Mushoku Tensei (LN) – Tome 9 – Chapitre 5

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Chapitre 5 : Désemparé, mais perspicace

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Chapitre 5 : Désemparé, mais perspicace

Partie 1

L’hiver était arrivé, et la ville de Sharia, dans le Royaume de Ranoa, était recouverte de neige. Grâce aux célèbres instruments magiques de la ville, les routes et les principaux chemins étaient restés dégagés, mais d’énormes tas de neige s’étaient rapidement accumulés sur les côtés et derrière le bâtiment principal de l’école.

Peu de temps après le début de cette saison, une lettre m’était parvenue. Elle provenait d’un certain Soldat Heckler, aventurier de rang S et chef du groupe Stepped Leader. Celle-ci m’informait que Soldat venait d’arriver en ville. Apparemment, il y avait une sorte de conférence de clan qui se déroulait ici. Thunderbolt, le clan auquel appartient Stepped Leader, avait été officiellement convoqué dans cette ville pour combattre le Roi Démon Badigadi. Mais lorsque cette requête avait été annulée avant leur arrivée, ils avaient fini par traîner en ville pendant un certain temps, et décidèrent finalement de tenir leur réunion annuelle de clan ici. Chaque hiver, ils prenaient deux ou trois mois pour discuter et faire des plans pour l’avenir.

Soldat était un aventurier de rang S et un membre de la direction du clan. Il n’avait pas le choix et devait assister à la conférence. Il avait donc été contraint de faire tout le chemin jusqu’au Royaume de Ranoa. L’homme ne s’entendait pas très bien avec le chef de son clan, et honnêtement, il redoutait cette rencontre. Il était convaincu qu’il avait quelques mois longs et ennuyeux devant lui. Mais alors qu’il était encore en chemin pour venir ici, il s’était souvenu que son vieux copain Quagmire se trouvait être dans cette ville. Puisque le destin nous avait réunis, autant profiter de l’occasion pour reprendre contact. Il m’avait donc envoyé cette lettre m’invitant à rattraper le temps perdu autour d’un repas.

L’idée me plaisait aussi. Soldat était un type bien, et je lui devais beaucoup. Mais comme il avait un passé avec Elinalise, je me disais que ça pourrait être un peu délicat de le présenter à son nouveau petit ami dévoué… mais il était plus coriace que moi. Il s’en remettra probablement assez facilement.

Ceci étant décidé, j’avais fait savoir à Nanahoshi que je ferais une pause dans nos expériences le jour de congé suivant. J’avais invité Fitz à se joindre à moi, mais il fronça les sourcils et secoua la tête.

« Désolé, j’ai autre chose à faire cet après-midi-là. Je garde la princesse Ariel. »

La vie d’un garde du corps n’était pas facile. Tout le monde pouvait être de repos pour la journée, mais lui était en service de l’aube au crépuscule. Tu parles d’une vie d’esclave.

Non, non. J’étais impoli envers Maître Fitz. Il était juste dévoué à son travail. En tout cas, je ne pouvais pas lui demander d’abandonner ses responsabilités. Le fait qu’il ne puisse pas venir était dommage, mais cela pouvait arriver ainsi de temps en temps. Il semblerait que seuls Elinalise, Cliff et moi allions rencontrer Soldat.

Le jour venu, nous avions marché tous les trois jusqu’à la Guilde des Aventuriers. Les routes de la ville étaient assez dégagées, mais leur surface était encore blanche d’une couche de neige piétinée. La substance était enlevée régulièrement tout au long de la journée, mais souvent les tempêtes de neige devenaient plus intenses la nuit, et le déneigement magique de la ville ne pouvait pas suivre.

« Hé ! Est-ce que tu m’écoutes au moins, Rudeus ? »

« Quoi ? Bien sûr que je t’écoute. »

Depuis quelques minutes, Cliff se vantait de ses plans pour ses propres recherches. Il étudiait les malédictions de manière intensive depuis un certain temps déjà, dans le but ultime de lever celle d’Elinalise. Mais les malédictions existaient depuis les temps anciens et faisaient l’objet d’études permanentes tout au long de l’histoire. Malgré toute la bravade de Cliff, six mois de recherches assidues ne lui avaient pas encore apporté de succès majeurs.

« N’est-ce pas dur de travailler si dur sans rien en retour ? »

« Je ne suis pas inquiet le moins du monde. Je suis un génie, je finirai bien par trouver une solution ! », dit Cliff, la voix pleine d’une véritable confiance.

On ne pouvait qu’admirer ce type. Je savais qu’il y avait des choses que je n’accomplirais jamais, quels que soient mes efforts. Je n’aurais probablement pas pu me motiver à me heurter sans cesse à un mur de briques comme celui-là. Se frayer un chemin vers une toute nouvelle frontière que personne n’avait jamais atteinte auparavant était vraiment quelque chose que seul un « génie » pouvait espérer faire.

« Quand même, si tu sais quelque chose sur les malédictions, j’espère que tu partageras tes connaissances avec moi. »

« Hm… ? »

Je m’étais arrêté un moment pour réfléchir à tout cela. J’avais l’impression d’avoir entendu le mot malédiction plusieurs fois au cours de mon voyage du Continent Démon à cette ville.

« Euh, voyons voir… »

Où l’avais-je entendu, exactement ? Malédictions, malédictions… pour une raison quelconque, le son de ce mot me donnait envie d’avoir peur. C’était probablement parce qu’Orsted en avait quelques-unes. C’était l’Homme-Dieu qui m’avait dit ça, non ?

En y réfléchissant, j’avais entendu dire que le Dieu-démon Laplace était lui aussi maudit. Il avait soi-disant transféré la sienne dans les lances qu’il avait données aux Superbs, les condamnant à des siècles de persécution.

« Eh bien, j’ai entendu dire que Laplace a un jour transféré sa propre malédiction dans un certain nombre d’objets, et les a utilisés pour la transmettre à une certaine tribu de démons. »

« Des objets… ? »

« Oui. Pour être précis, les lances que les Superds ont utilisées pendant la guerre de Laplace. À cause de la malédiction posée sur ces armes, ils ont perdu la raison et ont fini par obtenir une réputation de tueurs sans cervelle. »

Cliff ouvrit de grands yeux.

« Quoi ? Je n’ai jamais entendu ça avant ! Est-ce que c’est vraiment vrai ?! »

« Eh bien, je ne l’ai entendu que de seconde main, donc je ne peux pas en être sûr. »

C’était aussi l’Homme-Dieu qui m’avait dit ça ? Oui, ça semblait vrai. Il était probablement prudent de le prendre au mot sur ce point. Je ne voyais pas ce qu’il aurait à gagner à me mentir à ce sujet.

« Quoi qu’il en soit, c’est un concept très intrigant. Je ne savais pas qu’il était possible de transférer une malédiction dans un objet. »

Cliff porta la main à son menton et hocha la tête pensivement, semblant réfléchir à l’idée.

« Cependant, je ne sais pas comment tu pourras le faire. Désolé. »

« Ce n’est pas grave. Le fait de savoir que ça a déjà été fait est très utile en soi. »

Est-ce que quelqu’un d’autre que Laplace l’avait déjà fait ? C’était le genre de truc diabolique qu’on attendrait d’un Dieu Démon, mais ça ne m’aurait pas étonné qu’il y ait un ancien tabou contre ce genre de choses.

