Mushoku Tensei (LN) – Tome 4 – Chapitre 8 – Partie 3

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Chapitre 8 : Vie paisible dans le village de Doldia

Partie 3

Deux mois passèrent.

Chaque fois que j’étais dans ma chambre, la Bête Sacrée arrivait en marchant. La bête vivait plus profondément dans le village, le long des fleurs et des papillons, mais une fois par jour pendant sa promenade, elle errait librement dans le village. Son itinéraire préféré (et actuel) était là où je me trouvais.

« Si ce n’est pas la Bête Sacrée. Qu’est-ce que tu as à faire ici avec un obsédé sexuel comme moi ? »

« Ruff! »

« La vie est dure, hein ? »

« Ruff! »

Ce n’était pas vraiment une réponse.

Je n’étais pas sûr si la Bête Sacrée était mâle ou femelle, mais de toute façon elle s’était installée à côté de moi, au moment où je tenais dans mes mains le début d’une figurine. On aurait dit qu’il allait s’écouler un certain temps avant que la pluie ne s’arrête, alors j’avais décidé d’essayer d’en faire une.

Elle avait été modelée d’après Ruijerd. Vous vous demandez peut-être pourquoi je l’avais choisi, mais réfléchissez-y. Les Superds étaient des croque-mitaines sans visage. Les gens tremblaient de peur quand ils voyaient des cheveux verts, mais il n’y avait pas de couleur sur la silhouette que je faisais. C’était juste un personnage en pierre gris cendré. Peut-être que si c’était assez impressionnant, les gens l’accepteraient mieux.

D’abord la silhouette. Les cheveux passeraient en dernier.

« Woof. »

La Bête Sacrée pressa son corps contre ma cuisse et posa sa tête sur mon genou. J’étais perplexe, étant donné qu’aucun animal ne m’avait approché comme ça auparavant.

« Arf ? »

Il regarda mes mains comme pour me demander ce que je faisais. Le chiot était très calme malgré son jeune âge.

J’avais finalement décidé de lui caresser le cou.

« Je n’ai rien d’autre à faire, alors je crée quelque chose. »

« Woof. »

La bête me lécha la main tout en remuant la queue. Clairement, il ne me détestait pas. Il pleuvait encore dehors, donc il n’y avait probablement rien d’autre à faire. Il désirait probablement se défouler un peu.

« Veux-tu jouer ? »

« Woof ! »

Nous nous étions donc affrontés et malmenés tous les deux. J’avais pu profiter de sa fourrure douce et duveteuse, et la Bête Sacrée avait reçu une quantité modérée d’exercice. C’était une situation vraiment gagnant-gagnant.

Toc, toc. Quelqu’un frappait à la porte pendant que nous étions en train de jouer.

« Hm ? Entrez. »

« Excusez-moi. »

Une femme en tenue de guerrière était arrivée. C’était Laklana. C’était l’une des gardiennes de la Bête Sacrée, et elle venait la récupérer quand son temps de marche était presque terminé.

« Ravi de te revoir. »

« Moi aussi, Maître Rudeus. Et aussi, par rapport à cette époque… »

Chaque fois qu’elle me voyait, Laklana s’excusait pour le temps où elle me jetait de l’eau glacée. Les premières excuses avaient été plus que suffisantes.

« Cela mis à part, pourriez-vous arrêter d’être si attaché à la Bête Sacrée ? »

« De quoi parles-tu ? Je m’amuse juste un peu avec elle. »

Quoi, c’était une autre fausse accusation ? Elle ne s’était en fait jamais excusée, n’est-ce pas ? Si elle ne faisait pas attention à ce qu’elle disait, la prochaine fois, ce serait elle qui sera nue dans une cellule de prison et c’est moi qui verserais l’eau.

« Mais je peux sentir votre excitation. »

« … Ce n’est pas pour la raison à laquelle tu penses. »

La vraie raison était que chaque fois qu’elle venait et baissait la tête, mon pervers intérieur se mettait à chuchoter :

« Madame, si tu pouvais résoudre ça avec un simple désolé, nous n’aurions pas besoin d’appeler les flics, hein ? Si tu veux vraiment résoudre ça, tu sais ce que tu dois faire, non ? Allons dans la chambre ensemble. »

« La Bête Sacrée est extrêmement précieuse pour les Doldia. Je sais que vous l’avez sauvée, mais développer des sentiments pour elle est… »

« Sauf que je n’ai aucun sentiment pour ça. »

La Bête Sacrée était une sorte de bête magique née une fois tous les quelques centaines d’années. Il n’avait pas de nom propre. Depuis des temps immémoriaux, elle n’était apparue que lorsque le monde était en crise, et lorsqu’elle devenait adulte, elle se mettrait au côté d’un héros, utilisant sa grande puissance pour sauver le monde.

