Mushoku Tensei (LN) – Tome 8 – Chapitre 6 – Partie 1

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Chapitre 6 : La capture et le confinement des Femmes-Bêtes

Partie 1

Linia Dedoldia était la petite-fille de Gustav, le chef des Dedoldia, une des tribus Doldia agissant en tant que protecteurs de la Grande Forêt. C’était la fille du chef guerrier Gyes, prochain chef de tribu.

Pursena Adoldia était d’une autre des tribus Doldia agissant en tant que protecteurs de la Grande Forêt. Elle était la petite-fille du chef de tribu Adoldia, Bulldog, et la fille du chef guerrier Tertelia, le prochain chef de tribu.

La tribu Doldia était une race particulière parmi les Hommes-Bêtes. Leurs origines remontaient à près de 5500 ans, au lendemain de la première grande guerre entre les Hommes et les Démons. Les humains avaient gagné cette guerre, et étaient devenus plus arrogants envers eux. Face à l’invasion imminente, les hommes-bêtes vivant dans l’immense ressource de bois qu’était la Grande Forêt avaient été forcés de prendre position. Leur alpha de l’époque, le dieu bête Giger, mobilisa les hommes-bêtes contre les méprisables humains et se battit personnellement sur le front. Il utilisa son pouvoir et son esprit pour sauver d’autres hommes-bêtes tout en défendant la Grande Forêt. Même après la mort de Giger, la tribu Doldia fut vénérée comme chef des hommes-bêtes de la Grande Forêt.

De nos jours, les hommes-bêtes ne se limitaient pas à la Grande Forêt, mais s’étendaient à travers le continent central et sur le continent Begaritt. Ils n’étaient pas aussi nombreux que les humains, mais ils étaient suffisamment répandus pour ne pas être ignorés, et ils exerçaient une grande influence sur les elfes, les nains et les hobbits. La puissance militaire dans la Grande Forêt était suffisamment grande qu’ils pouvaient s’allier avec le Pays Saint de Millis, si les hommes-bêtes le souhaitaient.

Linia et Pursena étaient les petites-filles des chefs de tribus Doldia, descendantes directes du Dieu-Bête. Sur le plan humain, elles avaient le même statut que les princesses.

Pourquoi, alors, ces filles étaient-elles venues de si loin pour étudier dans un pays aussi éloigné ? Parce que le prince (Gyes) et la princesse (Ghislaine) de la génération précédente avaient été des ratés complets, et comme eux, Linia et Pursena n’étaient pas très intelligentes. Le chef de tribu Gustav leur avait ordonné d’aller étudier dans un pays lointain dans l’espoir qu’elles y trouveraient la sagesse, pensant peut-être qu’être dans un endroit où elles ne pourraient pas exercer leur autorité leur en enseignerait le sens.

Cependant, Gustav avait mal calculé. Il envoya Linia et Pursena à l’Université de Magie, supposant que leurs positions de petites-filles de chefs de tribus d’hommes-bêtes n’auraient aucun sens là-bas. Les filles s’étaient elles aussi rendues coupables de discrimination, mais elles furent plutôt accueillies par des professeurs qui les traitaient avec beaucoup de prudence et par d’autres étudiants qui essayaient de les flatter.

Dès que Linia et Pursena avaient compris que leur lignée avait encore du poids ici, cela leur était monté à la tête. Lorsqu’elles s’étaient inscrites pour la première fois, elles avaient tremblé de peur en présence des humains, mais cela avait changé dès qu’elles virent à quel point ces humains étaient timides en leur présence. Elles avaient vite compris que la combinaison de la magie incantatoire qu’elles avaient apprise en classe, de leur magie vocale (qui avait été transmise par la tribu Doldia), de leur dextérité et de leur force était suffisante pour mettre à genoux même le plus fort des élèves de la classe supérieure. À cause de cela, leur comportement s’était constamment détérioré. L’extorsion, le chantage, l’intimidation — elles étaient rapidement devenues de vraies délinquantes, et elles étaient devenues les patronnes de leur propre faction en un an.

Mais leur progression constante avait vite pris fin. Lorsqu’elles entrèrent en deuxième année, une princesse était arrivée du royaume d’Asura. La deuxième princesse Ariel Anemoi Asura. Cette femme, qui avait récemment créé sa propre faction et s’était engagée dans une lutte de pouvoir chez elle, amena deux gardes avec elle et valsa sur le territoire de Linia et Pursena comme si elle était la propriétaire des lieux. Même les professeurs qui avaient été à la disposition de Linia et Pursena se tournaient maintenant vers Ariel.

