Mushoku Tensei (LN) – Tome 1 – Chapitre 8 – Partie 2

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Chapitre 8 : Insensible

Partie 2

« Je suis rentré ! », dis-je.

« Bonjour », ajouta Sylph.

Notre bonne, Lilia, se tenait juste à l’intérieur, nous attendant avec un grand linge à la main.

« Bon retour, jeune Maître Rudeus, et votre… ami. J’ai déjà préparé de l’eau chaude pour toi. Veuillez vous laver et vous séchez au deuxième étage afin de ne pas attraper froid. Maître et madame vont bientôt rentrer, et je dois les aider à se préparer. Pourriez-vous tout faire seul ? », demanda-t-elle

« Oui, ça va aller », lui avais-je dit.

Lilia avait dû voir la pluie battante et s’attendait à ce que je rentre à la maison trempée. C’était une femme qui parlait peu, surtout avec moi, c’était néanmoins une femme de chambre très douée. Je n’avais rien eu à expliquer. Elle avait jeté un coup d’œil au visage de Sylph, était retournée à la maison et était revenue avec un autre grand tissu pour lui.

Nous avions tous les deux enlevé nos chaussures, puis nous nous étions asséché la tête et les pieds nus avant de monter à l’étage. En entrant dans ma chambre, je vis qu’un seau rempli d’eau chaude avait été mis en place. Dans ce monde, nous n’avions pas de douches, ni même de baignoires, c’était donc de cette manière que nous devions nous laver. Selon Roxy, il y avait des sources chaudes où les gens pouvaient se baigner, mais en tant que personne qui n’aimait pas se baigner au départ, cette méthode me convenait.

Je m’étais déshabillé jusqu’à ce que je sois complètement nu, puis j’avais vu Sylph se trémousser maladroitement, son visage rougissant vivement.

« Qu’est-ce qu’il y a ? Tu dois te déshabiller ou tu vas attraper froid. », avais-je demandé.

« Hein ? Oh, ouais… »

Mais il ne bougeait toujours pas.

Avait-il si peur de se mettre à poil devant quelqu’un ? Ou peut-être qu’il ne s’était jamais déshabillé avant ? Je veux dire, il n’avait que six ans. « Très bien, lève tes deux mains. », dis-je.

« Um, OK. »

J’avais aidé Sylph à lever les mains au-dessus de sa tête, puis j’avais retiré ses vêtements mouillés, exposant sa peau d’un blanc éclatant, ainsi que son manque de musculature.

J’allais ensuite ôter ses vêtements inférieurs, mais il m’avait saisi le bras.

« N-Non, pas ça », murmura-t-il.

Était-il gêné que je le voie ? J’étais comme ça aussi, quand j’étais petit. Quand j’étais en maternelle, il fallait se mettre à poil et se doucher quand venait le temps de nager dans la piscine, mais c’était toujours un peu gênant d’être exposé à des gens du même groupe d’âge.

En tout cas, la main de Sylph était gelée. Il allait vraiment attraper un rhume si on ne se dépêchait pas. J’avais attrapé son pantalon et je l’avais arraché de force.

« H-hey, arrête ça… », dit-il en grimaçant, me frappant sur la tête alors que j’avais attrapé son ample caleçon d’enfant.

J’avais levé les yeux alors qu’il me regardait fixement, les larmes aux yeux.

« Je promets de ne pas rire », lui avais-je assuré.

« Ce n’est pas… euh ! »

Il était plutôt obstiné. Depuis tout ce temps que je le connaissais, Sylph n’avait jamais autant refusé de faire quelque chose. J’étais un peu choqué. Était-il possible que les elfes aient des règles pour ne pas être vus nus ? Si c’était le cas, essayer de le dépouiller de force était une mauvaise idée.

« D’accord, d’accord. Assure-toi juste de te changer après qu’on ait fini. Les sous-vêtements mouillés sont dégoûtants, et une fois qu’ils sont froids, tu auras des problèmes d’estomac. », lui dis-je

J’avais enlevé mes mains et Sylph m’avait fait un signe de tête. Il était en larme.

« Mmf… »

Il était si mignon. Je voulais me rapprocher encore plus de cet adorable garçon.

Et pendant que je pensais cela, mon côté espiègle s’était soudain mis en évidence. Après tout, c’était injuste que je sois le seul nu.

« Je t’ai eu ! »

J’avais saisi ses sous-vêtements avec mes mains, puis je les avais arrachés d’un seul coup. Viens à moi, Zenra Pendulum !

