Murazukuri Game no NPC ga Namami no Ningen toshika Omoenai – Tome 3 – Section 12 – Chapitre 4

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Chapitre 4 : Décision définitive

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Chapitre 4 : Décision définitive

Partie 1

J’étais persuadé que l’arrivée de la femme allait provoquer une énorme bataille autour de Gams, mais elle était finalement partie quelques jours plus tard avec un groupe de chasseurs. Ils étaient apparemment à sa recherche. Je m’étais donc inquiété de la sécurité de Gams pour rien.

La femme se prénommait Salem, et c’était la fille d’une famille noble. Elle avait été attaquée par des bandits sur la route près de la Forêt interdite et s’était enfuie dans les bois pour éviter d’être capturée. Le soldat qui la gardait était secrètement de mèche avec les voleurs, mais des monstres les attaquèrent au moment où ils se rapprochaient d’elle. Les bandits s’enfuirent, et Salem pensa qu’elle était finie, jusqu’à ce que Gams arrive pour la sauver. Charmée par ses compétences, elle essaya de l’engager comme garde pendant son séjour au village, mais il refusa.

Au moment de partir, elle lui prit la main, semblant réticente à l’idée de se séparer d’elle, ce qui lui valut deux regards méchants de Chem et Carol.

N’importe quel autre jeu aurait probablement un événement impliquant de la laisser rejoindre le village, mais elle était partie après seulement deux jours, ce qui était probablement plus sûr pour toutes les parties concernées.

« On dirait qu’il s’est passé beaucoup de choses depuis que je suis partie ! »

Nous étions dans ma tente, et Carol expliquait les événements des derniers jours à un homme rondouillard. C’était un marchand à la parole claire et au sourire doux : Dordold.

Pas plus de vingt minutes plus tôt, Dordold était à genoux et s’était prosterné devant moi, un instant après que je me sois présenté.

« Disciple du Dieu du Destin ! Je m’appelle Dordold ! Je ne suis qu’un humble marchand ! »

De toutes les réactions que j’avais eues, la sienne était sans doute la plus exagérée.

« Levez la tête, s’il vous plaît. Je suis un simple serviteur. Traitez-moi comme n’importe quel autre villageois. Le Seigneur m’a dit qu’il vous était reconnaissant de l’aide que vous apportez à son peuple bien-aimé. »

« O-Oh non ! Je suis indigne d’un tel éloge ! »

Je pris la main de Dordold et mis un genou à terre.

« Le Dieu du destin vous accorde sa protection. »

De grosses larmes coulèrent des yeux de Dordold et dégoulinèrent sur le sol. J’avais trouvé les mots sur le moment, mais ils semblaient faire l’affaire. Dordold abandonna son extrême formalité et me parla sans réserve. Étant marchand, il était plus souple et plus à l’aise avec le changement que mes villageois.

« Combien de temps allez-vous rester au village, Yoshio ? », demanda Dordold.

Chem et Rodice, qui étaient avec nous, me regardèrent avec intérêt.

« J’ai l’intention de partir avant le Jour de la Corruption. »

Sewatari-san ne m’avait pourtant pas encore contacté, ce fait me rendait vraiment nerveux.

« Je vois », murmura Chem en regardant le sol.

Rodice n’avait rien dit, mais il avait aussi l’air un peu abattu. Ils avaient dû repenser à la tragédie du dernier Jour de la Corruption. Ils espéraient peut-être que je serais là pour les aider, étant donné mes liens avec le Dieu du Destin.

« Ne vous inquiétez pas. Le Seigneur veille toujours sur vous. Bien que je sois parti, sa protection restera. Je vais personnellement demander au Seigneur de s’en assurer. »

Je leur avais adressé un sourire encourageant, dans l’espoir de dissiper l’atmosphère lourde. Leurs expressions s’étaient un peu adoucies.

Cela leur avait permis d’avoir l’esprit tranquille. Maintenant, je n’avais plus qu’à m’inquiéter du mien.

*****

Dordold et les autres prirent congé. M’étant trouvé seul dans ma tente, j’avais poussé un gros soupir. D’après mon téléphone, nous étions le 25 janvier, soit six jours avant le Jour de la Corruption.

