Rakudai Kishi no Cavalry – Tome 6 – Chapitre 5

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Chapitre 5 : Découpe du nœud

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Chapitre 5 : Découpe du nœud

Partie 1

Dans la ville de la baie d’Osaka — un projet d’urbanisme à mi-chemin du progrès. D’ordinaire, une ville fantôme sans âme et son symbole de ruine — le Bay Dôme — était aujourd’hui pleins à craquer de monde, tous venu assister au Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée, le festival des chevaliers-étudiants du Japon.

« C’est toi qui voulais quelque chose comme ça ! Amuse-toi bien, princesse cramoisie ! »

« Il est temps pour Akatsuki de nous montrer leurs affaires aussi ! »

« Ne perds pas face à eux, Mikoto-chan ! »

Le signal de départ du quatrième match du bloc B — le match avec la règle sans précédent des quatre contre un — avait déjà été donné. L’excitation suscitée par cette irrégularité avait rapidement fait frémir la foule. Mais ce sentiment se limitait aux tribunes. Au cœur de ce tourbillon d’excitation, le cœur de Yui Tatara brûlait d’une émotion différente de celle qu’elle ressentait sur le ring.

Cette émotion était de la rage.

Comment ose-t-elle me rabaisser… ! pensa Tatara.

Naturellement, cette rage était dirigée contre Stella. C’est elle qui avait suggéré un 4 contre 1. En d’autres termes, elle croyait qu’elle pouvait se mettre dans une situation de désavantage numérique tout en étant capable de les vaincre. Si on laisse de côté l’adversaire initial de Stella, Mikoto Tsuruya, qui aurait de toute façon souhaité cette situation, c’était une évolution favorable pour eux. Ils étaient là pour dominer le Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée. Mais pour Tatara, qui avait été forcée de monter sur scène, cela ne pouvait pas être plus ennuyeux, d’être méprisé à ce point d’une manière insupportable.

Je vais te faire regretter d’avoir agi comme ça avec moi… ! pensa Tatara.

« Ey, Hiraga. C’est un match officiel. Ils le considéreront comme un accident même si je tue mon adversaire, non ? » demanda Tatara.

« Hehe hehe hehe hehe. Oui, bien sûr, bien sûr. Notre client comprendra — Tsukikage est lui-même un chevalier, après tout, » répondit Hiraga.

« Hehehehe. Alors je ne vais pas y aller mollo avec “elle” ! » déclara Tatara.

Après avoir obtenu le consentement de Hiraga, qui servait de superviseur du match, elle avait retrouvé le sourire.

« Pas de retenue cette fois ! Mange jusqu’à ta faim, Centipède Balayeur ! » déclara Tatara.

Alors qu’elle souriait, elle tira sur le cordon de démarrage de son Dispositif en forme de tronçonneuse, le Centipède Balayeur.

Les lames en forme de branches ronronnaient de vie avec un son qui ressemblait aux cris perçants des mourants. En brandissant son arme hurlante avec force, Tatara avait creusé le ring alors même qu’elle se précipitait vers Stella.

« Yui Tatara de l’Académie Akatsuki est passée à l’offensive, un assaut fort sans aucune hésitation ! D’un autre côté, Stella Vermillion est… quoi — !? » Soudain, la commentatrice était restée sans voix. La raison était entre les mains de Stella. « Stella n’a pas encore matérialisé son dispositif ! Qu’est-ce que ça veut dire ? »

De même, un remue-ménage s’était propagé couru à travers les gradins.

« Qu’est-ce que vous foutez ? Dégainez votre lame ! »

« Le signal de départ n’a-t-il pas retenti ? Se pourrait-il qu’elle ne comprenne pas le japonais ? »

« Non, c’est en anglais. Mais alors, pourquoi n’a-t-elle pas fait surgir son arme ? »

Ils ne comprenaient pas pourquoi Stella n’avait pas sorti son arme pour affronter son adversaire. Mais même si ce doute planait, la bataille était en cours. Son corps s’avançait en collant le sol, et de longs cheveux noirs traînaient derrière elle comme un serpent. Tatara avança jusqu’à Stella, et avec un cri de — .

« Crève ! » cria Tatara.

— Elle avait visé la tête non défendue de Stella avec le Centipède Balayeur.

C’était un coup trop large, une attaque trop directe — une faible menace pour Stella, qui possédait une force bien au-delà de la norme. Avec le moindre mouvement en réaction, elle esquiva la scie qui criait.

« Gyaaaaaa ! » cria Tatara.

Mais Tatara semblait insensible à l’évasion, employant sa force dans une série d’oscillations imprudentes. Son art était sans grâce, son art de l’épée ressemblait à celui des enfants jouant au samouraï. Mais son arme, la tronçonneuse, avait fait toute la différence. En tant que lame actionnée par magie, elle n’avait besoin d’aucune technique — même le simple baiser de cette scie permettait de trancher et d’éclater le revêtement de sol spécialement conçu pour l’arène, comme il le ferait pour Stella si elle le touchait.

« Tatara se passe de défense pour effectuer une attaque étonnante — ! Maniant sa tronçonneuse avec puissance, elle attaque à la chaîne ! » déclara la présentatrice.

Quel que soit le raffinement de l’art de l’épée, il serait difficile d’échapper continuellement à ce nombre d’attaques. Stella se devait de lui faire face avec son épée. Mais malgré cela, elle n’avait pas encore fait surgir Lævateinn.

« Tatara tourne à plein régime ici ! Elle poursuit Stella, ne lui laissant aucun répit ! Quel assaut prodigieux ! C’est presque comme une tornade ! Sa technique est assez brute, et en tant que telle il y a beaucoup d’ouvertures à exploiter… mais Stella est encore les mains vides ! » déclara la présentatrice.

« Wôw ! Ce rythme est vraiment risqué ! »

« Tatara commence-t-elle à saisir progressivement ses mouvements ? »

« C’est effrayant de juste regarder ! Dépêchez-vous de faire apparaître votre épée ! »

Ses adversaires avaient sorti toutes ses armes dès le signal de départ, et pourtant Stella persistait à ne pas dégainer sa lame — ses actions avaient rempli le stade de voix de confusion. Que diable pouvait-elle bien penser ? se demandèrent-ils. Mais leurs doutes seraient dissipés par l’homme au siège d’analyste — l’ex-Roi des chevaliers Muroto, participant de la Lige A.

« Elle mesure probablement le minutage des attaques de son adversaire, » déclara Muroto.

« Mesurer… le minutage des attaques ? » demanda la présentatrice.

« Ce matin, lors du troisième match du bloc B, Tatara avait affronté Niidome de Rentei. Sa frappe à la hache a été repoussée par une force invisible, et elle a profité de l’énorme retour de force pour le frapper et ainsi le vaincre. Sa capacité est à tous les coups le reflet de la force — une capacité incroyablement puissante orientée vers le combat. On pourrait laisser une énorme ouverture et donc s’autodétruire si l’on se contente de frapper imprudemment vers elle… et étant donné le pouvoir offensif de Stella, il ne suffira pas d’appeler cela une “ouverture”, » déclara Muroto.

Après tout, l’Art Noble de Yui Tatara, Réflexion Totale, était une capacité qui augmentait proportionnellement de puissance en fonction de la force offensive de son adversaire. Si la force exceptionnelle de Stella se reflétait, il ne serait pas étrange de voir ses bras se briser.

« Dans tous les cas, il faut contourner le processus de réflexion pour vaincre des Réflecteurs comme Yui Tatara. En tant que telle, la stratégie de Stella d’observer le minutage de son adversaire tout en ne matérialisant pas son dispositif ou en laissant son adversaire lire ses propres attaques est une stratégie correcte, » déclara Muroto.

« En d’autres termes, elle a l’intention de cacher ses cartes jusqu’au dernier moment, avant de battre Tatara d’un seul coup avant de pouvoir utiliser son pouvoir. C’est la stratégie de Stella, n’est-ce pas ? » demanda la présentatrice.

« Oui’ c’est ainsi que je vois les choses, » répondit Muroto.

Assis dans les tribunes, Arisuin, l’ami de Stella, se souvient d’un certain événement chez Muroto.

« D’une certaine façon, elle me rappelle Ikki à l’époque. Tu t’en souviens, Shizuku ? » demanda Arisuin.

« Je n’oublie jamais rien sur Onii-sama. Tu parles de la fois où nous avons combattu la Rébellion au centre commercial, n’est-ce pas ? » demanda Shizuku.

C’était avant les matchs de sélection des écoles. Alors qu’ils étaient tous les quatre au centre commercial, ils avaient été attaqués par un groupe de pillards de la Rébellion. Leur chef était un homme nommé Bischof, qui possédait un pouvoir très semblable à celui de Tatara.

« À cette époque, Stella était juste à côté d’Onii-sama — elle se souvient certainement de sa stratégie après l’avoir vue, » déclara Shizuku.

À cette époque, Ikki avait exécuté une frappe dépassant la perception de mouvement de Bishou tout en dissimulant sa lame, et ainsi brisé son reflet. Le fait d’éviter la réflexion en utilisant une attaque à très grande vitesse qui surpassait la vitesse de réaction du réflecteur était une façon efficace — et même la bonne façon de traiter avec un adversaire réflecteur.

« Cependant, il y a un problème si Stella veut imiter Ikki, » déclara Arisuin.

« Et ce problème serait ? » La Chevalier Kiriko Yakushi, qui était restée avec eux après avoir vu le match entre Ikki et Moroboshi ensemble, a demandé.

« La Vitesse. Certes, l’épée longue de Stella-chan qui possède un pouvoir destructeur inégalé, mais sa vitesse est loin de celle du Raikou d’Ikki. De plus, puisqu’elle s’étend sur la hauteur d’un être humain en longueur, son balancement doit être plus large. Ce que je me demande, c’est, peut-elle vraiment produire une vitesse qui rivalise avec celle de Raikou ? » demanda Arisuin.

Non, même si elle était capable de le faire, pouvait-elle vraiment tromper la célèbre tueuse à gages de la Rébellion, la Détourneuse… ? Ayant une fois fait partie de la Rébellion lui-même sous le nom de l’Assassin Noir, Arisuin était mal à l’aise. Son malaise ne manquerait pas de s’aggraver, car alors qu’elle poursuivait Stella en maniant sa tronçonneuse, Tatara fit un petit rire.

Cette femme est idiote… ! pensa Tatara.

Elle avait méprisé la superficialité et la folie de son adversaire.

Bien sûr, elle n’aurait pas le temps d’activer sa capacité si elle était vaincue avant qu’elle puisse reconnaître ce qui se passe. C’était la bonne ligne de pensée, mais — .

— Ne t’avise pas de me mettre dans le même panier que ce petit voyou de Bischof. J’ai grandi dans un clan de tueurs qui ont servi la Rébellion de génération en génération — des tueurs à gages éprouvés ! pensa Tatara.

Elle était différente de Bischof, qui avait marché sur des chemins tortueux pour son propre plaisir. Elle avait été élevée pour être une tueuse. Il n’y avait rien de bon ou de mauvais là-dedans. La formation avait été féroce : pour lui apprendre à utiliser la Réflexion Totale n’importe quand et n’importe où, son propre père avait constamment essayé de la tuer depuis l’âge de trois ans. Ces jours d’insomnie où une balle pouvait voler à n’importe quel moment avaient duré dix ans, la laissant avec des poches presque inamovibles sous les yeux… et aussi une perception des objets et du mouvement était suffisante pour percevoir chaque balle dans une pluie de coups de feu. Ainsi, des coups de feu, des explosions, des coupures, même les compétences utilisées par Blazers — elle pouvait refléter n’importe quelle menace, poursuivant sa cible étape par étape inexorable jusqu’à ce qu’elle soit éliminée.

C’était ce style de combat qui lui avait valu le surnom de Détourneuse. Ses yeux étaient tels qu’elle avait pu percevoir clairement la démonstration du style d’Edelweiss faite par Ikki. Ainsi, il était impossible de tromper la Tueuse qui ne tourne pas. Peu importe la façon dont on essayait de cacher son agressivité, d’attendre l’occasion de frapper — ce moment n’arriverait jamais.

Et de toute façon, je n’ai aucune raison de jouer avec un adversaire qui n’a pas le choix ! pensa Tatara.

 

 

« Rinna ! Attrape-la ! » cria Tatara.

Elle avait rugi d’une voix rauque, appelant une jeune femme à cheval sur un lion noir qui avait réussi à se faufiler derrière Stella alors qu’elle s’était occupée à éviter les coups sauvages de Tatara — la dompteuse de bêtes Rinna Kazamatsuri.

« N’ayez pas la prétention de me donner des ordres ! Je n’ai pas besoin de vos paroles ! » répliqua Kazamatsuri.

Elle avait donc réfuté, mais avait néanmoins agi comme Tatara l’avait souhaité. Lorsqu’il portait le collier de subordination, le Dispositif de Kazamatsuri, son lion, était devenu capable d’utiliser un Art Noble — dans ce cas, le fait de provoquer le cri de l’arrêt.

« Faiblard ! La Pression du Roi ! »

« Guuooohhhhhhhh ! » le lion avait rugi.

« Tch… ! »

Une explosion sonore s’était abattue sur Stella de derrière elle, directement depuis son angle mort. Son attention étant attirée par Tatara, elle ne pouvait échapper à ce coup. Depuis les mâchoires grandes ouvertes du lion avait jailli un torrent de sons qui la frappa de plein fouet, la dépouillant de toute mobilité.

« Aaah ! C’est mauvais ! Stella a été prise par l’Art Noble de la Dompteuse de Bêtes, La Pression du Roi, le même qui a privé le Komashiro de l’Académie Bunkyoku de la possibilité de bouger au premier tour ! Il n’y a aucune chance que Tatara laisse passer cette opportunité critique ! » déclara la présentatrice.

« Je t’achèverai avant que tu dégaines ! Continue de te recroqueviller et meurs ! » cria Tatara.

Les lames de scie crièrent en dessinant un arc horizontal en direction de Stella, incapable de se déplacer à cause de la Pression du Roi, et frappèrent droit au but dans sa section médiane sans défense.

« Raaaaahh ! » Avec une puissante frappe, Yui avait frappé Stella.

Alors — .