Sylph cria. Un instant plus tard, il s’accroupit et se recroquevilla pour cacher son corps - mais à ce moment-là, ce qui brillait devant mes yeux n’était pas la pure épée courte à laquelle je m’étais habitué récemment, ni, naturellement, une lame sombre portant des sceaux sinistres.

Non, ce qui était là — plutôt que ce qui n’était pas là — avait été remplacé par quelque chose qui n’aurait pas dû être là. C’était quelque chose que j’avais vu plusieurs fois dans ma vie antérieure, sur mon écran d’ordinateur. Parfois, il était recouvert d’une mosaïque pixelisée, d’autres fois cela n’était pas censuré. Je regardais fixement, pensant toujours à quel point je voulais voir la vraie chose un jour, finissant inévitablement par me tourner vers une poignée de mouchoirs en papier.

Et je l’avais en face de moi. C’était ce que Sylph possédait.

C’était… une femme.

Ma vision était devenue blanche. Ce que je venais de faire n’était pas du tout bien.

« Rudeus, qu’est-ce que tu fais ? »

J’étais revenu à la raison pour voir Paul debout là. Quand était-il rentré chez lui ? Était-il entré dans la pièce parce qu’il avait entendu Sylph crier ?

J’étais pétrifié. Paul fit de même. Il y avait Sylph, courbée et recroquevillée, nue et sanglotante. J’étais là, nu aussi, avec ses sous-vêtements serrés dans ma main. Il n’y avait pas moyen de m’en sortir.

Il pleuvait juste dehors, mais cela semblait si loin.

◇ ◇ ◇

Point de vue de Paul

J’étais rentré à la maison après le travail juste pour voir mon fils agresser la jeune fille avec qui il aimait toujours passer du temps.

J’avais voulu l’attaquer sur le champ, mais j’avais réussi à garder mon calme. C’était peut-être un autre cas où il y avait des circonstances dont je n’étais pas au courant. Je ne voulais pas répéter mon échec précédent. Pour l’instant, j’avais décidé de confier la fille en sanglots à ma femme et à la bonne pendant que j’aidais mon fils à se nettoyer et à se sécher.

« Pourquoi faisais-tu une chose pareille ? », avais-je demandé.

« Je suis désolé. »

Quand je l’avais grondé un an plus tôt, il semblait tout à fait réticent à s’excuser, mais maintenant les excuses étaient sorties et il était devenu tout doux, se ratatinant comme des épinards sautés.

« Je t’ai demandé une raison », avais-je demandé.

« Eh bien, ces vêtements étaient trempés. Je m’étais dit que je devrais les enlever. »

« Mais elle n’a pas aimé ça, n’est-ce pas ? »

« Non… »

« Je t’ai dit d’être gentil avec les filles, non ? »

« C’est vrai. Je suis désolé. »

Rudeus n’avait aucune excuse pour lui-même. Je me demandais si j’avais été pareil à son âge. J’avais l’impression que ce que j’aurais pu dire aurait été plein de « mais » et de « tu vois ». J’avais une excuse pour tout quand j’étais petit. Mon fils était plus honnête que ça.

« Eh bien, je suppose qu’à ton âge, il est naturel de vouloir s’en prendre aux filles, mais tu ne peux pas faire ça. »

« Je sais. Je suis désolé. Je ne le referai plus. »

Le fait de voir mon fils si déprimé m’avait fait culpabiliser. Cette affection pour les femmes venait de moi. Quand j’étais petit, j’étais plein de vigueur et de virilité juvénile, je poursuivais sans cesse les jolies filles qui attiraient mon regard. J’avais réussi à rester plus calme ces jours-ci, mais je n’avais vraiment pas pu me retenir dans le passé. J’avais peut-être transmis ça à mon fils.

Bien sûr, un intellectuel comme lui aurait du mal avec ces instincts. Comment ne l’avais-je pas remarqué ? Mais ce n’était pas le moment de sympathiser avec lui. J’avais besoin de lui donner des conseils appropriés basés sur mes expériences.

« Ne t’excuse pas auprès de moi. Tu dois t’excuser auprès de Sylphiette. Pas vrai ? », lui dis-je

« Est-ce que Sylph… iette va me pardonner ? »

« Tu ne t’excuses pas juste parce que tu espères être pardonné tout de suite. »

Mon fils avait l’air encore plus découragé. Avec le recul, il était clair qu’il s’était entiché de la fille dès le début. Tout ce tapage d’il y a un an, c’était parce qu’il avait décidé de la protéger. Et tout ce qu’il avait obtenu pour ça, c’était une claque de son père.

