Monster no Goshujin-sama (LN) – Tome 3 – Chapitre 3 – Partie 4

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Chapitre 3 : L’histoire de Majima Takahiro

Partie 4

Et juste au moment où nous avions atteint un bon point d’arrêt, Mikihiko avait remarqué quelque chose et avait haussé la voix. La fête battait son plein à présent, et les trois membres de l’équipe d’exploration occupaient le devant de la scène. Mais deux personnes venaient d’entrer dans la salle.

« Commandante ! » Mikihiko avait crié, et les deux femmes avaient commencé à marcher vers nous.

Celle qui se trouvait devant était une grande femme à la carrure musclée et aux cheveux courts et argentés. Mikihiko avait couru à sa rencontre. En voyant sa réaction heureuse, j’avais compris qu’il s’agissait de la commandante de la troisième compagnie des chevaliers de l’Alliance qui l’avait sauvé dans les bois. La vue du petit Mikihiko courant vers la grande femme ressemblait en quelque sorte à celle d’un chien courant vers son maître. Il avait l’air très attaché émotionnellement. Lily m’avait sauvé de la même manière, alors même si nos relations étaient différentes, son bonheur était assez facile à comprendre.

Alors que je regardais Mikihiko se mettre à courir loin de moi, l’elfe blonde aux yeux bleus, qui marchait derrière la femme aux cheveux argentés, s’était approchée de moi. C’était le chevalier qui m’avait amené dans cette forteresse, Shiran. Elle ne portait pas son armure, peut-être parce que c’était une fête.

« Monsieur, je m’excuse d’être en retard alors que c’est votre banquet de réception tant attendu, » dit-elle d’une manière trop formelle en tapant des talons et en inclinant la tête.

J’avais regardé ses cheveux blonds avec des sentiments extrêmement complexes.

« S’il vous plaît, levez la tête. Il n’y a pas besoin de s’excuser. De plus, je ne suis pas quelqu’un de si important. »

« Que dites-vous, monsieur ? Vous êtes l’un des sauveurs exaltés descendant d’un autre monde. De plus, n’êtes-vous pas celui qui a réussi à traverser la Forêt à pied ? »

Je n’avais pas prêté beaucoup d’attention à cette formulation grandiose auparavant, mais maintenant je connaissais la source de ce comportement. C’était du respect complètement détourné. Non seulement ça, mais la façon dont elle s’humiliait me mettait mal à l’aise. Mais peu importe ce que je pouvais dire, Shiran ne semblait pas vouloir laisser vaciller son respect pour les sauveurs du monde. Son regard direct et son expression sincère en disaient long sur les attentes qu’elle avait dans l’existence même de ces sauveurs.

C’était à la limite du zèle religieux.

Et juste à ce moment-là, j’avais réalisé que c’était du zèle religieux.

Nous étions comme des dieux vivants pour eux. Ici, où la magie existait et où des héros légendaires apparaissaient régulièrement et sauvaient le peuple face aux monstres, l’avènement des sauveurs était une foi absolue qui existait dans le cœur de chaque humain vivant sur ces terres.

Je ne savais pas si cela s’appliquait à absolument tout le monde, mais en tout cas, ceux qui étaient devant mes yeux y croyaient naïvement. Ils croyaient que s’ils se battaient pour leur vie, s’ils enduraient, un jour un sauveur apparaîtrait et se battrait à leurs côtés. Et ici, en ce moment même, nous étions tombés sur eux.

Ils croyaient que nous étions leurs sauveurs, venus les sauver de leur détresse. Ils n’en doutaient pas un seul instant. S’ils nous voyaient en difficulté, ils nous donnaient un coup de main sans hésiter. Ils nous témoignaient le plus grand respect possible et ne reculaient pas. Ils ne pouvaient sûrement pas imaginer l’armure que je cachais sous mes vêtements ni la façon dont je me méfiais de leurs moindres gestes.

Quelle stupidité ignorante… ! Mais je suppose que je ne peux pas moi-même vraiment penser de cette façon.

Faites confiance à votre voisin. Ne soupçonnez pas les autres de malveillance.

