Mushoku Tensei (LN) – Tome 1 – Chapitre 11 – Partie 1

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Chapitre 11 : Départ

Partie 1

Un matin, peut-être un mois après avoir dit à Paul que je voulais commencer à travailler, une lettre qui lui était adressée était arrivée chez nous.

C’était probablement la réponse que j’attendais. J’avais fait de mon mieux pour me préparer à la nouvelle sans trop m’impatienter.

Il me le dirait après l’entraînement ? Au déjeuner ? Peut-être au dîner ?

Pour le moment, j’avais décidé de me concentrer sur notre entraînement à l’épée.

◇ ◇ ◇

En fait, il avait choisi d’en parler avant même que nous ayons fini de nous entraîner.

« Hey, Rudy. »

« Oui, Père ? Qu’est-ce qu’il y a ? »

En essayant de garder mon visage calme, j’attendais avec impatience les prochains mots de Paul. Ça allait être mon premier boulot… dans l’une ou l’autre vie. Je devais le mettre en avant.

Mais au lieu de me donner la bonne nouvelle à laquelle je m’attendais, Paul avait amené la conversation dans une direction étrange.

« Dis-moi quelque chose. Que ferais-tu si je te disais d’arrêter de voir Sylphie pendant un moment ? »

« Quoi ? Euh, je m’y opposerais, évidemment… »

« Très bien, très bien, je m’en doutais. »

« De quoi s’agit-il ? »

« Ah, oublie ça. Inutile d’en parler. Tu me feras tourner en rond, j’en suis sûr. »

À l’instant où ces mots avaient quitté la bouche de Paul, son expression avait changé radicalement. Soudain, une aura meurtrière sortit de ces yeux. Même un amateur comme moi pouvait sentir ce qui se passait.

« Quoi !? »

« … ! »

D’un mouvement doux et intimidant, mon père bondit en avant.

La mort se précipitait droit sur moi, froide et silencieuse.

Agissant par pur instinct, j’avais réagi avec toute ma puissance à ma disposition, utilisant simultanément la magie du feu et du vent pour créer une explosion entre-nous. J’avais sauté en arrière au moment où la vague de vent chaud m’avait frappé, laissant l’impact m’emporter plus loin.

Il se trouve que j’avais joué ce scénario dans ma tête plus d’une fois. Dans un combat contre Paul, je n’avais aucune chance à moins d’avoir mis un peu de distance entre nous au départ. L’explosion me ferait autant de mal qu’à lui, mais tant que je ne broncherais pas, ça me ferait gagner un peu d’espace.

Seulement un peu, bien sûr.

Mon père, totalement indemne, courait toujours vers l’avant, le corps au ras du sol.

Je ne lui avais rien fait du tout !

Je ne m’attendais pas à autre chose, mais c’était quand même terrifiant. J’avais besoin de faire mon prochain mouvement, et vite.

Reculer ne marcherait pas. Le gars qui courait vers l’avant serait toujours plus rapide.

Agissant sur un jugement réflexe, j’avais déclenché une onde de choc juste à côté de moi. Le coup m’avait frappé assez fort pour m’envoyer sur le côté.

Au même instant, j’avais entendu quelque chose trancher l’air près de mon oreille, et mon sang s’était refroidi. L’épée de Paul avait tranché l’espace où ma tête se trouvait une fraction de seconde plus tôt.

Eh bien. Je suppose que c’est bien…

J’avais esquivé la première attaque. C’était très important. Il était encore proche, mais j’avais mis un peu de distance entre nous. J’avais commencé à voir la possibilité que je puisse gagner ce combat.

Alors que Paul se tournait vers moi pour continuer l’attaque, j’avais jeté un sort qui avait transformé le sol devant lui en un trou. Son pied droit était tombé dans le piège.

Il avait instantanément déplacé tout le poids de son corps sur l’autre jambe et s’était libéré, ne manquant même pas un battement.

