Monster no Goshujin-sama (LN) – Tome 3 – Chapitre 5 – Partie 2

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Chapitre 5 : Les circonstances de l’elfe

Partie 2

Shiran avait fini de raconter les légendes de notre prédécesseur le plus récent, le sauveur qui était mort il y a cinquante ans.

« Merci, Shiran. C’était très utile. »

Nous avions parcouru les choses assez rapidement, il y avait donc certains détails qu’elle avait omis, mais j’avais quand même réussi à apprendre toute l’histoire de ce monde, du moins ce qui concerne leurs sauveurs. Pour ce qui était de déterminer à quel point ils nous considéraient, c’était du temps bien utilisé.

« En tout cas, vous êtes très bien renseignée sur les légendes, n’est-ce pas ? »

Elle n’avait pas l’air d’une érudite, mais Shiran était décidément instruite en la matière. Elle avait répondu à ma demande et m’avait tout expliqué sur les sauveurs. Ça ne se serait pas passé aussi bien si elle n’avait pas eu une certaine forme d’éducation.

« Alors, il y a des écoles dans ce monde ou quelque chose comme ça ? »

« Il y en a, mais je n’en ai jamais fréquenté. Il y a des chapelles construites par la Sainte Église dans presque tous les villages où ils enseignent aux enfants les légendes des sauveurs. »

Cette Sainte Église dont parlait Shiran était une organisation religieuse qui vénérait les sauveurs comme des dieux vivants. Ce qui signifie qu’ils nous considèrent vraiment comme des cibles de la foi religieuse. Mon impression sur la façon dont ils traitaient les visiteurs était fondamentalement juste.

La Sainte Église avait pris le rôle de soutenir tous les sauveurs qui descendaient sur le monde. Pour ce faire, elle avait formé une force armée indépendante appelée le Saint Ordre. Les chevaliers du Saint Ordre étaient apparus à plusieurs reprises dans les légendes. Normalement, les sauveurs combattaient aux côtés du Saint Ordre. Cette fois-ci, cependant, l’équipe d’exploration avait pour priorité de secourir les survivants dans les Terres forestières, et n’avait donc pas encore pris rendez-vous avec les chevaliers dans la capitale impériale.

Si ce que Shiran avait dit est vrai, que presque tous les villages aient des chapelles, cela signifiait que la foi religieuse dans les sauveurs imprégnait ce monde en entier. L’influence de l’Église était sûrement énorme.

« C’est assez impressionnant. As-tu aussi entendu ces histoires dans la chapelle, Kei ? » avais-je demandé à la fille qui accompagnait Shiran.

Ses douces joues étaient devenues rouges comme une pomme. Elle semblait pouvoir s’évanouir à tout moment, alors j’avais essayé de l’inclure pour aider à dissiper la tension. Cela aurait pu avoir l’effet inverse, cependant.

« Fwah !? »

Peut-être parce qu’elle ne pensait pas qu’elle serait amenée à participer à la conversation, Kei avait presque bondi de son siège. Le panier sur ses genoux avait volé.

« H-Hwawawawawawawawawa ! »

Kei avait attrapé le panier à deux mains avant qu’il ne puisse déverser son contenu.

« Oui, oui, oui ! J’ai aussi… Euh… »

D’après sa réponse incohérente, je pouvais dire qu’elle ne savait pas elle-même ce qu’elle essayait de dire. Elle était bien trop nerveuse. Je pouvais presque entendre son cœur battre la chamade.

« Calme-toi, Kei, » dit Shiran avec un soupir en posant sa paume sur son front. « Mes excuses, Takahiro. S’il vous plaît, pardonnez le comportement honteux de Kei. »

« C’est bon. Ça ne me dérange pas vraiment. »

C’était probablement mieux de ne pas lui parler négligemment. J’avais peur qu’elle fasse une dépression nerveuse si je le faisais. Mais même si la situation était inconfortable, j’étais surtout désolé pour elle.

