Nozomanu Fushi no Boukensha – Tome 7 – Chapitre 2

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Chapitre 2 : Sauvetage

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Chapitre 2 : Sauvetage

Partie 1

Nous étions tous les trois en train de rentrer à la capitale quand j’avais soudain senti une odeur de sang. Lorsque je m’étais arrêté, Lorraine et Augurey m’avaient regardé avec confusion.

« Quelque chose ne va pas ? » demanda Augurey.

« Oui, je sens l’odeur du sang humain de là-bas. »

Augurey avait reniflé l’air. « Je ne remarque rien. Vous devez avoir le nez d’un chien, » dit-il en haussant les épaules.

Mes capacités vampiriques m’avaient en fait rendu terriblement sensible à l’odeur du sang humain. Je connaissais aussi l’odeur d’autres créatures, mais le sang humain était particulièrement odorant. Je savais d’après cette odeur qu’il devait provenir d’un humain.

« Pourquoi ne pas vérifier, si tu es si curieux, » déclara Lorraine. « Cette sortie a été plus rapide que prévu, nous devrions donc avoir le temps. »

« Cela vous dérange-t-il ? » avais-je demandé à Augurey.

« Pas du tout, » avait-il déclaré. « En fait, si quelqu’un est attaqué, j’aimerais l’aider. Dépêchons-nous. »

Nous avions décidé de faire ce que tout aventurier ferait. Nous avions couru jusqu’à la destination, avec moi en tête parce que je pouvais flairer l’endroit exact.

À notre arrivée, nous avions trouvé un chariot renversé. Il était entouré d’une vingtaine de loups des forêts et d’une dizaine de loups des roches. Les loups des forêts étaient d’une taille supérieure à celle du loup moyen et apparaissaient couramment au troisième étage du Donjon de la Nouvelle Lune. Ils n’étaient pas si puissants individuellement, mais en meute, ils étaient assez dangereux pour rivaliser avec un aventurier de la classe Argent. Les loups des rochers étaient encore plus menaçants, car ils étaient plus petits que les loups des forêts. Leur corps était recouvert d’une couche de pierre qui faisait office d’armure. Malgré cela, ils étaient aussi agiles et coordonnés que les autres loups. Vous ne vouliez jamais rencontrer ces monstres sur la route.

Les loups s’étaient rassemblés sur ce carrosse. Quelques hommes en armure le défendaient, mais ils étaient largement en infériorité numérique. Quelques-uns étaient couchés sur le sol et semblaient déjà morts. Si personne n’intervenait, ils seraient probablement anéantis.

« Que devrions-nous donc faire ? Partir ou aider ? » me demanda Augurey.

« Désolé, mais ça vous dérange si on les aide ? Vous pouvez aller vous cacher quelque part si vous ne voulez pas, » répondis-je.

« Ce n’est pas grave. Je peux aussi offrir du renfort. Honnêtement, ça me démange de me battre, » répondit-il.

« Alors, commençons, » dit Lorraine sans qu’on lui demande. « Je vais les disperser avec de la magie pour créer un chemin. » Elle avait jeté un sort qui avait projeté des lames de vent de sa baguette et avait attaqué les loups.

 

◆◇◆◇◆

Les lames de vent de Lorraine avaient fait fuir les loups des forêts. Cette attaque à elle seule avait tué cinq ou six d’entre eux, elle avait donc dû faire mouche. Puis nous avions couru à travers l’espace qu’elle avait dégagé et nous nous étions approchés de la calèche.

« Qui êtes-vous ? » demanda le plus vieux des hommes en armure quand nous étions apparus soudainement. Il n’avait pas baissé sa garde, bien sûr. Il n’avait pas cessé d’attaquer les monstres pour les tenir à distance.

« Nous sommes des aventuriers, » avais-je répondu. « Nous sommes ici pour vous aider. »

C’était une brève explication, mais elle semblait suffisante pour convaincre l’homme. « Vous avez toute ma gratitude ! » dit-il, puis il continua à se battre. Il n’y avait pas de quoi se moquer de son habileté, mais face à tant de monstres, il n’était pas à la hauteur.

Les autres hommes semblaient avoir plus de mal, alors nous avions décidé de nous séparer et de les aider. Nous avions éliminé les monstres jusqu’à ce que je tue le dernier, mettant ainsi fin à la bataille.

« Ouf, on dirait que ça a marché d’une manière ou d’une autre, » déclara le vieil homme. Il était vêtu d’une armure d’argent et portait une épée. C’était le même équipement que les autres hommes, mais son armure était différente en ce sens que son épaule portait un écusson qui était vraisemblablement une marque de son statut. C’était clairement un chevalier, je pouvais donc deviner ce que ce carrosse pouvait contenir. Je sentais le danger.

« Il ne semble pas y avoir d’autres monstres, donc je pense que nous devrions retourner en ville, » avais-je dit. « Au revoir. »

« Attendez un instant ! Je ne peux pas vous laisser partir sans récompense après toute votre aide, » répondit l’homme, sans surprise.

Sa générosité n’avait été qu’un obstacle dans ce cas, mais je ne pouvais pas le dire. Quoi qu’il en soit, je voulais partir de là le plus vite possible. « Nous étions en plein travail, » avais-je dit, en essayant de faire croire que je n’avais pas le choix.

« Dans ce cas, vous pourriez peut-être être récompensé un autre jour, » avait-il insisté.

« Oui, permettez-moi de vous récompenser ! » déclara une frêle jeune fille en robe de derrière l’homme. Elle avait l’air d’avoir quinze ou seize ans et d’être un peu maladive, mais elle nous avait donné un regard ferme.

Le chevalier regarda la fille et courut frénétiquement vers elle. « Princesse ! Combien de fois dois-je vous dire de vous cacher dans le carrosse ? »

« Le combat est de toute façon terminé. D’ailleurs, mes sauveurs sont sur le point de partir. Cela ferait honte à la famille royale si je ne les remerciais pas d’une manière ou d’une autre, » avait-elle répondu.

« Que devrions-nous faire ? » avais-je demandé à Lorraine et Augurey en les regardant de loin.

« Je pense que nous devrions trouver un moyen de partir le plus vite possible, » suggéra Lorraine. « Il semble que ce soit quelqu’un de très hauts niveaux. Mais je ne sais pas si elle est de la royauté Yaaran ou d’une autre nation. »

« Je suis d’accord, » déclara Augurey. « Ils peuvent certainement offrir de nombreuses récompenses, mais s’impliquer avec des membres de la royauté peut être gênant. Mais quand même… »

Ils étaient tous deux du même avis, mais à en juger par l’échange de la princesse et du chevalier, il ne serait pas facile pour nous de nous enfuir. Nous aurions pu nous tourner et partir immédiatement, mais cela aurait probablement créé des problèmes pour Augurey à l’avenir. Lorraine et moi agissions sous de fausses identités, mais c’était un aventurier qui travaillait normalement dans la capitale. S’il s’enfuyait maintenant et était contacté par la guilde plus tard, et qu’on lui demandait qui nous étions, cela pourrait être un grave problème. Il pourrait simplement dire qu’il ne savait pas, mais alors ils pourraient entreprendre une enquête approfondie sur nous. Compte tenu de cette possibilité, refuser pacifiquement leur offre serait le seul moyen sûr de s’en sortir.

« Excusez pour l’attente, » déclara le chevalier. « La princesse souhaite vous remercier. Elle souhaite vous inviter au palais. »

La princesse nous regardait de derrière lui, son expression laissant entendre qu’elle nous donnerait la plus grande hospitalité possible. J’avais apprécié cela et j’avais pensé que c’était louable venant de la royauté. Si j’avais agi sous ma véritable identité, j’aurais accepté l’offre. Mais ce n’était pas le bon moment.

Je ne savais pas quoi faire, alors j’avais gagné du temps en posant une question. « Euh, au palais, vous dites ? Qui êtes-vous, exactement ? » Je connaissais la réponse, plus ou moins. C’était un chevalier et une princesse, et ils avaient malheureusement été attaqués sur la route. J’avais l’impression que m’associer avec eux n’aurait rien donné de bon, mais peut-être que j’imaginais des choses.

« Oh, mes excuses, j’aurais dû me présenter plus tôt. Je suis Nauss Ancro, capitaine de la garde royale du Royaume de Yaaran. Et voici… »

La Garde royale était censée être l’un des groupes les plus puissants de Yaaran. Il y avait peut-être beaucoup de monstres, mais ils n’auraient pas dû faire autant de dégâts qu’ils l’ont fait. Certains des chevaliers qui avaient survécu avaient été gravement blessés, et ces blessures ne semblaient pas provenir de loups des forêts ou de loups des rochers. Peut-être avaient-ils été blessés par quelque chose d’autre auparavant et avaient-ils été attaqués à nouveau. Cela leur laisserait peu d’endurance, ce qui expliquerait pourquoi ils avaient lutté contre des monstres relativement faibles. Quoi qu’il en soit, la situation semblait désagréable.

« Je suis la deuxième princesse de Yaaran, Jia Regina Yaaran, » dit la princesse après le chevalier.

Nous nous étions agenouillés devant elle. J’avais peut-être grandi au milieu de nulle part, mais je savais que c’était la bonne étiquette à respecter avec la royauté. Dans le cas où un noble viendrait au village, ils voulaient éviter tout désastre potentiel, alors ils nous avaient fait subir ces choses.

« Vous n’avez pas à faire cela, » déclara la princesse Jia. « Peut-être si nous étions dans le palais, mais c’est une route publique. En plus, vous nous avez sauvés. D’autres monstres pourraient attaquer à tout moment, donc je ne pourrais jamais exiger que vous vous incliniez devant moi dans cet endroit dangereux. »

Mais accepter sa générosité au pied de la lettre et relever la tête pourrait me la faire couper, comme cela s’était produit à de nombreuses reprises auparavant, alors j’avais gardé la tête baissée. Non pas que me couper la tête me tuerait nécessairement, mais ce ne serait pas l’idéal.

« Vous pouvez vraiment lever la tête, » déclara Nauss. « Elle n’est pas comme les nobles corrompus auxquels vous pensez. »

Yaaran avait bien des nobles corrompus, mais relativement peu par rapport à d’autres pays. Il y avait de nombreuses raisons à cela, mais l’une des principales était que la majorité du pays appartenait à l’Église du Ciel oriental. Elle avait été construite autour d’une vie modeste et de la compassion envers les autres, donc si les nobles appartenaient à cette religion, ils étaient plus susceptibles de prendre soin de leur peuple. Nauss le savait certainement aussi pour Yaaran, mais il semblait avoir une forte opinion des nobles dont il parlait.

Je commençais seulement à me méfier et je ne voulais pas particulièrement les accompagner, mais il était difficile de rejeter directement une demande de la royauté. Il serait au moins possible de la reporter. Il y aurait alors peut-être des moyens de régler ce problème. Au moins, ce serait mieux que d’y aller tout de suite. J’avais décidé d’essayer de mener la conversation dans cette direction.

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Partie 2

En tout cas, on m’avait dit de lever la tête, alors je l’avais fait. Peu importait que ma tête soit coupée, et comme j’étais le plus proche d’eux, je m’étais dit que je ferais office de représentant. Personne n’avait essayé de m’enlever la tête, et Nauss et Jia m’avaient juste regardé, donc j’avais l’air d’aller bien. J’étais soulagé, mais j’avais essayé de ne pas le montrer.

« Princesse, Sire Nauss, merci pour votre générosité, » avais-je dit.

« Oh, ce n’est rien, » répondit Jia. « Alors, acceptez-vous mon invitation ? »

C’était le genre de question qui ressemblait plus à une demande. Mais elle était néanmoins formulée comme une question, et j’espérais donc que si je demandais si l’invitation pouvait être repoussée à une date ultérieure, elle serait acceptée. Si ce n’est pas le cas, qu’il en soit ainsi.

« Nous sommes des aventuriers en plein travail, donc nous devons d’abord aller faire un rapport à ce sujet. De plus, comme vous pouvez le voir à la façon dont nous sommes habillés, nous ne sommes pas en tenue correcte pour entrer dans un palais. Si possible, nous aimerions avoir un peu de temps pour nous préparer. »

Nous étions tous les trois dans des tenues voyantes. La mienne et celle de Lorraine étaient certainement à la mode, et celle d’Augurey était difficile à regarder, mais toujours bien faite. Quoi qu’il en soit, on m’avait dit que visiter un palais dans de telles tenues serait inconvenant. Lorsqu’on se présente devant une personne de grand prestige, il fallait faire de nombreux préparatifs, même en ce qui concerne les vêtements. Nous ne répondions pas à ces normes. C’est pourquoi j’avais pensé que ce serait une bonne excuse pour demander plus de temps. Ce n’était pas simplement pour notre bien, car Jia ne voulait probablement pas non plus être gênée par nous.