Cela dit… Les enfants bénis et maudits étaient supposés être la même chose, non ? Peut-être que quelqu’un avait au moins déjà essayé de déplacer une bénédiction dans un réceptacle différent.

« Hmm. Cliff, sais-tu si quelqu’un a déjà essayé de transférer une bénédiction, plutôt qu’une malédiction ? »

« Hm ? Qu’est-ce que les Bénédictions ont à voir avec tout cela ? », dit Cliff tout en inclinant la tête avec curiosité.

Étrange. J’avais l’impression que nous ne travaillons pas à partir du même point de départ ici.

« Eh bien, les enfants bénis sont les mêmes que les enfants maudits, non ? Ils sont tous nés avec quelque chose d’étrange dans leur mana, ce qui leur donne des pouvoirs étranges. La seule différence est que l’effet est positif ou négatif. »

« … C’est nouveau pour moi. »

J’avais regardé Elinalise pour avoir du renfort, mais elle me regardait aussi avec surprise. De toute évidence, aucun des deux n’en avait entendu parler auparavant. Peut-être que ce n’était pas très connu ? Je me souvenais pourtant de quelqu’un qui m’en avait parlé avec désinvolture…

Attendez, c’était aussi l’Homme-Dieu.

Tout cela était des informations données par l’Homme-Dieu, non ? Il faudrait que ce type arrête de me balancer des connaissances obscures sur les arcanes comme si cela ne valait rien.

« Tout de même, tout ceci est très intéressant… Les objets, hein ? Très intéressant en effet… Je pourrais peut-être essayer ça… »

Cliff se tortillait d’excitation. Il semblait convaincu que je lui avais donné un indice important. Pour être honnête, je pensais qu’il avalait tout ce que je lui disais un peu trop facilement, mais peu importe.

De toute façon, il semblerait que les malédictions avaient un lien avec les soi-disant dieux de ce monde. L’Homme-Dieu, le Dragon-Dieu et le Dieu-Démon en avaient tous au moins une. Et puis il y avait les Enfants bénis, qui étaient censés être en quelque sorte « divins ». Y avait-il une connexion significative ici, ou était-ce juste une coïncidence ?

« Merci, Rudeus. Je pense que tu m’as aidé à trouver quelque chose ! »

Le visage de Cliff était plein d’optimisme et d’énergie. Pendant qu’il y était, il pourrait peut-être trouver un moyen de réparer la « malédiction » qui affligeait mes parties intimes.

« Hey, Quagmire ! Ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vu ! »

Soldat et ses copains m’avaient accueilli avec des sourires faciles. En quelques minutes, nous nous étions rendus dans une taverne voisine et nous nous étions installés autour d’une grande table.

Lorsqu’ils apprirent la relation de Cliff et d’Elinalise, les membres de Stepped Leader avaient été… choqués, pour ne pas dire plus.

« C’est quoi ce bordel ? Vous allez sérieusement vous marier ? Et moi qui pensais que tu étais une salope pour la vie. », s’exclama quelqu’un en étouffant un rire.

Cliff explosa évidemment de colère. Mais Soldat et les autres avaient trouvé ça hilarant, ce qui poussa Cliff à de nouveaux sommets de fureur. Pendant un moment, j’avais cru que les choses allaient en venir aux mains. Heureusement, Elinalise avait réussi à calmer son petit ami tout en changeant de sujet. Cette femme était vraiment impressionnante parfois, surtout en ce qui concernait la gestion de la colère.

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Partie 2

En y réfléchissant, je ne l’avais jamais vue se mettre en colère ou fondre en larmes. Elle avait évidemment boudé quelques fois, mais jamais de façon sérieuse. Paul était la seule personne qu’elle avait jamais mentionné détester. Je me demandais ce que mon vieux père lui avait fait ?

Pendant que je réfléchissais à tout cela, le sujet s’était déplacé vers ma tenue. J’avais mis comme d’habitude mon uniforme scolaire.

« C’est drôle de te voir dans cette tenue, Quagmire ! Ça te donne l’air d’un novice quelconque ! »

Certains étudiants de l’Université de la Magie avaient l’habitude de venir à la Guilde des Aventuriers toujours vêtus de leur uniforme, avec tout au plus une cape jetée par-dessus. La plupart d’entre eux étaient des débutants de rang F ou E, et n’interagissaient donc pas souvent avec le groupe de Soldat. Mais parfois, ils venaient quémander une invitation.

« Hmm. Eh bien, si je suis une recrue maintenant, pourquoi je n’agirais pas comme tel et porterais vos bagages pour vous ? »

« Hah ! Bien essayé, gamin. Personne ne touche à nos affaires à part nous ! »

« C’est vrai, c’est vrai. Je crois me souvenir que vous avez ramené toutes les marchandises de ce dragon errant… »

« Ah bon sang, on s’est fait un max de profit ce jour-là… »

C’était plutôt amusant de se remémorer ce genre de choses. Quand j’avais abattu ce Wyrm rouge, tout le groupe avait ramené sa viande et ses écailles jusqu’en ville pour les partager équitablement.

« Oh, c’est vrai. Ça me rappelle, Quagmire ! On était dans la toundra de Neris l’autre mois, et… »

À partir de ce moment, la conversation passa des réminiscences du passé aux histoires des aventures récentes de Stepped Leader. Cliff avait encore l’air assez boudeur pendant un moment, mais au fur et à mesure que Soldat et les autres continuaient, ses yeux avaient commencé à briller d’excitation. Maintenant que j’y pense, il avait rêvé de devenir un aventurier, non ? J’avais oublié que ce n’était qu’un adolescent. Mais on pouvait oublier ça facilement, vu comment il se comporte habituellement.

« Au moins on s’en est donc sortis en un seul morceau. De toute façon, il est temps qu’on parte, non ? C’est quoi la suite ? »

Nous avions tous fini de manger, et l’histoire touchait à sa fin. Cela semblait être le bon moment pour nous trouver une nouvelle taverne et commencer à vraiment boire, mais… Un messager du clan sortit de nulle part juste au moment où nous partions.

« Hé, Soldat. Ils viennent de convoquer une autre réunion. »

« Quoi, encore ? Tu es sérieux ? On en a eu une ce matin ! »

« Désolé, mais ils viennent de l’annoncer. Le chef doit sûrement être plein d’énergie aujourd’hui. »

D’après ce que je venais d’entendre, Soldat était appelé à un rassemblement soudain de chefs de groupes, et refuser de se montrer n’était pas une option.

« Merde. Désolé, Quagmire. J’avais hâte de passer une journée entière à me saouler avec toi, mais je suppose que ça n’arrivera pas cette fois. On reprendra là où on s’est arrêté un autre jour, ok ? »

« Pas de problème, Soldat. Envoie-moi un message dès que tu es libre. »

Avec un hochement de tête ferme, Soldat s’était dirigé vers la rue.

De toute façon, nous avions perdu l’hôte de notre soirée, il était donc probablement temps d’en rester là. Mais ce n’était que le début de l’après-midi, il devait être au pire 14h30. Si je rentrais maintenant, il me resterait beaucoup de temps à tuer.

