Mushoku Tensei (LN) – Tome 9 – Chapitre 4 – Partie 3

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Chapitre 4 : Une journée à l’Université de Magie

Partie 3

Avant de continuer, Nanahoshi m’avait donné un livre intitulé Invocations de Sig.

« Si tu es si intéressé, étudie un peu par toi-même. »

J’avais l’impression d’avoir déjà vu ce livre quelque part, mais je n’avais aucun souvenir de l’avoir lu. Je l’avais accepté avec gratitude.

Et c’était ainsi que mes expériences avec Nanahoshi continuèrent.

À ce stade, j’avais cessé de fréquenter la bibliothèque pendant des heures. Maître Fitz venait parfois me rejoindre quand je rendais visite à Nanahoshi. En le voyant essayer de m’aider un jour, j’avais réalisé que ces expériences étaient en fait un travail assez éreintant. Il s’était retrouvé à court de mana après avoir travaillé sur une vingtaine de parchemins.

« C’est fou, Rudeus. Activer un de ces trucs consomme autant de mana que lancer un sort avancé… »

Fitz était un lanceur de sorts silencieux comme moi, mais de toute évidence, sa capacité de mana était considérablement plus faible. Et pourtant on disait qu’il avait plus de mana que la plupart des gens. Il semblait que ma capacité était juste anormalement grande. J’aurais aimé que quelqu’un puisse la mettre en chiffres.

En tout cas, Fitz était un mage compétent, et il avait eu du mal avec cette tâche. Cela avait-il un rapport avec les cercles magiques de Nanahoshi ? Ou la magie d’invocation consommait-elle autant de mana ? Contrairement aux sorts offensifs, on n’utilisait probablement pas une douzaine de sorts d’invocation différents au cours d’une seule bataille, et il semblait donc raisonnable qu’ils aient un coût en mana plus élevé. Mais il était bizarre que des parchemins qui ne produisaient aucun effet drainent autant d’énergie de Fitz. Peut-être que cela avait quelque chose à voir avec le fait que nous essayions d’invoquer des choses d’un monde différent.

« Je suis désolé, Rudeus. Je dois protéger la Princesse Ariel, donc je ne pense pas que je puisse aider avec ça… Je dois garder un peu de mana en réserve juste au cas où… »

« Oui, bien sûr. C’est tout à fait logique. »

Pour une raison inconnue, l’humeur de Fitz semblait un peu sombre ces derniers temps. Peut-être qu’il se sentait mal à propos de tout cela. Il semblait avoir une certaine confiance dans ses talents de magicien. Tout le monde avait sa fierté. Ce n’était pas quelque chose auquel je prêtais beaucoup d’attention, mais pour un jeune homme comme lui, cela pouvait sembler la chose la plus importante au monde.

Nanahoshi n’avait pas vraiment parlé à Maître Fitz quand il était arrivé. Mais encore une fois, j’avais l’impression que Fitz n’était pas non plus le plus grand fan de Nanahoshi.

« Je ne suis pas… très utile ici, hein ? »

La voix de Fitz était tout à fait déprimée. J’avais rapidement secoué la tête.

« Ce n’est pas vrai. »

« Ce n’est pas vrai ? »

« Bien sûr que non. C’est rassurant de t’avoir près de moi. »

Fitz m’avait aidé de bien des façons au cours de l’année dernière. Peut-être qu’il ne pouvait pas contribuer beaucoup à cette tâche particulière, mais je ne voulais pas le renvoyer juste parce qu’il ne m’était pas utile. S’il avait quelque chose de plus urgent à gérer, je n’allais pas le forcer à rester… mais s’il envisageait de partir parce qu’il ne pouvait pas aider, je l’encourageais à y réfléchir.

« S’il te plaît, continue à venir ici avec moi quand tu as le temps, Maître Fitz. Nous avons cherché des réponses depuis des mois maintenant, non ? Continuons à chercher la vérité ensemble. »

« … Bien sûr. Merci, Rudeus », dit Fitz tout en souriant timidement.

Ce sourire était sérieusement puissant. Fitz n’avait probablement pour le moment que treize ans environ, mais dans quelques années, il serait probablement un vrai tombeur. Pour être tout à fait honnête… il était si mignon que, ces derniers temps, il m’était difficile de ne pas réagir instinctivement à lui comme je le faisais avec les filles.

Il y avait quelque chose qui n’allait pas avec mes yeux, ou quoi ? Peut-être que je m’éveillais à un intérêt latent pour les hommes ?

Au coucher du soleil, j’étais retourné vers mon dortoir avec Fitz. Nous allions comme toujours nous séparer un peu avant le dortoir des filles.

« Oh, c’est vrai. Rudeus ? »

« Oui ? »

« Je pense que tu peux prendre ce chemin maintenant, si tu le veux. »

Fitz indiqua le chemin devant lui. Il menait à l’endroit où j’avais été accusé d’avoir volé des sous-vêtements peu après m’être inscrit à cette université. Depuis ce jour, j’avais pris soin de ne pas m’aventurer dans ce quartier.

