Mushoku Tensei (LN) – Tome 5 – Chapitre 1 – Partie 3

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Chapitre 1 : Le Saint Pays de Millis

Partie 3

« Très bien. Ruijerd, tu peux aller avec elle et… »

« Oh, allez ! Je peux m’occuper de quelques gobelins tout seul ! »

Éris m’interrompit avec indignation. L’expression de son visage laissait penser qu’elle était plus qu’un peu offensée.

Qu’est-ce que j’étais censé faire ici ?

Éris était une combattante très compétente. Et les gobelins étaient des monstres classés E. Ce n’était pas vraiment un ennemi redoutable. Ils ne vivaient pas sur le Continent Démon, donc je n’en avais jamais vu, mais d’après ce que j’avais entendu, même un enfant qui avait appris les bases du maniement de l’épée pouvait les maîtriser sans problème.

Lui faire emmener notre garde du corps pourrait paraître comme de la surprotection. Après tout, Éris pouvait très bien se défendre contre les monstres de classe B... mais quand même. Quand une aventurière se fait battre par un gobelin, n’allait-elle par finir par devenir une esclave sexuelle, non ? Je ne connaissais pas grand-chose au sujet des gobelins de ce monde, mais c’était vraiment leur affaire dans le mien. Et je veux dire, si j’étais le Gobelin chanceux qui avait réussi à assommer Éris, je me sentirais certainement en droit de le faire.

Si quelque chose d’aussi terrible arrivait à Éris au moment où je la quittais des yeux, je ne pourrais plus jamais me présenter devant Ghislaine ou Philip…

 

 

« Tout va bien, Rudeus. Laisse-la s’occuper de ça toute seule. », dit Ruijerd en me sortant de ma rêverie.

C’était inhabituel. Normalement, il restait en dehors de ce genre de disputes. Depuis un an et demi, Ruijerd donnait à Éris des leçons sur la façon de combattre toutes sortes de monstres et d’ennemis. Ses méthodes pédagogiques étaient un peu trop obscures pour que je puisse les suivre, mais il était clair qu’elle avait beaucoup appris de lui. S’il était convaincu qu’elle pouvait le faire, tout allait probablement bien se passer.

« Très bien. Ne sois pas négligente juste parce qu’ils sont faibles, Éris. »

« Ouais, je sais ! »

« Assure-toi que tu es aussi bien préparée avant de partir. »

« Bien sûr ! »

« Si les choses deviennent dangereuses, il suffit de faire demi-tour et de s’enfuir, d’accord ? »

« Bien, bien ! Entendu ! »

« Et si le pire devait arriver, il suffit d’attraper le petit salaud par la main et de crier “Ce gobelin est un agresseur !” au sommet de ta… »

« Oh, ça suffit ! Je peux m’occuper de l’extermination de quelques gobelins, Rudeus ! »

Oups. Maintenant, j’avais réussi à la mettre en colère.

Pour être honnête, j’étais encore un peu anxieux à ce sujet, mais je devais me fier au jugement de notre ancien combattant.

« Dans ce cas, je n’en dirai pas plus. Bonne chance, Éris. »

« Merci. Ne t’inquiète pas, je m’en occupe ! », dit-elle en hochant la tête de satisfaction.

« Et toi, Ruijerd ? Que feras-tu demain ? »

« Je pense que je vais aller saluer l’une de mes connaissances. »

C’était la première fois que je l’entendais utiliser le mot « connaissance ».

« Vraiment ? Je ne savais pas que tu… en avais, en fait. »

« Bien sûr que oui. »

D’après ce que je savais de son histoire, Ruijerd avait erré seul dans la nature pendant un certain temps… mais après cinq cents ans, je suppose qu’il avait probablement rencontré quelques personnes par hasard. Il semblait juste un peu étrange qu’une de ces personnes vive ici, à Millishion. Mais c’était une ville immense, alors peut-être que c’était logique d’un point de vue statistique.

« Quel genre de personne est-il ? »

« C’est un guerrier. »

Ah. Probablement quelqu’un qu’il avait sauvé dans les plaines du Continent Démon à l’époque, hein ? Eh bien, d’une manière ou d’une autre, je n’allais pas m’en mêler. Je n’étais pas le père de Ruijerd et je n’avais pas ressenti le besoin de l’interroger sur les personnes avec qui il traînait pendant son temps libre.

