Mushoku Tensei (LN) – Tome 11 – Chapitre 14 – Partie 2

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Chapitre 14 : Guerriers du désert

Partie 2

Et d’après ce que j’en avais vu, leur style de combat semblait également être unique.

« L’épée de ta femme est cependant beaucoup trop fine. Tu ne peux rien tuer avec ça. »

« Tu pourrais en fait être assez surpris. C’est un objet magique, et elle sait s’en servir. Je l’ai vue découper des Gryphons. Oh, et juste pour que tu le saches, ce n’est pas vraiment ma femme. On est juste des amis qui vont à Rapan ensemble. »

« Mais tu couches avec elle, oui ? Quand une Succube vient ? »

« Euh, non. Je connais un peu la magie de la désintoxication, donc je l’utilise juste… »

« Quand une succube vient, les hommes sont excités. Les femmes couchent avec eux. C’est comme ça que ça se passe, dans le désert. »

« Oh ? »

Carmelita continua à expliquer le lien entre les Succubes et le fonctionnement des bandes de guerriers dans le désert, en ayant l’air plutôt fière d’elle.

De nos jours, on pouvait trouver des Succubes sur tout le continent. L’espèce était à l’origine de la région sud-ouest, et leur nombre était relativement faible, mais lors de la guerre d’il y a quatre cents ans, Laplace les avait délibérément encouragées à se reproduire. Cela faisait partie de son plan pour briser la résistance obstinée des guerriers Begaritt.

Les succubes étaient mortelles pour les hommes. Leurs phéromones pouvaient neutraliser même les vétérans les plus déterminés. Je pouvais attester de cette partie personnellement. Si deux d’entre elles venaient à moi en même temps, ou si une apparaissait juste devant moi, je n’étais pas du tout sûr de survivre.

Une fois touchés par les phéromones d’une Succube, les hommes étaient réduits à l’état d’esclaves irréfléchis. Mais une Succube ne pouvait ramener qu’un certain nombre de victimes dans son repaire en même temps. Elles avaient donc tendance à choisir quelques morceaux de choix, laissant les autres derrière elles. Les hommes laissés derrière de cette manière se battaient ensuite entre eux jusqu’à la mort. Une fois que votre esprit était empoisonné par les phéromones, tous les autres hommes que vous voyez devenaient automatiquement vos ennemis. Franchement, cela ressemblait énormément à l’effet de statut Charme.

Pour guérir quelqu’un de cet état, il fallait soit le dissiper avec un sort de désintoxication de niveau intermédiaire, soit le laisser coucher avec une femme. Et il y a 400 ans, pratiquement personne sur ce continent ne pouvait utiliser la magie de désintoxication.

Par conséquent, de nombreux jeunes hommes vierges finirent par perdre la vie. Il n’y avait pas grand-chose à faire — ils n’avaient personne avec qui coucher. Ils étaient probablement morts en souhaitant avoir couché avec quelqu’un, même avec la Succube qui les avait condamnés. J’en compatissais presque…

Bon, revenons à notre sujet principal… Avec le temps, les guerriers du continent de Begaritt s’étaient adaptés à leur situation. Chaque groupe commença à voyager avec un certain nombre de femmes. Au début, il s’agissait souvent d’esclaves ou de prisonnières démoniaques, mais les guerriers s’étaient vite rendu compte que les non-combattantes les ralentissaient. Les femmes avaient peu d’endurance et avaient constamment besoin d’être protégées au combat.

Les guerriers avaient réfléchi à la question. Ils s’étaient creusé les méninges pendant des années et finirent par trouver une solution : ils pouvaient former les femmes pour qu’elles deviennent elles aussi des combattantes. Exactement le genre de solution que l’on pourrait attendre d’un groupe de personne de type Conan le Barbare.

Et ce fut ainsi que les femmes guerrières du continent de Begaritt virent le jour.

Actuellement, chaque groupe de combattants ou de gardes sur ce continent contenait au moins quelques femmes. Lorsque le groupe rencontrait une Succube, elles étaient chargées de la tuer puis de coucher avec les hommes pour briser le sort. Certains groupes comptaient même plus de femmes que d’hommes, car il était plus sûr d’affronter les Succubes de cette façon. Dans l’ensemble, les femmes de ce continent firent plus que leur part du combat.

