Mushoku Tensei (LN) – Tome 5 – Chapitre 6 – Partie 2

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Chapitre 6 : Une semaine à Millishion

Partie 2

Si Ruijerd annonçait publiquement qu’il était un Superd et qu’il commençait à faire des quêtes autour de Millishion, les Chevaliers du Temple rendraient nos vies misérables en un rien de temps. D’après les rumeurs, ils avaient des yeux et des oreilles partout dans la ville.

Dans ce cas, nous pourrions peut-être essayer de travailler en dehors de la ville.

En gardant cette idée à l’esprit, j’avais récupéré une quête classée B que la guilde venait à peine d’afficher au tableau. Apparemment, un monstre se déchaînant dans un village local devait être tué. L’endroit était suffisamment proche pour que nous puissions facilement terminer la tâche dans la journée.

Cette fois, notre cible était un Tigre des Herbes. C’était un monstre originaire des régions du sud de la Grande Forêt, mais pour une raison quelconque, celui-ci avait erré vers le sud pour s’installer dans cette région.

Les Tigres des Herbes avaient des pelages verts tachetés recouverts d’un motif marron. Cela leur permettait de se fondre parfaitement dans la forêt. Comme ils étaient difficiles à voir et qu’ils se déplaçaient souvent en petits groupes, ils étaient considérés comme des monstres de rang B. Cependant, celui que nous recherchions était seul, et son camouflage était inutile dans ces prairies dégagées. Il était probablement moins menaçant que le loup acide moyen. Je l’aurais placé au maximum au rang D. Lorsque nous étions sur le Continent Démon, j’aurais sauté de joie si j’avais trouvé un travail aussi facile sur le tableau.

Nous étions immédiatement partis tous les trois. Et juste au moment où nous arrivions, un gros chat vert sortait du village avec un poulet dans la bouche.

Il nous remarqua et laissa tomber sa proie pour grogner dans notre direction, mais Éris avait juste dit « Je vais m’occuper de son cas ». Celle-ci s’était précipitée vers lui et le trancha en deux.

Mission accomplie ! Huh, c’était rapide.

Les gens du village nous avaient remerciés du fond du cœur. Ce tigre avait tué beaucoup de bétail et avait récemment attaqué plusieurs fermiers de la région.

Normalement, un chevalier venant d’un des saints ordres militaires aurait été envoyé pour les protéger. Mais il y a quelques jours à peine, un grave incident avait eu lieu au cours duquel un enfant béni aurait été attaqué dans le voisinage. Son escorte, une unité des Chevaliers du Temple, avait été presque anéantie, seul leur capitaine avait survécu.

Heureusement, le capitaine des chevaliers avait de peu réussi à protéger la Sainte Enfant. Mais elle fut tout de même relevée de son poste en punition des graves pertes subies.

Les saints ordres militaires étaient déjà sur les nerfs après une récente série d’enlèvements d’esclaves, avant même cette catastrophe. La nouvelle de ces enlèvements avait provoqué un tollé dans l’église de Millis et chez ses chevaliers. En conséquence, ils n’avaient absolument rien fait contre certains monstres dangereux de rang B. Faute de meilleures options, les villageois s’étaient tournés vers la guilde des aventuriers.

C’était une histoire intéressante. Mais cela n’avait pas grand-chose à voir avec nous.

Maintenant que j’avais rassemblé toutes les informations possibles, je m’étais mis à faire une petite expérience.

Pour être précis, j’avais parlé aux villageois des Superds. J’avais expliqué que notre ami Ruijerd appartenait à cette tribu, et que son peuple voyageait dans le monde entier en faisant de bonnes actions pour tenter de gagner l’amitié des autres races.

« Au premier coup d’œil, le Superd peut sembler froid ou même hostile, mais il est assez facile de percer cet extérieur pierreux. Vous voyez cette petite statue juste là, les amis ? Il suffit d’en montrer une à un Superd et de mentionner le nom de Ruijerd. Ce redoutable air renfrogné se transformera en un sourire heureux, et vous serez les meilleurs amis pour la vie en quelques minutes ! »

Si vous voulez mon avis, c’était un argument de vente parfait. Pourtant, le chef du village n’avait pas l’air très enthousiaste. Ils étaient reconnaissants envers Ruijerd, mais cela ne suffisait pas pour changer leur point de vue sur l’humanité démoniaque dans son ensemble. Et en tant qu’adeptes de l’église de Millis, ils n’étaient pas intéressés par la possession d’une statue de démon. Ainsi, il avait repoussé la petite figure dans mes mains.

