Nozomanu Fushi no Boukensha – Tome 4 – Chapitre 3

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Chapitre 3 : La société de négoce Stheno

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Chapitre 3 : La société de négoce Stheno

Partie 1

« Eh bien, alors. Avance prudemment, Rentt. Tu sais comment sont les marchands, oui ? Ils couvrent tous les détails, » dit Lorraine en me regardant.

« Oui. Je pense que je comprends très bien cela…, » déclarai-je.

J’avais fait cela plusieurs fois dans ma vie — c’est-à-dire, obtenir un objet de valeur et en parler à un marchand d’une grande entreprise. Du moins, j’avais supposé que c’était l’intention de Lorraine. Mais elle secoua la tête.

« C’est différent de ce que c’était avant, Rentt. Comme tu es maintenant, ton corps est en lui-même un objet de valeur. Aïe à l’esprit… que c’est comme si tu te promenais avec, disons, une centaine de pièces de platine, » déclara Lorraine

Hmm… Lorraine a raison. Alors que la plupart tenteraient de capturer ou de tuer un vampire si l’un d’entre eux comparaissait devant eux, les marchands opteraient certainement pour le premier. Les aventuriers qu’ils engageaient comme gardes du corps étaient souvent aussi extrêmement compétents. Ce serait plus gênant s’ils étaient appelés.

Je serais tout seul. Je dois faire très attention.

… Non pas qu’en temps normal, j’allais être négligent. J’allais juste être un peu plus prudent.

« Je comprends. Bien, alors, je vais y aller maintenant, » déclarai-je.

Après ça, et avec une vague désinvolte, j’avais quitté la demeure de Lorraine pour me promener dans les rues de Maalt.

 

◆◇◆◇◆

 

Le bâtiment principal de la Compagnie Marchande Stheno se trouvait sur une route très fréquentée et dans un endroit relativement bien en vue. C’était ce à quoi je m’attendais de la part de l’une des plus grandes sociétés de commerce de Maalt, car le bâtiment lui-même était assez grand.

C’était une affaire de briques et de pierres, de cinq étages. Les deux premiers étages abritaient les magasins et autres, tandis que les niveaux supérieurs abritaient les centres administratifs et les entrepôts de l’entreprise. Si l’on en juge par le flux constant de personnes qui entraient et sortaient de l’entreprise, il était évident que la société ne manquait pas de clients. Il vendait tout, des produits d’épicerie de tous les jours aux outils pour les aventuriers, en passant par un peu de tout le reste. La sélection était pour le moins colorée.

Parmi ces clients près de l’entrée du magasin, il y avait beaucoup d’autres personnes, bien que la plupart d’entre eux ne soient pas masqués et vêtus comme moi. Certains portaient des robes ou des masques, oui, mais je n’avais pas réussi à repérer un autre client avec un masque qui se détachait autant que mon masque en forme de crâne.

La plupart de ces clients masqués étaient des victimes de brûlures ou de cicatrices, de sorte que leurs masques avaient été utilisés pour masquer leurs blessures. De ces clients en particulier, j’avais ressenti des regards de ce qui m’avait semblé être de la pitié. J’avais entendu dire dans le passé que les personnes portant des masques particulièrement grands et ornés étaient respectées de cette étrange façon.

Malgré cela, bien qu’il y ait eu des individus avec des masques fantaisistes, ils avaient généralement en plus une tenue tout aussi fantaisiste. Quelqu’un comme moi, avec un masque orné et une robe relativement simple, se détachait davantage, comme un pouce endolori.

Mais je ne pouvais pas rester là sans rien faire. J’étais maintenant à l’entrée du bâtiment principal de la Compagnie Marchande Stheno. Dois-je entrer tel quel ? Comme j’opérais habituellement tard le soir ou tôt le matin — ou du moins pendant les heures moins achalandées de l’après-midi — je n’avais pas l’habitude de me tenir debout au milieu d’une telle foule. C’était un peu nostalgique, mais je m’étais senti nerveux, me demandant si je devais changer de tenue vestimentaire. Cet endroit m’avait peut-être troublé plus profondément que ma rencontre avec le Dragon de Terre…

Bah. C’était une exagération. J’ai tenu tête à une telle bête ! Pourquoi aurais-tu peur d’une foule normale, Rentt ?

Après ça, j’avais marché droit dans l’entrée, avant de franchir les portes.

« Bienvenue, bienvenue, cher client ! Puis-je vous être utile aujourd’hui ? »

Une voix m’avait interpellé dès que j’avais franchi ces portes. Rapidement, un homme grand s’était approché de moi. Il faisait preuve d’un certain professionnalisme. Pendant qu’il se déplaçait vers moi, j’avais pu voir à la cadence de ses pas qu’il était un aventurier.

Comme on peut s’y attendre d’un grand magasin phare… Même ses employés étaient quelque chose d’autre.

Les magasins moyens étaient différents, on pouvait entrer et sortir comme bon nous semblait. Honnêtement, je préférais de tels magasins, mais si l’on désirait des articles d’un certains raffinement et qualité, un magasin comme celui-ci était beaucoup plus fiable.

Il y avait une présence rassurante au sujet de l’homme. C’était presque comme si l’on pouvait lui laisser la liste d’épicerie entière, et il ne choisissait que les articles les plus appropriés pour l’occasion. Un tel établissement pourrait, bien sûr, vendre à quelqu’un tout ce dont il n’avait pas vraiment besoin. Mais encore une fois, un établissement de ce niveau avait très probablement compris que faire une telle chose ne servirait qu’à amincir leur base de consommateurs.

« Ah… Hmm. Ahem. Oui. Je m’appelle Rentt Vivie. C’est moi qui avais tué une Tarasque avant…, » déclarai-je.

Après avoir entendu mon nom, l’homme semblait convaincu, mais il m’avait rapidement coupé la parole au milieu de la phrase.

« J’ai été informé de votre arrivée, monsieur. S’il vous plaît, par ici, » déclara le membre du personnel, en me conduisant à l’arrière du magasin.

