Neechan wa Chuunibyou – Tome 5 – Chapitre 5 – Partie 3

***

Chapitre 5 : Cinquième semaine d’octobre : Mika

Partie 3

Une légende urbaine : l’appel téléphonique de la Poupée Mika.

Il serait peut-être plus rapide de commencer par l’appel téléphonique de la Poupée Mary, car la poupée Mika n’était qu’une variante de ce modèle.

Un jour, une fille qui avait jeté sa poupée avait commencé à recevoir des appels téléphoniques.

« Je suis Mary, et je suis dans la déchetterie. »

Puis, le lendemain :

« Je m’appelle Mary, et je suis dans le parc au coin de la rue. »

Au cours de quelques jours, les appels se rapprochaient de plus en plus. Éventuellement…

« Je suis Mary, et je suis juste derrière toi. »

Et puis elle était apparue derrière elle. C’était ce genre d’histoire de fantômes.

L’appel téléphonique de la Poupée Mika était plus ou moins la même chose, sauf que la poupée était Mika, au lieu de Mary.

La principale différence était que la poupée Mika avait une voix officielle choisie par les fabricants, donc vous aviez immédiatement su que c’était Mika qui faisait les appels.

En d’autres termes, aussi incroyable que cela puisse paraître, il était évident dès le début que vous étiez appelé par une poupée.

Autrefois, les gens croyaient que les poupées avaient une âme. Même aujourd’hui, les funérailles de poupées étaient monnaie courante.

Pour les Japonais, c’était une histoire de fantômes qui avait frappé près de chez eux.

 

✽✽✽✽✽

C’était une autre conférence familiale réservée aux frères et sœurs.

Il était environ 20 h. Mutsuko et Yoriko étaient assises autour de la table dans la chambre de Yuichi.

La fille qui avait été envoyée en vol plané était là aussi, avec un air renfrogné sur le visage.

L’histoire officielle de Mika était qu’elle était en CM1. La fille avait l’air d’avoir à peu près cet âge, et à part ça, elle ressemblait exactement à Mika.

« Yu, même si c’est une légende urbaine, c’est encore une petite fille, tu sais, » dit Mutsuko. « Tu aurais peut-être dû te retenir un peu plus, non ? »

« Je me suis retenu… mais j’ai dû m’appuyer, donc…, » Yuichi avait senti quelque chose qui clochait, alors bien qu’il n’ait pas regardé en arrière, il avait encore restreint son pouvoir.

Yuichi pouvait saisir le sexe et l’âge d’une personne plus ou moins par le toucher, un autre fait que Natsuki qualifierait probablement de « flippant » si elle en entendait parler.

« Comment cela était-ce en se retenant !? » Mika, celle qui avait été frappée, s’y était opposée avec colère.

« Tu as réussi à t’en sortir avec quelques bleus, n’est-ce pas ? » demanda Yuichi.

« Oh, je suppose que c’est vrai ! Tu as de la chance, » dit Mutsuko. « Si Yu avait été sérieux, tu aurais peut-être perdu tes yeux, ton nez et tes oreilles ! »

« Je perds la plupart de mes cinq sens justes parce que je me tiens derrière une personne !? Regardez mon visage ! C’est vraiment gonflé ! » Mika montra sa joue en se penchant vers l’avant, le ton presque vantard.

« C’est de ta faute, n’est-ce pas ? » répondit Yoriko froidement.

Yori peut être froide de temps en temps…, pensa Yuichi. Il commençait à s’inquiéter un peu pour elle.

« De toute façon, n’est-elle pas un yokai assez dangereux ? » demanda Yuichi. « Ils n’arrêtent pas de t’appeler et de s’approcher, et à la fin, ils t’attaquent, non ? » La capacité d’apparaître derrière quelqu’un ressemblait certainement au pouvoir d’un assassin idéal.

« Attends une minute ! Je ne suis pas dangereuse ! » s’écria la jeune fille. « Je jouais juste un petit tour pour lui faire un peu peur ! Franchement, tu ne sais pas comment finit l’histoire !? »

« Comment ça se termine ? En fait, oui, que se passe-t-il après l’arrivée de Mika ? » Yuichi connaissait l’histoire, plus ou moins, mais était assez vague sur la fin.