« J’aimerais qu’ils m’aient déjà contacté… »

Mon téléphone retentit alors, comme s’il pouvait m’entendre. J’avais fait un bond de près d’un pied en l’air, mais je m’étais vite ressaisi et j’avais vérifié l’écran.

« C’est Sewatari-san ! »

J’avais répondu à l’appel et allumé ma vidéo.

« Ouf, désolé pour le retard, mais nous avons tout mis en ordre maintenant ! Tu peux revenir quand tu veux. Tu peux même revenir immédiatement. »

« Merci. »

J’avais attendu son appel avec impatience, et pourtant je sentais mon cœur s’affaisser.

« Tu n’as pas l’air heureux. »

« Désolé. Puis-je vous demander une faveur ? »

« Il suffit de demander ! Pas besoin d’être si formel ! »

J’avais pris quelques grandes respirations pour me ressaisir. Ma demande était imprudente, mais aussi nécessaire. Je ne serais pas capable de me regarder dans le miroir, sinon.

« Pourrais-je rester ici jusqu’après le Jour de la Corruption ? »

« Attends, tu es sérieux ? Est-ce que tu sais au moins ce que tu demandes ? »

« Bien sûr. »

Je connaissais les dangers aussi bien que n’importe qui.

« Si tu meurs là-bas, c’est fini. Tu n’auras pas juste un écran de fin de partie et tu ne réapparaîtras pas au Japon. »

« Je sais. »

« Eh bien, tu sembles avoir déjà pris ta décision. Puis-je t’en demander la raison ? »

« Je ne peux pas m’enfuir et laisser mes villageois affronter le danger par eux-mêmes. Rester à l’abri dans ma chambre et leur donner des ordres de là. Ce serait pathétique. »

Ma vie entière fut déjà entièrement pathétique, ce ne seront pas ces quelques décisions lâches de plus qui changeront quoi que ce soit dans le grand schéma des choses ? Mais peu importe pourquoi je le faisais, que ce soit pour me prouver quelque chose ou autre. Je n’étais pas un NEET ou un grabataire ici. J’étais le Dieu du destin ! Ou du moins son représentant.

« Je vois. Eh bien, j’ai dit que tu pouvais vivre là pour toujours si tu le voulais. Montre à tout le monde tes miracles, dis-leur que tu es un disciple de Dieu. Forme un harem. Je vais même te donner l’upgrade de ton choix. », dit Sewatari-san.

« Arrête d’essayer de me tenter. Je ne vais pas faire ça. »

« Tu es vraiment un homme singulier, Yoshio-kun. Enfin, peut-être la moitié d’un homme singulier. Tu y arriveras. Tu as beaucoup grandi depuis que tu as commencé à jouer. C’est comme si tu étais une personne différente. », dit Sewatari-san en riant.

« Tu m’as observé ? »

« Eh bien, je veux dire… tu as toi aussi regardé les villageois vivre leur vie pendant tout ce temps. Je suis un dieu. Je peux faire ça. »

« Et pour mon, euh, mes moments intimes ? »

« Pas de commentaire. », dit-elle en faisant une pause.

Je n’avais pas aimé ce moment d’hésitation, mais je n’avais pas insisté.

« Si tu as pris ta décision, je ne me mettrai pas en travers de ton chemin. Et pour te récompenser de ta bravoure, je vais te donner un cadeau et quelques conseils. Les deux joueurs que tu as combattus à Hokkaido prévoient de cibler ton village le jour de la Corruption. Fais attention à cela. », dit-elle

Cet insipide salarié Habatake et ce voyou, hein ?

S’ils attaquaient ensemble, nous devrions nous rallier.

« Je te donnerai le cadeau le jour de la Corruption. Euh… je suppose que je vais dire quelque chose de divin avant de partir. »

Elle s’éclaircit alors la gorge.

« J’ai entendu votre demande. Lorsque le Jour de la Corruption touchera à sa fin, vous retournerez dans votre patrie, le Japon. »

Sewatari-san parla d’un ton majestueux. Elle avait vraiment l’air d’un dieu.

« Merci beaucoup d’avoir accepté ma requête égoïste. »

« Eh, c’est un bon type d’égoïsme, donc j’approuve. J’ai eu raison de te choisir comme joueur. »

« Au fait, je me pose la question depuis un moment. Y a-t-il des critères pour choisir les joueurs ? », dis-je.