Cet espace ne faisait plus partie de l’étage de vente, mais plutôt d’un palier pour une sorte d’ascenseur, probablement un ascenseur que nous allions prendre vers les bureaux administratifs de l’immeuble.

« Je ne suis pas allé dans cet établissement depuis un moment. Je n’aurais pas pensé que quelque chose comme ça existe maintenant ici…, » déclarai-je, en regardant l’ascenseur avec surprise.

« Ah, oui, oui. Nous avons récemment reçu et installé cet engin, voyez-vous. Il a été construit par des artisans — des artisans en objets magiques de la capitale. Seul ce magasin particulier à Maalt possède une telle installation. Mais… êtes-vous déjà venu dans ce magasin, monsieur ? Excusez-moi, mais combien de temps s’est écoulé depuis votre dernière visite… ? » demanda l’homme.

Des artisans en objets magiques de la capitale, hein…

J’avais déjà lu un article sur les ascenseurs dans l’un des tomes de Lorraine, mais c’était la première fois que j’en voyais un en chair et en os. D’après ce dont je me souviens, ces machines avaient été créées à l’aide de techniques provenant des pays occidentaux. À un moment donné, je me demandais quand Yaaran allait adopter de telles technologies, mais il me semblait qu’il l’avait déjà fait.

S’il y avait un ascenseur dans une ville frontalière comme Maalt, cela signifierait-il qu’il y avait beaucoup de ces machines dans la capitale ? Hmm… Étant donné qu’ils ne pouvaient être créés que par certains artisans, je supposais qu’ils n’étaient pas si communs que ça. C’était peut-être une démonstration de pouvoir de la part de cet établissement en particulier ? Une déclaration de richesse ?

Plus important encore, ce membre du personnel m’interrogeait maintenant au sujet de ma dernière visite. A-t-il pu se souvenir des visages de tous ses clients ?

Eh bien, j’aurais très bien pu parler à un autre membre du personnel au lieu de cet homme en particulier et me faire demander la même chose. Je ne m’en souvenais pas très bien. C’était peut-être une exigence de cet établissement en particulier que le personnel se souvienne de ses clients.

Malgré tout, c’était une question particulièrement troublante pour moi. J’avais dû trouver rapidement une excuse.

« Quand était-ce vraiment... C’était peut-être un autre magasin à la place de celui-ci. Si je me souviens bien, j’ai visité avec l’intention d’acheter des feuilles de Maalt Hoonoki…, » déclarai-je.

« Ah, dans ce cas, gentil monsieur, vous feriez probablement référence à la Compagnie Marchande Witta. Cet établissement en particulier possède de nombreux articles destinés aux aventuriers. Des articles d’une qualité respectable. Bien sûr, notre magasin répondra tout aussi bien, sinon mieux, à vos besoins, » déclara l’homme.

Comme l’homme l’avait dit, les feuilles de Maalt Hoonoki n’étaient vendues que par la Compagnie Marchande Witta, et Stheno ne les vendait pas. Mais bien sûr, ce n’était qu’une excuse de ma part. Le membre du personnel, cependant, semblait convaincu, un soulagement pour moi.

C’était en grande partie liée au prestige du magasin si c’était eux qui l’offraient à la vente. Cependant, c’était un peu une nécessité pour nous les aventuriers, et Witta les stockait depuis très longtemps. En raison de la forte association entre l’article et le magasin, les autres magasins ne les vendaient pas souvent, voire pas du tout.

Comme ces plantes poussaient en abondance autour de Maalt, il était assez facile pour le personnel de Stheno de les vendre, mais étant donné que la plupart des aventuriers les achetaient simplement à Witta, il n’y avait pas grand intérêt. Il y avait beaucoup d’autres produits qui amenaient les clients à leur porte.

Honnêtement, ils avaient assez de clients comme ça. Ce n’était guère un problème pour la Compagnie Marchande Stheno.

« … Nous sommes arrivés, monsieur. C’est le cinquième étage de notre magasin. La salle de réunion est par là, si vous voulez bien entrer, » déclara l’homme en me guidant une fois de plus en sortant de l’ascenseur.

Finalement, nous nous étions arrêtés à l’extérieur d’un ensemble de portes en bois doubles — des portes d’aspect relativement cher.

Eh bien, pas tant que ça en a l’air. Les portes elles-mêmes valaient probablement une bonne somme en pièces de monnaie. Ils étaient ornés de sculptures complexes et ornées, et les boutons semblaient faits d’argent massif. Était-ce aussi fantaisiste parce que c’était une salle de réunion, ou est-ce que l’entreprise était tout simplement aussi bien nantie… ?

Quoi qu’il en soit…

« S’il vous plaît, par ici, » déclara-t-il.

D’un simple clic, la poignée des portes tourna et les portes s’ouvrirent. J’avais franchi les portes en suivant les instructions, et l’homme avait rapidement fermé les portes derrière moi après être lui-même entré.

« Mettez-vous à l’aise, monsieur, » déclara le membre du personnel, en me conduisant vers un canapé. Il alla aussitôt chercher un service à thé élaboré sur une étagère dans la pièce, qui dégageait un air d’élégance et un parfum doux et chaleureux.

« Du thé noir, monsieur. Brassé avec les meilleures feuilles que notre établissement a à offrir. Si vous le souhaitez, voici d’autres mets qui se marient bien avec le thé. Si vous voulez bien m’excuser, je vais chercher mon maître. Mettez-vous à l’aise pendant ce temps, » déclara l’homme.

En disant cela, l’homme s’inclina profondément, quittant tranquillement la pièce.

« Hmm… Délicieux. Ces petits en-cas ici aussi… »

Momentanément perdu dans le monde délectable des collations et des goûters, j’avais été surpris sans cérémonie par quelques coups bruyants à la porte. Paniquant, j’avais remis rapidement la tasse à thé sur sa soucoupe, puis j’avais fait que je pouvais pour me calmer et répondis d’une voix prudente.