« Bonne question, » dit Mutsuko. « Il y a beaucoup de variations, mais en général, l’histoire se termine juste après qu’elle apparaît derrière la personne. Le reste est laissé à votre imagination, pour jouer sur vos propres peurs. » Mutsuko était assez bien éduquée sur les légendes urbaines, les histoires de fantômes et d’autres histoires de mystère.

« C-C’est bien ça ! C’est juste pour leur faire peur ! » s’écria la jeune fille. « Je n’avais pas l’intention de blesser quelqu’un ! C’est juste un avertissement contre le fait de jeter vos poupées à la poubelle ! »

« Tu dis : “C’est juste pour les effrayer”, mais tu es entrée par effraction, alors…, » dit Yuichi. Expliquer la loi à un yokai peut sembler un peu inutile, mais cambrioler la maison de quelqu’un juste pour donner un avertissement semblait extrêmement inacceptable.

« Cela me fait penser, Yu, » dit Mutsuko. « Pourquoi Mika s’en prend-elle à toi ? »

« Oh, je tenais le smartphone de Noro, » dit Yuichi, montrant le smartphone dans sa main. « Elle a dit qu’elle recevait d’étranges appels téléphoniques et que ça la faisait flipper, alors j’ai décidé de l’aider. »

« Donc tu répondais aux appels à sa place. Et si elle était quand même venue à Noro, et pas toi ? Ce n’est pas ton genre de la laisser toute seule ! »

 

 

« Eh bien, euh, en fait…, » dit Yuichi.

« B-Bonne soirée…, » le placard s’était ouvert, et Aiko jeta un coup d’œil dehors, l’air un peu gêné à propos de tout ça.

« Noro, tu es si compacte et mignonne ! Je n’arrive pas à croire que tu étais dans le placard ! » cria Mutsuko.

« Voilà, c’est tout, » dit Yuichi. Il avait fait attendre Aiko dans le placard, en supposant qu’elle ne pouvait pas être attaquée par-derrière.

« Bien jouer, Yu ! Tu as fait entrer Noro dans ta chambre sans qu’on le sache ! » Mutsuko approuva.

« Je suis impressionnée que tu sois passé à côté de moi quand j’étais dans le salon, Grand Frère, » avait déclaré Yoriko.

Embarrassée, Aiko était sortie du placard pour s’asseoir à table.

« Mais vous auriez vraiment dû me consulter ! » ajouta Mutsuko. Elle avait l’air malheureuse, mais aussi un peu amusée.

« J’aime éviter de compter sur toi quand je le peux, » dit Yuichi. « En plus, je pensais que c’était juste un coup de fil anonyme. Bien sûr, je voulais aussi être en sécurité, au cas où. »

Yuichi s’habituait assez bien à ces phénomènes étranges, c’est pourquoi il n’avait pas simplement rejeté les appels téléphoniques comme une farce. Mais même s’il ne voulait pas compter sur elle, il avait apporté le téléphone chez eux au cas où il le devrait.

« Ce qui veut dire que Noro est la raison pour laquelle Mika est sortie, » demanda Mutsuko.

« C’est exact, » dit Yoriko. « Ces choses commencent toujours quand quelqu’un jette une poupée. »

C’est exactement ça, pensa Yuichi. La propre expression de Noro suggérait que c’était vrai.

« Oui ! C’est scandaleux de jeter une poupée à la poubelle ! C’est pour ça que les gens comme moi punissent les gens comme elle ! » Mika avait frappé du poing sur la table en parlant.

« Je pense personnellement que c’est correct de mettre des poupées dont on ne veut plus dans les déchets combustibles, » déclara Yuichi. Il n’y avait rien de mal à jeter des jouets cassés ou non désirés, d’après ce qu’il pouvait voir. Yuichi ne comprenait pas pourquoi les poupées méritaient un traitement spécial.