« Charge du Roi ! »

— Une autre frappe était arrivée comme assurance. C’était la charge d’un lion au pouvoir magique, une bête qui possédait déjà une masse et une force dépassant de loin celles des hommes. Il fallait donc s’attendre à ce que Stella, qui ne pesait que le poids d’une fille normale, soit facilement repoussée, rebondissant comme une balle de caoutchouc à travers le ring avant d’aller hors du ring.

La force l’avait projetée dans le mur de béton juste en dessous des tribunes des spectateurs, et avec une fêlure et un nuage de plâtre, une partie de la maçonnerie s’était effondrée.

***

Partie 2

« Une attaque combinée ! Tatara et Kazamatsuri l’ont frappée en même temps ! Stella a été soufflée hors du ring — de terribles, terribles dommages ! »

« Wôw… c’était horrible ! »

« … Est-elle morte ? »

Les tribunes avaient été réduites au silence alors que tout le monde avait été témoins de quelque chose de plus grotesque qu’une effusion de sang : un être humain abattu comme une balle.

Dans ce silence étrange, le système de sonorisation avait lancé un compte à rebours. Si elle n’était pas en mesure de retourner sur le ring dans les dix secondes qui suivait, elle serait considérée comme ayant perdu par l’entremise du ring.

« Le corps de Stella n’est pas reconnaissable, enterré sous ce tas de poussière et de débris comme elle est maintenant. Mais ce mur aurait dû être capable de résister à un coup direct d’un canon de char — qu’il soit cassé en dit long sur la gravité des dégâts qu’elle a dû subir, c’est clair. Sera-t-elle capable de revenir sur le ring en moins de dix secondes !? »

« Hé, hé, ressaisis-toi ! »

« J’étais tout excité de voir à quoi ressemblait la célèbre princesse cramoisie… »

« Un quatre contre un, c’était trop imprudent après tout ! Elle a été si facilement frappée par-derrière ! »

« Vous pouvez entendre la déception dans les tribunes ! Qui aurait cru que la princesse cramoisie, l’une des grandes favorites pour tout gagner, se retrouverait si facilement en danger de défaite ? » déclara la présentatrice.

Muroto secoua la tête devant ces mots. « Non. En tout cas, ce n’était pas si inattendu. C’était plutôt une évidence. »

« Comment ça, Muroto-pro ? » demanda la présentatrice.

« Je dis que combattre plusieurs adversaires seuls est aussi difficile. Si l’on se fie aux chiffres, c’est un combat à quatre contre un, mais si l’on tient compte de la différence dans le nombre d’attaques, des types de tactiques qui pourraient découler du mélange différent de capacités et de processus de pensée, la différence dans la force au combat ne suit pas les chiffres. Cela pourrait même être cinq ou dix fois plus que cela. La princesse cramoisie peut certes se situer au niveau d’une sur un million, mais malgré ce handicap, il n’est pas léger — le fait qu’elle ait été frappée par-derrière si facilement en est la preuve. De plus, cette scène est également un problème, » déclara Muroto.

« Cette scène, vous dites ? » demanda la présentatrice.

« Oui. Comme vous pouvez le constater, le ring du Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée est un cercle plat sans aucune couverture. Il n’y a nulle part où se cacher, ni où dissimuler ses mouvements. Cet environnement se prête bien à ceux qui voudraient faire valoir l’avantage numérique. L’écart de pouvoir augmente encore plus lorsque l’on tient également compte de ce fait, » répondit Muroto.

« Donc vous voulez dire que ce résultat était attendu, » demanda la présentatrice.

Muroto hocha légèrement la tête. « C’est bien d’être confiant, mais affronter quatre personnes à la fois, c’est de l’imprudence, tout simplement. Vermillion est un brillant chevalier de Rang A, mais ses adversaires sont loin d’être en reste. »

La princesse cramoisie avait sous-estimé les terreurs d’une bataille contre le nombre. Shizuku avait fait une tête amère en écoutant l’analyse de Muroto depuis sa place dans les tribunes des spectateurs.

« Que diable fait cette fille ? » demanda Shizuku.

« Shizuku…, » déclara Arisuin.

« Je suis une idiote — quand elle a demandé avec confiance ce match à quatre contre un, je m’attendais en fait à ce qu’elle soit devenue plus forte dans son entraînement avec Saikyou-sensei. Avoir confiance en elle est une chose, mais pour elle, cette insouciance n’a aucun sens ! » déclara Shizuku.

« En effet, se faire surprendre si facilement était trop imprudent, » répondit Arisuin.

« Franchement… ! » s’exclama Shizuku.

Elle ne pouvait s’empêcher d’exprimer sa colère bouillonnante. Mais de là où elle se tenait, cette colère était normale. L’amoureuse de son frère, Stella, avait pris cette place unique dans son cœur que Shizuku désirait… puis elle venait de se lever et de partir sans préavis pour aller quelque part, ce qui lui faisait beaucoup d’inquiétude. C’était difficile à pardonner quoiqu’il arrive. Et en plus de cela, celle qui avait proposé les règles du quatre contre un de manière suicidaire et qui avaient obtenu le résultat actuel n’était autre qu’elle. Ça rendait les choses encore plus difficiles.

Même si elle avait fait cette promesse de rencontrer son frère en finale… même si son frère s’était battu pour cela, surmontant un ennemi difficile…

« Si elle perd ici… si elle trahit la promesse qu’elle a faite avec Onii-sama ici, » Shizuku parlait avec venin, ses petits poings tremblants. « J’irai sur le ring et je lui arracherai la vie moi-même ! »

Kurono avait souri ironiquement à côté d’eux face à la gravité de sa voix.

J’aimerais que tu ne dises pas ça devant moi — je suis toujours professeur, tu sais ? pensa Kurono.

Eh bien, elle savait combien Shizuku aimait son frère Ikki, et pouvait donc comprendre sa colère contre la performance décevante de l’amoureuse de son frère. Si elle parlait simplement en colère, Kurono ne l’aurait pas blâmée.

« Mais tu ne devrais pas trop blâmer Vermillion, » déclara Kurono.

« … Pourquoi ? Elle fait d’elle la risée de tout le monde, » déclara Shizuku.

« Si tu devais blâmer quelqu’un, ce serait son professeur, » déclara Kurono.

« Son professeur ? » demanda Shizuku.

Ce n’est pas à Stella, mais plutôt à Saikyou que l’on devait la responsabilité d’avoir agi ainsi, mais d’être incapable de faire face au désavantage d’une bataille à quatre contre une et d’être battu pathétiquement ? Incapable de comprendre le raisonnement de Kurono, Shizuku y avait réfléchi.

« Êtes-vous en train de dire que les méthodes d’enseignement de Saikyou-sensei étaient inférieures ? » demanda Shizuku.

En réponse, Kurono avait fait un sourire ironique — non, c’était plutôt le sourire du chat qui avait reçu de la crème, comme si elle s’attendait à ce que quelque chose d’intéressant arrive.

« Je suppose que c’était inévitable si même elle a réussi à transmettre ses manières négligentes. Cette combinaison n’a pas touché Vermillion parce qu’elle était négligente, mais parce qu’elle trouvait ça trop fatigant à esquiver, » déclara Kurono.

« Hein ? » s’exclama Shizuku.

À cet instant, c’était arrivé. Lors d’un rugissement qui avait retenti dans tout le stade, un énorme morceau de gravats qui aurait pu peser une tonne avait été projeté dans le ciel d’où il avait été déposé au sommet de Stella.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Shizuku.

Face à ce bruit, les yeux de Shizuku étaient revenus sur le ring.

Naturellement, c’était Stella qui l’avait fait tomber, elle qui avait été enterrée en dessous. Après avoir balayé les débris qui la recouvraient d’un coup de poing droit vers le ciel, elle sauta avec légèreté sur le ring — juste à temps pour le décompte de huit… et sans une égratignure due à la charge ou de la coupure au ventre, elle balaya avec désinvolture la poussière restante de son uniforme.

Et elle murmura comme si elle avait compris quelque chose. « … Hmm. Est-ce tout ce que vous aviez dans le ventre, hein ? »

***

Partie 3

« Qu-Qu-Quoi !? Après avoir reçu des coups directs de la Charge du Roi et du Centipède Balayeur, Stella a été projetée hors du ring ! À huit, elle est retournée tranquillement sur le ring — et, et… au-delà de son uniforme déchiré à plusieurs endroits, elle n’a pas une égratignure sur elle ! Qu’est-ce que c’est que ça !? » s’écria la présentatrice.

Son état indemne avait ébranlé la commentatrice et le public. Mais Tatara, qui l’avait attaquée, en connaissait déjà la raison. Plus tôt, quand son balayage horizontal avait frappé l’estomac de Stella, elle ne l’avait pas du tout senti s’enfoncer dans sa chair. Les lames rotatives du Centipède Balayeur avaient tranché son uniforme, mais n’avaient pas réussi à manger dans sa peau.

Pourquoi ? La raison en était le pouvoir magique. Plus tôt, dans la bataille entre le Pire et le Roi de l’Épée des Sept Étoiles, Yuudai Moroboshi s’était enveloppé dans une armure faite de son propre pouvoir magique pour l’utiliser comme une barrière contre les impacts. L’efficacité de ces barrières dépendait de la puissance magique de l’utilisateur. Et le pouvoir magique de la Princesse Cramoisie Stella Vermillion pouvait être considéré comme l’un des meilleurs au monde entier, si bien que la barrière qu’elle avait inconsciemment érigée sur elle-même était loin d’être ordinaire, assez forte pour lui permettre de prendre des coups de Tatara et Kazamatsuri de plein fouet et d’annuler tous les dégâts qu’elle aurait dû subir.

Stella s’en était rendu compte et, à ce titre, avait cessé d’esquiver consciencieusement. Elle n’en ressentait pas le besoin. Cette vérité avait profondément blessé l’orgueil de Tatara.

« Salope… vas-tu continuer à me regarder de haut, en jouant comme ça… ? » cria Tatara.

Stella répondit sans excuses. « Ne faites pas cette tête effrayante. C’était inévitable. Après tout, mon adversaire jusqu’à hier était le chevalier le plus fort de la région du Pacifique. »

En toute honnêteté, Stella n’était pas du genre à humilier intentionnellement son adversaire. Ils étaient simplement sur des niveaux différents. Après tout, la seule personne qui avait entraîné Stella cette semaine avait été l’une des personnes les plus fortes au monde, la Princesse Yaksha, une utilisatrice de la gravité qui se vantait d’une puissance offensive si scandaleuse qu’elle pouvait extraire une météorite de l’atmosphère à deux fois la vitesse de fuite. Ainsi, peu importe comment elle essayait, elle ne pouvait sentir aucun sentiment de danger contre cet adversaire, et parce qu’elle ne pouvait sentir aucun danger, il devenait fatigant d’échapper à toutes les attaques.

Quand Kurono avait dit que la faute venait de Saikyou, c’était ce qu’elle avait voulu dire. Ce n’était cependant que l’une des raisons. Stella avait une autre raison importante de ne pas résister et de laisser Yui la frapper.

« De plus, je voulais confirmer quelque chose avant de passer à l’offensive, » déclara Stella.

« Confirmer quelque chose ? » demanda Tatara.

« Oui. Je voulais voir quel niveau de chevaliers vous êtes, » répondit Stella.

Elle ne pouvait pas laisser cette étape de côté. Après tout — .

« Si je libérais toute ma force sans réfléchir, vous pourriez tous mourir, » déclara Stella.

« Tch… ! » s’écria Tatara

Oui. Stella l’avait compris. Elle comprenait l’étendue de sa force. Si elle s’en prenait aux humains, sa capacité n’était rien de moins qu’une brutalité quelque peu gratuite, à tel point que réduire la vie humaine en cendres était une chose facile. Elle devait donc être consciente de l’adversaire qu’elle devait combattre à tout moment, en prenant soin de ne pas les brûler à mort, même si c’était un ennemi détesté qui avait blessé ses amis.

« Akatsuki nous doit une vengeance, et je n’aurai pas de repos tant que je ne l’aurai pas eu. Je n’ai pas l’intention de vous tuer, » déclara Stella.

Elle se sentirait en paix avec ceci, mais au-dessus de cela — .

« Mais… c’est parce que je ne vois pas l’intérêt de faire ça pour vous. Car il n’y a qu’une seule personne dans ce monde contre laquelle je serais heureuse de me battre en chevalier, un seul adversaire contre qui je donnerais tout ce que j’ai, sans jamais limiter mon pouvoir, » déclara Stella de vive voix.

Il n’y avait qu’un seul homme si spécial, qui pouvait inspirer à Stella un tel sentiment et une telle passion qu’elle abandonnait la noblesse obligeante et le combattait à sa pleine force.

« C’est pourquoi j’ai cherché à vérifier votre force, afin d’être sûre de votre niveau, pour savoir jusqu’où je dois aller pour vous briser sans vous tuer, » déclara Stella.

À ce moment-là, elle en avait saisi l’essentiel. Si elle agissait avec une force, elle pourrait probablement les accommoder. En gardant cela à l’esprit, elle avait finalement matérialisé son Dispositif, Lævateinn.

« Je vais attaquer à partir de maintenant, » déclara Stella.

En un instant, une vague de chaleur s’était propagée autour d’elle, déformant l’air. C’était une présence écrasante, comme si le soleil d’été s’était approché de la Terre — la présence d’un chevalier loin de l’ordinaire.

Mais Tatara n’avait pas peur.

« Intéressant… Alors, viens vers moi, si tu as ce qu’il faut ! » déclara Tatara.

Elle avait donné un coup de pied de toutes ses forces et avait attaqué Stella pour la troisième fois, sans se soucier du fait que son attaque n’avait pas réussi à faire mal à Stella. Sa rage était-elle trop importante, ce qui lui avait fait oublier ce fait ? Non. Elle était bien entraînée. Elle était née pour être une tueuse. Elle avait appris à garder la tête froide au milieu d’émotions vives. Elle était certainement surprise que son coup au but n’ait pas fait de dégâts, mais le monde d’un Blazer était plein de ceux qui jouaient contre la logique commune. Il n’était pas rare de trouver un Blazer qui ne pouvait pas être blessé par des attaques directes. Elle appartenait elle-même à cette catégorie de Blazers, après tout.

Il y avait des moyens de contourner le problème. Ceci, elle l’avait déjà compris.

Ma lame ne peut pas le faire, mais la tienne est une autre histoire, n’est-ce pas ? pensa Tatara.

