Mushoku Tensei (LN) – Tome 9 – Chapitre 6 – Partie 4

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Chapitre 6 : Il pleut dans la forêt

Partie 4

« C’est entendu. Tu m’as aidé de toutes sortes de façons, Maître Fitz. Ce ne serait pas correct de ma part de refuser ta demande. »

« Me-Merci, Rudeus ! J’étais un peu nerveux à l’idée d’y aller seul. »

Malgré quelques frayeurs, j’avais réussi à passer le premier obstacle. Mais honnêtement, j’avais l’impression qu’il trouvait un nouveau plan chaque fois que j’ouvrais la bouche. Rudy était vraiment quelque chose…

L’opération était passée à sa deuxième phase. Rudy et moi allions nous rendre dans la forêt de la Grêle. Elle était située à environ trois jours de voyage au nord de Sharia, et se terminait juste à la frontière avec Basherant.

J’étais partie avec mon matériel de voyage normal, mais Rudy était arrivé lourdement équipé. Il portait un énorme sac à dos, qui était apparemment rempli de fournitures et de rations d’urgence. Je lui avais dit que je m’attendais à ce qu’il vienne les mains vides, vu sa force… mais il m’avait répondu : « Il ne faut pas sous-estimer les dangers de la forêt. Il y a des monstres qui peuvent esquiver un canon de pierre en plein vol. »

Cela me semblait totalement absurde, mais quand je l’avais pressé sur ce point, il me répondit qu’il y avait des tonnes de créatures comme ça dans les forêts du Continent Démon. J’avais d’abord pensé que c’était une blague, mais son visage était très sérieux.

Les monstres connus pour apparaître dans la Forêt de la Grêle étaient des menaces de rang B au pire. Je pouvais probablement m’en sortir sans problème…

« Désolé, Rudeus. J’ai l’impression de t’avoir fait faire tout le travail de préparation. »

« Pas besoin de t’excuser. Ça fait partie du boulot quand on est garde du corps. »

Attends. Si c’était comme ça qu’il voyait les choses… allait-il me demander de l’argent à la fin ?

« Euh… je dois donc te payer pour tes services ? »

« Ne sois pas stupide. Je fais ça parce qu’on est amis. Je ne veux rien de toi. »

Pour une raison inconnue, Rudy avait vraiment insisté sur le mot « amis ». Je n’étais pas sûre de ce que c’était censé signifier.

« Je veux dire, je pourrais me permettre de te payer, si tu veux. Ce n’est pas grand-chose. »

Ariel me versait un salaire régulier, même si ce n’était pas grand-chose. Et comme je n’étais pas une grande dépensière, mes économies s’étaient donc accumulées depuis un moment. Je pouvais me permettre de louer Rudy au moins pour quelques jours.

Oh, mais… il est censé être un magicien de niveau Roi maintenant, non ? Est-ce que j’en ai vraiment assez ?

« Heh. Tu sais, je ne suis pas bon marché. »

« Eh bien, je sais bien que tu ne l’étais pas, mais… »

Pour une raison quelconque, je m’étais souvenue du marché aux esclaves, et j’avais imaginé Rudy montant nu sur une scène. Acheter Rudy… ça pourrait être amusant…

Une drôle de sensation parcourut ma moitié inférieure. J’avais senti mon visage devenir brûlant d’embarras.

« Euh, de toute façon ! Allons-y ! »

« D’accord. »

Nous avions fait ensemble un pas en avant dans la Forêt de la Grêle.

À première vue, cela ressemblait à un bois parfaitement ordinaire, du genre de ceux que l’on trouvait partout dans les Territoires du Nord. Nous étions entourés de grands arbres recouverts de neige. Cependant, il y avait une sorte d’anomalie magique dans cette zone qui faisait que la grêle tombait très régulièrement. Quand on marchait sur la neige ici, elle faisait un bruit distinctif de craquement.

