Mushoku Tensei (LN) – Tome 7 – Chapitre 3 – Partie 4

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Chapitre 3 : Rudeus le Quagmire

Partie 4

« Essayons de ne pas tomber là-dedans, hein ? », murmura Suzanne.

Sarah fit un signe de tête véhément. Je pouvais voir la chair de poule sur sa peau.

D’une certaine façon, j’avais eu l’impression que notre archère n’était pas une personne qui aimait les grenouilles. J’avais pensé que le grand amphibien avait un visage peu charmant, mais à chacun le sien. Cela dit, j’avais rencontré plus d’un peuple à face de grenouille sur le Continent Démon. C’était quelque chose dont Sarah devrait se remettre un de ces jours.

« Dépêchons-nous, tout le monde. Faites attention à vos pas. », dit Timothy

Nous partîmes tous les six vers la forteresse, en surveillant attentivement les alentours.

Le fort Galgau était une structure vraiment massive. Le fait de le regarder depuis son entrée était assez impressionnant. La forteresse en ruine mesurait peut-être cinq étages de haut et était aussi large qu’un collège ordinaire. Il était impossible de dire jusqu’où elle remontait, car elle semblait être partiellement enfouie dans le rocher derrière elle. Mais à première vue, sa profondeur était probablement encore plus impressionnante. Ce n’était pas le plus grand bâtiment que j’avais vu dans ce monde, mais son impact était certainement renforcé par le fait qu’il était d’une certaine manière sous terre. Est-ce qu’une seule personne avait sérieusement créé cette chose avec la magie de la terre ?

Notre point d’entrée dans les ruines n’était pas la porte d’entrée. L’entrée nous fit passer par quelque chose qui aurait pu être une porte latérale, ou peut-être juste un trou dans le mur. De là, nous avions une vue vraiment spectaculaire de la caverne qui nous entourait. À gauche se trouvait la route sinueuse de la falaise que nous avions suivie jusqu’ici, à droite se trouvait un énorme espace ouvert avec un lac tranquille et sombre au fond.

Le monde d’où je venais avait sa part de paysages spectaculaires, bien sûr, mais il n’y en avait pas beaucoup qui pouvaient se comparer à cela. Le seul endroit où l’on pouvait trouver quelque chose de comparable était dans un jeu vidéo ou une œuvre d’art fantastique. Et bien sûr, il y avait une énorme différence entre le fait d’être ici et celui de regarder une illustration. Je pouvais sentir l’odeur de la grotte, sentir l’air stagnant, et entendre le plouf occasionnel d’une grenouille géante qui sautillait dans l’eau en dessous. La réalité tangible de cette grenouille m’avait donné un petit frisson. En regardant le vaste lac souterrain, je m’étais demandé ce qui arriverait à quiconque tenterait de s’y baigner.

« Tu vas rester là à regarder toute la journée ou quoi ? », demanda Sarah.

« Oh. Désolé, j’arrive », lui dis-je tout en me dépêchant de retourner à ma place dans notre formation.

« Tu aimes les grands bâtiments ou quoi ? »

« Pas vraiment. C’est juste que je n’ai pas vu beaucoup d’endroits comme ça avant. »

« Hmm. »

On était en train de travailler. J’aurais pu être tenté de prendre quelques photos si j’avais un appareil photo, mais je n’avais pas le temps pour ce genre de choses. Il fallait que je récupère ces écailles et que je revienne en ville le plus vite possible.

Oui. Dépêchons-nous de rentrer… dans ma chambre vide et solitaire à l’auberge…

J’avais secoué la tête pour la débarrasser des pensées désagréables et j’avais tourné mon attention vers la forteresse en ruine elle-même.

« Cette chose est là depuis la première guerre entre les humains et les démons, hein… ? »

Après tout le temps que j’avais passé à parcourir le Continent Démon, j’avais vu mon lot de bâtiments construits par des démons. Parmi eux, il y avait quelques grands châteaux et forts à l’allure particulière, dont le château de Kishirisu dans la ville de Rikarisu. Cette forteresse leur ressemblait un peu, mais elle était clairement plus ancienne et faisait une impression légèrement différente de celles que j’avais vues jusqu’à présent. Peut-être était-ce logique, cependant, puisqu’il s’agissait d’un avant-poste fonctionnel construit pour être utilisé dans une véritable guerre. Tout y était à grande échelle, les plafonds étaient à près de cinq mètres au-dessus de la tête. Mais bizarrement, les passages avaient tendance à être excessivement étroits.

