Nozomanu Fushi no Boukensha – Tome 3 – Chapitre 2 – Partie 1

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Chapitre 2 : Et une requête tout aussi singulière.

Partie 1

Dès le lendemain, la première chose qui m’avait salué quand j’étais entré dans la guilde était une Sheila paniquée. Ne perdant pas de temps, elle s’approcha rapidement de moi.

« R-Rentt… Rentt ! Attends ! »

Sheila semblait vraiment très perturbée. J’étais ici pour vérifier l’état de la carcasse et pour régler d’autres problèmes plus mineurs, mais j’avais l’impression que Sheila n’était affolée par aucun de ces problèmes.

« … Quel est le problème ? » lui avais-je demandé.

« On devrait en parler… ici, » déclara Sheila.

Sheila m’avait conduit à l’une des pièces vers l’arrière de la réception générale de la guilde. La salle avait été construite pour les consultations avec les clients et d’autres personnes, et ces salles étaient plus destinées à eux, par opposition à l’aventurier typique. Dans l’éventualité d’une demande particulièrement importante, complexe ou délicate, ces pièces procuraient aux clients un sentiment d’intimité dont ils avaient grandement besoin.

Fondamentalement, à moins que le client n’ait un statut social ou un pouvoir économique important, il n’aurait généralement pas l’autorisation d’utiliser ces pièces.

Mais toutes ces pièces n’étaient pas utilisées pour ça. En ce qui concerne ma situation actuelle avec Sheila, il était évident que ces pièces étaient aussi souvent utilisées pour des conversations privées ou secrètes.

Pourquoi Sheila m’a-t-elle traîné dans un tel endroit… ?

Maintenant suffisamment isolée, Sheila avait commencé à parler en chuchotant. Dans ses mains se trouvait une liasse de papiers, probablement des demandes d’un client.

« Rentt… Rentt, est-ce que tu… Es-tu un associé de… la famille Latuule ? » demanda Sheila.

Sa manière secrète et sa question étrange m’avaient fait pencher la tête de côté. Le nom en question m’était inconnu, et je ne me souvenais pas l’avoir entendu auparavant.

J’avais décidé de répondre sincèrement à Sheila. « … Non. Pourquoi… me demandes-tu ça ? Est-ce à cause de cette requête ? »

Sheila hocha la tête avec ferveur, tenant les papiers en l’air pendant qu’elle le faisait. « Eh bien ! Tu vois… ceci demande spécifiquement pour que tu sois chargé de cette tâche… »

Sheila avait remis les documents. Après les avoir reçus, j’avais rapidement lu leur contenu.

La tâche demandée par le client était simple : récolter des Fleurs de Sang du Dragon dans le marais des Tarasques à des intervalles hebdomadaires, et livrer les fleurs à un certain endroit. La récompense pour cette tâche était une somme astronomique, des chiffres que je n’aurais même pas pu imaginer pendant ma carrière de chasseur de gobelins et de slimes.

Le nom du client était également imprimé clairement sur le document…

« Ah. Je me demandais ce qui te faisait avoir une telle agitation. Je vois qu’Isaac a bien fait sa demande, » déclarai-je.

Le client n’était autre que l’homme que j’avais rencontré dans le marais, Isaac Hart. Sheila semblait surprise par ma réaction.

« Donc tu les connaissais après tout ! » déclara Sheila.

Pour être plus précise, Sheila semblait plus stupéfaite que surprise. Je suppose que cela avait quelque chose à voir avec la famille Latuule dont elle avait parlé tout à l’heure. Il serait logique de supposer que le client était le maître d’Isaac… Je pouvais voir où ça menait.

« Je suppose que c’est bien la Famille Latuule. Est-ce que la famille qu’Isaac sert ? » demandai-je.