Dans ce cas, elle n’avait qu’à la refléter. Son arrogance, son attaque, la puissance magique peu commune qui avaient alimenté cette attaque — toutes. Même une femme comme la princesse cramoisie ne pouvait pas s’en sortir indemne après avoir vu toute sa force se refléter sur elle. Ses bras seraient certainement rendus inutilisables, et une fois blessés à ce point, Yui pourrait s’occuper d’elle à sa guise.

Pour que ça arrive, elle devait permettre à Stella d’attaquer en première. Ainsi, Yui avança droit comme une flèche, amorçant cette attaque à pleine puissance.

« Alors, je vais donc attaquer, » déclara Stella.

En réponse à son plan, Stella la rencontra directement, avançant pour réduire la distance entre elles avec Lævateinn brandi dans sa main droite alors qu’elle visait une frappe vers le bas pour toucher l’épaule de Yui.

Cette réaction était exactement comme Yui l’avait pensé. Si cette attaque était renvoyée par la Réflexion Totale, Stella aurait pu goûter à sa propre puissance. Mais au moment où elle était sur le point d’activer la Réflexion Totale.

Ah — ?

— Elle avait senti un petit problème. Ses années d’expérience en tant que tueuse l’avaient avertie que quelque chose n’allait pas.

Comme le Centipède Balayeur, lui-même ne pouvait infliger aucun dommage, Yui avait cherché à utiliser la Réflexion Totale pour compenser. Cela aurait dû être évident. Alors pourquoi Stella maniait-elle encore son épée pour couper, comme une idiote ?

C’était un piège — c’était la seule raison possible. En écoutant attentivement, le son de la lame pendant qu’elle sifflait dans l’air était trop doux. Cette frappe avait de la vitesse, mais il n’y avait pas de force derrière. Et dès le début, l’arme de Stella était une épée bâtarde. Le manier d’une seule main était déjà étrange en soi.

Aucun dommage ne serait fait même si elle le reflétait, cela la repousserait tout au plus. Le côté droit n’était qu’une feinte. Le vrai coup vient de la gauche — !

Yui avait perçu tout cela avec précision, avec un œil vif et un esprit clair, à l’ombre de la lame qui tombait, un poing armé se dressait à l’affût. Stella avait probablement ce plan en tête : quand Yui utiliserait la Réflexion Totale sur cette lame allant vers le bas, elle renverrait son côté droit en arrière, et en tandem son flanc gauche serait poussé en avant, envoyant son poing gauche dans le côté de Yui à des vitesses dépassant sa capacité à réagir. C’était un plan qui avait même tenu compte de ses capacités et de leurs effets.

Et c’est un bon, mais ça ne veut rien dire si je l’ai compris ! pensa Tatara.

La situation s’était inversée dès qu’elle avait remarqué le piège. Le chasseur était maintenant le chassé.

À cette fin, Yui avait joué le script de Stella jusqu’au bout. Dès que leurs lames s’étaient rencontrées, elle avait projeté sa barrière réfléchissante hors de son corps, déformant le vecteur de la frappe de Stella et la repoussant. Et au même moment, Stella bougea exactement comme Yui l’avait prévu. Utilisant l’ouverture créée par la Réflexion de sa lame, elle déclencha son attaque-surprise, son atout caché : une frappe au foie.

Son adversaire, attirée par cette ouverture, avait mis toute sa force dans ce coup de poing. Saisissant l’instant, Yui avait réactivé la Réflexion Totale. C’était un coup qui avait emprunté à la fois la force de Stella et la force de rotation lorsqu’elle avait acquis au moment de la réflexion initiale sur son côté droit pour donner plus de puissance à sa frappe de la gauche. De là, son poing, voire tout son bras, serait brisé. Après s’être engagée dans l’ouverture, Stella n’avait pas pu non plus rétracter son poing.

Après avoir tout vu, son adversaire dansant dans la paume de sa main, les lèvres de Yui s’agitaient vers le haut dans un amusement sombre.

*Crunch*

Avec le son de la chair et de l’os brisé — .

« Gah... hak — ! »

Le poing gauche de Stella — ce poing qui aurait dû être réfléchi — s’enfonça profondément dans le côté de Tatara.

« Et avec ça, c’est un de moins, » déclara Stella.

***

Partie 4

Le corps de Tatara, ayant pris le coup puissant de Stella sur le côté, s’était plié en deux au niveau de la taille, et avec un jet de crachat et de sang. Elle s’était effondrée sur le sol du ring.

« Un coup direct avec une puissance importante en plein foie ! Tatara tombe face contre terre sur le ring. Elle ne bouge pas ! Elle ne se lève pas ! Elle est inconsciente ! Avec un seul coup, Vermillion a fait tomber son adversaire ! » déclara la présentatrice.

« Whaaa ! C’était un son super effrayant ! »

« Elle est courbée à cet angle étrange de 90 degrés… quel genre de force de bras a Vermillion ? »

« Les gradins aussi sont secoués par la force du poing de Vermillion ! Mais de mon point de vue, Tatara a vu à travers sa ruse, et a activé la Réflexion Totale sur son poing gauche caché… alors comment Vermillion a-t-elle réussi à éviter la Réflexion Totale ? » demanda la présentatrice.

Celui qui avait répondu était Muroto. « Elle n’a rien fait de tel. »

« Hein !? » s’exclama la présentatrice.

« Regardez sa main gauche, » déclara Muroto.

En regardant la main gauche de Stella à la suite de la suggestion de Muroto, la commentatrice ne pouvait s’empêcher de crier.

« C-C’est… ! C’est horrible ! La main gauche de Stella est toute déchirée, presque comme si elle avait été tordue avec un tire-bouchon ! Mais cela signifie que…, » déclara la présentatrice.

« Oui. La princesse cramoisie n’a pas évité la Réflexion Totale. Comme Tatara l’avait prévu, la Réflexion Totale a en effet brisé sa main gauche — elle a certainement obtenu ce qu’elle voulait… mais pour une chose. Elle ne s’attendait pas à ce que la princesse cramoisie la poursuive et la frappe avec ce bras brisé sans égard pour sa blessure ! » déclara Muroto.

Les humains étaient plus susceptibles de baisser leur garde lorsqu’ils voyaient que tout se passait comme ils l’avaient prévu. Yui n’avait pas fait exception à la règle. Quand elle avait vu qu’elle avait cassé la main de Stella comme prévu, elle avait souri. Ce sourire était devenu sa perte. Stella visait ce moment précis. Pivotant sur ses pieds, elle avait apporté toute la force de ce poing — avec le pouvoir de la Réflexion Totale — pour porter ce coup.

Il n’y avait rien de beau dans ce mouvement. C’était une percée par la force brute. Mais même avec son bras détruit à un tel point, Stella avait quand même frappé Yui inconsciente d’un seul coup. Et elle utilisait même un coup au corps, avec lequel il était normalement difficile d’assommer une personne.

Elle est folle… ! pensa Mikoto.

Témoin de tout cela sur le même ring, Icy Scorn Mikoto Tsuruya, étudiante de troisième année à l’Académie Kyomon, avait été ébranlé.

Elle est trop forte… ! pensa Mikoto.

Les techniques, les tactiques de Tatara… elles avaient toutes été submergées par cette force de bras de classe stratégique. Et c’était sans parler de sa volonté, forte face à la blessure qu’elle recevrait elle-même.

Un corps fort, un esprit fort, et la ruse pour bien les utiliser. Elle n’était qu’une perle.

Je ne suis même pas du tout à la hauteur…, pensa Tsuruya.

Mais elle devait gagner. Le Festival était un tournoi éliminatoire — même une seule défaite ne pouvait être tolérée. Pas même si, comme si elle jouait avec elle, le destin lui avait envoyé le pire adversaire possible pour son premier tour. C’est pourquoi elle avait emprunté sans vergogne la force d’Akatsuki, et maintenant qu’elle était déjà allée aussi loin, une perte était d’autant plus une notion inacceptable. Sa fierté ne lui permettait pas d’accepter ce résultat quoiqu’il arrive.

En plus, si je m’en sors, je pourrai dominer tout le bloc B... ! pensa Mikoto.

C’est avec cette confiance en elle qu’elle avait poussé son cœur à trembler.

« Ne t’inquiète pas. Nous gagnerons, » une tentative sans force et presque tiède de faire une déclaration s’était fait entendre derrière elle. Le propriétaire de cette voix était le marionnettiste de l’Académie Akatsuki, Reisen Hiraga.

« … Voulez-vous dire que vous avez un plan contre un monstre qui ne sera même pas blessé après avoir reçu un coup direct d’un Dispositif ? » demanda-t-elle.

Son ton était piquant, l’aura de doute qu’il dégageait, le rendant assez différent. Mais il n’avait pas l’air de s’en soucier, et il riait plutôt de rire à gorge déployée.

« Haha. Bien qu’il soit en effet surprenant qu’un coup direct du Centipède Balayeur de Yui n’ait rien accompli… en fin de compte, c’était simplement l’effet du pouvoir magique lui-même. La princesse cramoisie n’est pas une Blazer axée sur la défense, et en tant que telle, briser sa barrière de magie est simple. Mon propre atout devrait pouvoir nous voir victorieux d’un seul coup, » déclara Reisen Hiraga.

« Eh bien, ça aurait été utile si vous l’aviez utilisé plus tôt, » répliqua-t-elle.

Reisen secoua la tête. « Bien que j’aurais beaucoup aimé le faire, il est très regrettable que cet Art Noble demande un peu de temps. »

« Donc vous ne pouvez pas l’utiliser ? » demanda Mikoto.

« Haha. J’ai honte. Cependant, si nous pouvons tenir aussi longtemps, je vous assure que mon atout la brisera facilement. Donc, si je peux vous déranger, pourriez-vous m’accorder un peu de temps jusqu’à ce que j’aie terminé les préparatifs pour ma technique ? Nous, d’Akatsuki, serions débarrassés de l’ennuyeuse Princesse cramoisie, tandis que vous passeriez ce premier tour infernal — c’est à notre avantage mutuel alors nous devrions nous entraider maintenant, en tant que membres de la même équipe, n’est-ce pas ? »

Mikoto répondit par un silence et un froncement mécontent de ses sourcils. C’était sa voix. Il y avait du mépris dans chaque mot qu’il disait, comme s’il se moquait du monde et de tout ce qui s’y trouvait. Ça l’avait rendue malade, rien qu’en l’entendant, elle s’était retrouvée de mauvaise humeur.

Mais d’un autre côté, il avait raison. En ce moment, ils se battaient du même côté. La coopération serait la ligne de conduite efficace. De plus — .

Je n’ai aucun moyen de battre Stella, mais ce type dit que oui, pensa Mikoto.

Ne serait-ce que pour cela, elle n’avait aucune raison de le refuser.

« Je comprends. Mais — je ne peux pas garantir que tout se passera bien, » déclara Mikoto.

« Comme c’est timide, » répondit l’autre.

« Si j’avais confiance, je n’aurais pas eu à compter sur la coopération de gens louches comme vous et vos semblables, » répliqua Mikoto.

Cela dit, elle plaça la paume de sa main gauche sur son œil droit et la balaya pour révéler un monocle — le dispositif de Icy Scorn Mikoto Tsuruya.

« Fini le bavardage secret ? » demanda Stella.

Mikoto avait pris position, et au-delà du bord de son monocle se trouvait le regard de la chevalière aux yeux cramoisi, ses cheveux roux laissant sortir des fragments de flamme.

« Nous avez-vous attendus exprès ? » demanda Mikoto.

« Oui, je suis arrivée en retard dès le début, et puis, même si c’était avec votre accord, vous avez accepté mon désir d’évacuer ma colère. Je suis vraiment désolée pour ça… donc je serai plus gentille avec vous, » déclara Stella.

« C’est gentil de votre part. Je me demandais si vous pouviez céder ce match ? » demanda Mikoto.

« Hahahaha. J’aime votre persévérance, Tsuruya-san, mais c’est impossible. Après tout, ce combat est trop important pour moi, » déclara Stella.

« Vraiment ? Alors on n’y peut rien, » déclara Mikoto.

« Oui. J’ai bien peur que le service complémentaire s’arrête là. J’arrive tout de suite. Si vous voulez abandonner, le plus tôt sera le mieux. Je ne rétracterai pas ma lame une fois que je l’aurai balancée ! » déclara Stella.

Après ça, Stella avait donné un coup de pied au sol et avait foncé vers Mikoto.

« Tch… ! »

Cette incarnation de la violence, qui avait fait tomber Yui sans réflexion avec son bras en ruine, se rapprochait maintenant avec sa grande épée dans sa bonne main. Je viens la détruire. Rien de bon ne sortirait de cette frappe. Toutes les blessures qu’elle avait subies jusqu’à présent ressembleraient à de simples chatouilles. Elle pourrait même mourir. La peur qui avait transpercé le cœur de Tsuruya pourrait paralyser son esprit.

Malgré tout, elle était l’une des huit meilleures combattantes nationales de l’année précédente. Elle faisait partie de l’élite japonaise. Elle ne voulait pas battre en retraite ou montrer de la peur. La magie qu’elle avait libérée de son monocle — une chose rare chez Dispositif — était celle qui pouvait instantanément réduire la température d’une zone sélectionnée de sa vision au zéro absolu.

« Satin de Glace ! » cria Mikoto.

Une lumière éblouissante enveloppée dans un linceul frigide et coupant avait jailli du monocle. La spécialité de cette magie était que son effet se déclenchait instantanément lorsqu’elle se concentrait sur une cible. En d’autres termes, cette magie voyageait à ce qui était effectivement la vitesse de la lumière. En une fraction de seconde, la température autour de Stella était tombée sous le point de congélation jusqu’au zéro absolu. Même l’azote liquide, bien connu pour sa capacité à geler instantanément des objets, n’avait atteint qu’environ moins 200 degrés Celsius. Aucun être humain ne pouvait rester indemne lorsqu’il était exposé à des températures encore plus basses. Cela les gèlerait jusqu’à la moelle — leur cœur s’étant arrêté bien avant cela. Peu importe les termes dans lesquels on en parlait — vitesse d’activation, portée ou puissance d’arrêt —, c’était une capacité de premier ordre. Mikoto avait ainsi pu se mesurer à n’importe quelle puissance du Tournoi.

C’était vrai. Une seule personne — .

« Robe de l’Impératrice, » déclara Stella.

