Monster no Goshujin-sama (LN) – Tome 4 – Chapitre 11 – Partie 1

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Chapitre 11 : Celle qui écrase une telle puissance vide

Partie 1

Après être sortie de l’obscurité, ma conscience était revenue dans mon corps. J’avais l’impression d’être resté longtemps à l’intérieur de ce mystérieux espace, mais dans le monde réel, cela n’avait été que de courte durée. J’avais regardé Shiran, dont les dents coupaient toujours mon épaule, et j’avais aperçu Lily, qui avait reconstruit son corps en celui d’un humain.

« M-Maître ! »

« Je vais bien… Tout s’est bien passé. »

Lily avait l’air vraiment soulagée d’entendre ça. J’avais reporté mon regard sur Shiran. J’avais inconsciemment enlacé son corps lorsqu’elle m’avait attaqué, et elle s’appuyait maintenant sans force contre moi. De côté, on aurait dit que nous étions amants, partageant un câlin alors qu’elle enfouissait son visage dans mon épaule. En vérité, cette scène était loin d’être aussi belle. Elle était en train de me manger. C’était en fait plutôt grotesque.

« Aïe… »

J’avais laissé échapper un petit gémissement. Shiran avait retiré ses dents de mes muscles alors qu’un son humide léchait mon oreille. Cette douleur était bien sûr nécessaire pour qu’elle s’éloigne de moi. J’avais retiré mes bras d’autour de son dos.

Plusieurs secondes plus tard, j’étais dans la confusion. J’avais pensé que Shiran se retirerait immédiatement, mais elle ne montrait aucun signe de mouvement. Elle ne me mordait plus, mais ses bras étaient toujours enroulés autour de moi. Elle avait aussi une emprise inattendue sur moi, je ne pouvais donc pas m’échapper.

Elle était parfaitement immobile, son visage toujours enfoui dans mon épaule. Quelque chose n’allait pas avec elle ? Au moment où cette pensée m’avait traversé l’esprit, j’avais senti une sensation de clapotis près de la plaie ouverte. J’avais entendu le léger éclaboussement d’un liquide collant comme si un chat buvait du lait.

« Hein… ? »

Je ne pouvais pas dire si la chair de poule qui me parcourait le dos était un frisson de peur ou de plaisir. Maintenant, nous ressemblions vraiment à des amants. Sa langue avait rampé le long de ma peau. Diligemment. Aguichante. Il y avait une obscénité dans ses actions, comme si elle était une séductrice, mais aussi une passion innocente, comme un chiot. Le son du clapotis continuait à remplir l’air alors qu’elle picorait, goûtait et léchait. Oui, Shiran léchait avec enthousiasme tout le sang qui s’écoulait de ma blessure.

Mes pensées s’étaient arrêtées net lorsqu’elle s’était retirée progressivement. Son œil vitreux, ses lèvres souriantes, le sang rouge qui mouillait sa bouche… elle semblait envoûtée, une expression qui ne convenait pas à la nature sérieuse de cette fille. Son teint pâle était presque effroyable, mais il était accompagné d’une étrange sexualité convenant à une fille de son âge.

Sa langue sortait de ses lèvres et léchait le sang qui maculait sa bouche comme si elle savourait le plus doux des miels.

« Fwah... »

Une voix sans mot s’était glissée dans mon oreille. Même ça, ça avait l’air lascif. Si son apparence habituelle était une douce fleur sauvage, en ce moment, elle était plutôt un piège à mouches ensorcelant. Elle avait une beauté douce et séduisante associée à une atmosphère fugace, mais dangereuse. J’avais l’impression qu’elle pouvait disparaître à tout moment, ce qui m’empêchait de détacher mes yeux d’elle.

« Heh. Heheh... »

Son unique œil m’avait regardé d’un regard fondu, et puis… un interrupteur semblait s’être déclenché en elle.

« Hein… ? »

Elle avait l’air perplexe. Je pouvais voir à son expression et à son cheminement mental qu’elle avait repris ses esprits. Au même moment, ma perception du temps s’était remise à bouger. J’avais finalement réalisé que j’avais complètement arrêté de respirer.

« Sh-Shiran ? Es-tu… réveillé ? »

Shiran avait cligné des yeux à plusieurs reprises, ses lèvres désormais propres avaient tremblé d’un coup.

