Neechan wa Chuunibyou – Tome 6 – Chapitre 3 – Partie 2

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Chapitre 3 : Je suppose que c’est un peu comme un prologue

Partie 2

Monika Sakurazaki avait repensé à la façon dont tout avait commencé.

Il était difficile de dire exactement quel avait été l’événement déclencheur.

Peut-être que c’était quand Monika était devenue une Externe, ou quand elle avait décidé de commencer à participer à leur monde. Peut-être que le début de tout ça, c’était bien avant. Mais c’était l’histoire de la façon dont Monika s’était impliquée avec Yuichi Sakaki, alors peut-être serait-il préférable de commencer par les événements qui l’avaient directement conduit à se retrouver avec le Lecteur d’Âme.

Dans ce cas, tout avait commencé avec une fille nommée Ende.

« Veux-tu revenir à la normale ? » Ende avait parlé à Monika.

Elle marchait dans un couloir fait d’étagères en sortant d’une réunion qu’Ende avait organisée.

Depuis combien de temps était-elle là ? La fille nommée Ende, aux cheveux roux et portant une vieille robe, s’appuyait contre l’une des étagères, un livre dans une main.

La perfection de son timing avait gelé la colonne vertébrale de Monika, c’était l’un des traits de caractère que ces monstrueux Externes possédaient et qui l’avait dégoûtée et l’avait fait essayé de s’échapper.

Pendant longtemps, elle avait crié dans son esprit : « Plus jamais ça ! Je veux revenir à la normale ! ».

« Quoi ? Viens-tu de lire dans mes pensées ou quoi ? » demanda-t-elle en s’arrêtant et en regardant fixement Ende.

Apparemment, Ende avait le pouvoir d’influencer les mondes, donc il ne serait pas surprenant qu’elle ait le pouvoir de lire dans les pensées.

« Oh, non, » dit Ende. « Tu devrais très bien savoir que je ne peux pas faire ça. Nous sommes peut-être traités comme des dieux, mais nous ne pouvons pas faire tout ce que tout le monde pense. C’est juste que c’est tellement évident ce que tu penses. Je le sais par expérience… C’est ta cinquième année, n’est-ce pas, Monika ? C’est juste le moment pour toi de commencer à hésiter. »

« Ne me parle pas comme si tu me comprenais ! » s’écria Monika. « J’en ai marre ! J’en ai marre de vous, qui ne voyez pas les gens comme des gens, et de moi, pour m’y être habituée ! La pensée que je pourrais commencer à devenir comme vous… un monstre inhumain ! Un mécréant ! »

Les réunions qu’Ende avait tenues n’avaient pas d’ordre du jour particulier, mais elles s’étaient naturellement transformées en participants racontant des histoires sur les mondes dans lesquels ils s’étaient impliqués et qu’ils avaient influencés.

« Oui, » dit Ende. « Donc tu n’as pas aimé cette histoire en particulier, hein ? Mais ce genre de chose est populaire ces derniers temps, tu sais ? Avoir des alliés qui meurent un par un justes comme ça. Cela peut sembler injuste, mais cela inclut aussi la prémonition qui rend nécessaire la résolution du casse-tête. Ça a beaucoup d’impact. Bien sûr, personnellement, je pense que ça devient ennuyeux si c’est tout ce que tu fais. Makina, en particulier, aime insister sur la mauvaise fin, même si cela signifie une perte de cohésion de l’histoire… Bien que personnellement, je trouve cela monotone et prévisible. »

C’était troublant à dire, et cela avait donné envie à Monika de mettre ses mains sur ses oreilles. La façon dont ils se racontaient ces histoires avec tant de joie…

« Comment… comment pouvez-vous tous parler comme ça ? Ce ne sont pas des personnages dans une histoire que vous tuez ! Ce sont de vraies personnes qui essaient juste de vivre en paix ! Ils pourraient vivre longtemps et heureux si vous n’interveniez pas ! » s’écria Monika.

