Neechan wa Chuunibyou – Tome 2 – Chapitre 8

***

Chapitre 8 : Vampire Versus Vampire!

***

Chapitre 8 : Vampire Versus Vampire!

Partie 1

La sensation d’avoir son sang bu était agréable. Était-ce parce que c’était Aiko qui le faisait, ou parce que l’acte lui-même était agréable ?

Yuichi pouvait à peine bouger, donc il ne pouvait certainement pas se défendre. Il avait été forcé de céder entièrement à Aiko.

Aiko étendit Yuichi sur le sol et se leva.

« Ha ! » son frère avait ri. « Qu’est-ce que tu comptes faire, Aiko ? Crois-tu que boire un peu de sang t’aidera ? » Son ton était un amalgame de peur, de jalousie et de haine.

Des ailes brillantes commencèrent à se déployer depuis le dos d’Aiko : minces et délicates, comme de nombreuses couches de verre mince superposées. En même temps, quatre lames apparurent autour d’elle, également transparentes et apparemment sans substance. Ses yeux étaient devenus rouges, et Yuichi pouvait voir des crocs sortir des coins de sa bouche.

« Princesse Vampire ». À un moment donné, l’étiquette au-dessus de la tête d’Aiko avait également changé.

 

 

Le monde autour de Yuichi tournoyait. Il n’avait jamais rêvé qu’Aiko puisse se transformer.

« Non ! Ne t’avise pas ! Tu fais toujours ça… C’est toujours comme si tout tournait autour de toi ! » cria Kyoya. Il avait abandonné toute prétention de garder son ton calme et hautain.

Il avait commencé une nouvelle transformation monstrueuse, se transformant en un loup-garou recouvert de fourrure argentée.

Une fois sa transformation achevée, Kyoya s’était précipité vers elle. Il avait sauté dans les airs, brandissant ses griffes pour déchirer Aiko.

Aiko avait poussé sa paume vers lui, ce qui avait fait que les lames qui planaient autour d’elle se lancèrent vers Kyoya. Cela l’avait frappé alors qu’il était encore en l’air et il s’était retrouvé au sol.

« Ton sang n’est pas savoureux, Grand Frère, » déclara-t-elle calmement. Les lames avaient repris leur formation autour d’Aiko. Il s’agissait des crocs d’Aiko, et ils étaient maintenant tachés de sang. « Attends-moi, Sakaki. Je vais mettre fin à tout ça. »

La froideur dans la voix d’Aiko avait ramené Yuichi à la raison.

« Ne t’avise pas de le faire ! Je ne t’ai pas demandé de faire ça ! » Yuichi s’était battu contre ses jambes instables, essayant de se lever.

Il ne pouvait pas laisser Aiko tuer son frère. Mutsuko lui avait dit une fois que le fait de tuer quelqu’un pouvait marquer une personne d’une manière dont elle ne guérirait jamais complètement.

Aiko avait fait un autre geste, et ses crocs s’étaient plantés une fois de plus dans Kyoya.

Après ça, Kyoya se releva et il commença à faire pousser d’autres bras. Deux nouveaux bras étaient maintenant au niveau de chaque épaule, lui donnant une silhouette d’Asura. Il avait utilisé quatre de ces bras bestials pour s’emparer de chacun des crocs d’attaque d’Aiko.

« Eh bien ? Et maintenant ? » demanda Kyoya alors qu’il s’approchait d’Aiko.

Elle avait placé les deux mains devant elle — peut-être en essayant de reprendre le contrôle des crocs — mais Kyoya avait gardé une forte emprise sur eux.

Kyoya avait abaissé son centre de gravité et avait couru vers elle.

Aiko avait maladroitement battu des ailes pour s’écarter du chemin, mais bien qu’elles existaient probablement pour lui permettre de voler, elle n’y était pas du tout habituée. Elle avait fini par perdre l’équilibre et, incapable de rester dans les airs, elle avait heurté le mur.

Kyoya plongea sur elle, poussant ses griffes savamment étendues vers elle.

Aiko avait alors placé ses ailes devant elle pour se défendre, mais la force des griffes l’avait repoussé vers l’arrière.

Aiko avait heurté le mur et était tombée à côté de Yuichi. Néanmoins, elle se leva de nouveau.

Ses yeux brillaient, et ses ailes s’étendaient. Elle avait fait un pas en avant, prête à continuer à se battre pour protéger Yuichi.

Arrête ça…, Yuichi ne voulait pas qu’elle fasse ça pour lui.

Kyoya avait ri. « Bien fait pour toi ! Tu crois qu’une petite sœur peut battre son grand frère ? »

Ils étaient tous les deux surhumains. Il n’y avait pas de place pour que Yuichi puisse intervenir. Ce n’était pas une bataille pour un humain ordinaire.