« Les fleurs fleurissent sur une falaise à l’autre bout de la forêt. Nous allons nous y rendre directement tout en dégageant la neige sur notre chemin. Suis-moi et surveille ce qui nous entoure, s’il te plaît. »

Suite à ces mots, Rudy se mit à marcher d’un pas ferme, faisant fondre la neige devant lui au fur et à mesure. J’avais essayé de l’aider aussi, mais je n’arrivais pas à comprendre. Je devais supposer qu’il utilisait la magie du feu, étant donné la portée limitée de ses effets… mais il n’était pas facile de générer continuellement assez de chaleur pour faire fondre une épaisse couche de neige. J’aurais pu le faire si j’avais voulu, mais cela m’aurait coûté beaucoup trop de mana. Rudy dépensait ses réserves de mana de manière vraiment prodigue.

La neige ici était assez profonde pour atteindre nos épaules, mais il continua à la dégager au fur et à mesure que nous avancions. Au début, je craignais que les nuages de vapeur d’eau n’attirent des monstres, mais d’une manière ou d’une autre, il n’en faisait aucun. Quand je lui avais demandé comment il faisait, il m’avait répondu qu’en contrôlant soigneusement la température, on pouvait obtenir une chaleur juste suffisante pour faire fondre la neige sans produire de nuages de vapeur. Combien d’entraînement faudrait-il avant de pouvoir faire quelque chose comme ça ?

Concentre-toi, Sylphie. Ce n’est pas vraiment important pour l’instant.

Il était temps de commencer le plan. Prenant une profonde inspiration, je désignai le bâton que Rudy portait.

« Je me souviens t’avoir apporté ça l’autre jour, Rudeus. C’est un bâton étonnant. Je n’en ai jamais vu un sur mesure avec une pierre magique colorée en dehors de la cour royale. »

« Oui. La jeune femme dont j’étais le tuteur me l’a donné en cadeau pour mon dixième anniversaire. »

Pour une raison inconnue, Rudy avait l’air un peu triste. En y réfléchissant, il ne m’avait jamais dit grand-chose sur cette jeune femme dont il avait été le tuteur pendant des années. On aurait dit qu’il ne voulait pas en parler. D’après tout ce que j’en avais entendu, elle avait l’air d’une fille vraiment violente… peut-être avait-il de mauvais souvenirs de cette période de sa vie.

« Crois-tu que je pourrais essayer le toucher ? Tout ce que j’ai, c’est ma baguette de débutant. J’ai toujours voulu utiliser un bâton comme celui-là. »

« Vraiment ? Je pensais qu’ils donneraient un beau bâton au garde du corps d’une princesse s’il en voulait un. »

« Ils ont dit que je n’en avais pas besoin, puisque je pouvais de toute façon lancer des incantations silencieuses. Tu parles d’une radinerie, hein ? »

Bien sûr, ce n’était pas la vraie raison pour laquelle j’étais restée si longtemps avec ma petite baguette. Rudy me l’avait offerte en cadeau, alors elle comptait beaucoup pour moi. C’était une baguette banale, sans intérêt. Je ne pouvais pas lui reprocher de ne pas la reconnaître.

« Eh bien, vas-y. Saisis bien le manche, là. »

Pour une raison inconnue, Rudy avait un étrange sourire en coin en disant cela. Y avait-il quelque chose de drôle que je ne voyais pas ? Un peu décontenancée, j’avais serré le bâton de Rudy dans mes mains. C’était un peu gênant de tenir cette chose. Mes mains étaient trop petites pour ça.

« Oui, c’est super épais. Es-tu censé le tenir à deux mains ? »

« … Peut-être. Je pense qu’ils voulaient s’assurer que je pourrais toujours l’utiliser une fois que je serais grand. »

« Hmm… »

En souriant à lui-même, Rudy reprit sa marche en avant et ses tâches de déneigement. Je le suivais de près, tenant toujours son bâton.

OK. Jusqu’ici, tout va bien. Il est temps de passer à l’étape suivante…

Approchant l’anneau que je portais au petit doigt à ma bouche, j’avais murmuré le mot clé « Tour rouge » aussi doucement que possible. La petite pierre qui y était incrustée était passée du bleu au rouge.

