Monster no Goshujin-sama (LN) – Tome 4 – Histoire supplémentaire

Bannière de Monster no Goshujin-sama (LN) ***

Histoire supplémentaire : Mon Cher Sauveur ~Point de vue de Shiran~

Mon frère, qui travaillait au Fort de Tilia en tant que membre des Chevaliers de l’Alliance, était revenu dans notre village. C’était la première fois qu’il rentrait chez lui en trois ans.

« T’en sors-tu bien, Shiran ? »

« Oui ! C’est merveilleux de te voir en bonne santé, mon frère ! »

Le travail d’un chevalier de l’ Alliance était dur. Pour protéger l’humanité de la menace des Terres forestières, ils s’aventuraient dans cette forêt pleine de monstres et exposaient constamment leur vie au danger. J’avais toujours craint qu’un tel environnement ne change complètement mon frère. Cependant, j’avais tout de suite su que c’était une inquiétude inutile. Son visage était plus marqué que dans mon souvenir, mais son expression gentille et douce restait comme avant.

« Je vois que la petite Shiran a beaucoup grandi. »

« Bon sang ! Combien d’années penses-tu qu’il s’est passées depuis notre dernière rencontre ? »

Je n’avais que sept ans lorsque mon frère avait quitté le village en tant que chevalier. J’étais très attachée à lui à l’époque et je le suivais toujours partout. Mon père était mort juste après ma naissance, alors mon frère était comme un parent adoptif pour moi. J’étais très fière de mon frère, fort et doux, qui avait toujours protégé notre village en tant que membre de la garde du village, même avant de partir pour le Fort de Tilia en tant que chevalier.

« Hein ? Frère ? Qui est-ce ? »

« Hmm. C’est donc la sœur dont tu as parlé. Elle te ressemble. »

Mon frère était revenu à la maison avec une femme. Pendant un moment, j’avais cru qu’il avait ramené sa nouvelle épouse. Ma demi-sœur, qui avait donné naissance à Kei, était morte il y a quatre ans. Mon frère était encore jeune, seulement vingt-quatre ans, il ne serait donc pas étrange qu’il prenne une seconde épouse.

« Quoi ? La femme de ce type ? Haha. Pas du tout. »

En vérité, je sautais juste aux conclusions. Cette femme aux cheveux courts et argentés était la commandante, à dix-huit ans, avant qu’elle ne prenne un poste dans les Chevaliers de l’Alliance.

Ma famille servait en tant que chef de notre petit village de récupération des terres. Dans la plupart des cas, les familles de chefs avaient le devoir de protéger ce pays des monstres. De nombreux membres de ma famille avaient servi comme grands chevaliers, y compris mon frère, et nous avions un lien profond avec la famille royale qui dirigeait les Chevaliers de l’Alliance depuis des générations.

Après que la femme ait ri de mon malentendu, j’étais devenue rouge vif. J’avais ensuite pâli, réalisant ce que j’avais dit exactement à la princesse de ce pays. Heureusement, la commandante ne semblait pas offensée. En fait, elle semblait plus heureuse qu’elle ne le laissait paraître.

Les jours que mon frère avait passés à la maison s’étaient déroulés tranquillement. J’étais toujours avec lui, sauf quand je faisais mon travail au village. D’un autre côté, Kei, qui allait avoir cinq ans cette année-là, craignait beaucoup les étrangers. La dernière fois qu’elle avait rencontré son propre père, c’était quand elle avait deux ans. C’était inévitable vu son âge, mais mon frère avait l’air un peu triste à cause de cela.

J’avais demandé à mon frère de m’accompagner plusieurs fois lors de mon entraînement à l’épée pendant son séjour ici.

« Frère ? Serai-je un jour capable de protéger tout le monde comme tu le fais ? »

« Hehe. Voyons voir… Dans dix ans, je suis sûr que tu deviendras un excellent chevalier. Je parie que je ne t’arriverai même pas à la cheville. Tu seras certainement capable de protéger tout un tas de gens. Continue comme ça. »

Mon frère était l’un des plus grands chevaliers, même parmi tous les chevaliers de l’ Alliance. Je ne pensais pas qu’il me dirait une telle chose. J’avais été très choquée. J’étais bien sûr heureuse. J’étais également heureuse d’avoir poursuivi sérieusement mon entraînement sans me relâcher une seule fois. Je ne pouvais même pas imaginer ce que je serais à vingt ans, mais je devais continuer à faire des efforts.

Le court séjour de mon frère s’était terminé et il était retourné au Fort de Tilia. J’avais gardé ses mots près de mon cœur et j’avais continué à faire encore plus d’efforts qu’avant. Essayer de le rattraper était extrêmement difficile, mais ce n’était pas douloureux.