« … Veuillez entrer. »

***

Partie 2

« Alors, veuillez m’excuser… »

Après ça, un grand homme au ventre rond entra dans la pièce. Ses vêtements étaient tape-à-l’œil, aux couleurs d’un marchand. Tout son être et sa présence annonçaient qu’il était un individu d’une importance particulière. Si je devais deviner, ce n’était rien d’autre que le chef de la Compagnie Marchande Stheno.

Était-ce incorrect… ? Heureusement, mes suppositions avaient vite été prouvées.

« Alors, vous êtes l’aventurier qui a tué cette Tarasque… Sire Rentt Vivie, exact ? Je m’excuse d’avoir demandé votre présence d’une manière aussi soudaine et brusque. Je suis à la tête de la Compagnie Marchande Stheno, Sharl Stheno. Au regard de ces développements… Je vous présente mes excuses les plus sincères. Si vous le désirez, monsieur, nous avons l’intention de vous offrir des rabais dans notre établissement, ainsi que d’autres moyens de rémunération et d’avantages qui pourraient vous être utiles…, » après ça, Sharl Stheno inclina la tête.

 

 

Même moi, je me sentais un peu mal à l’aise à l’idée qu’on m’ait soudainement offert autant de conditions avantageuses dès le départ. Mais j’avais des soupçons. Y avait-il autre chose dans cet arrangement que je ne connaissais pas… ?

Dans des circonstances normales, de telles concessions étaient habituellement accordées pendant les négociations sur les prix et autres, du moins, c’était comme ça quand j’avais vendu des articles rares à diverses sociétés marchandes dans le passé. Et pourtant…

Les matériaux d’une Tarasque étaient-ils tout simplement aussi respectables ? Ou est-ce que la personne qui souhaitait les matériaux utilisait simplement autant de pouvoir ? Quoi qu’il en soit, je ne pouvais pas baisser ma garde ici. C’était une pensée plutôt exaspérante.

J’avais remodelé mon masque pour que la partie inférieure de mon visage soit visible. Sans laisser remonter à la surface mes vraies émotions, j’avais plutôt ri, m’adressant au commerçant avec désinvolture.

« L’aventurier de classe bronze, Rentt Vivie, à votre service. Et aussi, au sujet de l’état actuel des choses… Il n’y a pas vraiment besoin de tout ça. Après tout, c’est moi qui ai décidé de venir ici aujourd’hui. Dire que la Tarasque pour laquelle j’ai tant travaillée pour la tuer serait maintenant vendue plusieurs fois la valeur estimée de la vente aux enchères… Honnêtement, aucun aventurier ne serait mécontent de ça. En fait, j’étais si content que j’ai même bondi pour me rendre à votre établissement aujourd’hui, » déclarai-je.

Le marchand avait ri en entendant la fin de ma déclaration.

« Vous êtes une personne inattendue et décontractée, Sire Rentt. Tout à fait différent de ce que disent les rumeurs. Elles vous ont peinte comme une personne plus, comment vous le dire… rigide, » déclara Sharl.

C’était une déclaration que je ne pouvais pas ignorer. Jusqu’où les rumeurs à mon sujet s’étaient-elles répandues ? J’avais décidé de poursuivre dans cette voie.

« Des rumeurs, vous dites ? Quel genre ? Pour être franc, je n’ai pas vraiment un bon sens de ces choses, vous voyez. Ce que les autres pensent de moi et tout ça…, » déclarai-je.

J’aurais peut-être été bien connu sous le nom de Rentt Faina, mais comme j’étais maintenant…

Le nombre de personnes avec qui j’avais interagi avait considérablement diminué. À part Lorraine, Clope, et quelques autres, je n’avais presque aucune interaction avec des aventuriers normaux. Peut-être que j’avais ramassé un objet ou deux que les aventuriers avaient laissé tomber et que je leur avais rendu. La conversation ne serait pas particulièrement profonde dans ce cas.

Ce n’était pas que je ne voulais pas leur parler, mais il y avait le danger toujours présent que mon secret soit découvert si je m’attardais. Sharl, d’un autre côté…

« Hmmmm… Sire Rentt. En tant que commerçant, révéler ses sources n’est vraiment pas un comportement respectable, mais cet incident spécifique a été entièrement provoqué par nous. J’ai déjà parlé de concessions, n’est-ce pas ? Je vais vous les dires. Eh bien… pour commencer…, » déclara Sharl.

Oh. Quel marchand d’une empathie inattendue… !

« Par où commencer ? » Sharl avait poursuivi. « Honnêtement, Sire Rentt, il était étonnamment difficile de recueillir des informations sur vous. Nous savions que vous étiez un aventurier — c’était très simple. Mais nous ne savions pas quel genre d’individu vous étiez. Cependant, et je n’étais pas d’accord avec cela, monsieur, les voix des masses vous décrivent comme “un individu des plus effrayants”… »

« Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? » demandai-je.

« Bien que vous soyez un aventurier de classe Bronze, vous ne parlez à personne. Peut-être pourriez-vous être une personne réservée qui ne se soucie pas beaucoup des autres ? Cependant, d’autres aventuriers qui ont été témoins de vos mouvements et de votre comportement dans les Donjons n’ont pas vu les compétences d’un aventurier de la classe Bronze, mais quelque chose de plus, » déclara Sharl.

Je vois… L’aventurier occasionnel avec qui je croisais les chemins… J’avais supposé qu’il y en avait qui m’avaient doublé, moi aussi, quand j’étais en plein dans un combat. C’était une des règles du Donjon de ne pas s’impliquer avec quelqu’un qu’on ne connaissait pas. Mais même alors, rien n’empêchait un aventurier d’en observer sournoisement un autre. Selon la situation, un aventurier peut même observer ouvertement les batailles d’un autre. Ce n’était pas poli, mais ce n’était nullement interdit. La plupart des aventuriers n’y prêtaient pas beaucoup attention tant que le spectateur ne se mettait pas en travers de leur chemin.

Sharl avait dû obtenir ses informations de cette façon en parlant aux aventuriers que j’avais croisés quelque part sur le chemin.

