Mushoku Tensei (LN) – Tome 9 – Histoire bonus 2 – Partie 2

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Histoire bonus : La chienne folle fait rage

Partie 2

« Il n’est sûrement pas nécessaire que vous vous occupiez personnellement de cette affaire, Maître. »

« Ghislaine pourrait… Ah, mais je suppose que la fille est son élève. Alors dois-je le faire ? »

Ignorant leurs paroles, le Dieu de l’Épée ramassa son arme. Sa lame était réelle.

À cette vue, Éris décolla du sol, sautant en arrière jusqu’à l’endroit où elle avait laissé sa propre épée. Elle saisit le partenaire qui l’avait accompagnée tout au long de ses voyages, et le sortit rapidement de son fourreau.

« Ne t’énerve pas trop, ma fille. Je vais te donner un handicap… Oh, hé. Belle épée que tu as là. N’est-ce pas une de Julian ? »

« Je ne sais pas. Un membre de la tribu Migurd me l’a donnée. »

« Ah, d’accord. Eh bien… il se trouve que celui-ci est aussi une de Julian. »

Le Dieu de l’Épée dégaina son épée délibérément. Sa lame brillait d’une étrange lumière dorée. C’était l’une des sept épées divines. C’était également l’une des 48 épées magiques créées par Julian Harisco, un artisan légendaire du royaume des démons, à partir des os du Roi-Dragon Kajakut. Elle était connue sous le nom de Windpipe.

Le Dieu de l’Épée la tenait sans la serrer dans sa main, la laissant pendre vers le bas. Les Saints de l’Épée l’observaient en retenant leur souffle. Le Dieu de l’Épée ne tenait presque jamais une épée nue, sauf lors de ses duels fictifs avec les Empereurs de l’Épée.

Après un moment, le Dieu de l’Épée murmura trois mots : « OK, allons-y. »

Presque simultanément, Éris fut envoyée voler. Son corps s’écrasa contre les portes de l’entrée du Hall Éphémère et continua sa course, atterrissant dans un énorme tas de neige à l’extérieur.

Le Dieu de l’Épée se tenait là où elle se trouvait, parfaitement immobile, son épée entièrement déployée. Personne dans la pièce ne l’avait vu bouger.

« Splendide ! »

« Étonnant ! »

« Splendide, Maître ! »

Les Saints de l’Épée qui l’entouraient complimentaient son talent avec effusion. Ce n’était pas la puissance de son épée. C’était sa propre aura de combat écrasante qui avait envoyé Éris voler. Ils pensaient tous que l’intrus était enfin mort.

« Ugh… guh… ! »

Mais ils entendirent ensuite des gémissements provenant de l’extérieur de la salle, et les signes de quelque chose qui remuait faiblement dans la neige. Avait-elle survécu à un coup du Dieu de l’Épée ? Non, ce n’était pas ça. Il l’avait simplement ménagée. Mais bien sûr, Gall Falion n’avait pas besoin de prendre ce chien errant au sérieux. Maintenant, ils allaient simplement la bannir du Sanctuaire et la jeter dans la neige.

Et pourtant, les mots suivants du dieu de l’épée trahissaient leurs attentes.

« Ghislaine, soigne les blessures d’Éris. À partir de maintenant, elle est une Sainte de l’Épée. Je vais l’entraîner à partir de demain. »

Les sourires s’effacèrent des visages des Saints de l’Épée. Cela signifiait que la fille allait devenir une élève directe du Dieu de l’Épée lui-même. Aucun élève n’avait été aussi honoré depuis Ghislaine elle-même.

« C’est absurde ! Saint de l’Épée est un titre spécial, accordé uniquement à ceux qui maîtrisent la technique de l’Épée de Lumière ! Cette fille n’est rien d’autre qu’une sauvage, vicieuse… »

Un homme éleva la voix pour protester, mais il s’était tu lorsque le Dieu de l’Épée tourna sa lame vers lui.

« Elle a mis à terre deux enfants qui connaissent l’Épée de Lumière. C’est suffisant pour moi. »

« Mais Maître… »

« Écoute, tu ne deviens pas un Dieu de l’Épée en mémorisant quelque chose ou autre, non ? Je suis un gars spécial, mais mon titre n’a rien de spécial. Pourquoi le vôtre serait-il différent ? »

« … Mes excuses, Maître Falion. »

Le Saint de l’Épée s’était tu. Il avait réalisé qu’il parlait par simple jalousie. Tous ceux de son rang savaient que de telles émotions ne faisaient que ralentir leurs lames.