Nauss avait été le premier à exprimer qu’il comprenait ce que je disais. Seul un noble pouvait devenir capitaine de la Garde royale, mais comme il avait le devoir de protéger la famille royale, j’avais entendu dire qu’on mettait plus l’accent sur son habileté à manier l’épée que sur son statut. Peut-être que son statut de noble n’était pas aussi élevé que celui de certains autres, à en juger par ses interactions avec nous.

« Oui, vous avez peut-être raison, » avait-il dit. « Vos vêtements sont un peu douloureux pour l’œil, si vous me permettez de le dire. Et une fois que vous avez accepté un travail, vous devez le mener à bien. Mais normalement, la famille royale devrait être la priorité absolue. Princesse, qu’en pensez-vous ? »

« Père a toujours dit de ne pas se mêler du travail de nos citoyens. Vous pouvez laisser cela pour un autre jour, bien sûr, » répondit-elle.

Cette perspective était probablement issue de la compassion que prêchait l’Église du Ciel oriental. La royauté d’autres pays serait heureuse de s’immiscer dans la vie de ses citoyens et ne comprendrait même pas pourquoi elle ne le ferait pas. Ils considéraient le travail des masses comme insignifiant par rapport aux exigences de la royauté. Heureusement, Yaaran était différent. C’était un petit pays de toute façon, et la royauté était donc beaucoup plus proche de ses citoyens que celle des autres nations.

« Alors, faisons cela, » avais-je dit. « Que devrions-nous faire quand nous serons prêts ? »

« Je vous dirais bien de visiter simplement le palais, mais les aventuriers ordinaires ne sont pas autorisés à passer les gardes. Prenez ceci avec vous. Montrez-le aux gardes, et ils vous ouvriront la porte, » déclara Nauss en me remettant une médaille. Elle portait le même écusson que celui qui était gravé sur une partie de son armure.

Le symbole représentait une image plutôt violente d’une licorne empalant un monstre sur sa corne. Peut-être que les chevaliers avaient regardé cela et avaient trouvé que cela avait l’air vaillant. Je ne savais pas ce qu’en pensaient les chevaliers, mais je suppose que c’était plutôt cool. Ma famille n’avait jamais eu de blason familial ou quoi que ce soit d’autre. En fait, vu tout ce que je savais maintenant sur mon village, ils en avaient peut-être un quelque part. Ça pourrait valoir la peine de s’informer la prochaine fois que je rentrerai chez moi.

« Qu’est-ce que c’est ? » avais-je demandé.

« C’est ce à quoi elle ressemble. Une médaille qui porte les armoiries de ma famille. Je les distribue dans des moments comme celui-ci, lorsque quelqu’un doit présenter la preuve qu’il a des affaires avec moi. J’en ai quelques-unes, mais ce sont des objets magiques faits d’un métal assez rare, alors j’espère que vous ne vous enfuirez pas avec. » Nauss avait l’air de plaisanter, mais ses yeux semblaient sérieux.

Lorraine regardait avec curiosité la médaille et hochait la tête, ce devait donc être un objet magique assez décent. Même moi, je pouvais dire que le métal était de grande qualité. Il pouvait se vendre à un prix élevé, mais je risquais de me faire décapiter, alors j’avais décidé de ne pas le faire.

« Compris. Alors nous ne manquerons pas de visiter le palais à une date ultérieure, » avais-je dit. « Et aussi, cette calèche sera-t-elle utilisable ? » La voiture était complètement retournée sur le côté, et bien que nous ne soyons pas loin de la capitale, il nous faudrait encore au moins une heure de marche. Les chevaliers pourraient franchir ça, mais pas la princesse.

« Heureusement, elle s’est simplement renversée. Elle devrait encore être utilisable une fois que nous l’aurons remis correctement. Elle a été construite pour la famille royale, donc elle est assez solide. Mais cela pourrait prendre un certain temps. »

 

◆◇◆◇◆

Ils étaient si épuisés qu’il leur aurait peut-être été difficile de soulever le chariot. « Devrions-nous faire quelque chose pour les aider ? » murmurai-je à Lorraine et Augurey. Nauss et la princesse ordonnaient aux autres chevaliers de tirer le carrosse à la verticale.

« Offrir de l’aide pourrait porter le plus de fruits à l’avenir, » déclara Augurey. « Mais vous ne voulez pas attirer l’attention, n’est-ce pas ? Alors, si nécessaire, je pourrais aller au palais par moi-même et idéalement gagner suffisamment de leur gratitude pour qu’ils me le permettent. »

En d’autres termes, Augurey allait leur dire que nous étions partis quelque part et que nous ne pouvions pas venir au palais. Mais je ne voulais pas l’obliger à le faire. C’est moi qui avais dit que nous devions les aider en premier lieu. Je n’étais pas d’accord pour qu’Augurey s’occupe des conséquences de cette décision. Bien que nous n’étions ici que pour répondre à la demande déraisonnable d’Augurey, c’est moi qui l’avais acceptée. Je ne pouvais pas lui faire porter le chapeau.

« Cela pourrait être pratique pour nous, mais cela nuirait à votre position dans la capitale, » avais-je dit. « Et nous venons juste de nous rencontrer. Je ne pouvais pas vous en demander autant. »

Augurey avait eu l’air un peu surpris. « C’est moi qui vous ai entraîné là-dedans. Comme c’est gentil de votre part. J’apprécie l’idée, mais alors, que devrions-nous faire ? »

« Quoi qu’il en soit, gagner leur gratitude devrait être le bon choix. Heureusement, il sera facile de redresser cette voiture, si cela ne vous dérange pas que je m’en occupe, » suggéra Lorraine.

Elle avait l’intention d’utiliser la magie. Certains des chevaliers pouvaient probablement aussi utiliser la magie, mais en raison de leur travail, ils se seraient surtout concentrés sur l’apprentissage de la magie offensive. Lorraine connaissait aussi ces sorts, mais elle connaissait aussi des sorts plus pratiques et très spécifiques.

« Cela me convient, mais n’en fais pas un trop gros spectacle, » avais-je dit. Les tenues qu’elle avait choisies se distinguaient déjà assez comme ça.

« Bien, ce ne sera pas trop voyant. Mais il se peut que cela aille tortiller, » avait-elle répondu.

Je n’avais aucune idée de ce que cela signifiait, mais tant que cela ne se voyait pas, je m’en fichais. La plupart des magiciens connaissaient quelques sorts bizarres qui correspondaient à leurs penchants personnels, alors j’avais supposé que ce serait quelque chose de ce genre.

« Alors, fais-le, » avais-je dit.

Lorraine avait marché jusqu’à Nauss. « Monsieur Nauss, puis-je vous proposer de vous aider à soulever la voiture ? »

« Non, non, vous nous avez déjà sauvé la vie. Je ne peux pas demander plus que ça. Cela prendra un certain temps, mais nous devrions être de retour à la capitale avant le coucher du soleil, » insista Nauss.

Mais nous n’avions pas pu gagner leur gratitude, alors Lorraine avait poussé plus loin. « Cela ne concerne peut-être pas des chevaliers aussi puissants et honorables que vous, mais je ne pense pas que vous puissiez vous attendre à ce que la précieuse princesse attende si longtemps dans ce lieu sanglant. Je pense qu’il serait dans votre intérêt de redresser le chariot dès que possible. Il se trouve que je connais un peu de magie, notamment un sort qui est parfait pour des accidents comme celui-ci. Si vous me laissez faire, je peux m’en occuper en quelques minutes. Il vous suffit de demander. »

Je trouvais sa flatterie un peu excessive, mais elle me parlait toujours de ses efforts pour se coordonner avec les autres érudits de l’Empire. C’était peut-être une compétence qu’elle avait acquise à l’époque.

Au début, Nauss semblait vouloir s’y opposer, mais lorsque Lorraine avait parlé de la princesse, il avait semblé changer d’avis. Et quand elle lui avait dit que cela ne prendrait que quelques minutes, il avait eu l’air surpris, puis un peu en conflit.

« Je déteste demander cela après que vous nous ayez sauvé la vie, mais je vous prie de nous offrir votre aide. Nous avons en fait dû repousser une autre attaque avant celle-ci, donc notre endurance et notre mana se sont épuisés. Ce serait normalement facile pour nous, mais pas maintenant, » avait-il admis en baissant la tête.

« En me basant sur vos blessures et votre mana, je pensais déjà que c’était le cas. Je suppose que demander plus de détails serait audacieux de ma part, donc je ne le ferai pas. Quoi qu’il en soit, je vais redresser le chariot pour vous. Pouvez-vous demander à vos chevaliers de reculer ? »

« Hé, elle va soulever le carrosse pour nous ! » cria Nauss aux chevaliers. « Reculez ! »

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Partie 3

Une fois que les chevaliers avaient fait ce qu’on leur avait dit, Lorraine avait jeté le sort. Elle était assez douée pour lancer de nombreux sorts sans réciter les incantations, mais elle le faisait généralement quand elle était en public. C’était en partie pour éviter de montrer l’étendue de ses capacités, mais c’était aussi apparemment considéré comme poli chez les magiciens. Les magiciens talentueux étaient toujours contactés par les riches et les puissants, donc c’était probablement pour éviter cela.

Lorsque Lorraine avait fini de jeter le sort, d’épaisses vignes vertes avaient glissé du sol et s’étaient enroulées les unes autour des autres pour devenir encore plus épaisses et plus fortes. Puis les vignes s’enroulèrent autour du chariot, le ramassèrent et le déposèrent en position verticale. Je suppose que c’est ce qu’elle voulait dire par « un sort qui se tortille ». C’était rapide aussi. Si elle avait fait en sorte qu’elles étranglent une personne ou un monstre, ils auraient probablement pu être assommés immédiatement.

 

 

Les elfes s’étaient spécialisés dans ces sorts à base de plantes, mais je savais que Lorraine pouvait aussi les utiliser. Elle avait déjà montré comment elle pouvait utiliser des plantes plus petites comme des fouets. Soit dit en passant, ma capacité à accélérer la croissance des plantes avec la divinité différait de cela de quelques manières. En ce qui concerne la magie, la plante disparaissait dès qu’elle ne recevait plus de mana. Il était également possible d’utiliser des sorts pour récolter des fruits et autres, mais ils avaient tendance à n’avoir aucun goût ou un goût horrible. Ils ne fournissaient pas non plus de nutriments, soi-disant. Cependant, lorsqu’on utilisait la divinité, la plante poussait et restait à leur croissant acquise. C’est pourquoi les gens avaient tendance à être reconnaissants d’être bénis par la divinité. C’est aussi pour cela que j’avais de la valeur comme engrais ambulant, mais je ne pouvais pas dire que je n’en avais jamais voulu.

« Oh, magnifique ! » s’est exclamé Nauss. « J’ai entendu dire que la magie des plantes est difficile à réaliser. »

« Il se trouve que c’est quelque chose que j’aime étudier, » déclara humblement Lorraine. C’était vrai, mais être capable de contrôler autant de plantes était la marque d’un grand magicien. La magie des plantes était difficile parce qu’elle impliquait de contrôler des créatures vivantes. Les elfes étaient doués pour cela, car ils passaient leur vie entière à vivre en étroite collaboration avec la forêt, mais pour que Lorraine soit capable de cette magie, elle avait besoin d’un talent incroyable.

« Pas besoin d’être si humble. Eh bien, maintenant il semble que nous puissions rentrer à la capitale tout de suite, » déclara Nauss.

« Alors, je vais les appeler, » déclara Jia en sifflant.

Juste au moment où je me demandais ce qu’elle faisait, j’avais entendu quelque chose courir vers nous de loin. J’avais regardé pour voir ce que c’était et j’avais vu deux licornes d’un blanc pur. C’était probablement les animaux qui avaient tiré ce chariot. Elles étaient difficiles à dresser et très capricieuses, donc elles n’étaient pas souvent utilisées à la place des chevaux. Mais leur vitesse et leur endurance étaient supérieures à celles du cheval moyen, c’est pourquoi les licornes entraînées étaient très appréciées.

Elles étaient venues quand Jia les avait appelées, donc ces licornes n’avaient probablement écouté qu’elle. Elles étaient censées être des animaux intelligents, donc peut-être qu’elles obéiraient à d’autres personnes si Jia leur disait aussi, mais il valait mieux ne pas s’approcher trop près d’elles. Autour des humains autres que leur maître, elles se comportaient comme n’importe quel autre animal sauvage.