Mais… réservé et ne se souciant pas beaucoup des autres ? Je n’avais pas beaucoup parlé… à part à Sheila à la guilde. Ensuite, il y avait eu Dario à la salle de dissection, même si c’était lui le responsable, et je n’avais pas vraiment parlé à une autre personne là-bas…

Hmm… Avais-je l’air d’une personne sans amis ?

En vérité, je n’en avais vraiment pas. Si je devais montrer quelqu’un du doigt et déclarer qu’il était mon ami… Eh bien, il y avait Lorraine.

Je ne devrais pas trop y penser. Je me sentais déjà seul.

Il était vrai, cependant, que j’avais beaucoup d’amis dans la vie.

« On dirait que vous faites beaucoup d’éloges ! Bien que je ne sois pas quelqu’un d’aussi remarquable. Après tout, il y a beaucoup d’autres personnes qui sont à mon niveau…, » déclarai-je.

Je n’étais pas humble ici. Honnêtement, si je devais estimer mes propres capacités, je serais peut-être un aventurier de classe Argent inférieure, ou du moins quelque part par là ? Bien que j’aie eu pas mal d’atout dans ma manche et que j’aie parfois montré des montées massives de potentiel, ce n’était pas tout à fait le cas dans des circonstances normales dans ma vie quotidienne.

Au contraire, le fossé entre Rentt Faina et moi était assez grand. J’avais aussi la ferme conviction que je deviendrais plus fort à partir de maintenant. C’était une bonne chose.

Sharl avait acquiescé face à mes paroles. « J’avais aussi entendu de telles rumeurs. J’ai aussi entendu dire que vous êtes très efficace, Sire Rentt. Non seulement vous êtes fort, mais vous ne laissez aucune ouverture à vos ennemis. Vous ne vous battez pas pour perdre des batailles, c’est du moins ce qu’on dit… Et que l’aura de la… détermination est présent en vous ? Ça semble presque… inhumain. Ce n’est pas comme si je ne comprenais pas très bien le dernier point, Sire Rentt… »

Ne pas se battre en perdant des batailles… Je me serais échappé si j’avais l’impression que les choses allaient s’aggraver. Bizarrement, cela semblait être tenu en haute estime.

Quant à la détermination… Est-ce que j’avais vraiment tout ça en moi ? Hmm. Je voulais faire de mon mieux et donner le meilleur de moi-même, mais je n’avais pas l’intention de laisser sortir cette étrange… aura ? Pas du tout.

Quant au commentaire sur moi qui semble inhumain… Eh bien. Pour commencer, je n’étais pas humain — non pas que je puisse dire ça, bien sûr. Je me demandais si je pouvais tester Sharl avec une telle déclaration, juste pour voir sa réaction. Mais si je le faisais, ma vie dans la société humaine s’achèverait instantanément. Même s’il s’agissait d’une plaisanterie, à prendre à la légère… Je ne pouvais pas être aussi désinvolte.

« Hmm… Donc, en gros, les masses me voient comme un individu lâche et dangereux ? Ce genre de chose donc ? Alors, il semble que je n’aie pas de traits remarquables, » déclarai-je.

« Pourquoi l’interpréter ainsi, Sire Rentt… ? Quoi qu’il en soit… nous pourrions peut-être laisser cela de côté. Mais il y avait quelque chose que je n’arrivais tout simplement pas à découvrir, peu importe à quel point nous creusions, » déclara Sharl en secouant lentement la tête, une main sur son front. J’avais incliné la tête d’un côté dans la confusion.

« Hmm ? Et qu’est-ce que ça pourrait être ? » demandai-je.

« Votre lieu de naissance, Sire Rentt. Nous savons que vous êtes de l’Empire Rermutt, mais nous n’en savons pas plus que ça. Pourrais-je vous demander où vous êtes né ? » demanda-t-il.

« Hein… ? Moi, Rentt Faina, une personne de l’Empire Rermutt ? » c’est ce que je voulais dire. Cependant, j’avais entendu dire que Lorraine et Sheila avaient coopéré pour cacher un peu mon passé, donc je n’étais pas si surpris.

Sheila, qui avait accès aux dossiers de la Guilde des Aventuriers, avait très probablement modifié certains documents et enregistré cette information avec l’aide de Lorraine. Si je devais le deviner, mes liens étroits avec Lorraine avaient probablement donné l’impression d’être du même endroit qu’elle. Les aventuriers venaient souvent de milieux douteux, mais c’était la nature du travail.

J’aurais pu dire la vérité à Sharl, mais c’était quelque chose que je ne pouvais pas faire avec désinvolte avec un commerçant. J’étais un peu étrange, oui, mais peu d’individus enquêteraient sur quelqu’un aussi intensément. C’était une bonne chose que nous ayons fait toutes les petites choses que nous avions faites pour établir mon identité. En fait, ma rencontre avec un marchand comme celui-ci était aussi l’un des nombreux scénarios que Lorraine avait imaginés.

« Ce n’est rien de si mystérieux, ha. Avez-vous entendu parler de la ville mécanique d’Aavan ? Dans l’Empire Rermutt, bien sûr, » déclarai-je.

Je n’en savais rien. Je n’y étais jamais allé. Lorraine m’avait parlé de l’endroit, c’est ainsi que j’avais appris à le connaître.

Par exemple, je savais que c’était une ville de fer, de magie et de pétrole. Il était bien développé, avec des objets magiques et des machines de toutes sortes. Parmi tout cela, il y avait une pléthore de mécaniciens et de mages. C’était des ouvriers et des artisans qui fabriquaient de nouveaux produits, travaillant 24 heures sur 24, toute la journée, tous les jours. C’était un endroit qui avait attiré de nombreuses personnes à la recherche d’un emploi. Cependant, je ne savais pas si c’était la raison du nombre d’orphelins à Aavan, travaillant comme domestiques et assistants.

Beaucoup d’individus viendraient à Aavan depuis les bidonvilles, attirés par la perspective d’obtenir des moyens pour se nourrir. Moi aussi, je serais l’un de ces orphelins — c’est du moins mon histoire.

Avec cela, j’avais décrit l’atmosphère et les odeurs d’Aavan, des détails dont je me souvenais des croquis que Lorraine m’avait montrés de l’endroit. Sharl, pour sa part, semblait convaincue.

