Chapitre 1 : La Vérité
Table des matières
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Chapitre 1 : La Vérité
Partie 1
« Alors, pour quelle raison m’emmenez-vous dans ce genre d’endroit ? » En plus d’une attitude exaspérée, Scarlet regardait autour d’elle avec insatisfaction.
Scarlet et les membres d’Amaterasu avaient été emmenés de force au Laboratoire Nayuta sans même en connaître la raison. En ce moment, ils se trouvaient dans une situation de confinement à l’intérieur de la spacieuse salle de recherche de Kei.
Comme il n’y avait même pas le temps de se changer, tous les membres portaient leur combinaison de pilote qui montrait distinctement les lignes de leur corps. Le costume était fait pour s’accrocher à la peau, donc il était plus proche d’être nu que de porter un sous-vêtement normal ou un maillot de bain. La forme des seins, la dépression du nombril, le gouffre de l’âme, toutes ces zones étaient nettement exposés.
Ces charmants corps de quatre femmes étaient alignés devant les yeux de Hida Kizuna.
... Comme toujours, il se préoccupait de savoir où regarder. Néanmoins, que se passait-il maintenant ?
Même pour Kizuna qui avait toujours été asservi par les exigences déraisonnables de sa grande sœur, il se sentait mal à l’aise avec les actions que Reiri avait réalisées cette fois-ci. Il semblait que les autres membres étaient également dans le même cas que lui, Aine et Himekawa avaient aussi l’air d’être emplies de doutes.
« Vous êtes Scarlet des Maîtres, n’est-ce pas ? Je suis le commandant d’Ataraxia, Reiri Hida, » déclara sa sœur.
« Le septième corps volant du megaflotteur de l’Ouest des USAs, les Maîtres. Je suis leur chef, Scarlet Fairchild, » répondit la jeune femme.
Scarlet leva les yeux vers Reiri avec une attitude hautaine. Sa taille était inférieure à celle de Reiri. Elle mesurait environ 160 cm. Son corps, enveloppé dans la combinaison de pilote, avait l’air bien entraîné, même vu de l’extérieur. Le corps mince et flexible donnait l’impression d’un ressort en acier. Sa queue de cheval rouge tremblait sur son dos. Elle avait poussé vers l’avant avec sa poitrine d’une manière hautaine, mais son volume était légèrement petit.
« Donc, Commandante d’Ataraxia. Qu’est-ce que c’est que ce traitement que nous subissons là ? Avez-vous une raison qui explique la manière dont vous agissez en ce moment ? Si ce n’est pas le cas, cela deviendra un problème internat ―, » déclara Scarlet.
« Attendez, vous ! Cette façon de parler est trop grossière envers le commandant ! » Himekawa avait réagi face à l’attitude de Scarlet, mais Reiri avait levé la main et l’avait arrêtée.
« Himekawa, ça ne me dérange pas, » déclara Reiri. « Mais à ce propos, c’est simplement la continuation de l’histoire... Je vous demande de venir ici, car il s’agit de parler de la survie de Yurishia. Je pense qu’il serait bon de vous donner une réponse. »
Les paroles de Reiri avaient fait changer la couleur des yeux de Scarlet.
« Je veux dans tous les cas apprendre la raison. Qu’est-ce qui s’est passé ? » demanda Scarlet.
« Atte-atten-attendez. Attendez, Scarlet et vous aussi, commandante, » comme si elle ne pouvait pas le tolérer, Yurishia avait levé les deux mains en essayant d’arrêter les deux femmes.
« Pourquoi la discussion est-elle devenue quelque chose avec ma mort comme prémisse ? Je ne peux pas du tout comprendre tout cela. Est-ce quelque chose d’autre ? Je suis un zombie ou quoi ? » demanda Yurishia.
Scarlet avait jeté un regard noir sur Yurishia.
« C’est tout à fait logique ! Je vous ai dit que la source d’énergie de Cross est la vie humaine elle-même, n’est-ce pas ? Yurishia devrait avoir son Compteur Hybride vide depuis très longtemps déjà ! Comment cela pourrait-il être autrement ? Es-tu en train de dire que tu te cachais tout ce temps sans te battre ? » cria Scarlet.
« Il n’y a pas aucune chance que cela soit vrai, n’est-ce pas ? » Yurishia aussi avait commencé à avoir l’air irritée face à ces accusations.
