Neechan wa Chuunibyou – Tome 3 – Chapitre 7 – Partie 2

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Chapitre 7 : Le Chien d’Aiko est là

Partie 2

L’intérieur de l’astronef visible à travers la fissure était une pièce ronde. La salle mesurait environ 50 mètres de diamètre, et 50 mètres jusqu’au plafond. Personne ne regardait dans leur direction, mais ils pouvaient probablement être vus s’ils n’étaient pas prudents.

En face de l’entrée de la pièce, il y avait quelque chose qui ressemblait à un autel. Une masse de couleur dorée était enroulée sur le dessus.

Son étiquette était « Dieu ».

Yuichi ne savait pas exactement quelle partie était la tête, mais il devait supposer que c’était la zone sous l’étiquette.

« … Wôw. J’arrive enfin à voir Dieu… » chuchota-t-il d’une voix abasourdie.

Si l’on devait faire confiance à Lecteur d’Âme, c’était le lieu rituel, et la masse d’or était La Tête de Tout.

Yuichi avait essayé d’estimer sa taille. Sa silhouette exacte était difficile à déterminer en raison de la façon dont elle était enroulée, mais elle semblait de la taille d’un éléphant d’Afrique. Six mètres de long, trois mètres de haut.

L’autel était entouré de paravent pour l’empêcher d’être vu à hauteur des yeux, et devant l’autel se trouvait un petit groupe de personnes qui semblaient être au milieu d’une dispute.

« Qu’est-ce que cela signifie ? » demanda l’un d’eux. C’était Yuri Konishi, portant une robe d’été tape-à-l’œil. Au-dessus de sa tête était accrochée l’étiquette « Anthromorphe (Chat) », et elle était clairement furieuse pour quelque chose.

Derrière elle se tenait un garçon vêtu d’un kimono. Son étiquette était « Anthromorphe (Loup) », et il lui semblait vaguement familier. Yuichi réalisa que c’était le garçon qui avait essayé d’inviter Natsuki à sortir.

« Je crois qu’il s’appelait Takashi Jonouchi, » déclara Natsuki. Elle avait prétendu l’avoir oublié auparavant, mais il semblait qu’elle s’en souvenait maintenant. Peut-être que le fait d’expliquer les choses à Aiko avait été trop gênant à l’époque, ou peut-être qu’elle avait juste voulu agir d’une manière désintéressée devant Yuichi.

La cible de la colère de Yuri Konishi était un petit vieil homme vêtu à la japonaise avec l’étiquette « Anthromorphe (Babouin) ».

Cela devait être Dogen Kukurizaka, le chef de l’île.

À en juger par son comportement et l’atmosphère féroce qui l’entourait, il était la personne la plus forte dans cette pièce. Selon Rion, la hiérarchie des Anthromorphes avait été décidée en fonction de la force, ce qui signifie qu’il devait être l’autorité suprême sur l’île. Cette autorité avait été affirmée par le groupe d’hommes qui se tenaient derrière lui.

« Qu’est-ce que vous voulez dire ? » demanda Dogen à Yuri, qui ne semblait pas impressionnée par son attitude irrespectueuse.

« Aiko Noro, la fille que j’ai capturée ! Elle s’est échappée, n’est-ce pas ? » s’était écriée Yuri. « Ce n’est pas ce que vous m’aviez promis ! »

« Ah, elle s’est échappée, oui. C’est ce que j’avais entendu dire, » déclara Dogen.

Elle s’est échappée ? C’était une bonne nouvelle pour Yuichi. Ça voulait dire qu’il n’aurait pas à se précipiter là-dedans à moitié armer.

« Vous êtes au courant ? Comment pouvez-vous être si calme ? Vous avez besoin d’elle pour votre sacrifice, n’est-ce pas ? » s’écria Yuri.

Yuichi s’était posé la même question. Dogen semblait extrêmement calme. C’était comme s’il ne se souciait même pas que ses sacrifices soient en liberté.

« Sacrifice ? » demanda-t-il. « Ah, oui. C’est vrai, les sacrifices sont importants. »

« C’est tout ce que vous avez à dire !? » demanda Yuri.

« Ce n’est pas parce qu’elles se sont échappées du manoir qu’elles vont s’échapper de l’île. On les attrapera tôt ou tard, » déclara Dogen.

« J’en ai assez ! Je vous ai laissé le boulot, et vous les avez laissées vous glisser entre les doigts ! Dès que vous l’attraperez, je l’achèverai moi-même ! Est-ce que vous me comprenez ? » cria Yuri.

