Mushoku Tensei (LN) – Tome 2 – Chapitre 6

***

Chapitre 6 : L’apprentissage d’une langue étrangère

***

Chapitre 6 : L’apprentissage d’une langue étrangère

Partie 1

Éris se comportait mieux après son dixième anniversaire. Elle prenait ses leçons au sérieux et me frappait moins souvent qu’avant. Plus détendu après avoir été libéré de la peur de la violence domestique, j’avais décidé de me concentrer davantage sur mes propres études.

J’avais commencé à avoir un aperçu de l’histoire du monde avec le livre que j’avais emprunté à la bibliothèque. Il démontrait que ce monde existait depuis au moins 100 000 ans. Son histoire était vraiment fantastique. L’essentiel de cette histoire se résumait ainsi :

Il y a plus de 100 000 ans

Le monde était divisé en sept mondes plus petits, chacun avec son propre dieu pour régner sur lui. C’était ce qu’on appelait l’Ancien Âge des Dieux. Ces sept mondes et leurs dieux respectifs étaient :

Le monde des humains, Dieu humain.

Le monde des démons, Dieu Démon.

Le monde des dragons, Dieu Dragon.

Le monde des bêtes, Dieu Bête.

Le monde de l’océan, Dieu des mers.

Le monde du ciel, Dieu du ciel.

Le monde aride, Dieu du désert.

Ces mondes étaient séparés par des barrières, donc aller et venir n’était pas une tâche facile. Quelqu’un qui vivait dans un monde ne savait pas qu’il y en avait d’autres. Seuls les dieux et ceux qui étaient assez forts pour franchir ces barrières connaissaient les autres mondes.

De -20 000 à -10 000 ans.

Dans le monde des dragons, un Dieu Dragon incorrigiblement mauvais était né. Avec son incroyable et terrible pouvoir, il détruisit les barrières qui séparaient les mondes. Avec ses disciples, connus sous le nom de Commandants des Cinq Dragons, il commença à détruire les autres mondes. Les survivants de chaque monde détruit avaient fui vers d’autres mondes à la recherche d’un abri.

Quand il ne restait plus qu’un seul autre monde, les commandants du Dieu Dragon s’étaient finalement retournés contre lui. Le chef des Cinq Commandants Dragons, l’Empereur Dragon et les quatre autres Rois Dragons combattirent le Dieu Dragon et son pouvoir écrasant. C’était une bataille à mort à cinq contre un.

Ça s’était terminé par un match nul. Le monde des dragons s’était effondré par la suite, ne laissant que le monde humain. C’était ce monde.

De -10 000 à -8000 ans

Elle était connue sous le nom de période chaotique. Une période où les ancêtres des humains modernes et les réfugiés des autres mondes, après avoir été rassemblés ensemble, avaient commencé à s’affronter.

Il n’existe pratiquement aucune littérature sur cette période, mais selon les érudits, après de nombreuses années de conflits, les races s’étaient lentement séparées. Les bêtes avaient commencé à vivre dans les bois, les races aquatiques contrôlaient les océans, et les races aériennes avaient obtenu les endroits les plus élevés qu’ils pouvaient trouver. Il n’y avait presque plus de membre de la race des dragons, ils évitaient l’attention et vivaient secrètement, tandis que les êtres humains, qui pouvaient vivre n’importe où, se dispersaient.

Les humains et les démons avaient dû se battre entre eux dans les plaines. À l’époque, le Continent central et le Continent Démon étaient encore reliés par voie terrestre, connue comme étant le Grand Continent.

Il y a environ 7 000 ans

Les arts martiaux et la magie s’étaient développés et la population augmenta. C’était aussi à ce moment que la Première Grande Guerre entre les hommes et les démons se produisit. Comme son nom l’indique, il s’agissait d’une collision frontale entre les humains et les démons. Quelque chose comme une guerre mondiale dans le monde de ma vie antérieure. Ce fut une longue bataille qui impliqua non seulement les humains et les démons, mais aussi d’autres races.

Il y a environ 6 000 ans

Mille ans s’écoulèrent au fur et à mesure que la Grande Guerre faisait rage, avec de féroces batailles et des accalmies entre les deux. Le héros Arus mena ses six camarades au combat, poursuivant les hostilités jusqu’à ce qu’il batte les Cinq Grands Rois Démons et le Grand Empereur du Monde des Démons, Kishirika.

D’après le nom du Grand Empereur, j’avais pensé que c’était probablement une femme. Dans ma tête, j’imaginais Éris dans une tenue en cuir, gloussant fort.

Attends une seconde… Arus ? Dans quoi était-ce déjà, Dragon Quest 7 ?

Il y a environ 5 500 ans

En tant que bon imbécile qu’ils étaient, les humains s’étaient enivrés de pouvoir en vainquant les démons et avaient commencé à se battre contre les autres races, ainsi qu’entre eux. Des démons auraient été utilisés comme esclaves à cette époque. Cette période de guerre constante s’est poursuivie pendant près de 500 ans.

Il y a cinq mille ans

La deuxième Grande Guerre homme-démon éclata. En quête de vengeance pour une rancune millénaire, Kishirika, le grand empereur du monde des démons, poussa les démons à l’action.

Je pensais que Kishirika était une sorte de nom que chaque empereur recevait en prenant le trône, mais apparemment l’empereur était immortel. Même s’il mourait, il reviendrait des centaines d’années plus tard. Peut-être, la raison pour laquelle on les appelait le Grand Empereur du Monde des Démons était qu’ils étaient un rang au-dessus des autres.

Quoi qu’il en soit, les démons s’étaient alliés aux races bestiales et aux races de la mer, submergeant ainsi les humains. Les humains avaient été poussés dans un coin.

Il y a quatre mille deux cents ans

La Seconde Grande Guerre entre l’homme et le démon a pris fin.