« ― Parlons d’abord de la conclusion, » tous les membres présents attendaient la suite des paroles de Reiri avec leurs respirations retenues. « L’information sur Cross utiliserait la vie humaine comme énergie n’est qu’une fausse rumeur. Il n’a aucun fondement en tant que vérité du point de vue scientifique. »
« C’est un mensonge ! Il n’y a aucune chance que ce soit vrai. Parce que j’ai entendu cette rumeur du haut de la hiérarchie. De plus, cette hâte est étrange, peu importe la façon dont vous la voyez, » déclara Scarlet.
Alors que Scarlet s’était mise à rugir sur Reiri.
De son côté, Reiri lui avait répondu avec froideur. « Pensez-vous que nous serions heureux si quelqu’un répand des rumeurs suspectes sans fondement ? Qu’est-ce que vous complotez contre nous, en semant une terreur inutile et le doute chez les étudiants et les civils ? »
Il y avait une pression qui submergeait toutes les autres personnes prises pour cibles du regard aiguisé que Reiri émettait. Et puis, ces paroles étaient anormalement dures et brutalement menaçantes.
Scarlet avait inconsciemment faibli face à cette intensité.
« J-Je ne complote rien du tout ! » répondit Scarlet.
« Ce que vous faites est identique à ce que font les terroristes, » déclara Reiri. « Vous répandez intentionnellement des rumeurs qui égarent le cœur des gens et causent une mauvaise influence sur l’ordre public du megaflotteur. Si vous essayez de parler de cette question une fois de plus, nous n’aurons pas d’autre choix que de protester officiellement contre le gouvernement américain avec toutes les conséquences qui s’en suivront. »
« Hein ? Attendez, arrêtez ça ! Je n’essaie pas vraiment de répandre des rumeurs, » déclara Scarlet.
Reiri avait croisé les bras et était restée silencieuse, comme si elle affirmait que la discussion était déjà terminée et qu’il n’y avait plus rien à dire.
« Parce que, même les journaux de l’Ouest des Etats-Unis ont écrit que Yurishia était morte sur le megaflotteur du Japon. Ils en ont parlé..., » expliqua Scarlet.
Reiri ne faisait que regarder Scarlet, la pressant de prendre une décision.
« De toute façon, ce ne sont que des rumeurs totalement fausses ! Même moi, j’en ai entendu parler depuis certaines sources ! D’ailleurs, Yurishia est clairement en vie sous nos yeux, alors même un idiot saura que c’est une erreur ! » déclara Reiri.
Scarlet avait fait claquer sa langue. « C’est bon... alors c’était juste une rumeur. AAah, comme c’est stupide. Franchement... »
Et puis, elle avait parlé comme si elle crachait. « ― C’est décevant. »
Kizuna doutait de ses oreilles.
D-Décevant ? C’était des camarades dans le passé... n’est-ce pas ? N’est-elle pas heureuse que Yurishia soit en vie ? Se demanda Kizuna.
Cependant, les yeux de Scarlet qui regardaient Yurishia n’avaient pas l’air heureux quant à leur réunion. Ses yeux avaient l’air de fixer le tueur de ses parents.
« Tu n’as pas oublié ce que tu nous as fait avant, n’est-ce pas ? Je ne reconnaîtrai pas Yurishia Farandole. Tu m’écoutes ? Fausse héroïne, » déclara Scarlet.
Yurishia avait plissé ses sourcils. Ses yeux fixant Scarlet étaient légèrement teintés de tristesse.
« Je ne pense pas que ce soit possible, mais penses-tu que même maintenant tu es l’As de l’Amérique ? » demanda Scarlet. « Tu as été considérée comme une personne morte chez nous, donc c’est comme si tu n’étais rien. Il n’y a pas du tout de problème. Même sans toi chez les Maîtres, ou peut-être devrais-je dire, il n’y a pas de place pour que tu reviennes après tout ce temps. »
« ... Est-ce que c’est le cas ? Je comprends cela, » Yurishia hocha la tête sans être affectée.
« — Quoi — !? » s’écria Scarlet.
En regardant ce comportement, Scarlet avait serré ses dents avec une expression de colère.
« Qu’est-ce qui t’arrive !? N’es-tu pas en colère après que j’ai tant parlé ? N’as-tu pas de fierté ou d’honneur ? »
Yurishia avait accepté le vitriol de Scarlet comme une brise légère.
« Pas vraiment. Tu peux dire ce que tu veux, » répliqua Yurishia.
« Kuh... Yurishia, je vais demander encore une chose. Pourquoi as-tu fait quelque chose comme ça ? » demanda Scarlet.