« Que devrions-nous faire maintenant ? », avais-je demandé tout en regardant les autres.

« Eh bien, en fait, j’espérais que nous pourrions apprendre à Cliff une chose ou deux sur l’aventure. », dit Elinalise

« Ah oui ? »

Intéressant. Elinalise avait dû remarquer à quel point son petit ami était excité par les histoires des Stepped Leader et avait décidé de montrer ses talents d’aventurière.

« Ooh, ça a l’air amusant. Tu vas éduquer une recrue, hein ? »

« Peut-on aussi venir ? »

Les autres membres de Stepped Leader semblaient également approuver l’idée. Après un peu plus de discussion, tout le monde était d’accord pour donner à Cliff un avant-goût de la vie d’aventurier. L’idée était d’accepter une demande pour tuer un monstre de rang A et de lui donner une vraie expérience. Cliff était un peu mécontent de la façon vaguement condescendante dont tout le monde parlait de lui, mais son enthousiasme semblait l’emporter.

« Et toi, Rudeus ? », demanda Elinalise.

« Eh bien… Honnêtement, je pense que je vais passer mon tour. »

Je pourrais donner à Cliff quelques conseils sur la façon de contribuer dans un groupe ayant plusieurs mages, mais d’une certaine manière, je ne pensais pas qu’il voudrait se faire sermonner par quelqu’un de plus jeune que lui. Dans des situations comme celle-ci, il était plus facile de ravaler sa fierté lorsque la personne qui vous enseignait était plus âgée.

De plus, ce n’était pas une bonne idée pour moi de passer quelques jours à chasser un monstre insaisissable. Si je n’en parlais pas d’abord à Nanahoshi, je pouvais imaginer qu’elle deviendrait très, très grincheuse. Malgré l’isolement qu’elle s’était imposé, la fille semblait bizarrement avoir besoin de compagnie. Elle boudait chaque fois que je passais un jour ou deux sans l’aider. Si elle voulait être une vraie grabataire, elle devrait apprendre à savourer le mode de vie solitaire. Bien sûr, le Japon semblait beaucoup lui manquer, je pouvais donc comprendre qu’elle veuille quelqu’un avec qui parler avec sa langue maternelle. Mais en tant que personne qui avait décidé de continuer à vivre dans ce monde, il était difficile de résister à l’envie de lui dire de sortir plus souvent.

« Très bien. Dans ce cas, peux-tu dire à tout le monde où nous allons ? »

« Oui, pas de problème. Sois prudente, Elinalise. Tu as un débutant avec toi, alors ne l’entraînes pas dans des endroits trop dangereux. »

« Ne t’inquiète pas, Rudeus. Contrairement à une autre personne, on n’a pas l’intention de défier un Wyrm Rouge ou un Roi Démon. »

Ce n’était pas comme si j’avais combattu Badigadi parce que je le voulais, mais d’accord. Peu importe.

Après avoir fait mes adieux, j’étais retourné seul vers l’université. Comme je me trouvais dans le quartier des aventuriers, cela signifiait que je devais traverser la place commerciale centrale de Sharia. En entrant dans la zone, l’odeur alléchante de viande grillée sur des bâtonnets s’était répandue dans l’air jusqu’à moi. J’avais regardé en direction de cette odeur, et j’avais constaté qu’un certain nombre de marchands avaient installé des étals en plein air, malgré la neige omniprésente. Ça doit franchement être dur de faire des affaires par ce froid…

Mais j’avais du temps libre à perdre. Je pouvais retourner aux dortoirs, mais il n’y avait pas grand-chose à faire là-bas à part étudier, s’entraîner et faire des figurines. En y réfléchissant bien, peut-être qu’il aurait été plus intelligent de simplement suivre Cliff et compagnie. C’était cependant trop tard maintenant.

« Eh bien, vu que je suis déjà là. Autant regarder un peu autour. »

J’errais donc sans but dans les rues du quartier du commerce.

Je n’avais besoin de rien en particulier, mais peut-être que je trouverais quelque chose d’intéressant. Après cette discussion avec Cliff, j’étais quelque peu intéressé par les différents types d’objets magiques. Les lances maudites que Laplace avait données aux Superds étaient probablement des instruments magiques d’une certaine sorte. Je n’avais pas vraiment pensé aux objets magiques jusqu’à présent, car ceux en vente étaient tous incroyablement chers. Mais Fitz en était apparemment équipé, et Nanahoshi avait elle aussi quelques artefacts bien pratiques. Sharia était en fait la ville natale de la guilde des magiciens. Peut-être que je trouverais quelques objets intéressants à vendre ici. Je n’avais pas l’intention de les acheter, mais un peu de lèche-vitrine n’avait jamais fait de mal à personne.

Par ailleurs, bien que j’ai confondu les deux catégories, les objets magiques et les instruments magiques étaient deux choses distinctes. Les instruments magiques étaient des objets fabriqués par l’homme sur lesquels étaient gravés des cercles magiques. Lorsque l’utilisateur chantait une incantation spécifique, son mana circulait à travers ces cercles et produisait un effet. Tant que le mana de l’utilisateur n’était pas épuisé, ils pouvaient être réutilisés indéfiniment. Les objets magiques, quant à eux, étaient des objets imprégnés de leur propre réserve de mana. Vous les activiez par une sorte de geste ou d’action. Ils ne pouvaient produire leurs effets que quelques fois par jour, mais leur réserve interne de mana se régénérait en quelques heures.

En gros, les instruments magiques pouvaient être utilisés rapidement plusieurs fois de suite, mais ils vous coûtaient du mana, alors que les objets magiques avaient des usages limités, mais ne vous demandaient rien. Les objets magiques étaient généralement considérés comme plus pratiques et utiles, puisque vous n’aviez pas besoin de dépenser votre précieux mana ou de mémoriser une incantation pour les utiliser. Mais la plupart de ceux qui existaient avaient été trouvés au fond de divers labyrinthes, et leurs capacités étaient plutôt aléatoires. Par conséquent, ceux qui avaient des effets puissants avaient tendance à atteindre des prix astronomiques. Les bottes que portait Fitz, par exemple, valaient probablement beaucoup plus que tous les biens que je possédais réunis. Par ailleurs, certaines des armes connues sous le nom « d’épées magiques » étaient fabriquées par l’homme, mais possédaient également les qualités d’un objet magique.

Bien sûr, j’avais plus de mana qu’il n’en fallait, donc les objets magiques ne me posaient pas de problème. Même ceux qui utilisaient trop de mana pour être pratiques pour la plupart des gens pouvaient s’avérer utiles pour moi. J’espérais tomber sur quelque chose de ce genre, classé à tort comme un produit « défectueux », si je fouillais suffisamment les magasins ici.

Mais tout à coup, alors que je marchais dans une rue au hasard, je remarquais deux visages familiers. « Hm ? »

Luke et Fitz discutaient entre eux devant une sorte de magasin de vêtements. Fitz regardait une babiole dans la vitrine avec une expression de joie sur son visage. Luke souriait aussi, bien qu’il avait l’air légèrement exaspéré. Il portait déjà un grand sac à provisions dans une main. On aurait presque dit qu’ils avaient un rendez-vous galant.