Carmelita n’avait aucune objection à son rôle. Chaque fois que son groupe rencontrait une Succube, elle la tuait et couchait avec les hommes pour briser son enchantement. Bien sûr, cela entraînait parfois des grossesses, mais les guerrières l’acceptaient et rentraient fièrement chez elles quand cela arrivait. Le bébé était finalement confié aux habitants de leur village, et la guerrière retournait à ses occupations. Carmelita avait déjà elle-même donné naissance à un tel enfant.

Ces bébés étaient élevés par tout leur village, plutôt que par leurs parents. Tous étaient soignés et traités de la même manière, indépendamment de leur héritage ou de leur race. On leur apprenait à se battre dès leur enfance, et une fois qu’ils atteignaient l’adolescence physique, ils subissaient une cérémonie de passage à l’âge adulte et quittaient leur village. Lorsqu’un guerrier devenait trop vieux pour se battre, il gagnait le droit de rentrer chez lui et de se consacrer à l’éducation des générations futures.

Cependant, certains choisissaient de ne jamais rentrer chez eux, préférant passer toute leur vie à se battre. Balibadom était l’un d’entre eux.

Naturellement, il n’y avait pas de véritable concept de mariage dans ces villages. Il était difficile d’imaginer que quiconque dans cette société s’attache romantiquement à une personne en particulier.

Honnêtement, le choc culturel était réel. J’avais lu des articles sur des tribus ayant des arrangements similaires dans mon ancien monde, mais… c’était vraiment difficile à comprendre. Je n’avais même pas réussi à me convaincre que c’était sexy.

J’avais regardé Carmelita pendant un long moment, pour essayer de comprendre les choses de son point de vue.

« Je te suis reconnaissante, mais je déteste les mages. Si une Succube se montre, va voir l’autre femme. », avait-elle dit à sa manière hésitante

Pour une raison ou une autre, être rejeté sans avoir rien entamé, comme ça, me mit mal à l’aise. Je pouvais toutefois m’occuper de la Succube moi-même.

La Grande Lame Tont était un homme tranquille d’une trentaine d’années, avec une épaisse moustache, une peau brun clair et des muscles ondulants. Il n’était pas aussi grand que Balibadom, mais leurs visages se ressemblaient beaucoup. Sans la pilosité faciale, j’aurais pu facilement les confondre l’un l’autre. Nous avions un peu parlé lors de notre première garde de nuit ensemble, mais il n’était pas du genre bavard. C’était un vrai contraste avec Carmelita, qui semblait aimer parler.

Je n’avais rien de particulier à dire, mais le temps semblait passer plus lentement lorsque nous regardions l’obscurité en silence. Au bout d’un moment, j’avais essayé de le faire parler.

« Au fait, j’aime ton nom. La Grande Lame Tont. Ça sonne bien. », avais-je dit.

« Oui. La matriarche l’a choisi pour moi. »

« Oh, vraiment ? Tu n’as pas juste pris ce surnom à un moment donné ? »

« C’est la matriarche qui choisit nos seconds noms. Il en est ainsi pour tous les guerriers du désert. »

Apparemment, leurs titres n’étaient pas de simples surnoms, mais plutôt des noms de cérémonie qui leur étaient donnés par l’ancien du village le jour où ils le quittaient définitivement.

Pour ceux qui avaient une grande force, comme Carmelita, il s’agissait souvent de quelque chose comme Briseuse d’Os ou Bras-Puissant. Ceux qui avaient des yeux perçants, comme Balibadom, étaient généralement appelés Oeil-de-Lynx ou Oeil-de-Faucon. En d’autres termes, le nom d’une personne permettait généralement de déterminer son plus grand talent. Mais comme il n’y avait qu’un nombre limité de façons d’appeler quelqu’un « fort », vous rencontriez parfois un autre guerrier qui partageait votre nom.