Les humains bellicistes s’étaient battus pendant 800 ans sans admettre leur défaite et avaient finalement repoussé leur ennemi. Tout cela grâce aux efforts du héros légendaire, le Chevalier d’or Aldebaran.

Ce type était un vrai tricheur. Il avait mis en déroute plus de 10 000 hommes en étant tout seul. Il avait vaincu tous les démons puissants qu’il rencontra et s’était battu en tête-à-tête avec le Grand Démon Empereur. Sa dernière attaque fut si puissante qu’elle créa un trou dans le Grand Continent, le divisant en un Continent central et un Continent Démon, avec la mer Ringus au milieu.

Un passage écrivait que c’était le Dieu humain lui-même. Le seul Aldebaran que je connaissais était celui qui mourrait s’il utilisait sa propre technique mortelle. Il semblait donc que le Saint d’Or de ce monde faisait de choses plus dur. Le fait qu’il ait divisé le continent ressemblait à un mensonge, mais il était vrai que le continent s’était séparé en deux, formant un nouvel océan.

Une paix longtemps recherchée s’était finalement installée sur la terre une fois que les continents s’étaient séparés.

De -4200 à -1000 ans

Le temps passa vite après cela. Le monde était en paix, mais les démons étaient chassés du continent central. Les humains étaient des gens intelligents, utilisant la diplomatie pour rassembler tous les démons sur le continent des démons.

La terre du Continent central était naturellement luxuriante et facile à vivre, tandis que celle du Continent Démon était stérile et sujette à la magie s’accumulant dans certaines régions. En plaçant l’intégralité de ces démons immondes sur le continent des démons et en le bloquant, les humains glissaient métaphoriquement une corde de soie autour de leur cou et les étranglaient avec. Tout cela avait été fait avec la coopération des autres races, dans l’espoir qu’il n’y aurait plus jamais une autre Grande Guerre Homme-Démon.

Les démons avaient probablement résisté d’une façon ou d’une autre. Après tout, ils avaient été la cible d’une attaque concertée. Mais, quelle que soit leur réaction, aucune guerre n’avait éclaté. En conséquence, ils s’étaient vite désensibilisés à la façon dont ils avaient été empêchés de quitter leur continent.

Dans cet environnement difficile, où les ressources étaient rares, la guerre civile éclata naturellement. Cela les avait transformés en guerriers féroces, mais leur nombre avait diminué.

Il y a mille ans.

Le Laplace du Dieu Démon avait vu le jour.

Dans la longue histoire des démons, il y avait beaucoup de Rois Démons et d’Empereurs Démons, mais il n’y en avait qu’un seul que les gens appelaient le Dieu Démon.

En un clin d’œil relatif, Laplace rallia les démons et conquit le continent des démons. Les comptes rendus des batailles de l’époque étaient devenus des chroniques de guerre qui avaient été transmises. Sur le continent des démons, Laplace était toujours traité comme une idole.

Laplace passa de nombreuses années à renforcer son empire, à préparer sa race à être dure et féroce.

Il y a cinq cents ans

C’était le début de la campagne militaire de Laplace.

Après de longues années passées à conquérir les gens de mer et les races bestiales, Laplace avait finalement pris d’assaut le continent central. Les humains avaient été forcés de participer à une guerre beaucoup plus brutale que toutes celles qu’ils avaient livrées auparavant.

Laplace lança son invasion par le sud, y attirant toute la puissance militaire humaine. Puis il posa ses tourbillons sur la terre, rendant impossible le passage à travers les montagnes. Après cela, il prit les humains par la tempête, attaquant avec une unité séparée du nord, dispersant ses ennemis.

En peu de temps, il avait pris le contrôle total du nord et du sud. Puis, des deux côtés, il pressa son assaut sur la région ouest.

Il y a quatre cents ans

Acculés dans un coin, les humains avaient tenté leur dernier pari. Les sept héros avaient convaincu les gens de la mer de lever leur blocus, puis étaient partis sur les mers pour le continent Millis.

Millis avait échappé à l’invasion pour de nombreuses raisons, telles que la barrière autour de Sainte Millis, sa robuste armée de saints chevaliers et la topographie qui rendait le débarquement difficile pour une grande armée. Une partie de la raison pour laquelle ils étaient si isolés était aussi due à une grande forêt qui couvrait le nord.

Maintenant alliées aux démons, les races bestiales avaient pris le contrôle de la ville sainte de Millis. Les sept héros s’étaient donc mis à les convaincre de les soutenir. Ou plutôt, les sept étaient allés à la tête de chaque clan, avaient pris leurs enfants en otage et les avaient menacés de coopérer. Dans le livre, il était écrit que les enfants coopéraient volontiers, mais je n’avais pas été trompé par une telle tournure évidente.

Puis arriva le jour de la bataille décisive. Le dernier royaume humain restant sur le continent central, le royaume d’Asura, déploya tous ses efforts pour la bataille finale. Bientôt, les sept héros arrivèrent, conduisant les saints chevaliers de Millis et les races bestiales dans un assaut sur la principale forteresse de Laplace.

Après une violente confrontation, quatre des sept héros furent morts, mais ils avaient réussi à enfermer Laplace et à détruire ses plus proches compagnons. Trois héros avaient survécu : le Roi Dragon Urupen, le Dieu du Nord Kalman et le Roi Dragon Blindé Perugius. On les appelait les Trois Tueurs légendaires du Dieu Démon, mais… ils n’avaient rien tué !

Bien que Laplace ait été vaincu, les humains étaient très épuisés par la bataille et ne pouvaient plus continuer le combat. Au lieu de cela, ils signèrent un traité avec l’un des rois-démons sur le continent des démons, un roi qui n’était pas allié avec Laplace et qui menait une faction plus modérée de démons.

Le blocus sur le continent des démons avait été levé. Les démons pouvaient maintenant voyager librement vers les autres continents. Selon les termes du traité, la discrimination raciale contre les démons était interdite. C’était comme la Déclaration universelle des droits de l’homme dans mon monde précédent.