Il semblerait que cette expérience soit un échec. Ce n’était probablement pas un problème que l’on pouvait espérer résoudre immédiatement.

Peut-être qu’une figurine d’une fille sexy aurait été plus efficace. Ooh, et si j’avais fait une version de Ruijerd avec changement de sexe ?

Attendez, non. Cela irait à l’encontre du but.

« Je ne savais pas que tu avais fait une telle chose », dit Ruijerd, en étudiant la figurine avec admiration alors que nous nous dirigions vers Millishion.

« N’est-ce pas incroyable ? Rudeus est vraiment doué pour faire ces choses ! »

Pour une raison inconnue, Éris semblait très fière que j’aie gagné son approbation.

Bien que celle-ci ait été rejetée, mes statues avaient en fait atteint un bon prix sur le marché. Après tout, elles étaient de suffisamment bonne qualité pour mériter l’admiration d’un certain roi épéiste Homme-Bête et d’un prince dans un pays étranger.

Et oui. J’étais pratiquement un artisan royal à ce moment-là !

« Cependant, cette position n’est pas du tout bonne. »

« Oui, la position est toute fausse. Il faudrait s’accroupir beaucoup plus bas… »

Gros son triste

Ces deux-là savaient vraiment comment faire retomber un type sur terre.

♥♥♥

Trois jours plus tard, la veille de mon rendez-vous avec Paul, je m’étais rendu compte que je n’avais rien à me mettre pour aller au restaurant.

Il n’y avait pas de code vestimentaire, c’était juste une réunion de famille. Pourtant, les vêtements que j’avais achetés sur le Continent Démon avaient l’air un peu miteux dans les rues de Millishion. J’étais donc allé faire un peu de shopping avec Éris.

Cela pouvait probablement être qualifié de rendez-vous, même si ce n’était pas particulièrement excitant. Éris n’était jamais très motivée pour acheter des vêtements et avait tendance à penser que tout était « bien ». Je m’étais dit que je devrais en profiter pour lui offrir quelques nouvelles tenues. À partir de ce moment, nous voyagerons sur le territoire des Humains, et on dit que la première impression était liée à la façon dont on se présentait. Au minimum, je voulais que nous soyons suffisamment bien habillés pour que les gens ne nous traitent pas de manière grossière.

J’aurais aimé pouvoir demander conseil à une amie qui s’y connaissait en matière de mode. Mais les seules personnes que je pouvais même appeler « connaissances » dans cette ville étaient cet homme singe et Vierra. Je n’avais aucune idée de l’endroit où se trouvait Geese, et je n’étais pas assez proche de Vierra pour lui demander une faveur personnelle.

Finalement, j’avais décidé d’étudier les gens qui passaient par là jusqu’à avoir une idée de ce qui se passait. Éris et moi étions assis dans une rue et nous observions la foule au ralenti.

Au bout d’un moment, j’avais remarqué que les vêtements bleus semblaient assez populaires actuellement. De plus, certaines personnes portaient des manteaux ou des vestes, mais beaucoup d’autres ne s’en souciaient pas. Le climat ici était assez agréable pour que la plupart des vêtements d’extérieur soient plus légers.

« On dirait que le bleu est à la mode en ce moment. »

« Le bleu n’est pas une couleur qui me convient, Rudeus. »

Wôw, c’était brutal. Heureusement, je ne me souciais pas tant que ça des tendances actuelles.

« Alors, qu’est-ce qui marche pour moi ? »

« Tu as ce truc que Geese t’a donné, pas vrai ? Fais avec ça. »

Elle parlait de ce gilet en fourrure, non ? Ce truc était cependant un peu trop grand pour moi. Il était assez long pour ressembler à un manteau. Cela dit, ce n’était pas du tout inconfortable, alors je le portais parfois. Surtout les jours de grand froid.