« Maintenant que j’y pense, vous avez dit que vous aviez aussi un intérêt pour la technologie magique, exact ? » demanda Shiran, changeant probablement de sujet pour secouer l’atmosphère délicate.

Shiran avait regardé Kei. La jeune fille ne semblait pas comprendre pourquoi, mais Shiran avait fait un geste vers ce qui était sur ses genoux.

Kei avait ouvert le panier en panique. À l’intérieur se trouvaient des pierres de toutes formes, tailles et couleurs posées sur un morceau de tissu.

« Ce sont des pierres runiques, » dit Shiran.

« Vous les avez amenées jusqu’ici ? » J’avais déjà demandé, mais je ne pensais pas qu’elle en apporterait. « Puis-je en toucher une ? »

« Aucun problème. »

J’avais ramassé une pierre bleue de la taille de ma paume. Elle avait un motif compliqué gravé sur sa surface lisse. Pendant que j’examinais la pierre, Shiran avait commencé à m’expliquer.

« Il existe de nombreux types de pierres runiques. Elles fonctionnent toutes en faisant passer du mana à travers elles. Celle que vous tenez maintenant est gravée avec de la magie de l’eau. Les pierres runiques ne sont pas seulement utilisées pour manifester les mêmes effets que la magie, cependant, il y a aussi beaucoup d’outils qui les utilisent. Kei, montre-lui. »

« O-Oui. »

Kei, les mains tremblantes, avait sorti les pierres runiques du panier. Puis elle avait posé le tissu sur la table et avait aligné plusieurs objets.

« C’est quoi ce conteneur ? » avais-je demandé.

« Une gourde qui se remplit toute seule. Il y a une pierre runique d’eau à l’intérieur. Lorsque vous y versez du mana, la flasque se remplit d’eau. »

« Et ce sac ? On dirait qu’il y a plein de petites pierres runiques dessus. »

« C’est une pochette magique. Elle a une capacité accrue, et elle préserve son contenu. »

« Que dites-vous de ce cylindre de la taille d’un doigt ? »

« C’est un briquet. Il crée du feu. »

J’avais été honnêtement surpris par la gamme d’outils utiles. Ce monde était technologiquement plus avancé que je ne le pensais. Ils avaient même plusieurs outils impossibles à créer avec la technologie moderne du Japon. Considérant qu’ils avaient un appareil capable de traduire en temps réel, il n’était pas possible de dire quel monde était le plus avancé.

« Les outils de ce type sont-ils répandus ? » avais-je demandé.

« Selon l’outil, même les masses y ont recours. Cependant, la majorité d’entre eux sont rares et assez chers. Il existe des chaînes de fabrication établies pour les types de magie élémentaire simples, mais lorsque l’effet est plus spécifique, il faut parfois des pierres de haute pureté et un artisan spécialisé pour les sculpter. »

« Maintenant que vous le dites, vous avez dit auparavant que la méthode de fabrication des pierres runiques de barrière avait été perdue. »

« De plus, certaines pierres runiques ne peuvent être utilisées qu’après une formation spécialisée. »

« Ces objets que vous avez apportés sont-ils utilisables par n’importe qui ? » avais-je demandé en désignant les pierres runiques sur la table.

Shiran avait hoché la tête. « Les pierres runiques d’illumination et d’eau peuvent être utilisées par quiconque peut manipuler le mana. En fait, les pierres runiques ont été initialement développées pour ceux qui ne peuvent pas utiliser la magie. »

« Donc, ceux qui nécessitent une formation spécialisée seraient quelque chose comme la pierre runique de traduction ? »

« Vous en connaissez ? Voulez-vous en voir une ? »

Shiran avait mis sa main à l’arrière de son cou. Elle avait remonté une fine chaîne sous son col, révélant une pierre runique rouge de la taille d’un anneau.

« C’est plus petit que ce à quoi je m’attendais. »

« Même s’il affecte tout ce qui se trouve dans un certain rayon d’action, il nécessite que son porteur soit présent en permanence. Incidemment, bien qu’il soit petit, un seul de ces appareils coûte une petite fortune. Celui-ci a été prêté pour la mission de sauvetage des estimés sauveurs. »

Ce qui signifie qu’il était difficile d’en acquérir un. Non pas qu’il y ait une utilité à en avoir un si je ne peux pas l’utiliser.