Même après cela, ils avaient joué ensemble presque tous les jours, mon fils la protégeant des autres enfants. Il devait suivre à la fois son entraînement à l’épée et à la magie, mais lui consacrait le plus de temps possible. Il était si proche d’elle que je crois même qu’il lui avait même proposé de lui donner sa baguette magique et son manuel de magie, qu’il appréciait plus que tout.

J’avais compris pourquoi il se sentait si déprimé à l’idée qu’elle puisse le détester maintenant.

« Hé, tout ira bien. Si tu n’as jamais été méchant avec elle avant cela, et si tes excuses viennent du cœur, je suis sûre qu’elle te pardonnera. », dis-je

Le visage de mon fils s’éclaira, ne serait-ce qu’un tout petit peu. C’était un gamin intelligent. Il s’était trompé cette fois, mais il s’en remettra assez vite. Merde, peut-être qu’il trouvera un moyen de changer complètement la situation et de gagner son cœur. C’était une perspective à la fois prometteuse et menaçante.

Rudeus sortit de la salle de bain, regarda Sylphiette et lui dit ceci :

« Je suis désolé, Sylphie. Tes cheveux sont courts, alors pendant tout ce temps j’ai cru que tu étais un garçon ! »

J’avais toujours pensé que notre fils était parfait, mais peut-être était-il bien plus bête que je ne le pensais. C’était bien la première fois que je pensais cela.

◇ ◇ ◇

Point de vue de Rudeus

Après beaucoup d’excuses, de compliments et de réconfort, j’avais réussi à me faire pardonner.

Puisqu’il s’était avéré que Sylph était une fille, j’avais décidé de l’appeler « Sylphie » à partir de maintenant. Apparemment, son nom complet était Sylphiette. Paul m’avait regardé comme s’il était abasourdi par la façon dont j’avais confondu une si jolie petite fille avec un garçon. Mais je ne m’attendais pas à ce que Sylphie devienne une fille.

Je supposais que ce n’était pas vraiment ma faute. Quand on s’était rencontrés, ses cheveux étaient plus courts que les miens. Mais il n’était pas coupé « à la mode » court ou quoi que ce soit, et ils n’étaient pas si courts qu’on aurait pu la confondre avec un moine ou quelque chose comme ça. De plus, elle n’avait jamais rien porté qui ressemblait à des vêtements de fille — juste une chemise et un pantalon ordinaires. Si elle avait porté une jupe, je n’aurais pas fait cette erreur.

OK. J’avais besoin de me calmer et de réfléchir. Elle se faisait intimider à cause de la couleur de ses cheveux. C’était peut-être pour ça qu’elle les avait coupés si court pour qu’il ne se démarque pas autant. Et si des intimidateurs s’en prenaient à elle, sa seule option était de courir aussi vite qu’elle le pouvait, ce qui expliquerait pourquoi elle portait un pantalon plutôt qu’une jupe. La famille de Sylphie n’avait pas l’air particulièrement aisée, alors après lui avoir fait un pantalon, ils ne pouvaient probablement pas se permettre de lui faire aussi une jupe.

Si je l’avais rencontrée dans trois ans, je ne l’aurais pas prise pour un garçon. J’avais seulement pensé qu’elle était un mignon garçon à cause de mes propres idées préconçues, pas parce qu’elle était androgyne ou quelque chose comme ça. Genre, si elle avait —

Non, assez avec ça. Tout ce que je dirais maintenant ne serait qu’une excuse.

Apprendre que Sylphie était une fille avait fait changer mon attitude. La voir dans son accoutrement de garçon m’avait fait sentir un peu bizarre.

« Tu es vraiment mignonne, Sylphie. Peut-être que tu devrais essayer de faire pousser tes cheveux ? », lui avais-je dit.

« Hein ? »

J’avais pensé qu’il serait plus facile pour moi de la voir sous un nouveau jour si elle changeait son apparence, d’où la suggestion. Sylphie détestait peut-être ses cheveux, mais cette couleur verte émeraude serait éblouissante à la lumière du soleil. Je voulais vraiment qu’elle essaie de les faire pousser et, si possible, de le coiffer avec des nattes ou une queue de cheval.

« Non… », dit-elle.

Depuis cet incident, Sylphie se méfiait de moi. En particulier, elle avait ostensiblement évité tout contact physique. Puisqu’elle était toujours d’accord avec tout ce que je lui proposais, j’avais été un peu choqué.

« D’accord. Veux-tu t’entraîner à faire des incantations silencieuses aujourd’hui ? »

« Bien sûr. »

J’avais forcé un sourire pour masquer mes sentiments. Sylphie était ma seule amie. Au moins, on pouvait encore jouer ensemble. Il pourrait y avoir une certaine gêne persistante, mais au moins nous traînions toujours ensemble.

