Nozomanu Fushi no Boukensha – Tome 11 – Chapitre 3 – Partie 7

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Chapitre 3 : L’organisation

Partie 7

Ce n’est pas de ma faute si les choses se sont passées ainsi, alors laissez-moi un peu de mou. Néanmoins, je m’étais senti un peu mal à l’aise parce que tout cela ne m’avait pas semblé « juste et équitable ».

La poussée de Vaasa était venue droit sur moi, mais elle était faible. Je pensais qu’il serait facile de l’esquiver, mais au moment où j’avais pensé cela…

« Prends ça ! » cria Vaasa, et la pointe de sa lance se dirigea vers moi comme une flèche.

Ah. Il pouvait faire ça parce qu’il avait créé la pointe avec sa capacité. Bien qu’il ne m’ait pas pris au dépourvu, le projectile volait un peu plus fort et plus vite que ce à quoi je m’attendais. Peut-être que le fait d’avoir été acculé au pied du mur lui avait donné un sursaut de force, ou peut-être qu’il avait organisé les choses de manière à pouvoir tout miser sur ce moment. Je n’en savais rien. Mais la pointe de sa lance fila droit et, avant que je ne puisse m’écarter, se planta dans mon estomac.

« Oui ! » Avec un nouvel élan, Vaasa s’avança pour poursuivre son attaque. C’était naturel, d’habitude, c’était le genre de blessure qui émoussait les réactions d’une personne, même si elle essayait de se battre. Mais…

« Ça pique un peu. » La pointe de la lance étant toujours dans mon estomac, je l’avais ignorée et j’avais avancé vers Vaasa, mes mouvements n’étant pas différents de ceux de tout à l’heure.

« Qu’est-ce que c’est ? »

Naturellement, mon absence de réaction le troubla, ce qui était logique. Aucun humain ne pourrait se prendre une flèche dans l’estomac et garder exactement la même expression, et encore moins se déplacer sans entrave, mais je n’étais pas humain, et c’est tout. Si j’avais été humain, je n’aurais probablement pas gagné, pour commencer.

Alors que je réfléchissais à cela, j’avais abattu mon épée sur sa tête. Je n’allais pas le tuer, bien sûr, mais j’avais utilisé le plat de la lame. Je visais juste, et je l’avais touché directement.

 

 

« Ack ! »

Vaasa s’était immédiatement effondré. Ses yeux remontèrent dans sa tête et il resta là, immobile.

« Hé, vous êtes vivant… non ? » Un peu inquiet d’en avoir trop fait dans mon élan, je m’étais approché et j’avais vérifié qu’il allait bien.

Après avoir confirmé qu’il était bien vivant, j’avais regardé le vieil homme.

« Il est vraiment assommé. C’est votre victoire, Rentt. »

◆◇◆◇◆

« Qu’est-ce que c’était ? » hurla une voix à côté de Lorraine, depuis les tribunes des spectateurs. Le vieil homme était déjà descendu pour vérifier si Vaasa était hors d’état de nuire.

Bien qu’il ait été l’arbitre du combat, annonçant le début et empêchant toute interférence extérieure, il n’y avait eu aucun problème à ce qu’il soit assis dans les gradins. Il avait dû s’approcher pour vérifier si Vaasa était encore en vie ou simplement inconscient, mais c’était une évidence.

Lorraine regarda vers l’endroit d’où provenait le cri et vit Fuana l’experte en sortilèges. Elle avait du mal à croire au combat auquel elle venait d’assister. Son incrédulité n’était probablement pas due à la défaite de Vaasa, à son sens de la camaraderie et à sa foi en lui, mais simplement aux mouvements de Rentt.

Lorraine était avec Rentt depuis le plus longtemps, depuis qu’il avait obtenu son corps de mort-vivant, et même elle avait parfois du mal à y croire. Il est facile d’imaginer le choc que cela représente pour quelqu’un qui le voit pour la première fois.