Même moi, j’avais vécu de cette façon, il fut un temps. Ils possédaient quelque chose de magnifique, que j’avais perdu en venant dans ce monde. Cela s’appliquait également aux étudiants ici. Ces membres de l’équipe d’exploration allaient probablement apporter une grande contribution en tant que sauveurs. Avec leurs terribles pouvoirs, il était plus facile d’expulser la menace des monstres des terres humaines que d’exterminer les nuisibles. C’était quelque peu paradoxal, mais ces « braves héros » possédaient de si grands pouvoirs qu’ils n’avaient pas besoin de bravoure pour accomplir de tels exploits.

Même les étudiants de l’équipe locale qu’ils protégeaient s’éveilleraient un jour à leurs propres pouvoirs et deviendraient des héros. Leurs histoires étaient d’un genre différent des miennes. La tragédie n’existait pas pour eux. Ils allaient vivre merveilleusement en tant que héros sans même connaître de telles horreurs.

Ce n’était pas une mauvaise chose. Ils essayaient d’utiliser leurs pouvoirs pour le bien, après tout. Mais en fait, je savais des choses qu’ils ne savaient pas. Je connaissais la noirceur des humains. Je connaissais le désespoir. J’avais été trempé dans l’agonie. J’avais connu la misère.

Cependant, s’en servir comme prétexte pour écarter les personnes qui croyaient naïvement en autrui était un peu faux.

Je n’étais pas devenu quelqu’un qui soupçonnerait les autres de malveillance. J’avais simplement perdu ma capacité à leur faire confiance.

Je n’avais rien gagné de mon expérience. J’avais perdu quelque chose d’important en tant que personne.

Ils pouvaient faire confiance à leurs voisins. Je doutais des miens.

Il était facile de voir quelle était la voie la plus appropriée.

« Takahiro ? »

À l’appel de Shiran, j’avais repris mes esprits. Elle me regardait avec une expression anxieuse.

« O-Oh. Qu’est-ce qu’il y a ? »

« J’ai promis d’offrir une explication pour tout ce que vous ne comprenez pas encore… Mais je dois m’excuser, monsieur. Pouvez-vous attendre encore un peu ? »

« Ça ne me dérange pas vraiment, » avais-je répondu en hochant la tête. « Maintenant que vous le dites, est-ce que cela a un rapport avec la raison de votre retard à la fête ? »

« Non, c’était une autre affaire. Je n’arrivais pas à me sortir de l’esprit l’attaque des chenilles de cet après-midi. J’ai observé la forêt depuis les murs pendant un petit moment. »

« … »

Elle n’a pas découvert Gerbera, n’est-ce pas ? Mes pensées avaient dérivé dans cette direction précisément parce que je savais à quel point cette fille pouvait être imprudente. Si elle finissait par ne plus pouvoir la supporter, qu’elle s’approchait trop près de la forteresse et qu’elle était repérée par les soldats, cela provoquerait un énorme chahut. Ce ne serait pas drôle du tout. Il y avait trois tricheurs ici. Je voulais vraiment qu’elle m’attende tranquillement.

Shiran semblait interpréter mon expression délicate comme de l’anxiété envers la défense de la forteresse. Son joli visage était maintenant accentué par un sourire.

« Soyez tranquille, monsieur. Aussi embarrassant que cela soit, ce n’était qu’une anxiété inutile de ma part. »

« Vraiment ? C’est bien alors… »

« Je dois aller saluer tous ceux qui m’ont accompagnée sur le chemin jusqu’ici. Si possible, pourrions-nous parler après cela ? »

« Oh. À propos de ça… Désolé, mais j’aimerais avoir une bonne nuit de sommeil avant ça. Pourriez-vous m’accorder un peu de temps un autre jour ? »

« Très bien, monsieur. Je vous contacterai à une autre occasion. »

« Hein ? Takahiro, tu retournes dans ta chambre ? » demanda Mikihiko, qui avait entendu notre conversation.

« Oui, » avais-je répondu en hochant la tête. « Je viens juste d’arriver, alors je suis un peu fatigué. Désolé, Mikihiko. Je ne connais toujours pas mon chemin ici. Peux-tu me montrer le chemin pour retourner à ma chambre ? »

« Bien sûr. Que vas-tu faire, Mizushima ? »

« Je vais aussi y retourner. Je ne peux pas laisser Majima tout seul. »

« Compris. Mec, il commence à faire chaud ici. Bien, Commandante, je reviendrai plus tard. »

Après avoir dit au revoir à la commandante et à Shiran, nous avions laissé la fête derrière nous.

