Prologue
{Unité d’Attaque Spéciale, répondez.}
Une voix mélangée à un bruit de grésillement pouvait être entendue.
« Ici l’Unité d’Attaque Spéciale, au siège impérial, s’il vous plaît. »
{Signaler votre position actuelle.}
Sous mes yeux, un lac entouré de montagnes était visible.
« Je suis actuellement à Shizuoka, en pleine traversée de Hakone. Le temps estimé jusqu’à mon arrivée à Nagoya est..., » déclarai-je.
{L’opération de Nagoya est suspendue. Retour à Tokyo.}
J’avais douté de mes oreilles.
« Qu’est-ce que cela veut dire ? En ce moment, les Armes Magiques avancent depuis l’Entrée de Kumano, n’est-ce pas !? Je dois y aller le plus rapidement possible ! » dis-je.
{Nagoya est abandonnée.}
« Quoi... ? » demandai-je.
Abandonné, il a dit..., que voulait-il dire ?
{À la place, il s’agit d’un nouvel ordre. Assurez-vous que le flotteur de Tokyo puisse larguer les amarres.}
« Hein !? » m’écriai-je.
L’intérieur de mon cœur devenait de plus en plus froid.
Le Flotteur de Tokyo stationnait actuellement dans la baie de Tokyo. Pour qu’il parte ainsi...
*
Abandonner le Japon, voilà ce qu’il disait par là.
*
Des sueurs froides m’avaient trempé tout le corps.
Les oreilles bourdonnaient.
{Une Entrée se matérialise également à Tokyo, des Armes Magiques s’approchent aussi de cette localisation. Mettez-vous en place là-bas en tant que garde jusqu’à ce que les citoyens rassemblés dans la baie de Tokyo montent tous à bord du flotteur de Tokyo.}
« C’e-c’est ! Nagoya va... Qu’arrivera-t-il aux autres villes !? Alors même s’ils attendent que j’aille à leur secours ! Est-ce que vous me dites de regarder un grand nombre de personnes mourir !? » dis-je.
{Alors, allez-vous regarder les gens mourir ici ?}
« ... Kuh! » dis-je.
{Ceci est un ordre. Retour rapide.}
« ... Roger, » dis-je.
J’avais fait demi-tour. À ce moment-là, les cris que je ne devais pas entendre me donnaient l’impression qu’ils atteignaient mes oreilles.
Avec une réticence emplie de douleurs, je m’étais dirigée vers Tokyo.
Je devais faire semblant de ne pas voir les flammes et les fumées qui apparaissaient partout.
J’avais l’impression que mon propre corps était en train de rôtir.
Les larmes étaient sorties dues à ma propre impuissance.
Mais, je ne pouvais pas montrer ce genre de visage à d’autres personnes.
Je suis la protectrice du Japon. Il n’y avait donc aucun moyen que je puisse montrer un visage faible à la population.
Essuyant les larmes, j’avais atterri sur la jetée de la Baie de Tokyo.
« C’est..., » dis-je.
La Baie de Tokyo, la jetée et tous ses environs était devenue noirs de monde. Il y avait plusieurs milliers, non, plusieurs dizaines de milliers, ou même plus de personne réunis ici.
Certes, accommoder toutes ces personnes me prendrait beaucoup de temps.
« Ho ! Qu’est-ce que c’est !? »
« C’est l’Unité d’Attaque Spéciale ! L’aide est enfin arrivée ! »
Lorsque les personnes se trouvant ici avaient découvert ma silhouette, elles m’avaient pointé du doigt et avaient haussé la voix.
Tout le monde avait des visages remplis d’espoir et d’attente. Ces personnes avaient produits des voix de joie et de soulagement.
C’est vrai, pensai-je. Je suis le protecteur de toutes ces personnes. Je n’ai nullement le temps pour pleurer.
Après que j’eus atterri sur la jetée, les personnes étaient venues vers moi, alors je leur avais parlé afin de contrôler la foule. « Tout le monde, s’il vous plaît, calmez-vous ! À partir de maintenant, je protégerai tout le monde. Veuillez vous calmer autant que possible, suivez les instructions et évacuez la zone dans le calme ! »
Mes mots avaient été transmis telle la propagation des ondulations de bouche en bouche à travers toute cette foule. Et alors qu’ils se propageaient, des expressions de soulagements se répandirent. J’avais vérifié que la situation était bonne et j’avais marché parmi les personnes.
Vieux et jeunes, hommes et femmes, leurs âges et leurs atours étaient aussi divers. Plutôt que d’être ensemble avec leur famille, il y avait beaucoup de personnes qui faisaient partie d’un groupe avec d’autres qui semblaient être leurs collègues de travail ou d’autres étudiants. Il y avait aussi une fille du même âge que moi parmi eux. Un garçon se tenait à côté d’elle, tenant fermement sa main.
Sûrement qu’ils étaient des amoureux.
Ma poitrine s’était resserrée plus à l’étroit. J’avais même fait semblant de ne pas les voir et de passer simplement à côté d’eux.
« Mon Dieu ! » dis-je.