« Eh bien, c’est la voie que tout le monde emprunte, » déclara Ende, ignorant ainsi la colère de Monika. « Mais on s’y habitue, d’une certaine façon. C’est le seul plaisir que tu as. Tu devrais avoir une vision plus objective du monde. Nous sommes des spectateurs. On devrait juste apprécier les histoires. »

Ende n’avait montré aucun signe d’intérêt pour ce qu’elle avait à dire. Monika avait commencé à avoir l’impression de parler à un être d’une autre dimension. Mais peut-être qu’il s’agissait vraiment d’être d’une autre dimension… et Monika commençait aussi à faire ses premiers pas sur cette voie.

« Alors ? Qu’est-ce que tu veux ? » demanda Monika. « Tu ne peux pas être venue ici pour me dire ça. »

Elle ne pouvait pas imaginer qu’Ende s’opposerait autant à ce qu’elle sorte en douce de la réunion. Il devait y avoir une autre raison.

« Normalement, je te laisserais tranquille… tu céderas bien assez tôt, de toute façon. Mais il se trouve que j’ai trouvé ceci… » Ende avait jeté le livre qu’elle lisait à Monika.

Monika avait toujours trouvé étrange qu’Ende ait été si négligente avec ses livres. Elle avait pris le livre et l’avait regardé attentivement. C’était de la taille d’un livre de poche, et la couverture était vierge.

« Qu’est-ce que c’est que ça ? » demanda Monika.

« C’est une petite histoire idiote à propos d’une petite fille de bas âge nommée Wakana Morishita qui tombe amoureuse d’un garçon riche tel un prince. Du moins, c’était censé être…, » répondit Ende.

« Wakana… » La mention du nom avait fait hésiter Monika. Comment Ende le savait-elle ? C’était le nom de la meilleure amie que Monika ne pouvait pas oublier, peu importe ses efforts.

« Tu le sauras si tu le lisais, mais elle a une meilleure amie nommée Monika Sakurazaki, » dit Ende. « Au moment où Wakana entre en CM2, Monika cesse d’apparaître. Elle n’est pas morte, ni disparue, ni transférée d’école… Elle n’apparaît plus. Bien sûr, je suis sûre que tu en connais la raison. C’est parce que tu as été éjectée de ton monde. »

« Et alors !? » s’écria Monika.

Un jour, alors qu’elle était en cinquième année, Monika avait été brusquement éjectée de son monde. C’était arrivé soudainement, sans avertissement préalable. Soudain, ses parents et ses amis avaient cessé de reconnaître son existence.

Ce n’était pas qu’elle avait été invisible, elle avait été capable de leur parler et d’interagir avec eux. Mais ils la traiteraient comme une étrangère. Si elle s’était présentée sous le nom de Monika Sakurazaki, ils l’auraient appelée ainsi, mais leurs relations fondamentales auraient changé.

« Un petit monde désespérément romantique. C’est le nom du monde d’où tu viens, » dit Ende.

Ende donna des noms aux différents mondes qu’elle avait découverts. Pour autant que Monika le sache, Ende était l’aînée, donc presque personne ne s’était jamais disputé avec elle au sujet de son sens des noms.

Tous les mondes étaient régis par des règles, qu’ils appelaient des « visions du monde ». L’incarnation d’une vision du monde était connue sous le nom de Détenteur d’une vision du monde, la personne qui avait dicté la direction de ce monde. Monika savait maintenant qu’elle était l’une de ces personnes spéciales. Mais c’était en s’en rendant compte et en se rendant compte de la façon dont elle pouvait manipuler activement son monde qu’elle en avait été éjectée.

« C’est le nom que tu lui as donné, n’est-ce pas ? » demanda Monika.