La hauteur était au moins logique. Les démons pouvaient être physiquement très différents des êtres humains, ce qui signifiait qu’ils étaient généralement plus grands. Quant aux couloirs étroits… peut-être était-ce une tentative délibérée de rendre l’endroit plus facile à défendre ?

« Hmm… prends à droite à la prochaine bifurcation, Suze. »

« Compris. »

J’avais été légèrement surpris de constater que Timothy tenait dans une main une véritable carte des ruines. Des aventuriers semblaient visiter cet endroit régulièrement, je supposais donc qu’il n’était pas surprenant que quelqu’un ait fait l’effort de cartographier la disposition.

« Bon Dieu. À quoi pensaient les démons quand ils ont conçu cet endroit ? », marmonna Timothy en soupirant doucement.

Un coup d’œil à la carte avait suffi pour voir que ces ruines étaient une sorte de labyrinthe. Cela ressemblait un peu aux gribouillages d’un enfant qui préférait que ses labyrinthes soient enchevêtrés et absurdes parce qu’ils « paraissaient plus naturels » de cette façon. Compte tenu de ce que je connaissais de la manière de vivre des démons, cela avait peut-être été une partie de leur motivation ici, mais…

« Ils ne construisent pas de la même manière que nous. Cela aurait pu être plus pratique pour eux, d’une manière ou d’une autre. »

« Hmm, je suppose que tu as raison… »

Même dans une forteresse souterraine comme celle-ci, ils auraient probablement équilibré leurs forces avec une variété de démons, dont certains pouvaient voler et d’autres ramper sur les murs. Cela pourrait expliquer les hauts plafonds et les couloirs étroits, ainsi que la disposition étrangement complexe. Et si les trous dans le plafond qui ressemblaient à des conduits d’aération conduisaient en fait à des passages que seuls les démons rampant sur les murs pouvaient utiliser ? Le fait d’avoir des passages que seuls les démons pouvaient utiliser leur aurait donné un avantage majeur sur les humains qui s’infiltraient à l’intérieur.

En tout cas, cela faisait très longtemps que nous n’avions pas vu de monstres. Tout ce que j’avais entendu en ville me faisait penser que ces ruines étaient peuplées de nombreuses créatures de type insectes et amphibiens, mais nous n’avions pas été attaqués une seule fois depuis notre entrée dans la forteresse elle-même. Il y avait des os gisant ici et là, parfois encore tachés de sang, mais les monstres eux-mêmes n’étaient nulle part.

Mais bien sûr, cela ne signifiait pas que nous pouvions baisser notre garde.

Soudainement, une longue rafale nous dépassa avec un sifflement inquiétant. Et pour une raison quelconque, les poils à l’arrière de mon cou s’étaient dressés.

« Nous sommes attaqués ! », cria Mimir instantanément.

J’avais regardé devant, derrière et de chaque côté, mais je n’avais rien vu qui ressemblait à une menace.

« Où sont-ils ? ! »

« À tes pieds ! »

Il s’était avéré que l’ennemi était en dessous de nous.

Les os que j’avais remarqués, éparpillés tout autour du chemin, s’élevaient lentement du sol, en s’agitant à mesure qu’ils se déplaçaient. Nous avions quelques garçons osseux sur les bras. Ou des squelettes, si vous préférez.

Alors qu’ils commençaient à se reconstituer, une chose partiellement translucide… était apparue plus loin dans le couloir, flottant lentement vers nous. C’était une silhouette humanoïde élancée, mais elle n’avait ni tête ni jambes. Vêtue d’une vieille robe, elle flottait vers nous en apesanteur, comme si elle nageait dans l’air. Je n’étais pas un expert, mais cela devait être une sorte de fantôme.

« Nous avons des Squelettes et un Spectre, patron ! »

« Rapproche-les, Patrice ! »

« Bien sûr ! »

« Sarah, Timothy, Rudeus, surveillez nos arrières ! Concentrez-vous sur les Squelettes ! »

« OK ! »

Je m’étais tourné et j’avais découvert qu’un certain nombre de Squelettes portant de vieilles épées rouillées venaient déjà vers nous par-derrière. Ils pouvaient en fait se déplacer étonnamment vite.

« Dégagez le chemin ! » cria Sarah tout en nous dépassant, Timothy et moi, vers une position avancée. Elle avait mis son arc sur l’épaule et avait plutôt dégainé un grand couteau.

