Monster no Goshujin-sama – Tome 2 – Chapitre 31 – Partie 2

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Chapitre 31 : Le Monde des Lumières

Partie 2

Avant de m’en rendre compte, je flottais dans l’obscurité.

Mon environnement était d’une noirceur intense et étouffante, comme si j’avais sombré dans une mer profonde.

Je ne pouvais rien voir ni rien sentir.

Parce qu’en premier lieu, même mon propre corps n’existait pas en ce moment. Comme mon corps n’existait pas, je ne pouvais pas voir, et je ne pouvais pas non plus tendre la main vers quoi que ce soit.

Mais, c’était un peu troublant.

Je ne m’étais pas égaré ici. Je venais chercher quelque chose. Donc, ça n’avait aucun sens si de toute façon je ne pouvais rien voir.

J’avais essayé de percevoir dans l’obscurité profonde.

C’était l’équivalent de me transformer en lumière et d’illuminer les ténèbres.

En un rien de temps, j’étais devenu une flamme d’un blanc bleuté, flottant dans les ténèbres.

La boule de feu à taille humaine avait tremblé, diffusant des étincelles dans toutes les directions.

Ce n’est qu’alors que j’avais remarqué qu’il y avait plusieurs boules de feu flottant à proximité.

Une flamme rouge brûlant paisiblement, une flamme plus petite, mais énergique, une flamme dichromatique de couleur rouge-bleu, et une grande flamme blanche…

Il y avait des signes d’innombrables autres lumières flottant dans l’obscurité, mais malheureusement, je ne pouvais pas voir ou sentir jusqu’où elles brillaient. Le fait est que cette lumière — moi — possédait un sens de la vision et un sens du toucher dans cet endroit.

Quel endroit étrange ! pensai-je.

Tandis que j’essayais d’étirer mes deux mains, des étincelles s’étendirent en provoquant un son, et des flammes s’étendirent vers les ténèbres.

Je pouvais voir que mes mains étaient là deux fois, comme si elles étaient reflétées par un miroir.

C’était étrange, mais ce n’était pas comme si mes deux yeux l’avaient remarqué dès le début. Même s’ils étaient comme ça, ce n’était pas étrange.

C’est pourquoi quand j’avais incliné la tête « Hein ? » ce n’était pas parce que je doutais de l’étrangeté de ma double perception. C’est parce que j’avais trouvé une part inquiétante dans l’image que j’avais vu.

— Il y avait une petite fissure dans ma main gauche.

Non. Quand j’y avais jeté un coup d’œil de plus près, il y avait plusieurs petites fissures sur mon corps que je n’aurais pas remarqué si je n’avais pas regardé de près.

Et tandis que je regardais mon existence, je m’étais rendu compte que la flamme bleue — moi — était mélangée à une flamme rouge différente.

… Qu’est-ce que cela signifiait ?

Je ne m’en étais pas posé la question, mais seulement parce que je ne ferais aucun progrès même si je ruminais dessus. Si je commençais à dire de telles choses, alors je pouvais dire que je ne savais même pas ce qu’était cet endroit.

Mais même si je ne connaissais pas cet endroit, je savais que je devais venir ici pour un but. Alors, c’était assez. Je ne savais pas combien de temps je pouvais rester ici. Je n’avais pas eu le temps de spéculer librement.

En changeant mes sentiments, j’avais commencé à bouger.

Là où je devais aller, c’était à un niveau plus profond. J’avais plongé lentement au fond de l’obscurité.

Cet espace était trop grand, si gros que je ne pouvais même pas imaginer combien de temps ça avait duré… Peut-être que le concept de « fin » n’existait pas.

Heureusement que je savais où était la chose que je cherchais. Une mince connexion rouge comme du sang, comme un fil d’araignée, me guidait vers mon but.

Cet effet avait semblé n’être que des pensées douloureuses. Mais je ne savais pas quand cette connexion serait rompue. Il fallait que je me dépêche.

Nage. Plonge plus profondément.

Pendant que je faisais cela, les signes des autres lumières autour de moi avaient disparu.

J’avais même ressenti une forte pression physique dans l’obscurité de plus en plus profonde. « Une petite lumière comme moi pourrait être écrasée par la masse d’obscurité écrasante sur un coup de tête »… Tout en étouffant face à une telle peur, j’avais fermement retenu l’impulsion de remonter à la surface aussi vite que possible et j’avais continué à plonger.