« Allez, Maître Fitz. Veux-tu encore que je me fasse attaquer par une horde de filles en colère ? »

« Hehe. Je ne suis pas sûr que ça se passe comme ça cette fois. Tu es devenu assez populaire dans les dortoirs des filles. »

« Hein ? Attends, sérieusement ? Suis-je le prince du club de tennis maintenant ? »

« Tennis… ? »

Fitz semblait totalement déconcerté. C’était compréhensible.

« Euh, eh bien, les gens disent que tu es en fait un gentleman. Tu frappes les méchants, mais tu ne fais jamais de mal aux élèves normaux, non ? Je veux dire, tu es assez fort pour battre le Roi-Démon, et il a battu tous ces guerriers hommes-bêtes facilement, mais quand les filles t’ont entouré et ont fait toutes sortes de menaces, tu ne leur as rien fait. », continua-t-il

Il avait dû inventer tout ça, non ? J’avais entendu la façon dont les gens chuchotaient à mon sujet dans la salle à manger. À coup sûr, je n’avais pas de fan-club.

« Hehe. Au début, elles avaient bien sûr toutes peur de toi. Mais Linia et Pursena leur avaient dit : “Notre patron est un type bien, miaou ! Il ne s’en prend jamais aux faibles !”

En imitant la voix de Linia, Fitz leva les mains là où se trouvaient les oreilles de la chatte. Comment pouvais-je décrire ça ? C’était mignon. Injustement mignon. Quelque chose d’effrayant et de mystérieux se passait au niveau de mon aine.

“Après ça, leur opinion de toi s’est améliorée très vite. Je veux dire, tes vêtements sont un peu minables, mais ton visage est plutôt beau, et certaines filles aiment ton air sombre. Oh, et tu n’es pas un crétin arriviste, même si tu es vraiment puissant.”

Hmm. Ces deux-là avaient dû faire du très bon travail ici. D’après la description de Fitz, elles n’avaient même pas mentionné le problème de l’impuissance. Je devrais offrir un bon steak à Pursena un de ces jours. Et Linia, alors ? Je ne sais même pas ce qu’elle veut. Un statut ? De l’honneur ? De l’argent ?

“Bien sûr, il y a des filles qui ont encore peur de toi. Comme Goliade, par exemple.”

“Ah, d’accord. C’est logique. Elle était quand même à la tête de ce groupe lors de mon premier jour. Et je l’ai en quelque sorte accidentellement intimidée l’autre jour.”

“Vraiment ? Linia et Pursena la harcèlent aussi à ce sujet chaque fois qu’elles la voient.”

Hmm. Ça pourrait expliquer pourquoi elle avait réagi si violemment quand j’avais essayé de lui dire bonjour.

“Tu n’interviens pas là-dedans, Maître Fitz ?”

“Non. Je veux dire, c’est effectivement de sa propre faute. C’est elle qui a décidé que tu étais le méchant en se basant sur rien du tout. Peut-être qu’elle apprendra quelque chose de tout ça.”

Wôw. Fitz pouvait être dur quand il le voulait. Je pouvais comprendre où il voulait en venir, mais l’intimidation n’était pas la réponse.

“Je ne pense pas qu’elle voulait mal faire. Essaie de ne pas trop la harceler, d’accord ? J’aimerais que tu transmettes aussi ce message à Linia et Pursena.”

Ma voix était devenue plus dure que prévu. Fitz leva les mains en signe d’apaisement, l’air un peu troublé.

“Personne ne la harcèle, Rudeus ! Je dirais plus qu’elles la taquinent de temps en temps. Je ne pense pas qu’elle soit vraiment effrayée, juste un peu exaspérée.”

C'était assez difficile d'imaginer quelqu'un d'aussi intimidant physiquement que Goliade être la personne que tout le monde embêtait… mais de toute façon, une blague récurrente comme celle-là pouvait facilement se transformer en véritable intimidation, il fallait donc quand même être prudent ici.

« OK. Tant que c'est pour s'amuser, c'est bon. Mais pour info, je ne suis pas du genre rancunier. Pourrais-tu garder un œil sur ces choses et t'assurer qu'elles ne vont pas trop loin ? »

« Tu es vraiment un type bien, Rudeus. Très bien, je le ferai aussi savoir à Goliade. »

Cette dernière partie pourrait ne pas être nécessaire. La dernière chose dont j'avais besoin était qu'elle m'envoie une paire de sous-vêtements en gage de sa gratitude.

« Hehehe… »

Avec un autre sourire timide, Fitz commença à marcher sur la route, tandis que je restais au carrefour.

Après trois pas environ, cependant, il se retourna pour me regarder.

« Uhm… comme je l'ai dit, tu peux vraiment venir par ici maintenant. Si tu le veux. »

« C'est d'accord », avais-je dit tout en prenant ma meilleure expression du gars cool.