— La plus grande utilisatrice de flammes au monde était exemptée. Transformant la totalité de l’atmosphère complètement gelée en vapeur sous une chaleur extrême, elle l’avait fait se dissiper devant le vêtement de flammes tournoyantes qui l’entourait.

« Comme je le pensais, c’est comme ça que ça se passerait, hein, » déclara Mikoto.

En vérité, Mikoto savait que ça se passerait comme ça. Le Satin de Glace était la forme la plus simple de la manipulation de la température. Les utilisateurs du feu, par contre, pourraient augmenter la température, ce qui rendrait cette technique difficile à battre. Si ces deux capacités s’affrontaient, la différence entre la victoire et la défaite résidait dans la capacité magique de chaque individu. En cela, la princesse Stella Vermillion n’avait pas son pareil, et Mikoto n’avait aucune chance depuis le début.

Mais elle avait réussi à la ralentir, juste un instant.

Et c’est plus que suffisant pour remplir mon rôle ! pensa Mikoto.

« Déchire mes ennemis, Sphinx ! » cria Rinna.

« Gooohhhhhh ! »

Après avoir attendu sur la ligne de touche loin de Stella, Rinna profita de la pause momentanée dans ses mouvements et se jeta sur son adversaire en provoquant la Pression du Roi.

Oui. Un moment avait suffi. Si elle n’arrêtait Stella qu’un instant, Rinna pourrait réussir un coup propre avec la Pression du Roi, rendant Stella immobile. Le lion sauta immédiatement à sa poursuite, visant sa tête. Auparavant, son coup n’avait pas fait de dégâts — cela devait être un coup dur pour sa fierté de roi des bêtes, car même sans les ordres de Rinna, il ouvrit la bouche et se prépara à écraser la tête de Stella entre ses mâchoires ouvertes. Même Stella ne pouvait pas sortir indemne après avoir été frappée par un lion aussi gros qu’un éléphant, alors qu’il avait été rendu puissant grâce à la magie. S’il pouvait toucher, cela déciderait de la bataille.

Mais alors même que cette faible attente s’épanouissait au sein de Mikoto.

« Gaaaaooohhhh !! » cria Stella.

— Stella avait soudain laissé sortir un rugissement visant le lion noir que la Dresseuse de Bêtes contrôlait.

Le lion s’était immobilisé au moment où il était sur le point d’arriver sur elle. Comme si le lion était lui-même affecté par la Pression du Roi.

« S-Sphinx !? Qu’est-ce qui ne va pas !? » Rinna réprimanda la bête face à sa désobéissance soudaine. « Pourquoi as-tu cessé ton attaque !? »

Mais malgré cela, le lion ne bougea pas. Pourquoi ? La réponse était simple. Dans la nature, les animaux marchaient beaucoup plus près de la mort que les humains. Les forts dévoraient les faibles. C’est ainsi que ce lion avait vécu bien avant que Rinna ne l’ait apprivoisé. Ainsi, il avait compris qu’il ne pouvait s’empêcher de reconnaître la vision qui planait derrière cette jeune femme.

Cette vision était celle d’un dragon immense et ailé.

 

 

La fille aux cheveux cramoisis devant lui était de loin un prédateur supérieur. Il n’y avait aucun moyen de l’intimider, car comment un simple chat pourrait-il effrayer un dragon ? Ainsi, lorsqu’ils rencontraient un prédateur dont les capacités surpassent de loin les leurs, les animaux sauvages choisissent de ne faire qu’une seule chose. La fuite.

« Meeeooowww — ! » s’exclama le lion.

« Eh !? Eek — ! » s’écria la dresseuse.

« Oh mon Dieu ! Qu’est-ce que c’est que ça ? Le lion qui aurait dû être contrôlé par le collier de soumission de la Dresseuse de Bêtes, ayant été vaincu par l’intimidation de Stella, s’est enfui la queue littéralement repliée entre ses jambes, laissant sa maîtresse dans l’embarras ! Et même maintenant, Vermillion frappe dans la direction de Kazamatsuri — ! » cria la présentatrice.

Une fois de plus, Stella avait brandi son épée dans sa main droite, seule, alors qu’elle mettait tout son poids dans une attaque. C’était un coup large qui reposait uniquement sur l’élan, mais ayant été projetée du haut du corps, Rinna avait atterri sur son dos en tombant du lion. Elle ne pouvait pas esquiver ça. La même main lourde de Stella qui avait vaincu Yui en une seule frappe descendait sur Rinna, la frappant non seulement elle, mais aussi effondrant une partie du ring en lui-même.

C’était sans aucun doute un coup fatal. Mais Stella ne compta pas jusqu’à deux. La raison en était une voix qui parlait de l’intérieur du nuage de poussière soulevé par cet impact explosif.

« Même dans mes rêves, Princesse Cramoisie, je ne pensais pas qu’au cours de ces jeux de salon, je serais obligée de m’appuyer sur ma main droite préférée, et d’enfanter ainsi mon chevalier inondé de péché et de feutre — elle dont la forme est bénie par des pouvoirs obscurs : les Arts du Sceau du Roi Maudit ! » déclara Rinna.

« Ma dame veut dire “merci, Charlotte, tu m’as sauvée !” Non, non, non Ma Dame, vous n’avez pas besoin de me remercier. Je suis votre servante personnelle, et aussi votre épée et votre bouclier » déclara Charlotte.

Au fur et à mesure que le vent emportait la poussière, cela cessa graduellement de voiler les yeux, et ce qui s’était passé dans le ring devenait clair pour tous. La lame de Stella n’avait pas réussi à atteindre Rinna. Avec le sol sous ses pieds brisé et fissuré, la servante en tablier Charlotte Cordé se tenait entre Stella et sa maîtresse…

… ayant arrêté Lævateinn avec un seul index.

***

Partie 5

« Quoi ? C’est mauvais ! Un Blazer de l’intérieur des gradins est intervenu pour venir en aide à Kazamatsuri ! » s’écria la présentatrice.

« N’est-ce pas la bonne qui est toujours avec elle ? » demanda Muroto.

« C’est une faute ! Arbitre, intervenez ! » déclara la présentatrice.

L’entrée soudaine de la servante stoïque jeta tout le dôme dans un tumulte. Une fois le match arrêté, l’arbitre attendit le jugement du comité directeur. C’était la procédure, mais — .

« Qu’est-ce qui se passe ici ? » La commentatrice s’écria en étant incrédule. « L’arbitre n’a pas arrêté le match ! »

Mais il y avait une raison à cela, bien sûr.

« Bien sûr que oui. Il n’y avait pas de règles enfreintes, de toute façon, » déclara Muroto.

« Muroto-pro, comment cela se peut-il ? » demanda la présentatrice.

« Regardez le cou de cette fille, » déclara Muroto.

Pendant qu’il disait cela, les caméras du Dôme zoomèrent sur le cou de Charlotte, et comme cette image était diffusée sur les écrans géants du Dôme, tout le monde comprenait ce que Muroto avait voulu dire.

« C’est en effet le même collier de subordination que le lion que portait la dresseuse de bêtes ! Alors ça veut dire… ! » déclara la présentatrice.

« Oui. Et comme ce lion, cette fille est devenue le Dispositif de la Dompteuse de Bêtes, le Blazer qui contrôle les autres. Il n’y avait donc aucune raison d’arrêter le match, » déclara Muroto.

« Eh bien, le rôle d’arbitre est assumé par des Chevaliers-Mages expérimentés. Ils ratent rarement une telle chose, » déclara la présentatrice.

En premier lieu, les Blazers étaient capables de détecter la magie ambiante entourant un objet. La magie de Rinna imprégnait Charlotte, une non-Blazer, tout comme elle l’avait fait avec le lion. Donc, même sans avoir à regarder son collier, Stella savait qu’elle était l’une des pièces de la dresseuse de bêtes.

« Je vois… Je pensais que vous n’étiez pas une bonne normale, mais de penser que vous étiez le vrai Dispositif de Rinna, son atout, hein, » déclara Stella.

« Je suis Charlotte Cordé. Je serai à vos soins à partir de maintenant, » déclara la bonne.

Repoussant Lævateinn avec son index, elle avait tenu les bords de sa jupe et s’était courbée, pleine d’élégance et de grâce. Mais au lieu de la saluer.

« Gardez vos plaisanteries, s’il vous plaît ! » déclara Stella.

— Stella avait brandi Lævateinn, frappant à nouveau Charlotte.

« Bloom, Ichirin Junka ! »

Avec un cliquetis dur et sonore, elle arrêta de nouveau la lame avec sa main ouverte. Était-elle en acier ? Non, c’était un pouvoir issu de la magie. C’est cette capacité que Charlotte avait pu libérer grâce au Dispositif de la Dresseuse de Bêtes Rinna Kazamatsuri, le collier de subordination, qui pouvait transformer les animaux et les non-Blazers en Blazers.

Stella s’en était rendu compte dans les deux coups qu’elles avaient échangés.

« Tch… c’est comme frapper de l’acier. On dirait que vous l’avez bloqué à mains nues, mais si vous regardez de près, il y a un espace d’un millimètre entre votre peau et la lame. La capacité que vous pouvez utiliser sous l’influence de Rinna est donc la projection d’une barrière défensive, » déclara Stella.

« C’est très observateur de votre part, » répliqua Charlotte.

Charlotte l’avait félicitée sincèrement d’avoir découvert la vérité. En même temps, l’espace entre la lame et sa main brillait d’une teinte rose pêche, formant un bouclier en forme de fleur.

« Vous avez de bons yeux, Princesse Cramoisie, pour avoir pu voir à travers mes capacités après seulement deux rounds avec moi. Cependant, vous aviez tort sur une chose, » déclara Charlotte.

« Qu’est-ce que ce serait ? » demanda Stella.

« Mon Ichirin Junka n’est pas un spécialiste de la défense, » déclara Charlotte.

Puis, repoussant la lame qu’elle avait parée avec Ichirin Junka — .

« Lame de Fleurs — Ryuuzetsuran ! » cria Charlotte.

Une barrière en forme de lame s’était formée dans ses deux mains, et elle avait laissé voler cette lame vers Stella.

« Tch ! »

Sa posture se brisa lorsque sa lame fut repoussée, ce n’était pas une attaque que Stella pouvait éviter normalement. Mais dans un éclair d’inspiration, elle ne chercha pas à corriger sa posture, mais se pencha plus loin en arrière, évitant la frappe de Charlotte.

Cependant, elle n’avait pas tout à fait réussi. La lame lui avait entaillé superficiellement le visage — la peau qui avait résisté à la tronçonneuse Centipède Balayeur sans défaut. Et l’attaque de Charlotte ne s’était pas arrêtée là. Comme un limier dans une frénésie, elle poursuivit Stella, qui répondit par un balayage horizontal de sa lame, c’est-à-dire pour la contrer avec cela.

Charlotte pourrait faire deux choses en réponse. Elle pouvait arrêter son avance pour échapper à la lame, ou elle pouvait arrêter son avance et utiliser Ichirin Junkan pour la bloquer. Quoi qu’il en soit, elle devait s’arrêter — et c’était suffisant pour Stella.

Cependant, la réponse de Charlotte était littéralement un niveau plus haut. Elle avait pris son envol.

Elle n’avait pas sauté, au contraire, Ichirin Junkan avait fleuri à ses talons alors qu’elle s’élançait en l’air. Maintenant, juste au-dessus de Stella, les pétales de cette fleur s’étaient enveloppés autour de sa jambe droite, et avec un élégant flip elle avait visé à faire une frappe pour toucher la tête de Stella. Le bras droit et la lame de Stella étaient trop tendus, ne lui laissant pas le temps de les soulever pour défendre sa tête. Ne voyant pas d’autre choix, elle renforça sa force qu’elle pouvait dans l’épaule de son bras gauche cassé, utilisant son bras supérieur un peu moins endommagé pour prendre le plus gros du coup.

Mais ce coup avait été encore plus brutal que ceux qui l’avaient précédé, cassant facilement les os de la partie supérieure de son bras.

« Kuh ! »

« Comprenez-vous maintenant ? Voici, la dureté impénétrable qui ne vous a pas cédé un pouce, » déclara Charlotte.

Charlotte avait dit cela au moment même où Stella se sentait emplie par l’agonie d’avoir vu ses os se briser. C’est pourquoi elle était à la fois l’épée et le bouclier de Rinna.

Mais Stella n’était pas le genre de femme à être apprivoisée par un ou deux os cassés.

« Robe de l’Impératrice ! » déclara Stella.

Bien que ce fut un coup dur, Charlotte n’avait pas fait le bon choix. L’utilisation de manœuvres de combat rapproché sur Stella qui impliquaient un contact corporel était presque suicidaire. Appelant le vêtement de feu autour d’elle, elle avait augmenté sa puissance de sortie au maximum. Les flammes avaient couru le long de son avant-bras et sur la jambe de Charlotte, puis tout son corps était devenu en flammes. Les flammes de Stella aussi étaient magiques, et elles ne s’éteindraient pas si elle ne les rejetait pas, ou si elle n’était pas elle-même privée de sa vie.

Ainsi, c’était une erreur décisive pour un adversaire de se laisser prendre feu. Et pourtant — .

… Ça ne marche pas !? pensa Stella.

— Cette logique s’était effondrée face à Charlotte. Bien qu’enveloppé dans les flammes rugissantes, son masque stoïcien ne s’était pas brisé. Sa barrière ne la protégeait pas seulement de l’impact, mais aussi de la chaleur et de l’électricité. Enroulée autour de tout son corps comme elle était, elle avait complètement bloqué les températures extrêmes de la Robe de l’Impératrice.

« Ah. En plus —, » continua Charlotte.

Ne tenant pas compte de la contre-attaque de Stella, Charlotte continua à poursuivre son propre assaut. Utilisant le bras gauche de Stella comme plate-forme, elle s’était lancée dans les airs.

« Je suis aussi son arme, » continua Charlotte.

Ichirin Junka s’était matérialisée sous la forme de dizaines de lames longues et lisses qu’elle avait prises entre ses doigts en éventail avant de les lancer sur Stella.

Elle utilise sa barrière comme des étoiles à lancer… ! pensa Stella.

Elle avait déjà vécu le tranchant de sa barrière de première main. Ce serait gênant si elle était frappée par eux.

« Yaaaaaah ! » cria Stella.

À en juger par ce constat, elle avait fait basculer Lævateinn de toutes ses forces, faisant exploser le lancée de shurikens avec la force d’un bang sonique, faisant tourbillonner une rafale comme avec un ventilateur géant.

