Mushoku Tensei (LN) – Tome 3 – Chapitre 6 – Partie 2

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Chapitre 6 : Infiltration et usurpation d’identité

Partie 2

Avant de nous rendre à la guilde des aventuriers, nous avions passé un peu de temps à nous promener dans les échoppes en bordure de route, regroupées proche de l’entrée de la ville. Les magasins comme ceux-ci avaient tendance à être assez semblables partout où vous alliez, mais les articles spécifiques qu’ils avaient sur l’étal pourraient un peu varier. Par exemple… là où les écuries de Roa étaient pleines de chevaux à vendre ou à louer, sur le Continent Démon, ils semblaient favoriser une espèce de lézard géant. Ils étaient apparemment mieux adaptés au terrain escarpé et fissuré qui caractérisait cette partie du monde. De plus, il n’y avait pas de système organisé de transport de passagers ici. Vous deviez acheter un véhicule à l’un des nombreux marchands indépendants.

Nous avions un très long voyage devant nous. Il y avait toutes sortes de choses que je mourais d’envie d’acheter. Mais je savais déjà ce que nous aurions besoin lors de ce voyage. Nous devons juste prendre le reste petit à petit.

Après avoir jeté un coup d’œil rapide pour me faire une idée des prix courants de divers articles, j’avais commencé à chercher un stand abordable qui avait les choses dont nous avions besoin. Nous n’étions pas très pressés, mais je ne voulais pas perdre des heures et des heures ici. Tout ce que je voulais acheter, c’était une capuche et de la teinture… Oh, et idéalement une sorte d’agrume.

« Salut, papy. N’en demandez-vous pas un peu trop pour cette teinture ? Cela ressemble à une petite arnaque. »

« Qu’est-ce que tu racontes, petit ? C’est le prix courant. » 

« Vraiment ? En êtes-vous sur ? »

« Bien sûr que j’en suis sûr, bon sang ! »

« Savez-vous qu’ils vendaient quelque chose de vraiment similaire là-bas pour la moitié du prix ? »

« Es-tu sérieux !? »

« Eh bien, je suis sûr que vos produits sont de meilleure qualité, n’est-ce pas ? Hmm, cette capuche est plutôt jolie. J’achèterai la teinture et quelques trucs citronnés là-bas, alors pourquoi ne pas me les donner gratuitement ? »

« Hah ! Quel petit marchandage ! Très bien, tu gagnes. Prends-le ! »

« Oh, et pendant qu’on est là… voulez-vous nous acheter quelques trucs ? Ce sont de vraies peaux de Coyote Pax, et nous avons aussi quelques crocs de loup acide. »

« Merde, regarde-moi cette quantité ! Donne-moi un instant… Deux, quatre, huit… D’accord. Que dirais-tu de trois pièces de ferraille pour le tout ? »

« Allez ! Ils valent au moins six. »

« D’accord, d’accord. Je t’en donne quatre. »

« D’accord, marché conclu. C’est un plaisir de faire affaire avec vous. »

Cela m’avait pris un peu de temps, mais j’avais réussi à conclure le tout en une seule transaction. Comme je ne connaissais pas vraiment les prix de la plupart des marchandises ici, je ne savais pas exactement combien d’argent je venais de dépenser. Pour être honnête, j’avais le sentiment que le gars m’avait arnaqué.

Eh bien… En tout cas, il nous restait une pièce de fer, quatre pièces de ferraille et dix pièces de pierre. Cet argent était un cadeau des parents de Maître Roxy. Il faudrait que je le dépense de façon réfléchie.

À la fin de notre visite des échoppes, nous nous étions glissés tous les trois dans une ruelle tranquille. J’avais un peu peur que nous rencontrions des truands stéréotypés… mais encore une fois, Ruijerd s’en occuperait pour nous, pas vrai ? C’était peut-être même l’occasion de gagner un peu d’argent de poche…

« Hé, Ruijerd. Si quelqu’un essaie de nous agresser, peux-tu les passer à tabac ? »

« Tu veux dire… jusqu’à ce qu’ils soient presque morts ? »

« Euh, non. Frappe-les un peu, merci. »

Malheureusement, personne ne s’était présenté pour nous embêter. Mais maintenant que j’y pense, les gars assez désespérés pour voler les gens n’auraient probablement pas beaucoup d’argent sur eux en premier lieu.