Très vite, j’avais trouvé mon but.

Ce qu’il y avait, c’était une lumière jaune qui brûlait violemment — une flamme brillante et l’image doublée d’une fille.

Après mon bref moment de joie de l’avoir trouvée, j’avais froncé les sourcils sans le vouloir.

L’image de la jeune fille, les genoux dans les bras et les paupières abaissées, avait été gravement endommagée.

En raison des blessures profondes que Juumonji lui avait infligées, des fissures semblaient présentes sur elle, couvrant presque tout son corps, et beaucoup d’entre elles étaient si profondes qu’on aurait pu les appeler des crevasses.

L’image de la jeune fille blessée s’enfonçait encore aujourd’hui au fond de cette obscurité.

Lentement, mais sûrement…

Les fissures s’étaient multipliées en ce moment, les crevasses s’étaient creusées plus profondément, et les petits fragments qui s’étaient détachés avaient dérivé dans cette vaste obscurité, se brisant en petits morceaux et fondant comme une motte de sel qui fondait dans l’eau.

Et comme si elle luttait contre cela, la lumière de la fille brillait avec véhémence.

— Je ne peux pas encore disparaître. J’ai quelque chose à protéger.

Ce vœu était de réparer l’image de la jeune fille, qui aurait dû être coulée d’un seul coup à l’origine et se briser, dans cet endroit.

Ce n’était pas tout.

Si je l’observais de très près, quelque chose de différent se mêlait à la lumière de la fille.

Un grand nombre de fragments, tous très petits et dont la forme n’était pas aussi claire que l’image de la jeune fille, brûlait avec autant de véhémence que la lumière de Silane. J’y avais senti une volonté indépendante, comme celle de la fille.

Peut-être étaient-ils les « sentiments » laissés par de nombreuses personnes qui avaient perdu la vie pour défendre la forteresse de Tilia.

Silane avait reçu le pouvoir magique dont la forteresse avait été remplie et s’était transformée en monstre. Le pouvoir magique qu’elle recevait alors était quelque chose qui s’était échappé des âmes des soldats et des chevaliers qui étaient morts en combattant pour protéger la forteresse. Il n’aurait pas été étrange que quelques-uns des sentiments du défunt y soient restés.

Si c’est le cas, Silane était en ce moment comme une cristallisation des précieux désirs « de protéger les gens ». Ce ne serait pas bien si elle était perdue en tant que zombie pitoyable comme elle l’était maintenant.

Avec une nouvelle détermination, j’avais tendu la main vers l’image brûlante de la jeune fille.

J’avais compris instinctivement comment je pouvais reprendre la fille devant moi. Je savais naturellement comme utiliser mon pouvoir, appelé une « Grace » dans ce monde ou un pouvoir de triche dans la colonie. Cela n’avait pas changé, même dans des endroits que je ne connaissais pas.

Mon doigt tendu avait touché l’épaule de la fille. — Un bruit s’était fait entendre, et une minuscule fissure avait couru jusqu’au bout de mon doigt.

J’avais retenu mon souffle.

… C’est ce que je pensais, cette pensée m’avait traversé l’esprit.

Je crois que j’avais été paralysé pendant une minute.

C’était un choc, mais ce n’était pas surprenant. Je le savais aussi depuis le début, après tout.

C’était mon pouvoir. Je savais instinctivement ce que je pouvais et ne pouvais pas faire.

Bien sûr, je savais d’autres choses que ça aussi.

J’avais eu une mauvaise prémonition depuis que j’avais décidé de récupérer l’esprit de Silane.

Mais quand même, j’avais décidé que je retrouverais l’esprit de Silane.

J’avais décidé d’aller de l’avant sans hésitation, même si quelque chose m’arrivait…

C’était trop tard pour ça. Ce n’était pas une raison pour arrêter ma main.

Sans hésiter, j’avais enlacé l’image de la fille. En même temps, ma propre flamme s’était répandue, couvrant sa lumière.

Ce faisant, j’avais lentement rendu visible l’image de la jeune fille qui s’effritait.