Alors… et alors ? Yuichi avait concentré les quelques forces dans ses jambes. T’ai-je vraiment fait t’inquiéter à ce point ?

Lentement, il se releva

Tu penses vraiment que je suis si faible que tu dois faire quelque chose comme ça !? pensa-t-il.

Aiko ne pouvait pas bouger ses ailes correctement. Elle devait déjà être à la limite de ses forces.

« Ça y est ! Voilà la preuve que je t’ai dépassée en tant que vampire ! Cela démontre que je suis plus fort que toi ! » Kyoya avait brandi de nouveau ses griffes et il chargea directement vers Aiko.

Aiko avait commencé à basculer alors que ses forces avaient disparu. Elle ne pouvait plus se protéger face à ce qui arrivait vers lui.

Les griffes de Kyoya visaient le cœur d’Aiko.

Yuichi avait alors déclenché un cri primitif.

 

♡♡♡

 

« Qu’est-ce qui se passe avec Noro ? » murmura Natsuki en regardant la transformation d’Aiko.

Des ailes brillantes étaient apparues sur le dos d’Aiko. Ses yeux avaient brillé en rouge, et ses crocs étaient sortis de derrière ses lèvres. Il n’y avait aucun signe de l’Aiko facile à vivre qu’ils connaissaient.

Le point de référence le plus proche que Natsuki avait était la corne qui apparaissait sur le front d’un Oni. C’était aussi semi-transparent et peu substantiel.

« C’est peut-être le pouvoir de l’amour ! Ça veut-il dire que tu peux aussi te transformer, Takeuchi ? » demanda Mutsuko avec enthousiasme.

« Non, je…, » Natsuki avait bien quelque chose en elle et c’était la source de sa force surhumaine et de son envie de tuer. Mais elle ne s’était jamais transformée.

« C’est une sorte de moment de “wôw, vraiment ?”, hein ? » s’exclama Mutsuko. « Quand on pense aux femmes vampires, on s’attendrait à quelque chose comme Carmilla, n’est-ce pas ? Le vrai type sexy ! Mais Carmilla était lesbienne, donc je suppose que c’est sexy d’une autre façon ! »

Mutsuko n’avait pas été surprise par la transformation d’Aiko, et n’avait pas cessé de parler de tout ce qui lui venait à l’esprit.

« Aurions-nous dû arrêter Noro ? » demanda Natsuki. Maintenant qu’elle était partie, elles ne pouvaient plus rien faire. Peut-être, pensa Natsuki, auraient-elles dû l’empêcher d’y aller.

« Bonne question, » dit Mutsuko. « Ce sera probablement effrayant pour elle… mais elle ira bien. Yu ne laissera rien lui arriver de mal. »

Natsuki la regarda d’un air empli de doute. Yuichi ne pouvait pas gagner. Mutsuko devait sûrement s’en rendre compte.

Natsuki avait été surprise quand Aiko s’était précipitée et s’était brusquement transformée, mais elle ne pensait pas que cela changerait quoi que ce soit. Aiko n’avait pas assez d’expérience pratique dans le combat. Peu importe la puissance que vous aviez, cela ne signifiait rien si vous ne pouviez pas l’utiliser.

« Sakaki ne peut plus bouger, » constata Natsuki.

« Je sais, » Mutsuko avait hoché la tête. « Il a utilisé le furukami à pleine puissance et il a déjà atteint ses limites. »

« Ce vampire est plus fort que lui, » avait ajouté Natsuki.

« Oui, on dirait bien ! » déclara Mutsuko.

« Comment va-t-il gagner ? » demanda Natsuki.

« Il a atteint sa limite et il a été rendu immobile contre un ennemi d’une force écrasante, donc il est perdu… Est-ce donc ce que tu penses ? Tu dois avoir un peu plus confiance en lui ! Yu n’est pas si faible ! Tu penses vraiment qu’il est le protagoniste du genre d’histoire où les héros échouent, avant de faire une déclaration quant à la cruauté du monde réel et comment les mauvaises fins sont plus réalistes ? Non ! » proclama Mutsuko. « C’est le moment décisif ! Compris ? Quand on est le meilleur des meilleurs, on trouve toujours un moyen ! »

***

Partie 2

Le bras bestial s’était mis à tourner sur lui-même alors qu’il s’envolait dans les airs.

Kyoya le regardait voler, mais il ne comprenait pas exactement ce qu’il regardait.

Cela avait tracé un arc de cercle vers le plafond, alors que du sang semblait le suivre pendant son trajet.

Ses griffes étaient sur le point de percer le cœur d’Aiko… mais c’était maintenant Yuichi qui se tenait devant lui.