Sentant l’occasion de s’amuser, Lorraine appela Fuana. « Quelque chose ne va pas ? »

« Quelque chose ne va pas ? Bien sûr qu’il y a un problème ! Tu n’as pas vu ça ? »

« Voir quoi ? »

« Il s’est déplacé comme s’il n’avait pas de colonne vertébrale ! Vaasa a porté un bon nombre de coups, mais il n’a pas du tout réagi ! Même pas à la fin, quand la pointe de la lance s’est plantée dans son estomac ! »

Les morts-vivants avaient en effet des colonnes vertébrales, mais leur corps était aussi souple que celui d’un mollusque. C’était une caractéristique unique qui faisait que presque tous les dégâts qu’ils subissaient n’avaient aucune importance jusqu’à ce que leur existence ne puisse plus se maintenir et s’éteigne. C’est pourquoi Rentt n’avait pas réagi aux coups de Vaasa, ni même à la pointe de la lance. Cependant, elle ne pouvait pas l’expliquer, et même si elle le pouvait, il n’y avait aucune garantie que Fuana y croirait. N’ayant pas d’autre choix, Lorraine avait choisi de donner ce qui pourrait être considéré comme une excuse un peu inexacte.

« C’est juste sa capacité, non ? Quand j’ai vu Vaasa utiliser son — ça s’appelle Strongiron, non ? — j’ai ressenti la même chose. Une capacité qui permet de créer des armes à partir de rien ? J’avais envie de lui hurler de mieux respecter les lois de la physique. »

À vrai dire, elle se demandait comment Vaasa s’y prenait. Elle pouvait comprendre les techniques de magie et d’esprit, car il s’agissait de phénomènes qui se manifestaient en utilisant les énergies du mana et de l’esprit respectivement. Cependant, elle avait l’impression que les capacités uniques étaient dérivées de quelque chose d’autre. Elles ne semblaient pas faire appel à une quelconque énergie. Peut-être que, comme pour le mana, seuls ceux qui le possédaient pouvaient le ressentir, mais…

En ce sens, Rentt et Vaasa semblaient aussi inhabituels l’un que l’autre pour un humain « normal » comme elle.

Malgré le fait qu’elle soit elle-même une utilisatrice de pouvoir, Fuana trouvait toujours Rentt étrange. « Même papy montrerait une réaction après avoir pris autant de coups ! Cette capacité est juste… bizarre ! »

« Vous croyez ? » dit Lorraine. « Je me demande s’il y a une limite à l’éventail des capacités possibles. Je n’en ai pas vraiment conscience moi-même… »

Avant que leur conversation, étrangement mal assortie, ne puisse se poursuivre…

« Ouf, j’ai réussi à gagner. »

Rentt s’approcha des tribunes des spectateurs. À ses côtés se trouvait le vieil homme, qui portait Vaasa sur son épaule — très facilement d’ailleurs, ce qui paraissait presque étrange étant donné la grande taille de l’inconscient, mais étant donné la vraie nature du vieil homme, c’était tout à fait logique. S’il le voulait, il pourrait devenir plusieurs fois plus grand que Vaasa.

Le vieil homme atteignit les tribunes et y jetta Vaasa avec désinvolture.

« Wôw, hey », dit Rentt, inquiet. « Va-t-il s’en sortir ? Je viens de l’assommer. Ne devriez-vous pas être un peu plus prudent avec lui… ? »

Le vieil homme ricana. « Il ne s’entraîne pas comme il le fait pour que quelque chose comme ça suffise à le blesser. De plus, il a trop souvent baissé sa garde. Un peu de rudesse ne lui fera pas de mal. »

« Personnellement, j’ai trouvé qu’il s’était bien battu. Surtout si l’on considère que j’étais son adversaire. »

« Hmm ? C’est de l’insatisfaction que j’observe sur votre visage ? »

« Non, ce n’est pas ça… Je me suis juste dit que j’avais été un peu injuste. »

Rentt parlait probablement du fait qu’il avait essentiellement forcé la victoire en vertu du fait qu’il était mort-vivant. Même si son niveau de compétence était égal, ou même inférieur d’un échelon, sa résistance et son endurance inépuisables pouvaient lui permettre de gagner de toute façon. En fait, il estimait peut-être qu’il n’avait pas gagné par son propre mérite.