« Celui-là n’est pas mal, mais j’ai l’impression qu’il est un peu trop long pour moi. »

« Effectivement. Dans ce cas, pourquoi ne pas simplement réduire sa taille ? »

« Ce serait du gâchis. Je suis encore un garçon en pleine croissance, tu t’en souviens ? »

En bavardant, nous avions choisi quelques articles. Cela n’avait pas pris beaucoup de temps, ce que j’avais attribué à notre manque d’intérêt mutuel. J’avais donc été surpris de voir qu’à la fin, Éris avait choisi une robe noire plutôt à la mode, brodée de petites roses blanches.

« Veux-tu vraiment celle-là, Éris ? »

« … Quoi ? Ça te pose un problème ? »

« Non, non. Je parie que ça t’ira très bien. »

« Hmph. Tu n’as pas besoin de me flatter. »

Après avoir réglé nos achats, nous étions retournés à l’auberge.

Enfin, le grand jour est arrivé.

Dans l’après-midi, j’avais fait savoir à Ruijerd et Éris que je dînerais avec mon père ce soir-là.

« Je suis content d’entendre ça », dit Ruijerd avec une expression légèrement soulagée sur son visage.

J’avais pu voir le bonheur dans ses yeux. D’après ce que j’avais vu, il voulait vraiment que je quitte cette ville en bons termes avec mon père. Il n’avait bien sûr pas de raison de s’inquiéter. J’allais profiter pleinement de cette occasion pour me rapprocher de ma famille.

« Je viens aussi ! », annonça Éris.

En me retournant, je la trouvai en train de me fixer dans sa pose habituelle.

« Uhhh… »

« Quoi ? Cela te dérange ? »

Si rien ne s’était passé l’autre jour, j’aurais cédé immédiatement, mais Éris ressentait clairement encore une certaine hostilité envers mon père. En fait, c’était probablement un euphémisme. On aurait dit qu’elle le détestait. Je pouvais comprendre ce qu’elle ressentait dans une certaine mesure, mais j’avais déjà décidé d’être gentil avec Paul.

Si c’était le seul problème, j’aurais pu l’amener avec moi et essayer de les mettre en meilleure entente. Mais sais-tu que ce dîner allait être notre premier repas en famille depuis de nombreuses années ? Et je n’avais pas encore arrangé les choses avec Norn. J’avais aussi dit que je viendrais seul au restaurant.

« Ne peux-tu donc pas rester ici à la place, Éris ? »

Tout bien considéré, je voulais qu’Éris fasse preuve d’un peu de retenue. Amener une bombe au milieu d’un feu de forêt en furie ne m’avait pas semblé être la meilleure des idées. Si je la présentais officiellement à ma famille, ceux-ci pourraient s’attendre à ce que nous devenions un peu plus intimes qu’à l’heure actuelle.

« Oui, ça me dérangerait ! Je viens aussi, compris !? »

Je suis bête. Le mot « retenue » ne faisait pas partie du vocabulaire d’Éris.

« Ruijerd, peux-tu dire quelque chose ? »

Lorsque je m’étais retourné vers Ruijerd pour chercher de l’aide, je l’avais trouvé en train de réfléchir. Il avait posé sa main sur son menton. Son regard intense était passé de mon visage à celui d’Éris, puis il revint vers le mien.

« Tu t’es réconciliée avec ton père, pas vrai ? Ça ne devrait donc pas être un problème. Laisse-la venir. »

Ouah ! Poignardé dans le dos ! Est-ce le même type qui avait frappé Éris pour l’empêcher d’intervenir la dernière fois ?

Oh, bien. Je suppose que je devrais laisser la majorité décider sur ce point.

« Eh bien, si tu le dis, Ruijerd… »

« Hmph ! À quoi t’attendais-tu ? »

« Juste une chose, Éris. Je veux rester en bons termes avec mon père, alors sois polie avec lui, d’accord ? »

« … Bien ! »

À en juger par le ton de sa voix, elle n’avait pas l’intention de tenir cette promesse. Ce n’était pas vraiment rassurant.

J’étais ensuite monté à l’étage pour enfiler mes vêtements neufs, puis j’étais allé au restaurant en tant que « moi » (alias Newdeus). Éris m’avait suivi dans sa robe noire que nous avions achetée l’autre jour.

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2 commentaires :

  1. merci pour le chapitre

  2. merci pour le chapitre

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