« En quelque sorte, mais c’est un secret industriel. Je pourrais t’en faire part si tu montes assez haut dans la hiérarchie. Assure-toi juste de survivre à la prochaine attaque, d’accord ? »

« Je ferais de mon mieux. Oh, j’ai une autre question. C’est à propos des dieux corrompus… »

Quand l’appel s’était terminé, je m’étais senti faible, toute la tension s’écoulant de mon corps. J’avais vraiment dû m’arc-bouter pour demander quelque chose d’aussi déraisonnable à un dieu, aussi gentil soit-il.

« Maintenant, je ne peux plus m’enfuir. Je dois rester et faire face à ça. »

J’avais dit les mots à haute voix pour me motiver. Le seul moyen de s’en sortir était de passer par là. Je survivrais au danger avec mes villageois, et nous sortirions victorieux de l’autre côté. Mon amour pour mes villageois ne ferait que grandir… et peut-être que mon amour pour moi-même aussi.

J’allais laisser mes pensées négatives et les parties inutiles de moi derrière moi dans ce monde. Je retournerai au Japon avec une âme plus vraie. Mourir ici n’était pas une option !

La détermination s’élevant dans ma poitrine, j’avais commencé à tapoter sur mon téléphone. J’allais utiliser toutes mes connaissances pour relever ce défi.

*****

Demain étant le jour de la corruption, je n’avais pas fait de travaux miniers aujourd’hui, mais j’étais allé rencontrer Kan et Lan dans leur atelier. La survie de ce village dépendait entièrement des armes et des outils qu’ils fabriquaient. Je leur avais offert mon soutien et partagé quelques idées. Ils travaillaient actuellement à la fabrication de nouvelles flèches, des centaines de flèches. Comme les nouveaux villageois elfes étaient des archers, tout comme Murus, on ne pouvait jamais en avoir trop.

Les hommes du village réparaient et renforçaient la clôture en rondins, et s’affairaient dans le village. Ils avaient terminé la clôture il y a deux jours, mais ils vérifiaient les points faibles de chaque rondin et remplaçaient rapidement toute partie qui semblait défectueuse.

Les femmes et les enfants travaillaient à préparer autant de nourriture que possible en prévision du lendemain. Lyra et Chem étaient en charge de la cuisine.

Les défenses du village étaient plus fortes que jamais, et certains des nouveaux villageois étaient des combattants, ce qui rendait nos forces offensives beaucoup plus puissantes. Par-dessus tout, j’étais reconnaissant envers les elfes. En tant qu’archers compétents, ils pouvaient escalader les tours de guet et tirer sur les ennemis à distance. Nous aurions une longueur d’avance dès le départ.

Dordold nous avait vendu des armes et des armures à un bon prix, nous ne manquions donc de rien. Nous avions huit chasseurs de mêlée, dont Gams, Kan et Lan. Six elfes s’occupaient des attaques à distance, dont Murus. Cela faisait trois fois plus de mains offensives qu’auparavant. J’avais aussi économisé mes PdD pour les miracles ou l’invocation du golem. Je n’en avais pratiquement pas utilisé depuis le début de l’année, j’avais donc beaucoup de réserves sans avoir à dépenser d’argent frais. Mais j’avais quand même demandé à Sewatari-san de convertir mes gains à Isekai Connection en points.

Le soir était arrivé, Gams et sa patrouille étaient revenus. J’étais chargé du dîner pour aujourd’hui, conscient que c’était peut-être ma dernière chance de manger avec tout le monde. J’avais cuisiné en utilisant des épices chinoises que j’avais ramenées de l’autre monde dans une boîte rouge et un bouillon de style japonais. Un plat multinational.

Tout le monde avait fini son assiette avec délectation.

On dirait que maman m’avait bien appris.

Après le dîner, j’étais allé me détendre dans les bains, Destiné m’accompagnant comme si c’était la chose la plus naturelle du monde.

Tout le monde s’était finalement rassemblé dans le centre de la ville.

« Le Jour de la Corruption commence à minuit ! Traversons-la ensemble ! », déclara Rodice, ce qui lui valut une acclamation de la foule.