Cependant, le vieil homme répondit : « Même si vous avez forcé la victoire avec votre capacité, cela compte toujours comme votre propre compétence. Tout d’abord, considérez ceci : nous sommes une organisation de la pègre qui a tenté de vous assassiner. Il vous a défié dans un combat direct sans faire de recherches préalables et a perdu. On voit bien qui de vous deux est le fou. »

Le ton du vieil homme semblait dérisoire, probablement parce qu’il avait fait la même erreur il y a quelques jours à peine. Pourtant, à l’époque, Gobelin, Sirène et lui avaient reçu des informations de l’organisation, avaient fait de leur mieux pour ne pas se faire remarquer et n’avaient eu recours à la force brute qu’après l’échec de tout le reste. En comparaison, Vaasa avait choisi de foncer tête baissée, ce qui ne faisait que confirmer le raisonnement du vieil homme.

« Vous le croyez ? » demanda Rennt.

« Oui. En ce sens, c’est sa défaite totale. Vous avez diligemment obtenu de moi des informations sur lui et l’avez défié après avoir planifié des contre-mesures raisonnables. J’espère qu’il en sortira en ayant appris sa leçon à cet égard… »

« Je le savais. Vous vous êtes servi de moi pour lui faire la leçon. »

« Ho ? Alors vous avez remarqué ? C’est bon, non ? De cette façon, personne n’est perdant. »

« À condition que votre organisation ne nous mette pas à nouveau des bâtons dans les roues… »

Ils étaient venus ici pour empêcher cela, mais on ne pouvait pas savoir ce qui allait se passer.

« J’espère bien que non », dit le vieil homme. « J’en ai déjà assez de vous. Ne vous inquiétez pas. Je refuserais l’ordre s’il était donné. »

« Hmm, eh bien… restons-en là pour l’instant. » Rentt se tourna vers Lorraine et Fuana. « Alors, vous êtes les prochaines, n’est-ce pas ? Vous êtes prêtes ? »

« Oui, je peux commencer quand je veux », répondit Lorraine.

« Hein !? » s’exclama Fuana. « Euh, je-je, euh, oui, je suis toujours prête ! »

Sa voix était étrangement tremblante. De toute évidence, le match de Rentt avait été un choc pour elle.

◆◇◆◇◆

Dans l’arène souterraine, deux femmes se faisaient face. L’une était une adulte qui dégageait l’aura d’un mage profondément sage, tandis que l’autre avait l’apparence et la taille d’une jeune fille et était vêtue de robes qui semblaient un peu trop grandes pour son corps.

L’adulte s’appelait Lorraine, la jeune fille était Fuana l’experte en sortilèges, et leur combat était sur le point de commencer. Comme pour mon combat contre Vaasa, l’arbitre était le vieil homme — Spriggan.

Comme tout à l’heure, il n’entrerait pas dans l’arène pendant le combat. Il jouera son rôle depuis les tribunes des spectateurs, juste avant la barrière de mana. On pourrait penser qu’il devrait regarder de plus près, mais vu l’ampleur de nos combats et la portée de nos attaques, il se devait d’être là où il était.

Un combat comme le mien et celui de Vaasa, où nous utilisions principalement l’épée et la lance, était une chose, mais les attaques de zone étaient le menu d’un combat entre mages. S’il était dans l’arène, il aurait beau faire attention, il y avait toujours une chance qu’il soit touché par des projectiles errants provenant de sorts de bombardement. C’est pourquoi il devait juger de l’extérieur. Il était suffisamment compétent et endurant pour supporter d’être à l’intérieur, mais il était stupide d’attendre de lui qu’il remplisse son rôle alors qu’il était meurtri.

C’était donc l’option la plus logique, non seulement pour les combats entre mages, mais aussi pour les combats entre porteurs de capacités, car ils se déroulaient souvent de la même manière. Si deux personnes dotées d’une capacité comme celle du vieil homme s’affrontaient, la petite arène qui en résulterait ne laisserait aucun endroit où s’enfuir. Quelle idée terrifiante !

« Très bien, le match va maintenant commencer. Êtes-vous prêtes toutes les deux ? »

D’une voix qui ne correspondait pas à sa petite taille, la question du vieil homme résonna dans toute l’arène. Les deux combattantes acquiescèrent.

« Alors… commencez ! »

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