Jia avait attaché les licornes à la calèche. Il semble qu’elle connaisse bien cette tâche, et qu’elle soit donc plus qu’une princesse à l’abri. Étant donné qu’elle était sortie de sa cachette dans le carrosse malgré les instructions de Nauss, Jia n’était pas apparue comme la plus docile. Ils avaient été attaqués deux fois, mais elle s’était montrée relativement nonchalante à ce sujet.

Les chevaliers avaient commencé à inspecter la voiture, mais ils n’avaient pas trouvé de dommages importants. Il n’avait pas pu être complètement indemne après sa chute, mais il était aussi solide que Nauss le prétendait. L’attelage pouvait se déplacer parfaitement.

« Alors je pense qu’il est temps pour nous de partir, » déclara Nauss.

« C’est vrai, » avais-je répondu. « Cela vous dérange si nous vous accompagnons à la capitale ? »

J’avais préalablement discuté de cette décision avec Lorraine et Augurey. C’était essentiellement un nouvel effort pour gagner leur gratitude. Les chevaliers s’étaient probablement quelque peu remis, mais pas complètement. Nous n’étions pas si loin de la capitale, mais si les chevaliers devaient défendre la calèche en chemin, cela prendrait probablement une heure environ, car les chevaliers devaient maintenant se déplacer à pied. À l’origine, ils étaient à cheval, mais contrairement aux licornes, la plupart des chevaux avaient été blessés ou tués lors des attaques. Il ne leur restait que quelques chevaux, mais au moins, c’était plus que rien.

« Êtes-vous prêt à nous escorter ? » demanda Nauss.

« Oui, sauf si vous n’êtes pas d’accord avec l’offre. Je pense que ce serait mieux pour la princesse, si cela ne pose pas trop de problèmes. » Il avait mis l’accent sur la sécurité de la princesse, à en juger par sa conversation avec Lorraine.

« Oui, vous avez raison. Si vous pouvez nous aider, n’hésitez pas. Vous serez récompensé, bien sûr. » Comme prévu, Nauss semblait facilement influençable quand il s’agissait de la princesse.

« Compris. Mais nous ne sommes pas des chevaliers, donc je crains que nous attirions l’attention. Nous suivrons par-derrière, si vous le voulez bien, » déclarai-je.

 

◆◇◆◇◆

Heureusement, le chemin vers la capitale était extrêmement sûr. Il était rare de rencontrer autant de monstres sur une route publique. Ce qui les avait attaqués en premier lieu avait probablement laissé une odeur de sang que les monstres loups avaient pu flairer. Lorsque vous tuez des monstres dans la forêt, vous devez rapidement changer d’endroit si vous voulez éviter d’être submergé. Il ne semble pas y avoir eu d’autres incidents sur la route, mais ces monstres étaient nombreux. J’avais certainement vu plus qu’assez de loups pour la journée.

« Ils devraient être en sécurité ici, » avais-je dit.

« Oui, c’est peut-être le bon moment pour partir, » avait convenu Lorraine.

J’avais marché jusqu’à l’avant de la voiture et j’avais dit à Nauss. « Nous sommes presque à la porte de la ville, nous allons donc nous séparer maintenant. »

« Oh, vraiment ? » dit Nauss. « Je suppose que vous n’avez plus rien à faire maintenant. Si quelque chose arrive, les gardes de la porte peuvent s’en occuper. Merci pour tout. N’oubliez pas de venir bientôt au palais. Je parlerai à Sa Majesté de vos réalisations. »

Je ne voulais pas que cela se produise, alors j’avais essayé de rejeter indirectement l’offre. « Oh, protéger la princesse était tout simplement la ligne de conduite naturelle. Ce ne sera pas nécessaire. Au revoir maintenant, » avais-je dit en me dépêchant de partir. Nauss semblait vouloir en dire plus, mais j’avais l’impression qu’en écouter plus apporterait des ennuis inutiles, alors j’avais fait comme si je ne l’avais pas remarqué.

Lorraine, Augurey et moi nous étions empressés d’aller nous mettre dans la file des roturiers. Le carrosse, bien sûr, se rendait à la ligne des grands nobles. Il y avait quelques lignes différentes à la porte de la ville. Certaines étaient divisées par classe, comme les lignes des roturiers, des petits nobles et des grands nobles, il y avait aussi des lignes pour les piétons ou les voitures. La porte elle-même était suffisamment grande pour que cela soit possible.

Naturellement, la ligne pour les roturiers était assez occupée à cette heure de la journée. La ligne que la princesse utilisait, par contre, était la plupart du temps vide. Il n’y avait pas beaucoup de grands nobles. Nous aurions pu entrer avec eux pour faciliter les choses, mais ils auraient alors gardé une trace de notre entrée. Quand il s’agissait de nobles, ils gardaient en fait une trace des choses. Il y avait de fortes chances qu’ils se souviennent aussi des quelques personnes qui les fréquentaient, alors nous avions décidé qu’il valait mieux se séparer à l’extérieur de la porte.

 

◆◇◆◇◆

« Nous sommes finalement revenus, » avais-je dit en soupirant après être entré dans la ville. Même après être entré une fois auparavant, je ne me sentais pas sûr de pouvoir utiliser à nouveau cette carte d’identité. En fait, j’étais assez anxieux à ce sujet.

Contrairement à moi, Lorraine était tellement habituée à visiter la capitale qu’elle ne s’en souciait pas du tout. Nous avions fait entrer Augurey dans la ville un peu avant nous, mais il avait des papiers d’identité en règle, donc il n’y avait pas de raison que cela lui pose un problème.

J’avais été le dernier à entrer, et dès que j’avais passé le portail, j’avais rejoint Lorraine.

« Te voilà. Tu n’as vraiment pas besoin d’être aussi nerveux, » avait-elle dit en voyant mon visage, remarquant ce que je ressentais.

J’étais désespérément timide et je savais que je faisais quelque chose de mal, c’était donc un conseil difficile à suivre. Mais ils ne m’avaient pas découvert, alors j’avais de toute façon dû traiter avec le garde assez facilement. Si j’avais agi de manière plus suspecte, ils m’auraient inondé de questions. Dans de tels endroits, il était préférable d’agir avec confiance, même si l’on était coupable.

« Ils ne me soupçonnaient de rien, donc c’est bon. Bref, où est Augurey ? » avais-je demandé. Il était censé nous attendre, mais je ne l’avais vu nulle part.

« Oh, il est allé à la guilde pour signaler que le travail est terminé. Il veut nous parler de la récompense, alors il nous a dit d’attendre. »

« Veut-il qu’on attende ici ? » avais-je demandé. Rester longtemps au même endroit peut nous faire sortir du lot, alors je voulais éviter cela.

Lorraine avait secoué la tête. « Non, il a dit d’aller attendre dans un magasin en particulier. Il m’a dit le nom et l’emplacement, donc nous devrions le trouver après avoir un peu erré. »

« Très bien, allons-y, » avais-je dit, et j’étais parti avec Lorraine.

***

Partie 4

« Eh bien, ce magasin a l’air suspect, » nota Lorraine.

« Je suis d’accord, » avais-je dit, en hochant la tête.

Après avoir marché un moment, Lorraine et moi étions arrivés à un magasin dans une ruelle éloignée de la rue principale. L’enseigne à l’entrée portait le nom qu’Augurey, mais elle était couverte de vignes et extrêmement difficile à lire. S’il n’avait pas décrit en détail l’emplacement du magasin, nous serions sans doute passés devant. Mais maintenant que nous l’avions trouvé, il n’était pas question de partir. J’avais timidement ouvert la porte. Elle s’était déplacée avec un fort grincement.

En jetant un coup d’œil à l’intérieur, j’avais été surpris de trouver une pièce agréable, pleine de meubles élégants. Une variété de plantes décorait la boutique, mais pas au point de devenir une horreur. Les tables et les chaises étaient bien usées et de couleur ambre, mais elles étaient polies et de bonne qualité. Au comptoir se tenait un vieil homme maigre aux cheveux gris courts et bien rangés. Il faisait la vaisselle comme il l’avait fait mille fois.

« C’est une surprise, » déclara Lorraine. « Si quelqu’un comme Augurey vient ici, je pense qu’il se démarquerait. » Je n’avais pas pu m’empêcher de hocher la tête, mais on ne sait jamais quels sont les goûts d’une personne.

En tout cas, j’avais approché l’homme qui semblait être le propriétaire.

« De quoi avez-vous besoin ? » avait-il demandé.

« Nous devions rencontrer un aventurier nommé Augurey, » avais-je dit. Je voulais savoir s’il était déjà là, et s’il n’y était pas, je voulais savoir où l’attendre.

L’homme avait semblé reconnaître ce que je voulais dire et m’avait fait un signe de tête. « Il n’est pas encore là, mais venez par ici, s’il vous plaît » dit-il et il nous conduisit à des sièges au fond de la salle. Il était difficile de voir cet endroit depuis l’entrée, c’était donc un bon endroit pour éviter d’attirer l’attention. « Voulez-vous commander quelque chose ? » Lorraine et moi avions donc commandé des boissons au hasard, que nous avions reçus un peu plus tard. Elles étaient assez bonnes pour que si je travaillais dans la capitale, je fréquente volontiers cet endroit. J’avais été heureux d’être présenté à une si belle boutique.

Après avoir attendu si longtemps que nous avions fini nos verres, nous avions entendu la porte s’ouvrir en grinçant et le propriétaire dire quelque chose. Puis nous avions entendu quelqu’un marcher vers nous.

« Désolé de vous avoir fait attendre, » déclara Augurey en se montrant. « Comment trouvez-vous cet endroit ? Je l’aime beaucoup moi-même. »

Son apparition nous avait choqués, Lorraine et moi. « Qu’est-ce que vous portez ? » avais-je demandé.

« Quelque chose de bizarre dans mes vêtements ? » dit Augurey en penchant la tête.

Pour être honnête, il n’y avait rien de bizarre à leur sujet. C’est ce qui était si étrange. Je pensais que peu importe ce que portait Augurey, il serait toujours aveuglément tape-à-l’œil, mais maintenant il avait l’air tout à fait normal. Il portait un manteau marron et sa tenue était composée de couleurs sombres. Même ses chaussures étaient assorties. Il ne restait plus l’ombre de son apparence brillante et frappante d’autrefois.

Nous avions regardé Augurey comme si quelque chose n’allait pas chez lui, ce qu’il avait dû remarquer, car il avait ri. « Écoutez, même moi je sais comment lire l’ambiance. Cette tenue ne serait pas appropriée ici. D’ailleurs, je dois vous considérer tous les deux. Vous avez dit que vous ne vouliez pas vous démarquer, alors j’essaie de vous aider. Était-ce inutile ? »

Je pourrais dire que j’avais été surpris d’entendre cela de sa part, mais je ne l’avais pas été. Il était comme ça aussi à Maalt. Il n’avait pas l’air très perspicace, mais il savait toujours où mettre la limite. Il semblait ne pas pouvoir être prévenant, mais il était toujours réservé quand cela comptait. Cela n’avait pas changé depuis son arrivée à la capitale, de toute évidence.

« C’est bien. Je suis désolé que nous vous ayons inquiété, le cas échéant. Avez-vous fait un rapport à la guilde ? » avais-je demandé.

« Oui, je l’ai fait, » répondit Augurey alors qu’il était assis sur une chaise. « J’ai collecté deux pièces d’or pour cela. Tenez. » Augurey avait dit à l’avance qu’il nous donnerait la totalité de la récompense, ce n’était donc pas si inattendu, mais je ne savais pas quoi penser du fait qu’il le fasse.

« Êtes-vous sûr ? » avais-je demandé. « Je sais que tout ce travail était pour vous et tout le reste, mais la récompense est payée par le tailleur. Je pense que vous avez le droit d’en prendre une partie. »

« Peut-être, mais une promesse est une promesse. Et j’ai dit que j’offrirais quelque chose de plus, alors en voici une autre. » Augurey avait ajouté une troisième pièce d’or et nous les avait remises.

J’avais regardé Lorraine pour voir ce qu’elle en pensait, mais il semblait qu’elle voulait accepter sa générosité. Puis j’avais regardé de près le visage d’Augurey, il semblait plus sérieux que d’habitude. Cela ne semblait pas être une bonne idée de refuser, alors j’avais décidé d’accepter les trois pièces d’or.

Quant à savoir si c’était une récompense appropriée pour la collecte de la garance d’esprit de feu, elle était en fait assez élevée. À Maalt, une pièce d’argent aurait suffi pour ce travail. C’était le genre de travail que tout aventurier de la classe Fer ou de la classe Bronze pouvait accepter, c’était donc tout naturel. Créer des emplois à Maalt pour collecter une grande quantité de cette plante et la vendre ensuite dans la capitale aurait pu être un moyen décent de faire des bénéfices, mais il y avait suffisamment de produits similaires disponibles pour les remplacer, donc cela ne se passait pas si bien. La garance n’était pas particulièrement recherchée, à moins que quelqu’un comme Augurey n’insiste pour en obtenir pour des raisons particulières. Ainsi, même si elle valait beaucoup d’argent, il n’y avait probablement pas beaucoup de gens qui voulaient l’acheter. En gardant cela à l’esprit, c’était peut-être un prix approprié. Il était difficile de trouver quelqu’un qui voulait de la garance, mais il était également difficile de trouver quelqu’un qui le collectionnerait.

