Murazukuri Game no NPC ga Namami no Ningen toshika Omoenai – Tome 2 – Section 7 – Chapitre 5

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Chapitre 5 : La fin du travail et ma solitude

« Tu as bien travaillé aujourd’hui ! On se voit l’année prochaine ! »

« Au revoir ! Bonne année ! »

« Au revoir. »

Le patron et Misaki-san étaient tout sourire en se disant au revoir après le travail, la saison chargée étant enfin terminée. L’au revoir de Yamamoto-san était raide et silencieux.

J’étais sorti du mini-van, je m’étais tourné et j’avais incliné la tête.

« Merci. Bonne année ! On se voit l’année prochaine ! »

C’était épuisant, mais je l’avais fait. Comme toujours, j’avais demandé au patron de me déposer devant l’épicerie. Comme il n’y avait personne à la maison, j’avais décidé de faire le plein de boissons et de snacks avant de rentrer. Je prendrais aussi des ramen, juste au cas où.

J’avais salué la camionnette qui s’éloignait jusqu’à ce qu’elle soit complètement hors de vue. Le travail était terminé pour l’année, mais je ne me sentais pas vraiment soulagé. Le moral bas de Yamamoto-san pesait sur mon esprit.

Il n’était pas lui-même ces derniers jours. Il avait des cernes sous les yeux et devenait de plus en plus irritable au fil des jours. J’étais inquiet de son humeur, mais l’étincelle de colère dans ses yeux me dérangeait plus. J’avais senti qu’il me cherchait plusieurs fois pendant que nous travaillions. Et à chaque fois que je me tournais, il détournait le regard, mais pas avant d’avoir entrevu sa rage. Qu’avais-je fait pour qu’il me déteste autant ? Peut-être quelque chose d’inconscient. Je n’étais pas aussi doué que lui pour le travail, et j’avais tendance à tout ralentir.

J’avais essayé de le faire parler, mais il évita mes tentatives, je n’en avais donc jamais eu l’occasion. Je n’étais pas certain, mais je pensais que ce comportement avait commencé le jour où il avait entrevu Le Village du destin sur mon téléphone.

« Est-ce que ça a quelque chose à voir avec ça ? »

Ma question s’était transformée en brume blanche, se diffusant dans la nuit.

J’avais gardé les yeux sur le ciel sombre, mon esprit parcourant les possibilités. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser que le Village du Destin et le jeu auquel Yamamoto-san jouait étaient en quelque sorte liés. Ils avaient l’air si similaires. Ils étaient tous deux en bêta, et il nous était interdit d’en parler. Ils reposaient tous deux sur les microtransactions.

L’objectif de son jeu était de détruire des villages, ce qui était l’exact opposé d’une simulation de construction de village. C’était peut-être pour cela que je n’avais pas remarqué les similitudes plus tôt. Yamamoto-san avait dit qu’il gagnait des points en détruisant des villages, et il avait aussi mentionné qu’un de ses territoires avait été récemment détruit. J’étais stupide, mais même moi je pouvais relier les points.

Il avait détruit le village de Murus. J’avais détruit le camp des gobelins verts, son territoire. Le timing de tout ça était parfaitement logique. Yamamoto-san avait réalisé tout ça avant moi, ce qui avait conduit à son changement d’attitude. Tout semblait correspondre.

Le Village du Destin étant un jeu en ligne, il n’était pas étrange de découvrir que d’autres personnes étaient impliquées. En fait, ça aurait été plus étrange s’il s’agissait d’un jeu solo. J’étais tellement distrait par l’I.A. et les systèmes trop complexes de mon jeu que j’avais à peine pensé à Yamamoto-san. Mais si ma théorie était correcte, son jeu le mettait en concurrence directe avec Le Village du Destin.

« Je parie également que nous ne sommes pas les seuls joueurs. »

Le scénario du jeu contenait plusieurs autres dieux mineurs. Chacun d’entre eux devait être un joueur. Puis il y avait les Dieux Corrompus, comme celui que Yamamoto-san contrôlait. Les deux camps s’affrontaient dans le monde du jeu. Si je devais affronter de vrais adversaires humains, je devais changer de stratégie.

« Je suppose que ça rend les choses plus intéressantes, mais je n’aime pas avoir à combattre Yamamoto-san. »

S’il était vraiment en colère contre moi parce que j’avais détruit son territoire, alors nous ne pouvions pas régler ça avec une simple conversation. Nous n’avions même pas le droit de parler de nos jeux. Mais ça n’avait plus d’importance maintenant, vu que l’on avait vendu la mèche.

Je ne pouvais pourtant pas aller poster ça en ligne pour voir si quelqu’un d’autre jouait.

