Murazukuri Game no NPC ga Namami no Ningen toshika Omoenai – Tome 3 – Section 9 – Chapitre 3

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Chapitre 3 : Nouvelle année, nouveau départ

Carol apprécia sa première dégustation de soba. Elle débarrassa ensuite son assiette, puis commença à avoir l’air fatiguée. Je l’avais alors mise dans la chambre d’amis afin qu’elle se repose.

« Penses-tu que tu puisses dormir sur ce futon-um, lit ? »

« Oui ! C’est tellement moelleux ! Et si blanc et joli ! Puis-je vraiment m’allonger dessus ? »

Carol tripota nerveusement les draps et la couverture. Comparés aux lits grossiers qu’ils avaient dans la grotte, ceux-ci devaient sembler presque trop propres et frais. Ils faisaient évidemment la lessive au village, mais leurs draps étaient faits de matériaux différents et beaucoup plus usés. C’était un peu comme comparer vos draps à la maison et ceux d’un hôtel cinq étoiles.

« Bien sûr que tu peux dormir dessus. Fais comme chez toi. »

« OK. Je suis contente que tu sois gentil, Yoshio. Um… Maman, Papa et Gams vont tous bien, hein ? »

Carol leva les yeux vers moi en s’allongeant timidement sur le futon. Elle semblait effrayée, comme si le sourire qu’elle avait arboré toute la journée n’était qu’un visage courageux. Elle n’était qu’une enfant, mais elle faisait tout de même de son mieux pour paraître joyeuse par politesse.

« Ne t’inquiète pas pour eux maintenant. Repose-toi. »

J’avais tenu sa petite main dans la mienne.

« OK. »

Elle ferma alors les yeux, se détendant un peu.

J’avais attendu que sa respiration s’équilibre avant de lâcher sa main et de sortir silencieusement de la pièce. Je m’étais retourné pour m’assurer qu’elle était vraiment endormie, puis j’avais fait glisser la porte derrière moi.

« Carol-chan dort ? »

« Elle dort comme un bébé. »

Seika me fit alors signe d’aller vers le kotatsu. Je m’étais donc assis en face d’elle, et j’avais accepté une tasse de thé. J’avais pris une gorgée reconnaissante.

« Désolé. Je ne voulais pas t’obliger à cuisiner également pour elle. »

« Ne t’inquiète pas pour ça. J’aime les enfants. Et même si je ne la comprends pas, je peux dire qu’elle est douce et amicale. »

Seika fit une pause.

« Néanmoins, je pense qu’elle force un peu les choses. Ses parents lui manquent probablement. »

Seika s’en était aussi rendu compte, hein ?

J’avais pris une autre gorgée de thé et j’avais soupiré.

« Elle est intelligente. Elle ne veut rien laisser paraître. J’espère juste qu’elle pourra s’amuser un peu pendant son séjour ici. »

J’avais essayé d’injecter un peu de légèreté dans ma voix, mais je ne pouvais pas échapper au fait que je n’avais aucun moyen de la renvoyer chez elle. Mais tant qu’elle était au Japon, je pouvais l’emmener dans certains endroits afin de lui changer les idées.

« Je pensais amener Carol au sanctuaire demain. Pour le Nouvel An. Ce sera probablement intéressant pour quelqu’un venant d’un pays différent. »

Merde. J’avais failli déraper là.

« Oui. N’avions-nous pas l’habitude d’y aller ensemble chaque année ? »

Effectivement, mais c’était avant que je ne devienne grabataire. On y allait tous les ans, sans jamais rater ce rendez-vous. On faisait le tour des stands et on goûtait ce qu’on voulait. À l’époque, ça semblait si simple, mais je n’étais pas allé dans un sanctuaire depuis une décennie.

« Je vais peut-être demander quelque chose aux dieux cette année. Je veux dire, s’il y a des dieux. Et il se pourrait bien qu’il y en ait. », avais-je dit.

Il y a même un dieu assis à côté de toi en ce moment, bien qu’il soit un peu pathétique.