Les bras de Yuichi étaient croisés et tendus devant lui, puis il les avait baissés.

Il devrait déjà être hors jeu… Qu’est-ce qu’il fait là ? Mais au moment où cette pensée était entrée dans l’esprit de Kyoya, Yuichi avait disparu de son champ de vision.

La vision de Kyoya s’était alors inclinée sur le côté.

À l’instant d’après, il s’était rendu compte que c’était lui qui tombait.

Tout semblait bouger au ralenti.

La douleur dans son bras et sa jambe lui était arrivée simultanément.

Kyoya s’était soudain rendu compte qu’il lui manquait une main et que sa jambe gauche était tordue à un angle bizarre avec le genou vers le bas.

Ses souvenirs quant à la façon dont les choses en étaient arrivées là étaient flous. Que s’était-il passé ? Qui lui avait fait ça ? Il ne pouvait même pas commencer à reconstituer la scène. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était sentir le temps s’écouler lentement.

Il avait tendu instinctivement la main, essayant d’arrêter sa chute. Mais cela n’était pas autorisé.

Il avait senti des doigts se planter dans ses globes oculaires, puis avait senti le choc de sa tête heurtant avec force le mur.

Tout était devenu noir. Mais cela n’avait duré qu’un instant, malheureusement. À l’instant d’après, le visage de Yuichi était devant lui.

« Fils de…, » Kyoya avait essayé de parler, mais sa mâchoire délogée de son logement l’avait empêché de finir sa malédiction.

Yuichi avait avant ça utilisé la paume de sa main pour frapper la mâchoire de Kyoya à très courte distance. Toute la mandibule s’était envolée au loin. La douleur avait fait que la vision de Kyoya s’était obscurcie.

Il voltigeait désespérément dans les airs avec ses six bras. Si seulement l’un d’entre eux pouvait frapper… ! Mais cela n’avait fait qu’aggraver la situation, alors que Yuichi s’occupait systématiquement de chaque bras, un à la fois afin de les neutraliser définitivement.

Yuichi avait commencé à frapper Kyoya sans discernement, avec les poings, avec des frappes du tranchant, avec des coups de paumes. Il lui avait tordu les articulations et avait cassé ses os.

Une autre transformation…, mais le temps que cela prendrait créerait une ouverture fatale.

Guérison…, mais il était en train de se régénérer à pleine puissance pendant tout ce temps, mais elle n’arrivait tout simplement pas à suivre les dégâts qu’il encaissait.

C’est un monstre, pensa le vampire.

Il était impossible de croire que cet homme était humain. Kyoya ne savait même pas ce qu’il combattait. Il n’avait absolument aucune idée de ce qui se passait.

Et enfin, les sentiments de Kyoya avaient rattrapé les circonstances qui l’entouraient.

La terreur pure…, pensa-t-il.

Il faisait l’expérience de la terreur primordiale de la mort. Il n’avait même pas pu voir Yuichi. Il était même impossible de rester debout. Son corps était dans un état constant de destruction.

Kyoya avait alors déployé ses ailes. Celle-là, au moins, il pouvait encore les utiliser pour le moment. Peut-être que s’il arrivait à s’échapper de l’école…

Mais Yuichi avait bondi puis il avait donné un coup de pied au plafond afin d’assaillir d’en haut le vampire. Il avait frappé avec un talon avant d’enfoncer Kyoya dans le sol. Puis, sans un instant de répit, Yuichi avait placé les pieux dans sa main.

Les minces piquets de magnolia blanc s’étaient retrouvés plantés dans le dos de Kyoya. Le sang — la source de son pouvoir — coulait hors de lui. Le fluide d’où jaillissait son immortalité était en train de se répandre sur le sol.

Il n’y avait qu’une seule chose que sa régénération pouvait faire, et maintenant elle atteignait ses limites.

Kyoya avait soudainement été rendu vraiment conscient qu’il se tenait au bord de la mort.

 

♡♡♡

 

« Il a gagné, » dit calmement Mutsuko.

« Hein ? » demanda Natsuki avec la bouche grande ouverte.

« Mets-toi dans l’ambiance, Takeuchi ! Fais-moi un bon “ben ouais !”, » déclara Mutsuko.

Natsuki ne pouvait pas comprendre de quoi Mutsuko parlait ni traiter l’information qui était présentée dans la vidéo qui était projetée sur le mur.

« Le héros dans un manga ne peut pas tout faire ressortir tant qu’il n’est pas vraiment le dos contre le mur ! Même là, il en a peut-être fait un peu trop, » Mutsuko avait plissé son front en raison de l’inquiétude.

« Qu’est-ce que c’était que ça ? » s’était écriée Natsuki.