Le village n’avait pas de chef officiel, mais Rodice semblait remplir ce rôle naturellement. Je le déclarerai chef officiel dans une prophétie plus tard.

« Je ne parlerai pas longtemps, car tout le monde a besoin de repos. Yoshio ? As-tu des mots pour nous ? »

***

Partie 2

J’avais redressé mon dos. Je pensais qu’il allait me demander de dire quelque chose, j’avais déjà préparé mon discours.

« Il n’y a qu’une seule chose que je veux dire. Traversons cette épreuve ensemble. Sachez que le Seigneur veille toujours sur vous. Qu’il bénisse ce village et ses habitants ! »

J’avais essayé de garder un ton brillant. C’était limite, mais je n’aurais pas pu faire mieux.

Les villageois remercièrent le Dieu du destin avec des voix pleines de larmes. J’avais touché la tête de chacun d’eux alors qu’ils s’inclinaient dans une prière fervente, en prononçant leur nom à tour de rôle. Après en avoir fini, j’avais souri et leur avais dit de relever la tête.

Mais à l’instant même où j’étais retourné dans la tente, je m’étais mis à genoux et j’avais écrasé ma tête contre ma couverture.

C’était tellement dégoûtant ! Ai-je vraiment fait ça ? ! Moi ? GAAAAARGH ! Je sais que j’essaie d’entrer dans mon rôle, mais c’était vraiment trop ! AAAARGH !

Je me tortillais dans ma couverture, incapable de supporter l’embarras.

Écoutez, j’ai fait de mon mieux, d’accord ?!

Franchement… réussir à faire quelque chose d’aussi minable simplement pour encourager mes villageois… peut-être devrais-je considérer ceci comme impressionnant.

Je n’aurais probablement pas pu le faire si ce n’était pas ma dernière soirée avec eux. Après m’être encore tortillé et rassuré, je m’étais finalement calmé.

« J’ai fait tout ce que je devais faire. Maintenant, je n’ai plus qu’à attendre demain… qui est dans moins de trois heures, d’après mon téléphone. »

Je m’étais allongé et j’avais tiré les couvertures sur moi, mais j’étais bien trop alerte pour dormir. Je m’étais redressé, jetant mon regard dans la tente. C’était ma dernière nuit ici. Je n’avais dormi ici que pendant environ un mois, mais le fait de savoir que c’était la dernière me semblait étrange. J’avais regardé le poteau en bois au centre et le meuble en bois brut qui soutenait mon sac.

Depuis mon arrivée, j’avais porté les mêmes vêtements que les villageois. Mes vêtements d’Hokkaido étaient restés pliés dans mon sac. Je n’avais gardé que mon manteau, les villageois semblaient l’utiliser pour me repérer dans la foule. De plus, il faisait froid dehors.

Destiné était pelotonné dans un panier à côté de mon lit, dormant confortablement. En dehors de cela, la tente contenait la statue en bois du Dieu du destin, la plus belle sculptée par Kan et Lan. La statue contenait deux épées à manier lorsque j’activais le golem. Le contrôler était un peu compliqué sur mon téléphone, le D-pad et les boutons apparaissaient, et il fallait les utiliser en les répartissant sur l’écran tactile. Mais comme je m’étais entraîné tous les soirs, je n’avais pas peur de me planter.

Les habitants de mon village se couchaient toujours tôt, j’étais le seul à être encore debout. Comme j’avais passé une grande partie de ma vie sans routine, j’avais toujours du mal à dormir la nuit. Mon corps était fatigué, mais mon esprit était bien éveillé.

Si je voulais passer le Jour de la Corruption avec mes villageois, je devais être prêt à affronter le pire des scénarios. En réalité, c’était peut-être ma seule chance de parler à nouveau à ma famille.

« Je pensais que j’étais totalement préparé à ça… »

Et bien qu’il soit onze heures du soir, je me sentais figé. Mais comme rester assis à ne rien faire ne résoudrait rien, j’avais attrapé mon téléphone, qui s’était soudainement réveillé et commençait à jouer la sonnerie de ma mère.

« Allô ? Tu ne causes plus d’ennuis à ces villageois maintenant ? », demanda Maman.