« Alors, nous le prendrons volontiers, » avais-je dit. « Je pense que c’est une trop grande récompense, alors laissez-moi au moins payer la nourriture ici. » J’avais prévu de payer avec une partie de l’argent de la récompense que je viens de recevoir, bien sûr.

Augurey ne semblait pas s’en soucier. « Oh, merci. Ça ne vous dérange pas si je commande quelque chose ? La nourriture ici est vraiment excellente. »

Soit dit en passant, les boissons que nous avions commandées étaient un article de luxe appelé arouzal. Il était fabriqué à partir des racines écrasées d’une plante appelée kazuki, mélangées à un liquide extrait de haricots séchés et torréfiés appelés loa. L’appareil d’extraction était très particulier et difficile à utiliser, de sorte que cette boisson pouvait avoir un goût très différent dans n’importe quel magasin, mais celui-ci avait été un succès. Mais si vous n’étiez pas si exigeant sur la saveur, cette boisson était disponible un peu partout. Mais comme elle était relativement populaire à Yaaran, la population locale était souvent pointilleuse sur le goût. Selon les habitants d’autres pays, elle était apparemment trop amère pour être bue quoiqu’il arrive, mais Lorraine semblait l’apprécier. En fait, elle le buvait si souvent qu’elle semblait presque accro. Elle avait même une machine d’extraction à la maison. Cela lui en coûtait beaucoup de s’en procurer une pour son usage personnel, mais c’est dire à quel point elle aimait cette boisson. Les gens qui n’aimaient pas tellement le goût avaient tendance à ajouter du lait ou du miel, y compris moi, parce que c’était trop amer. Mais Augurey semblait la boire directement.

« Commandez ce que vous voulez, » avais-je dit. « Mais dans ce cas, on devrait peut-être aussi prendre quelque chose. »

« C’est vrai, » déclara Lorraine. « J’avais un peu faim. »

Nous avions appelé le propriétaire et lui avions demandé de nous préparer quelque chose.

 

◆◇◆◇◆

« Oh, regardez l’heure. Je dois y aller, » déclara Augurey. J’avais regardé dehors et j’avais remarqué que le soleil se rapprochait de l’horizon. Nous avions presque fini de manger et nous étions passés à la conversation.

Il s’est avéré que j’avais beaucoup en commun avec Augurey. Nous n’avions jamais été à court de sujets de discussion. Nous étions tous deux des aventuriers solitaires et nous avions déjà bu ensemble à plusieurs reprises, alors je me sentais à l’aise avec lui. Mais c’était notre première rencontre de son point de vue, alors peut-être qu’il avait été rapide à se faire des amis.

« Oui ? Alors, devrions-nous partir ? » avais-je demandé.

« Ça sonne bien, Rentt. N’oubliez pas que vous payez pour tout, » répondit-il.

« Bien, j’ai compris. Hm ? » J’avais répondu, remarquant tardivement que quelque chose était étrange. J’avais levé les yeux de mon portefeuille et j’avais vu Augurey sourire et Lorraine me regarder comme si j’étais un idiot.

« Je le savais. Donc je suppose que vous êtes Lorraine, non ? » Augurey le lui avait demandé.

Elle s’était dit pendant un instant qu’il était inutile de le cacher. « Oui, c’est moi. Mon Dieu, quand l’as-tu compris ? »

« À l’instant, si je devais dire. Je n’étais pas tout à fait sûr, mais la façon dont “Pourpre” s’est battu ici était exactement comme Rentt. Si je ne l’avais pas vu se battre, je doute que j’aurais remarqué quoi que ce soit. »

« Son habileté à l’épée est-elle vraiment si unique ? » demanda Lorraine.

« Non, je dirais en fait qu’il n’y a pas grand-chose d’unique à ce sujet. Je suppose qu’on peut dire qu’il a l’air très propre. Comme s’il faisait tout dans les règles. Tout semble très pratiqué, alors peut-être pourriez-vous considérer cela comme unique. Quoi qu’il en soit, pourquoi visitez-vous la capitale déguisés ? »

Je ne savais pas comment réagir, mais il fallait que je dise quelque chose. Je ne pouvais pas mentionner le cercle de téléportation, donc il n’y avait pas moyen d’être totalement honnête, mais j’avais décidé de dire ce que je pouvais.

« Il y a des raisons pour lesquelles nous ne pouvons pas laisser de traces de notre passage ici. En ce qui concerne la raison pour laquelle nous sommes venus dans la capitale, je suppose qu’on peut dire que nous faisons du tourisme, » avais-je dit. C’est la même affirmation que j’avais faite au garde à la porte, mais elle n’était pas fausse. Gharb et Capitan nous avaient amenés ici de nulle part, et si nous faisions quelque chose, c’était du tourisme. Ça et la visite du quartier général de la guilde.

« J’aimerais savoir quelles sont ces raisons. Mais, bon, je suppose que demander à un autre aventurier trop d’informations est contraire aux règles. Vous voulez donc que je me taise à ce sujet, je suppose ? » demanda Augurey, en comprenant l’idée sans qu’on ait à s’expliquer. Il était tout aussi prévenant lorsque nous avions rencontré le chevalier et la princesse, donc il était logique.

« Nous te serions reconnaissants de le faire. »

« J’ai compris. Si vous êtes toujours mal à l’aise, nous pourrions utiliser un contrat magique, » avait-il proposé, mais c’était ma faute s’il l’avait découvert.

« Non, je te fais confiance, » avais-je dit en pensant à la façon dont je devrais être plus prudent à l’avenir. « Mais maintenant que tu le sais, tu pourrais te retrouver en danger, alors je te recommande vraiment de ne rien dire. »

Le simple fait que nous soyons ici ne prouverait pas que nous avions utilisé un cercle de téléportation, mais si quelqu’un le découvrait, il y aurait de fortes chances qu’il essaie de l’obtenir par tous les moyens possibles. Si cela se produisait, nous ne serions pas les seuls à avoir des problèmes. Augurey n’avait qu’une quantité infime d’informations, mais cela suffisait pour qu’il soit lui aussi menacé.

« Je pense que nous devrions alors utiliser un contrat magique, » suggéra Augurey, un peu effrayé par ce que j’avais dit. « Si nous en utilisons un bon, il devrait empêcher toute petite erreur. »

Avec cela, nous étions partis pour obtenir un contrat magique.

***

Partie 5

Les contrats magiques étaient de qualité très variable et avaient toutes sortes d’utilisations et d’effets. Leur utilisation la plus élémentaire et la plus courante consistait à pénaliser celui qui rompait le contrat. Mais même la variété standard pouvait varier en qualité. On pouvait généralement les acheter dans les guildes d’aventuriers ou de commerçants, mais ce qu’Augurey entendait par « bonne » était un peu différent. Ce type de produit n’imposait pas simplement une pénalité, il avait le pouvoir de forcer tous les signataires à respecter les termes du contrat aussi longtemps qu’il existait. Ces types étaient un peu spéciaux, même parmi les contrats magiques dans leur ensemble, et pour les morceaux de papier, ils étaient assez chers. Ils étaient extrêmement dangereux s’ils étaient utilisés avec mauvaise intention, de sorte qu’ils n’étaient pas disponibles dans les guildes et ne pouvaient être utilisés qu’à certains endroits.

« Nous y sommes, » déclara Augurey en arrivant dans un grand bâtiment. « C’est notre temple local dédié à Hozei, le Dieu des contrats. »

Des piliers blancs soutenaient le lourd plafond de l’imposant bâtiment. Il était si grand qu’il avait dû être construit loin du centre de la ville, plus près de ce que l’on pourrait considérer comme la périphérie. Lorsque le roi avait affaire au chef du temple, il se rendait dans un bureau de prêtres qui était apparemment situé au centre de la capitale. Puis ils envoyaient un message à ce temple, et le chef du temple se rendait d’ici au château. Tout cela ressemblait à une affaire complexe. J’avais commencé à me sentir mal pour les prêtres.

Mais de toute façon, malgré la taille énorme de ce bâtiment, ce n’était même pas le temple principal de ce dieu. Les principaux temples des dieux étaient situés un peu partout, alors que l’emplacement de ce temple était déterminé par la ville. J’avais entendu dire que les temples principaux étaient parfois plus petits aussi, donc c’était logique après y avoir réfléchi. Cependant, le Dieu des contrats avait une relation étroite avec les humains, c’est peut-être la raison pour laquelle il y avait un temple aussi grand dans une ville comme celle-ci. Mais je n’avais aucune idée de l’endroit où se trouvait le temple principal.

« Si l’on considère que tu as déménagé de Maalt pour venir ici, tu as assez bien compris la disposition de cette ville, » dis-je à Augurey en entrant dans le temple.

« Je suis ici depuis un certain temps, » avait-il répondu. « J’ai fait beaucoup de promenades en ville pour mon travail et autres, donc à ce stade, j’ai la carte en mémoire. Mais quand il s’agit de ruelles, je ne suis pas aussi confiant. »

Les aventuriers devaient parfois rencontrer leurs clients directement pour certains travaux, comme je l’avais fait pour Laura. Dans ces situations, les aventuriers savaient qu’il fallait connaître le plan de sa ville. Mais on pouvait se demander combien d’aventuriers le faisaient réellement. Les jeunes de Maalt l’avaient fait, du moins, grâce aux conférences que nous avions organisées pour les nouveaux aventuriers. Augurey était peut-être un aventurier dans la capitale aujourd’hui, mais il avait ses racines à Maalt.

Le temple était rempli d’une aura de tranquillité. Non seulement c’est ce que l’on ressentait, mais tous les temples de cette taille abritaient un bon nombre d’utilisateurs de la divinité qui purifiaient l’air quotidiennement, si bien que l’endroit était en fait rempli d’air pur. Un vampire appréciant cet air était un peu étrange, mais un vampire qui pouvait utiliser la divinité l’était tout autant. C’est peut-être pour cette raison que cela ne m’avait pas affecté. Cependant, j’aimais aussi les endroits sombres.

« Bienvenue au temple de Hozei. Qu’est-ce qui vous amène ici aujourd’hui ? » demanda un prêtre après que nous ayons progressé d’un bon pas à l’intérieur.

Au fond de la grande salle, il y avait une statue géante de Hozei, et je pouvais voir les gens la prier. Hozei tenait un bâton qui rendait la justice dans une main et une balance pour garantir l’impartialité dans l’autre. Elle avait les cheveux longs et ses vêtements étaient amples. Ses yeux fixaient droit devant elle, montrant la force de ses convictions, comme si elle ne pardonnait jamais la moindre injustice. Elle demandait à ceux qui se tenaient devant elle s’ils étaient prêts à porter le poids de leurs contrats ou à accepter les conséquences de leur rupture. Les dieux avaient toutes sortes de personnalités, mais Hozei était connue pour être l’une des plus dures. Je préférais les dieux plus décontractés, mais ce n’était pas le lieu de le mentionner.

« Nous sommes ici pour un contrat magique avec la bénédiction de Hozei, » avais-je dit au prêtre. Je n’avais pas eu besoin de préciser la qualité, car les contrats magiques ordinaires n’avaient pas la bénédiction de Hozei. Les temples d’Hozei savaient également comment établir ces contrats standard, mais il était de notoriété publique que ceux-ci étaient produits par une extension de la magie ordinaire. Ce que nous voulions, cependant, c’était un contrat magique qui imposait une limite aux actions du contractant, et la création de celles-ci exigeait de la divinité. Cela signifiait qu’elles étaient faites par des saints et recevaient donc la bénédiction de Hozei.

« Alors, vous devrez l’utiliser à l’intérieur du temple, si cela est acceptable, » déclara le prêtre.

« C’est bien. Pouvons-nous avoir une chambre pour nous seuls ? » demandai-je.

« Oui, je vous emmène dans une salle enchantée par la magie de l’insonorisation. Par ici, je vous prie. »

Le prêtre nous avait conduits devant la statue géante de Hozei et dans un couloir plein de portes. Chaque porte que nous avions passée avait un panneau qui disait « En service » en lettres rouges, donc il y avait probablement des gens à l’intérieur. Finalement, nous avions atteint une porte sans panneau.

« Nous voilà, » dit le prêtre, en ouvrant la porte et en nous invitant à entrer.