De nos jours

La tendance profonde à la discrimination à l’encontre des démons se poursuit, mais les choses sont pour l’essentiel pacifiques.

De tout cela, j’avais compris deux ou trois choses :

Couper l’herbe sous le pied au numéro sept a été fait pour des raisons historiques. Il y avait sept héros légendaires et sept mondes. Le chiffre porte-bonheur était donc le sept. Six n’a pas de chance, puisqu’il y avait les Cinq Dragons Généraux et les Cinq Grands Rois Démons, chacun d’eux arrivant à six lorsqu’ils étaient comptés avec leurs chefs respectifs.

Les différentes races comme les elfes, les nains et les demi-espèces étaient considérées comme des sous-espèces, et elles étaient comptées parmi les démons. Il était possible qu’il s’agisse de nouvelles races qui s’étaient développées pendant la période chaotique. Ou peut-être qu’ils avaient quelque chose à voir avec les êtres qui étaient venus en premier.

Soit dit en passant, une partie de la raison pour laquelle tant de connaissances sur cette longue histoire existaient était parce que certaines espèces étaient immortelles. Ce fut le cas du Grand Démon Empereur Kishirika ainsi que de quelques autres Rois Démons. Peut-être qu’il y avait une sorte de magie qui les faisait vivre éternellement.

◇ ◇ ◇

En apprenant l’histoire de ce monde, j’avais aussi trouvé des informations sur les autres langues qui existaient ici. Les plus couramment utilisés étaient :

La langue humaine : utilisée sur le Continent central.

La langue du Dieu Bestial : utilisée dans la partie nord du continent Millis.

La langue du Dieu Combattant : utilisée sur le continent Begaritt.

La langue du Dieu Céleste : utilisée sur le Continent Divin.

La langue du Dieu Démon : utilisée sur le Continent Démon.

La langue du Dieu de la mer : utilisée dans toutes les mers.

Pour les distinguer, les langues avaient été nommées d’après les dieux des différentes races résidant sur différents continents. Seule la langue humaine n’utilisait pas cette convention, une décision qui pourrait provoquer la colère de leur dieu.

Les humains qui parlaient la langue humaine sur le continent central étaient divisés en trois régions : nord, ouest et sud. La langue de chaque région présentait des différences mineures par rapport aux autres, quelque chose comme la différence entre l’anglais américain et l’anglais britannique.

Ma langue maternelle était le dialecte occidental de la langue humaine. Apparemment, ce dialecte était mutuellement intelligible pour les habitants du Nord, mais dans d’autres régions, il était préférable de ne pas l’utiliser. Les hommes de la région de l’Ouest étaient considérés comme riches, et la richesse n’attirait que l’attention non désirée, parfois malheureuse.

Le continent Millis était également divisé entre nord et sud. Le nord parlait la langue de Dieu Bestial tandis que le sud parlait la langue humaine.

Quant à la mer, les gens de mer vivaient partout dans les eaux du monde. J’avais déjà entendu le terme « homme poisson », mais je ne les avais jamais vus en ville.

◇ ◇ ◇

En plus de mon revenu mensuel habituel, je fabriquais et vendais des figurines, j’aidais Philip à gérer l’embauche quotidienne de travailleurs à temps partiel et parfois je revendais des articles que j’avais achetés plusieurs mois auparavant. Avec tout cet argent gagné ici et là, j’avais réussi à gagner une petite quantité de pièces de monnaie.

Malheureusement, ce livre que je voulais avait été vendu alors que je n’y faisais pas attention. Je ne pouvais pas acheter ce qui n’était pas à vendre. J’avais commencé à penser à utiliser l’argent que j’avais économisé pour acheter autre chose. Que pourriez-vous acheter avec quatre pièces d’or? Non, je n’ai pas besoin de tout dépenser d’un coup, m’étais-je dit.

C’est alors qu’un livre écrit dans une langue que je ne connaissais pas attira mon attention. Après avoir lu l’histoire du monde et ses langues, je m’étais rappelé à quel point il était important de les apprendre.

C’est ainsi que j’avais commencé à apprendre une langue étrangère. J’avais décidé de commencer par la langue maternelle de Ghislaine, la langue du Dieu Bestial. Je voulais aussi apprendre la langue du dieu Démon. J’avais décidé d’envoyer une lettre à Roxy dans l’espoir qu’elle puisse m’apprendre, même un petit peu.

◇ ◇ ◇

Je venais d’avoir neuf ans. Cela signifiait que deux ans s’étaient écoulés depuis que j’étais devenu le tuteur d’Éris pour la première fois.

J’avais passé un an à apprendre la langue du Dieu Bestial. J’avais eu l’aide de Ghislaine, mais l’acquisition de la langue n’avait pas pris beaucoup de temps. Il n’y avait pas beaucoup de lettres à mémoriser, et tant que l’on connaissait sa grammaire, il était facile de la parler. J’étais nul en langues étrangères dans ma vie antérieure, mais ce corps semblait être bon pour se souvenir des choses.

J’allais apprendre la langue du Dieu Démon. J’avais acheté un livre bon marché sur cette langue. Le propriétaire de la librairie avait commencé la vente en me disant : « Juste pour votre information, je n’ai aucune idée de ce qui est écrit là-dedans. » Il coûtait sept pièces d’or, mais j’avais ramené le prix à six.

***

Partie 2

Trois mois passèrent. Mon étude de la langue du Dieu Démon ne progressait pas beaucoup. La traduction elle-même était difficile. En fait, pour être honnête, je n’avais aucune idée de ce qui était écrit dans ce livre. Si je connaissais au moins son titre, j’aurais peut-être pu deviner son contenu à partir du contexte et m’y frayer un chemin. Mais je ne les connaissais pas, et comme je ne connaissais pas la langue, j’avais abandonné.

