Mushoku Tensei (LN) – Tome 11 – Chapitre 2 – Partie 1

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Chapitre 2 : La bonne et l’élève du pensionnat

Partie 1

Cet après-midi, j’étais rentré avec Norn et Aisha de l’Université de Magie.

Elles avaient toutes deux passé un test écrit standard. C’était un examen général, donné à la plupart des étudiants potentiels, quel que soit leur âge. Certaines sections couvraient divers sujets académiques, tandis que d’autres couvraient les six disciplines fondamentales de la magie. Cela ne ressemblait pas du tout à l’examen que j’avais passé, mais c’était normal.

En tout cas, Aisha avait réussi son examen.

Le Royaume de Ranoa avait des différences culturelles fondamentales avec Millis. J’étais presque sûr que le programme scolaire qu’ils enseignaient à leurs enfants était au moins un peu différent. Et pourtant, Aisha avait obtenu un score parfait au premier test qu’elle avait passé dans ce pays.

Je devais admettre que j’étais impressionné. Jenius, lui aussi, avait été tellement choqué de voir une enfant de dix ans réussir aussi bien qu’il avait proposé de l’admettre comme élève spéciale, sous certaines conditions. Mais, bien sûr, ce n’était pas ce que j’avais promis à ma sœur.

« Très bien, alors. J’ai tenu ma part du marché ! Je suis maintenant officiellement ta servante, Rudeus ! », annonça triomphalement Aisha quand nous étions entrés dans la maison.

« Veux-tu donc vraiment devenir la servante de la famille ? Même si tu fais partie de la famille ? »

« Non, non. Je suis ta servante, pas celle de la famille ! »

Donc son but était… d’être la servante personnelle de son frère. Ça me semblait un peu bizarre, mais je ne pouvais pas vraiment revenir sur ma décision.

« Bon, d’accord. Dans ce cas, euh… assure-toi de faire ce que je te dis à partir de maintenant, ok ? »

« Mais bien sûr ! Je suis à votre disposition, Maître ! »

C’était plutôt agréable d’entendre une fille m’appeler ainsi pour une fois, bien plus que Zanoba. Si cela avait été dit par une autre personne que ma petite sœur, j’aurais probablement été excité.

Mettons de côté le fait que j’étais actuellement un homme marié.

« Cela dit, gardons l’esprit ouvert pour ton avenir. Si tu as envie d’étudier quelque chose, fais-le-moi savoir. », avais-je dit

« Eh bien, je suis sûre qu’il y a quelque chose que je dois encore apprendre. Peut-être auriez-vous l’amabilité de m’enseigner personnellement, jeune maître… »

Mettant un doigt sur ses lèvres, Aisha me regarda en clignant des yeux.

J’avais compris ce qu’elle voulait dire, mais j’avais décidé qu’il était plus facile de faire la sourde oreille. Si la gamine me demandait un jour de lui apprendre à faire des bébés, je devrais la faire asseoir et lui donner un cours complet d’éducation sexuelle. Sans aucune démonstration pratique, bien sûr.

« Au fait, il y a une raison pour laquelle tu m’appelles “maître” tout d’un coup ? »

« Eh bien, je vais être votre serviteur à partir de maintenant, monsieur. Il est tout à fait naturel que je m’adresse à vous de manière appropriée. »

Oh, génial. Maintenant, elle était de retour au langage formel ridicule.

« Pour être honnête, je préférais quand tu m’appelles simplement Rudeus. On ne peut pas s’en tenir à ça ? »

« Je suis terriblement désolée, mais je dois maintenir au moins un semblant de professionnalisme. »

La gamine avait un vocabulaire solide. Pas étonnant qu’elle ait si bien réussi ce test.

Pas la peine d’insister pour l’instant. Sylphie pourrait me regarder un peu bizarrement pendant un moment, mais je sentais qu’Aisha avait gagné le droit de faire ce qu’elle voulait.

« Très bien. Assure-toi de consulter Sylphie avant d’accepter un quelconque travail pour toi, compris ? »

« Bien sûr. Ma mère m’a tout appris sur les devoirs d’une femme de chambre, je vous l’assure. Laissez-moi m’occuper de tout. »

Pliant ses mains devant elle, Aisha s’était inclinée profondément devant moi. Apparemment, j’avais maintenant une petite sœur servante. Je devais admettre que ces mots avaient une résonance étrangement puissante…

Ils sonnaient mieux que « gouvernante » ou « marginale », en tout cas. C’est probablement comme ça qu’ils l’auraient appelée au Japon.

