto-illusion…, » commenta Elma.

Mimi, pourquoi as-tu acheté cette créature dégoûtante ? Non, attends. Ce sont des pâtes. Ce n’est pas dégoûtant, et ce n’est pas une créature. Ce sont des pâtes !

« Pourquoi vous n’essayez pas toutes ? Ces pâtes à l’oursin sont bonnes. »

« Euh, je ne préférerais pas. » Serena s’était retirée.

Elma se renfrogna. « Moi non plus. »

« Je ne devrais vraiment pas…, » Et Mimi avait été la troisième.

« Tu l’as acheté ! Pourquoi ne le veux-tu pas ? » avais-je insisté.

« Umm… »

« N’es-tu pas censée essayer toute la nourriture de l’univers ? » avais-je dit.

« Ulp… Oui. » Mimi avait pris un peu du ver, je veux dire, de pâtes. Des pâtes. C’est ça. Des larmes brillaient dans ses yeux pendant qu’elle mâchait, mais soudain elle avait cligné des yeux, son visage s’éclaircissant. « Hein ? En fait, c’est bon. »

« N’est-ce pas ? Fais comme si c’était des pâtes aux oursins, et c’est très bien, » avais-je dit.

« Je suis d’accord. Oui, c’est très bien, » dit Mimi.

Elma et Serena avaient partagé un regard méfiant.

« Devrais-je peut-être aussi l’essayer ? » dit Elma.

« D’accord. Nous ne voudrions pas le gaspiller, » déclara Serena.

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