La raison pour laquelle la langue du Dieu Bestial avait été si facile à apprendre pour moi était en partie grâce à Ghislaine, et en partie parce que le livre que j’utilisais racontait l’histoire d’un des héros de la race Bestiale la Légende de Perugius. C’était une histoire parallèle, mais tant que j’avais la légende de Perugius avec moi, je pouvais facilement choisir mon vocabulaire.

Pour le livre dans la langue du Dieu Démon, je n’en avais aucune idée. Comment les archéologues avaient-ils réussi à déchiffrer les langues ? Ils avaient commencé par le vocabulaire, pensai-je. D’abord, ils avaient cherché des mots de vocabulaire similaires, puis ils avaient commencé à émettre des hypothèses sur le sens de ces mots. Probablement.

Quoi qu’il en soit, je n’avais aucune idée de ce que c’était que du vocabulaire. Je n’en ai aucune idée.

Alors que je ne savais plus quoi faire, la réponse de Roxy arriva enfin. Je n’avais rien reçu depuis plus d’un an. Je commençais à me demander si quelque chose était arrivé à ma lettre ou si elle ne résidait plus au Palais Royal de Shirone. Mais enfin, je reçus une réponse.

« Heheh... »

J’étais assez content d’avoir reçu une lettre de Roxy. J’espérais qu’elle allait bien. Je m’étais retenu en prenant la lettre de la bonne. Une lettre ? C’était plutôt un petit paquet. Une boîte en bois assez lourde. Pas si grosse que ça, mais au moins de la taille d’un annuaire téléphonique.

À l’intérieur de la boîte, il y avait une lettre et un gros livre. Le livre n’avait pas de titre, mais la couverture était faite de peau d’animal. C’était comme un annuaire téléphonique avec une veste dessus.

J’avais décidé de commencer par la lettre. Je l’avais senti avant de l’ouvrir, et c’était presque comme si j’avais inhalé le parfum de Roxy.

Au Seigneur Rudeus,

J’ai bien reçu ta lettre.

Je suis sûre que tu as beaucoup grandi en si peu de temps. J’ai eu la mâchoire brisée quand j’ai lu que tu étais devenu le tuteur de la petite-fille du seigneur de Fittoa. Si tu veux savoir, j’ai échoué à l’entretien pour ce boulot. Tu dois avoir de puissantes connexions pour avoir atterri là-dedans.

Si je n’étais pas la tutrice du fils du roi, je serais jalouse. Pourtant, tu as même fait connaissance avec l’épéiste-Roi Ghislaine, dont tu es devenu l’élève. L’épéiste-Roi Ghislaine est très célèbre. Après tout, c’est la quatrième personne la plus forte dans le style du Dieu de l’épée.

Ahh, où est passé l’enfant de cinq ans qui me regardait pendant que je prenais mon bain ? Tu es si distant maintenant.

Maintenant, passons aux choses sérieuses. Tu as dit que tu voulais apprendre la langue du Dieu Démon, n’est-ce pas ? Chaque sous-race possède une magie unique inconnue des humains. Je doute qu’il reste de la littérature, mais si tu as appris la langue, tu pourrais visiter les établissements de cette sous-race et te faire enseigner. Bien sûr, c’est SI tu établis d’abord un bon rapport avec eux. Ce serait impossible pour un magicien moyen, mais peut-être pas pour toi.

C’est avec ces grandes attentes que j’ai créé ce manuel pour toi. Je l’ai écrit moi-même. Cela m’a pris beaucoup de temps, alors j’espère que tu l’utiliseras et le garderas précieusement et que tu ne le vendras pas et que tu ne le jetteras pas. Si je le vois en vente dans un magasin, je risque de pleurer.

En parlant de magasins, le prince s’est faufilé hors du château l’autre jour et a acheté une petite statuette qui me ressemble. La robe est détachable, et même les imperfections de sa peau sont parfaitement placées. Effrayant. Peut-être que je vais être maudite. Je ne sais pas à quoi m’attendre, mais… tant que rien ne se passe, je t’enverrai cette lettre.

Roxy.

P.S. — Tu seras reconnu parmi les aventuriers en tant que magicien si tu portes un bâton.

Je vois.

D’abord, le fait que j’ai jeté un coup d’œil à son bain était un malentendu. Je ne regardais pas, j’avais juste jeté un coup d’œil par hasard. Ce n’était qu’une pure coïncidence. Je le pensais vraiment. Je connaissais le moment où elle se douchait, mais je n’avais regardé que par hasard. Il m’était arrivé de faire des promenades délibérées dans la maison, mais le moment où c’était arrivé était un pur accident !

Cela mis à part, Ghislaine était-elle vraiment la quatrième personne la plus forte dans le style du Dieu de l’épée? Il y avait le rang Divin, le rang Impérial et le rang Roi… Attends, quoi ?

Ah, peut-être qu’il y avait deux personnes de rang Impérial. Ça voulait dire qu’il n’y avait qu’une seule personne de rang Roi ? J’avais entendu dire que la plupart des combattants à l’épée dans le monde utilisaient le style du Dieu de l’épée, j’avais pensé alors qu’il y aurait une dizaine de personnes avec une compétence de rang Roi, mais c’était peut-être plus difficile à réaliser que je le pensais.

De plus, il semblerait que la figurine Roxy que j’ai faite ait accidentellement trouvé son chemin jusqu’à son élève. Ce prince avait bon goût.

Plus important encore, le livre inclus dans son envoi était quelque chose qu’elle avait écrit elle-même. Je ne savais pas quand ma lettre lui était parvenue, mais elle avait dû écrire ce livre en moins de six mois. Elle avait travaillé si dur pour l’écrire pour moi, donc j’étais sûr que ce sera l’instrument qui déchiffrera la langue du Dieu Démon. Je ferais de mon mieux pour y parvenir.

Dans cet esprit, je m’étais assis et j’avais ouvert le livre. C’était comme si une barre m’était apparue au-dessus de la tête qui disait, EN COURS DE LECTURE.