 

◇ ◇ ◇

Le lendemain matin, Éris et Ruijerd étaient partis faire leurs courses respectives, j’étais donc allé en ville pour acheter du papier, des stylos et de l’encre. Je m’étais dit que je pourrais en profiter pour me promener un peu dans les étals en plein air jusqu’à ce que j’aie une idée précise de ce que coûtent la plupart des choses à Millis.

Il s’était avéré que la nourriture était en fait un peu moins chère que sur le Continent Démon. Naturellement, la sélection était aussi beaucoup, beaucoup plus vaste. Il y avait beaucoup de viande et de poisson frais, et ils avaient même une belle gamme de légumes.

Mais la plus grande surprise, c’était les œufs. Il y en avait beaucoup, ils étaient tous fraîchement pondus, et ils étaient incroyablement bon marché. J’avais déjà vu des œufs en vente plusieurs fois sur le Continent Démon, mais ils étaient pondus par des monstres plutôt que par des oiseaux. L’idée était de les faire éclore, de laisser la petite créature se laisser s’amadouer, puis de la dresser comme vous le souhaitiez. Naturellement, personne ne mangeait ces choses. Elles étaient bien trop chères pour être transformées en omelette.

Les poulets étaient d’ailleurs une race vivant dans ce monde. Quelques personnes les avaient élevés dans le village de Buena et, d’après ce que l’on voit, la volaille était également une industrie importante à Millis.

Tout d’un coup, je mourais d’envie de manger à nouveau des œufs sur du riz. Je sais, je sais… c’était des choses assez basiques. Mais allez ! C’est un repas nutritionnellement complet en soi !

Malheureusement, alors que j’avais beaucoup d’œufs à ma disposition en ce moment, il ne semblait pas y avoir de riz ou de sauce soja pour les accompagner. Le pain était apparemment la pierre angulaire du régime de Millis, tout comme il l’était à Asura.

Le riz existait dans ce monde, même s’il n’était pas en vente sur le marché ici. C’était l’aliment de base dans les régions du nord et de l’est du continent central, et Roxy avait mentionné un jour qu’il était également disponible dans le royaume de Shirone. Ils l’utilisaient surtout comme base pour des plats tels que le riz frit ou de la paella, avec beaucoup de viande, de légumes et de fruits de mer. Malheureusement, il semblerait qu’ils ne pratiquaient pas l’élevage de volaille à Shirone, et les œufs étaient donc censés être une denrée rare. Peut-être que le climat n’était pas propice à l’élevage des poulets.

Quant à la sauce de soja, je n’avais jamais rien vu de tel dans ce monde. Une fois, j’avais remarqué quelque chose qui ressemblait beaucoup à une graine de soja en feuilletant un dictionnaire de plantes, mais il était possible que personne n’ait encore essayé de les faire fermenter et de les transformer en sauce.

Non, non. Je ne peux pas tomber dans le pessimisme ! Il y avait des œufs et du riz ici, n’est-ce pas ? Dans ce cas, il devait y avoir aussi de la sauce soja quelque part. Il fallait juste que je cherche bien.

Un jour, je rassemblerais tous les ingrédients et je réaliserais mon rêve. Même si les œufs n’étaient plus mangeables, la magie de désintoxication pouvait très bien gérer une petite intoxication alimentaire.

Une fois que j’avais terminé mon enquête rapide sur le marché local et que j’avais acheté un ensemble de papeterie de base, j’avais commencé à retourner vers l’auberge tout en essayant de trouver exactement ce qu’il fallait mettre dans cette lettre.

C’était la première fois que j’écrivais à Paul ou Sylphie. Devrais-je commencer par mes années chez les Boreas… ? Non, l’important était de leur faire savoir que j’étais en sécurité. Il valait mieux commencer par notre téléportation sur le Continent Démon.

En y repensant, j’avais beaucoup de choses à leur raconter. J’avais commencé à voyager avec un guerrier superd légendaire, rencontré la Grande Impératrice des Démons, et même passer trois mois entiers dans un village appartenant à la race bestiale.

Hmm. Est-ce qu’ils allaient croire tout ça ?