Fitz n’a-t-il pas dit qu’il gardait Ariel aujourd’hui ? Est-ce normal qu’ils traînent ici comme ça ? Eh bien, peu importe. Ça ne peut pas faire de mal de dire bonjour…

« Bon après-midi. Je ne m’attendais pas à vous croiser ici. »

« Qu’est-ce que… Rudeus ? ! »

Luke s’était retourné, son visage s’était figé sous le choc. Comme toujours, l’homme n’avait pas l’air de m’apprécier particulièrement. Je faisais de mon mieux pour ne pas empiéter sur leur territoire, mais je suppose que j’avais attiré trop d’attention sur moi ces derniers temps. C’était probablement une source d’irritation pour eux. Tout ce qui m’importait vraiment était de rester en bons termes avec Fitz.

« … Hm ? »

D’une certaine façon, Fitz semblait… différent aujourd’hui. Il était habillé différemment, peut-être ? Non. C’était quelque chose d’autre. Je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus.

« Maître Fitz, as-tu changé de look ou quoi ? »

***

Partie 3

Dès que les mots quittèrent ma bouche, Fitz tressaillit et me regarda avec une expression de pur choc sur le visage. C’était peut-être dû à la façon dont il se tenait ? Son corps semblait aussi un peu plus… arrondi, en quelque sorte.

Alors que je continuais à l’étudier, Fitz détourna son visage du mien. Un instant plus tard, Luke s’était glissé entre nous deux.

« Bonjour, Rudeus. Qu’est-ce que vous faites ici ? Avez-vous besoin de quelque chose de nous ? »

J’avais l’impression qu’il me cachait Fitz… comme une sorte de petit ami surprotecteur. Son ton était calme, et bien que son regard soit vif, il n’était pas ouvertement hostile. Pourtant, il y avait définitivement une certaine tension dans sa voix. Est-ce que je les avais croisés à un moment inopportun ?

Est-ce que ces deux-là avaient vraiment un rendez-vous ? Peut-être que Luke jouait sur les deux tableaux, et qu’ils avaient un arrangement ? Il serait logique qu’ils essaient de garder ça secret. Il pourrait y avoir une certaine agitation si tout le monde découvrait que les gardiens d’Ariel étaient amants.

Bien sûr, je ne pensais pas sérieusement que c’était le cas. Mais pour une raison inconnue, cette pensée me fit tressaillir.

« Pas vraiment. Je vous ai juste vu tous les deux et j’ai pensé dire bonjour… Uhm, Maître Fitz ? »

Fitz n’avait même pas jeté un regard dans ma direction depuis un moment maintenant.

Huh ? Me fait-il la tête ? Mais pourquoi ? Est-ce quelque chose que j’ai dit ?

« Je vois. Merci pour les salutations. Je dois vous rappeler, cependant, que Fitz n’est pas censé parler pendant qu’il garde la princesse. Je suis sûr que vous comprenez. »

Ses mots étaient superficiellement amicaux, mais Luke essayait de me chasser. Une chose au moins était claire. J’étais définitivement arrivé à un moment inopportun. Mais ce n’était quand même pas sympa de la part Fitz de m’ignorer complètement comme ça…

Fitz ne me regardait toujours pas. Enfin, non. Il me jetait des regards de temps en temps, mais ils n’étaient pas vraiment amicaux. Je pouvais dire qu’il fronçait les sourcils. Son langage corporel montrait clairement qu’il attendait impatiemment que je parte. Je pouvais être un peu inconscient parfois, mais même moi je pouvais voir qu’il me snobait.

« Quel est le problème ? », demanda Luke calmement.

« Ce n’est rien. Veuillez m’excuser. »

Je m’étais retourné et j’étais parti tranquillement. Je ne pensais pas que j’avais montré quoi que ce soit en surface, mais à l’intérieur, cela me frappait durement. Être rejeté comme ça par Fitz me faisait tellement mal que j’avais du mal à penser correctement.

J’avais perdu toute envie de faire du lèche-vitrine. Il était temps de rentrer chez moi.

La route devant moi était recouverte d’une couche de neige légèrement crasseuse. Il en tombait bien sûr à nouveau.

Le vent était très froid aujourd’hui.

Lentement, j’avais repris le chemin du campus universitaire.

J’avais longuement réfléchi en marchant, mais je n’arrivais pas à expliquer pourquoi Fitz m’avait traité de la sorte. Autant que je me souvienne, je n’avais rien fait pour le contrarier récemment. J’avais envie de parler à quelqu’un. Ou peut-être, juste me défouler.

Zanoba était à la guilde des magiciens aujourd’hui, pour les aider dans leurs recherches sur les enfants bénis. Il avait probablement emmené Julie. Linia et Pursena étaient techniquement envisageables, mais je ne pensais pas qu’elles prendraient ça au sérieux. Elles finiraient probablement par tirer des conclusions hâtives et par me taquiner impitoyablement. Elinalise et Cliff n’étaient bien sûr pas une option. Badigadi n’avait pas l’air d’être sur le campus aujourd’hui. Et Nanahoshi… était occupée par ses propres problèmes.

Je ne pouvais pas penser à quelqu’un d’autre vers qui me tourner. Je n’avais pas beaucoup d’amis.

Finalement, j’étais allé directement à la bibliothèque. Dans des moments comme celui-ci, il valait mieux s’asseoir dans un endroit tranquille et se perdre dans un livre stupide pendant quelques heures. Un récit d’héroïsme ou d’aventure pourrait être agréable en ce moment. Est-ce que des contes sur Kishirika et Badigadi avaient été transformés en livre ? C’était le genre de chose que je voulais en ce moment : l’histoire de deux guerriers hors pair, frappant des magiciens pitoyables en riant aux éclats…

J’étais entré dans la bibliothèque, en faisant un léger signe de tête au garde. Nous n’avions jamais eu de véritable conversation, mais j’étais venu ici assez souvent pour qu’il me laisse passer automatiquement. Je m’étais arrêté un moment afin de retirer la neige de mes vêtements, j’avais utilisé un sort silencieux pour me sécher rapidement, puis je m’étais dirigé vers mon siège habituel avec un petit soupir de soulagement.

Le bâtiment était, comme je l’avais prévu, presque vide. Il n’y avait pas beaucoup d’étudiants qui passaient leurs jours de congé à la bibliothèque. Dans ce monde, la lecture n’était pas une activité très répandue… le taux d’alphabétisation n’étant après tout pas particulièrement élevé.

« … Huh ? »

À ma grande surprise, Fitz était ici. Il était assis à la table que nous partagions habituellement, lisant un livre, la tête posée sur ses mains, avec une expression d’ennui léger sur le visage.

« Oh ! Salut, Rudeus. »

Quand il avait remarqué que je m’approchais, il leva les yeux avec son habituel sourire timide.

« Déjà de retour ? Je pensais que tu serais encore dehors à cette heure. Tu as rencontré ton ami, au moins ? »

« Euh, ouais… »

Je m’étais assis en face de Fitz, et j’avais étudié son visage avec attention. Il semblait… normal. Ses vêtements et ses manières étaient les mêmes que d’habitude.

Il y avait quelque chose de très étrange. Je l’avais croisé dehors, puis je m’étais dirigé directement vers la bibliothèque. Le chemin que j’avais suivi jusqu’ici était en fait le plus court possible. Comment diable était-il assis ici en ce moment ?

