Mushoku Tensei (LN) – Tome 11 – Chapitre 14 – Partie 3

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Chapitre 14 : Guerriers du désert

Partie 3

Grâce à la capacité avancée d’éclaireur de Balibadom, nous avions pu détecter la première embuscade sur notre chemin bien à l’avance. Les groupes de personnes n’étaient pas aussi faciles à détecter avec son œil de démon, mais il avait réussi à les repérer à l’ancienne. Nous avions fait un long détour pour quitter la route et contourner le danger. Il y avait peu de gens qui acceptaient de traverser une crotte de chien qu’ils avaient remarquée devant eux, non ? Il était tout à fait naturel de la contourner.

Il s’était avéré que c’était une erreur.

Peut-être que Balibadom avait été repéré par l’ennemi pendant son expédition de reconnaissance, et qu’ils l’avaient suivi jusqu’à nous. Peut-être qu’il n’avait vu qu’une petite partie des forces des bandits, et que notre détour nous avait menés à leur armée principale.

Quoi qu’il en soit, nous avions été attaqués.

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C’était arrivé juste après que nous ayons mis une distance de sécurité entre nous et l’embuscade. Tout le monde commençait à respirer un peu plus facilement.

Et puis quelque chose siffla dans l’air.

Tout d’un coup, Tont avait une flèche dans la poitrine. Il tomba sur le sol.

Ne comprenant pas ce qui se passait, j’avais commencé à me précipiter, avec l’intention de lancer un sort de guérison. Mais Elinalise m’attrapa par le col et me tira en arrière.

Alors qu’elle faisait cela, une autre flèche frappa le chameau à côté duquel se tenait Tont.

« Courez ! Nous sommes attaqués ! Ils arrivent de l’ouest ! », cria Balibadom.

J’avais enfin compris que nous étions en grand danger et que nous devions fuir pour sauver nos vies. Elinalise me relâcha. Galban et les chameaux étaient déjà en train de sprinter désespérément en avant. Je les avais suivis, courant aussi vite que je le pouvais.

Il y avait un groupe d’hommes à cheval sur une colline à notre gauche, et ils nous chargeaient. Ils étaient à cheval, et nous étions à pied. Ils portaient tous un turban jaune sable identique.

« Monsieur, nous devons laisser les chameaux ! Ils nous laisseront peut-être partir si on leur donne tout ! »

« Aucune chance ! »

« Vous êtes suicidaire, ou juste un idiot ?! »

« Protégez ma cargaison, bon sang ! C’est pour ça que je vous ai engagés ! »

« Ce n’est pas possible ! Ils sont trop nombreux ! »

Alors que Balibadom et Galban s’engueulaient, notre chameau blessé trébucha maladroitement. Au moment où j’avais compris qu’il avait la bave aux lèvres, celui-ci tituba sur le côté et s’effondra.

Un frisson d’effroi me parcourut l’échine. Ces flèches étaient empoisonnées.

« Tch ! Ils viennent aussi de l’arrière ! »

Un autre groupe de cavaliers fonçait sur nous par-derrière, et les archers sur la colline préparaient leur prochaine volée. La plupart de leurs tirs n’arrivaient pas jusqu’à nous, mais quelques-uns pouvaient vraiment faire voler leurs flèches aussi loin. De temps en temps, une flèche s’approchait dangereusement de nous.

Il devait y avoir une cinquantaine de personnes. Non, une centaine. Et ce n’était que ceux que nous pouvions voir.

Le mot bandits m’avait bien trompé. C’était une armée que nous affrontions.

« … »

Le cœur martelant dans ma poitrine, j’avais essayé d’analyser la situation. Nous étions attaqués sur le flanc et à l’arrière. A tout du moins, il n’y avait pas d’ennemis directement devant nous. C’était là que nous devions fuir.

« Rudeus ! », cria Elinalise.

« Bien. Je vais utiliser Bourbier et Brouillard Profond. »

Ces sorts m’étaient venus à l’esprit immédiatement. Rien d’autre ne pouvait fonctionner ici.

« D’accord, très bien ! Fais-le ! »

Je m’étais retourné et j’avais invoqué le plus grand bourbier que j’avais pu créer. Je n’avais pas pris la peine de le rendre trop profond. Il fallait juste que ça fasse trébucher les chevaux.

« Balibadom ! Je vais nous couvrir de brouillard ! Continuez à courir droit devant vous ! »

« Quoi ? ! Euh… D’accord ! »

« Brouillard profond ! »

En invoquant une énorme quantité d’humidité dans une large gamme tout autour de nous, j’avais effectivement couvert la zone d’un épais linceul blanc de brume. On avait presque l’impression d’être à l’intérieur dans une sorte de nuage. Peu importe le talent de leurs archers, ils n’arriveraient pas à tirer sur nous maintenant.

Mais une fraction de seconde après que cette pensée m’ait traversé l’esprit, une flèche percuta le sol à quelques mètres devant moi.