Cette bague était l’un des instruments magiques que la princesse Ariel portait toujours sur elle. Lorsque vous prononciez le mot clé, sa pierre changeait de couleur, tout comme la pierre de son anneau compagnon. L’effet ne fonctionnait pas sur de très grandes distances. Mais en ce moment, l’autre bague de l’ensemble attendait mon signal juste à l’extérieur de cette forêt.

Est-ce que ça va vraiment marcher ?

J’avais regardé nerveusement le ciel et j’avais attendu que la prochaine étape de notre plan commence.

Malgré mon anxiété, c’était arrivé assez vite. Le ciel commença à se couvrir de nuages à une vitesse anormale. Tout se passait bien jusqu’à présent.

« Hm ? »

Il ne fallut pas longtemps à Rudy pour remarquer le changement de temps. Levant les yeux, il murmura pour lui-même : « Des nuages de pluie ? C’est étrange. »

La pluie ne tombait presque jamais à cette époque de l’année dans les Territoires du Nord. Par conséquent, l’équipement de protection que la plupart des gens portaient n’était pas très efficace contre la pluie. Les vêtements lourds que nous portions étaient faits de fourrure de hérisson des neiges. On pouvait brosser la neige avant qu’elle ne fonde, ce qui était très utile en hiver. Par contre la pluie s’y incrustait. Et une fois qu’il était trempé, une seule rafale arctique pouvait vous geler.

« On dirait qu’il va pleuvoir, Maître Fitz », m’avait rappelé Rudy en fronçant les sourcils.

Lorsque quelque chose comme ça arrivait, tes seules véritables options étaient de créer un abri de fortune sur place ou de te réfugier dans une grotte. Cette dernière option était considérée comme un peu plus sûre et plus fiable. Rudy était très bon en magie de terre, bien sûr, mais il ne voulait pas continuer à dépenser du mana juste pour nous garder au sec jusqu’à ce que la pluie cesse. C’était un travail sérieusement fastidieux.

Ainsi donc, j’avais une proposition alternative à offrir.

« Uhm, voyons voir. En regardant la carte, je pense… »

… qu’il y a une grotte juste devant, alors on va s’y abriter.

Mais avant que je puisse prononcer les mots, Rudy secoua la tête et m’interrompit.

« Ne t’inquiète pas. Je vais disperser ces nuages en un rien de temps. »

Il avait ensuite levé les mains vers le ciel.

Et mince !

À cet instant, j’avais réalisé que j’avais fait une grave erreur. Rudy était un magicien de l’eau de rang Saint. Manipuler le temps était une seconde nature pour lui. La princesse Ariel m’avait dit qu’elle avait engagé deux magiciens de l’eau de niveau avancé pour ce travail, mais ils ne feraient pas le poids face à Rudy. Il se débarrasserait probablement de ces nuages en un rien de temps.

Que dois-je faire ? Qu’est-ce que je fais ? S’il ne commence pas à pleuvoir, tout le plan tombe à l’eau !

Agissant par réflexe, j’avais commencé à canaliser le mana dans le bâton que je tenais dans mes mains. Je pouvais sentir qu’il amplifiait ma puissance à un degré remarquable. Peut-être que je serais capable de le faire…

« Hmmm ? »

Alors qu’il pointait toujours ses mains vers le haut, Rudy inclina la tête en signe de perplexité. Il était probablement troublé par le refus obstiné des nuages de se dissiper. Ce qu’il ne savait pas, c’était que je me battais pour les maintenir ensemble. Je ne savais pas si Rudy ne se donnait pas à fond, ou si le bâton me donnait un avantage, mais nous nous annulions tous les deux. Ce qui signifiait que les deux magiciens de niveau avancé à l’extérieur de la forêt pouvaient garder le contrôle.

En murmurant des prières silencieuses à personne en particulier, j’avais canalisé de plus en plus de mana vers le haut. J’avais visualisé les nuages de pluie grossissants et s’étendant dans le ciel. Je l’avais fait exactement comme Rudy me l’avait appris — recueillir l’humidité, la refroidir jusqu’à ce qu’elle se condense, et la laisser tomber !

« Hmm… »

Rudy avait de nouveau froncé les sourcils. Un instant plus tard, les premières gouttes de pluie froide étaient tombées sur nous.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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