Neechan wa Chuunibyou – Tome 5 – Chapitre 3 – Partie 3

***

Chapitre 3 : Troisième semaine d’octobre : Un défi de Chiharu Dannoura

Partie 3

Elle ne portait pas de yugake — le gant à trois doigts utilisé dans le tir à l’arc japonais — ni la protection de bras utilisé dans le tir à l’arc occidental. Elle semblait vouloir tirer la ficelle à mains nues.

« Ancrage ! » cria Chiharu alors que Yuichi était encore perdu dans ses pensées.

Des ancres en forme d’aiguilles aux deux extrémités de l’arc s’étaient envolées, frappant le mur de béton d’un son formidable. Chiharu avait pointé la flèche.

Il n’y avait pas de tête de flèche dessus, suggérant qu’elle n’essayait pas de le tuer — mais quand même, la flèche était aussi épaisse qu’un tuyau en acier. Un contact de ce truc serait à tous les coups très problématique.

Chiharu avait alors saisi la corde et tira vers l’arrière, comme si elle allait tomber dans les escaliers. Son corps s’était penché vers l’arrière pour être parallèle à l’escalier. (Cela lui avait relevé sa jupe, révélant sa culotte, mais il n’était pas particulièrement content de la vue.)

« Tu penses que je suis lourde sans raison ? » cria-t-elle. « Le poids, c’est la puissance ! Oui, c’est pour ça ! Ce n’est pas du tout parce que j’adore les bonbons ! »

« N’aurais-tu pas dû préparer ça, avant que j’arrive ? » demanda Yuichi. Si cela avait été son plan, elle aurait dû le mettre en place et tirer dès l’arrivée de Yuichi. Il pourrait faire n’importe quoi dans le temps qu’il lui fallait pour le préparer et l’expliquer.

« Parce que c’est cool, bien sûr ! » avait-elle déclaré. « Je voulais montrer l’ancrage ! »

Sa façon de parler lui rappelait Mutsuko. Cela lui faisait soupçonner furtivement que sa grande sœur était impliquée d’une façon ou d’une autre dans ce truc.

« Quelle est ta contre-mesure si j’essaye juste de retourner dans le couloir ? » demanda-t-il.

L’arc était fixé en place, donc elle ne pouvait pas changer le but. En d’autres termes, s’il voulait éviter l’attaque, Yuichi n’avait qu’à partir.

« Ma contre-mesure est… eh bien… ah, je sais ! Je dirai que tu as perdu parce que tu t’es enfui ! » Chiharu bégayait, agitée. Elle n’avait pas semblé prévoir ce qui se passerait si Yuichi s’en allait, ou s’il n’était pas du tout venu.

« Je commence à penser que ça ne me dérangerait pas de perdre à ce stade…, » murmura Yuichi.

Malgré tout, il détestait perdre. Maintenant que la contestation avait été lancée, il ne voulait pas s’enfuir. Il s’attendait à ce que Chiharu le déclare également perdant s’il essayait de l’arrêter avant qu’elle ne tire. Cela signifiait qu’il n’avait d’autre choix que de réagir après qu’elle l’ait fait.

« Prends ça ! » cria-t-elle. L’arc à poulies, tendu jusqu’à ses limites avec son poids, avait relâché sa flèche.

Alors que Chiharu descendait les escaliers, la flèche avait filé dans l’air, laissant échapper un hurlement au fur et à mesure qu’elle avançait.

Yuichi l’avait attrapée en l’air. La flèche pendit là, à quelques centimètres de son visage, tremblant comme i elle était enragée.

« Peut-on dire que j’ai gagné maintenant ? » Il connaissait à la fois la trajectoire et le temps, donc l’attraper avait été simple.

« Quoi ? » Chiharu leva les yeux vers Yuichi, abasourdie, du bas des escaliers. Il semblait qu’elle n’avait eu qu’une flèche, et qu’elle ne lui tirerait plus dessus.

« Urk… ah… Je viens de réaliser que je ne peux pas remettre l’arc à la normale ! » s’exclama-t-elle. « Je ne peux pas le ramener à la maison comme ça ! Je vais me faire engueuler ! »

 

 

« C’est ça qui t’inquiète ? » Yuichi avait jeté la flèche de côté, puis avait descendu les escaliers. Une arme qui ne pouvait pas être remise à zéro après son déploiement… cela ressemblait de plus en plus au travail de Mutsuko.

Il savait que ça ne le regardait pas, mais Chiharu avait l’air si pathétique qu’il avait décidé de l’aider à nettoyer.

« Est-ce bon de casser ça ? » demanda Yuichi alors qu’il se tenait devant l’arc. Il pourrait probablement le récupérer s’il le cassait en deux.

« Oui… c’est peut-être inévitable. C’est un tel gâchis, mais… oui. Je vais chercher des outils. » Sur ce, Chiharu passa devant Yuichi et monta les escaliers. Une fois qu’elle avait atteint le sommet, elle s’était retournée. « Tu es tombé dans le panneau, Yuichi Sakaki ! Ça faisait partie de mon plan ! Vois-tu, les plans intelligents font partie de l’école Dannoura ! Maintenant, je t’ai là où je te veux ! »

« Un plan ? Tu paniquais, c’est tout ! » s’exclama-t-il. Elle avait dû penser à son nouveau plan alors qu’elle avait atteint le haut de l’escalier.