Wôw, elle était plus préoccupée par les étrangers que par moi. Classique.

« Je ne leur cause pas de problèmes ! Je les aide ! Et vous, comment vous portez-vous ? »

« Bien, mais tu manques à Papa et Sayuki. »

« Non, tu ne nous manques pas ! Arrête de lui mentir ! »

J’avais entendu Sayuki crier à travers le téléphone. Elle devait être juste à côté de maman.

« Je suis content que tu ailles bien. Hum, tout ceci est bien sûr hypothétique, mais que se passerait-il si je ne revenais pas ? », dis-je.

« Pourquoi, tu cherches du travail là-bas ? », me demanda maman.

« C’est bien, du moment que tu es heureux. Tu vas nous manquer, bien sûr, mais en tant que parents, nous devons t’encourager à voler de tes propres ailes. Je suis sûr que ton père ressent la même chose. »

Le fait qu’elle comprenne les choses de travers était préférable. Et j’étais content de savoir ce qu’elle ressentait vraiment.

« Tu ne reviens pas ? »

La voix de Sayuki était sortie du téléphone. Elle avait dû l’arracher à maman. Elle avait l’air ennuyée.

« Sayuki ? Non, c’était juste un “et si”. »

« Fais ce que tu veux, mais reviens au moins nous voir avant de t’installer définitivement là-bas. Tu dois te préparer pour le déménagement et tout ça. Et… je veux m’excuser auprès de toi. »

Sayuki s’était ensuite tue.

« C’est moi. »

Papa prit alors la parole.

« Tu n’es pas malade ? »

Il était plus direct que jamais, mais je pouvais détecter son inquiétude.

« Je vais bien. Ça ne pourrait pas aller mieux. »

« Bien. Je ne sais pas ce qui t’inquiète, mais souviens-toi que l’échec dans le suivi d’un chemin choisi pour toi fait plus mal que l’échec d’une décision que tu as prise toi-même. Il est important d’apprécier l’opinion des autres, mais c’est toujours toi qui as le dernier mot. »

C’était vraiment un bon conseil.

« Je comprends. Je m’en souviendrai. Merci, papa. »

« Pas de problème. C’est ta vie, alors vis-la comme tu veux. Tu as tellement grandi, je suis sûr que tu feras le bon choix. Quoi que tu fasses, on est ta famille, et on te soutiendra du mieux que nous pourrons. Prends soin de ta santé, d’accord ? »

La conversation s’était arrêtée là.

Ce coup de fil m’aida à prendre ma décision, mais j’avais encore besoin d’un dernier coup de pouce. Au lieu d’éteindre mon téléphone, j’avais fait défiler mes contacts pour passer un autre appel.

« Allô ? »

« Yoshi ! Ne fait-il pas trop froid à Hokkaido ? Est-ce que tu dors correctement avec ces températures ? Et Carol-chan ? A-t-elle pu revoir ses parents ? »

Je n’avais pas pu m’empêcher de sourire à ses questions.

Tu t’inquiétais pour moi, hein ?

« Je vais bien. Carol est avec ses parents. Elle est toujours en train de faire la course et me fait jouer avec elle.

« Oh, c’est un soulagement. Alors, qu’est-ce qu’il y a ? Quelque chose te tracasse ? », dit Seika en rigolant.

« Pas vraiment… »

« Tu ne peux pas me tromper ! Tu ne m’appelles jamais sans avoir un but précis. »

Je n’avais pas réalisé que j’étais un si mauvais menteur. Pas étonnant que Sayuki et Seika aient toujours vu clair en moi.

« Pour te dire la vérité, les villageois m’ont demandé si je voulais vivre ici. Ils peuvent me trouver du travail, alors… »

« Oh. Que veux-tu faire, Yoshi ? »

« Je ne sais pas. C’est une opportunité rare, mais je pourrais ne pas pouvoir rentrer à la maison. »

Surtout si je meurs, mais je ne pouvais pas lui dire ça.

« Je pense que tu devrais faire ce que tu veux. »

Elle accepta ma décision plus rapidement que je ne l’aurais cru. Je suppose que j’avais été stupide de penser qu’elle me supplierait de ne pas y aller.

