Mushoku Tensei (LN) – Tome 11 – Chapitre 1 – Partie 2

***

Chapitre 1 : Faire face aux sœurs Greyrat

Partie 2

Norn était fondamentalement une enfant ordinaire. Elle n’avait pas de forces ou de faiblesses notables au niveau scolaire. Cela la plaçait à minima bien en avance sur Éris à son âge. Dans la plupart des classes, elle se situait au milieu du peloton, ou juste un peu en dessous. Cependant, sa vie avait été sérieusement perturbée par tous ces voyages. Vu les circonstances, on pouvait dire qu’elle s’en sortait plutôt bien. Elle n’avait en tout cas pas renoncé à s’améliorer.

Il n’y avait pas d’autres messages dans la boîte. J’avais vraiment espéré quelques mots de Roxy, mais il s’agissait de lettres familiales intimes, elle s’était donc probablement abstenue par politesse.

« Très bien. Une fois que vous serez toutes les deux installées, je suppose que notre prochaine étape sera de vous faire retourner à l’école. », avais-je dit en posant les lettres.

« Quoi ?! Non ! »

Pour une raison inconnue, ce fut Aisha qui s’était immédiatement levée pour objecter. J’avais été un peu surpris par cela. Peut-être que sa dernière expérience dans le système éducatif n’avait pas été très agréable.

« Je n’ai plus rien à apprendre à l’école, Rudeus ! J’ai travaillé très dur pour pouvoir être une bonne servante pour toi ! »

« D’accord, mais… »

« Je veux être ta servante ! Tu as promis, tu te souviens ?! Regarde, j’ai toujours ce truc que tu m’as donné ! »

Défaisant sa queue de cheval, Aisha m’avait montré ce qu’elle avait utilisé pour la maintenir en place. C’était une partie du protecteur de front que je lui avais donné à l’époque. Elle avait modifié la plaque de métal protectrice pour en faire un ornement de cheveux.

Je devais admettre que ça m’avait fait plaisir de voir qu’elle avait gardé cette chose toutes ces années. Mais ça n’avait rien à voir avec le sujet du moment. Honnêtement, j’étais d’accord pour qu’elle n’aille pas à l’école si elle ne le voulait pas. Votre désir d’apprendre de nouvelles choses était plus important que le fait d’être assis dans une salle de classe toute la journée. Et si vous n’avez pas cette envie, l’école n’était qu’une perte de temps. J’étais sûr que mon passage au collège ne m’avait rien apporté.

Cela dit, la lettre de Paul m’avait clairement ordonné d’inscrire mes deux sœurs à l’école. Le concept d’éducation obligatoire n’existait pas vraiment dans ce monde, mais quand même…

« Bon, eh bien… je veux au moins que tu passes l’examen d’entrée à l’Université de la Magie. Je prendrai ma décision en fonction des résultats. »

« Hein ? Ooh, j’ai compris. D’accord ! Pas de problème ! »

Le sourire d’Aisha était plein de confiance. Elle semblait convaincue qu’elle pouvait obtenir les meilleures notes à n’importe quel test que je lui proposais. Bien sûr, si elle y arrivait, elle pouvait sans doute arrêter l’école. Et je serais en mesure de justifier ma décision à notre père.

« Norn, pourquoi tu ne passerais pas le test aussi, pendant qu’on y est ? »

Les yeux de Norn s’étaient tournés vers moi au moment où j’avais parlé, mais elle n’avait pas bougé la tête. Ça commençait à m’énerver. Est-ce que cette gamine allait me donner le traitement silencieux pour le reste de ma vie ou quoi ?

« Je pense que je pourrais vraiment échouer », avait-elle finalement murmuré après une longue pause.

C’était comme si c’était la première fois qu’elle me parlait vraiment. Ce qui n’était bien sûr pas vrai du tout, mais je me sentais quand même soulagé. Ça faisait vraiment mal d’être ignorée.

« Ne t’inquiète pas trop pour ça, Norn. N’importe qui peut entrer dans cette école s’il a assez d’argent », avais-je dit.

« Quoi… ? Je ne veux pas que tu m’achètes une place ! »

Oups. Je suppose que j’avais fait croire que j’allais la faire entrer en douce par la porte de derrière.

« Hey, Norn ! Tu ne devrais pas parler à Rudeus comme ça ! », siffla Aisha.

« Tu as entendu ce qu’il a dit, non ? Il a dit qu’il allait soudoyer quelqu’un pour me laisser entrer ! »

« Eh bien, peut-être que si tu pouvais passer un test pour sauver ta vie, il n’aurait pas besoin de le faire ! »

« Me traites-tu de stupide ?! », cria Norn en attrapant sa sœur par les cheveux.