« Quoi ? Oh, le truc au début ? C’est la Technique de Défense Extrême de Type 0, “Fukuro” ! C’est un mouvement où tu concentres la puissance de ton adversaire et ton propre poids en accord, le tout contre une seule articulation… et wôw, je sais que les verrous articulaires peuvent être puissants, mais je ne m’attendais pas à ce qu’il l’arrache le membre ainsi ! » répondit Mutsuko.

« Je pensais qu’il ne pouvait plus bouger…, » Natsuki avait déclaré ça dans l’incrédulité.

« Ce genre de chose n’est qu’une question d’humeur. Même un robot qui n’a plus de carburant peut bouger si tu lui cries assez dessus ! » déclara Mutsuko.

« Il n’a rien fait de tout cela quand il s’est battu contre moi… Qu’est-ce que cela signifie ? N’était-il pas en train de combattre sérieusement contre moi ? » Le visage de Natsuki s’était plissé à cause de la frustration.

« Il a retiré un autre de ses limiteurs, » expliqua Mutsuko. « Le furukami enlève les limiteurs de son corps. Mais il y a aussi le limiteur dans son esprit. J’en ai déjà parlé, tu t’en souviens ? Les humains ne peuvent généralement pas tuer d’autres humains, et toute attaque contre un autre humain aurait une résistance inhérente. Si tu fais disparaître cette résistance, les choses peuvent devenir assez effrayantes ! En d’autres termes, Yu attaque actuellement avec une véritable intention meurtrière. C’est la différence entre ça et sa bataille contre toi ! »

« Quelque chose d’aussi simple peut-il faire une telle différence ? » demanda Natsuki.

Ne le voit pas comme un humain, Natsuki avait donné le même conseil à Yuichi. Pourtant, il y avait quelque chose d’incroyable dans la scène qui se déroulait devant ses yeux.

« Oh, ça, c’est parce que Yu est un garçon si gentil. Bien que cela puisse causer ses propres problèmes… Je parie qu’il ne l’a même pas utilisé ! » s’exclama Mutsuko.

Yuichi ne montrait aucune pitié. Kyoya était resté totalement sur la défensive, mais il n’avait pas pu se défendre correctement. Il n’arrivait tout simplement pas à suivre.

C’est étrange, pensa Natsuki. Yuichi se déplaçait rapidement, mais pas si vite qu’elle ne pouvait pas le suivre.

Mutsuko avait dû lire dans son esprit, parce que les prochains mots qui étaient sortis de sa bouche : « Que tu combattes un vampire ou un Anthromorphe, ils ne pensent et ne réagissent pas plus vite qu’un humain. C’est pour ça qu’il ne peut pas faire face aux techniques de disparition de Yu. Dans les arts martiaux, les techniques de disparition sont des mouvements qui vont à l’encontre de ce que ton adversaire suppose que tu vas faire. Tu vois, ce que nous percevons comme une “vision” est un amalgame de ce que le cerveau suppose qu’il va se produire, et de ce qui se passe réellement. Le cerveau exécute diverses simulations basées sur des stimuli à propos de ce qui va se passer ensuite, et présente les résultats comme si tu l’avais vraiment vu… Cette explication n’a peut-être pas de sens pour toi, mais je t’expliquerai plus tard comment fonctionne le cerveau. »

« Qu’as-tu fait à Sakaki ? » Qu’est-ce qui pourrait transformer un humain en quelque chose comme ça ? Natsuki ne pouvait même pas l’imaginer.

« Je ne lui ai rien fait ! C’est lui qui s’est poussé avec tant de force pour en arriver là, » avait répondu Mutsuko.

« Pourquoi as-tu fait ça à Sakaki ? » Natsuki avait regardé la vidéo de Yuichi se jouant sur le mur. Le degré de violence qu’il infligeait à un être humain pourrait facilement être qualifié d’« excessif ». Pour quelle raison Mutsuko avait-elle agi pour transformer Yuichi à ce niveau-là ? C’était ce qu’elle n’avait pas compris.

« Est-ce qu’un garçon a besoin d’une raison de vouloir devenir fort ? » L’innocence présente dans le sourire de Mutsuko avait donné froid dans le dos à Natsuki.

Est-ce possible, se demandait-elle, qu’il n’ait peut-être pas vraiment de raison ? Qui voudrait seulement devenir l’homme le plus fort du monde ?

Natsuki fixa le vide alors que ses pensées dérivaient dans son esprit. Pendant ce temps, après avoir vérifié quelque chose sur sa tablette, Mutsuko s’était levée.

« Takeuchi, j’ai besoin de m’occuper de quelque chose. Pourrais-tu attendre ici ? » demanda Mutsuko.

« D’accord… mais es-tu sûre qu’on ne devrait pas faire quelque chose pour Sakaki ? » demanda Natsuki.