Quel bras d’épée terrifiant ! Cette frappe avait été un spectacle grandiose. Mais il s’était passé quelque chose qui dépassait les attentes de Stella.

Une dizaine de ces lames, envoyées dans tous les sens, sillonnaient maintenant les gradins.

***

Partie 6

« U, uwaaaaaa ! C’est mauvais ! Des tirs perdus arrivent ! »

« Tout le monde, courez ! »

Beaucoup se levèrent de leurs sièges à la vue des projectiles qui arrivaient. C’était une réaction naturelle. Après tout, aucun des spectateurs, eux, qui ne possédaient pas la magie, ne pouvait s’opposer à Ichirin Junka, alors qu’elle avait même été capable de blesser quelqu’un protégé par une magie aussi puissante que celle de Stella.

« Ne quittez pas vos places, » une voix imposante avait retenti, arrêtant ceux qui s’étaient levés. « Vous seriez plus en danger si vous bougez. »

Le Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée était un événement mettant en vedette des magiciens modernes aux pouvoirs surnaturels. Il y avait déjà des mesures en place pour assurer la sécurité de la foule et neutraliser les problèmes. Il y avait de puissants Chevaliers-Mages qui attendaient dans les coulisses à travers les gradins pour abattre ces tirs errants. Et celle qui devait attendre dans la zone sur le point d’être bombardé par Ichirin Junka était Kurono Shinguuji, la directrice de l’Académie Hagun et le Chevalier Mages de Rang A, l’Horloge Mondiale.

Matérialisant le pistolet en argent d’Ennoia, elle plaça son arme vers la dizaine de lames qui arrivaient.

« Arrêt de l’horloge. »

Un seul coup de feu avait retenti. Oui, une seule — mais cela suffisait de s’assurer qu’aucune lame n’atteigne les gradins, car elles avaient toutes été projetées hors de danger.

« Eh !?? Qu’est-ce que c’était ? »

« C’est sa marque de fabrique, Arrêt de l’horloge. Arrêtant le temps un instant, elle en profite pour bombarder sa cible d’une rafale de balles ! Regardez ses pieds ! »

« Uwa, pour de vrai ! Regardez cette montagne de douilles ! »

« Incroyable ! »

La brillante technique de Kurono avait été applaudie par les tribunes, et au milieu de ces applaudissements — .

« Comme on s’y attendait du chevalier qui était à l’origine classé troisième dans la Ligue KOK, hein, »

C’était une voix douce, et Kurono l’avait su en l’entendant. En tournant la tête, elle posa les yeux sur un jeune homme aux cheveux noirs qui s’approchait tout en applaudissant. C’était le Pire, Ikki Kurogane.

« Vos compétences n’ont pas rouillé du tout depuis vos jours de service actif, » déclara Ikki.

« Il n’y a aucune raison de s’ennuyer, c’est tout ce qu’il y a à faire. Cela fait partie de notre travail d’enseignante, après tout, » déclara Kurono.

Avec sa réponse, les amis d’Ikki avaient eux aussi pris conscience de son retour.

« Ikki ! » déclara Arisuin.

« O-Onii-sama ! Comment vont tes blessures ? » demanda Shizuku.

« Je vais bien maintenant, Shizuku. Le médecin de l’infirmerie a utilisé la magie pour panser mes blessures, » répondit Ikki.

« Tu n’as pas utilisé de Capsule, mais des gens t’ont guéri avec de la magie ? » Kiriko tendit les lèvres, comme si elle boudait. « Tu aurais pu demander, et je l’aurais fait pour toi. »

Ikki se gratta la tête avec un certain malaise.

« Eh bien, vous avez encore un match plus tard, Yakushi-san. Je ne peux pas vous demander une faveur comme ça, » répondit Ikki.

Autant elle se considérait comme un médecin avant d’être chevalier, autant il était contraire à toute logique commune pour un chevalier avant un match d’utiliser la magie pour son propre usage, bon gré mal gré.

« Mais Onii-sama, n’as-tu pas utilisé Ittou Shura pendant ton match ? Ça ne fait pas mal de rester debout ? » demanda Shizuku.

« Je ne peux pas dire que ce n’est pas difficile, mais je suis plus préoccupé par ce match. Je me sentirais encore plus mal si je restais allongé là, » répondit Ikki.

Il s’était donc rendu à côté de Kurono avant de regarder le ring en bas. Dans ce match, son amour, qui avait promis de le rencontrer en finale, était présente. C’était normal qu’il se sente obligé de regarder. Comprenant les sentiments de son frère, Shizuku avait retenu ses paroles de préoccupation pour sa santé et ne l’avait pas pressé plus.

« Au fait, Kurogane, que pensez-vous du match jusqu’ici ? » demanda Kurono.

« Eh bien, tout semble s’être déroulé comme prévu en ce moment. Icy Scorn a toujours été d’éléments opposés à Stella, et n’était pas une adversaire propice comme par magie. Et bien que les réflecteurs soient en effet le fléau des types de pouvoir comme Stella, elle n’est pas le genre de chevalier qui serait coincé par une seule technique. Néanmoins…, » répondit Ikki.

Alors qu’il répondait, ses yeux dérivèrent vers la périphérie du ring, où se tenait le marionnettiste Reisen Hiraga, immobile et sinistre, gardant ses distances avec Stella.

« Il semble que ça pourrait devenir désordonné d’ici peu — cet homme dégage une aura inquiétante. Je ne prétendrai pas savoir ce qu’il fait, mais je sens une concentration étrange. Il vaut mieux l’abattre avant qu’il n’ait fini ce à quoi il se prépare, » déclara Ikki.

Toutes les personnes présentes seraient d’accord avec Ikki. Ils pouvaient tous sentir l’aura sinistre de Reisen. Mais ce n’est pas tout. De leur point de vue d’en haut, on pouvait voir tous les mouvements des combattants. Il était clair comme de l’eau de roche que, Mikoto Tsuruya incluse, le camp d’Akatsuki se déplaçait tout pour le défendre. C’était leur atout, sans aucun doute. Dans ce cas, il était préférable d’étouffer son plan dans l’œuf le plus tôt possible. C’était le consensus tacite de toutes les personnes présentes, et Stella avait certainement cela à l’esprit également.

« Cependant, ça a l’air difficile, » déclara Kurono.

« Je me demande ce que vous voulez dire par là, directrice ? » demanda Arisuin.

Kurono avait répondu à la question d’Arisuin. « Regardez. »

Là, au bord des gradins, il y avait un objet scintillant enfoncé profondément dans le béton.

C’était l’une des lames Ichirin Junka qu’elle avait abattues avec l’Arrêt de l’horloge.

« Je l’ai fait descendre à un endroit où personne n’est, mais regardez. Il n’y a pas une égratignure dessus — c’est une dureté contre nature. Je n’ai jamais rencontré une utilisatrice de barrière aussi bonne, et cela même dans la Ligue A du KOK. C’est peut-être de Vermillon que nous parlons, mais il va être difficile de percer ça avec sa main droite… en fait, cette servante pourrait même être capable de bloquer la plus forte attaque de Vermillion — Katharterio Salamandra, » déclara Kurono.

Le malaise de Kurono était, malheureusement, à la hauteur de la réalité.

***

Partie 7

« Vermillons attaque encore et encore, mais en vain ! Elle est incapable de percer les défenses redoutables et effrayantes de l’atout de la Dompteuse de Bêtes Rinna Kazamatsuri, Charlotte Cordé ! En fait, les contre-attaques de Cordé émoussent peu à peu son assaut ! » déclara la présentatrice.

« Si son bras gauche était utilisable, elle pourrait probablement faire face à cette barrière, mais elle ne peut pas l’utiliser pour tenir son épée maintenant. La princesse cramoisie est dans une situation difficile, » déclara l’analyste.

Comme la commentatrice et l’analyste l’avaient dit, les attaques de Stella n’avaient jusqu’à présent pas réussi à faire briser la garde d’Ichirin Junka. D’un autre côté, les contre-attaques constantes de Charlotte l’épuisaient. N’importe qui pouvait voir que le match ne se passait pas bien pour elle. Les épaules de Stella se baissèrent en soupirant.

« Mon Dieu… vous êtes vraiment outrageusement solide. Toutes ces frappes n’ont rien fait du tout. Il semble que, comme prévu, rien ne viendra de l’utilisation d’une seule main, » déclara Stella.

Les actions improductives sapaient d’autant d’esprit, sinon plus. De plus, son corps, et un esprit épuisé manquaient de force. Face au ton faible de Stella, Charlotte était certaine que la bataille était à sa portée. Un peu plus. Juste un peu plus, et ce chevalier tomberait. Il n’était pas nécessaire d’attendre que l’Art Noble du Marionnettiste soit prêt.

« Bien sûr. Protéger ma dame est la raison de mon existence — la raison pour laquelle je suis à la fois son épée et son bouclier. Votre épée ne l’atteindra pas, princesse cramoisie. Tant que je serai là, tant que je respirerai, vous ne lui brûlerez pas un cheveu sur la tête, » déclara Charlotte.

« Une telle loyauté. Je ne dédaigne pas ça, » déclara Stella.

Charlotte ne répondit pas aux louanges de Stella. Même si elle n’avait rien dit, Charlotte comprenait que sa loyauté était un sentiment qui ne serait pas vaincu par le reste du monde. Elle avait juré de vivre pour cette adorable jeune fille, Rinna Kazamatsuri, depuis le jour où Rinna l’avait sortie de ce dépotoir. Elle donnerait tout, du sommet de sa tête à la plante de ses pieds, pour Rinna. Et elle lui avait tout donné. Ne quittant jamais le côté de cette fille, elle avait balayé tout danger loin d’elle. Si elle voulait un chat, elle serait ce chat. Si elle voulait un chien, elle serait cette chienne. Après avoir fait tant de choses, elle avait été frustrée jusqu’à la fin quand Rinna avait commencé à garder Sphinx comme animal de compagnie, à tel point qu’elle avait voulu le faire mijoter pour le dîner.

Mais alors, la jeune maîtresse lui avait dit. « Tu devrais être un être humain. Je serais très troublée si ma main droite était un chat, alors s’il te plaît, arrête de manger de la nourriture pour chat à quatre pattes. »

Ainsi dit-elle, elle avait rendu à Charlotte les vêtements qu’elle avait jetés pour devenir un chat.

Ahh, ma dame, ma dame ! Comme vous êtes douce ! pensa Charlotte.

Penser que Rinna la chérissait tant — elle, qui n’était pas née au point d’être meilleur qu’un chien ou qu’un chat. C’est pourquoi elle lui avait tout donné, afin de répondre à ses attentes. Sa loyauté était ferme comme un roc — elle ne perdrait pas. Elle ne perdrait jamais.

C’était sa croyance. C’était sa fierté.

« Néanmoins… Je suis désolée, mais c’est impossible pour vous, » c’était ce que déclara la chevalière rousse en face d’elle. C’était presque comme si elle avait pitié de Charlotte.

« Comment ça, impossible ? » demanda Charlotte.

« Vous ne pourrez pas protéger votre maîtresse, » déclara Stella.

Charlotte se moqua alors de Stella. « Ça, c’est bizarre. Vous dites de telles choses, et pourtant vous êtes impuissante contre mon Ichirin Junka. Vous avez admis vous-même qu’il n’y avait rien que vous ne puissiez faire, n’est-ce pas ? Parler de façon aussi effrontée, sans aucun motif, ne peut être qualifié que d’inconvenant, non ? »

« Vous semblez avoir oublié quelque chose d’important, Mademoiselle la Servante. J’ai dit que je ne pouvais rien faire… avec une seule main, et donc…, » déclara Stella.

À cet instant, la Robe de l’Impératrice qui l’enveloppait commença soudain à montrer un comportement étrange, concentrant sa flamme autour d’un seul point — son bras gauche, qui avait été cassé et immobilisé par la Réflexion Totale de Yui.

Qu’est-ce qu’elle fait ? Se demanda Charlotte.

Charlotte ne comprenait pas le sens des actions de Stella.

Mais bientôt, quelque chose d’encore plus éloigné de sa compréhension se produirait. D’une manière ou d’une autre, dans cette chaleur brûlante, ce bras qui aurait dû être brisé avait commencé à bouger !

« Quoii — !? »

Le bras tordu avait retrouvé sa rectitude d’antan, les doigts écrasés avaient formé un poing, puis s’étaient ouverts. Et encore une fois.

Les flammes s’étaient alors dissipées, et Stella avait tenu Lævateinn dans sa main gauche, qui était jadis cassée. Une grande épée comme celle-là, qui avait toujours été faite pour être maniée à deux mains, était maintenant si bien utilisée. Ça n’aurait pas dû être possible avec un bras cassé. Si elle le pouvait, cela signifiait qu’elle avait guéri ce bras.

Et pourtant, une utilisatrice de feu comme Stella ne pouvait pas utiliser la magie de guérison. Alors comment — .

Quelque chose avait traversé l’esprit de Charlotte, quelque chose d’imprudent, d’incohérent. Sa voix était presque douloureuse. « Se pourrait-il que vous ayez utilisé vos feux pour faire fondre et souder vos os brisés ? »

Stella n’avait pas répondu. Elle avait simplement souri en triomphant. Ce sourire disait tout. C’était exactement cela — elle avait fait fondre le calcium dans ses os brisés et les avait reconstitués. Et maintenant que ses deux mains lui avaient été rendues, elle n’était plus retenue par rien.

« Percez les cieux, ô flammes du purgatoire —, » déclara Stella.

Tenant son épée en l’air, elle avait activé son Art Noble le plus puissant. Une colonne de feu cramoisi avait jailli de Lævateinn, s’enflammant dans le ciel, sa flamme incomparable devenant bleue au fur et à mesure qu’elle devenait de plus en plus chaude, avant de perdre enfin toute coloration — devenant lumière. Une lame de lumière de cinquante mètres de long, avec laquelle tout serait incinéré impitoyablement sur son passage.

« Alors, que ferez-vous, Mademoiselle la Servante ? Mon Katharterio Salamandra est sur le point d’abattre votre maîtresse derrière vous. Vous n’êtes pas une représentante, je ne vous poursuivrai pas si vous fuyez, vous savez ? » déclara Stella.

