Monster no Goshujin-sama (LN) – Tome 5 – Chapitre 3 – Partie 1

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Chapitre 3 : Tendre la main vers le bonheur

Partie 1

Cinq jours s’étaient écoulés depuis que Shiran m’avait parlé des plans de la commandante. Bien que nous ayons subi plus de pertes à cause des épidémies sporadiques de goules, les dernières crémations avaient eu lieu hier.

Shiran avait dit que les soldats avaient droit à un jour de repos avant de quitter la forteresse demain. Le traitement du grand nombre de cadavres de monstres progressait également sans problème grâce aux efforts continus de Lily. Elle m’avait signalé ce matin qu’elle allait avoir terminé dans la journée.

Je vais laisser de côté ce qui s’est passé à ce moment-là… Elle avait été très occupée à tout faire avant notre départ, aussi les matins étaient-ils les seuls moments où elle pouvait prendre une pause. Pendant ces moments, elle avait inconsciemment cherché une compensation. L’échange quotidien d’attaque et de défense tôt le matin était devenu de plus en plus périlleux à mesure que l’attaque se renforçait et que la défense s’affaiblissait.

Je n’avais pas eu beaucoup d’occasions d’interagir avec d’autres personnes que les chevaliers de l’Alliance. Je ne pouvais que regarder de loin. Les préparatifs semblaient se dérouler sans accroc. Cependant, il y a une chose que j’avais vue et que j’avais trouvée plutôt surprenante. Ce monde avait des « automobiles ».

« Cependant, elles sont différentes des boîtes d’acier mobiles de votre monde, » dit Shiran.

Ils ressemblaient à de simples chariots couverts, mais il n’y avait pas de cheval pour les tirer. Une pierre runique utilisait le mana circulant sous la terre comme source d’énergie pour déplacer le véhicule. Ils les appelaient manamobiles. Ils ne se déplaçaient pas si vite que ça. Leur vitesse maximale était à peu près celle d’un sprint normal, mais leur vitesse normale était de l’ordre de la marche. La collecte de mana en mouvement était insuffisante, alors ils stockaient du mana pendant la nuit quand ils étaient immobiles, de cette façon ils pouvaient se déplacer pendant toute la journée.

« Des manamobiles, hein ? La technologie magique est vraiment étonnante ici, » avais-je marmonné.

« C’est écologique, n’est-ce pas ? » dit Lily. « Je n’en ai entendu parler que par des souvenirs, mais c’est un peu comme une voiture solaire. Bon, la seule raison pour laquelle les manamobiles ne bougent pas pendant la nuit, c’est pour des raisons de sécurité, donc c’est un peu différent. »

« Je trouve ton monde bien plus étonnant, Takahiro. Vous avez une technologie qui procure du mana à partir de la lumière du soleil, non ? Mikihiko m’en a parlé, » dit Shiran.

« C’est un peu différent de ça… mais c’est bien de l’interpréter de cette façon, » avais-je répondu. Il serait difficile d’expliquer la différence, alors j’étais resté quelque peu évasif.

Par ailleurs, il y avait des chevaux dans ce monde, mais on ne les utilisait pas beaucoup dans les régions forestières. Les animaux avaient peur de cette région, il fallait donc un entraînement spécial pour les y amener. C’est pourquoi le transport de biens non essentiels se faisait généralement par manamobiles. Même en dehors des Terres forestières, ces véhicules nécessitaient moins de travail pour leur entretien que les chevaux, ils étaient donc assez largement utilisés.

Cette fois-ci, ils devaient transporter des soldats en détresse souffrant de séquelles de blessures, ils utilisaient donc les manamobiles pour le faire. Ils nous avaient également prêté l’usage d’un de ces véhicules. En effet, il serait gênant pour Gerbera, Rose ou Ayame d’être repérées sur notre chemin. J’avais accepté leur gentillesse avec reconnaissance.

Après avoir entendu les détails du départ de demain matin, j’étais allé voir Rose. Lily devait encore finir son travail, alors nous nous étions séparées devant la chambre de Rose. Il y avait un chevalier qui nous accompagnait, donc nous avions gardé le flirt au minimum. J’avais serré son corps délicat dans mes bras, puis j’avais fait un signe d’adieu. Maintenant seul, je m’étais retourné et j’avais frappé à la porte.

« Rose, c’est moi. » Mes coups étaient raides, et ils résonnaient dans le couloir comme une manifestation de la tension qui m’habitait.

« Bonjour, Maître. »

Ce qui m’avait accueilli… n’était pas un mannequin sans visage, mais une femme aux cheveux gris portant des vêtements qu’elle avait empruntés à Lily et un masque couvrant son visage. Je n’étais pas encore familier, mais c’était ce à quoi Rose ressemblait maintenant. Le jour où le Fort de Tilia avait été attaqué, avant que nous ne poursuivions Sakagami, j’avais rencontré Rose et j’avais découvert qu’elle était déjà habillée de la sorte. Le masque qu’elle portait maintenant était tout neuf. Il y avait un trou à la place de son œil droit, mais rien qu’en regardant l’œil restant à travers son masque, il était clair que son visage n’était plus plat et immobile.