Les résultats de Norn étaient tout à fait ordinaires.

D’après ce que Jenius m’avait dit, elle avait obtenu un score légèrement inférieur à la moyenne pour son âge. Pour être juste, la gamine avait passé une année entière à voyager jusqu’à cette ville, et puis je lui avais fait passer un test avant même qu’elle ait eu le temps de s’orienter. Elle aurait probablement fait beaucoup mieux si j’avais organisé quelques séances de tutorat avant. En d’autres termes, elle s’était bien débrouillée… sauf si on la comparait avec Aisha.

Je n’avais pas vu la nécessité de trop en faire dans ce domaine. Nous devions simplement l’aider à s’améliorer petit à petit. Elle ne sera peut-être jamais la première de sa classe, mais quelle importance ? Tant qu’elle apprenait les compétences de base dont elle avait besoin pour agir dans la société, c’était suffisant pour moi. Il n’était pas nécessaire de sortir du lot pour vivre une vie heureuse et épanouie.

« As-tu une idée de ce que tu aimerais étudier, Norn ? », avais-je demandé.

Ma sœur n’avait pas répondu. Elle avait de nouveau baissé la tête, faisant une légère moue en évitant mon regard. Elle n’avait pas du tout l’air de s’intéresser à moi. J’avais espéré pouvoir briser la glace entre nous, mais je ne savais pas par où commencer.

« Je ne pense pas connaître toutes les options possibles de mémoire. Mais je pense qu’on commence généralement par deux ou trois années de cours généraux avant de devoir choisir une spécialité. L’Université a beaucoup de cours d’introduction intéressants, alors peut-être que tu peux en essayer quelques-uns et voir si tu aimes un sujet ? Oh, et si rien ne t’intéresse particulièrement, tu peux toujours choisir la magie de guérison. Te rappelles-tu que notre mère était aussi une guérisseuse ? Il n’y a pas beaucoup de guérisseurs dans ces régions, tu pourrais donc facilement trouver un emploi une fois diplômée. », avais-je dit.

Norn ne répondant à rien de ce que je disais, j’avais donc fini par jacasser pendant un bon moment dans cette veine. Finalement, j’avais remarqué qu’elle me regardait avec une expression qui suggérait qu’elle voulait parler. J’avais fermé ma bouche et j’avais attendu.

« Je pense que je veux essayer de vivre dans les dortoirs là-bas. »

Sa voix était tendue et anxieuse, mais elle avait réussi à sortir les mots. J’avais pris un moment pour réfléchir à ce qu’elle avait dit.

« Les dortoirs, hein… ? »

Il aurait été facile de refuser catégoriquement, mais j’avais résisté à cette impulsion. Il lui avait manifestement fallu beaucoup de courage pour aborder ce sujet.

Ma première réaction avait été de penser qu’elle était trop jeune. Les filles de dix ans ne se lançaient généralement pas seules. Cependant, vivre dans les résidences universitaires n’était pas tout à fait la même chose que de louer son propre logement. De plus, vous aviez presque toujours un colocataire.

Norn ne connaissait presque personne dans cette ville, et elle n’avait pas d’amis ici. Si elle vivait dans les dortoirs, cela pourrait changer rapidement. Son âge pourrait être légèrement problématique à cet égard, mais l’université était ouverte aux étudiants de tous âges. Je savais pertinemment qu’il y avait des enfants encore plus jeunes qu’elle qui y vivaient. Les dortoirs étaient un environnement sûr avec des règles assez claires que tout le monde devait suivre. Même un enfant de l’âge de Norn pouvait y vivre confortablement, du moins en théorie.

J’aurais personnellement aimé apprendre à mieux connaître ma sœur en vivant avec elle. Mais d’après ce que j’avais vu, la forcer à rester dans le coin ne ferait que renforcer son ressentiment envers moi.

Dans ma vie précédente, j’avais passé de nombreuses années en étant enfermé. J’avais refusé de m’engager avec le reste du monde, m’enfermant dans ma chambre à la place. Pendant un certain temps, ma famille avait essayé toutes sortes de stratagèmes pour m’atteindre. Ils m’avaient tenté avec des cadeaux coûteux, m’avaient acheté de la nourriture délicieuse et avaient parlé de mon avenir sur un ton optimiste. Mais cela ne faisait que m’éloigner encore plus d’eux à chaque fois. J’avais l’impression qu’ils me considéraient comme un animal à dresser, plutôt que comme un être humain.