Aisha attrapa le poignet de Norn en retour et lui donna un coup au visage. En un clin d’œil, elles se tiraient et se griffaient furieusement, mais sans trop d’efficacité.

Dans un sens, c’était presque agréable de voir un combat aussi normal entre deux enfants. C’était mieux que de voir l’une d’elles frapper l’autre à la mâchoire, puis de l’enjamber pour la battre brutalement. Cela dit, bien qu’une petite bagarre ne soit pas la pire chose au monde, celle-ci était de ma faute. Je devais intervenir.

« Arrêtez ça, vous deux. »

Les mots étaient sortis plus brusquement que je ne l’avais prévu. Les deux avaient sursauté et avaient instantanément arrêté de bouger leurs mains.

« … »

Norn avait de nouveau baissé les yeux vers le sol, son expression étant encore plus maussade qu’auparavant. Je pouvais voir des larmes s’accumuler dans ses yeux.

Nous avions clairement un petit problème ici. Elle était encore plus sensible à ce sujet que je ne le pensais.

« Laisse-moi te l’expliquer, Norn. L’université de cette ville permet à tout le monde d’y aller, quels que soient leur âge, leur race ou leurs talents… tant qu’ils peuvent payer les frais. Je ne voulais pas dire que j’allais payer quelqu’un pour te laisser entrer. »

Reniflant doucement, Norn essuya les larmes de ses yeux, mais ne répondit pas.

« Tu te souviens de ma tutrice Roxy, n’est-ce pas ? Elle est aussi venue ici. C’est une bonne école, avec beaucoup de professeurs sympas qui peuvent t’apprendre toutes sortes de choses. Tu pourrais y trouver quelque chose qui t’intéresse. »

J’avais commencé à dire qu’elle pourrait trouver quelque chose dans lequel elle était meilleur que sa sœur, mais je m’étais ravisé au milieu de la phrase. Ce n’était vraiment pas le bon moment pour les comparer.

Norn continua à regarder le sol pendant un moment, mais elle finit par parler.

« OK. Je vais le faire cet idiot de test. »

Dès que les mots étaient sortis de sa bouche, elle repoussa bruyamment sa chaise et sortit du salon.

Aisha cria dans son dos : « Norn ! On n’a pas encore fini de parler ! »

« Oh, la ferme ! »

Norn monta les escaliers en tapant du pied. Quelques secondes plus tard, une porte claqua au deuxième étage.

Cela allait… être vraiment délicat. La fille était clairement à un âge difficile, et elle avait une personnalité piquante. Je n’étais pas sûr d’être bien équipé pour la gérer.

« Honnêtement, Norn ne changera jamais. C’est tellement ennuyeux de devoir faire plaisir à des enfants boudeurs. N’es-tu pas d’accord, Rudeus ? », dit Aisha en haussant les épaules.

Nous avions aussi quelques problèmes sur ce front. Ce genre d’attitude n’allait pas vraiment aider les choses.

« Aisha… »

« Oui ? »

« Je ne veux pas que tu insultes Norn comme ça. Surtout pas à propos de ses performances à l’école. »

« Quoi ? Mais elle essaie à peine, Rudeus. », dit Aisha en faisant la moue

« Ça peut te paraître comme ça, bien sûr. Mais je pense qu’elle fait de son mieux, à sa façon. »

« … Eh bien, si tu le dis. Je vais essayer de garder mes opinions pour moi. »

C’était agréable à entendre, mais elle ne semblait pas particulièrement disposée. Tout ce que je dirais ne serait probablement pas très convaincant pour le moment. Je ne les connaissais pas très bien, et je n’avais pas la moindre idée de la façon de traiter avec des filles de dix ans.

Ça allait être un chemin semé d’embûches.

*****

En début d’après-midi, j’avais laissé mes deux sœurs à la maison et m’étais rendu à l’Université de Magie. Je m’étais dirigé vers les bureaux de la faculté, j’avais trouvé le vice-principal Jenius et j’avais rapidement expliqué la situation.

« Elles étaient toutes les deux scolarisées dans d’autres écoles auparavant, c’est ça ? Je pense qu’elles devraient donc être en mesure de suivre les cours d’introduction. Il serait préférable qu’elles passent l’examen le plus tôt possible. »

Après une petite discussion, nous avions décidé de fixer la date de l’examen dans sept jours. Elles n’auraient pas beaucoup de temps pour étudier, mais ce n’était pas vraiment un problème.

« Je dois dire que je suis plutôt excité de les rencontrer. Si ce sont vos sœurs, elles doivent être très talentueuses. », dit Jenius.