« Taka… Hiro ? »

Elle avait répondu avec un zézaiement un peu enfantin, mais elle pouvait au moins reconnaître correctement qui j’étais maintenant.

« Où… ? »

Shiran avait lentement retrouvé son sang-froid. Elle avait baissé les yeux sur sa propre main comme pour confirmer sa situation.

« Ce n’est pas possible… Suis-je vraiment revenue ? »

Ses lèvres tremblaient alors qu’elle prononçait des mots clairs et significatifs. La lumière de la raison habitait au fond de son œil. Elle n’était plus incertaine.

 

 

« Dieu merci. Vous avez repris connaissance, » avais-je dit avec soulagement.

D’après ce que j’avais vu, elle était encore dans un état ambigu où son ego n’était pas encore revenu, donc elle agissait encore un peu comme une goule. Cela m’avait glacé le sang pendant un moment, mais maintenant, il semblerait que tout soit rentré dans l’ordre.

« Takahiro ! »

Après avoir regardé sa propre main, Shiran avait relevé son visage. Son œil brillait comme une gemme unique. J’étais maintenant captivé par son éclat d’une manière totalement différente qu’auparavant.

« Merci beaucoup, Takahiro ! »

Elle avait saisi ma main avec force. J’avais baissé mon regard sur ses doigts affreusement froids, repérant une bague avec une gemme rouge. Cet anneau était la preuve qu’elle était un chevalier et aussi un identifiant pour savoir si elle était une goule ou non. Quand elle était revenue vers nous, la couleur avait apparemment changé. Elle n’avait pas repris sa couleur bleue d’origine, probablement parce qu’elle était toujours un monstre mort-vivant, même si elle n’était pas une goule.

« Avec ça, je peux me battre à nouveau. Je peux protéger ce que je voulais protéger… ! »

Néanmoins, ça ne changeait rien au fait que c’était Shiran. J’avais finalement eu le sentiment qu’elle avait retrouvé son cœur. Un sourire m’était naturellement venu. Les précieux sentiments que cette fille possédait n’étaient plus perdus. Pour l’instant, cela valait la peine d’être célébré.

« Tout cela, jusqu’au moindre détail, c’est grâce à vous, Takahiro, » avait-elle dit, submergée par l’émotion.

« Non, ce n’est pas tout à fait ça, » avais-je répondu en secouant la tête. J’avais regardé son œil larmoyant, puis j’avais cité : « “C’est le monde où les souhaits se réalisent”. »

« … ? »

« Vous me l’avez déjà dit, vous vous souvenez ? Je crois que ce sont les mots laissés par le tout premier sauveur. »

Les légendes racontaient que le premier sauveur avait dit cela pour encourager le peuple à ne pas jeter ses rêves dans la période la plus sombre de l’humanité. Ce n’était, bien sûr, qu’une interprétation de cette phrase, tout comme Shiran l’avait dit auparavant. Cela s’était passé il y a si longtemps et c’était une phrase si simple qu’il n’y avait plus aucun moyen de découvrir la vérité derrière elle.

Cependant, une interprétation aussi douce avait continué à soutenir cette fille au grand cœur jusqu’à ce jour, alors qu’elle protégeait l’humanité. Il n’y avait pas de phrase plus appropriée que celle-ci ici et maintenant.

« Le pouvoir que j’avais n’était pas suffisant. Espérer simplement que cela se produise ne m’aurait pas permis de vous atteindre. Mais si les souhaits se réalisent ici… alors votre propre souhait, ainsi que ceux de toutes les personnes qui ont essayé de protéger cette forteresse, sont ce qui a rendu cela possible. »

Shiran était juste ici comme une cristallisation des souhaits de chacun. C’était un peu faux de revendiquer cela comme mon accomplissement personnel.

« Tous nos souhaits…, » murmura Shiran en fermant son œil. Puis elle avait joint ses mains aux miennes et m’avait regardé dans les yeux. « Vous avez raison, » avait-elle dit avec un beau sourire. « Cela pourrait être un miracle que nous avons réalisé tous ensemble… Mais quand même, c’est exactement pour cela que je dois vous remercier, Takahiro. » Je pouvais à nouveau voir mon reflet dans son œil de pierre précieuse. « Merci beaucoup d’avoir exaucé tous nos vœux. Merci d’avoir sauvé le mien. Vous le nieriez sûrement, mais au moins, pour moi, vous êtes… »

Shiran ravala ses mots suivants et secoua la tête. Son expression s’était alors transformée en celle d’un chevalier continuant à se battre pour protéger le monde.