« Gah ! »

Surpris, j’avais failli tomber en arrière, mais Elinalise me rattrapa avant que je ne touche le sol.

« Tout va bien, Rudeus ! Ils ont un archer brillant, mais il ne nous frappera plus ! »

Quoi ? Elle disait que c’était la même personne qui avait tué le Tont et le chameau ? Comment le savait-elle ?

Ça n’avait cependant pas d’importance. La brume était de notre côté maintenant.

« Allez, cours ! »

J’avais hoché la tête en tremblant et je m’étais mis en route. Il n’allait pas pouvoir nous viser à nouveau. Il n’allait pas me frapper. Ce n’était tout simplement pas possible. J’étais invincible !

Et merde ! J’aurais dû demander à Sylphie un porte-bonheur ou autre chose ! J’aurais peut-être pu prendre mon souvenir de notre première nuit ensemble dans le sanctuaire…

« Merde, ils nous rattrapent ! Dégaine ton épée, Carmelita ! »

Le cri de Balibadom me ramena à la réalité. En écoutant attentivement, j’entendais le bruit de sabots qui se rapprochaient de nous par-derrière. Certains des cavaliers avaient dû faire une embardée pour contourner mon bourbier. Et malgré le brouillard que j’avais créé, ils n’avaient qu’à charger directement dans la direction où ils s’étaient déplacés.

Nous étions face à des combattants montés ici. La cavalerie avait certes quelques faiblesses, mais sa vitesse était une arme mortelle en soi.

J’avais vu au moins cinquante cavaliers se précipiter vers nous : combien avaient réussi à passer mon sort ? Vingt ? Trente ? Je ne voulais pas essayer de combattre un groupe aussi important à bout portant.

« Je vais les ralentir ! Continuez à courir, tout le monde ! Mur de terre ! »

J’avais invoqué un mur épais de deux mètres derrière nous sans ralentir mon allure. Un cheval au galop ne pouvait pas s’arrêter soudainement. Dans ce brouillard, beaucoup d’entre eux le percuteraient probablement. Même s’ils se rendaient compte de sa présence, ils devraient ralentir et le contourner.

« Haah…haah… »

Il n’y avait plus de flèches qui tombaient tout autour de nous, mais je courais toujours comme si ma vie en dépendait. Toutes les quelques secondes, je faisais une pause pour invoquer un nouveau mur derrière nous.

En fuyant, je pensais à Tont, qui avait pris une flèche dans la poitrine au tout début de l’embuscade. L’avions-nous laissé mourir ?

Non. Il était de toute façon fichu. Cette flèche l’avait touché au cœur, et elle était empoisonnée. Même avec la magie de guérison avancée, c’était probablement une blessure mortelle. Et le plus important encore, c’était qu’il n’y avait aucune chance que nous puissions nous arrêter pour l’aider.

En serrant les dents, je m’étais concentré pour courir aussi vite que possible.

Je ne savais pas combien de temps nous avions couru, mais j’avais eu l’impression que ça faisait au moins deux heures. Probablement plus. Finalement, Balibadom regarda derrière nous et cria : « Je pense que nous les avons semés ». Tout le monde s’était alors arrêté en titubant.

« Haah…haah… »

J’étais évidemment épuisé et trempé de sueur. Mais toutes mes courses du matin n’avaient pas été vaines. J’aurais pu continuer si j’avais dû le faire.

Les trois guerriers du groupe n’avaient même pas eu à reprendre leur souffle. Ce truc d’aura de combat était vraiment injuste.

« Gaaah…haaah… Gweeeh… »

Galban s’était effondré sur le sol, le visage pâle comme un linge. Même pour un voyageur chevronné qui avait passé des années sur la route, courir pendant deux heures d’affilée n’était pas une chose aisée. Au moins, je n’étais pas le seul.

Nous n’avions perdu qu’un seul chameau dans le raid. Et aussi un garde du corps.

Pauvre Tont. Si j’avais pu arracher la flèche tout de suite et prendre le temps de lancer des sorts de guérison et de désintoxication, il aurait pu survivre. Peut-être que la flèche ne l’avait pas frappé en plein cœur. J’aurais probablement essayé de le sauver, si Elinalise ne m’avait pas attrapé par le col. Mais si je m’étais arrêté pour me concentrer sur lui, je n’aurais pas pu m’enfuir à temps. La flèche suivante m’aurait probablement atteint.

Elinalise avait eu raison de m’éloigner. Son expérience du combat m’avait probablement sauvé la vie. Même si je n’avais hésité que quelques secondes, cela aurait pu m’être fatal.

« … »

En regardant autour du groupe, j’avais remarqué que Carmelita me regardait fixement. Avais-je fait quelque chose pour la contrarier là-bas ? Rien ne m’était venu à l’esprit.