« Wôw, c’est incroyable. »

Je ne pouvais pas cacher ma surprise quand je regardais à l’intérieur. C’était un manuel, mais c’était aussi un dictionnaire. Il y avait des traductions pour chaque mot dans la langue du Dieu Démon.

Roxy avait très probablement pris un dictionnaire du palais royal et avait copié tous les mots. Elle avait couvert le vocabulaire, les tournures spécifiques des phrases, et même décrit la prononciation en détail.

Ce n’était que la première des surprises.

Dans la seconde moitié du livre, elle avait aussi écrit ce qu’elle savait sur les différentes races de démons. Les descriptions de chaque race étaient accompagnées de son commentaire personnel. Ne fais pas ça avec cette race, ne fais pas ça avec cette autre race. Il y avait même des illustrations (mal dessinées) annotées avec les traits particuliers de chacune des races.

Il y avait une partie particulièrement longue, s’étendant sur cinq pages, c’était celle qui décrivait la race des Migurd dans les moindres détails. Cela m’avait fait plaisir de penser qu’elle l’avait fait parce qu’elle voulait vraiment que j’en sache plus sur elle et son peuple.

Les gens de la race des Migurd avaient tendance à aimer les choses douces, écrit-elle. Je me demandais si c’était vrai. Si c’était le cas, je voulais lui préparer quelque chose de sucré la prochaine fois que nous nous rencontrerons.

Cela dit, le fait qu’elle ait écrit tout cela en moins d’un an m’avait donné l’impression que je n’étais rien comparé à elle. Si on se revoyait, je devrais lui embrasser les pieds.

Cela mis à part, ce livre était le meilleur manuel que j’aurais pu demander. Mes notes n’avaient pas été particulièrement bonnes dans ma vie antérieure, mais j’étais incroyablement doué pour apprendre des choses dans celle-ci. J’étais sûr qu’en six mois, je pourrais parfaitement maîtriser le contenu de ce livre. Au minimum, je voulais être capable de maîtriser la conversation de base. Il était temps de mettre mon nez dans le guidon.

◇ ◇ ◇

Ghislaine

Rudeus s’était enfermé dans sa chambre. Il préparait encore quelque chose. Il avait l’habitude de surprendre Ghislaine comme ça parfois. Quand elle l’avait rencontré pour la première fois, elle pensait que ce n’était qu’un enfant et qu’il n’était pas du tout fiable. Elle pensait que Paul était un parent trop sûr de lui et trop fier quand il lui avait confié de force son enfant.

Ghislaine était redevable envers Paul. Elle n’avait d’autre sentiment pour lui qu’un sentiment d’obligation. Face à la possibilité que Rudeus ne soit pas nommé tuteur d’Éris, elle avait tout de même prévu de lui proposer de rester ici.

Finalement, il avait gagné la confiance d’Éris en un temps record et s’était assuré une place de tuteur dans la maison.

Le kidnapping était quelque chose qu’il avait proposé. Ghislaine avait entendu dire que le majordome avait profité de la situation par cupidité, mais quand elle arriva sur les lieux pour aider Rudeus et Éris, il combattait déjà les deux personnes embauchées par le majordome sur un pied d’égalité.

Il avait réussi à manipuler deux écoles de magie différentes dans un style de combat unique, bien qu’imparfait, qui avait submergé son adversaire, un épéiste de niveau avancé du style du Dieu du Nord. Il avait baissé la garde à la fin, peut-être parce qu’il était encore enfant, mais son instinct de combat était génial pour quelqu’un de son âge. Même pour Ghislaine, lancer une bataille contre un adversaire à plus d’une centaine de mètres de distance signifierait probablement la défaite.

Au-delà de son instinct de combat, il avait été exceptionnel dans l’organisation de leçons efficaces et faciles à suivre pour Éris. Ghislaine n’avait jamais pensé qu’elle serait capable d’apprendre à lire, à écrire, à compter ou à recevoir une baguette. Elle, la nuisible du village, qui avait été confiée à un épéiste errant avant même ses dix ans. Elle qui s’était détournée des groupes d’aventuriers alors qu’elle était devenue une épéiste de rang Saint. Et quand elle avait finalement réussi à en rejoindre un, un homme pas trop brillant et frivole lui avait dit sans cesse qu’elle avait des muscles à la place du cerveau. Il ne fallait donc pas perdre de temps à réfléchir. Que diraient ces personnes si elle rentrait chez elle maintenant ? Rien que d’y penser, elle avait failli sourire.

Ghislaine n’aurait jamais pensé qu’un jour, en pensant aux gens de son village, elle se sentirait triomphante. Et tout cela grâce au travail exceptionnel d’un garçon qui aurait le même âge que son fils si elle en avait eu un.

Après la dissolution de son groupe, Ghislaine s’était fait arnaquer presque tous les jours. L’escroquerie l’avait laissée sans le sou, mais la discipline stricte que son maître lui avait inculquée pour qu’elle ne touche pas aux biens des autres l’empêchait de se tourner vers le vol. Elle était au bord de la famine. C’est alors que Sauros et Éris l’avaient accueillie.

Ghislaine rendait à Rudeus le même respect qu’elle leur avait rendu. Si elle allait jusqu’à l’appeler « maître », son maître de l’épée s’enflammerait probablement.

« Ne t’avise pas de me mettre, moi et ce gosse, sur le même plan ! »

C’était probablement mieux de l’appeler professeur à la place.

Et Rudeus méritait le respect pour ses talents d’enseignant. Il était vraiment patient quand il lui enseignait l’arithmétique et la magie. Ghislaine faisait de son mieux, mais elle n’était pas douée pour apprendre de nouvelles choses. Elle faisait les mêmes erreurs encore et encore. Malgré cela, Rudeus ne montrait jamais la moindre gêne lorsqu’il lui expliquait les choses avec soin. Il changeait sa formulation à chaque fois pour l’aider à mieux comprendre.