Frustrées et ennuyées, Linia et Pursena acceptèrent malgré ça Ariel, jusqu’à ce qu’elle rejoigne le Conseil des étudiants, bien qu’elle soit en première année. Alors qu’Ariel était couverte d’éloges pour avoir été une élève brillante, Linia et Pursena, qui avaient été étiquetées comme délinquantes, s’étaient mises à éprouver du ressentiment. Elles avaient commencé à s’amuser avec la princesse et son groupe. Cela avait commencé par un simple harcèlement, comme cracher par terre devant la princesse et ses partisans lorsqu’ils se croisaient dans le hall. Elles lui tapaient délibérément sur les épaules, l’éclaboussaient d’eau, lui volaient ses sous-vêtements et les jetaient devant le dortoir des garçons, entre autres choses.

Le harcèlement continua à s’intensifier, jusqu’à ce que toute leur bande de délinquants soit complètement battue par Maître Fitz qui agissait seul. La rumeur voulait que l’épreuve de force ait été un piège tendu par Ariel, ce qui ne changeait rien au fait que Maître Fitz avait vaincu près de vingt adversaires à lui tout seul. Les professeurs s’étaient concertés, et tous les membres de la bande de Linia et Pursena furent expulsés — sauf Linia et Pursena elles-mêmes, protégées une fois de plus par leur statut.

Leur réputation fut ruinée. Leurs sous-fifres étaient partis, et elles n’avaient plus d’alliés. Leur statut social avait été mis à mal, tandis que la princesse Asura et son groupe étaient devenus des héros aux yeux des étudiants. Bien qu’elle soit techniquement une étudiante spéciale, la princesse insistait pour qu’elle et ses gardes du corps soient traités de la même manière que les étudiants des admissions générales, ce qui ne fit qu’accroître sa popularité.

Linia et Pursena, bien sûr, n’étaient pas très satisfaites. Elles avaient fait passer leur colère sur les deux autres étudiants spéciaux qui s’étaient inscrits l’année précédente, Zanoba et Cliff, et une fois qu’elles les avaient vaincus, elles utilisèrent Zanoba pour recueillir des informations sur la princesse et ses semblables. Mais pour le moment, elles n’avaient pas cherché à se venger.

Leur conduite pourrait encore être améliorée, mais elles suivaient même sérieusement les cours ces jours-ci. On pourrait même dire qu’elles avaient été réhabilités.

Leur guerre avec Ariel touchait à sa fin… c’était du moins ce qu’il semblait.

Zanoba

Un mois s’est écoulé depuis que Julie était devenue l’élève junior du maître.

Le maître utilisait une méthode d’entraînement particulière, affirmant : « Ceci est une expérience ». Au début de chaque journée, Julie devait lancer un sort en utilisant une incantation. Après cela, il ne lui enseignait plus d’incantations, mais lui faisait plutôt conjurer silencieusement des mottes de terre. Je ne pensais pas qu’elle apprendrait un jour à utiliser la magie silencieuse de cette façon, mais à mon grand étonnement, elle y était parvenue au bout d’un mois.

En un mois, Julie avait réussi à créer une motte de terre, et ce sans incantation. Ce fut une réalisation étonnante.

Cependant, selon le Maître, elle avait encore beaucoup à apprendre. Elle n’avait réussi à conjurer la terre sans incantation qu’une seule fois, et elle avait aussi rapidement épuisé son mana. Pourtant, comparé à quelqu’un comme moi, qui n’avait aucun talent pour la magie… Je n’arrivais pas à y croire.

« Tout cela, c’est grâce à Maître Fitz et à ses conseils », dit le Maître, mais c’était lui qui lui avait enseigné, ce qui signifiait que c’était lui qui devait être loué. J’avais bien fait de devenir son élève.

En plus de la magie, le Maître enseignait à Julie le langage des hommes. Elle en connaissait déjà des bribes, ce qui était logique, puisqu’elle vivait avec ses parents sur le continent central depuis des années. Julie apprenait vite, et elle avait vite compris. Si je lui disais de m’apporter ceci ou cela, elle choisissait la bonne chose sans instructions plus détaillées. Elle savait intuitivement ce que je voulais. Cela m’avait fait penser à Ginger.

Les esclaves nouvellement achetés étaient généralement marqués d’une marque ou d’un sceau magique, mais le maître n’aimait pas ce genre de choses, alors je m’étais abstenu. Après tout, nous avions voulu que Julie soit plus une élève qu’une esclave.

Puis, un jour, un incident s’était produit.

