Mushoku Tensei (LN) – Tome 9 – Chapitre 5 – Partie 5

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Chapitre 5 : Désemparé, mais perspicace

Partie 5

Une fois que j’avais terminé ce délicieux voyage dans le passé, j’avais constaté que mon petit soldat avait repris sa vie de grabataire. J’avais beau le presser, il refusait obstinément de sortir. Je supposais qu’il était moins odieux que l’ancien moi, du moins, puisqu’il ne se mettait pas à taper sur le sol quand je le harcelais.

J’avais vraiment envie de donner à ce petit crétin une bonne secousse pour la première fois depuis des années… mais apparemment, j’étais encore loin d’être totalement guéri.

Mais bon. Au moins, j’avais des raisons d’espérer maintenant. Pas besoin de précipiter les choses. Pour l’instant, j’étais retourné dans ma chambre pour essayer de fixer cette merveilleuse sensation dans ma mémoire.

◇ ◇ ◇

Le lendemain matin, il m’avait fallu un effort considérable pour ramener mon corps léthargique en position assise. J’avais été tellement préoccupé par le bref rétablissement de mon partenaire que je n’avais pas réussi à dormir énormément. Malheureusement, le petit gars en question faisait toujours comme si rien ne s’était passé.

Mon esprit était rempli de pensées et d’images de Fitz, mais je n’avais pas obtenu la moindre réaction de ce traître en bas. Quand allait-il arrêter de bouder et m’aider à évacuer la vapeur qui s’accumulait en moi ? Peut-être que les souvenirs n’étaient pas suffisants pour lui plaire ?

Je ne savais toujours pas exactement ce qui l’avait mis hors de lui, mais quelque chose chez Maître Fitz était clairement la clé pour guérir mon état. L’Homme-Dieu avait raison depuis le début. Je ne l’avais pas réalisé pendant des mois, mais le médicament dont j’avais besoin était à portée de main depuis le début.

Pourtant, lorsque j’avais pris le temps d’y réfléchir rationnellement, un problème majeur subsistait. Comment allais-je me procurer une ordonnance ?

Je ne voulais rien faire qui puisse mettre Fitz mal à l’aise ou en colère. Il était important de guérir mon état, mais aussi de garder la confiance de Fitz. Si j’avais pensé que Fitz était une fille six mois plus tôt, je l’aurais peut-être courtisé plus agressivement, mais à ce stade, j’avais de vrais sentiments pour lui. Je ne voulais pas répéter l’erreur que j’avais faite avec Éris et passer trop vite au stade physique. Je ne voulais pas que Fitz sorte de ma vie sans un mot.

Hah. J’étais donc devenu un gars qui comptait sur le garde du corps travesti d’une princesse pour guérir son impuissance, hein ? Ça semblait être un concept amusant pour une série. Si vous appréciez ça, Homme-Dieu, pourquoi ne pas me donner un pourboire ?

Avec un petit sourire sardonique, j’avais roulé hors du lit superposé que j’avais encore pour moi et je m’étais étiré. Je n’avais pas pu réprimer un long et bruyant bâillement, la journée allait être longue.

Je m’étais dirigé vers le seau vide que j’avais laissé dans un coin de la pièce et l’avais rempli d’eau chaude. Le visage qui me regardait à l’intérieur était relativement beau. J’avais hérité d’un mélange de l’allure de bad-boy coureur de jupons de Paul et des traits plus doux de ma mère. Selon les normes de mon ancien monde, du moins, le résultat n’était pas mauvais, même si ce n’était pas ce que les gens de ce monde considéraient comme parfait. Peu importe combien de fois je regardais ce visage, je ne pouvais pas le considérer comme le mien, mais je m’y étais habitué maintenant. C’était un meilleur visage que celui que j’avais la dernière fois, et c’était suffisant pour moi.

Est-ce qu’il plaisait à Fitz ? C’était la chose la plus importante.

OK, stop. Ça ne servait à rien de penser à ça. Fitz était un homme, et je n’allais rien lui faire. C’était ma position officielle pour le moment.

Alors que je commençais à me laver le visage, j’avais remarqué un soupçon de quelque chose sur mon menton. Quand je tirais dessus, ma peau s’étirait un peu avec. C’était une moustache. Un seul poil doux et duveteux.