Nous étions entrés tous les trois dans la pièce, tout comme le prêtre, qui s’était ensuite tu. Je m’étais demandé ce qu’il faisait jusqu’à ce que Lorraine me frappe sur le côté et me murmure qu’il voulait un don. J’avais complètement oublié cela, mais nous avions préparé un sac en cuir à offrir à l’avance.

« Offrez ceci à Hozei. Nous prions pour qu’elle nous donne sa bénédiction, » avais-je dit en tendant le sac. Le prêtre avait baissé la tête et l’avait pris.

« Le voici, » dit-il en nous remettant un morceau de parchemin qui contenait clairement la divinité. C’était le contrat magique que nous recherchions. « Il est utilisé de la même façon que n’importe quel contrat magique. Il diffère cependant en ce qu’il a un certain contrôle sur vos actions, alors gardez cela à l’esprit. Je dois y aller maintenant. S’il y a quelque chose que vous ne comprenez pas, sonnez cette cloche. Je viendrais tout de suite. » Dès qu’il eut fini son explication, il quitta la pièce.

◆◇◆◇◆

« Comment entend-il la cloche si la pièce est insonorisée ? » avais-je demandé en regardant la cloche qui se trouve au milieu de la table. Elle était décorée d’une iconographie religieuse.

« C’est difficile à sentir, mais c’est en fait un objet magique avec une faible quantité de mana, » avait expliqué Lorraine. « J’imagine que cette cloche a une contrepartie qui sonne en même temps que celle-ci. La magie d’insonorisation bloque également une bonne partie du mana, mais je suppose que cette cloche a été spécialement fabriquée dans ce but. »

Son explication semblait logique, mais pour un étudiant en première année de magie comme moi, il m’aurait été difficile d’arriver à la même conclusion. Je pouvais à peine détecter le mana, il me semblait juste être un objet ordinaire. Elle était magnifiquement conçue et fabriquée avec des matériaux de valeur, donc je me demandais plutôt s’il y avait des problèmes avec les gens qui le volaient, si tant est qu’il y en ait. Mais si c’était un objet magique, il était probablement difficile à voler. La plupart des endroits de ce type empêchaient le vol grâce à un sort qui déclenchait une alarme lorsque vous quittiez les lieux. Il y avait des groupes de magiciens qui étaient spécialisés dans ce domaine. Le crime le plus courant dans le monde était le vol, donc ils étaient très demandés et apparemment ils faisaient un tabac.

« Très bien, alors nous n’avons pas à nous inquiéter du prêtre. Devrions-nous discuter du contrat maintenant ? » demandai-je,

« Allons-y. Augurey, êtes-vous prêt pour cela ? » demanda Lorraine de façon menaçante.

« Pour quoi faire ? Je ne pense pas que ce soit grand-chose. »

« Vous êtes sur le point d’apprendre beaucoup de choses. Si vous aviez simplement accepté de vous taire, vous n’auriez pas besoin de savoir, mais ce contrat change les choses. Si nous devons rédiger des conditions détaillées, nous devrons tout vous dire, » déclara Lorraine.

« Oui, je suppose que vous avez raison. Si le contrat m’obligeait simplement à garder le silence sur la façon dont vous êtes venu à la capitale, et que je devais continuer à garder le silence au cas où vous viendriez ouvertement à la capitale à d’autres occasions, je ne pourrais rien dire. Mais si vous deviez appliquer certaines limites, il est possible d’être plus précis sur ce que je ne peux pas dire. Cela ne serait-il pas plus pratique pour vous deux ? »

« Ce serait un grand fardeau pour vous, n’est-ce pas ? Nous pourrions faire un contrat comme ça, mais ce serait vraiment restrictif. Cela pourrait avoir des conséquences imprévues, » déclara Lorraine.

« C’est peut-être vrai, mais si j’étais à votre place, je conclurais le contrat sans me soucier de ces conséquences. Vous avez toujours été plutôt sympa pour les aventuriers. Trop sympa, pourrait-on dire. Surtout toi, Rentt. »

Cela m’avait frappé là où ça fait mal.

« C’est peut-être vrai pour Rentt, mais pas pour moi, Augurey, » déclara Lorraine.

« Que voulez-vous dire ? » demanda-t-il.

« J’ai l’intention de vous dire un certain nombre de choses, mais si vous essayez de vous enfuir sans passer le contrat, je vous poursuivrai jusqu’aux profondeurs de l’enfer et m’assurerai que vous ne pourrez plus jamais me défier. Maintenant que vous êtes entré dans cette pièce, vous allez signer ce contrat, » déclara Lorraine.

***

Partie 6

Augurey avait l’air un peu intimidé, mais il s’en est vite remis. « De toute façon, je vais garder le secret. Mais je pense que vous êtes gentil de me dire vos intentions. De toute façon, j’ai compris, je suis prêt, parlons. Après toute cette fanfare, ce doit être un assez grand secret. Je suis presque excité. »

Ce que nous allions dire à Augurey concernait, pour l’essentiel, mon identité. Nous devions consulter Gharb et Capitan avant de mentionner les cercles de téléportation, c’était donc un secret que nous allions omettre. Selon ce que nous lui dirions, il pourrait peut-être deviner cette partie, mais Lorraine imaginait une condition intelligente pour le contrat qui l’obligerait à garder ce secret également. Je lui laissais à peu près tout le contrat. Je savais comment rédiger de simples conditions contractuelles, mais j’étais inutile pour tout ce qui concernait les détails. Mais je suppose que Lorraine était douée pour cela grâce à son travail. Elle savait probablement très bien s’en occuper. Et si ce n’était pas le cas, eh bien, nous pourrions traverser ce pont quand nous en arriverions là.

« Très bien, je vais commencer, » avais-je dit. « Augurey, tu sais que j’ai disparu pendant un certain temps ? »

« Oui. Je crois que c’était un peu avant que je ne quitte Maalt. Je croyais que tu étais mort. Tu m’as manqué, en fait. J’avais prévu de t’inviter à venir à la capitale avec moi. »

C’est la première fois que j’avais entendu parler de cela. « Pourquoi aurais-tu fait cela ? »

« Nous étions tous les deux des aventuriers solitaires de classe Bronze, non ? Mais nous essayions tous les deux de nous rendre à la capitale. J’ai trouvé par hasard une caravane en route pour Vistelya qui n’a pas hésité à engager un aventurier solitaire de classe Bronze. Quand j’ai demandé si ça les dérangeait qu’un autre vienne, ils ont dit que ça allait. Mais finalement, tu n’étais pas là, alors je n’ai pas eu d’autre choix que de partir sans toi. »

J’avais raté une occasion surprenante d’une source surprenante. Me faire manger par ce dragon et devenir ce que j’étais était aussi une opportunité, d’une certaine manière, mais si j’étais allé à la capitale avec Augurey à la place, peut-être que cela aurait été bien. Cela aurait pu être risqué, mais peut-être que combattre les monstres les plus forts dans les donjons autour de Vistelya aurait un peu amélioré mes capacités. Ou peut-être pas. Peut-être que ça n’avait jamais été le cas.

« Vraiment ? » avais-je dit. « C’est un peu dommage que les choses aient tourné ainsi. Mais tu es venu ici de votre propre chef et tu as quand même atteint la classe Argent. C’est très impressionnant. »

« C’est gentil à toi de le dire, mais il semble que tu te sois beaucoup amélioré. J’ai vu comment tu t’es battu là-bas, et c’était incroyable. Ton jeu de jambes et ton habileté à l’épée étaient toujours presque parfaits, donc cela n’a pas changé, mais c’est comme si tu étais devenu beaucoup plus puissant. Je pense que tu pourrais facilement réussir l’examen de la classe Argent maintenant, » déclara sincèrement Augurey. Nous avions tous deux vécu des vies solitaires en tant qu’aventuriers solitaires, il semblait donc heureux de voir que les choses avaient finalement payé pour moi. Parfois, nous nous étions confiés l’un à l’autre et nous nous demandions ensemble si nous serions à jamais des aventuriers de classe Bronze. Nous savions ce que l’autre ressentait.

◆◇◆◇◆

« Oui, je ressens la même chose. Je ne saurai pas si je peux réussir le test de la classe Argent tant que je ne l’aurai pas passé, mais mes compétences se sont améliorées. Mais il y a une raison à cela, » avais-je dit, considérant que c’était le bon moment pour aborder ce sujet.

« Une raison ? » répéta Augurey. « Alors, on dirait que tu ne t’es pas seulement entraîné jusqu’à ce que tu sois meilleur. Tu t’entraînes toujours de toute façon, donc si ça devait te rendre plus fort, tu aurais déjà dû être en classe Argent. Mais qu’est-ce qu’il pourrait y avoir d’autre ? »

Il ne semblait pas pouvoir trouver quoi que ce soit. Je suppose qu’il fallait s’y attendre. Aucune logique ordinaire ne l’amènerait à conclure que je m’étais soudainement transformé en monstre un jour et que j’étais devenu plus fort. Mais il fallait que je lui en parle. Cela pouvait être risqué selon sa réaction, mais je connaissais bien Augurey depuis notre séjour à Maalt. Je ne lui faisais pas autant confiance qu’à Lorraine, mais il était assez digne de confiance.

« Je ne veux pas en faire tout un plat, alors je vais faire court. Essaie de ne pas être trop surpris, » avais-je dit, pensant que je devrais le prévenir.

« Tu en as déjà fait tout un plat. »

« Je voulais te donner du temps pour te préparer mentalement. »

« Bien, continue. » Augurey avait haussé les épaules comme s’il prenait mon avertissement pour une blague destinée à détendre l’atmosphère. S’il devait être comme ça, j’avais décidé de le dire clairement et simplement.

« Je me suis transformé en monstre, » déclarai-je.

« Excuse-moi ? » s’exclama Augurey, la nuque craqua alors qu’il penchait sa tête. Après un moment de silence, mes mots semblaient s’être imposés. « Attends, quoi ? Un monstre ? Qui ? » demanda-t-il, alors je m’étais montré. Lorraine m’avait aussi montré du doigt. Toute la scène avait probablement l’air un peu loufoque. De toute façon, je ne voulais pas agir trop sérieusement. Ce genre d’ambiance me permettait de dire plus facilement ce que je voulais. « Quand est-ce que c’est arrivé ? »

« À l’époque où ils ont pensé que j’avais disparu. J’ai eu la malchance de rencontrer un dragon dans un donjon. Tout d’un coup, je suis devenu un squelette. »

Augurey se calme et rit. « Oh, c’est une blague. Je te regarde en ce moment, et tu es clairement humain. Je ne peux voir que la partie supérieure de ton visage à cause de ce masque, mais tu as des yeux, un front et des sourcils, n’est-ce pas ? Quel genre de squelette en a ? »

« Je ne suis plus un squelette, je suis un vampire. Je suis indiscernable d’un humain. Tu as raison de dire que maintenant je ressemble plus ou moins à ce que j’étais avant de me transformer, mais je ne suis pas humain. Regarde, » avais-je dit et je m’étais gratté le bras jusqu’à ce qu’il saigne. La blessure s’était immédiatement refermée. Ce serait impossible pour n’importe quel humain. La magie de guérison ou la divinité pourraient produire à peu près le même résultat, mais il était évident que je n’avais utilisé ni l’une ni l’autre. Cela signifiait que cela devait être grâce à la régénération naturelle, et seul un certain nombre d’êtres pouvaient guérir aussi vite.

« Eh bien, je me demandais ce que j’allais entendre, mais je ne m’attendais pas à cela, » déclara Augurey, en se tenant la tête comme s’il devait enfin faire face au fait que je suis devenu un monstre.

« As-tu peur ? Ou dégoûté ? » avais-je demandé.

« Ni l’un ni l’autre, vraiment. Peut-être que ce serait différent si j’avais un dédain particulier pour les monstres, mais ce n’est pas le cas. Les monstres sont généralement l’ennemi, mais c’est parce que je suis un aventurier et que les tuer est mon travail. Mon ami est peut-être un monstre maintenant, mais quant à savoir si je considère cet ami avec haine, ma réponse est non, » déclara-t-il.

Je craignais le contraire, mais ce n’est pas comme si j’avais pu poser des questions sur son passé. Il n’aurait pas non plus répondu si je l’avais fait. Même s’il l’avait fait, il aurait pu mentir. Il fallait être très proche d’un aventurier pour recevoir ce genre d’informations, et même alors, c’était un peut-être. Je connaissais Augurey depuis longtemps, donc nous aurions pu avoir une relation comme celle-là, mais la vérité est que nous n’avions jamais discuté de notre passé. C’était par respect pour l’autre.