« Tch ! »

La pression qu’exerçaient les paroles de Stella pesait lourdement sur le dos de Charlotte. Elle le savait. C’était son dernier avertissement. Si elle ne s’enlevait pas, la princesse cramoisie apporterait cette lame sacrée de lumière, forgée par son droit de naissance dans le monde de la magie, à porter d’elle sans retenue.

Elle était impuissante devant quelque chose de cet ordre. Mais — .

« Idiote ! » Elle n’avait pas battu en retraite. Debout devant Rinna pour la protéger, elle s’était déclarée résolue. « Je l’ai déjà dit. Vous ne la toucherez pas ! »

« Très bien ! » déclara Stella.

Tels deux hommes armés dans un western à midi, elles avaient bougé en même temps.

« Katharterio Salamandra ! » cria Stella.

« Floraison sauvage — Senben Junka [1] ! » répliqua Charlotte.

 

 

Stella balança sa lame de lumière et de chaleur pour trancher Charlotte et Rinna derrière elle en deux. Charlotte répondit en déversant tout son pouvoir magique dans un bouclier imprenable qui, pour protéger sa maîtresse, surpassa Ichirin Junka de trois ordres de grandeur.

Leurs frappes avaient eu lieu — .

— Et une tempête de lumière déchaînée était née, comme pour balayer tout ce qui se trouvait dans le Dôme dans son sillage.

Notes

  • 1 Senben Junka, 千弁楯花 : « Bouclier des Mille Pétales de Fleurs »

***

Partie 8

« Haaaaaaaaa ! »

« Aaaaaaaaahhhh ! »

« Le bouclier de Charlotte, qui a résisté aux attaques répétées de Vermillion jusqu’à présent, rencontre maintenant la fureur débridée de l’Art Noble le plus fort du Vermillion au milieu du ring ! Ces magies féroces soufflent sauvagement sur le Dôme, et la puissance de leur magie est évidente ! La lance la plus tranchante et le bouclier le plus solide se battent avec acharnement, ni l’un ni l’autre ne cédant un pouce… la victoire est encore incertaine ! »

Et pourtant, il n’existait aucune égalité entre la lance et le bouclier dans la vie réelle. Une lance qui perçait tout ne pouvait pas coexister avec un bouclier qui bloquait tout. Il fallait triompher. Et comme pour prouver ce point, la force derrière cette frappe de lumière avait commencé à détruire cet équilibre fin.

C’est… lourd… si chaud… chaud…, pensa Charlotte.

C’était Charlotte qui avait été repoussée. Les mille pétales de Senben Junka commençaient à se flétrir et à perdre leurs pétales sous la poussée implacable de Katharterio Salamandra. Et à mesure que le bouclier commençait à s’effriter, sa capacité à bloquer la chaleur dégagée par cet Art Noble s’affaiblissait aussi. Avec des gargouillis écœurants, le sol avait commencé à fondre et à bouillonner. La peau et les cheveux avaient commencé à s’assombrir et à carboniser. Malgré le fait que son bouclier bloquait la lame elle-même, l’énergie qu’il dégageait avait ce genre de pouvoir.

Quelle force scandaleuse ! pensa Charlotte. À ce rythme-là…

Son bouclier serait percé. Charlotte s’écria, dans un ultime effort pour protéger sa maîtresse. « Ma Dame ! Retraite ! »

Mais —

« Je refuse, » répondit Kazamatsuri.

Son maître, la dompteuse de bêtes Rinna Kazamatsuri, avait mis ses bras autour de sa taille par-derrière, se penchant dans son dos.

« Madame, qu’est-ce que vous faites !? » demanda Charlotte.

L’expression normalement bien éduquée de Charlotte s’était dissipée devant les actions incompréhensibles de sa maîtresse. Kazamatsuri, d’un autre côté, avait juste fait un sourire confiant.

« J’ai dit : “Je refuse”. Ma fidèle servante, il n’y a pas besoin de fuir. Pour celle qui se tient devant moi, Charlotte Cordé, ma servante la plus amère, ma main droite de la nuit la plus sombre, qui m’a juré fidélité. Tu ne tomberas pas, ai-je tort ? » demanda Kazamatsuri.

Et elle la tenait encore plus près. Par ce contact, elle pouvait sentir cette chaleur, cette confiance absolue.

« … Oui, mon seigneur ! » déclara Charlotte.

De son âme, elle déversa plus de puissance. Avec un bruit de gémissements, le lustre revint sur le Senben Junka en ruines. Les pétales qui s’étaient flétris sous la lumière incandescente étaient à nouveau présents, coupant une fois de plus sa chaleur. Et c’est ainsi que Senben Junka de Charlotte, malgré son état délabré, repoussa enfin l’Art Noble de la Princesse cramoisie.

« Et… Senben Junka triomphe ! Il parvient à peine à résister à l’épée la plus puissante, Katharterio Salamandra de Stella Vermillion, chevalier de Rang A ! »

« Argh…, »

La sueur perlant sur son visage, Charlotte tomba à genoux, ses mains la soutenant à peine. Ses cheveux étaient éreintés et frisottés. Elle avait mal aux épaules et ses respirations devenaient de plus en plus difficiles. Elle était à sa limite. Mais quand même — .

J’ai… pu la protéger —, pensa Charlotte.

Oui, elle avait défendu avec succès sa maîtresse face à l’atout de Stella Vermillion. Le fait de sentir la chaleur et les battements de cœur de sa maîtresse derrière elle avait provoqué un sourire sur ses lèvres. Elle avait exaucé les souhaits de sa maîtresse. Il n’y a pas de plus grande joie que celle-là. C’était une chose indescriptible, ce sentiment d’accomplissement, cette euphorie.

Mais cela se transformerait en désespoir le plus noir en un instant.

« Katharterio Salamandra, » déclara Stella.

« Ça… ne peut pas être…, » Charlotte l’avait vu.

La chevalière aux cheveux de feu produisit une seconde lame de lumière, nullement inférieure à la première en puissance écrasante sans gaspiller un autre souffle, avant de la balancer vers le bas.

Elle peut lancer des attaques consécutives d’une telle puissance… si vite !? Se demanda Charlotte.

« C’est pourquoi j’ai dit que c’était impossible pour vous, » déclara Stella.

En toute honnêteté, Stella avait senti dès le début qu’il aurait été difficile de briser la défense de Charlotte en un seul coup. Mais quelle importance ? Si un seul coup ne suffisait pas, elle n’avait qu’à faire deux ou trois coups, l’un après l’autre. Après tout, la princesse cramoisie en avait assez pour lancer douze attaques consécutives avec ce genre de Katharterio Salamandra.

D’un autre côté, Charlotte ne pouvait même pas extraire une seule goutte de mana de plus.

« Charlotte ! » cria Kazamatsuri.

« Ma… Dame —, » s’exclama Charlotte.

Incapable de résister, elle avait été dévorée par un nimbe de lumière.

***

Partie 9

« C’est… C’est un coup direct ! Après avoir été à bout de souffle en se défendant contre une frappe de Katharterio Salamandra, Cordé n’a naturellement rien pu faire contre les attaques consécutives de Katharterio Salamandra ! Avec la dompteuse de bêtes, elles se sont effondrées et sont sans force ! » déclara la présentatrice.

« Je ne pense pas qu’elles se relèveront. Même si elles le faisaient, elles ne seraient pas en état de se battre — il leur fallait tout ce qu’elles avaient pour bloquer ce premier coup, » déclara l’analyste.

« Et voilà la seconde, » déclara Stella.

Après avoir facilement brisé le bouclier le plus solide de Charlotte, Stella s’était tournée vers Icy Scorn et le Marionnettiste à la fin du compte. Le bouclier qui se trouvait entre eux et l’attaque de Stella n’était plus. Il n’y avait nulle part où aller. Une fois que le Marionnettiste, qui avait encore cet air inquiétant, serait vaincu, ce match serait terminé.

« On dirait que tu n’as pas réussi, » Stella parla doucement et le marionnettiste Reisen Hiraga répondit en souriant, se fendant presque le visage de joue en joue.

« Non ? Cordé-san a fait un travail exemplaire. Grâce à elle, mes préparatifs sont terminés, » déclara le Marionnettiste.

Puis c’était arrivé. Une ombre avait été projetée sur toute la longueur du Dôme.

« Hein ? Le ciel s’est-il soudainement assombri ? »

« Vous plaisantez ! Je n’ai pas apporté de parapluie… attendez, c’est quoi ça !? »

L’un après l’autre, les gens commencèrent à s’exclamer en levant les yeux vers le ciel obscurci. C’était inévitable, car les ombres qui avaient assombri le ciel n’avaient pas été projetées par des nuages, mais par des décombres qui tombaient déjà d’en haut, tombant un à un sur le ring comme attiré par une force non nommée.

« Qu’est-ce que c’est que ça ? Tout d’un coup, des immeubles, des voitures, même des trains commencent à tomber sur le ring ! Ont-ils été transportés par une tornade ? » demanda la présentatrice.

Non. En effet, la quantité et le contenu des décombres étaient semblables à ceux d’une tornade si elle avait balayé une ville, mais si c’était un phénomène naturel, alors un événement aussi anormal ne serait jamais arrivé. Il n’y avait pas un seul morceau de terre dans les gradins, alors que tous se rassemblaient sur le ring.

C’était l’œuvre de l’homme. En particulier, l’œuvre du Pierrot qui se moquait du chaos semé dans le Dôme — l’œuvre de nul autre que Reisen Hiraga. Étirant ses cordes au-delà du terrain du Dôme, il avait ramassé les détritus le long de la côte, pris des voitures mises à la casse et même des trains sans pilote, et les avait amenés ici sur le ring.

Dans quel but ? Cela deviendrait clair bien assez tôt.

« Quoi... Quoi !? La montagne de décombres qui est tombée du ciel est en train de fusionner ! Cette forme… c’est un humain !? Cela prend une forme humaine ! La masse de gravats se combine comme si elle était attirée par un aimant et prend la forme d’un humain géant ! » déclara la présentatrice.

C’est… !

Ikki et Stella, de leurs places respectives dans les tribunes et sur le ring, l’avaient reconnu. Ils l’avaient déjà vu avant, ce jour de pluie à Okutama !

Cet Art Noble qui utilisait des ficelles pour assembler des objets inanimés en une marionnette à ficelle géante.

« Deus Ex Machina. C’est comme un robot géant. Cool, n’est-ce pas ? » déclara le marionnettiste.

Entièrement formée, la marionnette de gravats mesurait cinquante mètres de haut — c’était l’atout du marionnettiste Reisen Hiraga.

***

Partie 10

En regardant en l’air le géant de gravats qui était apparu sur le ring, Stella avait fait claquer sa langue.

« Comme je le pensais. Je m’en doutais depuis un moment… c’était donc toi au camp de formations, » déclara Stella.

« Hahahaha, ce jour-là, tu t’es beaucoup amusée avec mes marionnettes, » déclara Hiraga.

La voix de Hiraga avait retenti depuis quelque part à l’intérieur du géant de décombres. À un moment donné dans la formation des décombres, il y était entré. En effet, cette marionnette qui était contrôlée de l’intérieur était comme un mécha [1]…

« Raikiri m’a donné du fil à retordre à l’époque, mais Deus Ex Machina est définitivement différent de ces tas de boue. Même la princesse cramoisie ne résisterait pas à un seul coup avec une telle masse présente ! » déclara Hiraga.

C’est ainsi que l’atout entièrement formé de Reisen commença son attaque contre Stella, brandissant la combinaison tordue de tuyaux de béton et d’acier que constituait son bras gauche, huit wagons s’amarraient ensemble pour former un fouet, le faisant basculer vers la chevalière cramoisie présente sur le ring. La puissance de ce coup était telle qu’il ne s’était pas contenté d’écraser un seul humain, mais il briserait le ring lui-même et secouerait le Dôme jusqu’à ses fondations.

« Trop fort ! Le ring a été brisé par le fouet de trains de Deus Ex Machina ! Un quart d’entre eux a été complètement emporté par le vent, soulevant un impressionnant nuage de poussière ! Vermillion va-t-elle bien !? » demanda la présentatrice.

C’était impossible. Fabriqués en acier inoxydable, les wagons étaient un peu plus légers que d’anciens modèles, mais ils pesaient néanmoins des tonnes. Un coup d’un tel fouet réduirait un humain en morceaux méconnaissables. Cependant — .

« C’est certain. Je serais foutue si cela devait me frapper. Mais le fouet de ta marionnette est ennuyeux. Ça ne me touchera pas du tout ! » déclara Stella.

À ce moment, un éclair de lumière rouge perça l’écran de fumée de poussière — cela ne venant de nul autre que Stella Vermillion, la chevalière vêtue de flammes. Elle avait facilement évité le fouet du train et avait transpercé le nuage de poussière créé par l’impact produit en faisant un grand saut avant de chevaucher le bras droit du Deus Ex Machina, se précipitant vers son épaule d’un seul coup — et dans le même mouvement, elle avait frappé la tête de la marionnette, une fusion d’un camion lourd et de divers déchets environnants.

Frappée dans son centre, la tête s’était effondrée, soulevant un vacarme de métal qui s’était brisé comme du verre — camion, feu de circulation, bouteilles de gaz propane vides et tout ça. Stella avait atterri au milieu des décombres alors que tout cela était pathétiquement éparpillé.

« C’est la marionnette que tu as passé tant de temps à essayer de faire pendant que je me battais avec cette bonne, mais je la renvoie à la casse dans une minute, » Stella l’avait déclaré avec un sourire confiant. C’était sa victoire.

« Haha, Hahahaha ! » Reisen se moqua d’elle.

« Qu’est-ce qu’il y a de drôle ? » demanda Stella.

« Non, ce n’est rien. Je pense simplement que tu te trompes terriblement. Deus Ex Machina était prêt bien avant que tu n’aies commencé à te battre avec Cordé-san. Ce que j’ai surtout pris ce temps pour me préparer, c’est une autre marionnette, » déclara Reisen.

À ce moment précis, Stella, qui avait été assurée de sa victoire, sentit une pression lui faire frissonner la colonne vertébrale. Était-ce la pression du marionnettiste dans ce Deus Ex Machina ? Non. C’était différent. Cette pression venait de derrière, pas devant elle.

Quelle est donc cette sensation — ? se demanda Stella.

Elle ne pouvait pas le dire, mais une chose était sûre.

— Danger !

Suivant son intuition, elle avait donné un coup de pied au sol de toutes ses forces, se propulsant en avant sans aucune préparation, au moment même où l’endroit où elle se trouvait auparavant avait été gelé.

