Prologue : Une ville au pays de la neige
« Devenir adulte, c’est dur, hein ? Timur... »
Alors qu’ils étaient au bord des larmes, les deux garçons s’essuyèrent la bouche avec de la neige se trouvant à leurs pieds. En regardant ces deux-là, la fille aux cheveux roux et le garçon ayant environ son âge avaient tous les deux fait preuve d’un sourire parental.
« Hahahahaha. Il y a encore un long chemin à parcourir avant de devenir des adultes cool, » déclara le garçon.
Il y avait un jeune dont les cheveux blonds cendrés lui donnaient un air un peu lugubre. Au premier coup d’œil, c’était un enfant misérable qui avait l’air sale avec de la suie et de la boue, mais après une observation attentive, vous remarquiez que c’était un jeune garçon aux traits horriblement beaux.
Il s’agissait de l’enfance de celui qui s’appellera un jour Nagi Arisuin, et entrera à l’Académie Hagun.
Arisuin — non, Alice — s’était détourné des deux garçons pour s’adresser à la fille.
« Tout bien considéré, tu es une adulte méchante, Yuuri. Timur et Condra n’ont que six ans, et tu savais qu’ils ne pouvaient pas boire quelque chose comme ça, non ? »
En réponse, la jeune fille avait fièrement fait un sourire maléfique. « C’est très bien. Essayer d’aller trop loin les rendra plus audacieux. »
Elle s’appelait Yuuri. Comme Alice, elle était une enfant des rues, et la cheffe de cette équipe qui tenait son quartier général dans le hangar de stockage de l’église.
Yuuri, la fille qui avait une personnalité vivante et pleine d’esprit inébranlable.
Alice, le garçon qui possédait une personnalité délicate et pleine de douceur.
Ils étaient deux personnes diamétralement opposées, mais ils avaient une chose en commun. C’était l’idée qu’ils devaient protéger les enfants plus faibles qui ne pouvaient pas survivre seuls.
Ils avaient donc pris soin des plus jeunes enfants de la rue plus qu’à eux-mêmes et avaient élevé ces enfants. Yuuri avait agi comme un père fiable. Alice avait l’affection d’une mère en lui. Même s’ils étaient eux-mêmes des enfants, ils avaient assumé ces rôles de façon splendide.
— Et ce qui se passait maintenant était un rite de passage pour cette équipe. Les enfants qui buvaient dans la bouteille verte remplie d’une liqueur indécemment forte étaient acceptés non pas comme des enfants, mais comme des compagnons adultes. Ils n’avaient pas de parents. Ils n’avaient pas d’adultes sur qui dépendre. Ils avaient donc dû aller trop loin autant que possible, pour devenir des adultes le plus rapidement possible.
Yuuri, qui pensait ainsi, avait effectué la cérémonie. Mais peu importe la raison qu’elle avait, il n’y avait aucune chance que les enfants puissent boire ainsi de l’alcool — .
« Hé ! Yuuri ! Vous donnez encore de l’alcool aux jeunes enfants !? » s’écria une voix féminine.
« Oh merde ! C’est la nonne ! Tout le monde se cache ! » s’écria Yuuri.
Ayant été découvert par l’effrayante sœur qui dirigeait seule l’église, Yuuri et les deux jeunes garçons s’étaient enfuis, se dispersant dans toutes les directions.
Les garçons s’échappèrent instantanément sous les ordres de leur chef. Leur confiance en Yuuri était profonde. Mais même si c’était le cas...
« Ne bougez plus, sales gosses ! Si vous ne revenez pas ici, vous n’aurez pas de soupe aujourd’hui ! » cria la nonne.
« Nous avons été pris dans les habitudes du chef contre notre volonté, » déclara le premier garçon.
« C’est tout ce que fait le chef. Nous ne sommes pas mauvais. C’est la vérité, » déclara le deuxième garçon.
Face à la promesse d’une soupe chaude, leur loyauté était aussi solide que du papier, mais...
« Bande d’enfoirés !? Je m’en souviendrai — ! » cria Yuuri.
« Hahahahaha. » Tout en laissant sortir un sourire à cette bande de jeunes, Alice se tenait debout. La journée tirait à sa fin. Il serait bientôt l’heure du travail.
Soudain, à ce moment-là.
« Eu-Euh... grande soeur Alice ! »
Trois filles étaient venues de l’intérieur du hangar de stockage. Il s’agissait d’enfants de cinq, six et sept ans. Et Anastasia, âgée de sept ans — l’aînée des enfants à part Yuuri et Alice — se tenait devant Alice avec ses joues blanches rougissant d’un rouge comme des pommes.
« T-Tiens…, » murmura Anastasia.
Elle présenta nerveusement une écharpe faite à la main. C’était quelque chose qu’elle avait fait ces derniers jours à partir de la laine à tricoter qu’elle avait reçue de la Sœur, et cela après avoir appris comme le faire par l’habile Alice. Sachant sans aucun doute que c’était quelque chose qu’elle voulait qu’il voie si elle l’avait bien fait, Alice l’avait pris dans ses mains.
« Oh mon Dieu. Tu l’as bien tricoté, non ? Tu as dû travailler dur, » déclara Alice.
Faisant l’éloge de l’artisanat, il avait essayé de la lui rendre. Mais la fille avait fermement poussé l’écharpe contre la poitrine d’Alice.
« C’est un cadeau pour toi, grande sœur ! » déclara Anastasia.
« Pour moi ? » demanda Alice.
Anastasia hocha la tête avec force.
« Parce que tu travailles toujours... dans le froid, en faisant de ton mieux…, » répondit Anastasia.
« ... Je vois, » déclara Alice.
Comprenant les sentiments d’Anastasia, Alice avait enroulé son écharpe faite à la main autour de son cou. Mystérieusement, elle lui semblait plus chaude que l’écharpe vendue à prix réduit qu’il utilisait habituellement.
« Si chaud... Merci, Anastasia, » déclara Alice.
« Hehehehe…, » recevant les remerciements, Anastasia avait fait apparaître une expression enchantée. C’était un sourire qui réchauffait non seulement son corps, mais aussi son cœur.
— En toute honnêteté, leur vie quotidienne était misérable. Avec la seule remise que la Sœur leur prêtait, il était impossible pour deux enfants de dix ans de s’occuper de deux garçons et de trois filles. Il y avait des emplois à obtenir des gangs criminels dans leur ville natale, mais après que le gouvernement ait supprimé les dons, il ne restait presque plus rien. Pour la nourriture, il n’y avait que la soupe que la Sœur faisait de temps en temps, et du pain dur stocké dans des sacs en plastique. Ceux-ci étaient toujours partagés entre tous. Naturellement, on pouvait difficilement dire que c’était suffisant pour satisfaire les enfants en pleine croissance, et tout le monde avait toujours faim.
Mais même ainsi, ces jours avaient été une bénédiction pour Alice.
Comparé à la quantité qu’il mangeait quand il était seul, c’était bien plus faible. Afin d’élever les enfants, il devait faire plus de travail. Mais — s’il comparait ces jours, d’être aimé à ceux où il vivait seul, volant et fouillant, il était beaucoup plus satisfait du temps passé ici.
Il vivait à proximité d’amis précieux. Pourrait-il en vouloir plus ? Non, il n’y avait rien qu’il voulait en plus.
Si demain, et le jour d’après, pouvaient être tout aussi paisible — .
Ahh, si seulement — .
Merci pour ce chap ^^
Merci pour le chapitre !