Face à Scarlet qui ne pouvait évidemment pas réprimer sa colère, Yurishia avait répondu avec un calme froid. « ... Quelque chose comme ça ? »
Les yeux de Scarlet tremblèrent alors qu’elle regardait vers le haut. Elle marcha avec vivacité vers l’avant jusqu’à se placer face à Yurishia, et elle fixa son visage.
« Ne fais pas l’imbécile ! À cause de ta faute, je —, » commença Scarlet.
Yurishia soupira avec dédain.
« Scarlet, est-ce bon si je te parle franchement, je me le demande ? » demanda Yurishia.
« Bien sûr, je te demande de parler depuis tout à l’heure déjà ! Réponds vite ! » cria Scarlet.
« Je ne comprends pas du tout ce qui t’a irritée, » répliqua Yurishia.
La main droite de Scarlet avait tracé un cercle et avait frappé la joue de Yurishia — .
Mais cette main s’était arrêtée juste avant de l’atteindre.
« Kuh... ! »
La main de Yurishia l’avait prise et avait arrêté le poignet droit de Scarlet.
Scarlet avait fusillé du regard Yurishia avec des yeux remplis de haine. L’expression de Yurishia était calme, mais ses yeux ne riaient pas du tout. Entre elles, une atmosphère qui pouvait exploser au toucher se répandait.
Scarlet avait secoué sa main avec force et avait tourné le dos à Yurishia de manière provocante. Elle était sortie de la pièce avec de bruyants bruits de pas.
Qu’est-ce que c’était que tout à l’heure ?
« Hé, Yurishia. Tout à l’heure, qu’est-ce que..., » commença Kizuna.
« Je suis désolée. Je rentre dès maintenant chez moi, » Yurishia avait interrompu les paroles de Kizuna avant qu’elle aussi se dirige vers la sortie.
Je ne comprends vraiment pas, pensa Kizuna.
Mais une chose était certaine, il s’était passé quelque chose entre les deux filles dans le passé, bien qu’il ne sache pas ce que ça pouvait être.
Ignorant l’atmosphère gênante de l’endroit, Reiri fit entendre une voix glaciale. « La discussion est terminée. Vous aussi, retournez au dortoir et reposez-vous. »
Au milieu de cette humeur sombre, Aine et Himekawa étaient également sorties de la pièce. Kizuna aussi allait les suivre, mais la voix de Reiri l’avait interrompu.
« Kizuna, toi, tu restes ici, » ordonna Reiri.
Hein ? Juste moi... attends, pour quelle raison ? pensa Kizuna.
Même s’il était rempli de doute, Kizuna était retourné au milieu de la salle de recherche. Il pouvait entendre le bruit de la porte se refermer derrière lui. En même temps que cela se produisit, Reiri s’était enfoncée profondément sur la chaise et avait regardé le plafond.
Bien qu’on lui avait ordonné intentionnellement de rester, Reiri et Kei n’avaient pas vraiment commencé à parler.
« ... Euh, Nee-chan. Ce truc avec Yurishia et Scarlet tout à l’heure... que se passe-t-il entre elles ? Sais-tu quelque chose ? » demanda Kizuna.
Cependant, c’était comme si Reiri et Kei n’avaient pas du tout entendu la demande de Kizuna. Reiri poussa un soupir et fixa Kizuna du regard.
« Nee-chan, qu’est-ce qui ne va pas ? » demanda Kizuna qui se sentait de plus en plus mal à l’aise.
Il n’y avait aucune trace de la pression qui avait écrasé Scarlet avant cela, et elle faisait un visage vraiment fatigué.
« C’est peut-être une bonne occasion à saisir. Kizuna, il y a quelque chose que je dois te dire, » déclara Reiri.
« Que se passe-t-il pour que tu me parles de cette manière ? » demanda Kizuna.
« Il s’agit de l’histoire concernant la mort de Yurishia si le Compteur Hybride s’épuisait, » répondit Reiri.
« Aah, la rumeur sans fondement de tout à l’heure ? » demanda Kizuna.
La fenêtre aérienne de Kei était apparue devant Kizuna.
{Je suis vraiment étonné de la gestion si négligente des informations dans l’Ouest des États-Unis. Nous allons exprimer formellement notre protestation à ce sujet.}
« Ouais, il y a une limite même pour une erreur, » déclara Kizuna.
