Chapitre 4 : La journée des villageois et de leur Dieu inactif
Quand je m’étais réveillé et que j’avais ouvert mes rideaux, il faisait encore sombre dehors. L’horloge m’avait dit qu’il n’était que cinq heures du matin, ce qui était mon ancienne heure pour me coucher.
Je m’étais levé tôt aujourd’hui parce que j’avais un but. J’étais allé voir mes villageois et j’avais constaté qu’ils étaient tous encore endormis.
« On dirait que je suis le premier debout. Bien, tout se passe comme prévu. »
Même à six heures, quelqu’un était généralement debout et travaillait, mais je suppose qu’il était encore trop tôt, même pour mes villageois.
J’avais mis du temps à élaborer ce plan, et il était enfin temps de le mettre en pratique. Aujourd’hui, j’allais surveiller mes villageois pendant toute la journée… sans lever le petit doigt. Cela pouvait sembler être ce que je faisais tous les jours, mais je passais généralement beaucoup de temps à chercher des informations utiles sur mon deuxième ordinateur ou à lire mes livres. Mais même si je pouvais rattraper le retard pris dans les conversations plus tard, il n’y avait aucune information sauvegardée sur ce que mes personnages faisaient réellement pendant qu’ils parlaient. C’était pourquoi j’avais décidé de passer une journée entière à observer mes villageois et rien d’autre.
Lyra fut la première à se lever. Elle était sortie du lit sans faire de bruit pour ne pas réveiller Rodice et Carol, qui dormaient encore profondément. Elle prit une grande casserole dans la cuisine et la remplit avec l’eau de source qui coule à proximité.
« C’est tellement pratique d’avoir de l’eau fraîche juste ici. Cela rend les corvées tellement plus faciles ! »
Lyra sourit joyeusement en plongeant sa main dans le ruisseau. Alors qu’ils vivaient encore dans la charrette, elle avait dû marcher jusqu’à une rivière voisine, en faisant attention aux monstres sur son chemin. C’était clairement plus facile et plus sûr.
Et alors que Lyra commençait à préparer le petit-déjeuner avec des mains expérimentées, l’une des portes de la chambre s’était ouverte. C’était Chem.
« Bonjour, Lyra. »
Elle avait l’air remarquablement alerte pour quelqu’un qui venait de se réveiller, pas du tout léthargique. Elle était clairement matinale.
« Bonjour, Chem. J’ai tout sous contrôle ici si tu as besoin de plus de sommeil. »
« J’ai bien dormi, merci. S’il te plaît, laisse-moi t’aider. »
Elles commencèrent alors à cuisiner ensemble. Et malgré la différence d’âge, en raison de l’apparence jeune et à l’énergie de Lyra, elles ressemblaient à des sœurs. Lorsque la nourriture fut presque terminée, Chem prit un chiffon et un balai dans un coin de la grotte et commença à nettoyer ma statue en bois près de l’autel.
« Merci de veiller sur nous, Seigneur », avait-elle dit en travaillant.
Je pouvais voir à son expression que ce n’était pas une tâche routinière pour elle, elle exprimait sa gratitude du fond de son cœur. Je n’avais jamais vu quelqu’un nettoyer avec un sourire aussi authentique.
Alors que Lyra allait chercher la vaisselle dans un placard, d’autres villageois étaient sortis de leur chambre.
« Bonjour, maman ! Laisse-moi t’aider ! »
Bien que ses paroles soient gaies, Carol luttait encore pour enlever le sommeil de ses yeux. C’était adorable. C’était vraiment une bonne fille. À son âge, je dormais toujours jusqu’à ce que ma mère me réveille. Non seulement cela, mais elle proposait d’aider d’elle-même, ce que je n’avais jamais fait. Une partie de moi souhaitait pouvoir remonter le temps et montrer à ma jeune personne ce qu’était une enfant modèle.
