Nozomanu Fushi no Boukensha – Tome 4 – Chapitre 2 – Partie 10

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Chapitre 2 : Matériel pour l’arme de ma disciple

Partie 10

« … Un Dragon de Terre, dis-tu ? Je vois que tu as eu une autre rencontre scandaleuse, Rentt. Peut-être est-il sûr de supposer que tu es maudit par quelque chose…, » Lorraine, la propriétaire de cette demeure, déclara ça, avec de l’exaspération et de l’incrédulité, écrite sur son visage.

Après ma rencontre avec la grande bête, j’avais quitté le Labyrinthe de la Nouvelle Lune pour retourner dans le monde d’en haut. Après avoir vendu à la guilde tous les monstres périssables, j’étais rentré chez moi, tremblant jusqu’au bout.

J’avais gardé des cristaux magiques et des matériaux qui n’étaient pas facilement périssables, y compris les objets nécessaires à la création des armes d’Alize. Comme je ne pouvais pas prendre un marteau et commencer à affiner le fer de mana en ma possession, alors je l’avais mis de côté, avec l’intention de rendre visite à Clope et de passer la commande comme un client approprié. J’emmènerais Alize dans un tel cas.

Clope avait ses bizarreries, du moins celles que je connaissais. Si l’individu pour lequel l’arme était faite n’était pas présent, je serais sûrement bombardé de questions.

« Même moi, je serais prêt à le croire qu’à ce stade. Pour commencer, que faisait un Dragon de Terre là-bas ? Il n’y avait pas de nouvelles ! Aucune annonce de la guilde. Sans parler du fait que c’était seulement le quatrième étage. N’est-ce pas étrange ? » avais-je dit, en avalant le vin chaud que Lorraine m’avait préparé. Je me plaignais presque et j’exprimais mes griefs, comme n’importe quel aventurier ivre dans une taverne.

En vérité, je n’étais pas vraiment ivre. L’apparition du Dragon de Terre n’avait rien à voir avec Lorraine. Je n’avais pas l’intention de me plaindre à elle, mais j’avais juste besoin d’exprimer mon mécontentement, mon indignation, à propos de quelque chose. Je n’avais pas le choix.

C’était comme ça :

La situation à laquelle j’avais été confronté ressemblait beaucoup à celle d’un ogre apparaissant soudainement au premier étage du Reflet de la Lune. Ou peut-être une horde géante de gobelins apparaissant soudainement dans les rues d’une ville relativement sûre… C’était un événement déraisonnable. Peu importe à quel point on se préparait, il était tout simplement impossible d’éviter ce genre de situation. Même si l’on s’échappait calmement et rationnellement, il faudrait d’abord avoir les capacités et la force d’un aventurier de classe Platine, donc il va sans dire que je ne pourrais en aucun cas égaler cela pour l’instant. C’était impossible.

C’était peut-être parce que Lorraine comprenait ce que je ressentais, ou parce qu’elle avait vu à travers mes divagations d’ivrognes et qu’elle avait simplement laissé passer, mais elle avait répondu avec un sourire empathique.

« Eh bien, Rentt. Il n’est pas impossible qu’un monstre fort apparaisse sur un étage peu profond… Mais un Dragon de Terre au quatrième étage est vraiment déraisonnable. Cela va plus loin que le simple fait d’avoir de la malchance. Cependant… tu es revenu avec ta vie intacte. Ne devrais-tu pas en être reconnaissant ? Viens maintenant. J’ai préparé pas mal de plats pour toi. Comment sont-ils ? Délicieux, non ? »

La table était recouverte d’assiettes de nourriture, toutes préparées sur une échelle beaucoup plus grande et luxueuse que d’habitude. Chacun de ces articles avait été fabriqué par les mains de Lorraine et infusé avec des gouttelettes de sang pour qu’ils aient un goût agréable à mes yeux.

La nourriture était vraiment délicieuse, tout comme le vin.

Miam miam… Avale… avale. Non, attends. Ce n’était pas ça.

« C’est délicieux, mais…, » Lorraine essayait-elle de me distraire du problème ?

Je levai les yeux, je la regardai dans les yeux. Elle hocha la tête sèchement en réponse.

« Eh bien… oui. Je suppose qu’il y a des raisons de s’inquiéter. D’après ce que tu m’as dit, Rentt, le Dragon de Terre n’a-t-il pas disparu dans le sol… ? » demanda Lorraine.

