Murazukuri Game no NPC ga Namami no Ningen toshika Omoenai – Tome 3 – Section 10 – Chapitre 1

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Chapitre 1 : Le feu et la poêle

Le voyou me sourit en s’accrochant à Carol par-derrière.

Il vient vraiment de m’appeler le Dieu du Destin, non ? Je ne l’ai pas mal entendu ? Bon sang, je suis vraiment un idiot ! Il s’est approché de Carol, pas l’inverse ! Pourquoi n’ai-je pas remarqué plus tôt ?

Une chose était sûre. Ce type jouait le même jeu que moi.

« Dis-moi qui tu es », avais-je dit.

« Je suppose que tu ne me demandes pas mon nom. Écoute, tu n’as pas besoin de savoir qui je suis. Je veux juste jeter un coup d’œil à ton livre, et discuter un peu avec cette petite. »

Plus il parlait, plus je devenais confus. Qu’est-ce qu’un dieu corrompu voulait faire avec Carol et le livre saint ?

« Sais-tu au moins ce qu’est ce livre ? »

« Bien sûr que je le sais. C’est le livre sacré du Dieu du Destin. Je ne sais pourtant pas comment tu as réussi à l’amener dans le monde réel. Regarde ce que j’ai là. »

L’homme sortit alors son téléphone et me le jeta au visage.

Un livre qui ressemblait beaucoup au mien dominait l’écran. Je savais maintenant avec certitude que c’était un autre joueur.

Reste calme. Carol compte sur toi !

« Es-tu un dieu corrompu ? », avais-je demandé.

« Hé, tu es malin. Mais ne joue pas les héros, sauf si tu veux que la gamine passe le reste de sa vie avec une vilaine cicatrice sur le visage. »

Ce dernier sortit alors un canif de sa poche.

« Wôw, c’était un peu cucul, hein ? Cela fait trop méchant cliché, si tu vois ce que je veux dire. Je peux réessayer ? »

Prenait-il ça pour une blague ? En l’étudiant de plus près, je le trouvais un peu maigrichon. Je devrais avoir un avantage avec mon physique, mais il avait ce couteau.

« Essaie. Et tu verras ce que je ferai à ton visage », lui avais-je répondu.

« Quelle arrogance pour quelqu’un qui n’a pas d’armes ! »

Je n’allais pas le laisser m’intimider devant Carol. J’étais l’un des disciples du Dieu du Destin.

En parlant de Carol, elle semblait complètement calme. J’avais peur qu’elle soit effrayée, mais il se pourrait qu’elle ne comprenne pas ce qui se passait. Et c’était franchement mieux ainsi, j’étais sûr qu’elle ne se débattrait pas.

*

Et pendant que nous parlions, j’avais lentement réduit l’écart entre nous, en espérant qu’il ne le remarquerait pas. J’avais besoin d’être assez proche pour attraper le couteau et éloigner Carol de lui.

« Pourquoi as-tu besoin de Carol et du livre ? », avais-je demandé.

« Oh, tu sais. Aucune raison particulière. Ooh, ne t’approche pas trop ! Je n’aime pas les casse-cou. C’est pourquoi j’ai amené des amis avec moi. »

L’homme mit le couteau dans sa bouche et fit claquer ses doigts. Plusieurs silhouettes apparurent alors de derrière les arbres et les distributeurs automatiques autour de nous.

« Ce sont tes amis ? », dis-je en serrant les dents.

Il y avait un type rondouillard d’une vingtaine d’années, une femme dans un kimono aux couleurs vives, et un vieil homme au dos légèrement courbé avec une canne. Rien ne les reliait visiblement. Ils ressemblaient à de simples visiteurs du sanctuaire.

J’avais alors réalisé que leurs visages étaient vides de toute émotion, leurs corps se balançant doucement. C’était comme regarder une bande de zombies. Un frisson parcourut immédiatement ma colonne vertébrale.

« Qu’est-ce que tu leur as fait ? »

« Tu es vraiment futé. Restez là, les gars. »

Le trio s’était immédiatement figé à son ordre. Ils étaient si immobiles qu’on aurait dit qu’il avait arrêté le temps.

« Qu’est-ce que tu en penses ? Ce sont mes marionnettes, et elles font ce que je dis. C’est pourquoi tu devrais réfléchir avant de jouer les héros. »

Il était sérieux ? Qu’il puisse les contrôler ou non, aucun de ces trois-là n’avait l’air d’avoir toute sa tête. Comment pouvaient-ils donc comprendre ses ordres ?

« Qu’est-ce que tu as fait ? De l’hypnotisme ? Des drogues ? »

« Bon sang, on dirait que tu as lu beaucoup trop de mangas. Tu penses vraiment qu’une telle merde me permettrait de les contrôler autant ? Je rigolerais bien, mais la vérité est encore plus folle. C’est un miracle. Je peux contrôler ces types avec le pouvoir que me donne mon statut de dieu corrompu. »

« Les miracles ne fonctionnent pas dans le monde réel, abruti ! », avais-je crié.