« Certes, c’était une erreur, » Reiri l’avait informé avec un ton extrêmement lourd.
« Les HHG qui utilisent la vie comme énergie ne se limitent pas seulement à Cross, » continua-t-elle.
***
Partie 2
Hein !? Se demanda Kizuna.
« Zeros, Neros. En gros, tous les Heart Hybrid Gears avec “ros” à la fin de leur nom fonctionnent tous sur le même principe, » expliqua Reiri.
Quoi !? De quoi parle-t-elle ? Les Ros ? Est-ce bien ce qu’elle a dit ? Se demanda Kizuna.
« Kizuna. Ton Eros est également inclus à la liste, » expliqua sa sœur.
Attends, attends un peu, pensa Kizuna.
« Euh... Nee-chan. Je ne comprends pas vraiment ce que tu veux dire par là. Quand tu parles d’utiliser la vie comme source d’énergie, qu’est-ce que ça veut dire exactement ? » demanda Kizuna, choqué par l’information.
« Cela signifie que lorsque le Compteur Hybride tombe zéro, le pilote meurt, » la voix de Reiri résonnait étrangement à l’intérieur du laboratoire.
L’écho de la voix avait lentement disparu de la pièce.
Et après ça, il ne restait plus que le silence.
La mort ?
Si le Compteur Hybride tombe à zéros, c’est la mort ?
Moi,
Mais aussi
Aine,
Himekawa,
Yurishia et aussi ?
« ― Euh, » balbutia Kizuna.
Qui pourrait croire une telle chose ! Se demanda Kizuna.
« Quelle idiote... ! La blague est terminée, Nee-chan. Hé ! Shikina-san aussi, ne vous joignez pas à ce genre de mauvaise blague s’il vous plaît, » demanda Kizuna.
Tout à l’heure, n’ont-elles pas dit que ce n’était qu’une rumeur sans fondement ? Se demanda Kizuna.
{Kizuna, je veux que vous écoutiez calmement. La série Ros est une série spéciale d’Heart Hybrid Gears.}
Spécial ? Se demanda-t-il.
{Leurs performances de base sont extrêmement élevées, et elles sont également chargées d’une arme d’une puissance destructrice transcendant le bon sens, à savoir l’Armement Corrompu. À cause de ça — }
« L’énergie consommée est massive. Au point de réduire directement la vie de l’utilisateur, » acheva Reiri.
― La vie.
{Par exemple, avec les Heart Hybrid Gears qu’utilisent les Maîtres, même si leur Compteur Hybride tombe à zéro, elles ne mourront pas. Au pire, elles s’évanouiront et seront envoyées à l’hôpital pour cause de surmenage. Mais, la série Ros que vous utilisez tous dans Amaterasu n’absorbe pas seulement votre endurance. La puissance mentale, la volonté, toutes sortes d’énergie que les humains possédaient sont prises et consommées. Et puis à la fin — }
« Vous mourrez, » continua Reiri.
C’est... c’est donc ça, pensa Kizuna.
« Yurishia a été envoyée au Japon parce qu’Ataraxia est la première ligne de recherche sur les Heart Hybrid Gears. L’armée américaine a également remarqué l’épuisement de Yurishia. Afin d’étudier la méthode de récupération du Compteur Hybride décroissant tout le temps, Yurishia a été envoyée au Japon, » expliqua Reiri.
Il semblait être tombé dans une l’hallucination alors que le monde était en train de déformer cette information choquante.
« Mensonges ! Peu importe comment tu le dis, il n’y a pas moyen qu’une telle arme stupide puisse —, » commença Kizuna.
« Mais c’est la vérité, » la réplique calme de Reiri avait fait monter son sang jusqu’à sa tête.
« Si c’est vrai, pourquoi Nee-chan, tu nous fais combattre ? » demanda Kizuna.
Kizuna avait été empli par des émotions bouillantes en lui, et il s’était avancé jusqu’en face de Reiri en avançant comme s’il donnait des coups de pied au sol. Une fenêtre aérienne de Kei était apparue au bout de son nez comme si elle lui bloquait le passage.
{Attendez !}
{Calmez-vous !}
Ignorant ces textes, Kizuna avait franchi ces fenêtres l’une après l’autre. Et puis, il avait regardé le visage de sa sœur à la distance où ils pouvaient sentir le souffle de l’autre.
« L’acte de combattre l’ennemi raccourcit notre vie, n’est-ce pas ? En luttant pour protéger la vie, pour protéger toutes ces personnes, elles courent à toute vitesse vers leur propre mort en même temps, n’est-ce pas ? » demanda Kizuna.
