Mushoku Tensei (LN) – Tome 6 – Chapitre 13 – Partie 1

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Chapitre 13 : La résolution de la jeune demoiselle

Partie 1

Lorsque la réunion s’était terminée, le soleil s’était déjà couché. J’étais retourné dans ma chambre. Elle n’était meublée que du strict nécessaire et mes bagages y étaient éparpillés. J’avais reconnu la nécessité de ranger, mais je n’avais ressenti aucune motivation pour le faire. Au lieu de cela, je m’étais assis sur mon lit. Mon corps s’était enfoncé dans le matelas dur. Je semblais plus épuisé que je ne le pensais.

« Ouf… »

Ce n’était pas comme si j’avais fait quelque chose de particulièrement épuisant aujourd’hui. Pourtant, la fatigue s’était vite accrochée à mon corps. Peut-être était-ce ce que les gens appelaient l’épuisement mental? Non, ce n’était pas ça. Je venais de recevoir un énorme choc.

Sauros, Phillip et Hilda, je n’avais jamais eu de conversation particulièrement intime avec aucun d’entre eux. Pourtant, quand j’avais fermé les yeux, je m’étais souvenu d’une longue promenade avec Sauros, qui inspectait les cultures de la région pendant qu’il demandait comment allait Éris. Je m’étais souvenu de Philip et de son horrible sourire lorsqu’il proposa que nous reprenions ensemble la maison des Boreas. Je m’étais rappelé comment Hilda m’avait supplié d’épouser sa fille et de faire partie de leur famille.

Ils étaient tous partis maintenant. Même leur maison n’était plus là. Ce vaste manoir, dans lequel des voix éclatantes avaient résonné, n’existait plus. La salle de réception où Éris et moi avions dansé, la tour où le vieil homme avait fait ses essais, la bibliothèque empilée avec la documentation relative à la région… tout cela avait disparu.

Il n’y avait pas que le manoir qui avait disparu. Le village de Buena avait également disparu, mais je n’étais pas allé voir par moi-même. L’arbre de notre jardin que Zenith chérissait tant, ceux qui avaient été brûlés par la foudre lorsque Roxy m’enseignait la magie de l’eau de rang Saint, et le grand arbre sous lequel Sylphie et moi avions joué… tout cela avaient également disparu.

Attendez… pourquoi les arbres étaient-ils la seule chose qui m’était venue à l’esprit lorsque j’avais essayé de me souvenir du village de Buena? Eh bien, peu importe. Il n’y avait plus rien. J’avais compris ça logiquement après que Paul m’en avait parlé, mais le voir en personne avait été un plus grand choc que je ne le pensais.

« Ouf… »

Alors que je poussais un autre soupir, une personne avait frappé un grand coup à la porte.

« Entrez. »

Je l’avais fait entrer.

C’était Éris.

« Bonsoir, Rudeus. »

« Éris, tu te sens mieux maintenant? »

« Je vais bien », dit-elle en prenant sa pose habituelle.

Elle n’avait pas du tout l’air déprimée. Impressionnante comme toujours. Sa famille avait pourtant été anéantie. Elle était vraiment bien plus forte que moi. Au passage, d’habitude elle ne frappait même pas, elle ouvrait juste la porte avec son pied. Peut-être était-elle déprimée.

« Je me suis dit que c’était comme ça que les choses allaient finir. »

« Oh vraiment…? »

Éris parlait comme si ça ne la dérangeait pas du tout. Comme elle l’avait déjà dit, il semblerait qu’elle s’était préparée à cela. Plus précisément, à la possibilité que sa famille soit morte. Je ne pouvais pas me résoudre à faire la même chose. Même maintenant, ne sachant pas où était Zenith, je devais croire qu’elle était vivante. Il était beaucoup plus probable qu’elle soit morte, et je le comprenais intellectuellement, mais je ne pouvais pas me résoudre à l’accepter.