 

 ◆ ◆

J’avais passé le temps du retour à ma chambre à discuter de façon frivole avec Mikihiko. J’avais déjà obtenu la plupart des informations que je voulais de notre conversation précédente, je n’avais donc rien de plus à lui demander. Mais c’était une autre affaire pour Mikihiko lui-même.

« Hé, Takahiro, » dit-il alors que nous arrivions dans ma chambre, « Tu ne veux probablement pas te souvenir, donc tu n’as pas besoin de me répondre si tu ne le veux pas. Mais puis-je te demander une chose à propos du jour où la colonie a pris fin ? »

« Quoi ? »

« Tu travaillais dans le même groupe que Masaki et Soushi, non ? Sais-tu ce qui leur est arrivé ? »

C’était les noms des amis que nous avions en commun.

« Ils sont morts, » avais-je répondu immédiatement. J’avais prévu qu’il poserait des questions à ce sujet. C’est probablement pour cela que mes mots étaient sortis si calmement. « Ils sont morts ce jour-là, sous mes yeux. »

Je n’avais pas prévu d’en dire plus.

L’un d’eux est mort dans la misère en étant tourmenté. L’autre avait été englouti par les flammes et transformé en cendres.

Rien de plus ne lui serait apporté s’il savait cela. Il valait mieux garder le silence. C’est ce que je croyais.

« Je vois, » avait marmonné Mikihiko.

J’avais essayé d’être aussi bref que possible, mais ça aurait pu le fâcher. Mikihiko n’avait rien demandé d’autre. Au lieu de cela, il avait dit : « Je suis content que tu aies survécu, Takahiro. Toi aussi, bien sûr, Mizushima. »

« Oui. Je suis aussi content de t’avoir revu, » avais-je répondu.

Mikihiko m’avait fait un sourire et était parti. J’avais observé son dos pendant qu’il traversait le couloir et j’avais poussé un soupir. J’étais heureux de le revoir, je disais la vérité. Cependant, j’avais gardé des secrets quant à lui jusqu’à la fin. Ce qui avait été perdu ne reviendra jamais. Pas les vies perdues, pas les simples relations sans facette cachée, et peut-être même pas nos passés.

« Maître, » avait chuchoté Lily à mon oreille en me serrant le bras. Sa voix tremblait d’anxiété. Elle était inquiète pour moi.

J’avais passé mon bras autour de sa taille et l’avais attirée vers moi. « Merci. Mais je vais bien. »

« Vraiment ? »

« Vraiment. Je ne bluffe pas. »

Ce serait mentir que de dire que je ne suis pas jaloux. En fait, j’avais ressenti un sentiment d’incohérence. J’avais été choqué par la confiance inconditionnelle dont faisaient preuve les élèves et les chevaliers. Je n’étais plus capable de vivre comme ça. Je ne pouvais pas rejoindre leur groupe. Ce dont j’avais besoin pour le faire ne me reviendrait après tout jamais. Néanmoins, c’était sans importance.

« Je vous ai toutes avec moi. »

J’avais choisi de protéger la chaleur dans mes bras plutôt que de pleurer ce que j’avais perdu. Je garderais des secrets pour leur bien. Je serais aussi prudent que je le devrais. Voilà qui était maintenant l’humain connu sous le nom de Majima Takahiro.

Je n’avais pas ressenti de honte à ce sujet. Ce n’était pas comme si je refusais de reconnaître les garçons et les filles qui allaient vivre comme des héros, et encore moins de me moquer d’eux. Mais cela ne signifiait pas que j’allais m’abaisser inutilement. Peut-être que le fait d’avoir pu ressentir si fortement la différence entre nous était mon plus grand gain de la journée.

« Rentrons, » avais-je dit en lâchant Lily. « Nous devrions parler. J’ai une bonne idée de la situation. Il y a un tas de choses que je dois demander à Shiran demain. Par exemple, s’il y a d’autres dresseurs de monstres à part moi dans ce monde, et comment nous pouvons obtenir des provisions après être sortis d’ici. Et aussi, nous devons faire quelque chose pour pouvoir communiquer… »

« Tu es plutôt mauvais en études linguistiques. »

« Vas-tu aussi insister sur ça… ? Je suppose que je vais devoir mettre mon espoir dans les pierres runiques, hein ? »

J’étais entré dans la pièce avec Lily à mes côtés, et la porte s’était refermée derrière nous.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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