« Je suppose que j’arrive à cet âge maintenant, hein… »

Il semblerait que les humains ne vieillissaient pas trop différemment dans ce monde. Mon père n’était pas un homme poilu, il m’avait donc fallu du temps pour développer quelque chose sur mon visage, mais j’avais des poils qui poussaient aux autres endroits auxquels on s’attendrait maintenant.

Je n’étais pas sûr de savoir comment cela fonctionnait pour les gens des autres races, comme Fitz. Les elfes étaient-ils différents ? Avait-il déjà des poils en bas ?

Hm… ?

Je ne sais pas pourquoi, mais quelque chose me chiffonnait dans cette pensée. J’avais l’impression d’être sur le point de me souvenir de quelque chose, mais ça ne me venait pas.

« Ah, peu importe. »

Avec un haussement d’épaules, j’avais rasé le poil perdu sur mon menton.

Deux jours passèrent sans le moindre progrès.

Je n’avais eu aucun contact avec Fitz pendant ce temps. Je ne voulais pas risquer de faire quelque chose de suspect, comme essayer de le retrouver. Rien à voir ici, officier. Rien n’avait bougé.

Cependant, le troisième matin après l’incident, j’avais trouvé Luke qui m’attendait dans le couloir du dortoir des garçons. Je n’avais pas paniqué. Je m’attendais à ce que quelque chose comme ça arrive un jour.

« Bonjour, Maître Luke. Que faites-vous ici à cette heure-ci ? », avais-je dit aussi brillamment que possible.

Luke n’avait pas l’air très joyeux, non plus. Quelque chose dans la façon dont il me regardait suggérait qu’il n’était pas de très bonne humeur.

« J’ai besoin de vous parler à propos de Fitz. »

Comme prévu. Mais j’avais préparé ma réponse à cette série de questions.

« Je ne sais pas ce que vous voulez dire. »

« Oh ? C’est un fait ? »

Le ton de Luke était provocateur. Cherchait-il à en savoir plus sur ce qui s’était passé l’autre jour ? Ils espéraient peut-être qu’ils pourraient encore me cacher la vérité s’ils poussaient la question assez loin. Et j’étais parfaitement d’accord pour laisser les choses aller dans ce sens.

Mais était-ce vraiment un problème si je connaissais le secret de Fitz ? Peut-être que ça avait quelque chose à voir avec le fait que j’étais techniquement un Greyrat. J’avais coupé mes liens avec la famille Boreas à ce stade, mais je ne savais pas ce qu’ils pensaient de Paul. Quoi qu’il en soit, il me semblait bon d’exprimer mes intentions très clairement maintenant que j’en avais l’occasion.

« Juste pour réitérer, Luke… Je n’ai aucune intention de faire de vous des ennemis. Et je ne sais rien de Fitz, ou des secrets qu’il pourrait cacher. »

« … Vous êtes prêt à prétendre que vous ne savez rien ? Pourquoi ? »

« Eh bien, je n’ai aucun lien avec les familles Boreas ou Notos pour le moment. Et plus important encore, ce serait un peu effrayant de se mettre à dos la Princesse Ariel. »

Un regard de pure surprise traversa le beau visage de Luke, et il s’était tu. Avais-je dit quelque chose de dangereux ? Peut-être aurait-il été plus intelligent de continuer à prétendre que je ne savais littéralement rien.

« Quoi qu’il en soit, c’est tout ce que j’ai à dire. »

« Bien. Désolé de vous avoir dérangé… »

Après ce dernier échange, j’étais parti et j’avais laissé Luke debout dans le couloir.

Après avoir terminé mes cours ce jour-là, je m’étais rendu dans la chambre de Nanahoshi pour nos expériences habituelles. Mais pour une raison inconnue, j’avais trouvé Fitz juste à l’extérieur.

Si je me souvenais bien, il n’était pas censé venir m’aider à nouveau avant quelques jours, jusqu’à ce qu’il soit libéré de ses fonctions de garde du corps de la Princesse. J’en étais presque sûr. Mais il s’était quand même pointé, et il y avait sans doute une raison à cela. Et vraisemblablement, cela avait quelque chose à voir avec certains événements récents. Fitz et Ariel n’avaient aucune raison de me croire sur parole. Au contraire, ils avaient plein de bonnes raisons de se méfier de moi.