« Éris, que vas-tu faire après ça? »

« Que veux-tu dire? »

« Euh, tu as entendu parler de certaines choses par Monsieur Alphonse, n’est-ce pas? »

« Oui, j’en ai entendu parler. Mais qui se soucie de tout ça? »

« Qui s’en soucie…? » répondis-je en écho.

Éris me regardait droit dans les yeux. Je m’étais soudainement rendu compte, bien qu’un peu tard, que sa tenue était différente. Elle était vêtue de la pièce unique noire qu’elle n’avait pas portée une seule fois depuis qu’elle l’avait achetée à Millishion. Elle s’accordait si bien avec ses cheveux roux qu’elle ressemblait presque à une robe. Je pouvais voir ses seins qui pointaient à travers la fine matière.

Hein? Elle ne porte donc pas de soutien-gorge? En regardant de plus près, je m’étais rendu compte que ses cheveux étaient un peu humides. Je pouvais aussi sentir l’odeur du savon, ce que je n’avais remarqué qu’après qu’elle se soit baignée. Et il n’y avait pas que ça. Normalement, Éris n’avait pas d’odeur particulière pour elle, mais je sentais maintenant un léger et doux parfum. Un parfum?

« Rudeus, je suis seule maintenant. »

Seule, c’était vrai. Elle n’avait plus de famille. Elle avait des frères par le sang, mais ils n’étaient pas de sa famille.

« Et en plus de ça, j’ai récemment eu quinze ans. »

Dès que je l’avais entendue dire quinze ans, j’avais paniqué. Quand? Quand est-ce que son anniversaire était passé? Le mien était dans un mois ou deux, ce qui voulait dire que le sien devait avoir eu lieu il y a un mois environ. Je ne l’avais même pas réalisé.

« Hum, désolé de ne m’en être pas souvenu. »

Quel jour était son anniversaire? Je ne me souvenais même pas si elle en avait parlé. J’aurais pensé qu’Éris ferait beaucoup d’histoires pour ses 15 ans. N’y avait-il vraiment rien eu? Aucun jour où elle aurait dit quelque chose pour indiquer que c’était son anniversaire?

« Tu ne l’as peut-être pas réalisé, mais c’était le jour où Ruijerd m’a dit que j’étais adulte. »

« Ahh. »

C’était donc ça. Tout avait un sens maintenant.

Ça craint. Je ne l’ai vraiment pas remarqué, pensais-je.

« Uhhh, je devrais prendre quelque chose pour toi? Est-ce que tu veux quelque chose? »

« Oui, il y a une chose que je veux », dit-elle.

« Qu’est-ce que c’est? »

« Une famille. »

J’étais à court de mots quand elle avait dit ça. Ce n’était pas quelque chose que je pouvais lui donner. Je ne pouvais pas ramener les gens à la vie.

« Rudeus, deviens ma famille. »

« Hein? »

Au moment où je l’avais soudainement regardée, je pouvais dire que, malgré l’obscurité de la pièce, son visage était rouge vif. C’était… enfin, vous savez… une demande en mariage?

« Tu veux dire comme un frère et une sœur? »

« Je me fiche de comment tu veux l’appeler. »

Elle était rouge jusqu’aux oreilles, mais elle ne voulait toujours pas détourner son regard.

« Donc, en gros, ce que je veux dire c’est, euh… couchons ensemble. »

Je n’avais aucune idée de ce dont elle parlait, croyez-moi!

Calme-toi et réfléchis à la signification de ses mots, me suis-je dit. Je pouvais supposer, en me basant sur sa proposition de coucher ensemble, qu’elle était elle aussi choquée par tout ce qui s’était passé. Elle voulait probablement être avec moi pour guérir les blessures infligées à son cœur.

Une famille. Dans ce cas, je suppose que ce sera une fausse famille?

