Que ces champs de bataille de plomb ne laissent aucune trace – Tome 1 – Chapitre 4 – Partie 3

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Chapitre 4 : La vie à l’académie

Partie 3

Dix minutes plus tard, une quarantaine de cadets s’étaient réunis dans la salle de classe prévue à cet effet.

« J’ai quelque chose de vraiment bien sur moi. Regardez cette arme, un Centra, » déclara Orca.

Un petit remue-ménage avait traversé la classe.

« Un centra ? Pas possible ! »

« Je n’ai probablement pas besoin de vous le dire, mais ce bébé est un vieux pistolet automatique. Vous pouvez l’utiliser lors de combats réels, mais c’est aussi une antiquité qui est à un prix élevé. C’est un objet de première génération, de première qualité, portant l’année 1822. Tout noble qui connaît ses pistolets devra débourser plus de huit cent mille zels pour cette mauvaise fille. »

La salle de classe s’était à nouveau mise en mouvement. Huit cent mille zels, c’était une fortune. Rain pouvait entendre les élèves déglutir par anticipation.

Orca avait souri de satisfaction à l’attention portée sur lui, puis avait poursuivi. « C’est aussi un souvenir du sous-lieutenant Risma, qui est décédé récemment. Son dernier souhait était que cette arme aille à un jeune soldat prometteur. Malheureusement, il n’y a qu’un seul pistolet, donc nous ne pouvons pas le partager… ce qui ne nous laisse qu’un seul choix… Commençons un concours sur ça ! »

« « « Yeaaaaaah! » » »

Tout le monde dans la classe avait applaudi d’un commun accord.

*

Orca avait commencé son briefing.

« Les règles sont simples ! Dans trente minutes, nous organiserons un combat simulé dans le bâtiment principal ! Nous utiliserons, bien sûr, des balles à blanc ! Si vous êtes touché sur une partie de votre corps, vous êtes disqualifié. Une fois le temps écoulé, nous organiserons un match final entre les quatre concurrents ayant le plus grand nombre de morts ! » déclara Orca.

« Alors, les mêmes règles que d’habitude ! »

« C’est exact ! »

Tout le monde semblait être à fond dans l’affaire.

« Qu’en est-il des attaques furtives ? »

« Autorisé ! »

« Et faire équipe ? »

« Autorisé ! »

« Et le double jeu ? »

« Totalement autorisé ! »

Les étudiants discutaient d’une balle royale, une tradition séculaire à l’Académie d’Alestra. Il s’agissait d’une bataille royale dans laquelle les participants utilisaient des Balles Magiques à faible puissance de feu pour le sport.

Traditionnellement, c’était un dernier recours utilisé pour régler les différends, mais le préfet de cette année, Orca, les avait accueillis assez souvent.

« Cela va également de soi, mais tout dommage au corps ou aux biens d’une personne est autorisé pour autant qu’il ne dépasse pas le seuil fixé, » déclara Orca.

« Ce qui signifie ? »

« Vous pouvez battre la face de tous ceux qui vous énervent, pas de problème ! »

« « « Yeaaaaaaaaaaaaah !» » »

« Attends, il y a vraiment un gros problème ici ! » Rain avait protesté, mais ses paroles avaient été noyées.

*

Rain avait été forcé dans la balle royale. En fait, cela ne l’intéressait pas du tout, mais plus de la moitié des participants étaient à la recherche de son sang, alors il ne pouvait pas rester assis et attendre de voir comment les choses allaient se passer. Tout cela n’était qu’un simulacre de combat dans la forme, mais étant donné que c’était proche d’une dispute personnelle, qui était par ailleurs interdite, sa vie était en danger.

La plupart des participants semblaient bien décidés à jouer le système pour lui tirer dessus et régler leur rancune. Le groupe qui avait admiré Air avait même déjà formé une alliance. Bien qu’ils n’étaient pas les pires du lot…

« Huit cent mille… Huit cent mille… »

« Je peux tout rembourser, avec deux cent mille de plus… Il… il… Il… il… il… »

Argh…

Aux yeux de Rain, les personnes qui voulaient vendre le souvenir d’un officier pour de l’argent rapide étaient de la racaille.

« Allez, vous ne l’avez pas entendu ? Ce pistolet est un souvenir ! Comment peut-on vendre quelque chose comme ça ? » Rain s’était abattu sur ses camarades de classe, qui se mettaient en position.

« « Tais-toi! » » Kenth et Euroia, qui formaient un couple d’Exelia, lui criaient tous les deux dessus.

« La gentillesse ne remplit pas ton portefeuille. »

« Que peut t’apporter la gratitude ? »

« Je n’arrive pas à croire que vous ayez l’air si sérieux quand vous dites cela, » déclara Rain.

C’était de vrais malfaiteurs dans l’âme.

« Je vous préviens, si j’ai un tir dégagé, je vous battrai à tous les coups ! » déclara Rain.

« Oui, c’est ce que tu dis. Je t’en veux d’avoir volé Athly depuis que nous nous sommes enrôlés, mais vous étiez si proches l’un de l’autre que je pouvais laisser passer. Mais maintenant je découvre que tu as une autre fille à tes côtés ? Je te jure, tu mérites de mourir une ou deux fois… »

« Non pas que l’on puisse vraiment mourir plus d’une fois. »

Rain avait regardé autour. Sur les quarante cadets présents, dix avaient les yeux rivés sur lui.

Bon sang, c’est mauvais. Je ne peux pas croire qu’ils soient tous après moi. Quelle bande d’idiots...

« Très bien, les gars, vous allez entendre le signal dans une minute. La bataille commencera alors. »

Tout le monde s’était dispersé dès qu’Orca avait fini de dire cela, et une minute plus tard, un gong avait retenti dans le bâtiment.

