Chapitre 10 : La bataille pour convaincre Takaya Jun ~ Point de vue de Lily ~
Table des matières
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Chapitre 10 : La bataille pour convaincre Takaya Jun ~ Point de vue de Lily ~
Partie 1
« Maître… »
Mon maître était apparu devant moi. Il était couvert de saleté, et il y avait de nombreuses petites coupures sur tout le corps. Cela dit, en pensant au fait qu’il avait déjà rencontré Takaya Jun une fois avant cela, le voir sain et sauf était un coup de chance.
Normalement, j’étais censée le protéger, alors le fait qu’il vienne me sauver me semblait être une sorte de mauvaise blague… mais je m’attendais quand même à ce qu’il vienne.
Dès que je l’avais vu, une joie indéniable avait jailli en moi, ainsi que le regret et la peur de l’avoir entraîné dans cet endroit dangereux. De plus, j’étais étonnamment déconcertée. Mais ce n’était que logique. Pour une raison inconnue, mon maître n’avait emmené aucun de ses serviteurs à part Asarina, qui ne pouvait pas être physiquement séparée de lui.
Juste avant de perdre conscience, j’avais vu Rose avec lui… Où était-elle maintenant ? La seule possibilité qui m’était venue à l’esprit était que quelque chose s’était passé quand ils avaient rencontré Takaya Jun. Elle était ma précieuse petite sœur. J’étais inquiète. Les chaînes qui liaient mon corps bloquaient mes sens à travers le cheminement mental, je ne pouvais donc pas confirmer l’état de mes sœurs à l’exception d’Asarina, que je pouvais voir de mes propres yeux.
Ce qui m’avait rendue encore plus confuse, c’est qu’au lieu de mes sœurs, mon maître chevauchait une énorme louve. Elle avait deux têtes féroces, ainsi que de multiples tentacules sortant du bas de son dos. Elle avait l’air majestueuse. Elle avait changé depuis la dernière fois que je l’avais vue, mais j’avais tout de suite su que c’était le monstre nommé Berta.
Mais Berta n’était pas la servante de mon maître. Elle servait l’autre dompteur de monstres, Kudou Riku. Qu’est-ce qui avait réuni Berta et mon maître ? La réponse à cette question se trouve dans la personne assise en face de lui.
« Un loup à deux têtes… Comment ça s’appelle déjà ? Hmmm. Je ne me souviens pas vraiment, » dit Takaya. Apparemment, il nourrissait les mêmes doutes que moi en regardant la silhouette encapuchonnée assise en face de mon maître. « Peu importe. Le fait que cette chose soit là signifie que tu es l’autre dompteur de monstres. Kudou Riku, c’est ça ? »
La silhouette encapuchonnée n’avait pas répondu — ou n’avait peut-être pas pu répondre — ce qui signifie que c’était vraiment Kudou. Je ne savais pas pourquoi il était là, mais apparemment mon maître s’était arrangé avec lui pour me sauver.
Takaya Jun avait regardé un Kudou silencieux et il avait haussé les épaules. « Je n’aurais jamais pensé que tu te montrerais comme ça. Ça fait longtemps, Kudou. Non pas que nous ayons vraiment parlé jusqu’à maintenant. »
Takaya Jun et Kudou Riku étaient dans la même classe. À en juger par ce que Takaya avait dit, les deux garçons ne s’étaient pas vraiment vus à l’école, mais ils se connaissaient au moins de visage. Non pas que cela fasse une différence, à première vue.