Putain ! Dois-je attraper ses deux jambes en même temps !?

Cette fois, j’avais transformé le sol autour de moi en une tourbière épaisse et humide. Avant de pouvoir m’y enfoncer, j’avais tiré un petit jet d’eau sur le sol devant moi, ce qui m’avait fait glisser sur la surface.

Quand j’avais réalisé que je n’allais pas assez vite, il était trop tard.

Paul atteignit le bord de mon petit marais et fit un grand bond en avant. La force de sa foulée avait laissé un petit cratère dans le sol.

L’homme allait m’atteindre d’un seul bond.

« Aaaaaaaah ! »

J’avais balancé mon épée dans une panique aveugle, essayant de l’intercepter. C’était une attaque laide et négligente, rien à voir avec les coups que j’avais appris.

La prise de mon épée vacillait désagréablement dans mes mains pendant que mon coup était doucement détourné. Je pouvais dire que Paul avait utilisé une défense du Style Dieu de l’Eau… vu le nombre de fois qu’il m’avait eu avec ça.

Une fois qu’un épéiste du Style du Dieu de l’Eau détourne votre coup, il vous suit toujours avec une contre-attaque. Je savais ce qui allait arriver, mais je ne pouvais rien y faire.

La lame de Paul s’était courbée vers moi pendant un moment qui avait duré une éternité.

Heureusement qu’on utilise que des épées en bois…

Un coup court et violent dans le cou m’avait instantanément assommé.

◇ ◇ ◇

Quand je m’étais réveillé, je m’étais retrouvé dans une sorte de boîte. Compte tenu de tous les bruits de balancement et de cliquetis, il s’agissait probablement d’une sorte de véhicule.

J’avais essayé de m’asseoir, mais j’avais découvert que je ne pouvais pas du tout bouger. En regardant vers le bas, j’avais réalisé que j’étais étroitement lié… avec beaucoup de corde.

Qu’est-ce qui se passe ici ?

J’avais réussi à tourner mon cou assez pour regarder autour de moi, et je vis qu’il y avait une femme avec moi. Elle avait une peau brun foncé, un corps musclé couvert de cicatrices et des vêtements en cuir qui ne laissaient pas grand-chose à l’imagination. Les traits forts de son visage, combinés au cache-œil qu’elle portait, lui donnaient un air de dur à cuire.

C’était à peu près l’image que j’avais d’une guerrière intrépide issue d’un spectacle fantastique… surtout avec ses grandes oreilles poilues et sa queue en forme de tigre.

Apparemment, sentant mes yeux sur elle, la femme me jeta un coup d’œil.

« Enchanté de vous rencontrer. Je m’appelle Rudeus Greyrat. Pardonnez mes manières, je n’arrive pas à me lever pour l’instant. », lui dis-je

Une introduction préventive semblait être la bonne chose à faire. La règle la plus élémentaire de la conversation était de commencer à parler en premier. Une fois que vous avez pris l’initiative, vous pouviez contrôler là où vont les choses.

« Pour le fils de Paul, tu es étrangement poli. »

« Il se trouve que je suis aussi le fils de ma mère. »

« Ah, c’est vrai. Je suppose que tu as du Zenith en toi aussi. »

Apparemment, elle connaissait mes deux parents. C’était un soulagement.

« Je m’appelle Ghislaine. On fera connaissance à partir de demain, petit. »

À partir de demain ? Quoi ?

« Hum, eh bien, d’accord. Enchantée, Ghislaine. »

« Oui. Moi de même. »

À ce moment-là, j’étais allé de l’avant et je brûlais les cordes autour de moi avec un peu de magie du feu.