« D’accord, Ruijerd. Commençons par teindre tes cheveux. »

« Teindre mes cheveux… ? »

« Exactement. C’est à ça que sert ce truc. »

« Je vois… Donc tu veux changer leur couleur ? C’est une idée intelligente, c’est sûr. »

Il avait l’air vraiment impressionné. Je suppose que les gens ne se teignaient pas vraiment les cheveux dans ce monde. C’était soit ça, soit Ruijerd qui n’était pas au courant du concept. Il n’avait clairement pas passé beaucoup de temps dans les villes ou les villages.

« Cependant, n’aurait-il pas été préférable de choisir une couleur moins similaire à la mienne ? »

J’avais choisi une teinture bleue, une approximation assez proche de la couleur des cheveux des Migurd.

« Le village des Migurd n’est qu’à trois jours de marche d’ici, donc il y a probablement une tonne de gens ici qui les connaissent. Je me suis dit qu’on ferait de toi l’un d’eux, Ruijerd. »

« … Et vous deux ? »

« Oh, nous ne sommes que tes laquais. Tu nous as aidés et accueillis à un moment donné. »

« Des laquais… ? Je pensais que vous étiez des guerriers, sur un pied d’égalité avec moi.

« Eh bien, oui, nous le sommes. Je parle juste de notre histoire de couverture. Ne t’inquiète pas, tu n’as pas vraiment besoin de te souvenir de tout ça… Je me comporterai juste comme ton homme de main quand on sera avec d’autres personnes. »

L’étape suivante allait être de monter une sorte de spectacle.

J’avais pris le temps d’expliquer les prémisses de notre acte à Ruijerd. À partir de ce moment, il allait devenir un jeune Migurd nommé « Royce » qui avait récemment commencé à se faire passer pour l’infâme Guerrier superd Dead End.

Royce avait toujours aspiré à inspirer la peur et l’admiration chez les gens. Il n’y a pas si longtemps, il était tombé sur deux enfants perdus dans la nature, l’un capable d’utiliser la magie et l’autre qui était doué avec l’épée. Il leur avait sauvé la vie, et ils l’idolâtraient depuis.

« Tu m’idolâtres ? »

« Je n’irais pas si loin personnellement. »

« Je vois. »

En tout cas, ces deux enfants étaient en fait des combattants très puissants pour leur âge. Une fois qu’il s’en était rendu compte, Royce avait eu une idée intelligente : pourquoi ne pas assumer l’identité du légendaire guerrier Ruijerd ? C’était le moyen le plus facile de faire peur à tous ceux qu’il rencontrait. Après tout, Royce avait toujours été exceptionnellement grand pour un Migurd. Et ses deux jeunes compagnons étaient très compétents. S’il revendiquait leurs exploits comme les siens, il deviendrait célèbre en un rien de temps.

« Cet homme est un voyou. Il n’a pas le droit d’utiliser mon nom. »

« Ouais, c’est très méprisable. Mais disons que ce faux Ruijerd commence à faire de bonnes actions. Que penseraient les gens ? »

« … Je ne sais pas. Quoi ? »

« Que c’est évidemment un imposteur, mais aussi qu’au fond c’est un bon gars. »

Nous avions besoin d’un numéro comique et un peu incohérent. La clé ici était de faire en sorte que tout le monde considère l’imposteur Ruijerd comme une fraude totale, mais qui se trouve être aussi une personne étrangement décente.

« Hmm… »

« En gros, si on dit que ce faux Ruijerd est un type bien, on est sur la bonne voie. La rumeur deviendra de plus en plus vague avec le temps, et les gens finiront par dire que “Ruijerd” est un bon gars. »

« … Cela a l’air merveilleux, mais cela va-t-il vraiment marcher comme ça ? »

« Oh, absolument », répondis-je d’un ton facile et confiant.

Au moins, ça ne pourrait pas faire vraiment du mal. Tout le monde pensait déjà que Ruijerd était un monstre vicieux, sa réputation ne s’aggraverait pas.