C’était en fin de soirée, et je donnais à Julie des cours d’histoire et de magnificence des figurines. Elle ne pourrait pas m’aider dans mon entreprise de grande envergure si elle n’était pas passionnée par le métier. Ce jour-là, j’avais décidé d’utiliser la figurine de Ruijerd pour illustrer l’éclat de l’œuvre du maître. Je l’avais tirée d’une boîte de rangement fermée à clé : la figurine d’un guerrier qui dégageait un sentiment de puissance et d’effroi me fascinait sans cesse, peu importe le nombre de fois que je la voyais.

Le maître, qui était sur le point de retourner dans sa chambre, l’avait regardée, puis me demanda : « Au fait, qu’est-il arrivé à la figurine de Roxy ? »

Au moment où il me posa cette question, des sueurs froides recouvrirent tout mon corps. J’avais failli dire : « Je l’ai laissée à Shirone », mais ce serait un mensonge, alors je m’étais mordu la lèvre et je n’avais rien dit. Je… ne… dirai pas de mensonge. Je ne mentirais jamais, jamais, au Maître.

Finalement, je l’avais dit : « La vérité est que… elle est techniquement là, mais… »

Ma bouche ne bougeait pas correctement. Mes mains tremblaient. S’il savait ce qui s’était passé, le Maître pourrait renoncer à me prendre comme élève. Rien que d’y penser, mon corps était aussi lourd que du plomb.

« C’est ? J’aimerais bien le voir puisque ça fait si longtemps. Veux-tu bien l’amener ? »

Sa voix était remplie d’anticipation. Ça m’avait fait mal au cœur.

J’avais eu beaucoup de mal à attraper une des boîtes de rangement fermées à clé sous mon lit. J’avais tourné la clé avec des mains tremblantes et j’en avais sorti le contenu. À ce moment, l’expression du Maître s’était figée.

« Hé, c’est quoi ce bordel… ? »

Sa voix tremblait. Elle était plate, sans intonation, et pourtant elle tremblait d’une manière ou d’une autre.

J’étais au bord des larmes. Le chef-d’œuvre du maître, la figurine de Roxy à l’échelle 1/8, avait été tragiquement brisée en cinq morceaux. Sa tête avait été arrachée, les parties qui constituaient ses vêtements avaient été écrasées, son bras avait été cassé à partir du coude et sa jambe avait été pliée à un angle bizarre. Seul les parties solides avaient réussi à s’en sortir.

« Explique-toi, Zanoba. Allez, qu’est-ce que c’est que ça, hein… ?! »

Le maître était en colère. Maître, qui parlait normalement sur des tons soigneusement modulés, en utilisant un discours poli sans passion, trébuchait sur ses mots. « Ne t’ai-je pas dit combien j’étais reconnaissant envers mon maître ? Combien je la respecte ? N’as-tu pas compris à quel point j’ai mis ces sentiments pour elle dans cette figurine quand je l’ai faite ? »

Le Maître était vraiment en colère. Il avait réagi de façon désinvolte lorsque Linia et Pursena s’étaient moquées de lui, il s’était découragé lorsque Cliff s’était jeté sur lui, et lorsque Luke s’était moqué de lui, il n’avait fait que jeter un regard troublé. Mais ce même homme, mon Maître, débordait maintenant d’intentions meurtrières. Terrifiée, Julie se cacha derrière moi. Je voulais me cacher, moi aussi.

« Ne me dis pas… que tu te moques de Roxy ? Es-tu vraiment mon ennemi ? »

« Ce n’est pas ça ! »

J’avais frénétiquement secoué la tête.

Le Maître parlait tout le temps de Mlle Roxy, de son caractère étonnant et de son respect. Je sentais qu’il ne s’agissait pas seulement d’adoration, mais de quelque chose qui ressemblait davantage à du fanatisme religieux. J’avais ressenti la même chose chez les Chevaliers du Temple. Franchement, je ne me souciais pas du tout de Mlle Roxy, mais si je le disais, mon Maître me frapperait. S’il devenait sérieux, il ne resterait de moi que des cendres. J’avais la force surnaturelle d’un enfant béni, mais mon corps n’était pas si résistant à la magie.

« Ce n’est pas du tout ça ! C’est mon bien le plus précieux, celui que j’ai parié quand j’ai dupé Linia et Pursena ! Après que j’ai perdu ce duel, elle a été tragiquement détruite quand elles l’ont piétiné, mais je n’ai absolument rien fait pour me moquer de Mlle Roxy ! », bégayais-je.

« Duel, tu dis ? »

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2 commentaires :

  1. merci pour le chapitre

  2. merci pour cette suite

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