« Je vois. C’était donc quelque chose comme ça…, » déclara Sharl.

Il était impossible de dire si le marchand croyait mes paroles d’un simple coup d’œil. Mais il me semblait que mes paroles étaient quelque peu convaincantes. J’avais répondu à plusieurs de ses questions, et je n’avais pas fait d’erreurs fatales… avec un peu de chance.

J’avais fait une note mentale pour demander à Lorraine la qualité de mes réponses plus tard.

« Il semble que nous ayons eu une longue discussion, Sire Rentt, » poursuit Sharl. « J’ai l’impression d’avoir maintenant une meilleure compréhension de votre personnalité. Hélas, l’heure est venue. La personne qui veut vous parler arrivera bientôt… Cela ne vous dérange pas ? »

***

Partie 3

Alors que j’avais acquiescé à sa question…

Toc, toc, toc…

Quelques coups rapides avaient retenti à la double porte en bois. Quel bon choix du moment !

« … Lady Nive Maris et Lady Myullias Raiza sont arrivées, » déclara une voix de l’autre côté de la porte. C’était très probablement le membre du personnel de tout à l’heure.

Sharl m’avait demandé confirmation. J’avais hoché la tête une fois de plus.

« Ouvrez les portes, » déclara-t-il.

Après ça, il s’était levé. Moi aussi, j’avais suivi son exemple.

La porte s’était ouvert… et deux femmes étaient sorties de là. C’était deux femmes d’une beauté surprenante et à couper le souffle.

L’une d’elles avait une tête recouverte de cheveux gris et elle avait des yeux d’un rouge étincelant. Il était impossible de lire son expression ou ses intentions. L’autre avait les cheveux et les yeux argentés comme de l’améthyste. Cette femme avait une aura presque éphémère.

Les deux femmes avaient probablement un peu moins de 20 ans, ou peut-être près de 25 ans. Même si je n’étais pas particulièrement doué pour déterminer l’âge des femmes en général, j’aimerais croire que j’en avais une idée approximative.

Je me rendais à peine à ces endroits maintenant, mais mes aînés aventuriers dans le passé m’amenaient souvent dans certaines tavernes où les femmes recevaient des invités aux tables. Elles demandaient souvent : « Oh, quel âge pensez-vous que j’ai ? » et mes suppositions étaient souvent loin de la vérité. Quant à mes aînés, ils avaient réussi à deviner l’âge de l’animatrice, souvent de deux ou trois ans près. C’était un exploit étrange dont ils étaient capables. Comment savaient-ils ces choses ?

Ce n’était pas la peine d’y penser en ce moment.

Lorsque les deux femmes étaient entrées, le membre du personnel était sorti de la pièce et avait fermé les portes derrière lui.

« Bienvenues, Lady Nive, Lady Myullias. Cet individu devant vous n’est autre que l’aventurier qui a tué la Tarasque, Monsieur…, » commença Sharl se retournant pour me regarder, comme si cela m’incitait à me présenter. C’est peut-être parce qu’il s’adressait ainsi aux femmes, mais il m’avait semblé évident que ces deux femmes avaient un statut social élevé.

Quel marchand d’une empathie inattendue… !

Je m’étais présenté. « Rentt Vivie, aventurier de classe Bronze, à votre service. »

J’avais baissé la tête. Après ça, j’avais entendu une voix répondre de façon quelque peu inattendue.

« Ah, je n’aime pas vraiment les formalités comme ça ! Levez la tête, Monsieur Rentt. Je ne suis pas quelqu’un de spécial, pas vraiment… Ah. Hmm. Peut-être que Lady Myullias est spéciale — importante ! Ah, non, non, non. Je ne suis ni importante ni spéciale du tout. Bien que j’aie un titre, je suis plus ou moins une citoyenne normale. »

J’avais lentement levé la tête, un peu prudemment, pour voir l’une des deux femmes rayonner.

 

 

D’après ce que j’avais entendu, c’était la femme aux cheveux gris, Nive. En vérité, j’avais déjà entendu parler de son nom.

Nive Maris… Ce n’était rien d’autre que le nom d’un aventurier de classe Or d’un pays voisin. Elle possédait un talent et des capacités incroyables, et on disait d’elle qu’elle était l’aventurière de classe Or la plus proche d’une classe Platine en termes de puissance. En reconnaissance de ses réalisations et de ses exploits, on lui avait décerné le titre de baronne. C’est probablement pour ça qu’elle avait dit ces mots.

Quant à ses exploits… Eh bien. C’était des exploits qui ne s’accordaient pas très bien avec moi…

« Oui. Moi aussi, je suis un aventurier, et j’ai entendu parler de vous. Si je me souviens bien, vous avez tué un vampire moyen qui avait établi un nid dans une grande ville. Chasseur de vampires… Nive Maris, » déclarai-je.

C’était une aventurière qui, pour une raison ou une autre, semblait se spécialiser dans la traque des vampires. Malgré tout, la plupart de ses cibles étaient des vampires mineurs, des Thralls, etc. Cependant, elle avait déjà tué un vampire moyen et son clan, les chassant de la ville où ils s’étaient établis. C’est cet acte qui avait fait que son nom s’était largement répandu.

Alors qu’elle était en effet forte, elle possédait aussi la capacité de rechercher les vampires qui marchaient parmi les vivants, cachant leur forme. Je savais au moins ça.

Je ne connaissais cependant pas les moyens qu’elle employait pour détecter ces vampires…

Quoi qu’il en soit, il était indéniablement vrai qu’elle avait écrasé un vampire moyen et son clan. Alors, elle était vraiment capable de ce que les histoires racontaient.

Pourquoi quelqu’un comme ça — et même l’un de mes ennemis naturels — s’est-il montré ici ? Il y avait sûrement des limites à ma malchance.