Heureusement, il ne semblait pas avoir de souvenirs difficiles liés aux monstres. En fait, j’en avais, mais je ne dirais pas non plus que je détestais tous les monstres. Je détestais simplement ce loup argenté, mais j’en avais trouvé d’autres fascinants à certains égards. Beaucoup avaient des coutumes et des modes de vie intéressants, y compris les gobelins. Tout comme chez les humains, il y en avait des bons et des mauvais. La plupart d’entre eux attaquaient les humains à vue, mais les monstres intelligents étaient une exception.

« C’est bon à entendre, » avais-je dit. « Je suis devenu un monstre dans mon corps, mais je n’ai pas renoncé à mon esprit humain, et ça ferait mal d’être vu autrement par un vieil ami. »

« J’en suis sûr. Un vampire, cependant ? Alors, tu es du sang ? » demanda Augurey par intérêt personnel.

« Parfois. Ce n’est pas que je ne peux pas manger de la nourriture normale, mais le sang a meilleur goût. »

« Ne me dis pas que tu as attaqué de jeunes filles. Si je vais à Maalt et que je découvre qu’il n’y a plus autant de belles dames qu’avant, je vais devenir fou, » déclara-t-il.

« Je ne ferais jamais une telle chose. Lorraine m’offre juste un peu de son sang. De manière consensuelle. »

« Je suppose que ce serait la seule façon d’obtenir légalement du sang humain. Est-ce suffisant ? Sinon, je peux partager une partie du mien. Tant que tu ne vois pas au point que je m’évanouisse. »

Augurey ne semblait pas du tout rebuté par cette révélation. Peut-être qu’il n’avait pas encore tout à fait compris. J’étais à peu près comme j’avais toujours été, donc d’un point de vue visuel, je portais juste une tenue un peu plus suspecte. Tant que je n’avais rien fait de monstrueux, je suppose qu’il était normal de me traiter de la même façon.

***

Partie 7

Augurey était allé jusqu’à offrir son sang, mais je n’avais pas l’intention de le prendre. Celui de Lorraine était suffisant pour l’instant, et Sheila m’en donnait aussi un peu du sien. Je n’avais pas besoin de plus. D’ailleurs, plus je buvais de sang, moins je me sentais humain. De préférence, je voulais rester humain. Et si je me mettais à boire davantage, cela pourrait devenir difficile. Je ne voulais pas me transformer en sommelier du sang, me plaignant des subtilités de la saveur. Ça pourrait être intéressant, je suppose. Mais Lorraine pourrait m’utiliser pour faire des recherches détaillées sur le goût du sang si je faisais cela. Je préférerais absolument ne pas participer à de telles expériences.

« Non, tu n’as pas besoin de faire cela, » avais-je dit, en écartant ces pensées pour répondre à Augurey. « Le sang de Lorraine suffit pour l’instant. Mais cela pourrait changer à l’avenir. »

Comme j’étais un vampire mineur, je n’avais pas besoin d’autant de sang, pour une raison inconnue. Cependant, rien ne garantissait qu’il en serait toujours ainsi. Tout comme lorsque j’avais soif de chair et que j’avais attaqué Lorraine dans le passé, on ne savait pas quand mon instinct de monstre pourrait prendre le dessus et me forcer à agresser quelqu’un. Lorraine m’arrêterait probablement comme elle l’avait fait avant, donc peut-être que ça ne valait pas la peine de s’inquiéter, mais idéalement, je serais capable d’empêcher qu’un tel incident ne se produise.

« Es-tu sûr ? Si tu le dis. Au fait, comment es-tu passé d’un squelette à un vampire ? » demanda Augurey.

J’avais négligé de mentionner cette partie. « Oh, c’est vrai. As-tu déjà entendu parler de l’évolution existentielle que les monstres subissent ? C’est comme ça que ça se passe, » avais-je expliqué.

« Évolution existentielle ? Comme la façon dont les slimes normaux peuvent devenir des slimes de ra'al empoisonnés ? »

« C’est un exemple terriblement précis, mais je crois que oui ? » Je l’avais dit sans grande confiance. Je m’étais tourné vers Lorraine pour avoir une confirmation.

« Oui, c’est tout à fait exact, » déclara Lorraine. « Mais lorsque les slimes subissent un changement élémentaire, cela n’améliore pas nécessairement leurs capacités physiques. On peut se demander s’il faut appeler cela de l’évolution, c’est donc un exemple un peu bancal. Pensez plutôt à la façon dont un squelette devient un soldat squelettique. »

Cela semblait être un exemple plus facile à comprendre, et avec moins de place pour l’argumentation. Tout le monde connaissait ces deux monstres.

« Oui, eh bien, j’aime les slimes. Ces créatures amorphes sont si mignonnes. J’en voulais un comme animal de compagnie, mais je ne trouvais pas de récipient approprié pour le conserver, » avait avoué Augurey.

Cela semblait ridicule, mais il n’était pas le seul à ressentir cela. Un nombre surprenant de femmes et d’enfants aimaient le slime. Ils apparaissaient souvent dans les légendes et les livres d’images, et ces slimes avaient l’air doux et adorables. Mais pour la plupart des aventuriers, les slimes étaient méprisés. Les slimes que l’on trouvait dans les donjons et les forêts avaient tendance à être en train de digérer une carcasse, et on pouvait la voir flotter dans le fluide transparent. Quand il ne restait que des os, ce n’était pas si mal, mais un cadavre à moitié digéré était tout simplement horrible. C’était difficile de ne pas détester le slime après avoir vu cela. En ce sens, Augurey était une rare exception à la règle. Mais Lorraine l’était aussi. Elle aimait aussi beaucoup le slime.

« Un conteneur ? » demanda Lorraine. « Je suppose que les slimes consomment la plupart des choses. Une bouteille ordinaire ne fonctionnerait pas. »

« Exactement ! » répondit Augurey, heureux d’avoir compris. « J’ai essayé toutes sortes de conteneurs, mais ils n’ont jamais duré plus de deux semaines. Tout ce que je n’ai pas essayé était trop cher pour un pauvre aventurier de la classe Bronze. Mais peut-être vaut-il la peine de réessayer. »

Cela signifiait qu’Augurey s’était livré à ces dangereuses expériences à Maalt. Dieu merci, il avait fini par abandonner. Mais de toute façon, on s’éloignait du sujet.

« Assez parlé de slimes, » avais-je dit. « En tout cas, c’est comme ça que je suis devenu un vampire. Mon but maintenant est de redevenir humain. »

« Est-ce pour cela que vous êtes venu à la capitale ? » demanda-t-il.

« Eh bien, non, mais c’est peut-être un peu lié, » répondis-je.

En réalité, le lien était quelque peu ténu. Je voulais vraiment redevenir humain. C’est pourquoi j’étais retourné dans mon village natal, pour connaître mes racines. Mais ensuite, j’avais découvert un secret incroyable et j’avais abouti dans cette ville grâce aux cercles de téléportation qui se trouvaient à l’intérieur de ce secret. Mais ce n’est qu’en mettant de côté ma vie de tueur de monstres, d’aventurier, et en me concentrant plutôt sur l’investigation de tout ce que je pouvais que j’avais abouti ici. Il n’était pas impossible de lier mes efforts pour redevenir humain à ma venue sur Vistelya.

« Ah, je vois pourquoi tu ne peux dire à personne que tu es ici. S’ils découvraient qu’un monstre est entré dans la ville et qu’ils commençaient à te chercher, cela signifierait des ennuis si tu avais dit ton nom à quelqu’un, » déclara-t-il.

« C’est vrai. »

Le fait que je sois censé être loin d’ici en ce moment était également un problème, mais je ne pouvais pas encore en parler. Je ne pouvais pas me décider à révéler le secret des cercles de téléportation avant d’avoir parlé à Gharb et Capitan. De plus, les informations limitées que nous avions déjà partagées étaient probablement suffisantes pour éviter les malentendus en ce qui concerne le contrat magique.

C’était le problème des contrats magiques par rapport aux contrats normaux qui n’appliquaient pas de sanctions magiques. On disait que l’interprétation d’un contrat magique était déterminée par le subconscient de ceux qui le signaient. Les contrats non magiques pouvaient être interprétés par le chef du gouvernement local ou par les juges qu’il avait nommés. Mais pour les contrats magiques, l’interprétation devait avoir lieu au moment où une partie du contrat était violée, de sorte qu’aucun responsable juridique n’avait le temps de rendre un jugement.

Disons, par exemple, qu’Augurey et moi avions un contrat qui stipulait que je ne mangerais aucun des snacks d’Augurey, et que si je le faisais, je devrais danser nu devant lui. Si je mangeais ensuite l’un de ses snacks, le contrat prendrait effet immédiatement. La prochaine fois que je serai près d’Augurey, je serai obligé de danser nu contre ma volonté.

La question de savoir qui interprète le contrat et quand était débattue. Il existe un certain nombre de théories à ce sujet, mais la plus courante était que le contrat était interprété inconsciemment par les personnes concernées au moment où il était rompu. En d’autres termes, parce que je savais que je ne devais pas manger les en-cas d’Augurey et que je l’avais fait quand même, je serais pénalisé. Mentir ne serait pas une option. Il avait été dit que la vérité serait déterminée par un dieu et qu’ils verraient à travers toute malhonnêteté. Pour ces raisons, dans le cas où l’on essayait d’utiliser un contrat magique tout en évitant les malentendus, un certain degré de partage des informations entre les deux parties était nécessaire. Ils étaient difficiles à utiliser. Les juristes, les magiciens et les savants divins faisaient des recherches sur leur fonctionnement, mais pour le reste d’entre nous, c’est ainsi que nous l’avions compris. C’est pourquoi ils étaient rarement utilisés, et s’ils l’étaient, une certaine détermination était nécessaire.

« Nous vous avons donc raconté la plus grande partie de l’histoire, » avais-je dit. « J’aimerais passer le contrat maintenant, si ça ne te dérange pas. »

« Je suppose que c’est bien, » déclara Augurey. « Qui va écrire les conditions exactes ? »

« Je vais le faire, » proposa Lorraine. Elle avait commencé à noter des idées sur le papier fournies dans la salle. Après qu’Augurey les ait approuvées, nous étions passés au contrat proprement dit.

Il s’agissait d’un contrat magique spécial, mais il avait été utilisé de la même manière que les autres. Une fois les conditions écrites et le contrat signés par toutes les parties, il était activé. La question de savoir qui devait signer en premier pouvait parfois se poser, mais seulement si l’une des parties n’était pas digne de confiance. Vous ne voudriez pas qu’elles partent avec un contrat qu’elles pourraient choisir d’activer à tout moment. Mais ce n’était pas un problème pour l’instant. Je connaissais Augurey depuis longtemps, et je connaissais sa personnalité. De plus, même s’il voulait s’enfuir, Lorraine était plus proche de l’entrée. Si elle jetait un sort pour l’éloigner de la porte, même un aventurier de la classe Argent ne pourrait pas partir. Si Augurey avait une arme secrète dont nous ignorions l’existence, ce serait peut-être différent, mais il ne fallait pas s’inquiéter de cette possibilité.

« Alors, je vais d’abord signer, » avais-je dit et écrit mon nom. Bizarrement, mon nom semblait briller sur le papier.

« Rentt, y a-t-il un problème ? » demanda Lorraine.

« Non, ce n’est rien. Continue, Augurey, » lui avais-je dit en lui remettant le contrat et le stylo. Même le papier me semblait spécial, et je le sentais étrangement bien entre mes mains. On aurait dit du papier, mais aussi du métal, en quelque sorte. Il avait dû être fabriqué selon une méthode très particulière. Je pensais pouvoir le découvrir en le regardant, mais je n’en avais toujours aucune idée. Si j’avais pu voir comment ils avaient été fabriqués, quelqu’un d’autre l’aurait sûrement fait aussi à ce stade.

« D’accord, compris. » Augurey m’avait pris le contrat et avait écrit son nom.

« C’est un long nom, » avais-je dit. Je pensais que c’était juste Augurey Ars, mais cela avait duré un bon moment après ça.

« Ne regardez pas, c’est gênant, » s’était plaint Augurey.

J’avais eu l’impression d’enfreindre la règle de l’aventurier taciturne qui consiste à ne pas fouiller dans l’histoire de l’autre, alors je m’étais vite éloigné. « Désolé. Je ne vois pas beaucoup de noms aussi longs, c’est tout, » avais-je dit, bien que j’en aie vu quelques-uns. Certains pays avaient apparemment facilité le changement de nom, et certaines personnes avaient décidé de rendre le leur horriblement long. Peut-être qu’un aventurier sur cent avait un nom anormalement long. Ils pensaient que cela leur donnait une apparence plus digne ou quelque chose de stupide comme ça. Pendant un moment, j’avais pensé qu’Augurey pourrait tomber dans ce camp, mais il n’avait pas l’air du genre.