« Exactement, » répondit Reiri.
« Que nous utilisions l’Heart Hybrid Gear pour voler, combattre, faire quoi que ce soit, cela veut donc dire que nous consommons notre propre vie pour le faire ! C’est donc juste un acte suicidaire ! Sans rien savoir à ce sujet, en pensant que tout cela est pour sauver le monde, nous sommes —, » continua Kizuna.
Reiri accepta le regard de Kizuna droit devant lui.
« C’est exact. Pour que l’humanité survive, elles sont pour ainsi dire... des sacrifices, » déclara Reiri.
Choc et fureur, diverses émotions tourbillonnaient dans la tête de Kizuna, le poussant dans le mauvais sens. Poussé par cette chaleur, il avait lâché les mots qui surgissaient depuis son cœur.
« Celle qui les sacrifie, c’est toi, Nee-chan, n’est-ce pas ? Tu leur ordonnais de se battre ! Ça veut dire que ma Nee-chan qui leur ordonne de mourir ! » cria Kizuna.
Chaque fois qu’elle était frappée par ces mots perçants, l’expression de Reiri se transformait en une expression emplie de tristesse.
« C’est exact... J’en sais quelque chose et je leur ai quand même toutes fait partir au combat, » déclara Reiri. « On ne peut rien y faire, quoi que tu dises de moi. Ce que je faisais, c’était la même chose que d’essayer de toutes les tuer. »
L’attitude résolue habituelle de Reiri avait faibli. Son regard semblait perdu et elle baissa les yeux.
« C’est trop inhumain ! Ce n’est pas quelque chose de bien à faire en tant qu’humain ! » cria Kizuna.
« C’est exact ! Même sans que tu me le dises, je le savais déjà ! » déclara Reiri.
Les émotions de Reiri avaient explosé comme si on les lui avait arrachées.
Elle leva le visage une fois de plus et fixa le visage de Kizuna. Dans ses yeux, la tristesse et la douleur remplissaient tout, au point qu’il se demandait si elle pleurerait en ce moment.
Le cœur de Kizuna avait été légèrement secoué.
« Alors, pourquoi — pourquoi fais-tu cela dans ce cas !? » demanda Kizuna.
« Que pourrais-je faire d’autre !? » demanda Reiri. « La seule chose qui peut s’opposer aux Armes magiques de l’Autre Univers est l’Heart Hybrid Gear. En utilisant cela, beaucoup de vies peuvent être sauvées ! Malgré cela, le Heart Hybrid Gear est une arme qui utilise la vie comme énergie, c’est trop inhumain et le pilote est tout simplement sacrifié injustement, alors pour éviter ça, nous allons arrêter de l’utiliser. C’est pourquoi, vous tous du Japon, vous allez tous mourir..., est-ce que je vais l’expliquer comme ça à tout le monde !? »
C’était un ton triste, alors même qu’elle devenait provocante, et pourtant c’était comme si elle demandait de l’aide.
Il était impensable qu’un tel ton vienne de sa sœur qui avait toujours été calme quoiqu’il arrive avec sa forte volonté.
C’était inattendu.
L’expression de colère de Kizuna avait vacillé en regardant l’apparence de sa sœur.
Ce qui l’avait rendu si intense n’était pas à cause de son apparence et de son comportement qu’il ne pouvait habituellement pas imaginer. Il s’était retrouvé accablé par la compréhension du poids des responsabilités de Reiri qui continuait à les combattre seule dans son cœur, faisant face à la forte pression exercée par les vies du peuple japonais qui lui étaient confiées. Cela lui causait de l’inquiétude et de l’angoisse qu’elle portait cachée dans son cœur.
« — D’accord, mais c’est une erreur de forcer quelqu’un à être un sacrifice ! » déclara Kizuna.
Kei, qui ne pouvait pas supporter de regarder sans rien faire, avait placé une fenêtre entre Kizuna et Reiri.
{Arrêtez ça tout de suite. Reiri fait tout ce qu’elle peut pour essayer de vous aider tous. C’est exactement pour ça qu’elle ne peut pas choisir la méthode pour le faire.}
« Ne choisit pas..., la méthode ? » demanda Kizuna.
— Ne me dis rien, pensa Kizuna.
« Est-ce que c’est... Hybridation des Coeurs ? » demanda Kizuna.