C’est ce que je pensais du fond du cœur. Je voulais m’échapper et partir tout de suite. Je me tournerais vers elle et lui dirais. « Je m’excuse, mais vous êtes un chasseur de vampires, et je suis un vampire. Nous ne pouvons pas nous entendre. Bonne journée. »

Mais bien sûr, je ne pouvais pas faire une telle chose. Le mieux que je pouvais faire était de leur parler et d’apprendre ce qu’elles voulaient, puis de rentrer naturellement chez moi… Je ne voyais pas d’autre moyen de sortir de cette situation.

Que se passerait-il si mon identité de vampire était découverte ? Ce serait fini à ce moment-là. Tout ce que je pouvais faire, c’était me battre comme si ma vie en dépendait, puis m’enfuir dans un autre pays lointain et reconstruire ma vie. Comment cela se passerait-il… ?

Je ne pouvais pas du tout lire l’atmosphère. Nive semblait… normale. Au contraire, elle avait l’air très joyeuse. J’avais l’impression de regarder dans un abîme dont je ne voyais pas le fond. Et pourtant, elle ne montrait aucun signe d’agressivité ou de prudence envers moi… Alors, ne m’avait-on pas découvert ? Qu’est-ce que c’était ?

Il y avait une jeune fille qui me regardait, rien de plus. Pourtant, je sentais que la distance pouvait se réduire instantanément entre nous, et je pourrais l’attraper par le col et lui demander : « Qu’est-ce que c’est ! » Mais si je faisais ça, je mourrais certainement.

J’avais supposé qu’il n’y avait rien d’autre à faire que de parler. Si je découvrais un obstacle, je traverserais ce pont quand j’y serais arrivé.

« Oh, vous me connaissez, je vois. De penser que mon nom se répandrait dans un endroit rural comme celui-ci… Ah ! Je ne voulais pas me moquer de l’endroit ou quoi que ce soit d’autre, alors vous allez devoir me pardonner, » déclara Nive, s’excusant presque immédiatement d’avoir commenté l’emplacement géographique de Maalt.

Bien que je ne m’en souciais pas particulièrement, certaines personnes seraient très mécontentes de telles déclarations.

« Quel endroit rural ? C’EST UNE VILLE ! » diraient-ils.

Cependant, ce n’était pas vraiment une ville… Peu importe comment on la regardait, Maalt n’était en fait qu’une petite ville rurale. Très rural. C’est ce que moi, Rentt Faina, qui vivait ici depuis longtemps, pouvait dire. C’était une vérité irréfutable. Une réalité.

« Non. Comme vous le dites, c’est tout à fait un lieu rural… Et cette dame là-bas ? » demandai-je.

J’avais fait un geste vers la femme aux cheveux argentés. Elle avait réagi rapidement.

« Je m’excuse pour ma présentation tardive. Je suis la sainte prêtresse Myullias Raiza, au service de l’Église de Lobelia. Enchantée de faire votre connaissance, » déclara l’autre.

Elle avait regardé droit dans ma direction. Presque immédiatement, j’avais senti une sensation douce et étrange envahir mon corps. Ce n’était pas douloureux, c’était plutôt comme si j’avais été enveloppé d’un sentiment ambivalent.

Qu’est-ce que… c’était ?

En réfléchissant, je sentais résonner la Divinité en moi, comme si elle était sur le point d’être retirée de mon corps même. C’était…

Je m’étais tourné vers Myullias, qui avait maintenant une expression de surprise sur son visage.

« Auriez-vous la chance d’être… béni par la divinité ? » demanda-t-elle.

Je voulais savoir pourquoi elle le savait, mais j’avais déjà des soupçons. J’avais supposé que je devrais maintenir les apparences en attendant.

« Ce sentiment tout à l’heure… par hasard, c’était donc vous ? » demandai-je.

« Oui, je pensais vous bénir avec la Divinité… Je suis destinée à fendre les ténèbres, vous voyez… Euh, comment devrais-je dire ça… ? » déclara la prêtresse.

Myullias avait jeté un coup d’œil sur Nive. On aurait dit qu’elle avait du mal à expliquer ses actions. Nive, cependant, riait tout simplement de ce geste.

« Ah, non. Je suis désolée pour ça. Comme vous dites, Monsieur Rentt, je suis assez célèbre, vous voyez ? Alors, les gens essaient de me virer tout le temps ! Si c’était une attaque normale ou quelque chose comme ça, je pourrais y faire face, j’en suis sûre, mais je dois faire attention aux choses comme les poisons, vous savez. C’est pourquoi notre sainte prêtresse, Lady Myullias, est ici avec nous aujourd’hui… J’ai demandé si elle pouvait venir purifier l’environnement. Je peux aussi utiliser la divinité, mais des choses comme la purification et les bénédictions… Je ne suis pas douée avec ces trucs. Avoir un assistant de l’Église de Lobelia est vraiment utile ! Je suis assez bonne pour détecter les vampires, vous voyez. Ils sont faibles face à la Divinité et tout ça, et si c’est un faible, frappez-les avec, et pouf ! Ils partent vers le ciel, » déclara Nive.

Nive aimait apparemment parler. Bien que ses paroles aient été décontractées et parfois désinvoltes, le contenu était un peu plus important…

Myullias était une prêtresse-sainte de l’Église de Lobelia. Pour que Nive puisse demander une escorte personnelle de cette manière… J’avais facilement compris l’influence et le pouvoir qu’elle exerçait. Et puis il y avait eu cette déclaration selon laquelle elle était bonne dans son travail…

Mais les vampires sont-ils faibles face à la divinité ? Je restais encore béni par la Divinité, mais j’avais l’air d’aller très bien… Avais-je déjà entendu parler de quelque chose comme ça avant ? Je ne le pense pas…

Était-ce vraiment la vérité ? Eh bien, on pouvait la canaliser dans ses armes et blesser un vampire avec ça… Mais les frapper avec la Divinité seule ? Je n’avais jamais rien entendu de tel. Si c’était vraiment vrai, la chasse aux vampires serait le territoire monopolisé des saints et des prêtres saints.

Ce n’était cependant pas le cas. Alors, était-ce un mensonge ? Cette méthode ne semblait pas possible.

Nive avait peut-être compris mes doutes.