Ils mangèrent ensuite sur une grande table en bois près du milieu de la grotte. C’était une chose simple, faite de quatre rondins tranchés dans le sens de la longueur et attachés pour former un plateau, mais elle était solide et assez utile. Elle avait été abandonnée par les mineurs. Rodice l’avait réparée et polie pour la rendre à nouveau utilisable.
Après avoir mis la nourriture sur la table, Carol passa la porte de la chambre que Gams et Chem partageaient. Gams était encore endormi à l’intérieur. Au lieu de faire irruption à l’intérieur, Carol sortit un petit miroir de sa poche et commença à étudier son apparence. Il semblerait que sa frange la dérangeait, car un instant plus tard, elle sortit une brosse et la peigna.
« Elle agit des fois comme une adolescente », avais-je fait remarquer.
Je pensais que son béguin était adorable, mais tout le monde n’était pas d’accord avec moi. Chem n’arrêtait pas de jeter des coups d’œil à Carol et de se renfrogner quand elle avait le dos tourné.
« Et elle agit aussi comme une enfant parfois. »
La tendance possessive de Chem s’étendait à toute personne vaguement féminine qui s’approchait de son frère, même un enfant. Je n’avais pas l’impression d’avoir une sœur jalouse, mais je ne pensais pas que je manquais quelque chose.
Finalement, Carol n’avait pas pu attendre plus longtemps.
« Gams ! C’est l’heure du petit déjeuner ! »
En regardant Carol, j’avais l’impression qu’elle appelait Gams aussi gentiment qu’elle le pouvait. Chem me donna raison en fronçant les sourcils. Lyra avait l’air un peu troublée par leur conflit, mais elle n’avait rien dit.
« Bonjour », dit Gams en sortant de sa chambre et en donnant à Carol la classique tape sur la tête.
Gams pourrait le faire, mais ça serait probablement effrayant si j’essayais. Sayuki aimait bien quand je lui tapotais la tête comme ça, mais aujourd’hui, elle me mordrait probablement le bras.
« Allez, Gams. Chem en veut un aussi. »
Chem regardait de loin, tapotant distraitement sa propre tête. Gams ne semblait pas la remarquer.
« Tu m’as oubliée, Carol ? », marmonna Rodice en dormant, tout en sortant de leur chambre.
« Oh, désolé ! »
« Ne t’inquiète pas pour ça », dit-il, bien que ses épaules s’affaissaient.
« Je dois aussi appeler Murus ! Murus ! Petit-déjeuner ! », cria Carol tout en se précipitant vers la porte du médecin.
« Merci. J’arrive tout de suite. »
Murus était sorti de sa chambre, se frottant la tête avec les yeux mi-clos. D’habitude, il était si bien organisé que ce Murus débraillé et endormi était tout le contraire de l’image qu’il donnait habituellement.
Mes villageois s’étaient assis pour prendre le petit déjeuner. Carol s’était glissée pour prendre sa place à côté de Gams. Chem étant bien sûr de l’autre côté. Rodice soupira à la vue de sa fille, tandis que Lyra lui massait doucement les épaules. Murus observait tout cela avec une lueur amusée dans l’œil.
Une fois le petit-déjeuner terminé, tout le monde se mit au travail. Gams et Murus partirent à la chasse. Ils ne cherchaient pas seulement de la nourriture, mais aussi d’éventuels monstres qui pourraient représenter une menace pour la grotte.
« Ça te dérange si on s’enfonce un peu plus dans la forêt ? », demanda Gams.
« Pas du tout, tant que nous n’allons pas trop loin. Il y a plusieurs zones dangereuses que même moi je ne connais pas », prévint Murus.
Gams passa plus de temps à tuer des monstres qu’à chasser pour se nourrir, probablement parce qu’il s’inquiétait de la prochaine Journée de la Corruption. J’étais un peu préoccupé par le fait qu’il prenait plus de responsabilités qu’il n’en avait besoin. Je m’étais demandé si je devais lui dire de ne pas être si dur envers lui-même dans la prochaine prophétie.
Les villageois restés à la grotte étaient également au travail. Lyra et Chem faisaient la vaisselle et quelques lessives. Rodice comptait leurs réserves de nourriture et prenait quelques notes sur un bout de papier.