« Mais la société ne le saurait jamais si nous en parlions face à face ? »

Mais là encore, ce jeu était tellement plein de surprises que je ne pouvais pas en être sûr. La seule chose que je voulais éviter à tout prix était de perdre mes villageois.

C’était clairement plus qu’un simple jeu. Yamamoto-san gagnait beaucoup d’argent. Les enjeux étaient trop importants pour que tout soit résolu en une seule conversation.

« Peut-être que je devrais juste rester loin de lui pendant un moment. »

Sans arriver à une conclusion claire, j’étais rentré à la maison. J’avais annoncé mon retour à la maison par habitude, mais bien sûr, personne n’était là pour m’accueillir.

Enfin, c’est ce que je pensais.

« Bon retour parmi nous ! »

« Huh ? »

Qui était-ce ? Je savais que c’était une voix féminine, mais je ne la reconnaissais pas. Ma famille n’était-elle pas encore partie ? Peut-être que papa devait finir quelque chose d’urgent pour le travail.

« Vous êtes toujours là ? »

J’avais poussé la porte du salon et j’avais regardé autour de moi.

Il y avait une femme qui cuisinait dans la cuisine attenante, elle me tournait le dos.

« Le dîner sera prêt dans une seconde. »

« Que fais-tu ici ? »

La femme s’était retournée, essuyant ses lunettes fumées avec ses doigts. C’était Seika, portant un tablier.

« Quoi ? Personne ne t’a rien dit ? Ta mère m’a demandé de cuisiner pour toi. »

« Maman… Pourquoi ? »

Maman s’entendait bien avec Seika. Elle avait probablement réalisé que nous recommencions à parler et avait voulu « aider ».

« Eh bien, merci de cuisiner, mais qu’en est-il de ta grand-mère ? »

« Elle est retournée dans sa ville natale pour le Nouvel An. D’habitude, je l’accompagne, mais je ne peux pas cette année à cause de mon pied. Il est pratiquement guéri, mais le docteur a dit que je ne devais pas encore me pousser. »

Son plâtre était retiré, elle avait cessé d’utiliser des béquilles depuis un moment.

« Je n’aime pas manger toute seule. Ça te dérange si on mange ensemble ? »

« Ça me paraît bien ! Je préfère également ne pas manger seul. »

Avant de perdre le contact, nous avions l’habitude de manger ensemble presque tous les jours. Manger avec elle était important en soi, mais je ne l’avais pas vue porter de tablier depuis des années. J’avais souri, en me demandant si c’était à ça que ressemblait la vie de couple.

Attends, je m’avance un peu…

Seika était une bonne âme jusqu’au bout des ongles, et je la considérais pratiquement comme un membre de ma famille. Malgré tous mes échecs, elle était toujours là pour prendre soin de moi. Peut-être qu’elle considérait cela comme une corvée, mais cela me convenait. Pour l’instant, j’avais la chance de pouvoir lui parler, grâce aux conseils de mes villageois. En demander plus serait égoïste.

« Alors, qu’est-ce qu’il y a pour… »

En m’approchant de la cuisine, j’avais vu Destinée assis sur le sol, regardant Seika. Seika détestait les reptiles, si elle l’avait vu, elle aurait paniqué ! J’avais plongé vers lui et l’avais ramassé, le cachant bercé dans mes bras.

« Qu-Qu’est-ce que tu fais ? Tu vas tout faire brûler ! », demanda Seika.

« J’étais juste, euh, en train de ramasser quelque chose qui est tombé de l’étagère. Je ne voulais pas que tu marches dessus. »

Je lui avais tourné le dos et j’avais ramené précipitamment Destinée dans ma chambre.

Je m’étais assuré que la porte était bien fermée avant de poser le lézard sur mon bureau.

« Tu vas me faire faire une crise cardiaque ! S’il te plaît, tiens-toi bien, ok ? Seika n’est pas une grande fan des reptiles. »

J’avais serré les mains l’une contre l’autre.

Destinée me regarda en clignant des yeux et il s’était gratté la tête. Même s’il ne comprenait pas, il hochait généralement la tête. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser qu’il faisait exprès de rester muet.

« Si tu restes ici, je te donnerai le double de la quantité normale pour le dîner. J’ajouterai même un bouquet de fruits. Qu’est-ce que tu en dis ? »

Il y eut une pause. Finalement, le Destinée hocha la tête et tendit la patte. J’avais placé mon index dans sa paume, qu’il avait fortement saisie, et nous nous étions serré le doigt.

« Es-tu sûr de ne pas comprendre ce que je dis ? »

Il donna des coups de langue avec nonchalance.

Est-ce qu’il… fait ça exprès ?