« C’est la meilleure façon de choisir, hein ? », avais-je dit.

« Oui. Et où que tu ailles, je viendrai te voir. »

« Huh ? »

« Je viendrai te voir, que ce soit à Hokkaido ou ailleurs. Je ne te laisserai pas t’échapper à nouveau. »

Je ne suis pas en train d’entendre des voix là ?

J’avais l’impression que mon visage s’était enflammé, mon corps picotait de partout à cause d’une émotion prise entre l’excitation et la gêne.

« Je ne savais pas que tu étais du genre à courir après… »

« Non. Durant tout ce temps, je me suis retenue parce que je ne voulais pas te blesser, mais je ne vais plus le faire. Quand on a recommencé à se parler après toutes ces années, j’ai décidé que je n’allais pas te laisser partir cette fois. Je t’ai attendu pendant dix ans, alors tu peux être sûr que je suis sérieuse ! »

Je ne savais pas qu’elle pouvait être aussi affirmative. Je m’étais demandé quel regard elle avait sur son visage en ce moment. Se sentait-elle aussi mal à l’aise que moi ? Est-ce qu’elle rougissait ?

« Dis quelque chose, s’il te plaît ? Je viens dire tout ce que je ressens là. »

« Désolé, hum. Tu sais. Moi aussi. »

« C’est tout ce que j’avais besoin d’entendre. Je ne veux pas te faire dire autre chose. Réfléchis d’abord à tes mots. Ne me promets rien sous l’impulsion du moment. »

Quand nous nous étions retrouvés après tant d’années, j’avais pensé qu’elle n’avait pas changé depuis que nous étions étudiants. Mais j’avais tort. Elle était sortie de sa timidité. Elle était incroyable.

« Ok. Je vais réfléchir, et… je te le dirai un jour. »

Dès que j’aurai un peu confiance en moi.

« Je ne peux pas attendre. »

« Je ne comprends pourtant pas ce que tu aimes chez moi. J’ai été une loque humaine pendant une décennie. Tu aurais dû me laisser tomber. »

Je voulais sincèrement savoir pourquoi elle ne l’avait pas fait. Si j’étais Seika, il n’y avait aucune chance que je tombe amoureuse d’un type comme moi. J’avais lu sur Internet que les femmes avaient des critères plus élevés que les hommes et qu’elles se souciaient plus de l’argent que d’autre chose.

« Pourquoi est-ce que je renoncerais à toi ? Tu passes trop de temps en ligne. Je ne suis pas une statistique inventée ayant une personnalité bidon. Je suis ton amie d’enfance, Seika, qui te connaît depuis plus de trente ans. Je suis… une femme qui connaît tous tes points forts et tes points faibles. »

D’accord, c’était une question stupide, et même pour moi. Si une femme merveilleuse comme elle était attirée par moi, alors je devais arrêter de me rabaisser.

« Merci, Seika. Je sais ce que je dois faire maintenant. »

« Quoi que tu décides, je viendrai te soutenir, d’accord ? Dors bien. »

« Bonne nuit. »

La conversation s’arrêta là, j’avais respiré un bon coup. Maintenant que je savais ce que ma famille et Seika avaient à dire, je n’hésiterais pas. Quelque chose tira alors sur mes vêtements, j’avais baissé les yeux pour trouver Destiné qui me regardait avec de grands yeux aimables.

« Destiné. C’est la dernière nuit que nous passons ensemble. Veux-tu dormir avec moi ? »

Je m’étais amusé à soulever les couvertures. Il me jeta un coup d’œil, secoua la tête comme si ça le dérangeait trop, et se recroquevilla.

Tu me rejettes ! Eh bien, c’était normal. Il dormirait probablement mieux tout seul, et nous avions une journée chargée demain. Nous avions tous deux besoin de repos.

Je m’étais allongé et j’avais fermé les yeux. Même si je n’arrivais pas à m’endormir, je me reposerais un peu. Au bout d’un moment, j’avais senti un poids sur mon corps. J’avais ouvert les yeux pour voir Destiné allongée sur ma poitrine.

« Bonne nuit. »

Son poids sur moi était réconfortant. Rassuré, j’avais rapidement glissé dans un sommeil satisfaisant.

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