« C’est une histoire aigre-douce qui se déroule dans le monde moderne, une histoire de filles et de garçons ordinaires… » Ende ne souhaitait pas écouter la douleur de Monika. Elle disait juste ce qu’elle voulait dire. « Grâce à ta perte d’influence, l’histoire a un peu déraillé. Wakana Morishita a maintenant 15 ans. Elle commencera le lycée le mois prochain, mais l’environnement qui l’entoure devient exponentiellement plus dangereux. Le garçon riche a disparu, et ceux qui sont amoureux de Wakana sont douze psychopathes. »

« Quoi !? » Ce développement choquant avait laissé Monika abasourdie.

« Tu vois, j’espérais profiter de la douce histoire d’amour de Wakana comme d’une réconfortante histoire de prince, » dit Ende. « Comme je l’ai déjà dit, il y a eu trop d’histoires de sang et de tripes dernièrement. J’aimerais apprécier l’histoire telle qu’elle devait être à l’origine. Mais à ce rythme, Wakana… eh bien, ils sont amoureux d’elle, donc je suis sûre qu’ils ne vont pas la tuer immédiatement… »

Monika n’écoutait pas du tout Ende. La seule chose à laquelle elle pouvait penser était qu’elle devait sauver Wakana, d’une façon ou d’une autre. Mais rien ne lui venait à l’esprit. Ses pensées tournaient en rond.

Le fait d’être chassée du monde auquel elle était associée lui permettait d’exercer une influence sur d’autres mondes, mais cela signifiait qu’elle ne pouvait en aucune façon influencer son ancien monde. Peut-être qu’elle pourrait demander de l’aide aux autres, mais elle doutait que ces monstres qui ne considéraient pas les gens comme des gens voudraient vraiment sauver Wakana.

« … Donc la seule façon est de tout remettre à la normale, » Ende termina ça. « Et c’est pour ça que je me suis adressée à toi. »

« Est-ce censé être une blague ? » s’écria Monika. « Il n’y a aucun moyen pour moi de revenir à la normale ! »

« Oh, mais il y en a un, » riposta Ende avec légèreté.

« Alors pourquoi ne l’utilises-tu pas ? » demanda Monika.

« C’est comme tu l’as déjà dit. Nous sommes tous devenus des êtres qui prennent plaisir à regarder d’autres mondes et à bricoler avec eux. L’idée de revenir à la vie d’avant, de vivre nos vies comme de simples personnages dans une histoire, n’est pas vraiment attirante, » déclara Ende.

« Ne peux-tu pas toi-même sauver Wakana ? » demanda Monika. Si elle voulait voir comment l’histoire devait se dérouler, Ende pourrait peut-être le faire. Monika se demandait pourquoi elle avait dû lui en parler.

« Je ne suis pas très romantique. Je doute que le fait de mettre ma main dans la situation puisse l’améliorer, » déclara Ende avec du défaitisme théâtral.

« Alors… comment puis-je revenir à la normale ? C’est toi qui m’as dit qu’une fois qu’on est expulsé du destin, on ne peut jamais revenir ! » déclara Monika avec colère.

C’est ce qu’on lui avait dit, et c’est pourquoi elle se méfiait tant des propos d’Ende sur le fait de pouvoir y retourner maintenant. En même temps, ces mots étaient son seul espoir.

« Tu as été chassée de ton monde, » dit Ende. « Tu ne peux pas retourner dans ton monde. Tu ne peux pas influencer ton propre monde… C’est comme ça, mais il n’y a aucune raison que ça soit comme ça. Tu as été chassée du monde, mais de ce que tu as été chassée ce n’est qu’un autre monde régi par une logique différente. On pourrait dire que le monde dans lequel nous existons aujourd’hui n’existe qu’à un niveau méta au-dessus de nos mondes d’origine. Mais les règles qui nous gouvernent sont-elles absolues ? Pourrait-il y avoir une règle qui nous permettrait d’influencer à nouveau nos mondes d’origine ? »

« Tu as dit qu’il y avait un moyen, non ? Arrête de prendre des airs ! » s’écria Monika.