« Oui. C’était près de ce qui semblait être un site minier, comme une sorte de fosse d’excavation, » répondis-je.

« Là, tu dis ? Je vois…, » déclara Lorraine.

Lorraine était-elle déjà descendue au quatrième étage ? On aurait dit qu’elle avait reconnu l’endroit que je décrivais.

« En as-tu entendu parler… ? Cela me tracasse depuis un certain temps… Cet endroit a-t-il été créé par le labyrinthe pour ressembler à ça, Lorraine ? » demandai-je.

« … Pas exactement, Rentt. Cette installation a été faite par les mains de l’homme… bien qu’il y a bien longtemps. Tout comme tu t’es aventuré dans la fosse pour extraire le minerai, d’autres avaient fait la même chose. Le Fer de Mana y a été miné. Cette fosse était probablement une mine construite à cet effet, Rentt. Peut-être datant de quelques siècles, voire de milliers d’années, » répondit Lorraine.

La discussion s’était considérablement intensifiée. Si cette installation avait existé il y a si longtemps… Est-ce que cela signifiait que Maalt n’existait même pas à l’époque ? Le labyrinthe était-il si ancien ?

Bien que j’avais d’abord prévu de mieux comprendre le fonctionnement intérieur du labyrinthe et ses monstres, me plonger dans l’histoire était tout autre chose. Bien que j’aie eu une certaine connaissance de l’histoire du royaume de Yaaran et de Maalt, tout ce qui concernait les civilisations précédentes se trouvait dans la tête des chercheurs spécialisés.

« Prenons l’exemple du fer de mana dont nous parlons en ce moment, » poursuit Lorraine. « Les techniques d’excavation des Nains brillent lorsqu’il s’agit d’extraire ce matériau particulier. Si l’on souhaite une grande quantité, il serait plus rapide d’entrer en contact avec eux, et simplement acheter la quantité requise. Toutefois, c’était le cas lorsque cette installation d’excavation était encore en activité. Si je devais le deviner, Rentt, le Fer de Mana était très probablement une ressource précieuse à l’époque, et l’obtenir était très probablement très difficile. Le fer de mana a encore de la valeur aujourd’hui, oui, mais avec une augmentation de la quantité de veines de minerai potentielles et des endroits d’où on pourrait l’extraire, c’est à peine aussi coûteux. Si tel n’était pas le cas, même si ce n’était que le quatrième étage, aucune civilisation ne construirait délibérément une installation de fouilles dans un endroit où les monstres errent librement, » expliqua Lorraine.

Lorraine avait raison. Mais si c’était vrai…

« Pourquoi, alors, les objets magiques sont-ils toujours là où ils se trouvent ? » demandai-je.

« Tu veux savoir pourquoi ils sont restés où ils étaient, ou pourquoi ils étaient encore opérationnels, Rentt ? » demanda Lorraine.

« Les deux, vraiment » répondis-je.

J’avais du mal à croire que les aventuriers ne partiraient pas avec les outils, étant donné qu’ils étaient des instruments précieux. Quant aux outils eux-mêmes, il était étrange pour eux de continuer à fonctionner maintenant qu’il n’y avait plus personne pour leur insuffler du mana. Peu importe la qualité de fabrication de l’objet magique, il lui était pratiquement impossible de continuer à fonctionner indéfiniment, à moins d’exceptions très précises.

Lorraine hocha la tête, avant de répondre calmement. « En vérité, Rentt, la réponse à ces deux questions est la même. Les objets magiques sont simplement consommés par le labyrinthe, une hypothèse raisonnable, non ? Ainsi, quiconque tenterait de ramener un tel outil serait dans l’impossibilité de le faire, et ces outils continueront à fonctionner pour l’éternité. Ce n’est pas un système que je comprends très bien, oui, mais… c’est comme ça, Rentt. Il n’y a pas grand-chose à faire à ce sujet. »

Consommé par le labyrinthe…

Il s’agissait du phénomène des aventuriers et des monstres morts qui finissent par disparaître s’ils étaient laissés seuls assez longtemps dans les labyrinthes. Les objets magiques y étaient-ils également sensibles ?

Cependant… considérant le fait que les armes des aventuriers morts apparaissaient parfois dans des coffres au trésor, j’avais supposé que ce n’était pas trop étrange. Mais dans ce cas…

« Y a-t-il eu des cas d’objets consommés par le labyrinthe, puis reproduits tels qu’ils étaient avant… ? » demandai-je.