L’homme a eu l’air interloqué pendant une fraction de seconde avant de se mettre à rire.

« Ne me dis pas que tu en es encore au niveau 1 ! Je suppose que tu ne connais pas grand-chose au jeu, hein ? »

Des niveaux ? Quoi ?

« Je ne m’attendais pas à ce que tu sois aussi drôle. Eh bien, je vais t’expliquer. J’ai toujours voulu faire un monologue de méchant. »

Il essuya ses larmes de rire et se tourna vers moi avec un sourire en coin.

Je détestais le fait qu’il se moquait de moi, mais j’étais curieux de connaître son explication. Carol était toujours silencieuse. J’espérais qu’elle pourrait tenir le coup un peu plus longtemps.

« Sache donc qu’il y a une tonne de joueurs dieux corrompus tout comme il y a des dieux normaux. Maintenant moi, je suis le Dieu de la Tentation. »

S’il y avait différents dieux corrompus, les miracles qu’ils pouvaient accomplir étaient également probablement différents.

« Je peux contrôler les gens en amplifiant leur avidité et en les tentant. C’est plus facile s’ils sont mentalement faibles, ou s’ils sont ivres ou un peu à côté de la plaque. Ces types étaient ivres à cause du saké cérémoniel, c’est pourquoi je les ai choisis. »

C’était donc de simples visiteurs du sanctuaire qui n’avaient rien à voir avec le jeu. Mon plan initial consistant à frapper toutes les personnes présentes et à ramener Carol était réduit à néant. Je ne pouvais pas risquer d’impliquer ces personnes innocentes.

Pouvions-nous vraiment utiliser les miracles dans le monde réel ? Cela semblait trop beau pour être vrai, mais je ne pouvais pas nier cette possibilité après tout ce qui m’était arrivé hier. J’avais encore une tonne de choses à apprendre sur le Village du destin.

Donc ce type utilise la cupidité des gens pour les tenter et les contrôler ? Attendez. Est-ce que ça veut dire que… Non, c’est stupide.

J’avais posé la question à voix haute sans m’en rendre vraiment compte.

« Es-tu la personne responsable de l’état de Yamamoto-san ? »

« Huh, je ne m’attendais pas à ce qu’un NEET soit capable de comprendre ça. Bon travail. J’ai juste arrangé un peu le cerveau de ce clochard avant qu’il aille chez toi. »

Il me tira la langue et me tripota le front.

La rage brûlait en moi.

« Alors tout était de ta faute. »

« Attends, reviens en arrière une seconde. Ne me regarde pas comme ça. Tout ce que j’ai fait, c’est le rendre un peu plus avide, hein ? Je lui ai juste donné un petit coup de pouce. Je ne peux rien faire avec les gens qui n’ont pas ces désirs. Tu me comprends ? »

Chaque mot m’énervait de plus en plus.

J’ai besoin de me calmer. Il tient Carol. Il attend que je lui donne une raison.

Si je perdais mon calme, il pourrait prendre le contrôle de moi. J’étais dans une situation totalement désavantageuse. Il avait Carol, un couteau et trois étrangers sous ses ordres.

J’avais pris une grande inspiration et l’avais laissé sortir lentement, refroidissant la colère qui brûlait en moi. Il était au moins vraiment prêt à parler. Il prenait cette histoire de méchant au sérieux.

« Que vas-tu donc faire de Carol et du livre ? »

« Je connais des gens qui paieront cher pour les avoir. Le livre et l’enfant. »

Son mobile était donc financier. Mais qui étaient ces gens à qui il allait le vendre ?

« Je suis le seul à pouvoir utiliser ce livre. De plus, le kidnapping et le trafic sont illégaux. »

« Je m’en fiche, du moment que ça me rapporte de l’argent. En plus, cette enfant n’appartient pas à ce monde. Rien de ce que je lui ferais ne comptera comme un crime. Elle pourrait mourir sans que personne ne le sache vraiment, car elle n’a jamais techniquement existé. »

La peur traversa le visage de Carol. Elle pouvait comprendre ce qu’il disait, parce qu’il jouait lui aussi au jeu.

« Ne parle pas d’elle comme ça. Carol est mon invitée ici ! »

« Tu t’énerves, hein ? Bon sang, je déteste les gars têtus comme toi. De toute façon, j’ai fini de parler. Donne-moi juste ce livre. Tu ne voudrais pas que cette enfant soit blessée ? », dit-il en souriant et en pointant le couteau sur moi.