« Je vois. J’ignorais qu’un plan aussi simple pouvait marcher… »

« Ce ne sera pas simple, crois-moi. Et il y a toujours une chance que quelque chose tourne mal. »

En règle générale, tout plan à long terme tourne mal à un moment donné. Plus il est détaillé et complexe, plus vous finirez par vous éloigner du chemin idéal. Pourtant, du moment que nous aurions réussi à faire circuler des tonnes de rumeurs sur Ruijerd, il y avait de bonnes chances que sa réputation commence à refléter sa bonne humeur.

« Vrai. Que proposes-tu que nous fassions si ma tromperie est révélée ? »

« Qu’est-ce que tu veux dire ? Tu n’as pas besoin de mentir, Ruijerd. »

« … Je ne comprends pas. »

Ruijerd jouera le rôle d’un « Migurd qui se prenait pour un Superd. » La plupart du temps, il ferait de bonnes actions et gagnerait l’affection du public, comme il le voulait. Il n’allait même pas mentir sur son nom.

Toute cette histoire de « Royce » n’était surtout qu’une solution de repli que j’utiliserais si quelqu’un commençait à soupçonner Ruijerd d’être vraiment celui qu’il prétendait être. L’homme lui-même continuerait d’utiliser son vrai nom. Ruijerd admettrait ouvertement qu’il était un Superd nommé Ruijerd. Tous les autres décideraient d’eux-mêmes s’il était en fait un Migurd nommé Royce ayant des illusions de grandeur.

En d’autres termes, il n’avait pas à dire quoi que ce soit qui n’était pas vrai. Je m’occuperais de tous les mensonges pour lui dans les coulisses. J’avais l’impression qu’il s’opposerait probablement à ce que je trompe les gens en sa faveur, alors j’avais décidé de garder le silence sur cette dernière partie.

« Tout le monde va supposer que tu es un Migurd, compris ? »

« Ah… D’accord. C’est moi qui fais semblant d’être moi-même… Mais attends ! Dois-je aussi faire comme si j’étais Royce… ? Ça me donne un peu mal à la tête, Rudeus. Que dois-je faire exactement ? »

« Ne t’inquiète pas pour ça. Sois toi-même. »

Ruijerd semblait plus qu’un peu réticent. Quels que soient ses autres talents, cet homme n’était probablement pas fait pour être acteur.

« Cela dit, assure-toi de ne pas craquer et de ne pas tuer quelqu’un juste parce qu’il t’a nargué, d’accord ? »

« Hmm… Tu veux dire que je ne devrais pas me battre ? »

« Tu peux te battre si tu en as besoin, mais fais semblant d’avoir du mal. Prends quelques coups de poing, commences à respirer fort, ce genre de choses. En fin de compte, essaye de faire croire que tu as eu du mal à gagner. »

Quand les mots quittèrent ma bouche, j’avais pensé que Ruijerd n’était peut-être même pas capable de faire ce genre de spectacle, mais…

« Tu veux que j’y aille doucement avec eux ? Quel est l’intérêt de ça ? »

Apparemment, ce ne serait pas un problème.

« Nous voulons que les gens pensent que tu es trop faible pour être le vrai Ruijerd. Et nous voulons que ton adversaire pense : “Et si par contre c’était lui, le vrai ? Ça ne me rendrait-il pas vraiment génial ?” »

« Je crains de ne pas comprendre… »

« C’est un moyen de convaincre les gens que tu es un imposteur, tout en les faisant se sentir bien dans leur peau. »

« Mais qu’est-ce que ça leur fait de se sentir bien ? »

« Ça les encouragera à répandre des rumeurs selon lesquelles les Superds sont des proies faciles. »

Ruijerd s’était renfrogné.

« Les Superds ne sont pas des proies faciles. »

« Je le sais, crois-moi. Mais ta force fait partie de ce qui fait que les gens ont si peur de toi. S’ils pensent que tu es faible, ça pourrait nous aider à résoudre les conflits pacifiquement, comme nous venons de le faire à la porte. »

Cela dit, nous ne voulions pas non plus que tout le monde pense que son peuple était totalement impuissant. Cela pourrait finir par encourager le harcèlement des villages superd survivants… en supposant qu’il y en ait encore quelque part. Ça allait être un équilibre délicat.

« Eh bien, si tu le dis, Rudeus… »

Très bien. Je pense que c’est à peu près tout pour l’instant.