« Peu importe. Tu sais, je pensais qu’il n’y aurait que toi et moi pour le Nouvel An. »

Destinée était l’autre raison pour laquelle je n’avais pas accompagné mes parents à la campagne. Je ne pouvais pas le laisser ici tout seul. J’avais aussi proposé de m’occuper du reptile de Sayuki, mais apparemment il hibernait et n’avait pas besoin de soins pour le moment.

« Le dîner est prêt ! »

« J’arrive ! »

J’avais jeté un coup d’œil au terrarium et j’avais repéré les restes de quelques fruits. Quelqu’un avait dû nourrir Destinée avant qu’il ne parte à l’heure du déjeuner.

« N’oublie pas notre promesse. Je t’apporterai aussi le morceau de viande le plus savoureux. »

Destinée déplaça le couvercle de son réservoir et rampa à l’intérieur docilement. J’avais décidé de ne pas trop réfléchir à son comportement.

Je m’étais dépêché de descendre et de m’asseoir à la table du dîner, me sentant mal de ne pas avoir aidé Seika en quoi que ce soit. J’aurais pu au moins mettre la table. Je devrais faire la vaisselle après.

« J’ai juste utilisé un peu de la viande que tu avais dans le frigo… »

« C’est bon. Tu peux utiliser ce que tu veux. Tu peux même ramener des trucs à la maison si tu veux. »

« Oh, c’est bon. Ta mère nous refile déjà des trucs quand elle en a trop. »

Aux dernières nouvelles, nous recevions tellement d’offrandes que maman faisait la tournée en distribuant le surplus aux voisins, et pourtant notre frigo était toujours plein.

« Cette viande est vraiment bonne ! C’est délicieux, et ça me réveille après une journée de travail fatigante. On dirait qu’Obaachan retrouve son énergie après avoir mangé ça elle aussi. »

Okiku-baachan travaillait dans le jardin tous les jours. Elle faisait aussi du papier découpé, de la céramique et de l’artisanat pendant la semaine. Si elle avait assez d’énergie pour tout cela avant, je ne pouvais qu’imaginer ce que la viande lui apportait.

« Elle n’a pas changé en dix ans, hein ? »

Je ne savais pas quel âge elle avait, mais elle avait la même allure que lorsque j’étais au collège. Peut-être même depuis que j’étais enfant.

« Elle ne veut même pas me dire quel âge elle a ! Quel goût ça a ? », s’exclama Seika.

« Délicieux, comme tout ce que tu fais. Surtout la soupe miso. C’est super rafraîchissant. Tu penses que tu pourrais apprendre la cuisine à Sayuki ? »

Seika rigola : « Merci ! Sayuki-chan s’améliore quand même beaucoup. Elle est venue chez moi, et je lui ai appris quelques plats. Ses omelettes sont bien meilleures maintenant ! »

C’était la première fois que j’en entendais parler. Sayuki était toujours tellement mauvaise en cuisine que c’était moi qui m’occupais des repas quand nos parents étaient sortis.

Seika et moi avions discuté un peu plus, fais la vaisselle, puis je l’avais raccompagnée chez elle.

« Je peux repasser demain ? », demanda-t-elle.

« Bien sûr, mais assure-toi de ne pas te surmener. Ne viens que si tu t’ennuies à mourir. »

« J’ai tellement de temps libre, je ne sais pas quoi en faire ! Je vais passer, et on pourra manger des soba pour fêter la nouvelle année ! »

Seika ferma la porte derrière elle, me laissant à nouveau seul.

« Fêter la nouvelle année ensemble, hein ? »

Cette suggestion fit bondir mon cœur. J’étais quoi, un adolescent ?

Quand j’étais étudiant, j’avais toujours imaginé que les adultes passaient leurs nuits à boire dans des bars chics et à draguer. Maintenant que dix ans avaient passé, je m’étais rendu compte que je n’avais pas autant grandi que je le pensais.

Dix ans, hein ?

Quelle longue période durant laquelle je n’avais absolument rien fait de valable de ma vie. J’étais meilleur pour parler aux filles quand j’étais étudiant. J’étais si immature émotionnellement.

Je n’étais pas assez bon pour être le petit ami de Seika. Ce n’était pas ce que je recherchais. Je n’avais pas le droit de lui en demander plus.

Je m’étais assis dans l’eau parfumée du bain, essayant de me débarrasser de ces pensées négatives.

« Les bains sont parfaits pour soigner le corps et l’esprit, hein ? C’est… »

Je m’étais interrompu avec un glapissement. Alors que je commençais à me détendre, je m’étais souvenu de quelque chose et j’avais sauté hors du bain. Remettant mes vêtements sur mon corps humide, j’avais couru à l’étage jusqu’à ma chambre.

Destinée me regardait fixement, assis sur mon bureau, les pattes croisées. J’étais tombé à genoux et m’étais excusé sincèrement avant de lui préparer le plus somptueux festin que j’aie jamais fait.

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