Ainsi, une bataille royale avec un souvenir coûteux et une rancune personnelle sur la ligne avait commencé.

*

« … Je suppose que je vais me cacher. »

Dès que la chasse avait commencé, Rain avait dépensé toute son énergie pour échapper aux gens qui le pourchassaient. C’est ainsi qu’il avait atteint la bibliothèque sans que personne le remarque.

Pendant les batailles royales par balles, la bibliothèque était toujours complètement déserte, car elle n’était pas directement reliée à la salle principale. Seule une personne tuée était directement comptabilisée dans le total des points, il était donc inutile de se cacher. Le jeu proactif était le meilleur moyen de se rendre aux finales.

De cette façon, elle était différente d’une bataille royale ordinaire, dans laquelle se cacher jusqu’à la fin était une bonne stratégie.

Rain avait bien l’intention de se cacher du groupe qui le visait, mais il avait aussi prévu de changer de vitesse et de se lancer dans des tueries une fois la chaleur passée.

Une fois qu’il s’était senti en sécurité, environ dix minutes après s’être mis à l’abri, Rain avait commencé à parcourir la bibliothèque.

« J’ai un peu de temps à tuer, alors autant voir si je peux trouver quelque chose, » déclara Rain.

Il cherchait un livre pour l’aider à mettre en contexte les événements de la veille…

J’ai été exécutée par l’armée…

Il s’était rappelé ce qu’Air avait dit.

Il ne pouvait pas dire à quel point ces mots étaient vrais, et il ne s’en souciait pas non plus, mais après la façon dont elle s’était insérée dans sa vie, il avait besoin d’en savoir plus sur elle.

Il s’était donc penché sur les archives de la première guerre. L’académie Alestra abritait des tomes remplis de dossiers militaires nationaux, ce qui signifie qu’il avait facilement trouvé ce qu’il cherchait, mais…

« … Merde. »

Comme il le pensait, le nom d’Air était introuvable. Les archives montraient que l’Est avait mis fin à la guerre par une victoire spectaculaire, mais les détails étaient rares. Les archives indiquaient seulement que l’Est avait évité la défaite.

L’information a été effacée…

Le manque d’information avait gêné Rain. Air le pressait de prendre une décision, il avait donc désespérément besoin d’en savoir plus.

Rain, efface le capitaine Thanda, avait-elle dit.

Alec Thanda, un homme considéré comme l’un des plus vaillants guerriers de l’Ouest. Même avec la Balle du Diable à ses côtés, Rain n’avait pas entièrement confiance en sa capacité à le vaincre. On ne savait toujours pas quand l’homme allait lancer son attaque, mais Rain savait qu’il avait probablement moins d’un mois… Avant cela, il avait donc une décision importante à prendre. Va-t-il lâcher la balle du diable… ou va-t-il faire un pacte et se lier à la fille d’argent ?

Je dois trouver un plan…

Alors que cette pensée lui traversait l’esprit…

« J’en ai trouvé un ! »

« Ah ! »

La porte de la bibliothèque s’était ouverte en claquant, révélant Athly. Elle avait un fusil dans les mains et cherchait clairement des cibles.

Oh, c’est en fait assez pratique.

Il avait voulu parler à Athly en privé, et ils étaient tous seuls dans la bibliothèque, c’était donc l’occasion idéale.

« Hé, Athly, on peut parler pour un — ? »

Bang !

« Bwah ! »

Une balle avait volé vers lui.

Putain de merde !

Elle lui avait tiré dessus sans même le regarder !

« Attends — c’est moi, Rain ! » s’exclama Rain.

« … Hein, Rain ? »

Athly l’avait finalement reconnu, semble-t-il. Cependant, elle avait gardé son fusil pointé sur lui, son doigt se posant sur la gâchette.

« Si tu dois supplier pour ta vie, vas le faire en enfer ! » déclara Athly.

« Wôw, on a un vrai dur à cuire ici. »

C’était une phrase plutôt cool, je dois l’admettre.

« Attends, oubli tout cela. Il faut que je te parle de quelque chose. Écoute-moi, » déclara Rain.

« Quoi ? Essayes-tu de t’en sortir d’une rupture ? » demanda Athly.

« Je suis sérieux, Athly. C’est important, » déclara Rain.

« Si tu vas juste supplier pour ta vie… Attends, quoi ? » Athly semblait effrayée. « Quelque chose… d’important ? »

Elle avait visiblement hésité, puis avait commencé à baisser son arme.

C’est ma chance !

« C’est vrai. C’est une question extrêmement importante, et je voulais t’en parler depuis un certain temps déjà, » déclara Rain.

« Im-important… » Les épaules d’Athly avaient été secouées, et son attitude avait changé. « Tu voulais… me dire… quelque chose d’important… depuis un moment maintenant… ? » se murmura-t-elle en regardant le sol.

« Hmm… »

« Quoi ? » demanda Rain.

« Est-ce que c’est… à propos de toi et moi… ? » demanda-t-elle.

Après avoir prononcé ces mots, elle s’était arrêtée un moment avant de poursuivre avec « Et notre relation… à venir ? »

« Bingo. Je suis surpris que tu l’aies compris, » déclara Rain.

C’est une intuition impressionnante. Je te tire mon chapeau, Athly.

« Alors, pouvons-nous parler maintenant ? » demanda Rain.

« Est-ce quelque chose que tu ne peux pas dire… à moins que nous soyons seuls ? » demanda Athly.

« Eh bien, il serait probablement préférable pour toi que nous fassions cela avec personne d’autre autour, » déclara Rain.

« Ah… ! » Athly avait finalement baissé son arme à fond en laissant échapper ce souffle aigu. « Peux-tu me donner une minute ? »

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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