Nozomanu Fushi no Boukensha – Tome 3 – Chapitre 1 – Partie 8

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Chapitre 1 : Un homme étrange

Partie 8

« Ça ne me dérange pas vraiment, Rentt. C’est comme tu le dis, l’ennui vient par vagues. Quand j’ai un peu de temps, j’ai presque l’impression d’avoir tout le temps qu’il faut, » déclara Lorraine en me regardant d’un air renfrogné alors qu’elle continuait à manger son dîner.

J’étais maintenant assis à table avec Lorraine, après être finalement revenu de mon voyage à l’orphelinat. Le sujet à l’ordre du jour était, bien sûr, l’enseignement de la magie de base pour Alize fait par Lorraine pendant son temps libre. J’avais évoqué la suggestion en racontant à Lorraine les événements de la journée, après avoir confirmé que Lorraine était bien dans une de ses périodes d’accalmie. Malheureusement, j’avais aussi involontairement décrit le temps libre de Lorraine sous un jour involontairement négatif.

Elle n’était pas du tout paresseuse. Ce n’était qu’après les faits que j’avais réalisé comment je l’avais fait voir. Heureusement, Lorraine l’avait laissé passer, tout en ayant les épaules légèrement affaissées alors que je contemplais comment j’avais failli ne pas trouver un professeur de magie pour Alize. Plus que jamais, je me sentais redevable de la magnanimité de Lorraine.

« Je m’excuse. Je ne voulais pas dire que tu étais toujours sans rien faire. Mais juste à l’occasion, tu pourrais peut-être prendre un peu de temps, » déclarai-je.

L’expression de Lorraine s’était adoucie en entendant mes excuses, ses traits traduisant maintenant plus d’amusement que d’offense. Avec quelques vagues déplacements de sa main, Lorraine s’était mise à rire.

« Je sais, je sais, Rentt. Ne pouvais-tu pas voir que je plaisantais ? Franchement. Mais je suppose qu’il y a des femmes dans ce monde qui n’ont pas le sens de l’humour. Tu ferais bien de prêter attention à ces détails, Rentt. Tu t’entends bien avec tout le monde en tant qu’aventurier, tout en ignorant impitoyablement les sentiments d’une jeune fille, hein ? » dit Lorraine, s’amusant presque à grogner en le faisant.

On dirait que Lorraine se moquait de moi. J’avais ressenti un véritable soulagement.

Les observations et les conseils de Lorraine étaient, je suppose, corrects. Mon objectif était de devenir un aventurier de classe Mythril, et j’avais consacré toute ma vie à cet objectif, en acquérant autant de compétences que possible en cours de route. Malheureusement, l’étiquette appropriée que l’on adopterait pour interagir avec les jeunes femmes n’avait jamais été un sujet d’étude.

Bien que j’aie eu à peine assez de talent pour rencontrer des clients de la noblesse alors que j’étais en vie, j’avais pratiqué mon étiquette sociale dans une certaine mesure — à savoir, au point où je serais capable de communiquer avec les nobles dames et autres si cela était nécessaire. Cependant, je n’avais pas reçu beaucoup d’instructions sur la façon de communiquer avec les femmes en général. L’étiquette sociale des femmes m’embrouillait. D’abord, j’avais de la difficulté à comprendre les bavardages. En fait, j’avais rencontré plus d’une expérience dans laquelle une réponse amicale avait amené l’autre personne à révéler ses vraies couleurs, et moi à dire quelque chose d’inutile. Dans l’ensemble, c’était une affaire très compliquée.

Je ferais bien d’être plus prudent sur ces questions à partir de maintenant.

« Merci pour l’avertissement, Lorraine. Mais comme je suis actuellement, les jeunes filles mignonnes ou pas, ne seraient pas attirées par moi, » déclarai-je.

Je faisais référence au fait que j’étais vêtu d’une robe noire, ainsi que d’un masque à l’allure suspecte, quelque peu squelettique. Pourquoi une jeune femme dans ces pays serait-elle attirée par un individu aussi étrange que moi ? Dans tous les cas, je penserais qu’une jeune femme normale se tiendrait à l’écart, étant donné mon apparence.

Par exemple, un homme vêtu d’un tel accoutrement qui se promenait dans une ruelle rencontrait une jeune fille qui vendait des fleurs… Comment se déroulerait cette interaction ?