« Euh, qu’est-ce qui ne va pas ? Ai-je quelque chose sur le visage ? », dit Fitz en passant sa main dessus avec anxiété.

Non, c’était là, juste ici. Pourquoi agissait-il comme ça ? Il m’avait snobé en face il y a cinq minutes, mais maintenant il semblait totalement détendu et confiant.

« Pourquoi m’as-tu ignoré comme ça tout à l’heure ? »

La question était sortie de ma bouche toute seule. Le sourire de Fitz s’était figé sur place. Après un moment, il avait prudemment pris une expression sérieuse.

« Eh bien, tu sais… je ne suis pas censé parler à qui que ce soit quand je suis de garde. Tu sais bien que je suis Silent Fitz. Ma voix étant un peu enfantine, les gens ne me prennent pas au sérieux quand je parle. Quand je suis en public, en particulier quand je garde la Princesse Ariel, elle veut que je me taise autant que possible. »

« C’est vrai ? Je n’ai pourtant pas vu la princesse Ariel dans le coin. »

« Oh, elle était dans l’un des magasins du coin. C’est un endroit où l’on peut avoir confiance. Luke et moi ne sommes pas ses seuls gardes non plus. Les autres faisaient le guet à ses côtés pendant que nous gardions un œil sur les choses à distance. Uhm, mais ne dis rien à personne d’autre à ce sujet. »

Les mots de Fitz étaient sortis tout doucement, sans une seule hésitation. Presque comme si c’était quelque chose qu’il avait répété à l’avance.

« Je vois. Eh bien, je suis désolé d’avoir été sur ton chemin pendant que tu travaillais. »

« Oh, ce n’est pas grave ! Je suis aussi désolé. Je n’essayais vraiment pas d’être impoli. »

Je commençais à avoir une idée de ce qui se passait réellement ici. Je ne pouvais pas en être complètement sûr, mais… il était probable que la Princesse Ariel avait pris l’apparence de Fitz pour se déguiser. Il y avait probablement un objet ou un instrument magique impliqué là-dedans. Elle ne m’avait pas parlé parce que sa voix n’était pas affectée par ses pouvoirs. Peut-être que la couleur de ses yeux n’avait pas non plus changé ? Cela expliquerait pourquoi Fitz gardait toujours ses yeux cachés. Sinon, ça aurait été un dangereux cadeau pour Ariel quand elle aurait eu besoin de se déguiser en lui.

Ouais. Plus j’y pensais, plus ça semblait correspondre. La raison pour laquelle « Fitz » m’avait évité plus tôt était assez simple. J’étais suffisamment proche de la personne réelle pour avoir vu qu’elle essayait de l’imiter.

C’est ça. Je n’avais donc rien fait pour le mettre en colère. Ça m’avait semblé être une bonne explication. J’allais donc la prendre.

« Ouf, c’est un soulagement. Je pensais que tu me détestais maintenant, Maître Fitz. J’ai été vraiment inquiet pendant une minute. »

« Ahaha… Ne sois pas ridicule, Rudeus. Je ne pourrais pas te détester même si j’essayais… »

Fitz s’était gratté l’arrière de ses oreilles avec embarras. Il faisait ce geste tout le temps, mais dernièrement, mon cœur battait plus vite à chaque fois que je le voyais. Et d’abord, pourquoi une personne aussi adorable devait-elle être un homme ?

… En supposant qu’il le soit vraiment. Je voulais encore croire le contraire.

◇ ◇ ◇

J’avais beaucoup pensé à Fitz ces derniers temps.

Comme toujours, on ne se croisait qu’une fois tous les quelques jours. Et ce n’était pas comme si nous avions beaucoup de choses à nous dire quand nous le faisions. Mais malgré cela, je ne pouvais pas m’empêcher de penser à lui. Parfois, je me surprenais à me souvenir des petits gestes qu’il faisait. La façon dont il se grattait les oreilles. La façon dont il s’étirait lorsqu’il avait terminé une tâche. D’autres fois, je pensais à son odeur, à la façon dont je le sentais lorsqu’il passait devant moi dans le couloir. Mais surtout, je pensais à son sourire. Son petit sourire timide ne voulait pas sortir de ma tête.

Ce n’était pas différent les jours où je ne le voyais pas. Dès que je voyais une foule d’étudiants, je me surprenais à le chercher.

Pour ma défense, il était au milieu de la foule la plupart du temps. La Princesse Ariel et ses serviteurs étaient célèbres dans cette école. Lorsqu’ils se déplaçaient pour les affaires du conseil des élèves, une poignée d’entre eux attiraient souvent une grande foule de spectateurs. Et même parmi ce groupe de personnes qui attiraient l’attention, Fitz en particulier attirait beaucoup. Silent Fitz parlait rarement en public, mais il était l’un des gardes les plus fiables de la Princesse et l’un des mages les plus doués de toute l’université. Il n’était pas surprenant que les gens s’intéressent à lui.

J’étais l’un d’entre eux à ce stade. Chaque fois que je le voyais, mes yeux semblaient toujours le suivre.

J’avais bien sûr reconnu ce que tous ces symptômes signifiaient. J’étais amoureux. J’étais tombé amoureux d’un homme. En supposant qu’il en soit vraiment un, ce dont je n’étais pas totalement convaincu.

Cela semblait être une question importante. Selon son sexe, je devais accepter le fait que j’étais gay, ou peut-être bisexuel. Mais cela n’avait pas vraiment d’importance à court terme, étant donné que mon « état » ne s’était toujours pas amélioré.

Cependant, j’espérais toujours qu’il s’agisse d’une fille.

***

Partie 4

Une fois que j’avais enfin réussi à m’avouer mes sentiments, j’avais entrepris de rassembler quelques informations sur ce sujet.

L’approche la plus facile et la plus éthique serait de demander au gars lui-même, mais ce serait mon dernier recours. Pour autant que je sache, il pourrait être gêné par son charmant visage de fille.

J’avais commencé par me diriger vers le bâtiment des enseignants. Il y avait vraisemblablement des dossiers d’étudiants dans les bureaux ici, avec la vérité réelle enregistrée dedans. Je m’attendais à ce qu’ils aient une politique de protection de la vie privée des élèves, mais je pouvais peut-être les convaincre de m’aider juste pour cette fois.

Après avoir cherché un peu, j’avais réussi à trouver le professeur en charge des quatrièmes années, qui faisait office de conseiller pour Fitz. Je lui avais posé directement la question.

« Pouvez-vous me dire quel est le sexe de Maître Fitz, Professeur ? »

« Je ne peux vous donner aucune information sur Fitz. »

« Vous êtes sûr ? Vous ne pourriez pas contourner les règles, juste pour cette fois ? »

Le professeur fit une légère grimace au moment où j’avais parlé. Apparemment, il me trouvait quelque peu terrifiant. Ces jours-ci, beaucoup d’étudiants pâlissaient dès qu’ils me voyaient, mais je ne m’attendais pas à cela de la part d’un membre de la faculté. Peut-être que je pouvais utiliser cela à mon avantage.