Évidemment, je leur dirais de toute façon la vérité. Mais il semblerait peu probable que quelqu’un chez moi croie à mon histoire d’Œil démoniaque reçu de Kishirika Kishirisu elle-même.

En parlant de race bestiale… Ce serait bien de savoir si Ghislaine allait bien. Elle avait probablement été emmenée dans un coin du monde au hasard. En supposant qu’elle n’ait pas été jetée au milieu d’un volcan, j’étais certain qu’elle était en sécurité. Cette femme était après tout une force de la nature.

Mais de toute façon, combien d’autres personnes avaient été téléportées ? Le mur de lumière venait de la Citadelle de Roa, il semblerait donc possible que tout le monde dans le domaine de Boreas ait subi le même sort qu’Éris et moi. Hmm. Il y aurait donc Philip, Sauros, Hilda, Alphonse le majordome… mais aussi toutes les servantes. J’avais l’impression que le vieux Sauros pouvait très bien se débrouiller dans la vie, peu importe où il se retrouvait, mais quand même…

« Oui, ce n’est que maintenant que je me fais du souci… »

En me murmurant à moi-même, j’avais tourné dans une petite rue latérale. Il s’était avéré que Millishion en avait plusieurs. De loin, le plan de la ville avait l’air propre et net, mais à mesure que les vieux bâtiments étaient démolis et remplacés, de petites ruelles miteuses comme celle-ci avaient tendance à s’ouvrir entre elles.

Bien sûr, tout était toujours aligné comme une grille, de sorte que vous n’aviez pas à craindre de vous perdre dans un labyrinthe sinueux. C’était pourquoi j’avais décidé de prendre un chemin différent pour revenir à l’auberge. Cela ne pouvait pas faire de mal d’explorer un peu les rues de la ville. Si j’avais de la chance, je pourrais tomber sur une charmante petite ruelle d’amoureux ou quelque chose comme ça. Notre rousse avait une personnalité un peu violente, mais il semblerait qu’elle était capable d’apprécier un peu la beauté de temps en temps. Et si nous restions dans cette ville un mois entier, nous aurions probablement le temps pour un « rendez-vous » ou deux. Je pourrais me gagner quelques points d’affection en prime si je trouvais des endroits sympas pour l’emmener.

Juste au moment où je me perdais dans mes pensées, j’avais remarqué un groupe d’environ cinq hommes qui se dirigeaient rapidement vers moi depuis l’autre côté de l’allée. Au premier coup d’œil, ils ne ressemblaient pas à des aventuriers, mais plutôt à de vulgaires bagarreurs de rue. Leurs tenues semblaient destinées à intimider. C’était probablement juste une bande de gamins turbulents. C’était quand même un peu grossier de se disperser dans une petite ruelle exiguë comme celle-ci. Le piéton poli laissait toujours de la place pour quelqu’un qui se dirigeait dans l’autre sens. Un enfant comme moi n’avait pas besoin de tant d’espace, c’est vrai, mais à ce rythme, nous allions nous croiser. Ils devraient vraiment s’approcher de moi en file indienne et détourner les yeux de…

« Bouge-toi, gamin ! »

Je m’étais instantanément appuyé contre le mur de l’allée.

Ne vous méprenez pas. Je voulais juste éviter toute querelle inutile. Je voulais dire, ils semblaient très pressés ! Et je ne l’étais pas. Ce n’était pas comme si je m’étais écarté de leur chemin parce qu’ils avaient l’air un peu effrayants. Vraiment, je vous le promets ! Je n’ai pas peur des délinquants ! Croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer.

Pensez-y quand même. On ne pouvait pas juger un livre à sa couverture, hein ? Ils avaient l’air d’une bande de racailles de rue, mais pour ce que j’en savais, l’un d’entre eux pouvait bien être en fait un célèbre maître épéiste.

Si j’avais été trop confiant et que je m’étais opposé à leur impolitesse, je me serais peut-être fait découper en morceaux par le Noble de la Fureur, ou quelque chose comme ça. Je voulais dire, c’était un monde où une petite fille sur le point de mourir de faim dans la rue pouvait se révéler être une grande impératrice démoniaque, non ? Il n’y avait aucune raison de se battre pour rien.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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