« Pensais-tu que je ne saurais pas qui tu es si tu cachais ton visage et gardais le silence ? Pensais-tu que tu pourrais me prendre par surprise comme ça ? C’est dommage. Je sais tout sur toi. J’en sais probablement bien plus que Majima, là-bas. »
« Qu’est-ce que tu veux dire ? » demanda mon maître. « Tu as appris l’existence de Kudou parce que des nouvelles sont parvenues au Fort d’Ebenus à propos de l’attaque du Fort de Tilia, non ? Tu ne peux pas en savoir plus que ça. »
« C’est vrai, Iino a livré des nouvelles à Ebenus. Et j’ai entendu la même chose lorsque je l’ai rencontrée à Serrata, mais je savais pour Kudou avant cela. »
« Ce… »
« Est-ce impossible ? Bien sûr que c’est possible, » déclara Takaya avec un sourire agressif. « La voix du ciel me l’a dit. »
« La voix du ciel ? Qu’est-ce que c’est ? »
« Peut-être que ce sera plus facile pour toi de comprendre si je dis qu’ils ont aidé à organiser l’attaque du Fort de Tilia. »
« Pas possible… » marmonnai-je, mes yeux s’ouvrirent en grand alors que j’écoutais leur conversation.
Il y avait eu des allusions au fait que quelqu’un avait fait le lien entre Juumonji Tatsuya, qui était parti au Fort d’Ebenus avec le corps expéditionnaire, et Sakagami Gouta et Kudou Riku, qui avaient été abandonnés dans les Profondeurs. Finalement, on n’avait jamais su qui c’était, mais on savait que c’était un tricheur du premier corps expéditionnaire qui pouvait communiquer avec les gens sur de longues distances. Et une fois de plus, ils avaient tiré les ficelles ici.
J’avais été choquée par cela, mais mon maître avait réagi différemment. Il avait fait claquer sa langue amèrement comme s’il s’y attendait.
« Pas étonnant…, » déclara mon maître. « C’est comme ça que tu as su comment assommer Lily. Je pensais que c’était bizarre. C’était impossible à moins de connaître les détails de la biologie d’un slime mimétique. »
Pendant un moment, j’avais été confuse par ce que mon maître avait dit, mais ensuite je l’avais soudainement réalisé. Je ne me souvenais pas du moment où j’avais perdu conscience, mais Takaya Jun m’avait dit qu’il m’avait poignardée à la tête.
C’était la méthode la plus rapide et la plus efficace pour m’assommer. Une connaissance précise était nécessaire pour accomplir cela. Mais comment Takaya Jun pouvait-il le savoir ? Les informations sur nous ne circulaient pas beaucoup en dehors de notre cercle. Nous étions un groupe de monstres, cachant nos identités autant que possible.
Sans parler des conditions nécessaires pour nous maîtriser. Ceci étant, cela signifiait que quelqu’un devait l’avoir vu pour pouvoir transmettre l’information. Il n’y avait pas eu beaucoup d’occasions d’en être témoin. Une telle occasion s’était produite lors de la bataille contre Juumonji au Fort de Tilia.
À l’époque, après que Juumonji m’ait abattue, il m’avait frappée avec son poing, pulvérisant ma tête et m’assommant. Quelqu’un là-bas avait dû transmettre cette information à cette « Voix du Ciel », qui avait ensuite dit à Takaya.
« Sakagami Gouta…, » avais-je murmuré.
« Oh, tu l’as aussi remarqué, Miho ? » dit Takaya, en souriant.
Je m’en souviens maintenant. Le garçon que Kudou Riku avait utilisé comme leurre était présent à ce moment-là. Après cela, il s’était évanoui de ses blessures, et les chevaliers de l’Alliance l’avaient emmené. Puis Berta l’avait récupéré et l’avait finalement mangé sur l’ordre de Kudou.
Pendant ce temps, Sakagami Gouta avait eu de nombreuses occasions de transmettre l’information à son aide, cette Voix du Ciel. Peut-être que j’avais trop réfléchi, mais peut-être que Sakagami avait choisi de ne pas s’enfuir à ce moment-là parce qu’il communiquait avec cette voix et que celle-ci l’avait incité à le faire.
En un sens, cette prétendue Voix du Ciel ressemblait plus aux murmures du diable. Si l’on considère leurs méthodes lors de l’attaque du Fort de Tilia et l’incident qui s’était produit ici, il y avait assez de malice pour faire frissonner quelqu’un. Qui cela peut-il être exactement ? Mon maître semblait se demander la même chose.