« La ferme ! La ferme ! Tant que je gagne, c’est tout ce qui compte ! » cria-t-elle. « Prends ça ! Attaque du Corps Volant de Dannoura ! »

Chiharu lui avait sauté dessus.

« Réfléchis un peu plus au nom ! » cria-t-il.

Son énorme masse — probablement plus de 100 kg — planait dans l’air au-dessus de lui. C’était un spectacle extrêmement intimidant. Chiharu avait tourné son corps à l’horizontale pour rendre ses chances de s’échapper d’autant moins probables, et l’avait attaqué avec sa masse corporelle.

C’était une trajectoire inquiétante. Si elle continuait à voler comme ça, elle l’aurait frappé avec le centre de son corps. S’il essayait de descendre, il frappait le haut, et même s’il atteignait le fond, la porte du sous-sol était fermée.

S’il devait s’enfuir, il faudrait que ce soit en haut. Il lui suffisait de la dépasser et de monter les escaliers en courant.

Mais Yuichi avait choisi de contre-attaquer. Il pourrait l’attraper s’il le voulait, mais il avait refusé d’être si gentil.

Yuichi avait baissé ses hanches, s’était avancé avec sa jambe gauche et avait frappé avec son poing gauche.

C’était un pao tontien, un mouvement de Bajiquan, plus communément connu sous le nom d’uppercut. On l’utilisait généralement pour frapper la mâchoire de quelqu’un par en dessous, plutôt que pour contre-attaquer contre un gros qui se jetait sur vous. Néanmoins, cela pourrait être utile dans cette situation.

Le poing de Yuichi avait touché le côté de Chiharu. Il avait ensuite relâché son geste suivant, tirant sa main gauche vers l’arrière et donnant un coup de pied avec sa jambe droite. Le recul du coup de pied avait fait descendre sa jambe droite, puis il avait donné un coup de pied gauche.

C’était lian huan tui, une autre technique bajiquaise. La masse charnue avait finalement perdu son élan et était repartie en volant. Chiharu était entrée en collision avec le plafond, puis était tombée à plat contre l’escalier.

Yuichi avait gagné.

« Ugh… Je-Je perds… Je l’admets…, » dit une Chiharu au sol, levant les yeux vers Yuichi. Elle ne semblait pas trop gravement blessée, ses couches de graisse avaient dû absorber une partie du choc.

« Tu as dit que j’étais le plus fort ici, alors c’est admirable que tu aies eu le courage de me défier, » déclara Yuichi. « Mais si tu voulais tester ta force, n’aurais-tu pas dû commencer par les plus faibles et remonter ? »

« Ah ! » Les yeux de Chiharu s’ouvrirent. « J’ai pensé que si je battais la personne la plus forte, cela signifierait que mon niveau de puissance était supérieur à 18 000 ! Cette idée m’est venue à l’esprit, et j’ai vite été incapable de penser à autre chose ! J’ai aussi pensé que résoudre les choses en une seule bataille pourrait me faire gagner du temps ! »

Elle n’a pas l’air d’être une mauvaise personne… un peu ridicule, mais…

« D’accord, peu importe, mais es-tu satisfaite maintenant ? » Il était presque sûr qu’elle admettait sa défaite, mais il devait en être sûr.

« Ngh ! Tue-moi ! » cria-t-elle.

« C’est quoi ce bordel !? »

« Le gagnant a le droit de faire ce qu’il veut avec le perdant ! Tue-moi ! Je suis prête ! Fais ce que tu veux ! » Pendant qu’elle parlait, elle avait déchiré sa chemise. Elle avait un buste assez ample, mais c’était peut-être dû à sa circonférence générale. Il était difficile de dire quelle quantité de poitrine et quelle quantité de graisse étaient présentes.

Elle pense que je vais l’agresser parce qu’elle a perdu ? pensa Yuichi avec incrédulité. Elle devait jouer à trop de jeux pornos…

« Hum… désolé, mais je ne préfère pas, » s’excusa Yuichi avec lassitude.

« Très bien ! Alors je te laisserai rejoindre mon harem inversé ! » Chiharu ne semblait pas découragée par le refus de Yuichi.

« Ne viens-tu pas de me rétrograder ? » s’exclama-t-il. « Et harem? Tu plaisantes, n’est-ce pas ? »

« Tu rejoindras trois tortues et un poméranien ! » avait-elle déclaré.

« Des tortues et un chien ? N’est-ce pas des animaux de compagnie ? »

« Ne sous-estime pas le poméranien ! Il a ce qu’il faut pour survivre dans la jungle de Tokyo ! » avait-elle déclaré.

« Ils ne peuvent pas battre les alligators et les lions dans la vraie vie ! Mais je suppose que je devrais prendre quelque chose pour t’avoir battu… Peux-tu répondre à quelques questions pour moi ? » demanda-t-il.