Je n’avais pas ressenti le besoin de donner trop d’instructions spécifiques pour le moment. Cela ne ferait qu’augmenter nos chances de foirer quelque chose.

« Quoi qu’il en soit… je te donnerai tout le soutien que je peux, Ruijerd. Mais le résultat dépendra en fin de compte de toi, d’accord ? »

« Bien sûr. Mes remerciements, Rudeus. »

Durant tout le temps qu’avait duré mon explication, j’avais commencé à blanchir les cheveux de Ruijerd en utilisant le jus des fruits du citron que nous avions achetés quelques minutes auparavant.

Les résultats n’étaient pas parfaits, mais sa couleur naturelle vert émeraude s’était pour la plupart estompée. J’avais continué et j’avais mis de la teinture bleue.

Hmm. Ce n’est pas le plus beau boulot que j’aie jamais vu.

Pourtant, au moins, il n’avait plus l’air particulièrement vert. Peut-être qu’il ressemblait à un Migurd ? À distance ? Si tu ignorais totalement sa taille ?

Il ne ressemblait pas vraiment à un Superd, et c’était la chose la plus importante. Un déguisement ambigu était probablement ce que nous voulions de toute façon. La réaction idéale serait quelque chose comme…

« Ce type ressemble un peu à un Migurd, mais pas vraiment. Et il se dit superd, mais ça n’a pas l’air vrai non plus… Et alors ? »

« Et puis, je pense que tu devrais porter ça », lui dis-je tout en retirant mon pendentif et en le plaçant sur Ruijerd.

« C’est… une amulette migurd, n’est-ce pas ? »

« Oui. Mon maître me l’a offert comme cadeau de fin d’études, et je le porte depuis. »

Avec cela autour du cou de Ruijerd, tout le monde supposerait au moins qu’il était lié d’une manière ou d’une autre aux Migurd.

« Ça doit être précieux pour toi, alors. Je m’assurerai de te le rendre en toute sécurité. »

« Oui. T’as intérêt. »

« Bien sûr. »

« Je te préviens, je vais peut-être devoir te tuer si tu le perds. »

« Compris, Rudeus. »

« En particulier, je bloquerais toutes les sorties de la ville avec de la magie terrestre, puis je remplirais ce cratère de magma jusqu’au bord. »

« Quoi ? Tuerais-tu aussi tous les gens qui vivent ici ? Tu sais qu’il y a des enfants dans cette ville. »

« C’est vrai. Donc si tu veux les garder sains et saufs, tu ferais mieux de prendre soin de cette amulette. »

« Si ça t’inquiète tant que ça, tu ne devrais peut-être pas me laisser l’emprunter… »

« Allez, Ruijerd. Je plaisante, c’est évident ! »

« … »

L’étape suivante était de mettre à Éris la capuche que j’avais achetée tout à l’heure. Ses cheveux roux attirent l’attention, et nous voulions que tout le monde reste concentré sur notre leader.

« Alors Éris, je pensais… »

À ce moment-là, j’avais dévoilé le capuchon pour la première fois et je m’étais rendu compte qu’elle avait de petites oreillettes pour chat… un peu comme les capuchons que portaient les mages blancs dans Final Fantasy III.

C’était destiné à une personne-bête ou quoi ? Putain. J’avais peut-être tout gâché. Éris n’était pas particulièrement pointilleuse au sujet de ses vêtements, mais d’après ce dont je me souvenais de la traditionnelle salutation de sa famille, elle détestait absolument se déguiser en fille-chat.

« Euh… eh bien, à propos de ce capuchon… »

« Hein ? Oh ! Et alors ? »

« Je pensais… que peut-être tu pourrais le porter… »

« Vraiment !? »

Pour une raison ou une autre, la fille avait l’air ravie. Peut-être qu’elle ne détestait pas ça autant que je le pensais… ? Elle avait immédiatement tiré sur le capuchon, souriant joyeusement.

« Je m’en occuperai bien ! »

Bon, c’est une bonne chose. Je n’avais pas vraiment compris pourquoi, mais ça a marché ! Excellent !

Maintenant… il semblerait que nous étions prêts à nous diriger vers la guilde des aventuriers. Il fallait que ce soit comique. Je devais juste garder ça à l’esprit.

J’espère que tout se passera bien…

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Un commentaire :

  1. Merci pour le chapitre.

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