« Takaya. Connais-tu l’identité de cette Voix du Ciel ? » demanda-t-il, avec son expression sinistre.
« Qui sait ? Quand j’ai demandé un nom, il m’a simplement dit “Voix du Ciel”. J’ai tout de suite compris que dès le départ, il n’avait pas l’intention de me répondre. Tant que je pouvais obtenir des informations sur Miho, rien d’autre ne m’intéressait. Donc je m’en fichais, pour être honnête. C’est pourquoi je ne connais pas son nom, ni s’il s’agit d’un garçon ou d’une fille. »
« Même si tu as parlé avec lui ? »
« Il se fait simplement appeler “la voix du ciel”, mais il n’y a pas de voix à entendre. Ce n’est pas comme parler au téléphone. C’est plus comme si des mots étaient directement insérés dans ta tête… Je suppose, quelque chose comme de la télépathie, non ? Il n’a rien dit d’autre sur lui. Eh bien, cependant, il a certainement jacassé sur d’autres personnes. Par exemple… » Takaya avait fait une pause et avait tourné son regard vers Kudou. « Kudou, à propos de toi et de Todoroki Miya. »
Todoroki Miya ? J’étais déconcertée par ce nom soudain. J’avais l’impression de l’avoir déjà entendu quelque part, mais je n’arrivais pas à me rappeler qui elle était exactement. Mon maître avait également l’air perplexe. Cependant, la réaction de Kudou était totalement différente. Son visage était caché par sa capuche, mais ses épaules avaient tressailli. La réaction de Berta était encore plus franche.
« Espèce de vaurien… Tu oses te moquer de notre roi ? »
Le grognement de Berta était plein d’hostilité et de colère. Elle bouillonnait à tel point qu’elle était prête à attaquer à tout moment. Nos maîtres étaient différents, mais il y avait des choses que nous avions en commun en tant que serviteurs. Ce grognement était une manifestation de sa fureur insupportable à l’égard de quelqu’un qui piétinait le sol sacré qu’était son maître.
J’avais trouvé sa réaction un peu inattendue. La capacité de Kudou Riku lui permettait de forcer les serviteurs à se soumettre à son autorité. Ils étaient tous des outils pour lui. Cela n’était pas différent pour les monstres à son service qui possédaient des volontés. Cependant, Berta était en colère pour le bien de son maître. En d’autres termes, leur relation était plus qu’une obéissance forcée. Dans ce cas, cependant, ça s’était retourné contre eux.
« Calme-toi, Berta, » dit mon maître. Il est le seul des trois à avoir gardé son calme. « Toi aussi, » ajouta-t-il en tapant sur l’épaule de Kudou. « Il essaie juste de te secouer. Tu le laisses t’atteindre. »
« Je sais…, » répondit Kudou. Sa voix semblait sèche, et il était difficile de l’entendre.
Kudou avait fait un signe de tête à mon maître, bien que ce soit difficile à dire à cause de sa capuche. En observant cet échange, Takaya laissa échapper un grognement mécontent. Tout comme mon maître essayait d’extraire le plus d’informations possible de cette conversation, Takaya essayait d’utiliser cette opportunité pour agiter Kudou.
Actuellement, mon maître n’avait pas ses serviteurs à ses côtés. Aucun des monstres reliés entre eux par leur cœur n’était là. À la place, il avait une équipe construite à la hâte. Il ne pouvait pas se permettre que les choses s’écroulent ici. À cet égard, le jugement de Takaya sur la réaction de Kudou était bon, quelle que soit sa folie. C’était extrêmement gênant.
Le fait que Takaya puisse prendre une décision aussi calme signifiait qu’il serait difficile pour mon maître de chercher des ouvertures dans son esprit. Même si Takaya était accablé par mon corps lié sous son bras, il était douteux que mon maître puisse compenser la différence. J’avais espéré que nous pourrions trouver un autre chemin vers la victoire… mais maintenant que le complot de Takaya pour agiter Kudou avait échoué, il n’avait plus de raison de poursuivre cette conversation.