« Je pense que Noro est celle qui va faire quelque chose ! » Avec cette phrase insouciante, Mutsuko avait quitté le restaurant.

 

♡♡♡

 

Le cœur était son point faible.

Se souvenant de cela, Yuichi avait frappé Kyoya dans le dos, juste derrière son cœur.

Un choc suffisant dans le cœur provoquerait une fibrillation ventriculaire. La plupart des gens ne sauraient pas comment il fallait frapper pour le causer, mais les enseignements de Mutsuko l’avaient rendu possible pour lui.

Le cœur de Kyoya s’était arrêté. Puis, cela avait recommencé à battre.

Obstiné, pensa-t-il.

Ainsi, il était clair qu’un pieu dans le cœur était le seul moyen fiable. Il avait sorti un autre pieu en magnolia blanc de sa poche. Cela n’avait que la taille d’un crayon et ce n’était peut-être pas assez solide pour percer jusqu’au cœur.

Mais s’il l’essayait et que ça ne marchait pas, il pouvait creuser à travers le côté du torse et écraser le cœur avec sa main. Et si ça ne marchait pas, il le déchiquetterait jusqu’à ce qu’il ne puisse plus se régénérer, rien de bien difficile là-dedans.

Yuichi avait enroulé ses doigts autour du pieu. Il était sur le point de frapper dans le cœur de Kyoya avec son poing, quand…

« Sakaki ! » une voix l’avait interrompu.

« Sakaki, ça suffit ! Tu en as assez fait ! » La voix d’Aiko l’appelait, désespérément.

Du coin de l’œil, il pouvait voir la jeune fille tituber sur ses pieds.

Son uniforme était en lambeaux. Ses yeux rouges étaient revenus à leur couleur normale, et les ailes de son dos avaient disparu.

Elle s’approcha lentement de lui. « C’est mon problème ! Si quelqu’un doit l’achever, que ce soit moi ! Alors… ça suffit ! S’il te plaît, arrête, Sakaki ! » Aiko avait placé ses bras autour de lui en pleurant.

« Noro…, » le contact d’Aiko avait ramené Yuichi à la raison. Elle le regardait avec les larmes aux yeux.

« Interêt Romatique. » La vue de son étiquette revenant à la normale avait rempli de joie le cœur de Yuichi.

Il avait alors ri. « Wôw. Tu agis comme un Intérêt Romantique en ce moment… »

Aiko baissa sa tête, peut-être embarrassée par la façon dont elle avait placé ses bras autour de Yuichi.

« Noro… Merci. Tu m’as sauvée, » déclara-t-il

Devant Yuichi se trouvait Kyoya, son corps couvert de sang. Il n’avait pas la force de maintenir sa forme bestiale, alors il était de retour dans sa forme humaine. Mais même sous sa forme originale, il était à peine reconnaissable en tant qu’humain.

Ses bras et ses jambes étaient pliés à des angles inhabituels. Ses os sortaient de sa chair, il y avait des coupures partout. Sa régénération semblait être au ralenti. Il semblait que ce pouvoir ne pouvait pas fonctionner indéfiniment.

« Je vais le faire ! » Aiko avait arraché le pieu à Yuichi et elle l’avait brandi vers Kyoya.

« Ne fais pas ça ! » cria Yuichi.

« Mais…, » Aiko commença à parler.

« Je pense… que c’est bon maintenant…, » Yuichi s’était rapproché de Kyoya. « N’est-ce pas ? »

« Arg ! » Kyoya s’était recroquevillé, produisant un son pathétique.

« Cesse donc de créer des problèmes pour ta famille, et mets en pause ta conquête du monde, » avait déclaré Yuichi. « D’accord ? »

Kyoya avait rassemblé ses dernières forces pour hocher la tête en toute hâte.

Son esprit était complètement brisé. D’après la longue expérience de Yuichi, une fois qu’une personne avait été réduite à cet état, ils ne l’avaient plus jamais croisée.

« Tu vois ? C’est bon, » commença à dire Yuichi. Puis il s’était rendu compte que le monde s’obscurcissait autour de lui.

Tandis que ses genoux se pliaient sous son corps, il avait placé une main sur le mur. Puis, de là, il glissa lentement jusqu’au sol.

« Sakaki ! » Le cri d’Aiko avait été la dernière chose que Yuichi avait entendue avant de perdre connaissance.

***

Partie 3

Eriko regardait la fin du combat depuis le toit de l’ancien bâtiment de l’école.

Les vampires avaient la capacité de partager des sensations avec les personnes dont ils buvaient le sang. C’était à l’aide de ce pouvoir qu’Eriko avait perçu tout ce qui arrivait à Kyoya.