« Si j'ai réussi à me faire une bonne réputation ici, je ferais mieux de ne pas la ruiner en me pavanant sur la route comme si j'étais le propriétaire des lieux. »

« Huh ? Euh, en ef-effet. Bien sûr. Je suppose que ça ressemble à ton style… »

Trébuchant un peu sur ses mots, Fitz couvrit sa bouche d'une main. Essayait-il de ne pas rire ? Peut-être que le visage de l'homme cool avait encore besoin d'être travaillé. Les gens me disaient toujours que mes sourires étaient plutôt dérangeants, mais j'avais fait de mon mieux pour les améliorer.

« Très bien, Rudeus. Je te verrai plus tard. »

« D'accord. À bientôt. »

Sur ce, nous avons pris tous les deux des chemins séparés. Pour une raison inconnue, cependant, Fitz avait l'air un peu triste en s'éloignant.

Après le dîner, j'avais donné à Julie sa leçon de magie quotidienne dans la chambre de Zanoba.

Julie était une enfant studieuse et intelligente qui absorbait les nouvelles informations comme une éponge. Elle était aussi plutôt adroite, et pouvait utiliser ses doigts pour faire des travaux de précision lorsque sa magie lui faisait défaut. Sans vouloir être vulgaire, Zanoba avait fait une bonne affaire en l'achetant.

Pourtant, ce n'était que sa première année d'entraînement. Sa capacité de mana était trop faible pour un travail soutenu, et sa précision n'était pas non plus à la hauteur. Bien qu'elle soit habile de ses mains, elle venait tout juste de commencer à s'entraîner avec des outils de sculpture, elle était donc encore maladroite avec eux. Lui apprendre les ficelles du métier allait être un travail de longue haleine.

Tout en donnant des explications et des conseils à Julie, je travaillais également sur mes propres figurines. Dernièrement, j'avais commencé une figurine de Maître Fitz à l'échelle 1/8. Mais comme il portait toujours des lunettes et une cape volumineuse, il m'était un peu difficile d'imaginer la forme exacte de son corps. La plupart des elfes que j'avais rencontrés étaient très minces et n'avaient pratiquement pas de graisse corporelle… Je pouvais travailler sur cette hypothèse. Le plus gros problème, cependant, était de savoir comment traiter ses parties intimes. J'étais sérieusement en conflit. Je ne voulais rien mettre entre ses jambes, mais il risquait de m'en vouloir si je le représentais comme une fille. Et je voulais aussi vraiment lui montrer la figurine une fois qu'elle serait terminée.

« Si vous voulez, Maître, je peux m'approcher de lui au moment où il s'y attend le moins et lui arracher ses vêtements pour vous », proposa généreusement Zanoba.

« C’est gentil, mais ce sera non. »

Par ailleurs, Zanoba travaillait actuellement sur une figurine de la Wyrme Rouge en suivant mes conseils. Les composants de cette figurine étaient tous relativement grands, c'était donc un bon projet pour lui. Mais comme il n'était pas très doué de ses mains, les progrès étaient lents. Nous devions procéder étape par étape.

Avant de m'endormir, j'avais pris le temps de lire.

Aujourd'hui, je travaillais sur l’Invocation de Sig, le livre que j'avais emprunté à Nanahoshi. C'était l'histoire d'une sorcière nommée Sig, qui avait invoqué de nombreux démons redoutables pour diverses raisons. À la fin, elle avait utilisé une énorme offrande et une énorme quantité de mana pour invoquer une créature plus forte qu'elle, qui l'avait rapidement tuée et mangée. Son élève, se lamentant amèrement de cette tragédie, fit le serment de ne jamais invoquer quoi que ce soit qu'il ne puisse contrôler. Il y avait une morale à l'histoire. Ça ressemblait un peu à un conte de fées.

Si quelqu'un comme moi, qui avais plus de mana qu'il ne savait quoi en faire, devait invoquer la créature la plus forte qu'il pouvait, il y avait de fortes chances que quelque chose de trop puissant et dangereux à gérer apparaisse. C'était au moins un point important à retenir. Je devais commencer doucement avec ce genre de choses et m'assurer que je comprenais les risques avant de faire quelque chose de trop spectaculaire.

Pourtant, le livre ne contenait aucun détail concret sur la façon dont les démons étaient invoqués ni sur la nature des cercles magiques utilisés par la sorcière. Il n'y avait pas grand-chose à étudier dans ce livre, vraiment…

Et ainsi, une nouvelle journée à l'Université de la Magie prenait fin. Je n'avais toujours pas trouvé le moyen de guérir ma maladie. J'avais presque l'impression d'avoir raté ma chance et d'être passé à la partie suivante de mon histoire en rencontrant Nanahoshi. Peut-être que la prophétie de l'Homme-Dieu m'avait rendu trop optimiste. Peut-être aurais-je dû chercher une réponse plus urgente, et essayer toutes sortes de choses…

Mais il s’était avéré que mes inquiétudes n'étaient pas fondées. Peu après ce fameux jour, les choses avaient évolué rapidement vers une résolution inattendue.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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