Grâce à ses efforts, Ghislaine avait maîtrisé en deux ans les bases de la magie du feu et de l’eau. Et maintenant, selon le programme d’études de Rudeus, elle n’allait pas passer à des sorts de niveau intermédiaire, mais plutôt à l’apprentissage du lancement d’invocation silencieuse.

C’était une bonne logique, si elle pouvait maîtriser cela, elle pourrait utiliser la magie même lorsque ses deux mains étaient occupées. Elle comprenait cette logique et travaillait d’arrache-pied pour y parvenir. Certes, travailler dur à quelque chose ne signifiait pas nécessairement qu’elle y parviendrait.

Le maître de l’épée de Ghislaine, qui était un épéiste de niveau Divin, lui prêchait toujours la même logique. Il disait des choses comme : « En d’autres termes, la logique est la base ». Son style de jeu d’épée, cultivé pendant de nombreuses années, était fondé sur la rationalité. La jeune Ghislaine détestait la simplicité des fondamentaux, alors son maître s’était donné beaucoup de mal pour les lui mettre dans le crâne. Elle avait été forcée de les pratiquer à plusieurs reprises.

***

Partie 3

Le style d’enseignement de Rudeus était très similaire. Quand il n’était pas là, Éris se plaignait souvent : « Je veux utiliser de la magie plus sophistiquée. » Mais Ghislaine était d’accord avec ce qui se passait. Dans une vraie bataille, le combattant le plus fiable n’était pas le magicien avancé qui mettait une éternité à jeter un sort puissant. C’était le magicien qui pouvait s’adapter à la situation et qui maîtrisait parfaitement la magie de base et de niveau intermédiaire.

Dans le passé, elle pensait que les magiciens étaient complètement inutiles au combat. Mais après avoir vu Rudeus se battre, Ghislaine avait changé d’avis. Un adversaire qui se déplaçait rapidement tout en utilisant la magie offensive pour restreindre les mouvements de son adversaire serait un ennemi redoutable pour n’importe quel combattant épéiste.

Elle avait entendu dire que son seul vrai rival dans son village était Paul. Paul, qui était immature, et qui combattait Rudeus sans se retenir. Si cela avait permis à Rudeus d’acquérir la capacité de se déplacer stratégiquement dans un combat à l’épée… alors c’était une heureuse coïncidence.

Donc, Paul était quand même bon pour quelque chose. Mais s’il avait fait un faux pas, Rudeus aurait peut-être cessé de se battre et aurait gaspillé son potentiel. Rudeus avait dû hériter de ce refus de démissionner de son père.

Ghislaine avait finalement voulu lui apprendre une technique pour vaincre Paul. Malheureusement, Rudeus n’avait aucun talent pour le style de Dieu de l’épée. Il avait tout chamboulé. Il avait pris les fondements logiques du style, avait essayé de les exécuter encore plus logiquement, mais au final, les résultats étaient complètement illogiques.

Ce n’était pas une mauvaise chose, vu sa personnalité. Il utilisait probablement la magie comme base de son jeu d’épée. Ce n’était cependant pas approprié dans le style du Dieu de l’épée, où un seul pas décidait de tout, et où une bataille se terminait en une fraction de seconde après le croisement des épées. Il était plus adapté au style de Dieu du Nord ou au style de Dieu de l’Eau, mais il semblerait que Paul ne lui avait pas non plus enseigné cela. Malheureusement, Ghislaine ne connaissait que le style du Dieu de l’épée. Elle ne pouvait pas lui apprendre elle-même, mais elle connaissait quelqu’un qui le pouvait. S’il voulait encore apprendre le maniement de l’épée dans trois ans, elle le présenterait à quelqu’un qui utilisait le style de Dieu du Nord.

Pour l’instant, elle ne pouvait que continuer à lui enseigner les fondements du style du Dieu de l’épée. S’il les maîtrisait, il verrait une amélioration rapide quand il commencera à apprendre le style du Dieu du Nord. S’il voulait toujours apprendre le maniement de l’épée d’ici là, bien sûr.

Il semblait actuellement dans une impasse avec la magie puisqu’il n’avait aucun maître qui lui enseigne, mais il deviendra sûrement un magicien accompli un jour. Rudeus n’atteindra peut-être jamais le niveau Divin, ce qui semblait un exploit presque inhumain, mais il pourrait atteindre le niveau Impérial.

Ghislaine se demandait comment le guider. Roxy, sa professeur de magie, s’était sûrement débattue avec la même question. Elle trouvait un peu pathétique que la fille ait fui le problème, mais Ghislaine ne pouvait pas en vouloir à Roxy d’avoir fait ça. En fait, elle devrait probablement remercier Roxy. Après tout, c’était grâce aux instructions par procuration de Roxy que Ghislaine avait elle-même appris à utiliser la magie.

Apprendre d’un stupide professeur ne faisait que bloquer un élève. Elle pourrait goûter à cette amertume tout en apprenant à quelqu’un d’autre l’épée un jour.

Ses pensées s’étaient détournées. Ah, oui. Elle se demandait ce que Rudeus faisait dans cette pièce. Contrairement à la Jeune Maîtresse, qui semblait débordée par le temps libre que lui offrait sa journée de congé, Rudeus mettait toujours ses doigts dans quelque chose de nouveau. Assez récemment, il était venu dans la chambre de Ghislaine après le dîner, un livre à la main, lui disant qu’il voulait apprendre la langue du Dieu Bestial.

Elle n’était pas sûre de ce qu’il avait l’intention de faire avec une langue qui n’était utilisée que dans un grand village forestier, mais il avait passé les six mois suivants à l’apprendre. La langue du Dieu Bestial n’avait pas d’expressions difficiles en elle, donc il pouvait probablement s’engager dans une conversation quotidienne couramment.