Soulagé, j’avais… entendu un bruit comme un cri brisé qui sortait de tout mon corps.

Comme s’il n’était pas capable de supporter le fardeau, la surface de mon image s’était fissurée. C’était peut-être parce que j’avais touché quelque chose qui normalement n’aurait pas été touché, ou c’était peut-être un phénomène naturel.

Ça n’avait pas été fatal du tout.

Contrairement à Silane, les fissures étaient tout au plus superficielles, et mon image ne s’était pas non plus effondrée. Ce n’était pas quelque chose qui menacerait ma vie.

Mais, même si cela n’avait pas été fatal, il y avait des choses dont on ne pouvait pas se remettre.

En d’autres termes, il s’agissait d’un aller simple. Si je regardais l’endroit d’où je venais, il n’y avait plus de chemin pour y retourner.

Ce qui était arrivé à mon corps était ce genre d’événement.

Mais quand même, je ne pensais pas que je voulais lâcher Silane. Je ne voulais pas perdre la fille devant moi. Oui, c’est parce que je le ressentais fortement.

… Mais pourquoi ai-je été si convaincu que je voulais la récupérer ?

Était-ce… parce qu’elle croyait en moi, quelqu’un d’étranger à ce monde ?

Ouais. Je suppose que c’était à tous les coups l’une des raisons.

Mais ce n’était pas la seule raison.

Quand j’avais fermé les paupières, la silhouette de Silane face à Juumonji m’était venue à l’esprit.

Le chevalier qui avait continué à se battre, même après la mort, avec le sentiment de « je veux protéger quelqu’un ». C’était l’une des preuves que ce monde n’était pas seulement gouverné par le pouvoir.

L’« enfant intimidé » Riku Kudo — quelqu’un qui avait été tourmenté pendant un certain temps par Sakagami avant de venir à la forteresse de Tilia, et à la fin, on lui avait tragiquement volé la vie à cause d’un plan auquel Sakagami avait participé — avait décrit ce monde comme un endroit où « les forts pouvaient se comporter comme ils le voulaient ».

Je ne pouvais pas nier cette déclaration qu’il m’avait faite d’un ton comme s’il avait abandonné.

J’étais moi-même un humain du côté de ceux qui, après tout, avaient été piétinés par un tel pouvoir. Dans ce genre de sens, Kudo aurait pu être comme moi reflété dans un miroir.

Mais l’existence de Silane avait prouvé que ce monde n’était pas du tout cruel.

Les pouvoirs sans aucun sentiment qui nous avait été soudainement donné avaient tragiquement détruit l’ancienne colonie, et maintenant la forteresse de Tilia.

Une puissance déchaînée ruinerait bien des choses. C’était un fait.

Mais les sentiments qui venaient d’être piétinés n’étaient pas inutiles.

Si mon pouvoir aidait à récupérer Silane qui l’avait prouvé, ça ne compenserait-il pas ça ?

Tenant toujours Silane, j’avais commencé à m’élever des profondeurs de l’obscurité.

Le bruit de rupture avait continué.

J’avais eu une hallucination que je tombais quelque part, même si j’aurais dû être en ascension. Je descendais un escalier dont je ne pouvais plus jamais redescendre, pas à pas…

— Tu le sais bien, Monseigneur ?

Une phrase qui m’avait soudain traversé l’esprit.

— C’est une façon de penser très dangereuse. Même moi, je peux facilement le deviner. Si tu supportes tout ça…

… Oui, c’était peut-être vrai.

Mais, il y a certaines choses que je ne pouvais quand même pas abandonner.

Maintenant que j’y avais réfléchi, ça aurait pu être comme ça quand j’avais aussi décidé de protéger Kato-san.

Même si je savais que c’était mal, j’avais décidé de la protéger pour protéger « quelque chose » en moi. Cette fois, c’était pareil.

Comme Juumonji, j’avais soudain eu le pouvoir.

Quand j’avais réalisé pour la première fois que j’avais le pouvoir de diriger des monstres, j’avais pensé que c’était le pouvoir de survivre seul dans ce monde cruel.

Mais, c’est grâce à ce pouvoir que j’avais pu rencontrer Lily et les autres.

Je pouvais déclarer que les liens que j’avais noués avec elles jusqu’à présent étaient plus importants que tout pour moi.