« Bonjour… jeune fille… »

« Argh ! À l’aide ! Que quelqu’un m’aide !! »

« Attendez ! Ce n’est pas ce que vous croyez ! Je voulais juste vous parler ! »

« Ahhh ! Cet homme ! Cet homme étrange dit qu’il veut acheter mes fleurs !! »

L’homme vêtu d’un tel habit serait rapidement arrêté pour son comportement.

Bien sûr, le sens de « fleur » dans ce cas serait ouvert à une interprétation tout à fait erronée.

Ce… n’est pas vraiment une bonne tournure des événements. Je vous conseille de ne jamais parler à une jeune femme dans les rues de Maalt.

« Hé maintenant, Rentt, » Lorraine avait interrompu mes pensées. « Voici une jeune femme sous tes yeux ! Ici. » Lorraine se montrait du doigt avec un pouce nettement levé.

J’avais secoué la tête, fixant mon regard sur ce pouce.

« Où… ? Je ne la vois pas, » déclarai-je.

« Toi… ! » Lorraine avait enfoncé ses doigts dans un poing solide. « Combien de temps as-tu l’intention d’abuser de ma nature aimable et accueillante, Rentt ? Sache que si tu continues comme ça, je vais agir et je te donnerai un bon coup de poing. Est-ce ce que tu dirais ça à une jeune femme de 24 ans ? Hmm… En y repensant, j’ai lu des articles sur l’évolution de malédictions particulièrement fortes récemment… »

Après ça, Lorraine se leva de son siège, saisissant son bâton d’une main alors qu’elle tenait un étrange grimoire dans son autre. Paniquant, je levai les mains en m’excusant, essayant désespérément de calmer mon amie enragée.

« Attends… Attends ! Une jeune femme ! Tu es jeune ! Mlle Lorraine est une jeune femme ! Avec un tempérament doux et une peau d’un blanc pur ! Avec des traits bien définis et un corps bien dessiné ! La manifestation même de la Déesse de la beauté et même les fées d’antan ne peut pas être comparée avec toi ! Un être divin qui ne vieillit jamais ! Avec un esprit qui rivalise avec tout ! Tu es celle possédant les connaissances des Dieux ! Avec un caractère doux et une connaissance dans les arcanes ! Lady Lorraine est l’image même, d’une mignonne jeune femme ! »

Dans ces moments-là, il valait mieux faire des compliments à Lorraine. L’idée même de ne pas en dire autant semblait faire résonner un peu plus fort dans mes oreilles les pas de la Mort elle-même. Pour éviter cela, je jetterais mes propres définitions de la honte, et je tournerais tous mes efforts vers des louanges pour Lorraine.

Si je ne pouvais pas faire ça, que m’arriverait-il ? En fait, Lorraine comprendrait-elle même mes pauvres tentatives d’éloges ?

Je me souviens d’une époque où j’avais partagé un verre avec un aventurier qui était déjà marié. Il était célèbre pour avoir réussi à éviter la colère de sa femme d’une façon ou d’une autre, et heureusement, il avait jugé bon de partager quelques secrets avec moi pendant que nous prenions un verre. Je me demandais s’il allait bien… Aux dernières nouvelles, il prévoyait d’ouvrir une auberge quelque part dans ces terres.

Pendant que mon esprit s’occupait de ces pensées, je jetais un coup d’œil dans la direction de Lorraine, pour m’arrêter et me rendre compte qu’elle me regardait avec une expression dont je n’avais jamais été témoin auparavant.

Hm… ? Qu’est-ce que c’est ?

« Où exactement, » Lorraine, enfin sortie de sa transe, s’était mise à parler, « as-tu appris cette façon de parler de manière flirteuse, Rentt… ? ? »

Lorraine semblait plus exaspérée qu’enragée. Au contraire, je ne sentais plus une rage implacable venant de la direction de mon amie. C’était un soulagement.

« Où… ? Pas vraiment un endroit spécifique, » répondis-je. « En se promenant dans les rues de Maalt, on entend des choses ici et là. Tu entends certaines d’entre elles dans des pièces de théâtre. Au moins, j’ai juste dit ce que je pensais. »

« Qu’en penses-tu, Rentt ? Dis-tu ça à toutes les femmes que tu croises ? » demanda Lorraine.