« Les squelettes sont faibles aux attaques de force brute, Rudeus ! », dit Timothy.

« C’est ma spécialité ! »

J’avais pointé mes deux mains vers les squelettes qui avançaient. Si la force était suffisante pour les faire tomber, ce ne serait pas si mal.

« Canon de pierre ! »

Mon projectile mortel préféré frappa le premier Squelette de la file et le pulvérisa. La pierre avait continué à bouger, détruisant également un deuxième Squelette.

« Réponds à mon appel, Dieu des Obscurités, et brise mon ennemi ! Canon de pierre ! »

Une fraction de seconde plus tard, Timothy tira son propre canon à pierre, qui brisa un seul Squelette avant de s’arrêter.

Je suppose que je gagne ce round… Bon ce n’était pas comme si c’était une compétition.

« Très bien, on a fini ici. On va… »

« Pas encore ! »

Alors que je me retournais pour soutenir Suzanne et les autres, l’appel urgent de Timothy me fit reculer. Un squelette prenait forme sous mes yeux. Les mêmes que j’avais brisés se reconstituaient lentement.

« Tant que ce Spectre est vivant, les Squelettes sont immortels ! »

Oh. C’est vrai. Bien sûr.

Les Squelettes étaient des créatures immortelles. Vous pouviez les briser et les mettre en feu, ils venaient toujours vers vous pendant qu’ils brûlaient. Vous les réduisez en cendres, et ils se reconstituaient toujours. Les attaques contondantes étaient le moyen le plus simple de les rendre incapables de se déplacer, mais ce n’était qu’une mesure temporaire. Pendant que vous les rendiez incapables, vous deviez éliminer le Spectre qui les animait. La magie du feu pouvait brûler un Spectre, mais cela ne faisait pas grand-chose à part vous faire gagner un peu de temps. Comme les squelettes qu’elle contrôlait, elle finissait par revenir.

La magie de type Divine était de loin la réponse la plus efficace à un Spectre. Elle pouvait effacer leurs formes spectrales beaucoup plus rapidement et complètement que n’importe quel sort de feu; et un Spectre vaincu de cette façon était parti pour de bon. De plus, les squelettes touchés par les sorts divins se transformaient en particules de lumière et disparaissaient définitivement. Mais tant que le Spectre lui-même restait intact, il pouvait en invoquer de nouveaux à l’infini.

« Je t’appelle, Dieu qui bénit la terre qui nous nourrit ! Délivre le châtiment divin à ceux qui sont assez stupides pour défier les voies naturelles ! Exorcisme ! »

De toute évidence, Mimir s’était entraînée dans cette école de magie.

J’avais jeté un coup d’œil par-dessus mon épaule au son d’une incantation peu familière et je vis la boule de lumière que Mimir avait convoquée dans le corps spectral du Spectre.

« Gyyeeeeeaaaaa ! »

D’un cri perçant, le fantôme disparut. Son corps partiellement transparent éclata et se réduisit à de petites mottes de lumière, qui s’effacèrent bientôt dans l’oubli. Instantanément, les Squelettes s’étaient effondrés, leurs os s’effritant sans vie sur le sol.

« OK, c’est bon ! Retournez en formation, tout le monde ! », dit Suzanne.

Sarah s’était retournée et courue devant moi pour prendre sa position normale au milieu. Mimir l’avait rejointe, et nous étions revenus à notre arrangement initial. Ce combat avait été un peu troublant, mais au moins j’avais pu voir un nouveau sort pour la première fois.

« C’est la première fois que je vois de la magie divine… ou un fantôme, d’ailleurs », dis-je doucement en regardant Timothy.

« Ce n’est que la deuxième fois que je vois moi-même un Spectre. La première fois, mon groupe était complètement ignorant, et cela fit tuer un de nos amis. C’était une leçon très douloureuse. », avait-il répondu.

« Mimir n’était-elle pas avec vous à ce moment-là ? »

« Non. C’était bien avant que nous ne formions ce groupe. Je me suis cependant fait un devoir de nous entraîner pour ce scénario. Je suis très heureux de l’avoir fait. »

Sarah nous regarda par-dessus son épaule et mit un doigt sur ses lèvres. Notre conversation lui rendait probablement plus difficile l’écoute des menaces.

« Désolé », lui avais-je chuchoté.

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Un commentaire :

  1. Merci beaucoup pour votre travail.

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