C’est pourquoi je dois aller de l’avant avec, pensai-je.

Bien sûr, ce pouvoir en soi aurait pu être creux sans aucun sentiment.

Mais ce n’était pas creux — du moins, pas pour moi. Ce pouvoir avait mes sentiments ainsi que ceux de ma famille. C’est ce que j’avais cru. Je voulais y croire.

Et, ce que j’avais vivement souhaité récupérer avec ce pouvoir, c’était ici.

Donc, trahir ce souhait équivaudrait à nier les sentiments de ce pouvoir.

Je ne pourrais pas faire ça, absolument pas.

— Takahiro-dono ?

Tandis que je remontais à la surface, la voix de la jeune fille me parvint aux oreilles.

Quand j’avais regardé Silane, que je tenais dans mes bras, un seul de ses yeux était légèrement ouvert.

Sa pupille, portant une vague lumière, me remarqua. À ce moment-là, le chemin entre moi et elle s’était transformé en un lien solide.

Non. Était-ce peut-être le contraire ? Elle s’était réveillée parce que la connexion était devenue solide. Pour le prouver, l’irrégularité de mon corps s’était calmée, et l’effondrement de Silane s’était calmé. Et, la couleur de la lumière de Silane était passée du jaune au rouge.

— Cet endroit est ? … Non, c’est vrai ?

Le ton de Silane était à moitié endormi et à moitié réveillé. Sa conscience semblait elle aussi floue, et son regard tremblait comme si elle dérivait sur les vagues.

Pour elle, cela aurait pu sembler n’être qu’un événement dans un rêve. C’était ce genre d’endroit, et avant qu’elle ne se réveille à nouveau, c’était un environnement comme celui-ci.

— Oh. Je vois maintenant. J’ai utilisé toutes mes forces et j’ai été vaincue, hein ?

Un sourire sec flottait sur son visage, qui avait perdu un œil.

Une ligne de larmes coulait dans la crevasse de son visage.

— Encore une fois, je n’ai pas réussi à protéger ce que j’avais à faire.

Une image coulait en moi venant de son cœur exposé à travers le lien.

C’était la figure d’un jeune elfe mâle mort dans la forêt profonde.

Et agenouillée devant son cadavre, qui ressemblait suffisamment à celui de Silane pour que je croie que c’était son parent de sang, il y avait une très jeune fille en pleurs.

La scène que j’avais vue n’était que cela, mais j’avais pu ressentir plus qu’assez du chagrin déchirant qu’elle avait eu à ce moment-là.

C’était peut-être le souvenir du début de la bataille de Silane après qu’elle eut ramassé l’épée pour protéger les autres. La jeune fille avait commencé à marcher pour réduire la tristesse de ce monde, même si ce n’était qu’un peu, avec comme point de départ la grande perte qu’elle avait vécue.

Cependant, son chemin fut interrompu à mi-chemin, et Silane versa de nouveau des larmes sur sa propre impuissance.

Si le début était des larmes, alors la fin était aussi des larmes. Ce serait trop triste.

— N’abandonne pas, Silane. Ce n’est pas encore fini.

— Takahiro… — dono ?

En continuant à monter, j’avais confirmé l’existence des différentes lumières que j’avais vues plus tôt, là où j’avais levé les yeux.

C’était juste un peu plus loin.

— Retournons dans le monde, Silane. Kei nous attend.

Quand je lui avais dit ça, Silane m’avait regardé avec un visage abasourdi.

Elle avait dû être incapable de croire mes paroles.

Mais, nous avions le lien maintenant. Il lui avait été transmis que je lui disais la vérité. Comme la surface d’un lac, la seule pupille de Silane tremblait.

Du regard de Silane, une seule larme était tombée, mais pas une larme de tristesse.

Rien qu’en voyant cela, j’avais pu penser que mon choix n’avait pas été mauvais du tout.

Silane et moi nous étions rassemblés avec toutes les autres lumières pour les rejoindre. Ma conscience tournait de tous les côtés. Toutes sortes de lumières éblouissantes couvrirent alors ma conscience — et j’étais retourné dans le monde réel.

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2 commentaires :

  1. Merci pour le chapitre.

  2. Merci pour le chapitre.

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