Il s’agissait cependant d’un malentendu de leur part. Le style de combat du Dieu de l’Épée était alimenté par l’émotion et le désir bruts. Lorsqu’elles étaient utilisées correctement, même les plus viles motivations pouvaient rendre votre épée plus rapide et plus mortelle.

Mais bien sûr, Gall Falion n’avait pas l’intention d’expliquer ces vérités cruciales à tous les étudiants qui se promenaient dans ses couloirs. Ceux qui avaient besoin qu’on leur dise ces choses ne profiteraient pas de ces connaissances.

Et ainsi, d’une manière plutôt mémorable, Éris avait atteint le rang de Saint de l’Épée.

Actuellement

Nina détestait Éris depuis le début. C’était compréhensible, étant donné que la fille l’avait battue si sévèrement qu’elle s’était pissée dessus devant ses camarades de classe. Elle avait eu honte. Elle fut humiliée.

Éris n’était rien d’autre qu’une chienne sauvage qui errait dans les rues. Quand son épée n’était pas à la hauteur, elle combattait avec les poings comme une enfant en colère. Un tel comportement était indigne d’un élève de leur style, et encore moins d’un Saint de l’Épée. C’était la ferme opinion de Nina sur le sujet, et elle la partageait librement avec qui voulait bien l’entendre.

Pendant près de deux ans, elle avait à peine parlé à Éris elle-même. En fait, elle avait travaillé avec Gino pour s’assurer qu’aucun des jeunes élèves ne lui accordait la moindre attention.

De toute façon, Éris passait le plus clair de son temps à s’entraîner avec le roi de l’épée Ghislaine. Les deux partageaient même une chambre à coucher. Elle n’avait aucun lien avec Nina ou les autres, et aucun besoin de leur parler. Elle n’avait certainement pas fait d’effort pour le faire. Les seuls mots qu’elles échangeaient étaient des insultes sardoniques, lorsqu’elles étaient opposées l’une à l’autre lors des sessions mensuelles d’entraînement général auxquelles tous les étudiants internes étaient obligés de participer.

Elles se valaient toutes les deux dans ces compétitions. Nina, du moins, pensait qu’elle gagnait plus qu’elle ne perdait. Tant qu’il y avait des règles en place, où une épée tombée ou endommagée signifiait que le duel était terminé, elle se croyait supérieure à Éris.

Il lui faudra un peu plus de temps pour réaliser que ces pensées étaient la « douceur » que son oncle avait identifiée chez elle. Pour l’instant, elle manquait encore de véritable expérience.

Éris et Nina étaient rivales aux yeux de leur entourage. Mais pour Éris, Nina ne valait même pas la peine qu’on y pense.

Un jour, à la fin de l’été, Nina discutait avec quelques filles de son âge. Elles parlaient de romance : quels étudiants elles trouvaient beaux, et quelles filles avaient passé leur première nuit dans un lit avec quelqu’un.

Nina avait consacré depuis le début sa vie à l’épée, il lui était difficile d’imaginer qu’elle puisse un jour entretenir une relation avec quelqu’un. Elle avait toujours trouvé ces conversations gênantes. Le seul garçon dont elle était proche était son petit cousin Gino, mais ils avaient été élevés comme des frères et sœurs. L’idée de le prendre comme partenaire amoureux la mettait mal à l’aise. Elle allait continuer à vivre pour son épée. Si elle se laissait distraire de son but, Éris la laisserait sûrement dans la poussière et il n’y avait rien qu’elle détestait plus que de perdre contre cette fille.

Par pure coïncidence, Éris passa par là alors que leur conversation était en cours. De la vapeur s’échappait de son corps. Elle s’était manifestement entraînée dur pendant qu’elles discutaient ici.

Nina ressentit une pointe d’anxiété à ce sujet. Ainsi donc, elle l’appela par réflexe.

« Hmph. Tu ne fais jamais rien d’autre que t’entraîner ? Je suis sûre que tu seras vierge jusqu’au jour de ta mort. Dommage que ton épée ne puisse pas te tenir chaud la nuit ! »

C’était de grands mots de la part de quelqu’un qui n’avait aucune expérience elle-même. Mais Nina avait choisi ces mots précisément parce qu’ils l’auraient blessée profondément. Elle supposait qu’ils auraient le même effet sur Éris.

« Heh ! »

Mais à sa grande surprise, Éris s’était contentée de rire aux éclats.

L’air suffisant qu’elle affichait sur son visage, fit blanchir Nina.