C’était comme ça que s’était transmise la légende, en tout cas. C’était pourquoi la Bête Sacrée avait été élevée avec tant de soin, au cœur du village de Doldia, dans une zone restreinte où se dressait un grand arbre qu’on appelait l’arbre sacré. Donc, bien sûr, elle avait vécu une vie protégée. Ils veillaient à ne pas exposer le chiot au monde extérieur, qu’il connaissait peu. C’était quand même un chien, alors ils lui avaient laissé du temps pour se promener une fois par jour.

Il faudrait apparemment attendre encore cent ans avant que la Bête Sacrée n’atteigne l’âge adulte. Si les histoires étaient vraies, le monde connaîtrait alors la calamité. Pendant ce temps, Laklana supervisait la protection de la Bête Sacrée. Quant à l’Arbre sacré, il était situé au-delà du chemin bloqué que j’avais visité plus tôt.

« Se pourrait-il que… le Seigneur Rudeus soit le héros ? »

« Woof ! »

Le chiot avait aboyé.

Une expression choquée était visible sur le visage de Laklana.

« Quoi !? Qu’est-ce que vous dites ? »

Hm ? De quoi parlait-elle ?

« Arf ! »

« Je vois alors, mais… »

« Woof ! »

« … Je comprends. »

Pourquoi parles-tu à ce chien comme si tu avais une conversation normale ? pensais-je. Je l’entendais aboyer. Ce n’était certainement pas la langue de Dieu Bestial. Comment le comprenait-elle ? Utilisait-elle un traducteur spécifique aux langages des chiens ?

« La Bête Sacrée a dit que vous n’étiez pas le héros. »

« Je m’en doutais. » Bien que j’aurais aimé qu’elle en dise d’avantage.

« Mais la Bête Sacrée vous est très reconnaissante, semble-t-il. »

« Oh ? J’ai été laissé dans cette cellule tout le temps, alors j’ai pensé qu’elle m’avait oublié. »

« Woof ! »

« C’est regrettable, dit la Bête Sacrée, mais elle nous a demandé de vous donner à manger. Maître Rudeus, avez-vous aimé les repas que nous vous avons fournis ? »

En effet. Au moins, la nourriture était très bonne. J’avais aussi reçu du rab quand je les demandais. J’avais trouvé ça étrange pour une prison. Alors la Bête Sacrée avait arrangé ça pour moi ? Utiliser la nourriture comme une forme de gratitude ressemblait exactement à ce que ferait un chien.

« Bien que si tu devais faire ça, j’aurais préféré que tu me libères au moins de ma cellule. »

« Woof ! » (Ou apparemment, « Qu’est-ce qu’une cellule ? »)

« Un endroit où vous enfermez les méchants », avais-je expliqué.

« Arf ! » (« Mais je suis aussi enfermé. »)

Nous avions continué un petit peu, ayant ainsi une conversation avec Laklana comme interprète. Il semblerait que la Bête Sacrée ne connaissait pas tous les détails de ce qui s’était passé. Cela comprenait le fait de ne pas être conscient de l’odeur d’excitation qui, selon Gyes, était en train de m’échapper, ou de la raison pour laquelle Gyes m’avait alors mis en détention. Elle ne semblait pas non plus savoir grand-chose sur la signification de son enlèvement, au-delà de cela, c’était une expérience terrifiante. En d’autres termes, ce n’était encore qu’un enfant. Ce n’était pas bien d’exiger des réparations d’un enfant, alors j’avais renoncé à cela.

« J’ai pu vivre plus confortablement grâce à toi, alors merci. »

À ma gratitude, elle remua la queue et me lécha le visage.

Heh heh, tu es vraiment mignonne, pensai-je en lui caressant le cou, pour ensuite être poussé au sol. Aah, tu ne peux pas ! Pas dans un endroit où les gens peuvent nous voir… !

« Maître Rudeus, c’est la façon qu’a la Bête Sacrée de montrer son respect. Pourriez-vous essayer de contenir ton affection ? »

« Tu te méprends, ce que tu sens, c’est mon excitation à cause de toi. »

« Hein !? »

« C’était impoli de ma part, ignore ça. » Merde, merde. J’avais laissé échapper mes vrais sentiments.

« Bête Sacrée, il est temps de retourner à l’Arbre sacré. »

« Woof ! »

La bête se tourna docilement pour partir, comme on le lui avait dit. Tout se passa sans une seule plainte.

C’était devenu une réalité quotidienne. Mais gardons ce secret entre nous : quelques jours plus tard, Laklana s’était fâchée contre moi quand j’avais essayé d’apprendre à la Bête Sacrée à trembler.

Juste comme ça, sans que rien de très mouvementé ne se produise, trois mois s’écoulèrent. La pluie s’était arrêtée.

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