« Oui. » Sheila acquiesça, affirmant ma théorie. « La famille Latuule est l’une des anciennes familles de Maalt, étroitement liée au développement économique de la ville. Bien que je ne sache pas grand-chose au sujet de la famille, il semblerait qu’elle et la guilde aient une histoire commune… C’est l’une des rares organisations face à qui la guilde pourrait reculer pour l’apaiser, si je devais le dire ainsi. »

D’après la description de Sheila, je suppose que la famille en question avait entre les mains des informations sensibles concernant la guilde. Quoi qu’il en soit, il était évident que cette famille Latuule exerçait un pouvoir considérable à Maalt.

Mais Isaac n’avait pas l’air d’être une personne désagréable ou intimidante. Curieux, j’avais interrogé Sheila.

« S’agit-il d’une de ces familles puissantes qui utilisent leur puissance pour faire des demandes déraisonnables ? » demandai-je.

« Non, non, non. Ils ne sont pas du tout comme ça. En fait, ils n’ont pas été très actifs ces derniers temps et leurs activités n’ont guère d’incidence sur l’économie globale de Maalt. Bien sûr, leur influence reste forte, du moins à Maalt. Il faut donc leur témoigner le respect qu’il faut…, » répondit Sheila.

Une vague explication. Pour commencer…

« Les Latuules sont-ils des nobles ? » demandai-je.

En tant que royaume, Yaaran avait ses princes et ses nobles. Plus précisément, c’était les princes et les marquis qui exerçaient le plus de pouvoir, suivi par les pairs à travers le pays. Si certains chevaliers et écuyers étaient considérés comme des nobles en ce qui concerne les titres, ils n’avaient pas autant d’influence — même si certains aimaient bien mettre en avant leurs titres.

Pour les gens du peuple, les nobles restaient des nobles, peu importe le poids de leurs titres.

Yaaran était un royaume relativement petit en marge de la civilisation. Personne ne regarderait bizarrement un duc s’adonnant à des travaux agricoles, ou un comte ayant sa propre boutique. Comparé à la plupart des autres royaumes, le concept de noblesse était un peu plus détendu ici, mais je suppose que c’était une discussion pour une autre fois.

Sheila avait rapidement répondu à ma question. « Non, ce ne sont pas des nobles, Rentt. Il s’agit tout simplement d’une famille ancienne et bien établie qui exerce une influence sociale considérable du fait qu’elle vit à Maalt depuis assez longtemps. Du moins, c’est ce que j’entends, d’où la nécessité de leur témoigner un certain respect. Bien sûr, il y avait aussi des rumeurs selon lesquelles le vicomte Lottnel, qui règne sur Maalt et ses environs, a des liens profonds avec la famille Latuule… Honnêtement, la famille est secrète, et même moi et la majorité du personnel de la guilde ne savons pas grand-chose à leur sujet. Néanmoins, tous les maîtres de guilde que j’ai vus dans ces salles partagent le même point de vue : que la guilde devrait traiter les Latuules avec le plus grand respect. Je suis ici pour t’en parler pour la même raison, pour te rappeler, Rentt… Fais attention de ne rien faire pour les contrarier. »

« … Tu devrais simplement parler, Sheila… Qu’est-ce que tu veux me dire exactement ? » demandai-je.

« Comme je l’ai dit, Rentt, un membre de mon rang ne peut pas te donner les détails. Cependant, tu ferais bien de les traiter avec respect. La famille Latuule est une vieille famille qui a une influence économique à Maalt, ainsi que des liens avec les familles nobles du pays. Tu comprends ça, n’est-ce pas ? En d’autres termes, Rentt… si tu refusais cette demande, tu ne pourrais plus vivre à Maalt ! » déclara Sheila, quelque peu exaspérée.

Quelle terrible évolution ! Je pensais que j’avais simplement rencontré un individu intéressant dans les entrailles du Marais des Tarasques, mais je n’avais pas la moindre idée de son identité.