« Vous avez dit qu’il fallait s’entraîner pour l’utiliser, mais qu’en est-il des autres pierres runiques ? »

« Certaines pierres runiques, tout comme les pierres runiques de traduction, ne manifestent pas réellement la magie. Elles sont plutôt utilisées pour contrôler une partie de la magie comme une aide. C’est pourquoi l’utilisation de ces types de pierres runiques n’est pas si différente de l’apprentissage de la magie. »

« Je vois. »

« Les sauveurs sont toujours accompagnés de ceux qui les soutiennent, donc vous ne devriez pas avoir besoin d’apprendre à vous en servir, Takahiro. »

Ce serait normalement le cas. Mais ce serait terriblement gênant pour moi qui souhaite agir de manière indépendante. C’était un peu vexant, mais être trop obstiné à ce sujet pouvait éveiller les soupçons. Si l’on savait que j’envisageais de partir d’ici, les questions sur les raisons de cette décision seraient très difficiles à gérer. Il était préférable de prendre du recul.

« Merci. J’étais juste un peu curieux. »

Shiran avait rangé la pierre runique de traduction dans ses vêtements. Je me sentais impoli de la fixer pendant qu’elle le faisait, alors j’avais détourné mon regard avec désinvolture. Juste à ce moment-là, quelque chose de jaune était entré dans ma vision. J’en avais profité pour demander l’autre chose qui me trottait dans la tête.

« Ah oui, cette chose qui flotte à côté de vous est aussi une forme de technologie magique ? »

J’étais curieux à ce sujet depuis un certain temps. Comme avant, une mystérieuse sphère jaune brillait au-dessus de l’épaule de Shiran. La chose ronde, ressemblant à une poupée d’argile, se balançait de haut en bas comme elle le faisait toujours. Elle avait clairement un soupçon de magie. Était-ce un produit de la technologie magique de ce monde ? C’est du moins ce que je pensais. Et vu que nous étions à la fin pour notre sujet précédent, j’avais décidé que c’était le bon moment pour demander.

 

 

« Hein ? Vous pouvez voir les esprits, monsieur ? » demanda Kei d’un air surpris. « … Ah. »

On dirait qu’elle n’avait réalisé qu’elle m’avait posé une question qu’après l’avoir dite. Kei avait été assez tendue pendant tout ce temps, mais maintenant elle était complètement figée. Elle avait fixé ses mains sur ses genoux et s’était caché le visage.

Shiran l’avait regardée avec un sourire crispé, puis s’était retournée vers moi alors que je la regardais avec perplexité.

« Takahiro, voyez-vous cet enfant qui flotte à mes côtés ? »

« … Qu’est-ce que vous voulez dire ? »

« C’est un être que nous appelons un esprit. »

Shiran avait tendu la main et la sphère jaune flottante — l’esprit — avait flotté paresseusement. Il avait touché ses doigts avec ses bras courts.

Non… ils ne se touchent pas… Je pouvais voir ses bras s’enfoncer très légèrement dans ses doigts. L’esprit n’avait pas de corps corporel.

« Pour être plus précise, c’est un esprit élémentaire. Il est impossible de les voir sans un sens spécial que nous appelons la vue spirituelle. Nous, les elfes, possédons cette vue dès la naissance, mais seule une petite fraction des humains ordinaires qui excellent dans la magie peuvent voir les esprits. Êtes-vous peut-être capable de manipuler le mana ? »

« C’est… »

Merde. C’était déjà trop tard. Je ne savais pas que la plupart des humains ne pouvaient pas les voir. J’avais été négligent.