« Ça aurait été plus facile si tu avais perdu la tête et que tu m’avais attaqué. Oh et bien, » grogna Takaya, puis son expression changea complètement. « Alors… Tu as dit quelque chose tout à l’heure. C’était quoi déjà ? » Il l’avait dit à mon maître. Sa voix était assoiffée de sang. « Ah oui. Tu as dit quelque chose à propos de reprendre Miho… N’est-ce pas, Majimaaaa !? »
La haine suintait de son corps comme si quelqu’un avait posé ses mains sur ce qu’il avait de plus précieux au monde. Il était comme le chaudron d’une sorcière en ébullition. Toutes les émotions négatives se mêlaient en lui, bouillonnant dans une violente rage qui corrompait son entourage. Mon maître n’avait pas faibli pour autant.
***
Partie 2
« Oui, c’est ça. Tu me la rendras, » répondit-il calmement, comme s’il avait pris sa décision depuis longtemps. « C’est pour cela que je suis venu ici. »
« Espèce de fils de… » L’expression de Takaya s’était déformée. Je pouvais l’entendre grincer des dents. « Ne te méprends pas. Miho ne t’appartient pas. »
« Non, » dit mon maître avec un léger mouvement de tête. « Lily est à moi. »
« — ! »
J’avais été étonnamment choquée par sa déclaration.
« Lily est ma servante. Je suis son maître. Personne n’a le droit de dire quoi que ce soit à ce sujet. »
Une déclaration aussi autoritaire ne convenait pas à mon maître. Elle montrait à quel point sa détermination était forte pour venir ici. Cela m’avait rendue heureuse. J’étais vraiment heureuse… mais son adversaire était un guerrier, un tricheur.
Par nature, les monstres que Kudou pouvait forcer à se mettre à son service avaient une limite à leur force individuelle. D’après ce que j’avais pu voir, Berta était plus forte qu’avant, mais elle était encore plus faible que moi. Il lui serait difficile de s’attaquer à un guerrier en combinant les forces de mon maître et d’Asarina. Si Gerbera était là, et en parfaite condition, peut-être pourraient-ils se battre à armes égales… Non, c’était encore bien trop téméraire.
Je m’étais mordu la lèvre, arrivant à la conclusion dont j’étais déjà consciente. Y avait-il un moyen de surmonter cette situation ? Mes pensées s’étaient emballées alors que je restais attachée au bras de Takaya. Il devait y avoir un moyen de protéger mon maître. Il devait y avoir quelque chose que je pouvais faire. Je ne me souciais pas de ce qui m’arrivait. Si je ne pouvais pas trouver un moyen, mon maître le ferait… Si c’est le cas, ma misérable vie n’avait pas —
« Lily. »
J’avais soudainement entendu mon nom. J’avais levé la tête et rencontré les yeux de mon maître. J’étais sûre que mon expression était raide. Ayant interprété cela comme une manifestation d’anxiété, mon maître m’avait souri.
« C’est bon. Attends juste un peu plus longtemps. »
« Ah… »
J’avais essayé de répondre, mais avant que je puisse le faire, la colère et la folie de Takaya Jun avaient explosé.
« Ne… te fous… pas de moi… Ne me fais pas chier, bordel de merde ! »
Son visage était horriblement déformé maintenant. C’était comme s’il avait souffert d’une agonie insupportable juste parce que nous avions échangé un seul mot. C’était logique. Il ne voyait que ce qu’il voulait voir. Il ne reconnaissait pas la réalité. De son point de vue, chaque mot que nous nous disions créait des fissures dans son monde illusoire.
« Je ne livrerai plus jamais Miho à qui que ce soit ! À personne ! Plus jamais ! »
Takaya Jun avait rugi et nié la réalité devant lui. Son épée ornée de bijoux brillait d’une lumière éblouissante, appelant la mort.
« Esquive-le ! » cria mon maître.
Un pilier de terre avait jailli sous les pieds de Berta. La louve avait tordu son corps et avait esquivé la poussée de terre. Cependant, Takaya était loin d’avoir fini.