« Hmm. Inacceptable. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre d’autres sacrifices, » déclara Dogen.

Yuri s’était retournée et s’était préparée à partir, mais un groupe d’hommes lui avait bloqué le passage.

« Les sacrifices vierges doivent être utilisés après le réveil de la Tête de Tout, » déclara Dogen. « Ils ajoutent de la saveur à la fête de la renaissance, mais elles ne sont pas nécessaires pour cela. Pour guérir la blessure à la tête, il faut autre chose… »

« Qu’est-ce que vous racontez ? » demanda Yuri.

Les subordonnés de Dogen avaient encerclé Yuri.

« Elle exige des sacrifices Anthromorphes, » déclara-t-il. « Nous servons la Tête de Tout depuis les temps anciens, et bien que je sois prêt et disposé à m’offrir à lui… c’est la nature humaine de vouloir utiliser autant d’étrangers que possible, vous ne trouvez pas ? »

La masse dorée sur l’autel bougeait. Il avait levé la tête et avait pointé son visage sur le paravent.

Tandis que Yuichi le regardait, il sentit un choc le traverser.

Son visage était humain.

La langue de la tête était sortie et elle avait entouré Takashi. En un instant, Takashi était dans la bouche de la chose.

« Warrrrgh ! » Takashi cria alors qu’on s’emparait de lui et se transforma instantanément en bête — un loup-garou.

Mais la transformation était futile à ce stade. Le corps de Takashi avait déjà commencé à fusionner avec la zone de la bouche de la Tête de Tout.

Il n’avait pas été avalé ou mâché — il y avait été absorbé directement. Son corps s’était peu à peu rétréci et avait perdu de ses traits.

Yuri avait tout regardé, sans voix. Ce n’est que lorsque Takashi fut à moitié absorbé qu’elle revint à la raison.

« Vous nous avez piégés ! » elle cria, et prit sa propre forme de bête. Ce n’était pas la forme demi-bête que Yuichi avait vue auparavant, mais un vrai chat Anthromorphe, le corps couvert de fourrure dorée.

La transformation était-elle destinée à fuir ou à combattre ? Quoi qu’il en soit, Yuri n’avait jamais eu l’occasion de l’essayer, car elle avait été immédiatement poussée au sol par des Anthromorphes qui étaient apparus derrière elle.

« Vous avez de la chance. Il semble que vous serez un sacrifice pour après son réveil. » Dogen s’était approché de Yuri et lui avait souri.

« Enfermez-la jusqu’à l’heure prévue, » ordonna-t-il, et Yuri fut emmenée.

La créature ne s’intéressait apparemment pas à Yuri. Une fois que le dieu avait fini d’absorber Takashi, il s’était arrêté, avec un air de satisfaction. Puis il s’était tourné vers le plafond.

Il avait regardé Yuichi, et il avait souri. Son énorme visage déformé, avec un sourire plus large que n’importe quel visage humain ne pourrait jamais le faire.

C’est alors que Yuichi avait commencé à réfléchir à des moyens de le tuer.

 

✽✽✽✽✽

 

Le loup-garou avait mené la descente de la montagne, suivi d’Aiko, Yoriko et Mutsuko. Heureusement, personne ne les suivait en ce moment, et ils n’avaient pas non plus rencontré de villageois sur le chemin.

« Je m’appelle Aiko Noro. Ce sont Yoriko et Mutsuko Sakaki, » déclara Aiko en le présentant aux sœurs. Elle avait trouvé le loup-garou un peu effrayant au début, mais elle commençait peu à peu à s’habituer à sa présence.

« Lady Aikonoro… c’est votre nom ? » Le loup-garou parlait couramment leur langue, mais parfois, son intonation était un peu fausse.

« Quel est votre nom ? » demanda Aiko.

« Alors, vous ne vous souvenez vraiment pas…, » le loup-garou baissa tristement le visage.

« Je suis désolée. Je ne sais vraiment pas…, » Aiko était certaine qu’elle n’avait aucun souvenir du loup-garou, mais elle se sentait toujours mal à cause de la tristesse que cela lui causait.

« Vous n’avez pas besoin de vous excuser ! » avait-il déclaré. « Il est naturel d’oublier le nom d’une chose insignifiante comme moi. Votre Altesse n’est pas en faute ! »

« Mais ne pas savoir votre nom va devenir très gênant, alors pourriez-vous nous le dire tout de suite ? » Yoriko l’interrompit, ennuyée par la conversation bloquée.