Il y avait une mère qui tenait la main de son enfant. Son enfant était une fille autour de l’âge de la maternelle. Elle étreignait un petit ours en peluche avec un visage qui semblait prêt à pleurer.
« Qu’est-ce qui ne va pas ? Avez-vous peur ? » demandai-je.
La mère fit un sourire reconnaissant et baissa la tête. Le visage de la fillette avait toujours l’air triste en me regardant.
« Hicc... uh huh. O-onee-chan ? Tu n’as pas peur ? » demanda la petite fille.
« Tout à fait. Je n’ai pas du tout peur, » dis-je.
La fille cligna les yeux de surprise.
« Parce que, tous ces méchants, cette Onee-chan va tous les battre ! » dis-je.
Tout en souriant, j’avais tapoté la tête de la fillette.
Là-dessus, les joues de la jeune fille se détendirent, et bientôt son visage se transforma en un sourire de bonheur.
« Vraiment ? Onee-chan va vraiment nous sauver ? Y compris moi et ma maman ? » demanda-t-elle.
« Oui, vraiment ! » dis-je.
La fille avait poussé des petits cris de plaisir avec une bouche ouverte, et les yeux pétillaient.
« Ho !! Qu’est-ce que c’est !? » Une voix effrayée pouvait être entendue de l’autre côté du mur humain.
Une vague d’agitation avait affecté d’un coup la foule.
« S’il vous plaît, calmez-vous ! Quelque chose ne va pas ? » demandai-je.
J’avais couru vers la direction de la voix. Là, tout le monde pointait du doigt vers le même endroit.
... C’était... ?
Depuis l’ombre des bâtiments de la ville, une énorme boule de lumière avait commencé à apparaître.
Il avait peut-être un diamètre de dix mètres. Sa surface était rouge. C’était comme si du gaz tourbillonnait dans un cercle. Pour une raison inconnue, cela ressemblait à Jupiter qui aurait été changée en rouge.
« Tout le monde, calmez-vous ! Placez votre corps le plus près du sol. Et les personnes qui peuvent se cacher doivent se déplacer vers le bâtiment voisin pour se couvrir... »
À ce moment-là, une énorme onde de choc sembla percer mon corps.
... Hein !?
Avant que je puisse le réaliser, le ciel et la terre avaient été complètement inversés.
Des flammes et des explosions éclataient partout dans les environs, obstruant mon champ de vision.
... Quoi !?
Qu’est-ce qui s’est passé ? pensai-je.
Mon corps flottait dans l’air avant d’aller s’écraser sur le sol.
« Haa...aa! », criai-je.
Tout mon corps me faisait mal.
Ai-je été éblouie ? Me demandai-je.
J’avais alors rampé à quatre pattes avant d’essayer de me lever.
Un son dégoulinant pouvait être entendu à côté de moi, mon sang tombait sur le sol.
Ai-je été coupé quelque part ? pensai-je.
Cependant, en ce moment je ne pouvais pas me plaindre de la moindre chose.
« T... tout... le... monde, » j’avais levé le visage, et j’en avais perdu les mots.
Les silhouettes des habitants de Tokyo qui se tenaient en ligne ordonnée, attendant leur tour, ne se trouvaient nulle part.
Même si tout à l’heure ils me regardaient, avec ces yeux débordant d’attentes, il n’y avait plus rien là.
« Qu’est-ce qui... c’est passé là ? » demandai-je.
Après avoir frappé ma propre jambe, j’avais pu me relever.
Des décombres se trouvaient partout où je pouvais observer.
Et les flammes de l’enfer brûlaient tout ce qui était présent.
Il y avait partout de la fumée noire et des tornades que les flammes produisaient.
Soudain, j’avais senti une douce sensation sous mes pieds.
Je m’étais un peu écartée, mes pieds tremblant.
Il s’agissait d’un ours en peluche, à moitié brûlé et fondu.
À ce moment-là, la terre se mit à trembler, et un grondement se réverbérera partout.
Des pièces métalliques énormes se mirent à grincer, c’était comme une voix qui grinçait.
Le propriétaire de la voix avait lentement affiché sa silhouette de l’autre côté de la fumée et des flammes.
Il avait trois cous, se tortillant en souplesse dans l’air.
Des yeux froids et brillants, avec une bave de lave qui dégoulinait de ses bouches brillantes d’une lumière rougeâtre.
*
... Un dragon à trois têtes.
*
Même si je voulais crier, ma voix n’était pas sortie.
Terreur, rage, chagrin, impatience, choc, tout cela se mélangeait en moi.
Une impulsion qui était difficile à décrire se précipita à l’intérieur de mon corps.
Elle cherchait désespérément un exutoire.
Sinon, je me briserais.
Je craquerais.
Je m’émietterais.
Si je n’arrivais pas à créer une sortie à cette impulsion.
Avec toute la force de mon corps, j’avais ouvert ma bouche.
« NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOONNNNNNN !! »
*
C’était comme si tout cela vomissait hors de mon corps, un cri se mit à jaillir sans que je puisse le contrôler.
Merci pour ce bon gâteau au goût assez particulier..