Mon corps me faisait un mal de chien. Ce n’était pas trop surprenant, puisque je n’avais pas dormi dans un endroit des plus confortables. J’avais tendu les bras et les jambes pour avoir enfin le plaisir de me détendre. Bien sûr, j’avais passé la majeure partie de ma vie antérieure assise dans une petite pièce exiguë, ne bougeant rien d’autre que mes doigts, mais cela ne voulait pas dire que je voulais passer autant de temps allongé, attaché et impuissant aux pieds d’une vieille dame à l’air sadique. Elle était peut-être devenue un peu mal à l’aise au bout d’un moment.

Il y avait des bancs à l’avant et à l’arrière de notre petite « boîte », alors je m’étais assis en face de Ghislaine. Les fenêtres à gauche et à droite offraient une vue sur le monde extérieur, rien de ce que je voyais à l’extérieur ne me semblait familier.

OK, donc c’était à tous les coups un véhicule.

Il se balançait si vigoureusement que j’avais un peu peur d’être malade et j’entendais une sorte d’occlusion venant de la direction dans laquelle nous allions. Il semblait raisonnable de supposer qu’il s’agissait d’une calèche tirée par des chevaux.

Alors c’était donc vrai. Je faisais une balade en calèche avec une machiste, pour des raisons que je ne comprenais pas du tout.

Gah ! A-Ai-je été kidnappé par un haltérophile ? A-t-elle volé le plus mignon garçon de tout le pays pour être son esclave ?

S’il te plaît, aie pitié ! Je… Je… J’aime bien les filles musclées, oui… mais j’ai déjà promis mon cœur à Sylphie !

Attends, attends. Ce sont de mauvaises pensées.

C,c,c,calme-toi, crétin. Dans ces moments-là, un homme doit rester cool ! Compte les nombres premiers dans ta tête jusqu’à ce que tu te détendes ! Souviens-toi de ce qu’un prêtre a dit.

« Les nombres premiers sont des nombres solitaires, divisibles par un et par eux-mêmes… ils vont me donner de la force ! »

Trois. Cinq. Uhm… onze. Treize… ? Euh, euh… Je ne m’en souviens pas, bon sang !

OK, on s’en fout des nombres premiers. Calme-toi, mec. Réfléchis calmement. Tu dois comprendre ce qui se passe ici. Respire profondément. Respire profondément.

« Hooo... haaaaa... »

C’est ça, mon gars.

Maintenant, reconstituons ça du mieux qu’on le peut.

Tout d’abord, Paul m’avait attaqué sans raison apparente et m’avait frappé sans raison. Et quand je m’étais réveillé, je m’étais retrouvé dans une voiture, les mains et les pieds liés. Il m’aurait assommé pour une raison précise et m’aurait jeté ici.

La seule autre personne dans cette voiture était une machiste qui disait que nous ferions connaissance à partir de demain.

Maintenant que j’y pensais… Paul avait aussi dit quelque chose d’étrange juste avant de m’attaquer.

Quelque chose comme : « Arrête de voir Sylphie. »

Ou peut-être : « Sylphie est trop bien pour des gens comme toi. »

C’était difficile de penser clairement en ce qui concernait Sylphie. J’avais complètement déraillé en un rien de temps.

Putain de merde. Tout est de la faute de Paul…

Ah, eh bien, je suppose que je vais devoir le demander.

« Hum, mademoiselle ? »

« Tu peux m’appeler Ghislaine. »

« Oh, d’accord. Dans ce cas, tu peux m’appeler Ruru. »

« Entendu, Ruru. »

Très bien. Donc, la femme ne comprenait pas vraiment les blagues quand elle en entendait une.

« Mlle Ghislaine, mon père t’a-t-il dit ce qui se passe ici ? »

« Juste Ghislaine, petit. Pas besoin de rajouter un Mlle. »

Pendant qu’elle parlait, Ghislaine mit la main dans sa veste pour récupérer une lettre et me la remise. Le devant était complètement vide.

« C’est pour toi, de la part de Paul. Lis-le à haute voix, d’accord ? Je ne suis pas très douée pour écrire. »

« D’accord. »

En ouvrant la feuille de papier mal pliée, j’avais commencé à lire.