Reiri laissa tomber son regard et répondit d’une voix tremblante. « ... En analysant de vraies batailles, nous avons remarqué que le Compteur Hybride d’Aine et des autres ne se rétablissait pas. Et puis un jour, nous avons découvert les données du développement initial de la série Ros. Nous avons été choqués lorsque nous avons vu ces données. »
Reiri avait mordu l’intérieur de sa bouche.
« La raison en est que la série Ros possède un système qui s’active en utilisant la vie du porteur comme énergie. Il est logique que la récupération naturelle du Compteur Hybride soit lente. Après tout, le porteur donne sa vie petit à petit à sa tenue. Et quand cette énergie est épuisée... il meurt, » déclara Reiri.
Reiri avait alors frappé son poing contre le mur.
« Tout cela ! Tout ça, c’est la faute de Kaa-san ! Cette personne a développé ce genre de système diabolique, puis elle ne l’a dit à personne et l’a gardé secret ! » cria Reiri.
Kaa-san.
Le Professeur Hida Nayuta.
Celle qui lui avait inséré le noyau de l’Heart Hybrid Gear, le visage de sa mère avait flashé dans sa tête.
— Kizuna. Tu es un bon enfant, n’est-ce pas, fais de ton mieux lors de l’expérience d’activation du noyau, d’accord ?
— Ainsi, l’expérience de matérialisation de la tenue se déroule bien.
Il se rappelait que sa mère souriait toujours avec gentillesse.
« Ka, Kaa-san, elle... connaît donc tout de cette affaire..., » murmura Kizuna.
« Évidemment ! Qui a développé ce truc, d’après toi ? Cette personne était au courant de tout ce qui concerne l’Heart Hybrid Gear, » c’était un changement complet par rapport à son état d’épuisement de tout à l’heure, car Reiri avait rugi de colère.
« J’étais, quand j’étais au laboratoire, la diminution du Compteur Hybride, et la récupération de celui-ci n’était pas du tout un problème... C’est pourquoi, peut-être que Kaa-san..., » tenta Kizuna.
{Il y a une différence comme la terre et le ciel dans la consommation d’énergie entre l’expérimentation et une vraie bataille. Lorsque nous avons réalisé ce fait, le professeur Nayuta avait déjà disparu. Cependant, il est impensable que le professeur Nayuta, qui est le développeur, soit incapable de prédire cela.}
« Ku... »
Quand Kizuna était arrivé à Ataraxia, le professeur Nayuta avait déjà disparu.
{Après cela, un courrier mystérieux est arrivé. Des informations sur la capacité spéciale d’Eros et l’Hybridation des Coeurs avec d’autres Noyaux y avaient été écrites. Ce courrier était très probablement quelque chose écrit par le professeur Nayuta qui a disparu. Et puis nous avons convoqué le possesseur d’Eros qui est Hida Kizuna ici en toute hâte.}
« Si nous savions que l’Heart Hybrid Gear avait besoin de ce genre de compensation... non, » Reiri avait fait un sourire auto-dépréciateur alors qu’elle disait ça. « C’est trop hypocrite. Après tout, j’ai quand même donné l’ordre en connaissant cette information. »
« Nee-chan..., » murmura Kizuna.
« Je ne peux pas même protester si je suis tuée par vous tous. Si cette bataille se termine et que l’humanité survit, vous pouvez me faire tout ce que vous voulez. Mais, Kizuna. À cause de ma faute, de la faute de notre mère, des filles innocentes sont devenues des sacrifices et se sont battues, sacrifiant leur vie en même temps, ce fait ne pourra jamais être pardonné. L’inconduite d’un parent de sang doit être rachetée par un parent de sang, » déclara Reiri.
Les paroles de sa sœur résonnaient à l’intérieur de Kizuna.
Certes, jusqu’à présent, elle s’était déjà persuadée ainsi à maintes reprises. Ça résonnait comme ça.
« Je ne laisserai même pas un seul sacrifice survenir dans les membres d’Amaterasu. Même si je veux pouvoir faire cela, alors j’utiliserai n’importe quelle méthode. Même si par exemple —, » la main de Reiri avait caressé la joue de Kizuna. « Je dois sacrifier mon frère lié par le sang pour ça. »
— Est-ce que c’est le cas ? Alors, c’est ainsi, pensa Kizuna.