« Ce pouvoir est… ! » s’exclama Stella.

Il n’y avait qu’une seule personne ici qui pouvait faire geler toute l’humidité de l’air, créant cette fleur de glace en fleuraison.

« Le Satin Glacé d’Icy Scorn… tch ! »

Là, dans la direction à laquelle Stella avait ressenti ce frisson, se trouvait encore stoïquement Mikoto Tsuruya. Et ses yeux de mort étaient ampli d’une flamme d’une magie vert-blanc, contrairement à tout ce que Stella avait vu d’elle auparavant.

Notes

  • 1 Mecha, メカ: une grande machine humanoïde contrôlée par un pilote, commune au genre de science-fiction japonais du même nom.

***

Partie 11

La lumière dans les yeux de Mikoto s’était instantanément transformée en magie. Au bout de son regard, des colonnes de glace en forme d’épée avaient éclaté au sol en traversant l’espace entre elle et Stella, comme si elle avait l’intention de tout geler.

« Une fois de plus, Tsuruya passe à l’offensive, lançant de nombreuses utilisations du Satin Glacé sur Vermillion, qui pour sa part reste en dehors de la vision de Tsuruya ! La mobilité de la Princesse Cramoisie est également de premier ordre ! Pourtant, pourquoi évite-t-elle cela désespérément ? Le Satin Glacé était une attaque facilement vaincue par la Robe de l’Impératrice auparavant ! » déclara la présentatrice.

« Ce n’est… plus comme avant. La technique elle-même est plusieurs fois plus forte. Pour autant que je sache, Icy Scorn n’est capable de figer qu’un espace sphérique d’environ 3 mètres de diamètre au point focal de sa vision. Mais en ce moment, elle gèle tout ce qui est en vue. La puissance de son Art Noble est maintenant à un tout autre niveau. Qu’elle ait caché un tel as dans sa manche… c’est choquant. Un Art Noble comme celui-ci pourrait figer les flammes de la princesse cramoisie ! » déclara Muroto.

Alors même que Muroto parlait ainsi, la chance que Mikoto attendait était arrivée. Stella avait esquivé avec des pas rapides, mais elle avait du mal à continuer à esquiver un Art Noble qui pouvait atteindre la vitesse de la lumière. Plus elle esquivait désespérément, plus sa conscience de la situation diminuait, jusqu’à ce qu’elle soit enfermée de chaque côté par les murs de glace créés par le Satin Glacé.

« Oh mon Dieu ! Stella a été pressée dans un cul-de-sac au moment même où nous parlons ! Est-ce fini maintenant ? » demanda la commentatrice.

Se centrant sur Stella, coupée de toutes les issues de secours, la lumière de l’Absolu Zéro éclata.

Mais Stella n’était pas du genre à tomber sans se battre.

« Haaaaa ! » cria Stella.

Emplissant Lævateinn avec sa robe de l’impératrice, elle avait créé une lame de feu qui aurait pu détourner le regard d’Hadès.

« Elle l’a repoussé avec son épée ! Comme prévu, la Princesse Cramoisie ne s’effondrera pas si facilement ! » déclara la commentatrice.

« Néanmoins, regardez son Dispositif — ! » déclara Muroto.

« Hein… ? » s’exclama la commentatrice.

Tandis qu’ils regardaient Lævateinn à la suite de la phrase de Muroto, la commentatrice et le public furent tous deux stupéfaits de silence.

« C-C’est… ! Qu’est-ce que c’est que ça ? Le Dispositif de Vermillion, Lævateinn… a été gelé ! » s’écria la commentatrice.

« Hé, hé, vous êtes sérieux !? »

Des exclamations d’étonnement remplissaient le Dôme. On pourrait dire que le Dispositif d’un utilisateur du feu était comme le cœur d’un soleil, et geler quelque chose d’une température aussi singulièrement élevée était quelque chose qui sortait tout à fait de l’ordinaire. Stella elle-même avait été très secouée par cette tournure des événements.

Vous plaisantez…, pensa Stella.

Elle avait immédiatement encerclé la lame de flammes et avait essayé de la décongeler.

« Ça… ça ne marche pas ! La glace n’a pas du tout fondu malgré le feu de Stella ! Quel pouvoir ! » déclara la commentatrice.

… Pour que mes flammes ne puissent pas la faire fondre… ! pensa Stella.

Alors même qu’elle se sentait transpirer d’une sueur froide, elle jeta un regard aiguisé sur le dieu de la mort devant elle.

« Vous êtes une personne horrible et inattendue, Tsuruya-san, d’avoir caché un tel pouvoir, » déclara Stella.

Son ton sardonique démentait les louanges sincères, mais Mikoto n’y avait pas réagi. Mikoto n’avait pas besoin des éloges d’une ennemie… du moins, c’est ce que pensait Stella au début.

En regardant son expression, Stella sentait que quelque chose n’allait pas. Elle pensait que Mikoto sourirait d’un sourire confiant après avoir surmonté son adversaire inconscient avec sa puissance… mais elle ne l’avait pas fait. Il n’y avait pas de vie dans ses yeux. Pas de force pour retenir son corps. Elle était entourée d’une aura maladive.

C’était comme… oui, elle était comme une marionnette…

« Ce que j’ai surtout pris ce temps pour me préparer, c’est une autre marionnette. »

Elle avait alors réalisé une horrible possibilité.

« Hiraga, tu ne peux pas avoir…, » s’exclama Stella.

« Hehe hehe hehe hehe. Oui, je l’ai fait, » répondit-il.

Et elle avait raison. Lorsque Reisen Hiraga avait parlé plus tôt d’une « autre marionnette », il avait fait référence à Mikoto Tsuruya, qui se tenait à ses côtés depuis le début. Pendant que Stella s’occupait de Charlotte, et à l’insu même de Mikoto elle-même, le dispositif de Reisen, la Veuve Noire, était entré par son oreille, infiltrant son cerveau et son système nerveux — prenant le contrôle de son corps et l’utilisant comme son pantin.

C’était le vrai atout du marionnettiste Reisen Hiraga.

« Marionnette. Cette technique n’est pas très sophistiquée, mais par ce droit, elle est aussi puissante, » déclara Reisen Hiraga.

Sous l’effet de Marionnette, on ne devenait pas simplement une piteuse marionnette vivante. En empiétant directement sur le cerveau et en prenant le contrôle des signaux électriques qu’il pourrait envoyer, Reisen pourrait facilement enlever certaines choses — comme l’instinct d’un humain à se protéger, et ainsi faire ressortir avec force la véritable limite de la capacité de cette personne. C’était la raison pour laquelle Mikoto avait obtenu un immense bonus.

« Mais malheureusement, les humains ne peuvent pas résister à leur plein pouvoir, » Reisen déclara cela doucement, et comme en réponse, le sang commença à suinter des yeux de Mikoto.

« Tsuruya-san… ! » s’écria Stella.

« Si tu continues cette lutte inutile, ses yeux pourraient éclater. Eh bien, à ce stade, elle pourrait encore être guérie facilement, mais mes cordes sont profondément ancrées dans son cerveau. C’était une étrangère, sans aucun rapport avec la querelle entre nous et toi… une si belle fille. Une si longue vie l’attendait. Ne penses-tu pas que ce serait dommage pour elle de vivre comme un légume pour le restant de sa vie ? » demanda Reisen.

« Tu me menaces ? » demanda Stella.

« Exactement, » répondit Reisen.

« Tes alliés, au moins, mettent leur fierté en jeu pour me combattre honnêtement. Tu n’as pas l’intention de faire la même chose, n’est-ce pas ? » demanda Stella.

« Non, pas du tout, » répondit Reisen.

« … Tch… ! »

Stella s’était mordu la lèvre avec force. Elle le savait maintenant. Cet homme, Reisen Hiraga, était différent de Yui et des autres. Il était le mal à l’état pur.

Stella était une membre de la royauté. Elle savait que la moralité était une chose fragile et malléable. Sous un angle différent, l’objectif de la Rébellion de créer une utopie pour Blazers pourrait être considéré comme « bon ». La définition du « mal » et du « peuple maléfique » n’était que cela.

Mais ce Pierrot était différent. Se délecter de la douleur des autres, s’amuser de leur souffrance — il était vraiment maléfique. C’était le mal absolu.

« Je crois que tu te trompes. Nous ne sommes pas ici au nom de la gloire. La victoire est tout ce que nous désirons. C’est un assassin de second ordre qui marchande sur les moyens. Un professionnel exécute ses ordres. Ainsi, je ne chancelle pas. Je n’hésite pas. Je ne montre pas de pièces de 25 cents. Et maintenant que tu le comprends suffisamment, Princesse Cramoisie… Que vas-tu faire ? » demanda Reisen.

Ses chuchotements ne pouvaient cacher sa joie maléfique, et le son même de celle-ci allumait un feu dans le ventre de Stella qui pouvait s’enflammer à tout moment. Mais quoi qu’elle ait fait, elle n’avait pas le choix.

« Vulgaire bâtard, » elle avait craché cette insulte, et sans hésité, avait libéré Lævateinn. Il avait atterri sur le sol du ring avec un cliquetis.

« Hyaaaaaaaa ! »

— Au moment où le fouet de Deus Ex Machina frappait Stella de toutes ses forces.

***

Partie 12

Tout se déroule comme prévu, pensa Reisen.

Alors que le fouet de trains du Deus Ex Machina pleuvait coup après coup sur Stella, qui s’était débarrassée de son épée sur le ring, le marionnettiste à l’intérieur, Reisen Hiraga, était assuré de sa victoire. En effet, il serait plus juste de dire qu’il était sûr de sa victoire depuis le début du match. Quand elle avait suggéré cette pénalité insouciante, attirant les membres d’Akatsuki sur le ring, il avait immédiatement réalisé que son intention était de se venger de leur attaque perpétrée contre l’Académie Hagun.

Faire face à une bataille difficile en toute connaissance de cause pour le bien de ses amis qui ont été blessés. Hehe, comme c’est beau. Son bon cœur vaut le respect, pensa Reisen.

Cet esprit fier et cette âme douce étaient —

Et c’est si facile à contrôler, pensa-t-il.

Assez curieusement, il pouvait l’influencer comme il le souhaitait sans l’aide de ses fils. Seules des paroles avaient été nécessaires. Une personne aussi gentille ne pourrait certainement jamais sacrifier une innocente comme Mikoto Tsuruya pour servir ses propres intérêts. En utilisant Mikoto comme otage, il faisait en sorte que Stella jette son épée de côté et perde la volonté du combat — c’était le scénario écrit dans son esprit depuis le début du match. Et Stella avait été piégée par son complot.

« Le fouet de trains de Deus Ex Machina frappe le sol encore et encore ! Vermillion va-t-elle bien ? Le nuage de poussière qui s’agite rend la situation difficile à voir sur le ring ! Tout aussi inexplicablement, Vermillion a lâché son épée juste avant que Hiraga ne commence son assaut ! Qu’a-t-elle l’intention de faire, de lâcher son épée comme ça ? » demanda la commentatrice.

« Quoi qu’elle ait l’intention de faire, cette situation est dangereuse, » déclara l’expert.

Les arbitres autour du ring semblaient ressentir la même chose — ils cherchaient une ouverture pour arrêter le match. Voyant les circonstances environnantes telles qu’elles étaient, Reisen avait encore une fois balancé une attaque et il s’était arrêté après ça. Il avait senti la sensation que le train frappait la chair à travers les cordes qui parcouraient chaque recoin du géant de décombres. Elle ne pouvait pas esquiver comme elle l’avait fait auparavant. Ainsi, cette quantité était suffisante. En tout cas, il n’avait pas l’intention de la tuer. Si les arbitres voyaient Stella s’effondrer et s’évanouir sur le ring, ils arrêteraient le match à coup sûr.

C’est ce qu’il pensa, et alors qu’il retenait sa main, le nuage de poussière commença à se dissiper.

« La poussière se calme… qu’est-il arrivé à Vermillion — !? » demanda la commentatrice.

La commentatrice semblait se demander si elle allait bien, mais elle s’était arrêtée brusquement — et l’instant d’après, tous les spectateurs étaient en état de choc, le monde s’immobilisant alors qu’ils oubliaient de respirer.

Pourquoi ? Était-ce à cause de la quantité abondante de sang qui coulait d’un cratère creusé dans le ring ? Non. C’était à cause de celle qui était au sommet de cette mare de sang : bien que du sang ait coulé en des ruisseaux le long de sa tête, Stella était inébranlable, debout comme une baguette droite alors qu’elle fixait Deus Ex Machina.

« Incroyable ! Vermillion ! Elle n’évite ni ne se défend, mais prend l’assaut sans bouger de sa place ! Son endurance est à un tout autre niveau ! » déclara la commentatrice.

Les coups avaient brisé le ring et enfoncé le sol en dessous, mais l’endurance de Stella était telle qu’elle ne bronchait pas du tout. Même Reisen s’était trouvé stupéfait.

« Tu es bêtement coriace. Mais ce match a été décidé, alors pourquoi ne t’allonges-tu pas tranquillement ? » demanda Reisen.

Sa voix semblait un peu ennuyée. Stella pencha la tête sur le côté.

« Décidé ? Qu’est-ce que vous dites ? » demanda Stella.

« Qu’est-ce que tu dis ? N’as-tu pas lâché ton épée ? » demanda Reisen.

Oui. Le match avait été décidé à ce moment-là. Stella ne pouvait rien faire avec Mikoto comme otage. C’était le scénario.

Mais c’était simplement la conclusion à laquelle Reisen était arrivé après avoir mesuré Stella Vermillion en tant que chevalier. Un peu de temps s’écoula avant que Stella ne semble hocher la tête en comprenant cette pensée.

« Vous n’êtes qu’un… idiot, » déclara Stella.

Son visage ensanglanté s’était déformé en un sourire, se moquant de lui du fond du cœur. Le fait qu’elle se soit débarrassée de sa lame n’avait pas été un signe de reddition face aux menaces de Reisen, Mikoto étant son otage.

« J’ai lâché mon épée, mon âme de chevalier, seulement parce que je ne voulais pas abattre avec elle un chien comme vous. L’épée d’un chevalier est destinée à une honorable bataille — mon âme ne le pardonnerait jamais si je l’utilisais sur un homme comme vous. Je ne voulais pas utiliser cette technique, car elle nécessite le soutien d’autres personnes. Mais je vais vous le montrer comme une gâterie, » déclara Stella.