Je n’avais certainement jamais entendu parler d’un tel phénomène.

« Ah, oui, oui. Il y a, en fait, quelques exemples, Rentt. Pas beaucoup, mais assez pour nos besoins. As-tu entendu l’histoire du bon roi Felt, Rentt ? Le roi qui a construit une ville dans un labyrinthe ? » demanda Lorrain.

Le Bon Roi Felt… C’était l’histoire d’un roi qui avait quitté son royaume d’origine, dirigeant un groupe ethnique de citoyens qui étaient injustement persécutés par le royaume. Ils errèrent sur les terres, se jetant finalement dans un gigantesque labyrinthe à l’intérieur duquel le Bon Roi construisit une ville… C’est du moins ce que dit la légende. L’histoire avait souvent été présentée dans des livres d’images, des pièces de théâtre, etc. Le bon roi Felt était un personnage bien connu de l’histoire populaire.

Bien sûr que j’étais au courant pour lui.

« Ah. Je le connais. Mais qu’en est-il ? » demandai-je.

« Ce n’est pas une simple histoire, Rentt. Il s’agit d’un registre historique des événements. Je connais le labyrinthe dans lequel il a construit sa ville… et là, debout jusqu’à ce jour, se trouve exactement la même ville, » déclara Lorraine.

« Qu… Quoi !? » Je n’avais jamais rien entendu de tel.

Comme si elle anticipait ma surprise, Lorraine avait continué calmement. « Oui, oui, oui, Rentt. Je sais ce que tu dois ressentir. Cependant, tu dois garder ce fait pour toi, n’est-ce pas ? Que l’histoire du Bon Roi Felt est réelle. Après tout, l’existence de cette ville est encore aujourd’hui considérée comme un énorme secret dans ma ville natale. Si tu tiens à ta vie, Rentt, alors tu vas sûrement garder le silence ? »

« Franchement, maintenant…, » on m’avait soudain parlé de ce terrible secret, et maintenant il m’était resté à l’esprit.

« Au vu de ces faits, » continua Lorraine, ignorant mes protestations, « le cas de l’installation d’excavation n’est pas si étrange, Rentt. Mais bien sûr, le seul dans ce royaume qui croirait en une telle théorie est ton serviteur. »

« Qu’est-ce que tu veux dire ? » demandai-je.

« Tu vois, Rentt, le peuple de ce royaume, que ce soit la Guilde des Aventuriers, ou les habitants de Maalt… Tous supposent simplement que l’installation d’excavation au quatrième étage est une bizarrerie créée par le labyrinthe. Mais bien sûr, ils penseraient que c’est comme ça. La théorie des objets magiques créés par l’homme et installés par les mains de l’homme puis absorber par le labyrinthe et mise au travail pour toujours… je dirais que ce n’est pas une théorie populaire. Tu y crois, Rentt ? » demanda Lorraine.

J’avais un peu grogné à la question de Lorraine. Mais bien sûr que je l’avais cru. Lorraine avait-elle besoin de poser une telle question ?

« C’est presque comme si tu me testais avec ces mots, Lorraine. Tu le comprends sûrement aussi. Il n’y a aucune raison de ne pas croire ce que tu as dit. Si je commençais à douter de tes paroles, en qui aurais-je confiance ? Qui est l’individu qui a enquêté et fait des recherches aussi sérieuses sur mon corps, sinon toi ? » demandai-je.

J’avais dit vrai. J’aurais du mal à trouver quelqu’un qui croirait un conte aussi grand que le mien. En fait, je ne pouvais penser à personne d’autre que Lorraine qui mènerait des recherches sincères sur mon… état.

Hypothétiquement parlant, il y aurait probablement quelques individus qui seraient trop désireux de m’examiner si je leur montrais mon corps et leur demandais de m’enseigner ses secrets. Mais ces personnes me traiteraient très probablement comme un animal de laboratoire, un sujet d’essai, et me massacreraient terriblement, me laissant errer dans un établissement de recherche ou un autre. Je serais comme un oiseau en cage pour le reste de ma vie. Au moins, j’étais sûr qu’ils ne me permettraient pas d’errer aussi librement que je le pourrais maintenant.

Lorraine sourit à ma réponse un peu chaude.