« Je m’appelle Néron, » déclara-t-il. « C’est le nom que Votre Altesse m’a donné. »

« OK, Néron, » Mutsuko était intervenue. « Qu’est-ce qui t’amène ici tout d’un coup ? Tu nous as sauvées, mais nous ne savons pas pourquoi ! »

« J’ai parcouru le monde à la recherche de la princesse, quand l’autre jour, brusquement, j’ai senti son pouvoir, » expliqua-t-il.

« Ah ! Je parie que c’est quand Noro s’est transformé ! » cria Mutsuko.

« Transformé ? » Yoriko inclina la tête dans la confusion.

Aiko s’était rendu compte que Yoriko ne savait pas grand-chose de ce qui s’était passé l’autre jour. Elle ne savait peut-être même pas qu’Aiko était une vampire.

« Je t’expliquerai une autre fois ! » déclara Aiko, essayant de détourner le sujet. C’était trop difficile à expliquer maintenant.

« Il était clair que la princesse était au Japon, » dit le loup-garou, « Et quand j’y suis arrivé, j’ai rencontré une femme étrange. Elle m’a dit que je vous trouverais ici. »

« Je me demande qui est cette femme, » avait dit Mutsuko. « Presque personne ne savait que nous devions venir sur cette île pendant notre camp de formation… Et pourquoi es-tu une princesse, Noro ? »

« Néron ! » Aiko l’avait soudainement interrompu. « Je ne sais vraiment pas pourquoi je suis votre princesse, et je ne veux pas non plus le savoir. Alors, pourriez-vous juste… »

Aiko se sentait anxieuse. Elle ne savait pas quoi faire quand on l’appelait princesse dans un contexte dont elle ne savait rien. Peu importe ce que cet homme avait dit, elle ne pouvait pas croire que ça avait quelque chose à voir avec elle.

« Je comprends, » déclara le loup-garou. « Votre Altesse… Lady Aiko, vous avez votre propre vie maintenant, et je n’ai pas l’intention de menacer cela. À partir de maintenant, je jure ma loyauté et mon service envers Lady Aikonoro. »

« Vous “jurez votre loyauté” ? » Aiko était soulagée de voir qu’il semblait au moins comprendre ça. Elle se sentait gênée par le serment de loyauté, mais elle avait le sentiment que cela ne servirait à rien d’en discuter, alors elle avait décidé de laisser faire pour le moment.

« Si tout est réglé pour l’instant, réfléchissons à ce qu’on va faire ensuite ! » Mutsuko était entrée dans la discussion.

« Mais que devrions-nous faire ? Quitter l’île ? » demanda Aiko.

À l’origine, ils étaient venus sur l’île pour leur camp de formations, mais ils n’étaient certainement pas en état de le faire maintenant.

« Bonne question, » déclara Mutsuko. « Le meilleur moyen de sortir d’ici serait de rappeler Akiko… »

« Mais comment la contacter ? » demanda Aiko. « Ils ont pris nos portables. »

Elles n’avaient pas eu le temps de récupérer leur téléphone portable pendant l’évasion.

« Entrons par effraction dans une des maisons et utilisons leur ligne fixe ! » déclara Mutsuko. « J’ai mémorisé son numéro de téléphone, alors tout va bien ! »

Peut-être qu’il était inutile de s’inquiéter d’entrer par effraction sur une île où tout le monde voulait les tuer, mais Aiko se sentait quand même un peu coupable de l’idée.

« Bref, où est Yu dans un moment pareil ? » se demanda Mutsuko.

« Et si… il n’est vraiment pas arrivé sur l’île ? » demanda Aiko avec inquiétude. Elles n’avaient toujours pas la confirmation que Yuichi s’était rendu sur l’île.

« Yu, vous dites ? Un autre de vos alliés ? » demanda Néron.

« Mon petit frère, » déclara Mutsuko. « Je l’ai poussé dans l’océan, alors je savais qu’il serait un peu en retard, mais… »

« … Était-il, par hasard, avec une femme ? » demanda le loup-garou.

« Tu l’as croisé quelque part ? » demanda Mutsuko.

« En me rendant sur cette île, j’ai aperçu un jeune homme portant une femme dans l’eau, » répondit-il. « Cette île semblait être sa destination. »

« Je vois ! » cria Mutsuko. « Ce qui veut dire qu’il est déjà sur l’île ! Il faut qu’on le retrouve ! »

Ils avaient décidé de se rendre d’abord au port. Si Yuichi était vraiment venu, il y aurait probablement eu des signes de lui.

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