Deux ans plus tard, quand j’avais eu douze ans, j’étais allée au Fort de Tilia avec mon frère. Il avait été décidé que je deviendrais son écuyer. Cela avait été décidé parce que j’avais réussi à établir un contrat avec un esprit. C’était considéré comme très précoce, même chez les grands spiritualistes.

Tous mes efforts portaient leurs fruits. Je sentais que l’esprit avait reconnu mes sentiments. Je pouvais enfin me battre au coude à coude avec mon frère. J’étais heureuse. Je me sentais bénie. Et dans ma toute première bataille… mon frère était mort sous mes yeux.

À l’époque, la forteresse avait été soudainement occupée en raison de l’arrivée d’un noble impérial influent. Il était courant que les Chevaliers de l’Alliance soient particulièrement occupés pendant ces périodes en raison du travail qui leur était imposé. Quoi qu’il en soit, il était assez rare qu’un écuyer comme moi soit envoyé sur place.

J’avais entendu des rumeurs sur ce que le noble avait fait ou n’avait pas dit, mais en tant que simple écuyer, je ne connaissais pas la vérité sur la situation. Il se trouve que la commandante était absente de la forteresse à ce moment-là. Même si elle avait été là, il était courant que d’autres imposent des tâches aux chevaliers de l’Alliance. Cependant, cette fois-ci, cela s’était accompagné d’une malchance qui avait largement dépassé toutes les attentes.

Les monstres que nous devions exterminer étaient plus nombreux que prévu. Ils nous avaient tendu une embuscade et nous avaient entraînés dans une bataille à laquelle nous n’étions pas préparés. Nous nous étions retrouvés sans aucun moyen de battre en retraite. La force malchanceuse de trente chevaliers avait été presque anéantie. Si plusieurs d’entre nous avaient survécu, c’était grâce aux chevaliers compétents, dont mon frère, qui s’étaient sacrifiés pour nous.

Après avoir échappé de justesse à cet endroit et avoir été soignée à la forteresse, j’étais assise au sommet de mon lit, serrant mes genoux. En tant que simple écuyer, on ne m’avait pas donné ma propre chambre, mais les personnes avec qui je partageais la chambre étaient toutes en réunion stratégique, me laissant toute seule.

Mes larmes n’avaient pas coulé. Je ne m’étais pas sentie triste que mon frère soit mort, ni heureuse d’avoir survécu. Je m’étais seulement sentie découragée, libérée de la chaleur persistante d’une bataille entre la vie et la mort. Je fixais le mur en face de moi, hébétée.

Je ne pouvais rien protéger, me suis-je soudain dit.

« Dans dix ans, je suis sûr que tu deviendras un excellent chevalier. Je parie que je ne t’arriverai même pas à la cheville. »

Est-ce que mon moi de vingt ans aurait été capable de faire quelque chose ? Quoi qu’il en soit, je n’étais rien de plus qu’un enfant de douze ans. C’est pourquoi j’avais perdu quelqu’un qui m’était cher…

« Tu seras certainement en mesure de protéger un grand nombre de personnes. Continue comme ça. »

« Oui, mon frère, » avais-je dit à l’homme dans mes souvenirs.

Il avait raison. Si je voulais protéger ce qui m’était cher, je devais devenir beaucoup, beaucoup plus forte. Je ne pouvais pas attendre d’avoir 20 ans.

« Shiran, puis-je entrer ? »

La commandante était revenue à la forteresse après d’autres tâches. Elle était passée dans ma chambre le lendemain de l’enterrement de mon frère dans le mausolée.

« Qu’est-ce que tu as… ? » Quand elle était entrée dans la pièce, elle avait écarquillé les yeux en voyant ma silhouette hagarde.

« Com... mande… ? »

Ma voix était si rauque que je ne la reconnaissais même pas comme la mienne. C’était choquant. Mon corps épuisé était effondré sur le sol et ne bougeait pas. Il m’était même difficile de respirer. J’avais l’impression que mon cœur allait s’arrêter si je relâchais ma concentration. Pourtant… ça valait le coup de faire ça. Je pouvais voir quatre esprits flottants de différentes couleurs à travers ma vision floue.

Passer un contrat avec des esprits était une magie spéciale uniquement disponible pour les elfes. Lors de la formation d’un contrat, l’esprit testait le spiritualiste. Il fallait une âme diligente et les prières les plus pures pour réussir. J’avais réussi à le faire trois fois de suite. Cette fois, ma prière sincère de vouloir protéger les autres n’était pas fausse, mais le résultat n’était rien de moins qu’un miracle. Le temps que la commandante aille appeler quelqu’un, je m’étais vraiment évanouie.

Plusieurs jours plus tard, j’avais ouvert les yeux sur la commandante qui me frappait la joue et m’étreignait si fort que ça faisait mal. Son corps tremblait. Un sentiment incompréhensible monta en moi, et je fondis en larmes pour la première fois depuis la mort de mon frère. J’étais si triste, impuissante, et à l’agonie. Je savais que la commandante partageait ces sentiments, ce qui rendait la chose encore plus douloureuse.