« Maintenant, je peux aller au grand village de la forêt quand je veux », dit-il par la suite. Sans montrer la moindre trace de joie dans son expression.

Et qu’envisageait-il de faire dans un endroit si isolé ? Il s’était énervé quand Ghislaine le lui avait demandé.

« Hein ? Rien de particulier… Oh, il pourrait y avoir de jolies filles là-bas. Avec des oreilles de chat. »

Cela l’avait convaincue. Il était à tous les coups le fils de Paul et avait très certainement hérité du sang des Greyrat.

Sa certitude venait du fait que tous les membres de la famille Greyrat semblaient la regarder avec un regard étrange dans les yeux. S’ils la reluquaient parce qu’elle était une femme, ça ne l’aurait pas autant dérangée. Leurs regards étaient bizarres. D’autres hommes pourraient regarder ses seins. Ils regarderaient d’abord son visage, puis prétendraient regarder ailleurs alors qu’ils reluquaient sa poitrine. Après cela, ils descendaient plus bas, jusqu’à son ventre, puis son entrejambe, puis ses cuisses. Quand ils étaient derrière elle, elle savait qu’ils mataient ses fesses.

Les hommes Greyrat, cependant, étaient différents. Au début, Ghislaine pensait que c’était la même chose, qu’ils regarderaient son visage et ses fesses. C’était bien, tant qu’ils n’attendaient rien de plus. Mis à part Paul et ses goûts bizarres.

Mais elle réalisa que leurs yeux se concentraient sur des endroits étranges. Pas sur son visage, mais juste au-dessus. Ce n’était pas vraiment ses fesses qu’ils regardaient non plus. Elle découvrit qu’ils fixaient ses oreilles et sa queue. Éris, Sauros et Philip étaient tous pareils. Avant d’aller chercher Rudeus chez lui, Ghislaine lui avait demandé, pour la première fois, pourquoi ils continuaient à fixer ses oreilles.

Quand elle l’avait fait, Philip répondit, sans avoir l’air du tout déconcerté.

« Parce que la famille Boreas aime les races bestiales. »

Il fixait ses oreilles tout en le disant.

Rudeus, lui a-t-on dit, était un cas différent. Bien qu’il n’ait pas hérité du noble nom de Notos, il faisait toujours partie de la famille.

« En tant que fils de Paul, je ne doute pas qu’il partage l’affection de son père pour les femmes », ajouta Philip.

Ghislaine n’en doutait pas à l’époque. Cependant, quand elle l’avait rencontré, Rudeus était un tel gentleman, il était difficile de croire qu’il était le fils de Paul. Contrairement à son père, il travaillait extrêmement dur, il était très sérieux dans ses études et faisait preuve d’une grande maîtrise de soi quand il s’agissait de sexe… Eh bien, il était peut-être trop tôt pour le dire pour cette dernière partie. Mais elle le soupçonnait de ne pas être l’enfant de Paul.

Elle avait depuis révisé cette position. Il n’y avait aucun doute là-dessus : Rudeus Greyrat était le fils biologique de Paul.

« Alors, tu es vraiment le fils de Paul. On ne peut pas se contenter de femmes de la même race, hein ? »

« Je plaisantais, c’est tout. S’il te plaît, ne le dis pas comme ça. »

Ce n’était pas qu’une blague. Ce garçon allait un jour devenir un coureur de jupons.

Dernièrement, une étincelle avait commencé à se former dans les yeux de Lady Éris quand elle regarda Rudeus. Ghislaine était peut-être ignorante dans les affaires amoureuses, mais même elle pouvait le voir. Éris ressemblait à Zenith quand elle commença à tomber amoureuse de Paul.

Rudeus avait apparemment commencé à apprendre la langue du Dieu Démon dernièrement. D’abord la langue du Dieu Bestial, maintenant la langue du Dieu Démon. À l’avenir, il semble probable qu’il parte à la recherche de toutes les femmes du monde.

Paul avait dit une fois quelque chose de semblable, à propos d’un voyage à travers tout le Continent central pour pouvoir se créer un harem. Il avait abandonné cela sur le continent Millis quand Zenith l’avait attrapé, mais peut-être que Rudeus avait-il hérité de cette idée ? Honnêtement, quel couple père-fils sans valeur… !

Non. Ghislaine respectait Rudeus. Ce n’était pas un mensonge. Paul était le seul qu’elle méprisait. Rudeus pouvait avoir montré des aperçus de la même disposition, mais il n’avait pas encore agi sur elle. Pour l’instant.

C’était un garçon digne de respect. Oui. Au moins pour l’instant.

« Qu’est-ce qui ne va pas, Ghislaine ? »

Éris apparut devant elle alors qu’elle était perdue dans ses pensées.

Éris avait beaucoup grandi ces deux dernières années. Ghislaine l’avait rencontrée pour la première fois il y a cinq ans. À cette époque, Eris se prenait pour une petite fille totalement désespérée et égoïste. Lors de sa première leçon d’épée avec Éris, Ghislaine l’avait entraînée jusqu’à ce qu’elle puisse à peine se lever. Puis, la nuit, Éris vint à Ghislaine avec une épée de bois. Ghislaine y mit rapidement fin en retournant la situation, mais pendant des mois, le regard ardent d’Éris suivit Ghislaine, attendant que Ghislaine baisse sa garde.

Ghislaine était elle-même une enfant pénible, alors elle avait un faible pour Éris. Après tout, elle était comme ça quand elle était plus jeune.

Au début, Éris se plaignait toujours de telle ou telle choses pendant l’entraînement. Cette situation s’était finalement atténuée récemment. Et après son anniversaire l’an dernier, Éris arrêta de crier et de souiller ses vêtements. Plutôt que de l’attribuer à ses leçons d’étiquette, Ghislaine avait tendance à penser que c’était parce qu’Éris voulait être belle devant Rudeus.