« … Oui, oui, oui. C’est comme tu le dis, Rentt. Je te présente mes excuses. Peut-être que moi aussi, je suis un peu ivre, » déclara Lorraine.

Pendant un moment, il semblait que Lorraine regardait vers un endroit invisible, très, très lointain. Je m’étais renseigné sur son état, inquiet.

Lorraine secoua lentement la tête. « Non, ce n’est rien. J’étais simplement… en train de me souvenir. Du temps que j’avais passé dans mon pays natal. Après tout, les gens là-bas me traitaient comme une bizarrerie, un irrégulier, quoi que je dise. »

« Hein ? » Il était extrêmement rare pour Lorraine de parler de son passé.

Son pays natal… Si ma mémoire est bonne, c’était le royaume dans lequel Lorraine avait vécu avant de venir à Yaaran. Si je me souviens bien, c’était le pays du savoir… Hmm, c’était quoi exactement déjà ?

« Ta patrie… était-ce l’Empire de Rermutt ? » demandai-je.

« Oui, c’est ça. Tu as une sacrée mémoire, » déclara Lorraine.

« Je suis peut-être un péquenaud rural, mais je me souviendrais sûrement de la ville natale d’une amie chère. Bien qu’il soit assez loin, et je n’ai jamais mis les pieds sur ses terres, » déclarai-je.

D’après ce que j’avais entendu dire, l’empire occupait une grande superficie de terre et était basé quelque part à l’ouest. En outre, l’Église de Lobélie avait une présence dans l’empire…

Mais bien sûr, j’avais entendu tout ça de Lorraine.

Le royaume de Yaaran, étant un petit royaume à l’est, ne ressentait guère l’influence de l’empire. Peut-être était-il plus juste de dire que l’Empire de Rermutt n’avait tout simplement aucun intérêt dans un petit royaume ennuyeux comme Yaaran. Yaaran n’était même pas vraiment connu pour ses exportations notables. L’empire n’avait rien à gagner à conquérir cet endroit…

C’est ce que je pensais, ayant moi-même passé la majeure partie de ma vie dans ce royaume.

Si l’Empire de Rermutt devait envahir Yaaran, ce serait après que Yaaran lui-même ait été absorbé dans un autre royaume plus grand. Après tout, Yaaran était un royaume rural et ennuyeux… et c’était tout.

Je me sentais triste rien que d’y penser. Ce n’était pas un si mauvais royaume, tout bien considéré ! Cependant, beaucoup d’autres aspects de Yaaran laissaient à désirer…

Inconsciente de mes monologues intérieurs, Lorraine continua.

« Contrairement au royaume de Yaaran, l’écoulement du temps semblait presque plus rapide à cet endroit. Maintenant que j’y pense… c’était vraiment une existence fatigante. Ses citoyens travailleraient dur tous les jours, donnant des coups de pied à leurs concurrents ou les utilisant comme tremplin vers le sommet. L’empire est rempli de tels individus. Considérant que l’empire et ses citoyens étaient raisonnablement prospères, je suppose que je ne peux pas m’en prendre à leur approche… mais dans tous les cas, c’était un bon exemple d’un manque de modération, » déclara Lorraine.

« Est-ce pour ça que tu es venue ici ? » demandai-je.

Lorraine semblait un peu figée à ma question, mais elle avait fini par hocher la tête.

« Oui, c’était l’une des plus grandes raisons. Peut-être pourrais-je dire que je cherchais simplement la paix… Mais assez de ça. J’ai vécu une vie bien différente de celle que j’ai vécue dans l’empire, tu vois. J’étais une élite académique. Si je me sentais vraiment à la hauteur, je pourrais facilement viser le siège de chancelier à l’Université de Rermutt. »

J’avais incliné la tête vers le nom inconnu. Une bouchée, pour un péquenaud comme moi.

« … Qu’est-ce que c’est ? Université de Rermutt ? » demandai-je.