« Eh bien, je suppose que vous pouvez regarder si vous voulez. J’étais jeune et stupide quand je l’ai trouvée, » répondit Augurey, semblant ainsi confirmer mes soupçons initiaux. Je l’avais rencontré environ trois ans auparavant, et il semblait être déjà devenu une personne sensée à ce moment-là, à part son sens de la mode qui était un peu bizarre. Mais s’il s’était présenté sous ce nom incroyablement long et s’il s’attendait à ce que je le mémorise, j’en aurais peut-être eu assez de lui. Heureusement, il était devenu plus raisonnable lorsque je l’ai rencontré.

« Très bien, ça devrait aller. Rentt, Lorraine, maintenant le contrat va s’activer et —, » avait commencé à dire Augurey, mais ensuite le contrat magique avait commencé à briller de façon inhabituelle. J’avais regardé la lumière se condenser progressivement et une image s’était formée au-dessus du contrat. Elle avait pris une forme familière.

« Est-ce Hozei ? » demanda Augurey.

 

 

Il s’agissait d’une image faible et transparente d’une femme aux cheveux longs tenant une balance et un bâton. Lorsqu’elle ferma ses yeux comme pour prier, la lumière plut de son bâton et imprégna les mots du contrat. Une fois que la lumière s’était calmée, l’image s’était dissoute dans l’air comme si elle perdait progressivement sa netteté, puis elle avait disparu complètement. Ce qui restait, c’était le contrat que nous avions rédigé. C’était un peu terrifiant et j’hésitais à le toucher maintenant, mais quelqu’un devait le faire, alors je l’avais touché du doigt.

« On dirait qu’il ne se passe rien, » avais-je dit. Augurey et Lorraine l’avaient aussi touché.

« Mais qu’est-ce que c’était ? » demanda Augurey. « Est-ce que c’est censé arriver quand on signe un contrat béni par Hozei ? » Je pouvais comprendre la confusion d’Augurey. Les contrats magiques réguliers brillaient également après leur entrée en vigueur, donc si l’on supposait qu’il s’agissait d’une extension de ce phénomène, alors il n’y avait rien à craindre.

Mais Lorraine avait secoué la tête. « J’ai été témoin de l’utilisation de l’un d’entre eux, et celui-ci a brillé comme n’importe quel contrat magique ordinaire. La lumière semblait un peu plus brillante, mais c’était tout. Il n’y avait aucune image de personne. »

« Alors, qu’est-ce que cela signifie ? » avais-je demandé.

« Cela pourrait être un phénomène extrêmement unique. Je pense que c’est le bon moment pour utiliser cette cloche, » déclara Lorraine en montrant la cloche que le prêtre nous avait donnée.

« Mais qu’en est-il s’il voit ce que nous avons écrit dans le contrat ? » demanda Augurey, mais il avait alors vu que tous les écrits avaient disparu. Il ne restait plus rien sur le parchemin à part nos signatures, mais même celles-ci étaient devenues trop floues pour bien les voir. Je pouvais le voir parce que je savais ce qui était écrit, mais sinon je n’aurais même pas remarqué les mots.

« Aucun de vous ne semble avoir beaucoup à dire sur ce phénomène divin dont nous venons d’être témoins, » avais-je déclaré.

« Je suppose que je suis trop étonné pour dire grand-chose, » déclara Augurey.

Lorraine avait ajouté. « J’ai juste décidé d’accepter que tout puisse arriver quand tu es là. »

Je voulais souligner que je n’avais pas causé cela, mais vu la chance que j’avais eue dernièrement, je ne pouvais pas en être aussi sûr. J’avais haussé les épaules et j’avais dit. « Eh bien, je suppose que nous devrions appeler le prêtre. »

***

Partie 8

« C’est empli d’énergie sacrée !? » s’exclama le prêtre en entrant dans la pièce. Il était arrivé si vite après que nous ayons sonné la cloche que je voulais lui demander s’il avait attendu dehors. J’avais regardé son visage abasourdi et il m’avait dit, que l’image soit réellement Hozei ou non, c’était au moins quelque chose qui déclenchait une énergie sacrée.

La détection de l’énergie sacrée avait apparemment nécessité un certain entraînement qui nous avait fait défaut, mais j’avais remarqué que l’air de la pièce était devenu extrêmement pur. Si je devais comparer l’air purifié par la divinité à l’air des montagnes rurales, celui-ci serait plus comparable à l’air d’un espace complètement clos et stérilisé. Je sentais la présence d’une volonté forte, féroce, qui n’avait aucune tolérance pour les méchants. Mais j’étais un vampire, une créature assez méchante, donc ce n’était pas très convaincant.

« Il y a donc quelque chose d’étrange dans tout cela ? » avais-je demandé au prêtre alors qu’il respirait profondément à plusieurs reprises. Il m’avait jeté un regard perçant et m’avait attrapé par le col.

« Qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce qui s’est passé ici ? Dites-le-moi ! » Il avait crié et il m’avait secoué. Il perdait complètement la tête.

« Pourriez-vous vous calmer ? » avais-je demandé.

Le prêtre avait finalement repris ses esprits. « Oh, mes excuses. J’étais un peu trop excité, » dit-il et il lâcha prise. J’avais eu l’impression que ma vie avait été épargnée. Non pas que j’aurais pu être tué en étant saisi par le col de mon vêtement, mais je suppose que je sentais que j’allais mourir spirituellement.

Maintenant que j’avais regardé de plus près le prêtre, c’était en fait une prêtresse. Sa robe était lâche, sa capuche cachait son visage et sa voix avait une consonance androgyne, si bien que je n’avais pas pu déterminer son sexe et j’avais simplement supposé qu’elle était un homme. Mais alors qu’elle me secouait, sa capuche était tombée, révélant son visage. Parce que le but des temples d’Hozei était centré sur les contrats, le clergé s’était toujours abstenu de montrer son visage, donc elle n’avait probablement pas l’intention que cela arrive.

« Hé, votre capuche s’est détachée, » avais-je fait remarquer. La prêtresse avait haleté, l’avait ramenée sur sa tête et s’était calmée. Je pensais qu’il était trop tard pour cela, mais je ne voulais pas en parler.

« N’est-il pas trop tard pour cela ? » demanda Lorraine sans trop y penser.

La prêtresse s’était affaissée et avait enlevé la capuche. « Je suppose que vous avez raison, » dit-elle. Elle semblait étrangement écervelée. Quand elle nous guidait, elle se comportait bien et nous expliquait tout avec efficacité. Peut-être que l’air dans cette pièce révélait sa vraie nature. Même le clergé n’était qu’un être humain, après tout. Mais assez parlé de cette prêtresse.

« Vous disiez quelque chose à propos de l’énergie sacrée ? » lui avais-je demandé.

« Oh, oui. Je ne sais pas si l’un d’entre vous peut le sentir, mais cette pièce est pleine d’une énergie sacrée. C’est comme si les dieux étaient là. Je voudrais presque déclarer cette pièce terre sainte, » déclara-t-elle.

Sa réponse avait incité le reste d’entre nous à se regarder. Nous pouvions probablement sentir un peu l’énergie sacrée. Je savais que quelque chose semblait différent, mais ce sentiment n’était pas aussi clair que lorsque l’énergie magique ou la divinité étaient présentes. Mais je ne comprenais pas pourquoi elle déclarait que c’était une terre sainte. C’était une pièce dans un temple, donc ils pouvaient le faire s’ils le voulaient, mais je n’en voyais pas l’intérêt.

« En mettant de côté la terre sainte et tout cela, » avais-je dit, « Laissez-moi vous expliquer ce qui s’est passé. Nous avons utilisé le contrat magique, et ensuite une image de ce qui ressemblait à Hozei est apparue et a probablement béni le contrat ou quelque chose comme ça. Le voici. »

Elle s’était gracieusement inclinée lorsqu’elle avait accepté le contrat de ma part et l’avait ensuite tenu en l’air pour le regarder. « C’était vraiment une bénédiction de Hozei, » avait-elle dit.

« Ne sont-ils pas censés être bénis par Hozei de toute façon ? » avais-je demandé.

« Ils le sont, mais dans certains termes plus spécifiques, ils ne le sont pas. Ces contrats sont créés par des saints qui ont été bénis par Hozei, ils ont donc indirectement la bénédiction de Hozei. Mais si vous dites simplement qu’ils ont été bénis par Hozei, ils semblent plus importants, » avait-elle expliqué.

Ce n’était vraiment pas quelque chose que j’avais besoin de savoir. Mais les prêtres des temples de Hozei ressemblaient plus à des marchands qu’à des membres du clergé, alors je n’avais pas été surpris. Et ce n’était pas comme s’ils mentaient aux gens. Il était de notoriété publique que ces contrats étaient créés par des saints. L’important était de savoir s’ils fonctionnaient ou non, et c’est ce qu’ils avaient fait, donc il n’était pas nécessaire de critiquer les temples.

« Mais ce contrat que vous avez utilisé a vraiment reçu sa bénédiction. Cela peut signifier que ce contrat était important pour les dieux, » déclara la prêtresse.

« Hozei bénit-il personnellement les contrats importants ? » demanda Lorraine.

« Oui, mais c’est la première fois que je le vois moi-même. Un exemple que j’ai entendu est que Hozei est venu personnellement bénir un contrat concernant le prêt d’une épée divine. Il y a beaucoup d’autres exemples, et ils sont tous transmis comme des légendes. Puis-je vous demander quel était le sujet de votre contrat ? Je ne vous obligerai pas à me le dire, bien sûr. Mais en tant que serviteur de Hozei, j’aimerais le savoir si possible. »

« Je suis désolé, mais je ne peux pas vous le dire, » avais-je répondu, sans autre choix. « Mais par rapport à l’exemple que vous nous avez donné, notre contrat n’est pas si important. »

« Je vois, » déclara la prêtresse en soupirant. « Alors, dites-moi au moins vos noms. »

« Désolé, je ne peux pas non plus vous le dire. » Maintenant, la prêtresse semblait être au désespoir, mais je n’avais pas le choix. Lorraine et moi, à part, peut-être qu’Augurey pourrait partager son nom.

C’était un temple dédié à la déesse des contrats et de la justice. On disait donc que le clergé prenait la confidentialité au sérieux. Même lorsque les gouvernements ou d’autres entités puissantes le leur demandaient, ils ne révélaient jamais de secrets. Il y avait eu un certain nombre d’exemples de ce type au cours de l’histoire. Dans le cas de l’épée divine mentionnée par la prêtresse, l’identité de la personne qui l’avait reçue était un secret à l’époque. Un noble puissant sous le contrôle d’un des seigneurs des ténèbres avait utilisé l’influence de sa nation pour exiger que le temple révèle l’identité du manieur, mais ils avaient refusé. Mais même si c’était vrai, il valait mieux ne pas dire nos noms.

La prêtresse semblait triste, mais elle avait dû penser que poser d’autres questions serait la mauvaise chose à faire en tant que servante de Hozei.

« Non, vous n’avez pas à vous excuser. En fait, je suis désolée de demander. Mais s’il arrive quelque chose à votre contrat, veuillez contacter l’un de nos temples. Qu’il s’agisse du temple principal ou d’une succursale, nous ne manquerons pas de vous aider. Tenez, montrez cette carte à l’un de nos temples, et vous serez autorisé à parler personnellement au chef du temple. S’il vous plaît, utilisez-la, » dit-elle et elle me tendit une carte.

C’était incroyablement hospitalier, mais je me demandais pourquoi elle irait aussi loin. Je me demandais aussi pourquoi un prêtre quelconque aurait cette idée.

« Oh, j’aurais dû me présenter plus tôt, » dit-elle comme si elle connaissait la question qui me préoccupe. « Je suis Josee Meyer, la chef de ce temple. Je suis heureuse de vous rencontrer. »

Nous l’avions saluée et lui avions serré la main, en nous rappelant de ne pas donner nos noms en retour.

Pour avoir été nommé responsable d’un temple, elle était terriblement jeune. Josée semblait avoir une vingtaine d’années, à peu près le même âge que Lorraine et moi. Le royaume de Yaaran n’était peut-être pas si important que ça comme pays, mais le fait d’être à la tête d’un temple dans la capitale la rendait tout de même assez accomplie. Il était soi-disant facile de gravir les échelons en tant que prêtre si l’on avait de la divinité, et elle semblait également sensible à l’énergie sacrée, donc elle avait probablement de la divinité. En d’autres termes, c’était une sainte. Si c’est le cas, sa position n’était pas vraiment une surprise, mais cela ne faisait pas beaucoup de différence pour nous. Augurey était le seul à devoir s’inquiéter de la rencontrer à nouveau parce qu’il travaillait dans la capitale, mais Josee serait probablement la seule à l’éviter si cela se produisait.