« À mon cher fils Rudeus. Si tu lis cette lettre, cela signifie que je ne suis plus dans ce monde. »

« Quoi, quoi !? », cria Ghislaine en sautant sur ses pieds.

Heureusement que cette voiture avait un plafond haut.

« Asseyez-vous, Ghislaine. Il y a plus encore. »

« Hm. Exact… »

Juste comme ça, elle s’était assise à nouveau.

« Désolé, je plaisante ! J’ai toujours voulu l’essayer sur quelqu’un. Bon, de toute façon. Je t’ai fait tomber dans la boue, je t’ai ligoté et je t’ai jeté dans une voiture comme un bandit qui enlève une princesse. Je suppose que tu te demandes ce qui se passe, hein ? Idéalement, la boule de muscle se trouvant à côté de toi t’expliquera tout… mais malheureusement, son cerveau a muté en un biceps supplémentaire il y a quelque temps, donc je ne pense pas que ça va marcher. »

« Qu’est-ce que c’était !? », cria Ghislaine, sautant à nouveau sur ses pieds.

« Assieds-toi, Ghislaine. La suite n’est que des compliments. »

« Hm. Exact. »

Elle s’était rassise.

D’accord, passons à la suite.

« Cette femme est une épéiste de niveau Roi. Quand il s’agit d’épée, tu ne trouveras pas de meilleur professeur dans tout Sword Sanctum. Fais confiance à ton père sur ce coup-là : elle est vraiment très douée. Je n’ai jamais eu le dessus sur elle… sauf au lit. »

Papa. S’il te plaît. Ne pouvais-tu pas laisser cette dernière partie de côté ?

Ghislaine n’avait pas l’air vraiment mécontente. Le vieil homme était certainement populaire auprès des dames.

Bref… Je voyageais manifestement avec une sacrée combattante.

« Maintenant, passons à ton travail. Tu vas donner des cours à une jeune femme à Roa, la plus grande ville de la région de Fittoa. Apprends-lui à lire, à écrire, à compter et à faire de la magie, d’accord ? C’est une gamine gâtée et violente à qui on a demandé de quitter son école, et elle a déjà chassé un certain nombre d’autres tuteurs. Mais j’ai foi en toi, fiston ! Je suis sûr que d’une façon ou d’une autre tu te débrouilleras. »

Wôw. Très utile, Paul.

« Euh… tu n’as pas l’air vraiment gâtée, Ghislaine… »

« Je ne suis pas la jeune femme en question. »

« C’est vrai. Bien sûr. »

OK, continuons d’avancer.

« Ce morceau de muscle avec toi travaille pour la famille de la jeune femme en tant que garde du corps et professeur d’escrime. En échange de t’entraîner à l’épée, elle veut que tu lui apprennes à lire, à écrire et à calculer. Je sais, c’est une demande ridicule venant d’une femme avec un biceps au cerveau, mais essaye de ne pas rire à voix haute. Elle est probablement sérieuse. »

« Ce fils de… »

Est-ce que je me faisais des idées, ou est-ce que c’était une veine qui palpitait sur le front de Ghislaine ? Le but principal de cette lettre était de m’expliquer la situation, mais le but secondaire de Paul était clairement de l’énerver. La nature de leur relation m’avait rendu curieux.

« Elle n’apprendra pas vite, j’en suis sûr, mais ce n’est pas une si mauvaise affaire. Au moins, tu n’auras pas à payer tes leçons. »

Mes leçons, hein ? C’est vrai. Je suppose que c’est ma nouvelle instructrice à partir de maintenant…

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2 commentaires :

  1. Merci pour le chapitre.

  2. amateur_d_aeroplanes

    Et dire que l’on n’a même plus le droit de mettre une fessée à son enfant en France… Paul aurait de très gros ennuis avec son comportement 😈

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