Peut-être qu’il avait dit quelque chose à Éris pour son anniversaire. Quelque chose qu’il avait appris de Paul, Ghislaine était sûre, c’était le genre de mots qui allait faire battre le cœur d’une femme.

Maintenant que j’y pense, Éris a passé la nuit dans la chambre de Rudeus. Serait-ce possible... Non, ce n’est pas possible, les deux sont encore beaucoup trop jeunes. Pourtant, Ghislaine ne serait pas surprise s’ils devenaient mariés un de ces jours. Il n’y avait pas beaucoup d’hommes qui pourraient s’occuper d’Éris.

« Je pensais à Rudeus. »

« Hmm, comment ça se fait ? »

Éris inclina la tête, une nuance de jalousie dans les yeux.

Ne t’inquiète pas, je ne vais pas te le voler, pensa Ghislaine

« Je me demandais pourquoi il essayait d’apprendre la langue du Continent Démon ? »

« Il l’a déjà expliqué avant. »

Il l’a fait ? Ghislaine pensait prêter attention à ses leçons, mais elle n’avait aucune idée de ce qui l’avait poussé à s’intéresser soudainement aux langues étrangères.

« Quelle était donc la raison ? »

« Ça pourrait être utile un jour », avait-elle dit.

C’est vrai, il avait dit la même chose lorsqu’ils se promenaient dans les magasins et qu’il écrivait les noms et les prix des différentes marchandises. Est-ce que cela s’était avéré utile ?

Maintenant que Ghislaine y pensait, le voleur de son groupe, il y a longtemps, connaissait très bien la valeur marchande des produits consommables. Une fois, ce voleur avait trouvé un magasin avec des remèdes de guérison qui valaient la moitié du prix habituel et proposa que le groupe les achète en vrac, pour ensuite découvrir que les marchandises étaient toutes de qualité inférieure. C’était un souvenir désagréable.

Si vous ne connaissiez pas la valeur marchande des marchandises, on pourrait vous vendre des marchandises de mauvaise qualité deux ou trois fois le prix sans même le savoir. À l’époque, Ghislaine avait dit à Rudeus qu’elle ne comprenait pas son raisonnement, mais avec le recul, cela semblait être une bonne idée.

Grâce aux leçons d’arithmétique de Rudeus, elle ne serait plus trompée par les charlatans. Mais il était toujours possible qu’elle puisse être trompée si un propriétaire de magasin trafiquait les prix au départ. Elle ne pouvait pas devenir commerçante simplement parce qu’elle avait appris quelques compétences en mathématiques, mais ces compétences avaient certainement de nombreuses utilisations.

« Oublie Rudeus pour l’instant. Tu peux penser à lui tant que tu veux et tu ne le comprendras pas. Plus important, Ghislaine, si tu es libre, accompagne-moi pour faire un entraînement à l’épée. »

Elle s’était vraiment consacrée à l’épée dernièrement. Ghislaine ne savait pas pourquoi, mais peut-être ressentait-elle une certaine pression. Rudeus avait neuf ans. Éris avait le même âge quand ils s’étaient rencontrés pour la première fois. Il était clair qu’il était beaucoup plus mature maintenant qu’Éris l’avait été à cet âge. Non seulement dans la lecture, l’écriture, l’arithmétique et la magie, mais aussi dans ses aptitudes sociales et ses talents de conversation. Il manquait peut-être d’étiquette, mais il avait des manières. Il était poli comme un commerçant, et avait aussi le sens de l’humour. Il y avait une lueur de malice qui le faisait paraître beaucoup plus âgé que ses neuf ans. Si vous ne communiquiez avec lui que par écrit, vous le croiriez probablement s’il disait qu’il avait quarante ans.

C’était apparemment une arnaque populaire dans le Royaume des Dragons. Un bandit alphabétisé faisait semblant d’être le fils d’une famille noble et écrivait une lettre à la fille d’une autre famille noble. Ils passaient des semaines à gagner sa confiance, puis à l’attirer hors des limites de sa maison. Puis ils la capturaient et la vendaient à des esclavagistes.

Peut-être qu’Éris voulait battre Rudeus dans un domaine. Et si ce domaine était l’épée, Ghislaine était plus qu’heureuse d’aider.

« Très bien, Éris. Dans la cour. »

« D’accord ! »

Elle hocha la tête avec enthousiasme.

Si Éris continuait à s’entraîner sérieusement, elle pourrait un jour surpasser Ghislaine. À l’heure actuelle, son niveau de compétence n’était qu’au niveau intermédiaire, mais après trois ans de travail sur les fondations, son potentiel commençait à se manifester. Ses pas étaient aiguisés, rapides. Son esprit combatif commençait à animer ses mouvements. Si elle apprenait à s’en servir consciemment, elle atteindrait certainement le niveau Avancé dans le style du Dieu de l’épée. Si elle le maîtrisait complètement, elle pourrait peut-être atteindre le rang Saint.

Cet avenir n’était sûrement pas très loin. Ghislaine ne savait pas à quel point Éris allait progresser, mais si elle parvenait à atteindre le rang Saint alors que Ghislaine l’enseignait encore, alors Ghislaine laisserait Éris rencontrer son maître. Si possible, Ghislaine emmènerait Rudeus.

Ghislaine se demandait comment son maître réagirait à cela. Elle attendait cela avec impatience.

◇ ◇ ◇

NOM : Éris B. Greyrat

OCCUPATION : Petite-fille du seigneur féodal de Fittoa.

PERSONNALITÉ : Un peu, violente

FAIS : écoute proprement

LECTURE/ÉCRITURE : Améliore son écriture également

ARITHMÉTIQUE : Encore mauvaise en division

MAGIE : Ne peux pas faire de sorts sans les chanter

ESCRIME : Style du Dieu de l’épée — Niveau intermédiaire

ETIQUETTE : Peu imiter les manières des jeunes filles

LES GENS QU’ELLE APPRÉCIE : Grand-père, Ghislaine, Rudeus

***

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Laisser un commentaire