« L’interrogatoire, hein ? Vas-y ! Je répondrai même aux questions les plus embarrassantes ! » Comme d’habitude, elle sautait aux conclusions désagréables, mais il avait décidé d’ignorer cela et de passer à autre chose. Il devait agir avec elle comme s’il le faisait avec sa sœur.

« Comment as-tu fini avec ces yeux ? Tu n’es pas née avec eux, n’est-ce pas ? » demanda-t-il.

« Non, » dit-elle. « Ils se sont réveillés en moi pendant les vacances d’été, sans prévenir. »

« Quelqu’un te les a-t-il donnés ? »

« Non, ils ne l’ont pas fait. Si j’avais vécu un événement aussi incroyable, j’aimerais le rejouer maintenant ! » déclara-t-elle.

On aurait dit qu’elle ne les avait pas non plus reçues d’un Externe. Il n’était pas sûr que cela avait quelque chose à voir avec le Dieu maléfique, mais si elle était possédée par un réceptacle de Dieu, elle pouvait leur faire savoir quand la résonance se produisait.

« Cet arc que tu as, » dit-il. « L’as-tu fait toi-même ? »

« Mon aînée, Sakaki, l’a fait pour moi, » dit-elle.

« Bon sang, sœurette… pourquoi dois-tu donner des trucs dangereux à des fous ? » Yuichi appuya une main sur son front et fixa le sol. Il l’avait su. Sa sœur était la seule personne qu’il connaissait qui aurait pu faire quelque chose comme ça.

« M’as-tu défié en sachant que j’étais le petit frère de Mutsuko Sakaki ? » demanda-t-il.

« Quoi !? C’est vrai, tu es aussi un Sakaki ! Quel imbécile j’ai été ! » Sa surprise était exagérée, mais ce n’était pas un mensonge.

« Oh, franchement. Tu aurais dû t’en rendre compte…, » soupira-t-il.

« J’ai bien peur que ce ne soit pas si facile, » dit-elle. « Sakaki n’est pas un nom inhabituel. »

« Comparé à Dannoura, je suppose que ce n’est pas le cas, » dit-il. « Au fait, je ne t’ai jamais vue dans le coin. Dans quelle classe es-tu ? »

« 1-G. »

« Oh, le programme de musique, » dit-il. Le lycée Seishin avait un programme d’études général, ainsi qu’un programme de musique et un programme d’économie. A à F étaient des cours généraux, G de musique et H d’économie. Comme les exigences étaient différentes, les cours généraux et les cours de musique se déplaçaient à des moments différents. Ça expliquerait pourquoi Yuichi ne l’avait jamais vue avant.

« Je suis aussi dans la chorale, » dit-elle. « Celles qui m’ont appelée tout à l’heure sont mes amies de la chorale. »

« Qu… Quoi ? » demanda Yuichi, consterné.

« Quoi ? Quoi ? Pourquoi as-tu l’air si déprimé ? » cria-t-elle.

Il était naturel que Chiharu ne comprenne pas sa réaction. Yuichi voulait toujours faire partie de la chorale. Mais savoir que Chiharu serait là l’avait fait réfléchir.

« Rien… Je pensais juste… que la vie peut être vraiment injuste, » dit-il sur un ton morose. « Bref, je m’en vais maintenant. S’il te plaît, laisse tomber les défis, d’accord ? »

Yuichi s’était accroupi dans les escaliers et laissa le sous-sol derrière lui.

 

✽✽✽✽✽

Quand Yuichi avait revu Aiko, elle se comportait bizarrement.

« Alors ? L’as-tu rejetée ? Que s’est-il passé ? Et pourquoi as-tu l’air si triste ? » Aiko s’en prenait à lui. C’était une fille franche, donc naturellement, sa première question était de savoir s’il l’avait rejetée ou non. Quand elle avait vu la fille s’enfuir et Yuichi courir après elle, Aiko n’était pas sûre qu’elle devait les poursuivre ou non. Mais, décidant que les choses iraient mal si on la voyait, elle avait décidé d’attendre où elle était.

Tout le temps qu’elle attendait, elle était complètement agitée. Il ne semblait pas que quelqu’un confessait son amour, mais c’était la personne qui avait envoyé la lettre d’amour. N’ayant aucune idée de ce qui se passait, Aiko avait passé tout son temps en attente.

« Oh. J’ai gagné, » dit Yuichi.

« Hein ? » demanda Aiko, incertaine de la façon dont on pouvait « gagner » une confession d’amour. « Je ne comprends pas vraiment, mais… hey, pourquoi tu me regardes comme ça ? »

Yuichi regardait Aiko avec une expression emplie simultanément d’incrédulité et de soulagement. Se sentant gênée, Aiko baissa les yeux par réflexe et leva les yeux vers lui.

« Oh… J’étais en train de penser, tu es si gentille et si compacte, Noro, » dit-il. « Je me sens vraiment en sécurité. »

« C-Compact ? En sécurité ? » Aiko déclara cela, hésitante et incertaine si c’était un compliment ou non.

Ce n’est que peu de temps après qu’elle s’était rendu compte qu’il la traitait de petite fille.

***

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Laisser un commentaire