« Je vois, » dit Mutsuko. « D’après ce que tu dis, c’est moins une légende urbaine qu’un fantôme contre le gaspillage. Peut-être une sorte de tsukumo-gami ? »

Les Tsukumo-gami étaient une classe de yokai : des esprits qui s’emparaient des objets en vieillissant.

« Mais pourquoi cela n’arrive-t-il qu’avec les poupées de Noro ? Cela ne peut sûrement pas arriver à tous ceux qui ont déjà jeté une poupée… » Mutsuko avait incliné la tête.

« Peut-être parce que je suis un vampire ? » demanda Aiko. Elle ne semblait pas avoir d’autres idées, mais il était difficile d’imaginer que votre poupée prendrait un esprit juste parce que vous étiez un vampire.

Il semblait beaucoup plus probable que Yuichi en soit la cause. Les mondes se mélangeaient à cause du Lecteur d’Âme, et cela provoquait de plus en plus de choses étranges qui commençaient à se produire dans son entourage.

« Tu sais, c’est trop ! » déclara Mika. « Ta maisonnée a jeté tant de poupées, bien sûr qu’elles vont commencer à te hanter ! C’est une leçon, tu sais ? Tu es riche, alors j’ai pensé que si je te menaçais, tu pourrais organiser un grand enterrement ! Pourquoi n’as-tu pas fait d’enterrement de poupée ? On aurait pu conclure un marché ! »

Mika se leva vers le visage d’Aiko pendant qu’elle parlait. Elle avait l’air d’avoir une mentalité de CM1.

« Ces funérailles de poupées ne sont pas un peu pénibles à gérer, non ? » demanda Yuichi. Il se demandait s’il y avait un temple à proximité qui les accueillerait. Cela lui avait semblé beaucoup d’efforts pour trouver un temple qui organiserait des funérailles de poupées et qui paierait pour cela.

« Jeter une poupée avec laquelle tu jouais quand tu étais enfant ne te rend-elle pas même un peu coupable ? » Mika avait poussé un doigt sur Aiko.

« En fait, je n’ai jamais beaucoup joué avec Mika, donc je n’ai pas beaucoup de souvenirs d’elle… J’étais plus avec les familles sylvaniennes… »

« Qu’est-ce que tu as dit !? » Les yeux de Mika s’ouvrirent en grand.

« Oh oui, tu as les familles sylvaniennes exposées dans ta chambre, » déclara Yuichi.

« Quoi !? C’est de la discrimination pour les poupées ! Qu’est-ce que tu aimes tant chez les lapins qui tiennent un Kappa prisonnier ? » s’écria Mika.

« Ah ! ceux-là n’étaient pas à vendre, » dit Aiko. « Mais je les voulais. »

Il semblait qu’il y avait eu une lignée de kappa dans les familles sylvaniennes. Yuichi se souvint qu’elle lui avait décrit une fois, en étant très heureuse.

« Mais si tu ne te souviens même pas avoir été utilisé, pourquoi t’en prendre à elle ? » demanda Yuichi. Si tel était le cas, il semblait à Yuichi que cela n’avait rien à voir avec Aiko.

« D’ailleurs, c’était l’idée de ma mère de jeter les poupées, » dit Aiko. « Je ne vois pas pourquoi on me blâme pour ça. Pourquoi n’es-tu pas allé embêter ma mère ? »

« Tout le monde blâme toujours la mère ! C’est ridicule ! C’est toujours l’enfant qui joue avec la poupée ! » cria Mika.

« C’était mon frère qui jouait la maman de Mika, alors pourquoi n’es-tu pas allé le voir ? » demanda Aiko, assez cruellement. Kyoya ne voudrait probablement pas que son passé de joueur de poupées soit révélé dans un endroit comme celui-ci, ni qu’une légende urbaine yokai lui soit imposée.

« Je me demande si elle n’est pas la vraie poupée Mika, » commenta Yuichi. Elle ressemblait à Mika, mais c’était une vraie petite fille. Elle n’était pas du tout une poupée.