Il pouvait enfin comprendre la raison pour laquelle cette sœur intellectuelle et rationnelle insistait sur une méthode aussi folle que l’Hybridation des Cœurs. Il comprenait aussi la raison pourquoi, après tout ce temps, il avait été soudainement rappelé à Ataraxia. C’est pourquoi il avait été forcé de faire des Hybridations des Coeurs d’une manière qui semblaient être anormalement impatientes.
Tout était pour sauver la vie de tout le monde dans l’Amaterasu.
Kizuna se tourna vers Kei comme s’il avait remarqué quelque chose.
« Shikina-san, le Noyau peut-il être retiré du corps de tout le monde ? » demanda Kizuna.
{Impossible. Une fois installé, il est impossible de l’enlever. La seule chance de retirer le noyau, c’est au moment où le porteur rencontre la mort.}
En fin de compte, cela n’avait pu être résolu jusqu’à leur mort.
{Cependant,}
Kei continuait à taper sur le clavier.
{Du côté du professeur Nayuta, peut-être qu’elle connaît une méthode.}
« Du côté de Kaa-san... »
Certes, c’était une possibilité.
{Les informations concernant Heart Hybrid Gear ne sont pas toutes divulguées. Même maintenant, il y a des informations qui n’existent que dans la tête du professeur Nayuta.}
« Vous dites que dans sa tête, il y a peut-être un moyen de nous sauver ? » demanda Kizuna.
{Au minimum, nous comprendrons la raison pour laquelle le professeur a créé ce genre de système. En outre, il y a beaucoup d’énigmes dans les actions du professeur. Après sa disparition, pourquoi a-t-elle divulgué le système d’Eros ? L’expéditeur mystérieux à Guam aussi, c’était peut-être l’œuvre du professeur Nayuta.}
Ah ! Maintenant qu’elle a mentionné cela..., il n’était pas encore clair pour quelle raison l’information du système de sceau d’entrée a été envoyée de Guam, pensa Kizuna.
{Si nous pouvons rencontrer directement le professeur Nayuta, nous pouvons poser des questions à ce sujet. Peut-être que nous pouvons aussi comprendre la raison de ses actions.}
« Je ne veux pas entendre parler de ses raisons ou de quoi que ce soit du genre, » Reiri avait crié de rage. « Franchement, qui peut comprendre quelque chose comme la pensée de cette personne ? Non, je ne veux même pas faire ça. »
Le ressentiment et la colère de Reiri envers sa mère n’étaient pas quelque chose de normal.
« Kizuna. Dès maintenant, il n’y aura plus rien que je te cacherais. Je n’ai pas fait part de ces informations aux autres... alors que feras-tu ? » demanda Reiri.
« Hein ? »
En d’autres termes, elle l’interrogeait sur le fait de révéler aux autres le fait que plus Aine, Himekawa et Yurishia se battaient et plus elles raccourcissaient leur vie.
« C’est..., » commença Kizuna.
Une sueur froide coulait de Kizuna en raison de la difficulté de décider alors que ce choix lui avait été donné.
Bien qu’il avait blâmé Reiri avant cela, maintenant qu’on lui avait demandé de se tenir dans cette position, le poids de ce choix avait complètement arrêté son cerveau.
« N... »
Il ne pouvait pas le dire.
Cependant, s’il ne disait rien, les filles seraient simplement obligées de se battre, sans même se rendre compte qu’elles payaient elles-mêmes ce sacrifice. C’était une histoire trop misérable.
Mais, même si cette vérité leur était communiquée, le fait que Heart Hybrid Gear consommait leur vie n’aurait nullement changé. Même si elles le savaient, elles continueraient à se battre de la même façon qu’aujourd’hui, non ?
Même le moindre doute ou hésitation pourrait devenir fatal dans la lutte contre l’Autre Univers.
Et ce n’était pas tout.
Et si, écrasées par la terreur et le doute, elles devenaient incapables de se battre ?
La situation du monde était-elle si bonne qu’on les laisserait s’arrêter tranquillement ?
En raison de l’argument qu’elles étaient devenues incapables de se battre, dans cette situation, d’autres personnes pourraient-elles pardonner à un possesseur d’un Heart Hybrid Gear qui ne s’était pas battu de toutes ses forces ?
Le Noyau de Heart Hybrid Gear ne pouvait pas être retiré à moins que le porteur ne soit mort.
Et s’il y avait quelqu’un qui pensait retirer le Noyau, en se débarrassant du pilote inutilisable...
« Il ne faut surtout pas le leur dire, » déclara Kizuna.
« Kizuna ? » demanda Reiri.