« Qu-Quoi ? »

« Désolée, mais je ne suis pas vierge. »

Sa voix était légèrement fière et son visage était légèrement rougi. Nina et les autres filles avaient tout de suite compris qu’elle ne bluffait pas.

« Quoi ?! Tu n’es pas sérieuse ! Qui était-ce ? Qui voudrait coucher avec toi ?! »

Incapable de dissimuler son choc, Nina pressa Éris pour obtenir des détails sur un ton agité.

« Un gars que je connais depuis que nous sommes jeunes. »

Normalement, Éris ne disait presque rien à personne. Mais sur le sujet de ce jeune homme, elle pouvait bavarder longuement. Elle raconta comment ils avaient grandi ensemble, et comment ils avaient voyagé du Continent Démon jusqu’à leur patrie. Elle raconta comment ils avaient rencontré le Dieu Dragon, et comment il avait réussi à frapper. Et elle raconta aussi qu’ils avaient passé une nuit ensemble.

Elle expliqua qu’elle voulait être plus forte pour lui.

C’était un récit sincère, livré avec la passion d’une fille heureuse en amour. Cela laissa Nina complètement abasourdie. Elle avait été vaincue. Totalement vaincue. Elles étaient peut-être égales dans leurs compétences à l’épée. Mais elle était plus âgée qu’Éris. Et Éris avait un petit ami.

La seule défense qui lui restait était de nier complètement son existence.

« Tu es… Tu es pleine d’illusions, Éris ! Père dit que le Dieu Dragon est protégé par une sorte d’Aura Sainte du Dragon. Un sort ordinaire ne peut même pas l’égratigner ! Tu as inventé ça. Cet homme n’existe même pas, n’est-ce pas ? Admets-le tout de suite, avant de te mettre dans l’embarras ! »

« Je ne mens pas, et Rudeus n’est pas ordinaire. C’est pourquoi je ne suis pas apte à être avec lui en ce moment. Il faut que je devienne beaucoup plus forte… »

En parlant, Éris serra fortement son poing. Il y avait un feu brûlant dans ses yeux maintenant. Elle se détourna brusquement de Nina et des autres, et retourna directement vers la Salle de Thermorégulation, où elle s’était entraînée jusqu’à présent.

Nina la regarda partir dans un silence étonné. Éris était la dernière personne à qui elle aurait demandé d’être en avance sur elle dans ce domaine. La nouvelle de son petit ami l’avait laissée pantoise.

Cette chienne sauvage avait un partenaire dans sa vie, et Nina n’en avait pas. Cela semblait ridicule à première vue. Ce devait sûrement être un mensonge. Ce Rudeus n’existait pas vraiment.

Sur la base de cette hypothèse, Nina utilisa son jour de congé suivant pour se rendre dans la ville la plus proche, où elle paya un courtier en informations pour chercher des informations sur Rudeus Greyrat. Elle s’attendait — ou espérait, du moins — qu’il ne trouverait rien, étant donné que Rudeus devait être fictif. Mais à sa grande surprise, il n’avait pas mis longtemps à rédiger un rapport.

Rudeus Greyrat : né dans le village de Buena, région de Fittoa, royaume d’Asura. À trois ans, il a commencé à étudier avec la magicienne de niveau Roi Roxy Migurdia. À cinq ans, il est devenu un magicien de l’eau de niveau Saint. À sept ans, il est devenu le précepteur d’Éris Boreas Greyrat, la fille du seigneur de la citadelle de Roa. Après cela, il a été porté disparu lors de l’incident de téléportation. Cependant, il était réapparu plus tard dans la partie nord du Continent Central, se faisant un nom en tant qu’aventurier « Quagmire Rudeus ». Il se trouve actuellement dans la Cité magique de Sharia. L’université de magie de Ranoa l’avait invité à s’inscrire en tant qu’étudiant spécial. De plus, il était respecté par beaucoup de ses compagnons d’aventure. La rumeur disait qu’il avait même tué un dragon errant à lui tout seul.

Le résultat final était assez simple : il s’agissait d’une personne réelle, et non d’un prince fantastique issu de l’imagination d’Éris. Nina trouvait ce fait déprimant. Mais en même temps, elle n’était pas si impressionnée. Ses réalisations jusqu’à l’âge de sept ans étaient incroyables, oui, mais il n’avait pas réussi à faire grand-chose au bout du compte. Il n’était pas question qu’il atteigne un rang supérieur à celui de Saint, et il gagnait sa vie comme un simple aventurier. Le surnom de « Quagmire » ne lui semblait pas non plus particulièrement flatteur. Ses talents s’étaient clairement estompés après son enfance.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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