Pour aujourd’hui, je m’étais dit que ce serait suffisant.

◇ ◇ ◇

Mes compétences, selon les normes de ce monde, étaient les suivantes :

L’art de l’épée

Style du Dieu de l’Épée : Débutant, Style du Dieu de l’Eau : Débutant

Magie d’attaque

Feu : avancé, Eau : Saint, Vent : avancé, Terre : avancé

Magie de guérison

Guérison : Intermédiaire, Détoxification : Débutant

La magie de guérison était divisée en sept catégories, comme d’habitude, et comprenait quatre écoles : Guérison, protection, désintoxication et toucher divin. Mais ces écoles n’avaient pas de titres à la consonance cool comme feu de niveau Saint ou eau de niveau Saint, on vous appelait simplement un lanceur de sorts de Guérison de niveau Saint, ou un lanceur de Détoxification de niveau Saint.

La magie de guérison, comme son nom l’indiquait, était utilisée pour guérir les blessures. Les débutants consacraient la plus grande partie de leurs efforts simplement à refermer les plaies, mais on disait que les gens au niveau impérial pouvaient faire repousser les membres perdus. Mais même quelqu’un du niveau Divin ne pouvait pas ramener une créature morte à la vie.

La magie désintoxiquant aidait à purger les poisons et les maladies. À des niveaux plus élevés, on pourrait créer des toxines, des antidotes artisanaux, et ainsi de suite. Les sorts qui traitaient des effets anormaux du statut étaient tous de niveau Saint ou plus élevé, et étaient apparemment assez difficiles.

La magie de protection comprenait des sorts pour augmenter ses défenses et créer des barrières. En termes simples, il s’agissait d’une forme de soutien magique. Je n’avais pas été trop clair sur les détails, mais j’avais cru comprendre que cela comprenait des choses comme l’augmentation de votre métabolisme pour guérir des blessures mineures, ou la production de produits chimiques dans le cerveau pour vous engourdir la douleur. Roxy ne pouvait pas utiliser ce genre de magie.

Les sorts de l’école touchée divins étaient apparemment très efficaces pour faire du mal aux monstres fantômes et aux méchants démons, mais de tels sorts étaient du ressort secret des guerriers prêtres humains. Même l’Université de Magie n’enseignait pas ce type de magie. Roxy ne pouvait pas non plus utiliser ce genre de sort.

Je n’avais jamais vu un fantôme avant, mais apparemment ils existaient dans ce monde ?

C’était plutôt gênant de ne pas pouvoir lancer une incantation silencieuse sans comprendre la théorie qui la sous-tend. La magie élémentaire d’attaque, par exemple, travaillait sur des principes scientifiques. Je n’étais pas sûr des principes, le cas échéant, qui s’appliquaient à d’autres types de sorts. Je savais que la magie était une sorte d’élément tout-puissant, mais je ne savais pas comment la retravailler pour en faire n’importe quoi.

Prenons l’exemple de la psychokinésie : la capacité de faire flotter des objets et de les faire venir à ma main et tout ça. Même si je pensais que c’était quelque chose qui pouvait être reproduit par magie, je n’avais aucun moyen de savoir comment reproduire l’effet, puisque je n’avais jamais eu de pouvoirs psychiques.

Dans la même veine, je me souvenais pas très bien de la façon dont les blessures guérissaient, alors je ne pensais pas pouvoir faire de la magie de guérison sans incantations. Si j’avais le savoir-faire d’un médecin, je parierais que ce serait une autre histoire.

Au-delà de cela, j’étais presque sûr de pouvoir reproduire la plupart des autres effets par le biais de sorts. Si j’avais fait du sport, j’aurais peut-être été meilleur à l’épée.

Rétrospectivement, j’avais peut-être trop gâché ma vie passée.

Non. Ce n’était pas du gaspillage. Bien sûr, je n’avais pas de travail ou d’école, mais ce n’était pas comme si j’avais passé tout mon temps à hiberner. Je m’étais plongé dans toutes sortes de jeux vidéo et de passe-temps pendant que tout le monde s’occupait avec de choses comme étudier ou travailler. Et toutes les connaissances, l’expérience et les perspectives que j’avais acquises grâce à ces jeux seraient utiles dans ce monde.

Ou, eh bien, ils devraient l’être. Parce que jusqu’à présent ils ne l’avaient pas vraiment été.

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Un commentaire :

  1. Merci pour le chapitre.

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