« Qu’est-ce que…, » elle avait mis un filtre sur la sensation, de sorte que pendant qu’elle pouvait percevoir la présence de la douleur, elle n’avait pas à la ressentir de première main. Mais cela suffisait à la faire trembler de peur.

Eriko n’avait jamais été dans un vrai combat, mais il était facile pour elle de dire que Kyoya était confronté à une sorte de monstre. Il y avait de la beauté dans la façon précise et efficace dont il démantelait son ennemi.

Ce n’était pas quelqu’un qu’elle voulait avoir contre elle, elle l’avait parfaitement réalisé.

Eriko avait décidé qu’il était temps.

Le résultat de son expérience était clair : Boire trop de sang avait empêché Kyoya de marcher au soleil et l’avait transformé en quelque chose plus proche d’une bête.

La forme de la bête… elle était terriblement laide. Inacceptable pour le sens de l’esthétique d’Eriko.

Le corps de Kyoya avait continué à se transformer. Plus récemment, ses crocs étaient restés étendus et il était devenu plus poilu. En d’autres termes, si elle buvait trop de sang, elle finirait par se retrouver dans la même situation.

Ce qu’Eriko recherchait, c’était la beauté éternelle, l’équilibre qui l’empêcherait de vieillir sans la transformer en bête. Mais après avoir vu Aiko, elle avait commencé à se demander s’il y avait un autre moyen.

Aiko…

Elle avait été si belle.

Serait-ce la forme légendaire écrite dans le carnet d’Eriko ? Elle pensait qu’il n’existait pas vraiment, mais après ce qu’elle avait vu, elle n’avait pas d’autre choix que de croire.

« Peut-être que cette rumeur était vraie…, » murmura-t-elle.

Eriko avait entendu une rumeur — qui semblait maintenant extrêmement plausible — selon laquelle Aiko n’était pas vraiment liée à la famille Noro par le sang. En d’autres termes, Kyoya et Aiko étaient des vampires, mais d’espèces différentes.

Eriko se demandait si elle-même pourrait subir une transformation similaire. S’agissait-il d’une question de lignée, avait-elle un tel sang en elle ? Elle devrait alors expérimenter la prochaine fois avec Aiko. De quoi avait-elle eu besoin pour obtenir cette forme ? Aiko était une fille simple, pensait-elle. Ce serait facile de l’entraîner. Et puis…

« Bonsoir. Peut-on parler ? »

Voyant ses pensées dissipées par une nouvelle voix, Eriko se retourna.

Il y avait une fille toute seule au clair de lune sur le toit de l’ancien bâtiment de l’école.

Mutsuko Sakaki. La sœur aînée du monstre.

« Qu’est-ce que vous faites ici ? » demanda Eriko dans son ton le plus élégant.

« J’ai installé des caméras de sécurité dans toute l’école, parce qu’on ne sait jamais d’où viendra un ennemi ! » déclara Mutsuko. « Bien sûr, je ne m’attendais pas à en voir un voler sur le toit… »

Eriko regarda calmement autour d’elle. Elle ne voyait rien qui ressemblait à une caméra de sécurité.

« Elles ne sont pas si faciles à repérer. Après tout, je ne peux pas laisser les personnes les trouver ! » déclara Mutsuko.

« Je vois. Alors, de quoi vouliez-vous parler ? » demanda Eriko.

« Que savez-vous ? Quel lien avez-vous avec ce qui s’est passé ? » demanda Mutsuko avec force.

« Croyez-vous vraiment que je vais vous le dire ? » demanda Eriko.

« Eh, ne le ferez-vous pas ? J’espérais que vous seriez du genre bavardage… Ce que je voulais dire par là, c’est que le cerveau derrière tout ça vient toujours dans le dernier acte pour révéler tout le plan et tout raconter aux héros ! Et il en est de même des choses qu’ils n’ont pas demandées ! » déclara Mutsuko.

« Oh ? Pensez-vous que je sois un cerveau ? Et pourtant, vous êtes venue de votre plein gré en ma présence, pensant que vous seriez en sécurité, non ? » demanda Eriko.

« Eh bien, ça ne m’inquiète pas trop ! » déclara Mutsuko.

Eriko avait plissé ses yeux avec attention. Après tout, il s’agissait de la sœur du monstre avec qui elle parlait… Il pourrait y avoir plus que ce qu’elle voyait là.

« Eh bien, je suppose que c’est bien si vous ne voulez pas me le dire, » déclara Mutsuko. « Mais le vrai problème, ce sont les personnes à qui vous avez bu du sang. Je ne pense pas qu’on ait à s’inquiéter que le frère de Noro en fasse plus, mais… qu’en dites-vous ? Est-ce que nous pouvons vous obliger à tout arrêter et tout nous dire ? »

« Et pourquoi devrais-je faire ce que vous me dites ? » demanda Eriko.