Je ne voulais pas que Norn se sente comme ça. Je ne voulais pas qu’elle se sente piégée ici. Je ne voulais pas que nous soyons tous les deux sur les nerfs chaque jour, essayant de lire les humeurs et les pensées de l’autre.

Peut-être que ce serait mieux pour moi de garder un œil sur elle à distance. Si elle trouvait un endroit où elle se sentait un peu plus à l’aise, il serait peut-être plus facile pour nous de nous voir clairement.

Il y avait aussi le truc d’Aisha à considérer. Elle avait tendance à être condescendante avec sa sœur. Je l’avais prévenue de faire attention, mais elle ne semblait même pas consciente qu’elle le faisait la moitié du temps. Corriger cela allait être un projet à long terme. Tant qu’elle vivrait dans cette maison, Norn serait constamment exposée au mépris de sa sœur. Et elle me verrait, le frère qu’elle méprisait, tous les jours.

En plus de tout cela, Aisha et moi avions tous deux des talents naturels inhabituels. Je ne me voyais pas comme un magicien de classe mondiale, mais la plupart des gens me considéraient comme très doué.

Il était difficile de grandir « normalement » dans une maison où vos frères et sœurs étaient exceptionnels. Je l’avais déjà vécu dans ma vie précédente.

Dans le pire des cas, je pouvais aller jusqu’à imaginer que Norn s’enfuirait de la maison un jour. Et je savais à quel point cela pouvait mal tourner, surtout pour une jeune fille. Un bâtard malade pourrait la récupérer et commencer à exiger des faveurs ou autre. Comparée à ça, elle serait bien mieux dans un dortoir sécurisé maintenant.

Sylphie avait aussi passé beaucoup de temps dans ces dortoirs. Elle revenait ici une nuit sur trois, mais entre ces visites, elle restait avec la princesse Ariel. Si quelque chose arrivait, elle était là pour aider Norn, et heureusement, Norn semblait l’apprécier. Peut-être qu’elles s’étaient ouvertes l’une à l’autre dans le bain la première nuit ou quelque chose comme ça.

Plus j’y pensais, plus ça me semblait être une bonne idée.

Dix ans, c’est un jeune âge pour vivre dans un dortoir… mais l’expérience pourrait être bonne pour elle. Elle devra apprendre à se socialiser et à coopérer avec d’autres enfants de son âge.

« OK, Norn. Si c’est ce que tu veux, je pense que je peux l’arranger. Je vais soumettre la demande pour toi. »

« Attends, quoi ?! Pourquoi la laisses-tu faire ce qu’elle veut ? Elle n’a même pas eu une bonne note ! », s’écria Aisha, la bouche béante d’incrédulité.

Où étaient donc passés tous ces discours sur le professionnalisme ? Ça avait dû lui échapper à un moment donné au cours des cinq dernières minutes.

« Aisha, je… »

« J’ai travaillé très dur pour ça, Rudeus ! Ce n’est pas juste ! »

Je pouvais comprendre où Aisha voulait en venir. De son point de vue, j’avais l’air de faire du favoritisme avec Norn. En ce qui concernait Aisha, elle avait gagné le droit de faire ce qu’elle voulait en obtenant une note parfaite à son test. Je devais supposer qu’elle avait fait beaucoup d’études secrètes au cours de la semaine dernière pour y arriver.

Norn, d’un autre côté, n’avait pas fait grand-chose, mais j’avais déjà décidé de lui donner ce qu’elle voulait. Cela avait dû sembler manifestement injuste.

Qu’avaient dit mes parents dans ma vie antérieure quand je faisais des histoires pour ce genre de choses ? Je ne me souvenais pas exactement, mais j’avais l’impression que c’était surtout des variations sur « Tu feras ce qu’on te dit » ou « Nous savons ce qui est le mieux pour toi, jeune homme ».

Ces mots m’avaient-ils déjà satisfait ? Eh bien, non.

Est-ce que l’approche sévère marcherait sur Aisha, alors ? Non. Probablement pas.

C’était vraiment une enfant très intelligente. Si j’expliquais mon raisonnement en détail, elle pourrait comprendre… peut-être ? Si j’avais de la chance ?

Ça ne pouvait pas faire de mal d’essayer d’en parler.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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