Maintenant que nous avions demandé ce que nous voulions demander et fait ce que nous devions faire, il était temps de partir. Nous manquions de temps, et Augurey avait également dit qu’il avait ses propres choses à faire.

« Nous devons nous y mettre dès maintenant, » avais-je dit.

« Oh, c’est vrai ? » répondit Josee avec tristesse. Elle avait l’air de vouloir en savoir plus, mais il était trop tard pour poser des questions. Nous avions quitté la pièce et nous nous étions dirigés vers la sortie du temple.

***

Partie 9

« Il s’est passé beaucoup de choses, mais maintenant, il ne faut plus s’inquiéter, » avais-je dit en quittant le temple.

« C’est vrai. Maintenant, même si quelqu’un vient me poser des questions, je peux utiliser le contrat comme excuse pour ne rien dire, » déclara Augurey. « C’est un soulagement. Je me sens mieux en sachant que je ne peux pas cracher le morceau, que je le veuille ou non. » Le contrat laissait encore à Augurey une certaine marge de manœuvre pour parler si Lorraine ou moi-même lui donnions la permission, mais il valait mieux lui fournir un moyen d’éviter des erreurs qui pourraient le faire taire à jamais que de lui faire craindre cela pour le reste de sa vie.

« Nous pourrions être trop préoccupés, » déclara Lorraine. « Je doute que quelqu’un essaie de chercher les informations que ce contrat dissimule de toute façon, mais après ce qui s’est passé avec Nive, je ne veux prendre aucun risque. »

Maintenant que j’avais l’air identique à un humain, peu de gens seraient capables de dire que je n’en suis pas un. Même si nous n’étions pas aussi prudents, il était très peu probable que je sois exposé. Mais nous devions toujours envisager cette possibilité. C’est pourquoi je ne révélais mon secret qu’à des personnes en qui j’avais déjà entièrement confiance ou à des personnes qui utilisaient des contrats magiques pour gagner cette confiance. Peut-être qu’un jour, lorsque j’en saurais plus sur mon corps, je devrais tout expliquer à quelqu’un avec qui j’avais peu de liens, mais il faudrait d’abord que j’y réfléchisse longuement et sérieusement.

« Nive ? Comme dans Nive Maris ? » demanda Augurey.

« Oui, elle est venue à Maalt en poursuivant un vampire. Elle était assez méfiante à mon égard, » déclarai-je.

« Je suis désolé d’entendre cela. Mais d’après ce que j’ai entendu, elle ne t’a finalement pas causé trop de problèmes, ce qui est surprenant, » déclara-t-il.

J’en avais été plus surpris que quiconque, bien sûr. Il s’est avéré qu’elle cherchait un autre vampire. Je m’étais demandé si elle l’avait déjà trouvé. Quand elle était arrivée de l’ouest, elle était passionnée par la chasse. Maalt était assez grand pour une ville de Yaaran, mais si elle utilisait aveuglément ce feu sacré tous les jours, aucun vampire ne pouvait se cacher.

« Je suis sauf finalement, et c’est ce qui compte, » avais-je dit. « Au fait, Augurey, tu as dit que tu devais faire quelque chose. De combien de temps disposes-tu ? »

Augurey avait vérifié la position du soleil. « Oh-oh, pas beaucoup. Je vais devoir y aller pour la journée. Est-ce que je vous reverrai ? J’ai aussi traversé beaucoup de choses depuis que j’ai quitté Maalt. Il y a beaucoup de choses à se dire, et si jamais vous revenez dans la capitale, j’aimerais partir en quête avec vous. »

Je m’en tenais généralement aux aventures en solo, mais c’était parce que je pensais que me battre seul serait le moyen le plus efficace de devenir plus fort. Maintenant, mes idées avaient un peu changé. En outre, à l’époque où nous étions tous les deux de pauvres aventuriers solitaires à Maalt, nous prenions parfois des emplois ensemble. Je n’avais aucune raison de dire non, et il semble que Lorraine non plus.

« Bien sûr, je te contacterai la prochaine fois que je serai ici, » avais-je dit. « Je te contacterais bien par l’intermédiaire de la guilde, mais je ne pense pas pouvoir le faire. »

« Alors, contacte cette auberge, » répondit rapidement Augurey, comprenant mon hésitation. « C’est là que je reste toujours. À une prochaine fois. » Il me tendit un papier sur lequel figurait le nom de l’auberge et son emplacement général, puis il me fit signe de partir.

 

◆◇◆◇◆

« Devrions-nous nous rendre au lieu de réunion maintenant ? » avais-je demandé à Lorraine.

« Je pense que oui. Ce n’est pas encore tout à fait le moment, mais nous sommes en train de couper court. Je préfère ne pas mettre Gharb et Capitan en colère, » déclara Lorraine.

« Bon point, dépêchons-nous, » avais-je répondu.

Nous nous étions précipités sur le lieu de rencontre. Bien sûr, nous n’avions pas oublié de nous changer avant de revenir à la normale. Je n’avais pas eu le courage de laisser Gharb et Capitan me voir dans cet accoutrement tape-à-l’œil. Ils se moqueraient de moi, c’est sûr.

 

◆◇◆◇◆

« Oh, juste à temps. Attendez, en fait, un peu en retard. Vous aimiez tant que ça faire du tourisme ? » demanda Gharb à notre arrivée. Cela semblait être une question sincère.

« Désolé. Ce n’était pas la première fois que Lorraine venait dans la capitale, mais c’était la mienne, donc c’était amusant à voir. Mais ce n’est pas pour ça qu’on est en retard, » avais-je dit.

Je leur avais parlé de notre rencontre avec Augurey et de tout ce qui s’est passé après. Mais j’avais omis de mentionner que j’étais un vampire, bien sûr. Pour expliquer pourquoi nous étions allés au temple de Hozei, j’avais juste dit que je ne voulais pas qu’Augurey dise à qui que ce soit que nous étions venus dans la capitale. Ce n’était pas toute la vérité, mais ce n’était pas faux non plus. Gharb et Capitan avaient commencé à poser les yeux sur moi à un moment de l’histoire, alors peut-être savaient-ils que je mentais, mais ils ne l’avaient pas dit.

Quand j’avais fini de parler, Gharb avait soupiré. « Tout ce que tu faisais, c’était te promener. Comment t’es-tu mis dans un tel pétrin ? Lorraine, tu dois être épuisée. »

« Non, je me suis amusée tout le temps, » répondit Lorraine.

« Vraiment ? Je vois, je vois. Vous ne lui avez pas parlé des cercles de téléportation, n’est-ce pas ? » demanda Gharb.

« Non, nous ne l’avons pas fait, » avais-je dit. « J’ai pensé que nous ne devrions pas le mentionner sans votre permission. Nous aurions peut-être pu lui dire après avoir passé le contrat, mais j’ai décidé de ne pas le faire. »

En ce qui concerne mes propres secrets, le choix de qui dire quoi dépendait entièrement de moi. Par conséquent, même si j’étais tué par quelqu’un comme Nive, je n’aurais que moi-même à blâmer. Mais les cercles de téléportation étaient en fin de compte le problème de Hathara. Révéler ce secret n’était pas une décision que j’avais à prendre.

« J’ai dit que nous vous laissons la responsabilité de l’endroit, n’est-ce pas ? Cela inclut ces cercles de téléportation, quoi que vous vouliez en faire, » déclara Gharb, à ma grande surprise.

« Cela signifie que nous pouvons choisir à qui en parler ? » demanda Lorraine.

Capitan avait fait un signe de tête. « Oui, c’était l’idée. Je suppose que nous n’avons pas très bien transmis ça… »

« Mais si cela conduit à la découverte des cercles de téléportation, qu’arrivera-t-il à Hathara ? » déclara Lorraine avec inquiétude.

« Tu n’as pas besoin de trop réfléchir à cela, » avais-je dit. « Si quelque chose arrive, les cercles de téléportation du côté de Hathara peuvent être effacés. Ils ne peuvent pas ? » avais-je demandé et je m’étais tourné vers Gharb.

« Oui, on m’a expliqué la méthode. Si je voulais le faire, je pourrais. Après cela, Hathara n’aurait plus qu’à feindre l’ignorance. Il n’y aurait plus de cercles de téléportation à trouver, donc aucun problème ne devrait survenir. »

« Les cercles de téléportation peuvent être détruits par la main de l’homme ? » demanda Lorraine. Elle avait l’air choquée, mais il y avait une raison à cela. Les cercles de téléportation standard que l’on trouve dans les donjons n’avaient jamais été détruits par les humains auparavant. Ils disparaissent lorsque la structure du donjon change, mais si les armes ou la magie humaines peuvent temporairement racler certaines parties du cercle, celui-ci se régénère instantanément. Ces cercles magiques étaient extrêmement persistants.

« Oui. C’est facile tant que vous savez comment faire. Je vous en parlerai plus tard. Il y a beaucoup de choses dont je dois vous parler, y compris les sorties des cercles de téléportation dans cette ville en ruines. Vous feriez mieux de vous en souvenir, » déclara Gharb. Cela m’avait rappelé l’époque où je m’entraînais sous ses ordres et elle m’avait un peu intimidé. Gharb pourrait être une vieille dame assez impitoyable. Je devais travailler comme un fou pour tout mémoriser à l’époque, alors je n’avais jamais eu un moment pour penser à la brutalité de la situation. Mais maintenant que j’y repense, je trouverais certainement que c’est fatigant. À l’époque, mon esprit était poussé à l’extrême. Mais si je devais tout recommencer, je le ferais.

Lorraine, en revanche, semblait penser que c’était une bonne occasion d’apprendre quelque chose de nouveau et d’intéressant. « J’ai hâte ! » dit-elle, les yeux brillants. Si elle pouvait trouver un moyen d’en profiter, alors elle pourrait profiter de tout.

Mais si les cercles de téléportation pouvaient effectivement être détruits, cela signifiait que même si quelqu’un entendait parler d’eux, Hathara pourrait prétendre qu’ils n’avaient rien à voir avec cela. Peut-être que ce serait quand même mauvais si quelqu’un découvrait qu’ils étaient dans Hathara avant qu’ils ne soient détruits, mais il fallait alors s’assurer que celui qui le découvrirait ne pourrait jamais le dire à une autre possible. Si possible, je voulais être capable de détruire les cercles de téléportation avant cela. Ce serait peut-être une bonne idée de trouver un moyen de rendre cela possible. Ou peut-être qu’il y avait déjà un moyen. Je ne savais pas, mais je me sentais un peu moins inquiet maintenant.

 

◆◇◆◇◆

« Hm ? » dit Lorraine en se rendant à la porte de la ville.

« Quelque chose ne va pas ? » avais-je demandé.

« N’est-ce pas Augurey ? » répond-elle. J’avais regardé là où elle regardait, et Augurey était bien là. Il parlait à une petite fille et essayait de lui donner quelque chose.

Je savais que c’était mal d’écouter aux portes, mais c’était au milieu de la rue principale de Vistelya. En supposant que ce ne serait pas trop grave si j’écoutais, ma curiosité m’avait poussé à activer mon oreille de vampire. Mais ce n’était pas le nom d’une capacité réelle, c’était juste ce que j’appelais mon audition améliorée.

« Voici la garance de l’esprit du feu. Prends-le, » déclara Augurey à la fille.

« Mais je n’ai pas l’argent, » dit-elle.

« Ne t’inquiète pas pour cela. C’est juste ce qui reste de la plante que j’ai choisie pour les vêtements que je me fais faire. Honnêtement, il me restait tellement de choses que je ne savais pas quoi en faire. N’hésite pas à t’en servir. Ta mère en a besoin, n’est-ce pas ? »

« Oui, merci. Oh, oncle Augurey ! Hmm… »

« Tu n’as pas besoin de me rembourser. Dépêche-toi de lui apporter ça. La prochaine fois que je te verrai, je te dévoilerai ma plus grande mode de tous les temps. Si l’un d’entre vous est malade, ce ne sera pas très amusant. Vas-y maintenant, » dit Augurey en poussant la fille par-derrière. Elle hésitait à partir, mais elle avait fini par courir quelque part. Augurey avait souri en la regardant partir, puis il s’était retourné et elle avait disparu dans la foule.

« Comme c’est gentil de sa part. On ne s’attendrait jamais à cela vu la façon dont il s’habille, » déclara Lorraine.

« Eh bien, c’est comme ça qu’il est. C’est pourquoi j’ai passé tant de temps avec lui, » avais-je répondu, mais on aurait dit qu’Augurey leur faisait regarder son défilé de mode en guise de paiement. C’est typique de lui.

 

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