J’avais juré une fois de plus, à cet instant précis, que je me battrais pour protéger tout le monde, y compris la part de mon frère. Grâce à la commandante, je n’avais pas essayé de former imprudemment un contrat avec d’autres esprits, mais je m’étais consacrée encore plus à mon entraînement. En l’espace d’un an, j’avais été officiellement envoyée aux Terres forestières en tant que chevalier.

J’avais cherché assidûment des missions dans les Terres forestières plus que tout autre. Une année avait passé, puis deux. J’avais survécu à des situations de vie ou de mort de nombreuses fois et j’étais devenue plus forte grâce à l’expérience du combat réel. Certains étaient plus forts que moi à l’épée ou à la magie, mais aucun n’était à mon niveau pour utiliser les deux à la fois, et encore moins lorsque j’utilisais pleinement la faveur des esprits. Avant même de m’en rendre compte, j’étais considérée comme le plus fort chevalier du Nord.

Cependant, les gens continuaient à mourir sous mes yeux, ou hors de ma portée. Je n’avais pas l’impression d’être devenue plus forte. J’avais réussi à sauver des gens à plusieurs reprises, mais les pertes que j’avais évitées n’étaient qu’une goutte dans un lac.

Être un splendide chevalier n’était pas suffisant. C’est à ce moment-là que mon espoir dans l’avènement d’un grand sauveur venu d’un autre monde avait commencé à enfler. La déception que j’éprouvais envers moi-même et l’impuissance que je ressentais en moi s’étaient transformées en rêves de salut. Incapable de faire quoi que ce soit moi-même, le temps avait passé… et mes espoirs étaient finalement devenus réalité.

Cela avait commencé par l’arrivée d’un seul sauveur au Fort de Tilia. De plus, le Fort d’Ebenus, à l’est, en avait reçu un nombre sans précédent — cent au total. De plus, ils nous avaient informés qu’il en restait beaucoup plus dans les Profondeurs.

J’avais fini par être envoyée dans les Profondeurs pour sauver les sauveurs qui avaient été laissés derrière. Je ne pouvais pas me plaindre d’avoir été envoyée dans les terres les plus dangereuses du monde. Peu importe les difficultés, peu importe la peine que j’avais endurée, elles n’étaient rien si je pouvais trouver les sauveurs.

C’était une opération terriblement difficile. Nous avions rencontré des problèmes en cours de route lorsque nous avions perdu le contact avec une force que nous étions censés rejoindre. Malgré tout cela, j’avais réussi à mettre en sécurité les sauveurs. Et puis, sur le chemin du retour, j’avais rencontré un certain garçon et une certaine fille.

« S’il vous plaît, rangez vos épées ! Nous ne sommes pas des monstres ! »

Après que j’ai pu avoir une idée de leurs identités, un garçon était sorti de sa cachette aux côtés d’une belle fille. Il se faisait appeler Majima Takahiro. Il avait l’air appliqué. Rien dans ses traits ne ressortait, mais je pouvais sentir une forte volonté dans son regard.

Assez curieusement, je n’arrêtais pas de penser à ses yeux. Peut-être avais-je déjà un pressentiment à ce moment-là. Je ne l’avais réalisé que plus tard, mais ce regard était le même que celui de mon frère quand j’étais jeune.

J’avais eu l’occasion de côtoyer Takahiro à de multiples occasions par la suite. Durant cette période, j’avais appris que, tout comme moi et mon frère, il consacrait tout ce qu’il avait à protéger ce qui lui était cher. J’avais mal compris les choses. J’avais poussé mes propres illusions sur sa figure. J’avais appris la faiblesse de mon propre cœur.

Il n’y avait pas de héros tout droit sortis de contes éblouissants… mais il y avait quand même un grand sauveur.

Une énorme armée de monstres avait attaqué le Fort de Tilia. Lorsque j’avais essayé de bloquer Juumonji Tatsuya, qui les avait guidés jusqu’ici et qui tentait de massacrer tout le monde dans la forteresse, j’avais perdu la vie. À ce moment-là, mon être même, tous mes sentiments, tout était censé s’évanouir dans l’obscurité.

Pourtant, quelque chose avait ramassé mon souhait, qui était tombé et s’était éparpillé sur le sol, et l’avait remis en place. L’espoir m’avait été accordé une fois de plus. Il n’était pas le héros éblouissant des contes, et il le nierait certainement, mais pour moi, il était le sauveur aux côtés duquel je devais me battre en tant que chevalier.

Comment pourrait-on appeler cela autrement qu’une bénédiction ? C’est pourquoi j’avais choisi de me battre. Je me battrais à ses côtés, pour le bien de tout ce que nous avions si chèrement souhaité protéger.

« Allons-y, Takahiro. En avant vers notre champ de bataille. »

 

***

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Laisser un commentaire