« Je peux… hm, juste un peu. »

J’allais immédiatement le nier, mais j’avais reconsidéré cette information. Manipuler le mana était apparemment le minimum requis pour la vue spirituelle. Le nier maintenant causerait des problèmes plus tard. De plus, ma capacité à utiliser le mana n’était pas considérable. L’admettre ici ne serait pas un problème. Au contraire, si je le cachais mal en mentant, je finirais par déraper. Les autres se rendraient alors compte que j’avais caché mes capacités. Ce serait mauvais.

« Je l’ai appris dans la colonie. Tout le reste est autodidacte. »

« Je vois. C’est logique. C’est aussi comme ça que vous avez réussi à survivre dans les bois. »

Shiran était arrivée à sa propre conclusion, alors j’étais resté silencieux. C’était pratique pour moi, donc je n’avais pas pris la peine d’objecter.

« Cela dit, je ne peux pas faire grand-chose. Je ne peux pas utiliser de magie. Tout ce que je peux faire, c’est me renforcer un peu. »

Après avoir expliqué que mes capacités étaient sévèrement limitées, j’avais reporté mon regard sur l’esprit flottant paresseusement.

« Donc, même les esprits existent ici, » avais-je dit.

« On dit que les esprits sont des formes de mana. Un contrat avec un esprit est une magie spéciale dont seuls les elfes sont capables. En passant un contrat avec un esprit spécifique, nous pouvons emprunter son pouvoir. Ceux qui maîtrisent ces techniques sont appelés spiritualistes. Par ailleurs, c’est cet enfant qui m’a dit que vous vous cachiez dans les environs lorsque nous nous reposions. »

« Oh. Alors vous ne l’avez pas vous-même réalisé ? »

« Les elfes possèdent des sens plus aiguisés que les humains ordinaires, mais il n’y avait toujours aucun moyen pour moi de vous repérer caché dans une forêt aussi dense. Vous étiez aussi trop loin pour que je puisse sentir votre présence. Cela aurait pu être une autre histoire pour les estimés membres de l’équipe d’exploration, cependant. » Les lèvres de Shiran s’étaient ouvertes sur un sourire doux-amer. « À l’époque, cet enfant m’a dit : “Quelqu’un nous regarde”. »

En y repensant, Shiran avait levé les yeux vers l’esprit qui flottait au-dessus d’elle juste avant l’attaque des chenilles-taureaux devant la forteresse. Ce qui signifiait que cet esprit lui avait aussi donné un avertissement à l’époque.

« Les esprits ne perçoivent pas le monde avec des yeux normaux, » poursuit Shiran en retirant sa main. « Une théorie avance qu’ils voient le monde à travers le mana. C’est pourquoi cet enfant a pu vous voir caché dans une forêt si dense. Parfois, les monstres tendent des embuscades dans les bois, j’ai donc demandé à l’esprit de m’informer si quelque chose semblait nous observer depuis une position cachée. Il se trouve que vous répondiez à ces conditions. »

« Je vois. C’est incroyable. »

« Cela dit, ils ne sont en mesure de donner un avertissement qu’en fonction de la demande. Vous devez toujours faire preuve de prudence. Nous, les spiritualistes, ne pouvons pas communiquer librement avec les esprits comme nous le faisons avec les autres humains. Cela rend les relations avec eux quelque peu difficiles. Cependant, cela n’a rien à voir avec les esprits eux-mêmes. C’est un problème avec nous, les spiritualistes. Mais nous reconnaissons que les esprits sont des voisins formidables. »

J’avais hoché la tête pendant que Shiran parlait joyeusement des esprits. Mes joues avaient commencé à se contracter à cause du faux sourire que j’avais collé sur mon visage. J’étais sur une ligne très dangereuse ici. Selon Shiran, les esprits ne percevaient pas le monde avec des yeux normaux. Ce qui signifiait que lorsque j’avais rencontré Shiran, cet esprit avait probablement aussi vu Rose et les autres.

Non, pas seulement ça, il avait probablement vu Asarina, cachée sous le bandage de mon bras gauche, ainsi qu’Ayame, qui se cachait dans le corps de Lily. Il n’avait simplement pas parlé d’eux à Shiran parce qu’elle n’avait pas demandé.

« … »

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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