Je secouai la tête devant Lorraine suffisamment surprise. « Eh bien… Ce n’est pas le cas. Je ne les ai pas fait entendre avant, et je n’ai pas eu de raisons de les utiliser. »

Le dire à une personne d’humeur égale comme Lorraine était une chose, mais même moi, j’aurais du mal à dire ces mots à une jeune femme qui me croise dans la rue. Je ne pouvais pas prononcer ces mots.

« Hmm…, » Lorraine s’arrêta, réfléchissant momentanément à ce que je venais de dire. « Je suppose que c’est le cas. Je m’excuse, Rentt, j’ai l’impression de t’avoir posé une question étrange… »

« Si j’avais l’habitude de dire des choses comme ça à toutes les femmes que je rencontrais, je ne serais plus un aventurier, mais juste un commerçant dans un village. Un mode de vie aussi insipide pourrait être financé même par un aventurier de classe Bronze s’il travaillait dur, » déclarai-je.

« Comme je le pensais, Rentt. Ça soulage l’esprit, » déclara Lorraine.

« Soulage l’esprit ? » Désorienté, j’avais incliné la tête vers Lorraine.

« Ah… Ça. Je suis simplement soulagée que tu ne sois pas dans tous les cas une bête lubrique, » déclara Lorraine.

C’était terrible à dire venant de Lorraine. Je suppose que je pouvais m’attendre à ça, alors que mon choix de mots était pour le moins gênant.

Des traits bien définis et un corps bien dessiné… C’était des paroles lubriques. J’avais l’impression que je devais m’excuser auprès de Lorraine pour ma pauvre tentative d’éloge.

« Eh bien, je m’excuse. Ce n’est pas ce que je voulais dire, » déclarai-je.

« Je comprends ça, Rentt. Oui, tu devrais faire attention en interagissant avec d’autres jeunes femmes… En tout cas, veux-tu un peu plus de nourriture, Rentt ? Ton bol est vide, » déclara Lorraine.

Lorraine regarda le bol vide dans mes mains. Il y a quelques instants à peine, elle était pleine de la nourriture que Lorraine avait préparée — avec une goutte de son sang dedans, bien sûr, pour le goût et ce que cela m’apportait. Je l’avais terminé rapidement, car c’était très délicieux.

Lorraine avait récemment ajouté des gouttelettes de son sang à sa cuisine, en plus de préparer de la nourriture de façon plus régulière. Elle avait mentionné que c’était pour observer mon état de santé et mes conditions physiques, donc, en d’autres termes, c’était au nom de la recherche. C’était une bonne chose pour elle.

« Il y en a encore d’autres, » Lorraine hocha la tête. « Tu peux en avoir plus si tu le souhaites — où vas-tu ? » Lorraine m’avait appelé, alors que je me dirigeais vers la cuisine. « Non, tu attends ici, Rentt. J’apporterai la nourriture. Après tout, il y en a deux chaudrons séparés. »

Lorraine m’avait arraché l’assiette des mains, avant d’aller elle-même à la cuisine. On aurait dit qu’il y avait presque une raison dans sa démarche, mais hélas, je l’avais peut-être simplement imaginée.

◆◇◆◇◆

Arrivée à la cuisine, bol à la main, Lorraine leva les yeux vers un miroir bien placé, suspendu au mur. Son propre reflet y était reflété, avec une expression relativement calme.

Lorraine se sépara les cheveux, révélant une paire d’oreilles parfaitement formées.

« Mes joues sont rouges… C’est tout à fait vrai. J’ai peut-être trop bu…, » murmura-t-elle.

Tous les deux avaient partagé du vin après un dîner. Bien que la possibilité que Lorraine se le fût suggéré ne puisse pas être niée, il était intéressant de noter que Lorraine avait une tolérance vraiment élevée à l’alcool et qu’elle n’était jamais devenue rouge à cause de l’alcool.

Ses oreilles aussi étaient rouges.

Logiquement, même Lorraine savait que son teint n’était pas causé par l’alcool. Sentant qu’elle se trouvait maintenant dans une ligne de pensée quelque peu dangereuse, Lorraine l’avait balayée.

« Je ne devrais pas trop boire… pas trop à boire… »

Marmonnant à elle-même, Lorraine avait rempli le bol qu’elle tenait dans ses mains avec quelques gestes adroits avant de retourner à la table à manger une fois de plus. Bien qu’il y ait eu, il faut bien l’avouer, beaucoup de changements dans sa démarche, il n’y avait pas d’observateurs pour le signaler à Lorraine, à Rentt ou à qui que ce soit d’autre.

 

 

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