« Ce n’est pas comme s’il n’y avait aucun effet si vous le faites normalement, vous savez ? J’ai mes méthodes, voyez-vous afin de le découvrir avec certitude. Une méthodologie très éprouvée. Je l’ai même découvert ! C’est pourquoi je peux le faire, mais pas les autres. C’est tout ce qu’il y a à dire, » continua Nive.

***

Partie 4

« Une méthodologie bien établie, vous dites…, » demandai-je.

Existait-il vraiment une telle chose ? En dehors de ce que je connaissais instinctivement de la Divinité et de la manière de l’utiliser, je n’avais pas d’autres connaissances en la matière. En tant que tel, je ne pouvais pas évaluer si une telle chose était possible…

Au contraire, Nive disait que seule elle pouvait le faire. Était-ce possible, même si elle connaissait bien les façons d’utiliser la Divinité… ? Je n’avais aucun moyen de vérifier la véracité de ses déclarations.

J’avais jeté un coup d’œil à Myullias, qui se tenait à côté de Nive. Son expression était celle d’une suspicion massive, presque comme si elle disait elle-même : « Vraiment ? Vous pouvez faire ça maintenant ? »

On aurait dit que ces deux femmes n’étaient pas en bons termes l’une avec l’autre. Nive avait peut-être demandé une assistante, mais elle n’avait peut-être pas demandé Myullias en particulier. Hmm.

« Oui, la méthodologie ! » poursuivit Nive. « Avec cette technique, je suis devenue une chasseuse de vampires qui ne rate jamais sa cible ! Bien sûr, les humains normaux ne sentiraient rien même si je leur faisais ça. Enfin… si c’est un humain normal. »

Alors… qu’est-ce que c’était censé vouloir dire exactement ? Avais-je été découvert ? Ou pas ? Je ne pouvais porter aucun jugement sur ma situation.

Ce… sa « méthodologie ». L’avait-elle déjà fait ? Non, c’est impossible. Si elle l’avait déjà fait, je serais déjà capturé et en train d’être tué.

Il y avait un dicton bien connu à propos de Nive Maris : ses dents et ses ongles existaient dans le seul but de déchiqueter les vampires. Donc dans ce cas, je suppose que je n’avais pas encore été découvert ?

Néanmoins, elle me soupçonnait. J’avais bien compris ça. Je savais aussi qu’elle cherchait des informations. Dans ce cas, serait-elle capable de dire que j’étais un vampire avec cette étrange méthode ?

Je continuais à me le demander, à m’inquiéter de l’état de mon secret.

« Oh, doutez-vous de moi ? Non, non, non. J’ai compris. C’est ce que je fais. Personne ne me croit quand je le dis au début. Alors cette fois, j’ai trouvé un vampire qui marchait dans les rues, et je l'ai déchiqueté… et tout le monde m’a traitée comme une meurtrière. Mais bien sûr, dès qu’ils ont réalisé que la chose que j’avais tuée était un vampire, une récompense considérable m’a été offerte. Ouais… c’était un sacré désastre, n’est-ce pas ? » déclara-t-elle.

Nive avait ri. Je pouvais l’imaginer dans ma tête maintenant… C’était un spectacle terrible.

Mais il va sans dire que le fait d’attaquer soudainement un passant dans la rue et de le déchirer aurait pour effet de la traiter comme une meurtrière. Du point de vue de Nive, ne pas disposer d’un vampire immédiatement après l’avoir repéré était peut-être dangereux pour les humains vivant dans ce lieu particulier. Pourtant, pour tuer quelque chose en plein jour, en pleine vue des citoyens… Bien sûr qu’ils seraient traités comme des meurtriers. S’il y avait quoi que ce soit, ils seraient immédiatement arrêtés.

Bien sûr, un aventurier assez fort pour chasser et tuer des vampires ne serait pas facile à attraper. S’ils étaient vraiment innocents et n’avaient rien à cacher, il y avait de fortes chances qu’ils coopèrent avec les autorités.

« Alors… Comme vous n’avez pas l’air de me croire, que diriez-vous d’essayer ? Juste une fois ? C’est une expérience assez rare, vous savez ? Comment le dire... C’est une sorte de bénédiction divine ? Presque ? En quelque sorte ? La plupart du temps, les humains normaux sont très heureux quand ils le voient ! Je suppose que les gens normaux sont comme ça, hein ? La divinité est une bonne chose, elle apporte des bénédictions et du bonheur, et ainsi de suite, c’est ce qu’ils pensent. Et puis il y a les groupes religieux qui vont avec leur peuple saint et tout ça, mais ils ne bénissent pas les gens si souvent ! Ça me facilite la tâche, vous voyez ? Bénir les gens dans la rue. Oh, non, non, non. Ce n’est pas du tout une critique de l’Église de Lobelia… ouais ? » déclara Nive.

L’expression de Myullias s’était visiblement assombrie à mesure que Nive poursuivait un long monologue. On ne pouvait pas très bien le dire d’un coup d’œil, mais il était évident que Myullias devenait de moins en moins enthousiaste au sujet de sa tâche.

Bien que Nive l’ait nié, son commentaire était évidemment une critique à l’égard des organisations religieuses. L’Église de Lobelia, en particulier, n’avait donné ses bénédictions que lorsque les saints prêtres s’étaient aventurés dans un but ou dans un autre. C’était seulement pour l’argent selon moi, étant donné la façon dont leur système d’eau bénite fonctionnait.

En échange de leurs apparitions publiques relativement rares, l’Église avait eu un certain nombre de pratiquants de la divinité particulièrement puissants. Est-ce parce qu’ils étaient bien payés ?

Dire que l’Église du Ciel Oriental s’était contentée de chapelure et de frugalité… Eh bien, cette église avait aussi de solides pratiquants de la Divinité, preuve que les humains n’étaient pas toujours prédisposés au mal.

« Essayez ça, Lady Nive ? Vous dites cela, mais… c’est assez effrayant, » dis-je.

Le sens de mes mots était simple : Non ! C’est une mauvaise idée ! Je serais dans le pétrin ! Mais Nive ne semblait pas comprendre cela.