« J’ai pensé que vous diriez quelque chose comme ça. J’ai un seuil de tolérance plutôt faible, donc une fois les négociations rompues, j’use directement de la force, » déclara Mutsuko.

Elle était proche. La distance entre Eriko et Mutsuko s’était réduite sans qu’elle s’en rende compte.

Eriko ne l’avait jamais vue bouger. Ce n’était pas comme si elle s’était précipitée vers elle. On aurait dit que l’instant d’après, Mutsuko était là, devant elle.

« Voilà ! » avec un grognement, Mutsuko avait déplacé ses deux bras, comme pour là serrer dans ses bras.

Shing ! Le bruit du métal qui se dénudait lorsque les lames jaillissaient des deux bras de Mutsuko avait produit un son. Elles avaient tranché dans la poitrine d’Eriko.

« Est-ce que c’est ce qu’ils appellent une “Haha une expérience” ? » demanda Mutsuko avec désinvolture.

Eriko ne s’était pas rendu compte que la raison pour laquelle elle n’avait pas remarqué l’approche de Mutsuko était qu’elle n’avait fait que glisser ses pieds sans laisser le haut de son corps bouger.

Eriko avait alors sauté en arrière.

La blessure était extrêmement superficielle, mais très lente à se régénérer.

Les lames avaient déchiré les manches de Mutsuko au niveau du coude et s’étaient étendues jusqu’à ses épaules avec une lueur terne.

« Je vois. La couche d’argent était super efficace, hein ? » Mutsuko croisa les bras recouverts d’une lame, hochant la tête comme si elle comprenait.

Eriko avait décidé qu’elle devait partir de là. Cette femme était trop imprévisible pour qu’elle puisse rester en sa présence.

Elle avait déployé ses ailes de chauve-souris — elle essayait habituellement de ne pas les utiliser devant les autres, mais elle n’avait pas beaucoup d’options maintenant. « C’est absurde. Je n’ai pas besoin de rester avec vous. » Elle étendit ses ailes et elle les fit se battre afin de la soulever légèrement dans les airs.

Mutsuko n’avait aucun moyen de l’atteindre, et Eriko l’avait réalisé. Ainsi, elle avait regardé la fille avec un visage triomphal.

« Sabre au loin ! » Mutsuko décroisa les bras avec force, envoyant les lames vers l’extérieur.

Les lames avaient tourné dans les airs et avaient touché un coin des ailes d’Eriko.

Eriko n’avait pas perdu l’équilibre et n’était pas tombée, mais elle n’avait pas pu faire plus de progrès dans son mouvement. Elle avait à peine réussi à maintenir sa position et à rester en place.

« Arg ! Eh bien, les prototypes ont généralement des problèmes de précision…, » Mutsuko avait fait la moue.

Mais Eriko était sûre que ce n’était pas encore fini. Elle ne pouvait pas baisser sa garde ; elle devait partir de là dès que possible.

Eriko avait battu de nouveau ses ailes et avait repris son ascension. Elle s’était sentie soulagée, car elle semblait, cette fois, être en sécurité. Mais avant de pouvoir quitter l’école, Mutsuko avait fait demi-tour.

Elle avait regardé Eriko droit dans les yeux et avait tendu son bras droit. Ses doigts avaient pris la forme d’un pistolet.

« Bang ! » déclara Mutsuko.

Eriko avait juste supposé qu’elle était juste une mauvaise perdante… et un instant plus tard, un trou s’était formé dans son estomac.

 

 

« Celui-là aussi était assez imprécis… Ou était-ce ta faute, Ibaraki ? » demanda Mutsuko.

« Hé, écoute… ne m’accuse pas de ça, d’accord ? Tu m’as dit que la visée était automatique, » la voix d’Ibaraki se faisait entendre sur la tablette de Mutsuko.

Mutsuko avait dit à Ibaraki que le logiciel de détection de corps se verrouillerait automatiquement sur son cœur. Tout ce qu’il avait à faire, c’était d’appuyer sur la détente quand elle lui aurait dit de le faire.

Mutsuko regarda le ciel alors qu’Eriko tombait.

« OK, tir deux ! Cette fois, vise le cœur ! » cria Mutsuko.

« Impossible, » répondit Ibaraki.

« Pourquoi impossible ? Théoriquement, il devrait y avoir trois tirs par chargeur ! » répliqua Mutsuko.

« Cela a fait partir certaines de ces grosses choses… des condenseurs, je crois ? Genre, vraiment loin de là, » répondit Ibaraki.

« Hein ? Oh, franchement ! » s’écria Mutsuko.