Apparemment, Rose avait secrètement modifié son corps en entier. D’après son comportement habituel, j’avais compris qu’elle me le cachait parce qu’elle ne voulait pas que je le voie avant d’être satisfaite de ce qu’elle avait fait. C’était une fixation de sa part en tant que créatrice.

Le visage de Rose avait été endommagé lorsqu’elle avait rencontré les monstres qui s’étaient abattus sur le Fort de Tilia. C’était déjà un travail en cours, alors elle ne voulait le montrer à personne. C’est pourquoi je n’avais pas encore vu le visage qu’elle cachait sous ce masque. Néanmoins, je pouvais facilement l’imaginer. Elle avait un visage humain fabriqué de manière complexe, pratiquement impossible à distinguer d’un vrai visage. Je pouvais en être sûr grâce à l’œil unique que je pouvais à peine voir. J’avais été très choqué quand je l’avais vue comme ça cette nuit-là. Elle était avec Katou, mais elle avait l’air d’une parfaite inconnue. Pourtant, je pouvais dire qu’il s’agissait bien de Rose à ce moment-là grâce à notre cheminement mental.

Actuellement, le corps de Rose était toujours celui d’une marionnette à partir du cou. Ses articulations au-delà de ses manches et sous l’ourlet de sa jupe étaient clairement visibles. La couleur de sa peau était également la même que celle d’un mannequin inorganique, elle n’avait donc pas vraiment l’air humaine. Cependant, en même temps, elle était incomparablement plus féminine qu’elle ne l’était auparavant.

D’une certaine manière, elle avait la beauté d’une poupée. Ce mélange de substance inorganique et de féminité avait une douceur unique qui la faisait briller. J’étais tout à fait d’accord pour dire qu’elle ressemblait à la « jolie poupée » qu’elle avait mentionné vouloir fabriquer.

Ses cheveux gris tombaient dans son dos et étaient attachés en une tresse. Elle portait une robe qui couvrait son corps. Même le regard sérieux qu’elle portait sous son masque était complètement féminin, un contraste frappant avec son apparence asexuée précédente.

C’est peut-être pour cela que je me sentais un peu perdu en lui parlant maintenant. La fille devant moi était Rose. Ma précieuse Rose. Rien de tout cela n’avait changé. Cependant, il y avait quelque chose de mêlé à cette perception maintenant, quelque chose que j’avais auparavant négligé. C’était probablement parce que j’étais maintenant conscient que Rose était une fille.

Si j’en parlais à quelqu’un, il serait étonné que je ne m’en aperçoive que maintenant. J’avais passé beaucoup de temps avec Rose, et je l’avais vue acquérir la capacité de parler et passer d’une simple marionnette sculptée à un mannequin. Ce processus m’avait permis de savoir que l’esprit de Rose était féminin, et j’avais découvert dans sa relation avec Katou qu’elle avait un côté plus proche de celui d’une adolescente.

Cependant, le changement qu’elle avait subi cette fois-ci était décidément différent d’une certaine manière. Pour la première fois, j’étais conscient que Rose était une membre du sexe opposé, bien que je sois censé le savoir auparavant. C’était probablement la cause de ma perplexité.

Il n’y avait bien sûr aucune raison d’être déconcerté par le fait qu’elle soit du sexe opposé. Elle était ma précieuse compagne, comme toujours. C’était censé être ainsi, mais une telle logique ne m’aidait pas à me sentir moins perplexe. C’était plutôt troublant.

Après avoir frappé, Rose avait ouvert la porte et j’étais entré dans la pièce. Il y avait une autre fille à l’intérieur portant un uniforme d’école, avec des cheveux noirs qui descendaient jusqu’à ses épaules.

« Bonjour. Tu as l’air d’aller mieux, Katou. »

« Bonjour, Senpai. Grâce à toi, j’ai complètement récupéré maintenant. »

Katou était assise confortablement sur le tapis au milieu de la pièce. Il y avait une pile de sculptures en bois sur le coin du tapis. Il semblait que Katou s’était entraînée à ressentir le flux de mana en s’appuyant sur Rose pendant qu’elle créait des outils magiques. Elle essayait d’apprendre la magie de cette façon, pour le moment.

« Maî — ttttt — trre ! »

« Bonjour, Asarina. Tu as l’air en forme aujourd’hui. »

Asarina, qui se comportait habituellement de manière docile lorsque nous étions à l’extérieur, s’était étirée du dos de ma main tandis que Katou la saluait et jouait avec elle. J’avais regardé la charmante scène se dérouler et j’avais pris place à la table près de la fenêtre. Katou s’était levée, avait tapoté la poussière de sa jupe, puis s’était assise sur le lit.