« Ah, désolée pour ça. Vous voyez, les autres ne me font pas vraiment confiance trop souvent… Surtout quelqu’un comme moi. » Peut-on faire confiance à une fille aussi désinvolte ? « Non, probablement pas. Ne vous inquiétez pas. J’ai compris. Oh, comment l’obtiens-je… ? Cependant. Je ne raconte pas de grandes histoires sur ma propre force. Même ainsi… Hmmm. Ah ! Monsieur Sharl. Voulez-vous l’essayer ? Je peux voir cet intérêt sur votre visage, Hmmm ? »

Nive avait soudainement dirigé son attention vers le marchand, qui nous écoutait depuis le début. Il était très probablement resté silencieux tout ce temps par considération, ne voulant pas interrompre la conversation entre Nive et moi.

D’abord, c’est Nive qui avait voulu me rencontrer. Il avait peut-être décidé qu’il ne devrait pas participer à la conversation à moins que la situation ne l’exige.

Dans ce cas, Nive lui avait parlé franchement. Sharl, cependant, n’avait pas du tout une telle expression sur son visage. Au contraire, il avait l’air un peu inquiet.

« Eh bien ! Voyez les choses de cette façon ! Vous allez recevoir une bénédiction divine ! Si vous dites cela, ne serait-il pas possible que de telles nouvelles aient un impact positif sur les affaires ? Il y a aussi des avantages tangibles, oh, oui ! Les monstres ne vous approcheront pas avant un bon moment, vous savez ! Et, contrairement à l’Église de Lobelia, je ne demanderai ni dîme ni compensation ! C’EST GRATUIT ! Je pense que c’est une bonne affaire, non ? » déclara Nive, comme si elle essayait de vendre ses propres marchandises à un marchand.

Sharl n’avait pas l’air très enthousiaste à ce sujet. C’était peut-être parce qu’il avait senti que cela ne finirait jamais sans son accord…

« … Je comprends. Ça ne fait vraiment pas mal, n’est-ce pas ? » Sharl avait pris la parole, soulignant la dernière moitié de sa déclaration.

Nive acquiesça d’un signe de tête sage. « Oui. Si vous n’êtes pas un vampire, bien sûr. Si vous êtes un Vampire, alors ça fera mal, oh, oui, ça fera mal. Mais c’est à ça que ça sert ! Vous n’êtes pas un vampire, n’est-ce pas ? »

L’étincelle lui revint dans les yeux, juste au moment où elle prononça la dernière partie de sa réponse.

Ces yeux étaient terrifiants. C’était des yeux qui m’avaient transpercé jusqu’au fond du cœur. Il n’y avait pas une seule trace de la nature désinvolte qu’elle montrait jusqu’à présent. Ses paroles n’étaient plus non plus légères, et elles n’étaient pas du tout une plaisanterie.

C’était donc le chasseur de vampires, Nive Maris…

Sharl avait dégluti en remarquant l’expression momentanée de Nive. Cependant, il avait rapidement offert une réponse.

« Mais bien sûr. Je mentirais si je disais que je ne veux pas vivre éternellement, oui… Mais je ne pense pas que je voudrais renoncer à mon humanité. Pas si ça veut dire que je deviens un monstre. Si ma vie devait se terminer, je voudrais mourir en tant qu’humain et partir paisiblement avec les bénédictions et le pardon des dieux. Eh bien… tout bien considéré, je n’ai probablement pas vécu une vie assez pieuse pour partir de cette façon…, » dit Sharl, riant amèrement en le faisant.

Que pouvais-je faire ? Je m’excuse sincèrement d’être devenu un monstre, mais ce n’était pas quelque chose que j’avais intentionnellement fait ou recherché. Au contraire, je voulais redevenir un être humain. Donc si je disais quelque chose comme ça, je serais en sécurité, non ?

Quelque chose dans le sens de ressentir sa fierté en tant qu’être humain. Du moins, c’est ce que je pensais, dans mon cœur.

Nive avait rapidement répondu.

« Vous êtes après tout un marchand. Pour avoir un magasin aussi grand que celui-ci, je suis sûre qu’il s’est passé beaucoup de choses. Mais vous savez, je ne pense pas que les dieux soient si radins, pas vrai ? Ils ne vous condamneraient pas à la damnation à cause d’une petite… activité marchande. N’est-ce pas, Lady Myullias ? » demanda Nive.

Nive regarda son compagnon. Myullias considérait Nive avec un mélange d’incrédulité et de curiosité. Peut-être que Myullias ne savait pas si Nive croyait vraiment ce qu’elle disait.

Avec une expression vague, Myullias répondit. « Je ne peux pas comprendre la volonté des dieux. Tout ce que je sais, c’est que les dieux ne feraient pas de discrimination. Tous ceux qui désirent le salut seront sauvés. »

« Voilà. Vous voyez ? » dit Nive d’un ton désinvolte.

Sharl continua simplement à rire maladroitement, mais semblait maintenant plus détendue au sujet de son destin.

« Alors, Lady Nive… Si vous voulez bien. Comme vous l’avez dit tout à l’heure, ça ne vous dérange pas si je l’utilise dans ma publicité ? Que moi, Sharl Stheno, j’avais reçu une bénédiction divine du chasseur de vampires, Lady Nive Maris... » demanda Sharl.

Étant donné la nature de la question de Sharl, je pouvais supposer que peu de gens savaient que Nive avait des réserves de Divinité. « Tu ne le cachais pas ? » serait la vraie nature de la question de Sharl.

Nive, en revanche…

« Oh, ça ne me dérange pas du tout. De toute façon, je ne le cache pas. Ceux qui savent le sauront. Donc, puisque j’ai votre consentement, je vais le faire maintenant, d’accord ? » déclara Nive.

« Ah, oui, oui. S’il vous plaît. »

Après ça, Sharl s’était mis à genoux, à genoux devant Nive.

Cette posture était la même que celle adoptée par les fidèles de l’Église de Lobelia, la manière correcte de recevoir une bénédiction divine.

***

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