« Je pensais que tu étais athée, Yoshi. Attends, ne me dis pas que tu es parti et que tu as rejoint une sorte de secte. »

Wôw, non ! Tu as complètement tort, Seika ! Depuis que j’avais commencé à jouer au Village du Destin, je m’étais senti plus en phase avec les dieux et les choses de ce genre. Je n’y pouvais rien, puisque je prétendais en être un moi-même.

« Rien de tout ça. Je suis bien trop occupé pour rejoindre une secte. »

« Tu as changé, Yoshi. Attends, non, ce n’est pas ça. C’est plutôt comme si tu étais redevenu comme avant. », dit mon amie d’enfance en souriant.

« J’ai changé ? Je suppose que oui. J’ai bien trop gâché ces dix dernières années. Je ne peux pas regarder en arrière sans ressentir un incroyable regret. Je suis désolé de t’avoir fait du mal, Seika. »

J’avais redressé ma posture et j’avais incliné ma tête vers elle avec tout ce que j’avais.

« Arrête. Tu n’étais pas si coincé avant. Tu étais… égoïste, orgueilleux, arrogant et malicieux. »

Seika se mit à compter mes mauvais attributs sur ses doigts.

Il n’y avait rien que je puisse dire. Elle avait raison.

« Tu n’as pas besoin de le souligner… »

« Mais pas seulement ça. Tu avais un grand sens de la justice. Tu étais gentil, et tu faisais passer les autres avant toi. Je sais comment tu étais ces dix dernières années, mais je sais aussi comment tu étais avant. »

Seika avait l’air si sérieuse que je ne savais pas comment réagir.

« Le Yoshi que j’ai connu et aimé est de nouveau là, et c’est génial. Bon retour parmi nous, Yoshi. »

« Merci… »

Je rougissais beaucoup, mon visage était si chaud que je pensais qu’il allait s’enflammer.

Comment pouvait-elle dire tous ces trucs dégoûtants en gardant un visage impassible ? Je suppose qu’on apprenait à être moins gêné quand on passait assez de temps à interagir comme un membre à part entière de la société. Oh, attendez. Maintenant que j’avais regardé de plus près, ses joues étaient aussi rouges.

« Donc je suppose qu’on peut continuer à traîner ensemble comme avant ? »

« Oui. J’ai hâte. »

J’avais automatiquement pris la main qu’elle me tendait. Nous étions des trentenaires agissant comme des adolescents, deux adultes du sexe opposé passant du temps ensemble la nuit. Les drames et les mangas m’avaient appris que les choses allaient devenir sérieuses.

J’avais raccompagné Seika chez elle et j’étais retourné dans mon salon, légèrement trempé à cause de la pluie. Je m’étais alors séché avec une serviette et m’étais assis avec mes jambes sous le kotatsu.

Il ne s’était donc rien passé avec Seika.

« Je suppose que la réalité peut être décevante », avais-je marmonné en me laissant tomber sur le dessus du kotatsu.

J’étais trop inquiet pour mon village et Carol en ce moment pour essayer de pousser les choses plus loin, m’étais-je raisonné. J’avais envisagé d’inviter Seika à venir avec nous au sanctuaire, mais j’avais décidé de ne pas le faire. J’avais déjà dit que je n’allais pas l’impliquer davantage.

Je ne pouvais l’inviter nulle part tant que je ne savais pas exactement ce qui se passait et que je ne pouvais pas garantir sa sécurité. J’étais toujours inquiet à propos de Yamamoto-san. J’avais tout d’abord pensé qu’il avait perdu les pédales à cause du stress, mais plus j’y pensais, moins ça avait de sens. Au moment où il s’était effondré, j’avais vu cette étrange brume noire sortir de lui. Je m’étais alors convaincu que ce n’était que le fruit de mon imagination, mais si ce n’était pas le cas ?

« Penser à ça ne m’apportera aucune réponse. J’espère qu’il s’arrêtera de pleuvoir avant demain matin afin qu’on puisse aller au sanctuaire. »

J’avais terminé le thé que Seika m’avait préparé, le laissant rajeunir mon corps et m’aider à penser un peu plus calmement.

« Le village a-t-il vraiment disparu ? »

J’avais dit à Carol que tout allait bien, mais je l’avais vu pour la dernière fois au bord de la destruction. Carol n’avait survécu que parce qu’ils me l’avaient envoyée à travers l’autel. Elle, et le livre saint. C’était tout ce dont j’étais sûr.