« L’une d’elles est une sorte de prodige, mais l’autre n’est qu’une fille ordinaire. »

« J’espère que vous n’êtes pas encore modeste. Je m’attendais à ce qu’elles soient toutes deux capables de lancer des sorts silencieux. »

« Non, non, rien de tout ça… »

Alors que nous nous engagions dans ce va-et-vient poli, une pensée sans rapport m’était venue à l’esprit.

« Au fait, Vice Principal Jenius, savez-vous si Badigadi est sur le campus aujourd’hui ? »

« … Le Seigneur Badigadi ? Non, je ne crois pas l’avoir vu aujourd’hui. »

« Ah. Très bien, alors. »

Pour un gars si grand et si fort, Badi pouvait être vraiment insaisissable quand il le voulait. Mais quand il décidait de faire une apparition, il était impossible de le manquer.

« Si vous avez des affaires avec lui, je pourrais lui transmettre un message… »

« Non, il n’y a rien d’urgent. J’espère juste pouvoir m’asseoir et discuter avec lui d’une de nos connaissances communes. Je pense qu’il pourrait y avoir un malentendu que je pourrais éclaircir. »

« Compris. Si je le vois, je lui en ferai part. »

J’avais remercié poliment le vice-principal pour son aide, puis j’avais poursuivi mon chemin.

J’avais l’intention de rentrer directement chez moi après, mais j’avais un peu de temps libre, alors j’étais passé voir Nanahoshi à la place. J’avais frappé à sa porte et étais entré, mais j’avais trouvé sa salle de recherche vide. C’était inhabituel à cette heure-ci. La fille était essentiellement une grabataire.

J’avais jeté un coup d’œil dans sa salle d’expérience dédiée, mais elle n’y était pas non plus. On m’avait strictement interdit d’entrer dans sa chambre, mais j’avais frappé à la porte, juste au cas où.

« Hmm ? Guhhhh… »

Un long et misérable gémissement émergea de l’intérieur. On aurait dit qu’elle était en détresse.

J’avais hésité, me demandant si je devais essayer d’entrer. Mais après un petit moment, Nanahoshi avait ouvert la porte elle-même. Son visage était d’une pâleur alarmante.

« Uh, hey. Est-ce que tu vas bien ? »

« Ma… ma tête me fait mal… je pense… que je vais être malade… »

Gah. Elle pue l’alcool.

Maintenant que j’y pensais, le fait qu’elle avait la gueule de bois n’était pas une surprise. Elle avait vraiment fait une pause la nuit dernière. Au contraire, elle avait eu de la chance de ne pas s’être empoisonnée à l’alcool.

« Viens t’asseoir une seconde, Nanahoshi. Je vais t’arranger ça. »

J’avais traîné mon amie titubante dans sa salle d’expérience, l’avais assise sur une chaise, puis avais pris sa tête entre mes mains. Après avoir lancé un sort de désintoxication de base, j’avais ajouté un peu de magie de guérison pour soulager la douleur.

« Ouf… Merci, Rudeus. Je t’en dois une. »

Secouant lentement la tête, Nanahoshi pressa ses doigts sur ses tempes. Après un moment, elle se retourna et mit le masque qu’elle avait laissé sur sa table.

Je parlais à Silent Sevenstar maintenant, apparemment.

« Quoi qu’il en soit, as-tu besoin de quelque chose de ma part ? Si c’est à propos de ta récompense, elle n’est pas encore prête. J’apprécierais que tu patient un peu. »

Ses paroles étaient toujours aussi froides, mais il y avait une pointe de gêne dans sa voix. Serait-elle l’une de ces « kuuderes » dont j’avais tant entendu parler ?

« Je n’ai besoin de rien. Mes deux petites sœurs ont débarqué chez moi tout à coup, alors je suis passé au campus pour leur faire passer l’examen d’entrée. Je me suis juste arrêté pour te voir, puisque j’étais dans le coin. », avais-je dit.

« … Tes sœurs ? Attends, ce sont tes sœurs de l’autre monde ? Ont-elles aussi été amenées ici ? »

« Nan. Ce sont mes sœurs de ce monde. Elles sont nées et ont été élevées ici. »

« Je vois. Eh bien, si elles sont tes sœurs dans ce monde, j’imagine qu’elles sont plutôt adorables, » murmura Nanahoshi pensivement tout en fixant mon visage.

« Attends, tu me complimentes sur mon apparence ou quoi ? »

« Selon les normes de notre ancien monde, tu es objectivement un bel homme. Je ne sais pas à quoi tu ressemblais de l’autre côté, mais là, tu pourrais passer pour un mannequin européen. N’es-tu pas d’accord ? »

« Euh, je suppose que oui. »

Je ne m’attendais pas à ça…

***

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

Laisser un commentaire