Pendant qu’elle parlait, tout le monde le voyait, y compris Reisen lui-même. Quelque chose que jusqu’à présent seul un animal perspicace pouvait voir : l’image du dragon de feu cramoisi, qui surplombait le géant de décombres. En tant que manifestation de l’aura de domination que dégageait Stella, il n’existait pas vraiment. Mais pour que la magie de Stella s’accumule et produise une pression suffisante pour matérialiser une telle vision, la technique ne pouvait pas être quelque chose de la plèbe.

« Puisque Tsuruya-san et les autres sont ici, je n’utiliserai que le plat de mon épée. Alors, allez en paix — et au diable avec vous ! » déclara Stella.

Stella avait pris une grande respiration et Reisen sentit son pouls s’accélérer brusquement. Ses instincts des enfers l’avertissaient du danger — si on la laissait finir ce qu’elle faisait maintenant, les choses allaient mal tourner. Il avait agi sans hésitation.

« Marionnette ! » cria Reisen.

Par les cordes de la veuve noire qu’il avait creusées dans le cerveau de Mikoto, il avait donné l’ordre d’utiliser le Satin Glacé. Cet ordre avait été exécuté rapidement, et il avait contrôlé les yeux d’Icy Scorn qui avait gelé Stella.

Mais le pouls du dragon ne cessa pas. Dans ce cercueil gelé, des yeux pourpres flamboyaient de fureur. Et le dragon avait rugi.

« Rugissement du Bahamut [1] ! » cria Stella.

Puis la couleur avait disparu du monde. Non, c’était au-delà de la capacité de l’homme à percevoir la couleur, pas dans ce tourbillon de lumière et de flamme. Surgissant de Stella dans toutes les directions et d’un seul coup, cela avait englouti Deus Ex Machina, la marionnette Mikoto, et enfin tout le ring, s’arrêtant juste devant le public comme si un mur invisible arrêtait son avance, avant de s’élever vers le ciel, s’enflammant dans une colonne de gloire.

Vingt secondes s’écoulèrent — et quand la lumière brûlante, si brillante qu’on ne pouvait la contempler, s’était éteinte, il ne restait plus rien. Le ring lui-même avait fondu, son sol avait été devenu vitrifié et noirci, comme les terrains d’une terre primordiale.

Au centre de la frappe, Deus Ex Machina avait l’air dans une situation bien pire : son corps de déchet et de béton avait pratiquement disparu dans des flaques en fusion, ne laissant qu’un squelette de métal carbonisé, qui s’était effondré au sol.

Notes

  • 1 Rugissement du Bahamut : Ceci utilise le kanji 暴竜の咆吼, Bouryuuu no Houkou (« Rugissement du dragon rampant »).

***

Partie 13

Reisen remarqua l’étroitesse de sa pensée avec regret alors qu’il tombait avec les décombres carbonisés.

« Mon Dieu, mon Dieu. C’était un échec, hein ? »

Ce cri de guerre, ce pouvoir du passé avait enveloppé tout le ring. Si elle l’avait utilisé dès le début, le match se serait arrêté là. En d’autres termes, si elle le souhaitait, elle aurait eu la possibilité de mettre fin au match d’une seule attaque. Cependant, elle ne l’avait pas fait, et il n’y a qu’une seule raison à cela : Le Rugissement du Bahamut était trop puissant. Sa zone d’action ne se limitait pas au ring de 100 mètres de large. Il avait le pouvoir de détruire tout le bâtiment, et même la ville fantôme environnante. Une telle chose n’aurait pas dû être utilisée même en forme d’Illusoire, puisque la forme d’Illusoire n’était inoffensive que pour les humains, mais la chaleur incontrôlable de cette technique aurait complètement détruit l’environnement.

Pour l’utiliser, elle avait besoin du « soutien » susmentionné afin de garder son pouvoir à l’intérieur du ring. En effet, il s’agissait d’une technique qui, dès le début, avait besoin de l’aide d’autres personnes. L’utiliser dans une bataille qui s’enorgueillissait d’être un combat individuel honorable n’était pas son style. Par conséquent, elle ne s’y était pas fiée, choisissant de continuer à se battre sans compter sur l’aide des autres.

Mais Reisen lui-même avait fait fi de ce style, franchissant la ligne en utilisant Marionette pour la menacer. Au moment où cela s’était produit, ce match avait cessé d’être un combat aux yeux de Stella : c’était devenu l’extermination de parasites.

La libérer des limites d’un duel… Je n’aurais certainement pas dû faire ça, pensa Reisen.

Il comprenait trop bien la raison de sa défaite.

Juste à ce moment-là, une ombre planait sur lui. Il avait levé les yeux. Stella le regardait de haut, son visage se profilait contre le ciel clair de l’été, les nuages étaient presque tous emportés par la tempête. Ses yeux étaient remplis de mépris, comme si elle avait vu des ordures.

Il en connaissait bien la raison. En voyant son corps, elle avait dû se sentir dégoûtée. Car son corps qui s’était effondré sur le sol n’était pas celui d’un humain. C’était une marionnette robotique faite de métal et de bois.

Oui. La personne nommée le Perriot, Reisen Hiraga, n’avait jamais existé. Il n’était rien d’autre qu’une marionnette contrôlée par le marionnettiste le plus habile de la Rébellion. Un homme comme lui, qui pourrait prendre des otages avec désinvolture dans une arène publique, ne participerait jamais à un combat loyal, et encore moins, il se présenterait en personne sur les lieux.

Stella semblait s’en être rendu compte avant ça. Ses yeux ne portaient aucune trace de surprise, seulement une certaine froideur lointaine.

« Il semble que vous n’êtes pas un adversaire qui danserait dans la paume de ma main. C’est votre victoire…, » déclara Reisen.

Alors qu’il s’apprêtait à faire des éloges superficiels, Stella écrasa sans hésitation son visage noirci sous ses pieds. Elle n’avait rien à lui dire et ne voulait rien entendre de lui, alors elle l’avait écrasé comme une boîte vide. Il était une présence si insignifiante à ses yeux. Après ça, il ne restait plus qu’une seule personne sur le ring. Le quatrième match du bloc B, qui avait commencé avec la pénalité que Stella avait suggérée, était maintenant terminé.

***

Partie 14

« Comment… comment appelle-t-on ça ? Juste au moment où nous pensions que Stella, après avoir jeté sa lame, était en train de recevoir une raclée, d’être repoussée dans un coin, la lumière qu’elle a lâchée a littéralement tout incinéré sur le ring, ne laissant rien d’autre qu’elle debout ! Même l’arbitre a perdu connaissance après avoir été pris dans la zone de l’attaque ! Dire qu’elle avait caché un tel atout ! » déclara la commentatrice.

« Je ne dirais pas qu’elle l’avait caché, mais plutôt qu’elle ne voulait pas l’utiliser, » répondit l’expert.

« Qu’est-ce que vous voulez dire ? » demanda la commentatrice.

« En regardant cette technique, Le Rugissement du Bahamut, c’est simplement la libération à pleine puissance du pouvoir magique de manière instantanée. Au bénéfice des non-Blazers de l’auditoire, c’était un peu comme crier à haute voix — d’où le temps d’exécution bas et imparable et sa grande puissance. Cependant, plus il en est ainsi, moins il est facile de le contrôler. La preuve en est que l’arbitre a été pris dans l’explosion, et s’il n’y avait pas la barrière que les Chevaliers-Mages avaient positionnée dans les tribunes érigées autour du ring, le public et même l’ensemble du Bay Dôme auraient pu être, emportés. C’est une technique extrêmement dangereuse. Il est de bon sens parmi les chevaliers que de telles techniques qui pourraient affecter les passants devraient être limitées dans leur utilisation. Après tout, ils vont à l’encontre de l’essence d’un chevalier — que ceux qui ont le pouvoir doivent protéger ceux qui ne le possèdent pas, » déclara l’expert.

« Donc elle l’a utilisé parce qu’elle avait été poussée dans un coin ? » demanda la commentatrice.

« Non… je ne pense pas que c’est ça, » déclara l’expert.

Secouant la tête, Muroto baissa les yeux vers la figure du vainqueur dans le paysage calciné et noirci avec quelque chose qui ressemblait à une crainte dans son regard — car il avait pu discerner la vraie raison derrière l’utilisation du Rugissement du Bahamut par Stella.

« C’était probablement juste un essai, » déclara Muroto.

« Un essai ? Qu’est-ce qu’elle testerait ? » demanda la présentatrice.

« La force de ceux qui organisent ce festival — en d’autres termes, elle s’assurait que ce Festival s’effondrerait ou ne s’effondrerait pas si elle exerçait son plein pouvoir… Vraiment, quelle jeune femme scandaleuse ! Ce doit être une première, tester le comité comme ça, » déclara Muroto.

C’était bien la vérité. Réfrénant sa force par souci de l’environnement et de son adversaire était une habitude qui ne pouvait venir que d’être née avec une force surpassant tout comme celle de Stella. Ayant compris cela, Nene Saikyou la Princesse Yaksha lui avait laissé ce conseil : qu’une seule fois, elle devrait essayer de se débarrasser de cette préoccupation à un stade précoce du festival.

« Kuu-chan est aussi à ce festival. Ses défenses ne sont pas si faibles que les enfants doivent s’inquiéter ou se retenir, » déclara Nene.

Et comme Nene l’avait dit, même le Rugissement du Bahamut, la libération momentanée de toute sa puissance par Stella, n’avait pu blesser personne dans les tribunes. Au moment où elle l’avait utilisé, un certain nombre de Blazers s’étaient déplacés pour tisser couche après couche des barrières défensives. Leurs mouvements rapides l’avaient amenée à se rendre compte que son inquiétude n’était pas nécessaire. Ils étaient suffisamment entraînés pour pouvoir se permettre un peu d’insouciance — comme on pouvait s’y attendre des chevaliers du Japon, qui se vantaient d’être au sommet de la Ligue.

Mais une chose était inattendue.

« Dire que vous avez été le premier à faire un geste, Ouma, » déclara Stella.

Parmi ces défenses superposées, la plus rapide avait été le mur de vent que l’Empereur de l’Épée du Vent Ouma avait conjuré pour propulser le Rugissement du Bahamut dans les airs. Quelles étaient ses intentions ? Bien qu’elle ne puisse pas prétendre les comprendre, cela ne l’avait pas laissée de bonne humeur. Était-ce parce qu’il l’avait aidée ? Était-ce parce qu’il avait été capable de sceller parfaitement son pouvoir ? C’était peut-être les deux. Stella avait ainsi consacré à Ouma, qui la regardait d’en haut dans les tribunes, un seul regard — .

Eh bien, quoi qu’il arrive, ça arrivera, pensa Stella.

— Avant de se détourner et de quitter lentement le ring en ruines, ses cheveux cramoisis s’envolèrent comme une flamme derrière elle.

***

Partie 15

« Bon travail. Comme on pouvait s’y attendre d’un chevalier de Rang A de notre pays, être capable de résister à ce niveau de pouvoir — c’était vraiment splendide. Je suis très rassuré d’avoir un jeune homme comme vous dans les parages. »

Dans la salle VIP la plus haute dans un coin des tribunes, Bakuga Tsukikage, le directeur de l’Académie Akatsuki, avait applaudi le jeune homme vêtu de vêtements de style japonais à ses côtés. Ses applaudissements, bien sûr, étaient en réponse au fait qu’Ouma avait défendu le public contre les flammes de Stella.

« Mais en tant que participant, tu dois conserver tes forces. Même si tu n’avais pas bougé, Shinguuji-kun l’aurait bien eu en main, » déclara Tsukikage.

Ouma ne s’était même pas tourné vers lui lorsqu’il avait répondu. « Et cela serait si ennuyeux. Il ne serait guère intéressant qu’elle conserve ses forces en étant réfrénée par des préoccupations inutiles. »

Ses yeux aiguisés comme des lames de rasoir n’étaient fixés que sur la chevalière cramoisie en bas, et par coïncidence, leurs regards s’étaient croisés lorsque Stella avait levé les yeux. Un regard comme une lame tranchante, débordant d’intention meurtrière. Malgré l’amère défaite qu’il lui avait infligée auparavant, ses yeux n’avaient pas de peur en eux — au contraire, l’esprit même de confiance et de force brillait de l’intérieur.

Voyant cela, Ouma avait souri malgré lui. « Comme mon cœur chante. »

Son aura était différente de celle d’avant. Elle avait dû passer cette semaine de façon très productive…

… Afin de me battre, pensa Ouma.

C’était bien, ça. La princesse cramoisie devait viser de tels sommets. Son talent ne pourrait jamais s’épanouir si elle ne faisait que se mesurer à des adversaires d’un calibre aussi bas que le Pire. La battre ne signifiait rien si elle visait si bas. Ce n’était pas le résultat qu’Ouma souhaitait.

Regarde-moi. Vise-moi. Après tout, c’est aussi pour ton propre bien…, pensa Ouma.

Ainsi, bien que Mikoto Tsuruya ait été aidée par trois membres d’Akatsuki en raison de la suggestion de Stella d’un match à quatre contre un pour le quatrième match du bloc B, Stella les avait battus d’un coup. Prise dans la houle de sa puissance écrasante, l’arbitre avait perdu connaissance et n’avait donc pas pu annoncer le vainqueur. Mais en regardant la forme imposante de Stella marchant seule sur la terre brûlée alors qu’elle se dirigeait vers la porte, toutes les personnes présentes comprirent et crurent que la vainqueur, celui qui avait dominé le Bloc B, était la Princesse cramoisie. C’était une évidence, car elle avait affronté tous les membres du Bloc B à l’exception d’elle-même et les avait toute vaincus. Elle n’avait gagné que son premier round, mais en vérité, cette victoire était l’équivalent d’avoir été en tête de son bloc B.

Cette croyance allait bientôt devenir vérité. Yui Tatara, que Stella aurait dû combattre lors du deuxième match du deuxième tour, avait été déclarée médicalement inapte à participer. Parmi les participants au premier match, Rinna Kazamatsuri avait déclaré qu’elle avait l’intention d’abandonner, tandis que Reisen Hiraga avait été disqualifié pour ne pas avoir comparu en personne.

Ainsi, la princesse Stella Vermillion devient la première personne à atteindre les demi-finales du Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée, n’y parvenant qu’avec une seule bataille.

***

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