« Pour le bien des sentiments de chacun… et pour réaliser mon propre désir, je dois me battre. Allons-y, Takahiro. En avant vers notre champ de bataille. »

Avec l’éclat de son vœu de protéger ceux qui avaient été blessés restant tels quels, le chevalier Shiran renaissait ici et maintenant sous la forme d’un monstre mort-vivant.

 ◆ ◆

Je voulais célébrer nos retrouvailles. Je voulais mieux ressentir ce que nous avions repris. Mais la situation ne le permettait pas.

« Oui. Battons-nous ensemble. Avez-vous besoin d’une explication sur ce qui se passe ? » avais-je demandé à Shiran en lâchant ma main.

« Non. J’ai une vue d’ensemble de la situation. » Le regard de Shiran avait suivi ma main, puis elle avait secoué la tête. « Quand vous m’avez tenue dans vos bras dans ce monde particulier, tout m’a été largement transmis. »

« C’est un peu tard pour le demander, mais vous souvenez-vous de ce qui s’est passé là-dedans ? »

« Oui. Bien que ça ne semblait pas réel, presque comme un rêve… Pourtant, ce n’était pas un rêve, n’est-ce pas ? Si c’est le cas, mon plan d’action est déjà décidé. »

Shiran se retourna et regarda dans le couloir. Au-delà des flammes brumeuses et de la poussière dans l’air, une bataille se déroulait alors que des fils d’araignée et de la magie de feu volaient entre Gerbera et Juumonji.

Shiran avait déjà perdu une fois contre lui. Après une défaite aussi cruelle, on se figeait généralement à l’idée d’affronter à nouveau le même défi. Normalement, on ne savait jamais ce qu’est un coup mortel porté au cœur, alors je m’inquiétais encore plus pour elle.

Cependant, il n’y avait aucune peur dans le regard de Shiran. Son œil restait ferme et ne vacillait pas le moins du monde. Avec ça, elle n’aurait aucun problème à croiser le fer avec Juumonji.

« Comme vous pouvez le voir… Gerbera, mon serviteur, l’araignée blanche, fait maintenant face à Juumonji. »

Même si elle savait que ses fils n’avaient que peu d’effet contre la magie de feu de Juumonji, Gerbera les utilisait fréquemment au cours du combat. Ce style de combat était quelque chose dont nous avions discuté à l’avance. Notre objectif était de faire en sorte que Juumonji utilise autant de magie de feu que possible. Le plan se déroulait plutôt bien. Avec toutes les explosions et les flammes, il n’avait pas remarqué ce que nous faisions. Les murs du couloir commençaient à s’effondrer, cependant. Peut-être qu’elle en faisait un peu trop. Le succès de Gerbera était digne d’éloges de toute façon. Pourtant, cela ne pouvait pas durer éternellement.

« Il sera difficile même pour elle de vaincre Juumonji seule. Si le combat continue, elle pourrait être terrassée. Désolé de vous presser, mais pouvez-vous aider Gerbera ? »

« Très bien, » déclara Shiran en hochant la tête et en souriant légèrement. « Mais quand je pense que je vais me battre au coude à coude avec une horreur légendaire. La vie est pleine d’événements inattendus. Oh, je ne suis plus en vie. »

« C’est ma précieuse compagnonne. Elle est même plutôt mignonne à certains égards. »

« Mignonne… ? »

Shiran avait écarquillé les yeux comme des soucoupes, semblant trouver mon commentaire inattendu. Si je n’avais jamais vu de l’araignée blanche que sa férocité et sa beauté, je penserais sans doute la même chose.

« Oui. Si vous en avez l’occasion, j’espère que vous pourrez vous entendre avec elle. »

Nous devions nous battre maintenant pour qu’une telle opportunité se présente à l’avenir. J’avais fait face au champ de bataille, et puis…

« H-Hein… ? »

Ma vision s’était déformée et j’avais senti le monde tourner autour de moi. J’avais été soudainement assailli par un sérieux vertige. Je ne pouvais même pas tenir sur mes pieds.