Mais…

« Je me sens un peu seul aujourd’hui, alors je pourrais bien finir par te faire quelque chose de pervers. »

Pour être honnête, je n’avais pas confiance en moi. Je voulais dire que je n’avais pas suffisamment confiance en moi pour me mettre au lit avec elle, sentir la chaleur de son corps et être encore capable de me retenir. Même Éris aurait dû comprendre cela. Et pourtant…

« Tu peux le faire aujourd’hui. »

« Je te l’ai déjà dit, si je le fais je n’arriverais pas à me retenir », avais-je prévenu.

« Je me souviens. Et je dis que tu peux faire ce que tu veux avec moi. »

Après avoir entendu sa réponse, j’avais fixé le visage d’Éris. Que diable dis-tu? Je m’étais mis à réfléchir. Je veux dire, fonce. Après avoir entendu cela, mon petit bonhomme avait maintenant sa propre petite ovation.

« Pourquoi dis-tu soudainement tout cela? » lui avais-je demandé.

« Je t’ai promis qu’on le ferait quand j’aurais quinze ans, non? »

« C’était quand j’aurais quinze ans, non? »

« De toute façon, ça ne me dérange pas », avait-elle dit.

« Moi, ça me dérange. »

C’était bizarre. Il y avait quelque chose de bizarre. Allez, réfléchis, qu’est-ce qui était bizarre? Oh, j’ai compris! En d’autres termes, Éris se sentait désolée. Alors peut-être qu’elle voulait se détruire elle-même. J’avais vu des scènes comme celle-ci de nombreuses fois dans des jeux érotiques. Les gens se réconfortaient mutuellement pour faire face à la perte de quelqu’un. Et par réconfort, j’entendais le fait d’emboîter leur corps ensemble physiquement. OK, oui, j’ai compris.

Mais qu’est-ce vous diriez de moi si je posais mes mains sur elle dans ce genre de situation? C’était presque comme si je profitais d’elle quand elle était faible. Oui, c’est vrai, je voulais le faire. Le pire, c’était que je m’en réjouissais: fini la vie de puceau!

Mais n’était-ce pas quelque chose que je devrais faire dans des circonstances plus normales? Nous étions tous les deux dans le chagrin, si nous nous laissions prendre dans l’ardeur du moment, nous le regretterions plus tard, j’en étais sûr.

Ahh, mais elle me donnait une telle permission… je n’aurai peut-être plus jamais d’autre occasion. Si elle décidait soudainement de partir et d’être avec Pilemon, notre promesse disparaîtra par la même occasion.

Non, oublie ça. Je ne voulais vraiment pas que la première fois d’Éris soit volée par quelqu’un d’autre. Je voulais vraiment le faire. Mais j’avais le sentiment qu’on ne devrait pas le faire.

Je m’étais déjà moqué de tous les protagonistes indécis des histoires de harem. Je les avais traités de lâches qui ne pouvaient pas prendre leur courage à deux mains quand c’était nécessaire. Et maintenant que c’était à mon tour d’être dans la même situation, c’était moi qui hésitais.

Qu’est-ce que j’étais censé faire? Qu’importe ce que j’avais décidé, j’avais l’impression que je le regretterais plus tard. Je n’arrêterais de regretter le fait que, dans deux ans, le jour de mon quinzième anniversaire, Éris se présenterait avec un ruban enroulé autour de son corps.

« Voici ton cadeau d’anniversaire. Comme je pourrais accidentellement te frapper, je me suis aussi attaché les mains en l’air. N’hésite pas à me faire ce que tu veux », dirait-elle en s’asseyant sur mon lit.

Ahh, non. Attendez. J’avais failli mourir récemment. Dans ce que j’avais cru être les derniers moments de ma vie, j’avais plein de regrets. Il y avait encore des choses que je voulais faire, et rien ne garantissait que quelque chose de semblable n’arriverait pas dans les deux années qui me restaient avant mon quinzième anniversaire. Ce n’était pas comme si je pouvais échapper de justesse à la mort éternellement. Peut-être devrais-je me débarrasser de ma virginité dès maintenant, avant que des problèmes similaires ne surviennent à l’avenir?

Non, mais, attendez une seconde…

« Zut! »

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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