Mais bien sûr, je n’avais pas l’intention de refuser cette demande. Tout bien considéré, les récompenses monétaires étaient grandes et le client officiel était Isaac, et non son maître. En fait, je n’avais accepté que d’examiner la demande, et je ne l’accepterais que si les conditions étaient acceptables pour moi.

La guilde ne voudrait pas que j’annule cela, et c’est ce que j’avais compris. Malgré tout, c’était une bonne étiquette de rencontrer au moins une fois le client et de discuter de la question avant de donner ma réponse. Si je devais vraiment refuser, ce serait ça.

C’était une demande comme les autres, je n’avais vu aucun problème à noter.

J’étais encore très intéressé par les spécificités de la famille Latuule, ne serait-ce que pour mieux comprendre cette famille puissante qu’Isaac servait. Je suppose, de la curiosité, non pas que Sheila puisse me donner des détails de toute façon. J’avais supposé que je pouvais leur demander en personne, ou demander à certains de mes informateurs et camarades aventuriers.

Cependant, je m’étais aventuré à Maalt pendant dix années. Même si je n’avais pas beaucoup d’aptitudes au combat, je me considérais comme bien informé en ce qui concerne Maalt.

Malgré tout… Je n’avais jamais entendu parler de la famille Latuule avant ce jour. Les noms de quelques autres vieilles familles puissantes m’étaient connus, mais Latuule n’en faisait pas partie.

Comment est-ce possible ?

Quoi qu’il en soit, Isaac serait en mesure de me dire, c’est-à-dire s’il choisit de le faire.

J’avais mis de côté mes pensées momentanément et je m’étais tourné vers Sheila. « Je n’ai aucune raison de refuser cette requête. J’ai parlé avec Isaac alors que je me trouvais dans les profondeurs du Marais des Tarasques. La raison pour laquelle il voulait me charger de cette mission, c’était parce qu’il pouvait confirmer que j’ai réussi à m’aventurer profondément dans le marais sans trop d’efforts. Alors je vais accepter cette demande si elle est correcte. »

« Vraiment… ? Est-ce que ça va aller ? Je veux dire… ta constitution, Rentt…, » déclara Sheila.

Sheila n’avait pas fini sa phrase, mais j’avais compris ce qu’elle voulait dire. J’étais encore un monstre, et la famille Latuule était une vieille famille qui avait des liens avec les nobles dirigeants de la ville. Si j’étais découvert, je serais sûrement chassé de Maalt. Dans le pire des cas, même les habitants de Maalt pourraient se retourner contre moi, et le scénario se terminerait par ma mort prématurée aux mains de mes camarades aventuriers.

Ce n’était pas une bonne idée.

J’avais secoué la tête. « Je doute qu’il puisse facilement le découvrir malgré mon apparence. En fait, Isaac, lui-même ne semblait pas trop dérangé de mon apparence quand il m’a rencontré. »

Bien que je n’en sois pas certain, il était vrai qu’Isaac n’avait pas beaucoup commenté mon apparence, alors je suppose que c’était une hypothèse juste. Même si on m’avait demandé d’enlever ma robe et mon masque devant le maître de la famille Latuule en signe de respect, je pourrais simplement dire que j’avais été terriblement brûlé par l’acide et que j’étais un hideux spectre d’homme. N’accepteraient-ils pas une telle explication ?

S’ils ne me croyaient pas, je refuserais la demande à ce moment-là.

Isaac était un homme de parole, du moins, c’était l’impression qu’il m’avait donnée. De toutes les choses, il semblait hautement improbable qu’il se concentre sur mon apparence.

Sheila hocha la tête avec hésitation. « S’il arrive quelque chose… dis-le-moi, d’accord ? Je ne sais pas ce que je peux faire, mais je vais t’aider avec tout ce que j’ai. »

En hochant la tête aux mots de Sheila, je l’avais tapotée légèrement sur l’épaule avec une main gantée, avant de sortir de la pièce.

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