« La suite arrive, Berta ! »
« Je sais. Accroche-toi bien. »
Berta s’était précipitée sur l’ordre de mon maître. En un instant, sa silhouette s’était transformée en vent cendré. Une personne normale n’aurait pas été capable de suivre sa vitesse. Malgré un physique bien plus imposant que celui d’un croc de feu ordinaire, cette bête grotesque courait dans la forêt plusieurs fois plus vite. Cependant, ce n’était pas suffisant pour surpasser la vision cinétique d’un guerrier.
« Dégage de ma vue ! Majimaaa ! »
Takaya avait déversé son énorme mana de tricheur dans l’épée ornée de gemmes. Des piliers de terre avaient jailli du sol dans le sillage de Berta. Ils ressemblaient à une manifestation de la fureur et de la folie diabolique qui se déchaînaient en Takaya Jun.
« Grrr… »
L’énorme corps de Berta s’était envolé en esquivant les piliers. Mon maître était assis derrière Kudou, et il s’accrochait désespérément à son dos. Berta avait enroulé ses tentacules autour de leurs tailles pour aider à les stabiliser sur son dos. Asarina était également enroulée autour d’eux pour les aider. Sans tout cela, ils auraient été secoués.
D’innombrables piliers avaient surgi de l’ombre de Berta. Le paysage banal de la montagne s’était transformé en un spectacle d’un autre monde. Berta essayait d’une manière ou d’une autre de se rapprocher de nous, mais les attaques de Takayas ne le lui permettaient pas. En canalisant son mana débordant dans la lame, il maintenait une offensive unilatérale grâce à la magie à longue portée. Berta était sûre de déraper au fil du temps. La situation se dégradait de plus en plus.
« Graaawr ! »
Berta avait aussi jugé qu’elle n’arrivait à rien. Une de ses têtes s’était tournée vers nous et avait ouvert ses mâchoires. Des flammes en étaient sorties, se rapprochant de nous en ligne droite. À ce rythme, j’allais aussi être prise dans le feu qui faisait rage, mais il y avait beaucoup de distance entre nous, donc Takaya n’allait pas laisser passer une attaque aussi minable.
« Haha ! C’est pathétique ! »
Un pilier s’était dressé devant nous, obstruant facilement le brasier. C’était la différence entre un tricheur et un monstre. C’était une dure réalité. En fait, Takaya Jun riait comme si cette attaque lui avait donné une splendide opportunité.
« Mangez ça ! »
Un pilier incliné avait jailli du sol, se précipitant vers l’angle mort de Berta. Alors qu’elle venait de libérer ses flammes, elle avait réagi un instant trop tard. Le pilier avait percuté l’abdomen de l’énorme loup.
« Quoi ? »
Soudain, une masse verte avait arrêté le coup. Elle entra en collision avec le pilier, les deux forces se rejetant l’une l’autre, dispersant du slime vert dans l’air.
« Bravo, César ! »
Cela n’avait gagné qu’une fraction de seconde, mais c’était suffisant pour que Berta se glisse derrière le pilier. Takaya s’était figé. Il était sûr que son attaque ferait mouche. Profitant de cette chance, Berta avait rapidement réduit la distance. Le temps qu’il reprenne ses esprits, il était déjà trop tard. Du moins, ça l’aurait été pour une personne normale.
« Putain ! »
Takaya Jun avait les capacités physiques d’un guerrier, il n’était donc pas si simple de s’approcher de lui. Berta avait plongé sur son flanc, mais Takaya avait fait un bond en arrière, ouvrant l’écart une fois de plus. Avec cet élan, la bataille s’était transformée en une mêlée trépidante se déplaçant à travers les montagnes.
« Graaawr ! »
L’une des têtes de Berta crachait un feu incandescent, tandis que l’autre projetait une grêle intensément froide.