« C’est vrai, » dit la fille. « Je suis plutôt la protectrice des poupées Mika. Leur avatar ? Je suis la représentante de toutes les pauvres poupées Mika qui ont été jetées ! »

« Où est la vraie poupée Mika que Noro a jetée ? » demanda Yuichi.

« Elle est évidemment en train de brûler quelque part ! »

« Si tu es la protectrice des poupées Mika, ne devrais-tu pas sauver celle-là d’abord ? » Dans cette situation, pensa Yuichi, la plupart des gens voudraient sauver la personne en feu avant toute autre chose.

« Qu-Quoi qu’il en soit. ! Arrête d’être si négligente avec tes poupées ! Maintenant, je suis occupée avec mon programme de sensibilisation à la préservation des poupées, alors je vais y aller maintenant ! » Sur ce, Mika avait disparu, tout aussi abruptement qu’à son arrivée.

« Alors, c’est… résolu ? » demanda Aiko avec incertitude.

« Je n’ai aucune idée…, » dit Yuichi.

Il avait l’air d’avoir affaire à beaucoup plus de yokais ces derniers temps. L’idée que cela puisse continuer à se produire était une pensée fatigante.

« Je suis Mary, et je suis juste derrière toi ! »

« Je suis Jessie, et je suis juste derrière toi ! »

« Ruff, ruff ! Je suis Yoshiko, et je suis juste derrière toi ! »

« Je… suis… le robot… R1845A952… Temps… Standard… 215678… Soixante-huit… Centimètre… Derrière… Votre domaine… présent… aux… Coordonnées ! »

« Je suis le sergent Drake ! Juste derrière toi, soldat ! »

Tenant le smartphone d’une main, Yuichi s’était défoulé à chaque nouvel arrivant. Il s’y était déjà habitué. Il avait l’impression de n’avoir rien fait d’autre ces derniers jours.

Et aujourd’hui, une fois de plus, la chambre de Yuichi était remplie de personnifications de poupées arrivantes.

« Hé, Noro ? » demanda-t-il. « Dis à ta mère d’arrêter de jeter des poupées. Cela commence à ressembler moins à une histoire de fantômes, et plus à Toy Story. »

Aiko était assise sur la couchette du bas — le lit de Yuichi — pour regarder. « Je sais. Je suis vraiment désolée… Maman s’est lancée dans un tel désordre dernièrement, et nous avons des poupées qui traînent un peu partout… »

Après avoir entendu l’agitation, Mutsuko était venue dans la chambre de Yuichi. « Yu… as-tu amené Noro ici pour plus de temps personnel ensemble ? »

« Ce n’est pas du temps personnel ! Et Yori est là aussi ! » cria-t-il.

Yoriko, habituée à l’agitation de ces derniers jours, dormait profondément dans la couchette du haut. Elle était étonnamment calme.

« Oh ! Eh bien, si Yori n’était pas là, tu le ferais probablement, non ? » demanda Mutsuko.

« Faire quoi ? Et bien sûr que non ! » riposta-t-il.

Juste au moment où il disait cela, le smartphone sonna à nouveau.

« Je suis Booh ! J’adore le miel dans mon ventre ! »

Yuichi avait donné un coup de pied à l’ours jaune à travers la pièce avec un air d’ennui. « Ces choses ne peuvent pas venir ici sans appeler d’abord ? »

« Les monstres comme eux sont régis par des règles, » dit Mutsuko. « Ils doivent les suivre ! »

« Sakaki, je suis vraiment désolée, » déclara Aiko. « Je ne savais pas que ça finirait comme ça… »

« Ce n’est pas ta faute, Noro, » dit-il. « Mais combien de ces choses as-tu jetées ? »

« Euh… à peu près deux camions…, » dit Aiko en s’excusant.

« Et c’était que des jouets !? Les gens riches, je le jure ! » Yuichi avait vraiment été impressionné.

À la fin, il avait abattu toutes les poupées, les animaux en peluche et les robots jetés qui le hantaient, et il avait résolu la situation avec force.

***

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Laisser un commentaire