« Ah. Mon alma mater. Un château de la connaissance, et l’un des plus prestigieux de l’empire. Cependant, n’importe qui pouvait s’inscrire à condition de travailler dur. Pas très impressionnant de ce point de vue, oui… Le siège du chancelier est l’un des plus recherchés parmi les universitaires de l’empire — enfin, l’un d’entre eux, en tout cas. Moi aussi, je n’ai pas fait exception. J’ai essayé d’obtenir le même siège pour moi. Beaucoup de choses se sont passées, et j’avais pas mal de réalisations à mon actif. Toutefois… il y avait un certain nombre d’individus qui se sont mis en travers de mon chemin, dans le but de faire obstruction à mes recherches bien sûr. J’avais exposé certaines vérités, oui, d’une manière que tout le monde pouvait comprendre. Cependant, ces personnes ont nié de toutes leurs forces ce que j’ai dit, » déclara Lorraine. « Tu comprends, Rentt ? Supposons qu’il y ait une orange devant toi. Je prétends que c’est une orange, oui ? Mais quelqu’un arrive et dit que c’est une pomme. D’ici peu, un autre prétendra qu’il s’agit d’une miche de pain… et les opposants continuent tout simplement à se multiplier. Bientôt, j’aurais été considéré comme celui qui avait tort, du moins en ce qui concerne la perception du public. Malgré tout, peu importe comment je le regardais, l’objet devant moi n’était autre qu’une orange. On pourrait perdre la tête en pensant à tout ça. »

« C’est…, » commençai-je.

Ce n’était qu’un récit trop familier. Au moins, j’avais compris que beaucoup de subtilités humaines étaient nécessaires pour le comprendre.

En d’autres termes, il y avait des gens qui étaient mécontents de la vitesse à laquelle Lorraine montait au sommet. Même si l’on ne pouvait exclure la possibilité que la personne en question ne crût sincèrement pas qu’elle regardait une orange, dans ce cas, il était évident qu’elle essayait d’empêcher Lorraine d’atteindre son but.

Quelle terrible série d’événements, pensai-je… et cela s’était peut-être vu sur mon visage, car Lorraine avait gloussé doucement en réponse.

« Eh bien… Je suppose que j’étais mauvaise pour traiter avec les gens à l’époque. Je n’étais qu’une enfant. Peut-être que je pourrais mieux réagir comme je suis maintenant… Je le pense vraiment. Maintenant que j’y repense, ce n’était pas si terrible que ça, tu sais. Même si c’était quand même un endroit difficile à vivre… J’étais fatiguée de tant de choses, c’est pourquoi je suis venue ici. Soudain, et comme par hasard… D’une façon ou d’une autre, c’est arrivé comme ça, » déclara Lorraine.

« … N’était-ce pas imprudent de ta part, Lorraine ? D’après ce que j’ai entendu dire, il semble que tu étais responsable d’un travail important, » déclarai-je.

« Oui, il en était ainsi. Cependant… si je ne l’avais pas fait, j’aurais sûrement perdu un peu de ma raison. Je voulais dire adieu à cette époque, à cet ennui et à ce sentiment constant d’irritation qui me tourmentait. Honnêtement, j’ai ressenti un sentiment de libération après mon arrivée ici. C’était une sorte de stimulation mentale que je n’avais pas ressentie depuis si longtemps, et j’étais excitée. C’était bien que je sois venue à Maalt, oui… Et, bien sûr, c’est ici que je t’ai rencontré, » déclara Lorraine.

Je savais depuis le début que Lorraine était une érudite de Rermutt, qui avait fait tout ce chemin jusqu’à Maalt parce qu’elle en avait assez de sa vie antérieure, mais c’était la première fois que j’en entendais parler aussi en détail.

Je n’avais jamais vraiment cru l’histoire de Lorraine sur le fait qu’elle n’était qu’une érudite de deuxième ordre de Rermutt, réaffectée à Yaaran pour s’en débarrasser. Je la connaissais depuis plus d’une décennie maintenant et j’avais été témoin de ses prouesses académiques et techniques de première main.

J’avais déjà discuté de la possibilité que Lorraine devienne une érudite de la cour à Yaaran, mais avec un peu plus d’efforts bien sûr. Mais Lorraine n’avait jamais été très enthousiaste ou satisfaite de cette perspective, et j’avais fini par arrêter d’en parler. Je supposais que Lorraine ne s’intéressait pas aux querelles intestines entre factions et à la politique… mais je n’aurais jamais imaginé que cela venait de telles circonstances.

Malgré tout… J’avais maintenant préféré de loin que Lorraine reste ici. Après tout, elle m’avait aidé un nombre incalculable de fois et était ma meilleure amie dans la région de Maalt.

Peu importe son passé, tout ce que l’on avait à faire, c’était de profiter de ses journées à partir de maintenant.

Pour une raison inconnue, c’est ce que j’avais pensé en terminant le reste de mon repas.

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