« Je vais être touché ! »
Utilisant des piliers de terre et de feuillage comme couverture, Takaya Jun avait continuellement esquivé les attaques de souffle. Il maintenait Berta à distance avec une agilité diabolique, donnant l’impression qu’il ne me portait pas du tout sous son bras. Tant qu’il pouvait maintenir cette distance, il pouvait probablement esquiver pour toujours.
« Tu ne seras pas touché ? Hmph, ça marche dans les deux sens. »
Berta avait aussi continuellement évité les coups directs de la magie de Takaya. Son épée ne semblait pas capable de créer plus d’un seul pilier à la fois. Pourtant, il n’y avait pas d’écart entre les attaques pour en tirer profit. En utilisant l’incroyable mana de Takaya, l’épée pouvait libérer un autre pilier au moment où Berta esquivait le précédent. Berta ne pouvait pas tous les esquiver par elle-même.
Cependant, une boue verte enveloppant son corps bloquait les coups occasionnels qu’elle ne pouvait éviter. Le monstre appelé César était probablement le serviteur de Kudou. La membrane défensive verte s’éparpillait chaque fois qu’elle était touchée, mais c’était plus que suffisant pour donner à Berta le temps d’esquiver. Le combat était devenu une impasse, aucun des deux camps ne pouvait porter un coup décisif. Tant qu’ils maintiendraient cette distance entre eux, cela ne changerait pas. Takaya Jun le savait mieux que quiconque. Je pouvais entendre ses dents grincer ensemble.
« Ennuyeux… » Il grommela d’une voix grave. « Agaçant. Agaçant ! Tellement ennuyeux ! »
« Aargh !? »
Une accélération soudaine avait écrasé mes poumons alors que Takaya Jun chargeait avec impatience.
« Je vais vous tuer. »
Il était passé de la priorité à la sécurité à la prise d’un risque minuscule. Ce petit changement avait fait pencher la balance de la bataille.
« Graawr ! »
Berta avait craché des flammes de ses deux têtes pour l’intercepter. Takaya Jun avait créé un pilier devant lui à la dernière seconde pour se défendre contre elle.
« Raaah ! »
Il avait ensuite renversé son propre pilier d’un coup de pied avec une force stupéfiante.
« Graah !? »
Les flammes de Berta ne pouvaient rien faire de plus que de brûler le pilier qui tombait. Juste avant qu’il ne l’écrase, elle avait sauté sur le côté pour l’éviter. Cependant, à ce moment-là, Takaya avait traversé le sommet du pilier qui s’effondrait et était juste à côté d’elle.
« Meurs. »
Il était bien à portée pour utiliser son épée. Takaya n’était pas spécialisé dans la magie, donc c’était en fait sa portée la plus mortelle. Tout ce que je pouvais faire était de regarder la scène se dérouler devant moi.
Il balança son épée. Berta s’était arrêtée pour tenter de l’intercepter, ouvrant ses mâchoires et montrant ses crocs. Au-dessus de son dos, mon maître fixait Takaya. Son visage était raide à cause du désespoir de la situation. Cependant, ses yeux n’avaient pas encore abandonné. Au contraire, ses lèvres pincées semblaient presque être courbées en un sourire insolent.
« Quoi — !? »
À cet instant, une nouvelle silhouette avait sauté de l’ombre de l’arbre où Berta s’était arrêtée. En voyant la nouvelle arrivée, Takaya Jun avait été surpris. Une jupe plissée flottait dans le vent. Une belle épée fine scintillait dans la lumière. De longs cheveux noirs glamour dessinaient une traînée dans l’air, et des yeux honnêtes reflétaient l’image du garçon fou.
« U-Uoooh !? » Takaya Jun hurla et bondit en arrière de toutes ses forces. « Pas possible ! Pourquoi es-tu là !? »
Des yeux dignes le fixaient. La situation avait été renversée en un instant. C’était parfaitement naturel. Un poids lourd venait d’être placé sur la balance de la bataille.
« Iino !? Pourquoi es-tu là !? »
La Skanda Iino Yuna, l’une des plus fortes combattantes de ce monde, se tenait devant le garçon qui avait sombré dans la folie.