« Si vous ne pouvez vraiment pas être souple, peut-être que je vais vous envoyer un bon gros Canon de Pierre dans le derrière et voir si ça aide… »

« Eee ! Attendez, je… je… »

« Hmm ? Peut-être que vous préféreriez un vigoureux jet d’eau à la place ? »

« … Je suis vraiment désolé, mais je ne peux rien vous dire ! »

L’homme s’était avéré être une noix têtue à casser. C’était bien de voir que la faculté ici ne cédait pas aux menaces.

« Je ne faisais que plaisanter, Professeur. »

Renonçant à la simple intimidation, j’étais parti à la recherche de Jenius. Si je ne pouvais pas obtenir de réponses des gars en bas de l’échelle, j’irais directement au sommet.

J’avais trouvé notre bien-aimé vice-principal au milieu d’une bataille animée avec une montagne de paperasse. Vu la taille de cette université, il y avait probablement beaucoup de formulaires à signer dans une journée. Je me sentais un peu mal de l’interrompre, mais ce n’était pas comme si cela devait prendre trop de temps.

« Bonjour, Vice Principal Jenius. »

« Je dois dire que vous semblez assez occupé… »

« Oh, pas du tout. Grâce à vous qui gardez nos enfants à problèmes sous contrôle, ma vie est devenue beaucoup plus facile ces derniers temps. »

Des enfants à problèmes ? Parlait-il de Badigadi et Zanoba, peut-être… ? Non pas qu’ils soient vraiment des enfants dans la plupart des sens du terme.

« En tout cas, que puis-je faire pour vous aujourd’hui ? »

« En fait, je voulais vous demander quelques informations sur Maître Fitz. »

Les sourcils du vice-principal s’étaient froncés.

« Je suis terriblement désolé, mais les gens qui dirigent nous ont donné des instructions assez strictes concernant lui et son employeur. »

« Vraiment ? »

J’étais légèrement tenté de lui dire que je n’en avais rien à faire, mais quelque chose dans l’épuisement de son visage m’avait fait reconsidérer la question. L’administration avait clairement ses propres problèmes. Ils auraient pu s’assurer un soutien crucial en acceptant la seconde princesse et sa suite.

« Pourriez-vous au moins me dire quel est le sexe de Fitz ? »

« Son sexe… ? Hmm… »

Jenius m’offrit alors un de ses fameux sourires gênés. C’était vraiment sa spécialité. Pendant environ une minute, il réfléchit à ma demande. Une minute pouvait sembler très longue quand on attendait dans un silence total.

« Fitz… est un homme. »

Finalement, c’était tout ce qu’il avait répondu.

En fin de compte, je n’étais toujours pas sûr du sexe de Fitz.

Jenius avait soutenu l’histoire officielle, mais il était clairement sous pression, et il y avait réfléchi pendant un temps étrangement long. C’était difficile de dire s’il était sincère ou pas. Bien sûr, il avait automatiquement utilisé les pronoms « lui » et « son » pour Fitz avant même d’entendre ma question… Cela signifiait-il qu’il m’avait dit la vérité ?

Non, ça ne servait à rien de suranalysé la situation. Je n’avais pas d’éléments pour me faire une idée.

Sans m’en rendre compte, je m’étais rendu à la bibliothèque et à la table où je travaillais toujours avec Fitz. Je m’étais assis et j’avais poussé un petit soupir. Quel était l’intérêt de découvrir son sexe, de toute façon ? Est-ce que je pouvais me résoudre à lui dire ce que je ressentais ? Pourrais-je dire à quelqu’un que j’ai des sentiments pour lui ? Moi ?

C’était bien d’extérioriser ces choses, en théorie… mais l’idée était mauvaise. Je n’abordais pas ça de la bonne façon. D’abord, que voulais-je qu’il se passe après ma confession ?

C’était important. Très important, en fait.

Je ne pouvais pas aller trop loin avec mon corps dans cet état. Ma grue ne voulait pas bouger, mais ce n’était pas comme si j’avais une pénurie d’essence. Mon cerveau était rempli de pensées sales et mauvaises à tout moment. À un moment donné, je ne serais plus capable de me retenir. Mais je ne serais pas capable de faire quoi que ce soit quand j’essaierais. Ça ressemblait à de la torture.

C’est vrai. Mettons de côté les jolis mots que les gens utilisent toujours. Plus d’euphémismes sur mes « sentiments ».

Je veux coucher avec Fitz. Je veux faire toutes sortes de choses avec lui. Je veux expérimenter. Je veux essayer un peu de ceci, un peu de cela… enfin, c’est peut-être aller trop loin…

« Mon Dieu, j’aimerais pouvoir au moins me branler… »

Au moment où je me murmurais ces mots, une main s’était posée sur mon épaule. Je m’étais retourné et j’avais regardé en l’air. Je m’étais retrouvé face à face avec Fitz.

« Se branler de quoi ? » avait-il dit tout en penchant avec curiosité la tête sur le côté.

« Waaaagh ! »

Je m’étais violemment relevé d’un bond, emmêlant mes pieds dans les pieds de ma chaise.

« Whoa ! Fais attention ! »

Fitz tendit le bras et m’attrapa par la main, essayant de me stabiliser. Mais il n’était pas assez fort pour me tirer en arrière.

« Aaaah ! »

Nous avions fini par tomber ensemble, toujours emmêlés avec la chaise, repoussant la table au passage.

Et quand nous avions touché le sol… Fitz avait atterri sur moi. J’étais allongé sur le dos, le tenant dans mes bras.

Le visage de Fitz était très proche du mien.

En raison de ces énormes lunettes de soleil, je n’avais pas pu voir son expression. Mais je pouvais voir l’arête de son nez et ses lèvres minces à quelques centimètres seulement. Je sentais la chaleur et le poids de son corps sur moi. Non pas qu’il soit très lourd.

Une odeur agréable avait envahi mes narines. C’était le parfum de Fitz, à une intensité supérieure à celle que j’avais connue auparavant. J’aurais pu passer une journée entière à le savourer.

Mes bras s’étaient en quelque sorte enroulés autour de ses hanches et de ses fesses lorsque nous avons touché le sol. Sa taille était fine et féminine. Ses fesses n’étaient pas vraiment dodues, mais elles étaient douces. Rien qu’à cette sensation, mon petit coquin était debout… au garde-à-vous…

Bon Sang

« Ah ! D-Désolé, Rudeus ! »

Rougissant, Fitz essaya rapidement de se lever et de me lâcher.

« Maître Fitz… tu es vraiment une fille, pas vraie ? »

Il m’avait regardé en état de choc, puis resta bouche bée pendant quelques secondes avant de parvenir à secouer la tête.

« N-Non ! Je te l’ai dit, je suis un homme ! »

Se levant d’un bond, il s’était éloigné de moi de quelques pas, puis fit demi-tour et se précipita vers la sortie. Fitz avait laissé un certain nombre de livres sur la table. Peut-être était-il allé chercher des documents de référence pour un cours, comme le jour de notre première rencontre ici.

Mais il y avait quelque chose d’encore plus important dans mon esprit en ce moment.

« J’ai la trique… »

Après trois longues années de sommeil silencieux, mon petit caporal saluait enfin le drapeau une fois de plus. Après toute cette frustration et cette déception, le simple fait de toucher Fitz m’avait excité.

Avec précaution, je m’étais baissé d’une main pour m’assurer que je n’étais pas en train d’halluciner.