Pendant l’embuscade, elle avait été positionnée derrière moi, à l’arrière du groupe. Peut-être avait-elle été blessée à un moment donné et elle avait besoin de soins. Il ne semblait pourtant pas que des flèches l’aient touchée.

Tout à coup, elle s’était approchée de moi et m’avait attrapé par le devant de ma robe.

« Pourquoi ? ! Pourquoi ne les as-tu pas tués ? ! Tu aurais pu ! J’ai vu ta magie ! »

« Qu… »

Qu’est-ce qu’elle disait ? Elle s’attendait à ce que je tue tout ce groupe de bandits ?

Ça semblait fou. Mais après un moment, j’avais réalisé que je n’avais jamais pensé à tenter cette approche.

« Arrête, crétine ! »

« Tu l’as vu aussi, n’est-ce pas ? Il faisait s’enfoncer les chevaux dans le sol ! Il les faisait foncer dans les murs ! Il a rendu tout brumeux ! »

« Tu n’y penses pas, bon sang ! Utilise ton cerveau pour une fois ! »

« Tais-toi ! S’il avait utilisé sa magie, nous aurions pu venger Tont ! »

« Ils étaient trop nombreux, petite ! Je suis sûr que c’était le groupe de Harimaf là-bas. Il y en avait plus derrière ces collines ! »

« Mais-ah ! »

Elinalise s’était interposée entre Carmelita et moi. Elle avait appuyé son bouclier contre la guerrière et avait posé une main sur la rapière à sa taille.

« Tu n’es pas d’accord avec la façon dont nous avons géré ça ? », dit-elle.

« Quoi… ? »

« Rudeus a agi de manière appropriée, étant donné la situation. Nous étions largement en infériorité numérique et face à une force inconnue. Pire, ils nous lançaient des flèches empoisonnées. Il a arrêté leur cavalerie avec son bourbier, aveuglé leurs archers avec la brume, et nous a donné le temps de nous échapper avec ses murs. Il est la seule raison pour laquelle nous sommes en vie. Nous avons perdu un homme et un seul chameau, mais nous nous sommes échappés. Aurais-tu préféré rester debout et te battre ? Nous serions morts comme des idiots, et ils auraient tout pris. »

Les mots ne signifiaient rien pour Carmelita, puisqu’Elinalise parlait en langue humaine. Pourtant, le ton glacial de sa voix rendait sa signification assez claire. Il était rare qu’Elinalise parle de manière aussi agressive à quelqu’un, surtout à un allié.

Elle avait raison à propos de leur nombre brut. J’avais vu au moins cinquante bandits, mais ils devaient être une centaine ou plus. Et comme Balibadom l’avait fait remarquer, ils pouvaient en avoir plus en réserve.

Aurais-je pu tuer une force de cette taille à moi tout seul ? C’était difficile à dire. Mais je pouvais utiliser la magie de rang Saint et probablement assez de mana pour l’utiliser de façon répétée pendant un certain temps.

Après avoir arrêté la cavalerie avec un bourbier, j’aurais pu rapidement lancer un sort à large portée et décimer les archers. J’aurais pu faire tomber les cavaliers de leurs chevaux avec un souffle de vent, puis les rôtir avec la magie du feu. C’était théoriquement possible.

Mais je n’étais pas sûr que cela aurait marché. Pour ce que j’en savais, ces bandits avaient l’expérience du combat contre les mages. Si un seul archer avait survécu, une flèche empoisonnée aurait pu m’atteindre. Certains des cavaliers auraient pu se glisser dans mon bourbier et nous abattre. Et si ça s’était transformé en mêlée, je n’aurais pas pu lancer mes sorts sans tuer mes alliés.

Elinalise était au courant de tout cela. C’était pour cela qu’elle prenait mon parti avec tant de fermeté.

« Et pour rappel, » poursuit-elle, « nous sommes des gardes du corps, pas des soldats mercenaires. Nous n’avons pas signé pour combattre une armée entière à nous seuls. »

« … »

« Y a-t-il une raison pour laquelle tu me regardes toujours avec insistance ? Tu veux te battre, c’est ça ? Quel enfant têtue ! Je vais te laisser faire, si tu insistes. »

Perdant finalement patience, Elinalise dégaina sa rapière. Carmelita s’empressa de prendre son épée. Mais avant que les choses ne puissent aller plus loin, Balibadom s’était interposé entre elles.

« Arrêtez, toutes les deux. Écoutez, c’est vraiment malheureux pour Tont, mais Quagmire a fait le bon choix. Le seul qui voulait se battre, c’était toi, crétine. Tu es vraiment bête parfois, tu sais ça ? »

« … Tais-toi. »

Avec un fort grognement, Carmelita recula. Elle se dirigea vers l’endroit où les chameaux se reposaient, s’accroupit à côté d’eux et enfouit son visage dans ses genoux.

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Un commentaire :

  1. Merci pour le chapitre

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