J’avais fait signe à Rose de s’asseoir sur la chaise en face de moi. Elle m’avait regardé d’un seul œil sous son masque. Je lui avais fait un signe de tête, et elle s’était assise, bien qu’hésitante. Le visage de Katou avait affiché un très petit sourire en regardant Rose.

Jusqu’à présent, de ce que j’avais vu indirectement, Katou ne semblait pas se forcer. Elle avait une peur morbide des hommes. Avant que Lily et moi ne nous dirigions vers la forteresse, alors que nous étions sur le point de rencontrer le groupe d’étudiants et de chevaliers sur le chemin des Terres forestières, son état s’était fortement détérioré. Après cela, Katou était restée derrière avec Rose et Gerbera.

Le jour de l’attaque du Fort de Tilia, je les avais emmenées toutes les deux avec moi pour coincer le loup à deux têtes Berta et j’avais laissé Katou avec les Chevaliers de l’Alliance. J’avais appris plus tard qu’elle s’était effondrée une fois de plus alors qu’elle se réfugiait avec eux dans les Terres forestières. Elle avait l’air d’aller bien avant que nous nous séparions, mais elle avait apparemment joué la comédie pour ne pas nous inquiéter. Se forcer comme ça avait fini par lui coûter cher, et elle était restée au lit pendant plusieurs jours.

J’étais le seul homme qu’elle ne craignait pas ou qu’elle ne rejetait pas, peut-être parce que je lui avais fait une certaine impression lorsque j’avais décidé de m’occuper d’elle, ou à cause du temps que nous avions passé à voyager ensemble dans les Terres forestières. Quoi qu’il en soit, j’étais anxieux quand j’étais venu la voir après avoir entendu qu’elle s’était effondrée à cause de la proximité des hommes. J’étais soulagé de pouvoir lui parler comme ça, même maintenant.

J’étais soudain conscient de ce que je ressentais. Avant, je n’aurais pas reconnu ou même accepté ce sentiment de soulagement. Il semblait que le changement qui s’était produit dans mon cœur depuis mon arrivée au Fort de Tilia avait également fait évoluer ma relation avec Katou dans le bon sens.

À ce moment-là, Katou avait regardé dans ma direction en réalisant quelque chose. « Hein ? Maintenant que j’y pense, Kei n’est pas avec toi aujourd’hui ? »

« Non, elle est occupée aujourd’hui à cause des préparatifs du départ de demain. »

Jusqu’à hier, Kei, la nièce de Shiran, m’accompagnait chaque fois que je venais ici. Nous lui avions demandé de nous dire beaucoup de choses, des choses qui étaient connues de tous dans ce monde. Nous étions après tout sur le point de mettre le pied dans le monde où l’humanité vivait. Nous avions des alliés, donc les choses étaient encore positives pour l’instant, mais nous ne savions pas ce qui pouvait arriver jusqu’à ce que nous nous assurions un moyen de subsistance stable. Nous devions être aussi bien préparés que possible. Plus nous avions de connaissances, mieux c’était. Il se trouve qu’au cours des cinq derniers jours, je n’avais pas pu vraiment aider dans la forteresse en raison de ma position délicate, et j’avais donc beaucoup de temps à perdre. C’est pourquoi j’avais demandé à Kei de nous enseigner pendant ce temps. Cependant, étant donné le départ de demain, Kei était occupée aujourd’hui.

Les épaules de Katou s’étaient légèrement affaissées. « Je vois… C’est malheureux. »

Lorsque Katou s’était effondrée l’autre jour, les seules femmes à proximité étaient Shiran et Kei. Kei avait aidé Katou à ce moment-là, et elle avait également aidé à prendre soin d’elle lorsqu’elle était alitée dans la forteresse, si bien que toutes deux avaient fini par bien s’entendre. Tant que Katou craignait les hommes, la présence d’une fille comme Kei était rassurante. Un lien naturel s’était formé entre Katou, Kei et Rose. C’était agréable de les voir discuter toutes les trois.

« Oh, c’est vrai, » dit Katou, en levant soudainement les yeux vers Rose. « Désolée, tu voulais parler de quelque chose avec Majima-senpai, n’est-ce pas ? »

« Mana, cela ne me dérange pas d’attendre que ta conversation soit terminée. »

Rose devait attendre qu’on atteigne un bon point d’arrêt.

« Hm ? De quoi voulais-tu parler, Rose ? » avais-je dit, en la poussant à continuer.

« La première concerne les pierres runiques que j’ai empruntées, » répondit Rose avec respect.

« Oh ? As-tu trouvé quelque chose ? »

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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