« … Wow. Ce n’est pas un rêve ? »

À cet instant, j’avais finalement compris la signification du conseil de l’Homme-Dieu. C’était pourquoi il m’avait dit de fouiller dans la bibliothèque.

Cela dit… je savais depuis le début que Fitz me cachait des choses. Quel que soit son sexe, s’il cachait quelque chose, c’était pour une bonne raison. Je ne voulais pas griller sa couverture avec mes théories et mes gaffes.

J’étais amoureux de Fitz. Fitz voulait être connu comme un homme. Serait-il juste de donner la priorité à mes sentiments dans ces circonstances ? Ou mes désirs, d’ailleurs ?

De toute évidence, non.

Je n’avais pas le droit de révéler ses secrets, qu’ils incluent ou non son sexe. Au contraire, j’avais la responsabilité de respecter ses souhaits et de l’aider à cacher ce qu’il voulait. Cela semblait en fait être la seule approche sûre. Même si j’étais tenté de m’approcher furtivement et de chuchoter. Je me tairai, alors, viens dans ma chambre ce soir.

Mince. Maintenant, j’imaginais Fitz en train d’enlever lentement toutes ces couches volumineuses une par une pendant que je lorgnais depuis l’ombre. Non, non. Nooon ! Mauvaises pensées ! De très mauvaises pensées !

Il… ou elle… Il m’a aidé tant de fois, de tant de façons. Ce serait vraiment impardonnable de le trahir comme ça. Je devrais juste le traiter de la même façon qu’avant. Et si jamais il semblait en danger d’être exposé, j’interviendrais discrètement pour l’aider. Il avait fait la même chose pour moi lors de mon premier jour dans cette école, après tout, même si cela avait probablement été un geste risqué pour lui.

« Eh, attendez une seconde. Si Fitz est vraiment une femme… »

À ce moment-là, mon esprit avait pris la tangente et quelques souvenirs défilèrent dans ma tête.

Je m’étais soudainement souvenu de toutes les blagues salaces que j’avais faites devant Fitz dans le passé. Ma blague au marché aux esclaves, ce que j’avais dit quand j’avais capturé Linia et Pursena… oh mon Dieu, et ce que je lui avais fait dire quand il m’avait apporté mon bâton !

J’avais souffert le martyre pendant un moment.

***

Partie 5

Une fois que j’avais terminé ce délicieux voyage dans le passé, j’avais constaté que mon petit soldat avait repris sa vie de grabataire. J’avais beau le presser, il refusait obstinément de sortir. Je supposais qu’il était moins odieux que l’ancien moi, du moins, puisqu’il ne se mettait pas à taper sur le sol quand je le harcelais.

J’avais vraiment envie de donner à ce petit crétin une bonne secousse pour la première fois depuis des années… mais apparemment, j’étais encore loin d’être totalement guéri.

Mais bon. Au moins, j’avais des raisons d’espérer maintenant. Pas besoin de précipiter les choses. Pour l’instant, j’étais retourné dans ma chambre pour essayer de fixer cette merveilleuse sensation dans ma mémoire.

◇ ◇ ◇

Le lendemain matin, il m’avait fallu un effort considérable pour ramener mon corps léthargique en position assise. J’avais été tellement préoccupé par le bref rétablissement de mon partenaire que je n’avais pas réussi à dormir énormément. Malheureusement, le petit gars en question faisait toujours comme si rien ne s’était passé.

Mon esprit était rempli de pensées et d’images de Fitz, mais je n’avais pas obtenu la moindre réaction de ce traître en bas. Quand allait-il arrêter de bouder et m’aider à évacuer la vapeur qui s’accumulait en moi ? Peut-être que les souvenirs n’étaient pas suffisants pour lui plaire ?

Je ne savais toujours pas exactement ce qui l’avait mis hors de lui, mais quelque chose chez Maître Fitz était clairement la clé pour guérir mon état. L’Homme-Dieu avait raison depuis le début. Je ne l’avais pas réalisé pendant des mois, mais le médicament dont j’avais besoin était à portée de main depuis le début.

Pourtant, lorsque j’avais pris le temps d’y réfléchir rationnellement, un problème majeur subsistait. Comment allais-je me procurer une ordonnance ?

Je ne voulais rien faire qui puisse mettre Fitz mal à l’aise ou en colère. Il était important de guérir mon état, mais aussi de garder la confiance de Fitz. Si j’avais pensé que Fitz était une fille six mois plus tôt, je l’aurais peut-être courtisé plus agressivement, mais à ce stade, j’avais de vrais sentiments pour lui. Je ne voulais pas répéter l’erreur que j’avais faite avec Éris et passer trop vite au stade physique. Je ne voulais pas que Fitz sorte de ma vie sans un mot.

Hah. J’étais donc devenu un gars qui comptait sur le garde du corps travesti d’une princesse pour guérir son impuissance, hein ? Ça semblait être un concept amusant pour une série. Si vous appréciez ça, Homme-Dieu, pourquoi ne pas me donner un pourboire ?

Avec un petit sourire sardonique, j’avais roulé hors du lit superposé que j’avais encore pour moi et je m’étais étiré. Je n’avais pas pu réprimer un long et bruyant bâillement, la journée allait être longue.

Je m’étais dirigé vers le seau vide que j’avais laissé dans un coin de la pièce et l’avais rempli d’eau chaude. Le visage qui me regardait à l’intérieur était relativement beau. J’avais hérité d’un mélange de l’allure de bad-boy coureur de jupons de Paul et des traits plus doux de ma mère. Selon les normes de mon ancien monde, du moins, le résultat n’était pas mauvais, même si ce n’était pas ce que les gens de ce monde considéraient comme parfait. Peu importe combien de fois je regardais ce visage, je ne pouvais pas le considérer comme le mien, mais je m’y étais habitué maintenant. C’était un meilleur visage que celui que j’avais la dernière fois, et c’était suffisant pour moi.

Est-ce qu’il plaisait à Fitz ? C’était la chose la plus importante.

OK, stop. Ça ne servait à rien de penser à ça. Fitz était un homme, et je n’allais rien lui faire. C’était ma position officielle pour le moment.

Alors que je commençais à me laver le visage, j’avais remarqué un soupçon de quelque chose sur mon menton. Quand je tirais dessus, ma peau s’étirait un peu avec. C’était une moustache. Un seul poil doux et duveteux.

« Je suppose que j’arrive à cet âge maintenant, hein… »

Il semblerait que les humains ne vieillissaient pas trop différemment dans ce monde. Mon père n’était pas un homme poilu, il m’avait donc fallu du temps pour développer quelque chose sur mon visage, mais j’avais des poils qui poussaient aux autres endroits auxquels on s’attendrait maintenant.

Je n’étais pas sûr de savoir comment cela fonctionnait pour les gens des autres races, comme Fitz. Les elfes étaient-ils différents ? Avait-il déjà des poils en bas ?

Hm… ?

Je ne sais pas pourquoi, mais quelque chose me chiffonnait dans cette pensée. J’avais l’impression d’être sur le point de me souvenir de quelque chose, mais ça ne me venait pas.

« Ah, peu importe. »

Avec un haussement d’épaules, j’avais rasé le poil perdu sur mon menton.

Deux jours passèrent sans le moindre progrès.