« Si je te donne le livre, tu la laisseras partir ? »

« Je préférerais avoir les deux, mais si je devais en choisir un, ce serait le livre. Les gens se méfieraient en voyant un type comme moi trimballer un enfant. »

Je n’hésiterais pas à échanger le livre contre Carol, en supposant bien sûr que je puisse lui faire confiance. Le livre et son rôle dans le jeu étaient importants pour moi, mais Carol était irremplaçable.

« D’accord. »

« Tu sais comment faire, hein ? Bien. Hé, toi ! Prends-lui le livre et apporte-le-moi », ordonna l’homme à la femme en kimono.

Cette dernière s’approcha de moi, le regard vide. Elle était innocente dans tout ça, car elle avait subi un lavage de cerveau.

« Tu peux m’entendre ? »

J’avais chuchoté, mais il n’y avait aucune réponse. Le contrôle de ce type semblait être absolu. Je lui avais passé le livre, et elle l’avait apporté à l’homme.

« Merci, poupée. Alors c’est un vrai livre saint, hein ? »

L’homme l’avait étudié avec intérêt, en feuilletant les pages. Sa garde était totalement baissée, mais j’étais trop loin pour faire quoi que ce soit. Il pouvait atteindre Carol avec le couteau plus vite que je ne pouvais l’atteindre.

« Tu as le livre. Donne-moi Carol. »

Je savais qu’il y avait peu de chances qu’il accepte de faire ça. La plupart des kidnappeurs auraient une deuxième demande à ce stade, s’ils ne refusaient pas carrément de coopérer.

« Bien sûr. Je n’ai rien contre les enfants, il n’y a pas besoin de la contrarier. »

L’homme donna à Carol une légère poussée vers moi.

J’avais tort, hein ? Je suppose que je peux dire adieu au livre, mais au moins Carol est en sécurité.

« Par ici, Carol. Ne te précipite pas. Tout va bien maintenant », je l’avais appelé doucement alors qu’elle hésitait.

Mais elle n’avait pas bougé, elle regarda tantôt l’homme, tantôt moi.

« C’est un mauvais garçon, n’est-ce pas, Yoshio ? Et le livre est vraiment important. Il est important pour maman, papa et tout le monde. »

« C’est vrai, Carol, mais tu es plus importante. Ne t’inquiète pas pour ça, d’accord ? Viens ici. »

Je lui avais fait signe, mais elle ne bougea toujours pas. J’étais terrifié à l’idée que le type puisse soudainement changer d’avis.

S’il te plaît, écoute-moi, Carol.

Sans le livre, je ne pourrais plus jamais envoyer de prophéties ou faire de miracles, même si mes villageois étaient encore en vie, mais je faisais le bon choix. Aucun des villageois ne me remercierait d’avoir choisi le livre plutôt que la vie de Carole.

« Pars d’ici. Je te laisse partir. »

« Pars ici, Carole. Vite ! »

Malgré nos encouragements, Carol tint bon. Elle s’accroupit et commença à fouiller dans son sac à dos d’ours, le dos toujours tourné à l’homme.

« Carol… »

« Attends. »

Carol prit alors quelque chose dans son sac à dos et se retourna.

« Qu’est-ce que c’est ? Une sorte de poupée minable ? Bon sang, c’est-gah ! Ah ! Mes yeux ! Ma gorge ! »

L’homme commença à tousser violemment. Il tomba au sol et se tordit, s’agrippant à sa gorge et s’arrachant les yeux. J’étais trop choqué pour dire quoi que ce soit. Peu à peu, ses mouvements ralentirent avant de s’arrêter complètement. J’avais regardé attentivement son visage. Des larmes, de la morve et de la bave coulaient de chaque orifice. C’était une scène familière. La même chose était arrivée il y a quelques mois au harceleur de Sayuki, Yoshinaga, et à ses hommes.

« Yay ! »

Carol s’était retournée, serrant Destinée dans ses bras. On aurait dit qu’il me souriait, mais ça devait être mon imagination, non ?

« Tu as apporté Destinée ici, dans ton sac ? »

« Et bien, je suis désolée. Je me sentais mal de le laisser seul à la maison, et je pense qu’il voulait venir avec nous, alors je l’ai pris. »

Carol tira la langue timidement. Je devrais être en colère contre elle, mais elle nous avait sauvés.

« Ok. Eh bien, si tu le sors à nouveau, assure-toi de me le dire. Et merci vous deux. »

J’avais couru vers eux et les avais pris dans mes bras.

J’aurais vraiment souhaité que tout soit fini, mais je savais que ce n’était pas le cas. Les trois personnes que l’homme contrôlait s’étaient également effondrées et avaient perdu connaissance. Si je les laissais ici, j’aurais des problèmes quand l’homme reviendrait à lui. J’avais déplacé les trois innocents sur le banc et j’avais mis l’homme sur mon dos.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre.

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