« N’es-tu pas impatiente ? Ah, eh bien… » Ende déclara ça d’un haussement d’épaules, puis s’approcha de Monika. Elle avait pris la main de Monika et y avait enfoncé quelque chose.

« Quoi ? » Monika avait regardé l’objet dans sa main.

C’était un globe oculaire.

« Eek! » Monika l’avait presque jeté par réflexe.

« Hé ! Ne laisse pas tomber ça. C’est assez précieux. Ce n’est probablement pas si facile à endommager, mais juste au cas où, tu sais ? » déclara Ende.

« Qu’est-ce que c’est que ce truc !? » cria Monika.

« L’œil du Dieu Maléfique. Eh bien, le Dieu maléfique n’est qu’un nom que je lui donne… imagine simplement qu’il s’agit d’une sorte d’entité nébuleusement mauvaise. C’est ton ticket pour participer à l’histoire du Dieu maléfique, où le gagnant reçoit un vœu. Je te le donne, » déclara Ende.

Monika regarda le globe oculaire avec surprise. Maintenant qu’elle l’avait mentionné, cela semblait plutôt sinistre, mais cela semblait aussi artificiel.

 

Oeil droit du Dieu maléfique (Oeil des cordes rouges)

Potentiel : B+

Description : Une partie du corps du Dieu maléfique, aussi connu sous le nom de réceptacle divin.

L’hôte qui le possède pourra visualiser les liens romantiques de tous ceux qu’il regarde sous forme de lignes rouges.

Les réceptacles divins résonnent les uns avec les autres à des intervalles irréguliers, indiquant à leurs hôtes l’emplacement général des autres réceptacles divins.

Pour devenir son hôte, vous devez l’enfoncer dans votre propre œil.

Le réceptacle sera libéré si vous perdez une bataille contre un autre hôte de réceptacle.

 

« Uh oh oh! Tu l’as observé, hein ? » déclara Ende, encore une fois théâtralement.

« Observer » était l’un des pouvoirs des yeux d’un Externe, ils avaient la capacité de voir les rôles que les gens et les choses avaient dans leur propre vision du monde.

« Qu’est-ce que tu veux dire ? » demanda Monika avec méfiance.

Ende s’était clairement retenue exprès. En regardant quelque chose de suspect, n’importe quel Externe utiliserait inconsciemment le pouvoir de ses yeux.

« Sa capacité a été déterminée au moment où tu l’as observée, » dit Ende.

« Pourquoi ne me l’as-tu pas dit dès le début !? » s’écria Monika.

« Eh bien, je pense que c’est très bien ainsi. C’est intéressant à sa façon, n’est-ce pas ? » demanda Ende.

Les yeux des Cordelettes Rouges. Vu sa description, cela avait dû être influencé par la vision du monde de Monika, « Un petit monde désespérément romantique ». Si elle l’avait su à l’avance, elle aurait choisi une capacité plus utile. Comme c’était maintenant, il était effectivement inutile. Ende semblait faire ce qu’elle faisait par dépit, ou du moins pour la surprendre.

« Alors, faire un vœu peut vraiment me ramener à la normale ? » demanda Monika, après avoir retrouvé son calme.

« Qu’est-ce que tu en penses ? » demanda Ende.

Monika en avait marre de l’énigmatique manque de réponses d’Ende. Quel était l’intérêt de dire tout cela si ce n’était pas le cas ?

« Je veux dire, personne n’a jamais essayé, » dit Ende. « Mais cela semble possible, n’est-ce pas ? S’il est vrai qu’il peut exaucer n’importe quel vœu, il devrait pouvoir exaucer le vœu de te ramener à la normale. Si tu peux surpasser tous les autres participants et le Dieu maléfique lui-même, tu pourras réaliser ton souhait… bien sûr, c’est plus facile à dire qu’à faire. »

Ende avait souri innocemment.

Monika ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle ne se souciait pas du tout de Wakana.

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