Je n’avais eu aucun contact avec Fitz pendant ce temps. Je ne voulais pas risquer de faire quelque chose de suspect, comme essayer de le retrouver. Rien à voir ici, officier. Rien n’avait bougé.

Cependant, le troisième matin après l’incident, j’avais trouvé Luke qui m’attendait dans le couloir du dortoir des garçons. Je n’avais pas paniqué. Je m’attendais à ce que quelque chose comme ça arrive un jour.

« Bonjour, Maître Luke. Que faites-vous ici à cette heure-ci ? », avais-je dit aussi brillamment que possible.

Luke n’avait pas l’air très joyeux, non plus. Quelque chose dans la façon dont il me regardait suggérait qu’il n’était pas de très bonne humeur.

« J’ai besoin de vous parler à propos de Fitz. »

Comme prévu. Mais j’avais préparé ma réponse à cette série de questions.

« Je ne sais pas ce que vous voulez dire. »

« Oh ? C’est un fait ? »

Le ton de Luke était provocateur. Cherchait-il à en savoir plus sur ce qui s’était passé l’autre jour ? Ils espéraient peut-être qu’ils pourraient encore me cacher la vérité s’ils poussaient la question assez loin. Et j’étais parfaitement d’accord pour laisser les choses aller dans ce sens.

Mais était-ce vraiment un problème si je connaissais le secret de Fitz ? Peut-être que ça avait quelque chose à voir avec le fait que j’étais techniquement un Greyrat. J’avais coupé mes liens avec la famille Boreas à ce stade, mais je ne savais pas ce qu’ils pensaient de Paul. Quoi qu’il en soit, il me semblait bon d’exprimer mes intentions très clairement maintenant que j’en avais l’occasion.

« Juste pour réitérer, Luke… Je n’ai aucune intention de faire de vous des ennemis. Et je ne sais rien de Fitz, ou des secrets qu’il pourrait cacher. »

« … Vous êtes prêt à prétendre que vous ne savez rien ? Pourquoi ? »

« Eh bien, je n’ai aucun lien avec les familles Boreas ou Notos pour le moment. Et plus important encore, ce serait un peu effrayant de se mettre à dos la Princesse Ariel. »

Un regard de pure surprise traversa le beau visage de Luke, et il s’était tu. Avais-je dit quelque chose de dangereux ? Peut-être aurait-il été plus intelligent de continuer à prétendre que je ne savais littéralement rien.

« Quoi qu’il en soit, c’est tout ce que j’ai à dire. »

« Bien. Désolé de vous avoir dérangé… »

Après ce dernier échange, j’étais parti et j’avais laissé Luke debout dans le couloir.

Après avoir terminé mes cours ce jour-là, je m’étais rendu dans la chambre de Nanahoshi pour nos expériences habituelles. Mais pour une raison inconnue, j’avais trouvé Fitz juste à l’extérieur.

Si je me souvenais bien, il n’était pas censé venir m’aider à nouveau avant quelques jours, jusqu’à ce qu’il soit libéré de ses fonctions de garde du corps de la Princesse. J’en étais presque sûr. Mais il s’était quand même pointé, et il y avait sans doute une raison à cela. Et vraisemblablement, cela avait quelque chose à voir avec certains événements récents. Fitz et Ariel n’avaient aucune raison de me croire sur parole. Au contraire, ils avaient plein de bonnes raisons de se méfier de moi.

En d’autres termes, Fitz était probablement ici pour garder un œil sur moi. Peut-être qu’il voulait confirmer si je pensais vraiment ce que j’avais dit à Luke.

J’avais été silencieux pendant un certain temps, et le visage de Fitz était visiblement tendu. Après quelques minutes, Nanahoshi marmonna : « Qu’est-ce que c’est ? Vous vous êtes disputés ? » tout en dessinant un nouveau cercle magique.

« N-Non ! Nous ne nous sommes pas disputés ! »

La réponse de Fitz était hilarante et maladroite. Il était vraiment adorable quand il était énervé. Pourtant, il était évident qu’il doutait encore de moi. Mais de toute façon, comment gagner la confiance de quelqu’un dans une telle situation ?

Peut-être que j’aurais mieux fait de plier le genou et d’offrir un hommage à Ariel. Tout ce à quoi je pouvais penser était de lui acheter quelque chose comme une belle boîte de pâtisseries… mais étant donné la prudence dont ils faisaient preuve à mon égard en ce moment, ça pourrait se retourner contre eux.

« Écoutez, je ne me soucie pas vraiment de savoir qui a raison ou qui a tort, mais ne me mêlez pas à vos bêtises. », dit Nanahoshi avec une voix nettement irritée.

La jeune fille avait pour politique stricte d’éviter les ennuis tant qu’elle était coincée dans ce monde. Fitz était profondément impliqué dans la royauté d’Asura, et Nanahoshi ne voulait clairement pas être mêlée à un quelconque conflit entre nous deux. Bien sûr, si elle parlait aussi grossièrement aux gens, elle finirait par avoir des problèmes. Mais j’étais essentiellement la seule personne avec qui elle interagissait en ce moment, alors peut-être que ce n’était pas si grave.

Eh bien, peu importe. Si elle ne voulait pas s’impliquer dans ce monde, c’était son choix. Je n’avais pas vraiment le droit d’avoir une opinion sur le sujet. Je pensais que ça ne ferait pas de mal qu’elle essaie d’être un peu plus extravertie… mais elle passait actuellement chaque jour à dessiner frénétiquement des centaines de cercles magiques. C’était difficile de lui suggérer de mettre de côté de l’énergie pour se socialiser.

« … Tch. »

Normalement, je réalisais ces expériences tout en discutant oisivement avec Fitz ou Nanahoshi, mais aujourd’hui, nous étions tous silencieux. Le seul son était le claquement de langue occasionnel de Nanahoshi. L’atmosphère était tendue, c’était le moins que l’on puisse dire.

« … Ok, c’est tout. Nous en avons fini pour le moment. »

Et au bout de quelques heures, Nanahoshi mit fin à sa journée, la voix basse et fatiguée. Encore une fois, nous n’avions pas fait de réels progrès.

Alors que nous retournions vers les dortoirs, Fitz et moi n’arrivions toujours pas à entamer une conversation. Je voulais parler de quelque chose. Je voulais agir comme je le faisais normalement. Mais qu’est-ce que j’étais censé dire ?

Avant que je puisse dire quoi que ce soit, nous avions atteint l’embranchement qui menait aux dortoirs des filles.

« Hé, Rudeus… »

Fitz fit quelques pas en avant, puis me parla d’un ton étrangement tendu.

« Oui ? Qu’est-ce qu’il y a ? »

Il serra sa main contre sa poitrine. Il était évident qu’il allait dire quelque chose d’important. Peut-être quelque chose sur son sexe. Je m’étais préparé du mieux que j’avais pu.

« … Désolé. Ce n’est rien, en fait. En revoir. »

« Entendu. À plus tard… »

Fitz regarda le sol en se retournant et en trottinant rapidement vers son dortoir. Expirant doucement, je l’avais regardé partir avec un sentiment désagréable de douleur dans la poitrine. J’avais décidé de ne pas lui causer de problèmes si je le pouvais, mais… pour être honnête, c’était un peu difficile à supporter.

***

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