« Maître ! »

« Takahiro ! »

J’étais tombé sur mes fesses alors que leurs cris résonnaient autour de moi. Une étrange léthargie avait assailli tout mon corps. Je n’avais pas été capable de me remettre sur pied tout de suite. Lily était arrivée en courant et avait commencé à lancer une magie de guérison. Le sang qui sortait de la morsure sur mon épaule s’était arrêté. Quelques secondes plus tard, mes vertiges avaient disparu.

« Maître. Que s’est-il passé… ? » demanda Lily avec une expression inquiète.

« Aah, ce n’est rien… J’ai peut-être été trop loin, c’est tout. »

Je m’étais souvenu des fissures qui parcouraient ma projection dans cet espace mystérieux. Je ne savais pas ce qu’elles étaient exactement, mais faire de Shiran ma servante par des moyens anormaux avait vraiment imposé une sorte de fardeau sur mon existence même. Il n’était pas si étrange que cela se manifeste par des vertiges.

Ou peut-être était-ce dû à l’épuisement de mon endurance ? Même si j’avais appris à utiliser le mana et que je pouvais supporter un certain surmenage, aujourd’hui avait été une série ininterrompue d’événements. Il y avait aussi la perte de sang de ma blessure à l’épaule. Il semblait raisonnable que j’aie atteint ma limite ici.

J’avais emprunté la main de Lily pour me relever alors que Shiran tournait vers moi un regard inquiet.

« Takahiro. S’il vous plaît, laissez-moi faire le reste. Vous devriez… »

« Non, je ne peux pas reculer maintenant. »

Je lui étais reconnaissant de sa considération, mais j’avais secoué la tête. Je n’étais pas seulement têtu. Les seules personnes qui pouvaient affronter directement Juumonji étaient Shiran et Gerbera. Pourtant, j’étais un peu inquiet quant à leur capacité à travailler ensemble sur place. Elles avaient besoin de quelqu’un qui puisse les relier.

« Plus important encore, Shiran. » Heureusement, ma soudaine crise de vertige avait été passagère. Je pouvais me tenir debout tout seul. Je refusai la main de Lily qui me lança un regard inquiet, puis continuai à confirmer ce dont j’avais besoin. « Pouvez-vous vous battre correctement ? Je pense que… vos circonstances sont… un peu différentes d’avant. »

« C’est vrai. »

Shiran avait tracé sa main droite le long de la cicatrice sur son bras gauche, puis avait touché son visage comme pour couvrir la profonde coupure qui avait détruit son œil droit. Elle avait ramené sa paume vers le bas et avait ouvert et fermé ses mains à plusieurs reprises. Après avoir serré les poings, elle avait cessé de répéter l’action.

« Mon bras autrefois sectionné ne présente aucune gêne dans ses mouvements. La grande élévation de ma force physique semble être restée. L’équilibre est assez faible, mais si je me déplace avec les mêmes sens que lorsque j’emprunte l’aide des quatre esprits, je devrais pouvoir m’en sortir. Pour ce qui est de la magie… et surtout de mon pouvoir de spiritualiste, il semble qu’il vaille mieux ne pas en utiliser. La nature de mon mana a changé, après tout. Je ne sais pas ce qui va se passer dans l’état où je suis maintenant. »

« Pouvez-vous vous battre… ? » avais-je demandé d’un ton inquiet.

Shiran avait souri. « Bien sûr. C’est dans ce but que j’ai reçu votre aide et que je suis revenue du pays des morts. » Ses mots étaient rassurants. J’avais posé une question stupide. « Je vous en prie, laissez-moi faire… Non, ce n’est pas vraiment la bonne façon de le dire, n’est-ce pas ? Combattons ensemble, Takahiro. »

« Vous l’avez bien dit, Shiran. Mettons fin à cette tragédie ici même. »

De nombreuses vies avaient été perdues dans ce conflit qui avait commencé par l’invasion d’une grande armée de monstres. Le principal responsable de tout cela, Juumonji, devait absolument être arrêté ici et maintenant. Pour ce faire, nous devions tous rassembler nos dernières forces. Ce devait être la dernière bataille à avoir lieu ici au Fort de Tilia.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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