« Il serait certainement lâche de ne pas leur apprendre ce fait. Mais —, » continua Kizuna.
Kizuna serra le poing et parla résolument. « Tout irait bien si je gardais constamment le Compteur Hybride de tout le monde à un niveau sûr. Si je fais cela, le fait que leur vie est utilisée comme énergie serait identique à la situation où cela n’existait pas. »
« Kizuna..., » murmura Reiri.
« À partir de maintenant je n’aurais plus le droit au doute en ce qui concerne l’Hybridation des Coeurs, je n’hésiterai même plus. Je ferai tout ce que je dois pour ça. Qui se soucie de ce que les autres vont penser de moi ou de ce qu’ils diront dans mon dos ? Même si tout le monde me déteste et me trouve dégoûtant, quelle importance ? »
Il y avait une résolution inébranlable dans les yeux de Kizuna.
« C’est pourquoi, Nee-chan, tu n’as pas besoin de t’inquiéter de ta — wapuuu... !? » commença Kizuna.
Reiri avait pris dans ses bras la tête de Kizuna et elle enterra cette tête dans sa propre poitrine.
« Ne dis rien d’autre. Nous ferons quelque chose au sujet de l’inconduite de notre mère d’une façon ou d’une autre avec nos propres mains. Nous sauverons aussi l’avenir de l’humanité tant que nous y sommes, » déclara Reiri.
Le destin de l’humanité vient donc en second lieu... comme toujours, l’échelle est trop grande, pensa Kizuna.
Kizuna avait souri alors que son visage était encore enterré dans les gros seins de sa sœur.
« Même ainsi, comme prévu, il est nécessaire de chercher Kaa-san, n’est-ce pas ? Comme Shikina-san l’a dit, elle a peut-être une méthode pour résoudre ce problème, » déclara Kizuna.
{Nous aussi, nous continuons à enquêter sur l’endroit où se trouve le professeur Nayuta. Nous demandons également la coopération afin d’obtenir les informations que possèdent les États-Unis de l’Ouest, mais nous sommes toujours incapables de saisir son existence.}
« Il n’y a aucune garantie non plus qu’elle écoutera avec obéissance ce que nous disons quand nous la trouverons, » déclara Reiri.
« Moi aussi... je chercherai des indices à ma façon. Eh bien, même le spécialiste qui la cherche ne trouve rien, donc je pense que c’est inutile, mais..., » déclara Kizuna.
En mettant ça de côté, jusqu’à quand aurai-je besoin d’enfouir ma tête dans les seins de Nee-chan comme ça ? Se demanda Kizuna.
Pour une raison inconnue, sa tête avait aussi été caressée, mais... eh bien, ça faisait du bien, alors peut-être que c’était bien de laisser cela durer un peu plus longtemps... d’une certaine façon, ça lui avait rappelé son enfance.
{Mis à part ça, combien de temps allez-vous continuer la scène d’amour entre frère et sœur ?}
« Hein ? Non, c’est juste ! » Kizuna s’était séparé de la poitrine de Reiri en panique.
{Pour une raison inconnue, je me sens vraiment exclue.}
« C-C’est pas ça, Shikina-san ! S’il vous plaît, ne vous moquez pas de moi, » s’écria Kizuna.
Quoi qu’il en soit, en ce qui concerne Aine, Himekawa, Yurishia, il maintiendrait constamment leur Compteur Hybride dans la zone de sécurité. Pour cela, il était prêt à utiliser n’importe quelle méthode.
Alors même que jusqu’à présent, il avait l’intention d’étudier les filles dans les limites de sa mission de faire l’Hybridation des Coeurs... il venait de voir que c’était encore bien trop naïf de penser ainsi.
Afin de protéger la vie de tous, il devait réaliser l’Hybridation des Coeurs plus efficacement avec un taux de reconstitution d’énergie encore plus élevé. Et puis, pour cela, il devait peaufiner sa technique pour faire plaisir à une fille.
Pour y parvenir, cela ne le dérangerait pas, même s’il était finalement détesté ou méprisé par ces filles.
Quand tout serait terminé, il acceptait n’importe quel type de traitement venant d’elles.
Et encore une chose.
— À propos de Kaa-san..., quand je rencontrerai Hida Nayuta, pensa Kizuna.
Il ne savait pas où elle était sur terre, mais il la trouverait sans faute, et ensuite il demanderait les secrets de l’Heart Hybrid Gear.
Kizuna l’avait juré dans son cœur avec une forte conviction.