En d’autres termes, Fitz était probablement ici pour garder un œil sur moi. Peut-être qu’il voulait confirmer si je pensais vraiment ce que j’avais dit à Luke.

J’avais été silencieux pendant un certain temps, et le visage de Fitz était visiblement tendu. Après quelques minutes, Nanahoshi marmonna : « Qu’est-ce que c’est ? Vous vous êtes disputés ? » tout en dessinant un nouveau cercle magique.

« N-Non ! Nous ne nous sommes pas disputés ! »

La réponse de Fitz était hilarante et maladroite. Il était vraiment adorable quand il était énervé. Pourtant, il était évident qu’il doutait encore de moi. Mais de toute façon, comment gagner la confiance de quelqu’un dans une telle situation ?

Peut-être que j’aurais mieux fait de plier le genou et d’offrir un hommage à Ariel. Tout ce à quoi je pouvais penser était de lui acheter quelque chose comme une belle boîte de pâtisseries… mais étant donné la prudence dont ils faisaient preuve à mon égard en ce moment, ça pourrait se retourner contre eux.

« Écoutez, je ne me soucie pas vraiment de savoir qui a raison ou qui a tort, mais ne me mêlez pas à vos bêtises. », dit Nanahoshi avec une voix nettement irritée.

La jeune fille avait pour politique stricte d’éviter les ennuis tant qu’elle était coincée dans ce monde. Fitz était profondément impliqué dans la royauté d’Asura, et Nanahoshi ne voulait clairement pas être mêlée à un quelconque conflit entre nous deux. Bien sûr, si elle parlait aussi grossièrement aux gens, elle finirait par avoir des problèmes. Mais j’étais essentiellement la seule personne avec qui elle interagissait en ce moment, alors peut-être que ce n’était pas si grave.

Eh bien, peu importe. Si elle ne voulait pas s’impliquer dans ce monde, c’était son choix. Je n’avais pas vraiment le droit d’avoir une opinion sur le sujet. Je pensais que ça ne ferait pas de mal qu’elle essaie d’être un peu plus extravertie… mais elle passait actuellement chaque jour à dessiner frénétiquement des centaines de cercles magiques. C’était difficile de lui suggérer de mettre de côté de l’énergie pour se socialiser.

« … Tch. »

Normalement, je réalisais ces expériences tout en discutant oisivement avec Fitz ou Nanahoshi, mais aujourd’hui, nous étions tous silencieux. Le seul son était le claquement de langue occasionnel de Nanahoshi. L’atmosphère était tendue, c’était le moins que l’on puisse dire.

« … Ok, c’est tout. Nous en avons fini pour le moment. »

Et au bout de quelques heures, Nanahoshi mit fin à sa journée, la voix basse et fatiguée. Encore une fois, nous n’avions pas fait de réels progrès.

Alors que nous retournions vers les dortoirs, Fitz et moi n’arrivions toujours pas à entamer une conversation. Je voulais parler de quelque chose. Je voulais agir comme je le faisais normalement. Mais qu’est-ce que j’étais censé dire ?

Avant que je puisse dire quoi que ce soit, nous avions atteint l’embranchement qui menait aux dortoirs des filles.

« Hé, Rudeus… »

Fitz fit quelques pas en avant, puis me parla d’un ton étrangement tendu.

« Oui ? Qu’est-ce qu’il y a ? »

Il serra sa main contre sa poitrine. Il était évident qu’il allait dire quelque chose d’important. Peut-être quelque chose sur son sexe. Je m’étais préparé du mieux que j’avais pu.

« … Désolé. Ce n’est rien, en fait. En revoir. »

« Entendu. À plus tard… »

Fitz regarda le sol en se retournant et en trottinant rapidement vers son dortoir. Expirant doucement, je l’avais regardé partir avec un sentiment désagréable de douleur dans la poitrine. J’avais décidé de ne pas lui causer de problèmes si je le pouvais, mais… pour être honnête, c’était un peu difficile à supporter.

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2 commentaires :

  1. Un grand merci pour votre travail. Grâce à vous j’ai pu découvrir ce novel

  2. merci pour le chapitre

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