« Maman ! Je veux faire la lessive de Gams ! », annonça Carol.
« Tu t’entraînes à être sa femme ? », répondit Lyra en souriant.
Carol se tortilla, gênée. Rodice lui sourit, mais son expression était un peu raide, et il y avait de la tristesse dans ses yeux. Je m’étais dit que n’importe quel père aurait du mal à penser à sa fille qui grandissait et tombait amoureuse.
« Et si tu faisais la lessive de tout le monde ? Chem a des choses qui ont besoin d’être lavées. », demanda Lyra.
« Hein ? Non ! »
Carol fit la moue devant l’injustice de cette demande.
La tension dans la relation entre Carol et Chem était évidente. Heureusement, Chem était en train d’étendre du linge à sécher, elle n’entendit donc pas Carol. Elle souriait en travaillant dans la lumière chaude du soleil. Elle étalait les vêtements fraîchement lavés sur le portemanteau en bois que Gams et Rodice avaient fabriqué. La voir travailler si paisiblement m’avait en quelque sorte apaisé. C’était comme si tout ce qui se trouvait à l’intérieur de la clôture en bois était piégé dans une bulle de paix, malgré les monstres qui rôdaient dans la forêt voisine. J’avais pourtant bien vu Gams et Murus se heurter à des monstres tous les jours. Même si tout semblait calme, les villageois ne pouvaient pas baisser la garde.
Tout comme dans le monde réel, les villageois prenaient trois repas par jour. Une fois la lessive terminée, c’était l’heure du déjeuner. Les femmes avaient préparé un repas, et les quatre villageois de la grotte mangèrent ensemble. Lyra avait donné à Gams et Murus des paniers-repas le matin, ils mangèrent donc dans la forêt. Gams avait rapidement grimpé dans un arbre pour vérifier que la voie était libre avant de se reposer. De là-haut, j’étais presque sûr qu’il pouvait voir la grotte. Ils ne s’étaient jamais aventurés si loin qu’ils ne pouvaient pas revenir en courant en cas d’urgence.
Je voulais vraiment qu’il y ait plus de monde dans mon village. Mes villageois étaient tellement occupés par leurs corvées qu’ils n’avaient pas le temps de travailler à leur expansion. Plus que tout, je voulais quelqu’un qui sache se battre. Avec Gams absent presque toute la journée, il n’y avait plus personne pour protéger la grotte. Mais j’avais décidé que les nouveaux arrivants pourraient attendre jusqu’à ce que nous ayons passé le Jour de la Corruption. Je devais préserver mes PdD jusqu’à ce que le danger soit passé.
Au coucher du soleil, Gams et Murus étaient retournés à la grotte. Ils avaient réussi à tuer du gibier. Gams s’était alors mis au travail afin de dépecer les carcasses et de pouvoir cuisiner la viande pour le dîner. Puisque tout le monde était ensemble, j’avais décidé d’envoyer la prophétie du jour. C’était quelque chose que j’avais récupéré sur un blog de psychologie, maintenant que le Jour de la Corruption approchait.
Ils semblaient impressionnés quand ils la lurent. Si seulement ils savaient que je l’avais juste copié et collé d’Internet.
Comme d’habitude, Carol et Chem eurent une petite dispute, et après le dîner, chacun était retourné dans sa chambre pour se détendre avant de se coucher. Ils dînaient toujours bien avant la tombée de la nuit, généralement une heure avant que ma famille ne prenne son repas.
« Yoshio ! Dîner ! », me dit ma mère.
J’avais décidé d’arrêter là mon observation. Il ne semblait pas que quelque chose d’intéressant allait se produire avant qu’ils ne dorment.
Je me demande ce qu’il y a pour le dîner ce soir…
La viande que mes villageois mangeaient avait l’air si bonne, j’espérais vraiment que maman ait cuisiné quelque chose qu’ils nous avaient envoyé. Et dès que je sentis cette odeur de gibier en descendant les escaliers, j’eus un sourire.