Qu’était-il arrivé aux autres villageois ? Après m’avoir envoyé Carol, il semblerait qu’ils étaient sur le point de faire exploser les monstres, ainsi qu’eux-mêmes. Et c’était probablement ce qui s’était passé.

Pourtant, je n’avais pas renoncé à eux. Je ne pouvais pas les abandonner ni perdre l’espoir qu’ils soient en vie. Je ne les avais jamais vus mourir. Et s’ils avaient jeté la bombe par une fente de la porte et fait exploser les monstres sans être blessés eux-mêmes ? C’était assez improbable, mais c’était le seul espoir que j’avais.

Je devais m’efforcer de le croire.

« Je ne les ai pas vus mourir. Ils sont vivants. J’ai juste besoin de trouver un moyen de le confirmer. Je ne peux plus rien voir à travers le jeu. »

J’avais sorti mon téléphone et j’avais quand même vérifié. À part l’application Village du Destin, tout fonctionnait normalement. Le dysfonctionnement ne venait pas du téléphone lui-même. J’avais ouvert l’application, mais l’écran était totalement noir, comme avant. J’avais tapé dessus, m’attendant à voir à nouveau le même message : que le livre saint n’existait plus sur la carte.

Pourtant, le message ne s’était pas affiché.

« Huh ? »

J’avais appuyé sur le bouton retour, et cela m’avait amené au menu des miracles. J’avais regardé de plus près. Le symbole du livre et mon solde de points de destin étaient toujours en haut à droite de l’écran.

Qu’est-ce qui se passe ?

Après avoir renvoyé Yamamoto-san, je n’avais pas été capable de faire quoi que ce soit dans l’application. Un message d’avertissement clignotait en rouge. Mais maintenant, j’avais accès à des miracles.

« Mais je ne peux en exécuter aucun, hein ? »

La plupart des éléments de la liste étaient barrés d’une épaisse ligne noire. J’avais appuyé dessus à titre expérimental et j’avais reçu une pop-up en retour : « Vous ne pouvez pas les utiliser pour le moment. »

Le seul miracle disponible était celui qui changeait le temps.

« Je suppose qu’il est actif par la simple raison que c’est le seul miracle qui n’affecte pas directement mon village ? »

La confusion m’avait envahi, mais il valait mieux agir. J’avais activé le miracle et réglé la météo sur « ciel bleu ». Mes PdD baissèrent, mais l’écran était resté noir. Comme des points avaient été retirés, je supposais donc que le miracle s’était activé ? Ça voulait dire que le jeu fonctionnait toujours, non ?

*

Le jeu fonctionnait toujours, et mes villageois étaient toujours en vie. Je ne pouvais pas encore perdre espoir.

« J’ai besoin d’une pause dans toutes ces réflexions. Je devrais aller prendre un bain, et merde. J’aurais probablement dû en proposer un à Carol. »

Cette pensée ne m’avait même pas traversé l’esprit. Mais comme le fait de la réveiller maintenant me mettrait mal à l’aise, j’avais donc décidé d’aller en prendre un moi-même et de dormir sur le canapé du salon. J’avais ouvert la porte coulissante de l’autre pièce juste un peu afin qu’elle puisse me voir si elle se réveillait. Comme ça, elle saura que j’étais là.

« Bon sang, je n’ai pas utilisé mon cerveau comme ça depuis des lustres. J’avais oublié à quel point penser pouvait être épuisant. »

J’étais monté dans ma chambre pour prendre une couverture et voir Destinée, qui dormait recroquevillée dans son réservoir. Il avait dû remonter à l’étage au moment où je raccompagnais Seika.

J’avais éteint la lumière.

« Merci pour tout, Destinée. Prends un bon et long repos. »

La somnolence m’avait envahi au moment où je m’étais allongé sur le canapé du salon.

« Avec un peu de chance, je me réveillerai et je réaliserai que tout ça n’était qu’un mauvais rêve… »

Je me réveillerais pour trouver mes villageois sains et saufs, et Carol courant à leurs côtés.

Et alors que mon cœur ne souhaitait rien d’autre, je m’étais aussitôt endormi.

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