Tont était connu sous le nom de la Grande Lame, mais son épée n’était pas exceptionnellement massive selon les normes de son peuple. C’était juste une façon de dire qu’il avait une puissance physique. Peut-être qu’il y avait un « Tue en un coup » là-bas aussi.

« Eh bien, les gens ont commencé à m’appeler Quagmire Rudeus. J’ai utilisé ce sort à chaque bataille pendant un moment. », dis-je.

« Je ne t’ai pas vu créer un bourbier une seule fois. »

« Oui, ça ne serait pas très efficace contre les monstres du coin. »

Le sort était très utile contre les monstres rampants ou marchants, mais beaucoup moins contre tout ce qui pouvait se soulever du sol, comme une Succube ou un Gryphon. Et arrêter un insecte lent et lourdement armé dans sa course ne faisait pas une grande différence.

Et de toute façon, je ne prenais pas la peine d’arrêter les monstres avant de les cibler.

« Ta magie est toujours tape-à-l’œil. Si c’est ta spécialité, j’aimerais la voir au moins une fois. »

« Eh bien, en vérité Bourbier est un sort plutôt ennuyeux… mais j’essaierai de l’utiliser un jour, si j’en ai l’occasion. »

Avec un petit signe de tête, Tont s’était tu. Apparemment, il avait épuisé sa réserve de mots à l’instant.

Au fur et à mesure que notre groupe se déplaçait vers l’est, la terre autour de nous devenait de plus en plus verte.

La ville de Kinkara se trouvait dans cette direction, et la grande jungle juste au-delà. Je trouvais un peu étrange qu’une jungle puisse exister si près d’un désert aride, mais nous n’aurions pas l’occasion de la voir cette fois-ci. Lorsque nous avions atteint un grand rocher vertical que quelqu’un avait laissé derrière lui comme point de repère, Galban changea de cap et nous avions commencé à nous diriger vers le nord.

Après trois jours de voyage dans cette direction, nous avions rencontré la route régionale principale. Elle n’était pas pavée, et encore moins activement entretenue, elle ressemblait plus au produit naturel d’innombrables voyageurs allant dans la même direction. Comparée au terrain sablonneux sur lequel nous avions voyagé, elle semblait ferme et fiable sous mes pieds. Cela me convenait parfaitement.

« Monsieur, nous pourrions rencontrer des bandits maintenant que nous sommes sur la route. Je pense qu’on s’en sortira sans problème, mais si les choses tournent mal… »

« Je te paie bien, non ? Occupe-toi juste de garder les marchandises en sécurité ! »

« … Oui. D’accord. »

Balibadom voulait clairement que Galban envisage d’abandonner la cargaison en cas d’urgence, mais l’homme n’en avait pas l’intention. Peut-être que sa marchandise était plus importante pour lui que sa vie. Ça n’avait pas beaucoup de sens pour moi, mais qui étais-je pour juger ?

« On va s’en sortir, patron ? »

« Ne perds pas ton temps à t’en faire, crétine. »

Pour une raison quelconque, Balibadom et Tont se référaient souvent à Carmelita de cette façon. Je suppose que c’était une tournure amicale de l’histoire du Briseur d’Os… ou peut-être une tournure insultante. Dans tous les cas, j’avais l’impression qu’elle me frapperait au visage si j’essayais de l’utiliser.

« Quagmire, Dragonroad, je veux que vous colliez tous les deux à Galban comme de la colle à partir de maintenant. Tont, tu es sur les chameaux. N’en laisse pas un seul s’échapper. Briseur d’Os, tu prends l’arrière. J’irai en éclaireur devant nous et donnerai le signal s’il y a quelque chose. Vous avez intérêt à ne pas le rater. »

« Compris, patron. »

« Compris. »

« Entendu. »

Assumant nos nouvelles positions, nous partions prudemment. D’après ce que j’avais entendu, les bandits du coin tendaient surtout des embuscades et attendaient que les gens tombent dessus, si on les repérait à l’avance et qu’on prenait un détour, il était possible d’éviter complètement les problèmes.

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2 commentaires :

  1. merci pour le chapitre

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