« Hé, ne me blâme pas… C’est toi qui l’as construit, » répliqua Ibaraki.

Mutsuko avait préparé un atout anti-vampire : son propre railgun fait maison.

Le seul problème, c’était qu’il était si gros qu’il fallait le transporter comme de l’artillerie. C’est là que la force brute d’Ibaraki s’était révélée utile.

D’abord, ils avaient démonté le fusil et demandé au serviteur de Natsuki, Sakiyama, de le conduire jusqu’à un bâtiment près de l’école. Puis Ibaraki avait utilisé sa force d’Oni pour porter les pièces jusqu’au toit. Comme les Onis n’étaient pas bons avec la technologie moderne, c’était Sakiyama qui l’avait réassemblé.

L’un ou l’autre pouvait s’occuper de la visée, mais comme il pouvait s’agir de tuer, ils avaient décidé qu’Ibaraki devait le faire.

« Au fait, n’aurions-nous pas pu utiliser un fusil de tireur d’élite au lieu de quelque chose comme ça ? » demanda Ibaraki.

« Hein ? Je croyais que tu avais dit que tu n’étais pas doué avec les armes ! » répliqua Mutsuko. Tout ce qui se trouvait sur le railgun de Mutsuko, y compris le ciblage, était automatique, de sorte que même Ibaraki pouvait l’utiliser.

« Donc tu savais dès le début que c’est moi qui l’utiliserais, hein ? » demanda Ibaraki.

« C’est aussi illégal de porter des fusils au Japon ! » proclama Mutsuko. « Les railguns ne sont pas couvertes par la loi sur le contrôle des armes à feu et des armes blanches ! »

« Eh attends… Suis-je le seul à voir un problème fondamental dans ce que tu dis ? » s’écria Ibaraki.

« Oh, ce n’est pas grave ! Si on ne peut pas l’utiliser, on ne peut pas l’utiliser, alors démonte-le, d’accord ? » ordonna Mutsuko.

« … Quel esclavagiste… ! Maintenant, je sais ce que Yuichi ressent…, » Ibaraki grognait, mais il avait coupé le contact pour faire — elle l’avait supposé — comme on lui avait dit de faire.

Eriko était finalement retombée sur le toit. Cependant, comme elle était une Vampire, elle pouvait même survivre à une balle dans l’intestin et une chute de cette hauteur.

« Eh bien, et maintenant ? Je ne suis pas sûre que ce que j’ai sous la main sera suffisant pour t’achever…, » Mutsuko ne savait pas quoi faire ensuite. Heureusement, c’est à ce moment-là que la porte du toit s’était ouverte d’un coup.

« Pourquoi ne me laissez-vous pas m’occuper du reste ? » Un homme de grande taille, vêtu d’une blouse blanche était arrivé sur le toit.

« Et qui êtes-vous ? » demanda Mutsuko.

« Je suis le père d’Aiko Noro, Kazuya Noro. Je suis désolé pour les ennuis que ma famille vous a causés…, » déclara Kazuya.

« Oh, mon Dieu ! Vous avez fait un si bon travail en élevant Noro ! Si vous voulez vous occuper de la situation, je n’ai aucun problème à vous laisser faire, » déclara Mutsuko.

« Je suis content que vous ressentiez ça, » Kazuya s’était tourné sur elle et avait fait un signe. Un certain nombre d’hommes étaient apparus et avaient emmené Eriko.

« Nous traiterons Kyoya de la même manière, » déclara Kazuya.

« Par hasard, Noro vous a-t-elle appelé, monsieur ? » demanda Mutsuko.

« Oui. Aiko m’a appelé et m’en a parlé, » répondit Kazuya.

« Je ne sais pas si je devrais demander ça, mais… si nous vous avions laissé faire dès le début… est-ce que cela aurait été résolu ? » demanda Mutsuko.

« Non… aussi embarrassant que ce soit de l’admettre, nos mains étaient liées par un certain accord. Nous ne pouvons rien faire pour arrêter un vampire qui a libéré sa vraie nature. Donc ce que vous avez fait a été d’une grande aide, » répondit Kazuya.

« Oh, je suis contente de l’entendre. Oh, aussi ! Vous dirigez un hôpital, non ? Pourriez-vous y emmener Yu ? Je pense qu’il est dans un sale état en ce moment, » déclara Mutsuko.

Non seulement il avait transcendé ses limites avec le furukami, mais il avait aussi transcendé ses limites pour se forcer à se déplacer à nouveau. Les séquelles qu’il avait subies seraient largement pires que celles du furukami standard.

« Je m’occupe de tout. On ne m’appelle pas un super docteur pour rien ! » déclara Kazuya.

Il avait donc pris en charge les traitements de Yuichi.

***

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Laisser un commentaire