Madan no Ou to Vanadis – Tome 1 – Chapitre 1 – Partie 2

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Chapitre 1 : Rencontre avec la Vanadis

Partie 2

Alors que Tigre sortait de la porte d’entrée tout en plaçant son arc et son carquois sur son dos, il vit que les soldats étaient déjà en train de l’attendre. Un petit vieil homme portant une armure de cuir s’approcha de lui et baissa la tête.

« Jeune maître, tout le monde a été rassemblé ici. Les préparatifs sont également complets, » annonça le vieil homme.

« Bien joué, Bertrand, » déclara Tigre.

Ce vieil homme était l’aide de camp de Tigre. Comparé au jeune Tigre, il avait beaucoup plus d’expérience dans la bataille, et au sein de cette unité il était la seule personne en dehors de Tigre qui était formé à l’équitation.

Pour le reste, ils étaient tous des soldats en armure de cuir avec une épée sur la hanche et une lance dans les mains.

« J’ai certainement rassemblé assez de soldats là. »

Tigre poussa un soupir.

Certains des soldats parmi les plus expérimentés lui avaient alors dit en plaisantant à moitié. « Monseigneur, il n’y a rien à craindre. Bien que nous n’ayons pas combattu dans une guerre pendant trois ans, nous avons passé nos journées à travailler avec la charrue, et en tant que telle nos corps sont devenus solides. »

« Aller contre le commandement de Sa Majesté serait comme désobéir à la vieille patronne, non ? Dans ce cas, nous n’avons d’autre choix que d’obéir. »

« Vos mots sont très appréciés. Pourquoi ne pas simplement emmener votre femme ? Quelques rugissements de fureur de sa part suffiraient à effrayer même mille ou deux mille soldats ennemis, hein ? »

Les soldats avaient ri à gorge déployée.

« Il vaudrait mieux abandonner, jeune maître. La femme de cet homme ne différencie pas entre ami et ennemi ! » Bertrand avait interjeté face à ces plaisanteries, et Tigre termina cette conversation avec un haussement d’épaules.

… Il semblerait que le moral ne serait pas un problème.

Après avoir attendu que leur rire se soit calmé, Tigre les salua. Puis il monta sur le cheval que Bertrand avait amené et leva sa main droite en l’air et donna un ordre. « Notre destination est les plaines de Dinant. En route, nous rejoindrons les forces du Seigneur Mashas [1]. »

Les soldats avaient élevé les drapeaux de guerre aussi haut qu’ils le pouvaient.

Ils avaient avec eux deux drapeaux différents. L’un d’eux avait une base bleue avec une demi-lune blanche et une étoile filante, il s’agissait du drapeau de guerre de la maison Vorn. L’autre était une représentation de Bayarl, le cheval sacré à crinière noire et au corps cramoisi, qui était le symbole du Royaume de Brune.

« Comme tout est prêt, allons-y maintenant ! » déclara Tigre.

***

Le Royaume de Brune partageait sa frontière orientale avec le Royaume de Zhcted. Les deux pays étaient à couteaux tirés depuis plus de vingt ans.

La raison du conflit pour cette occasion était due à l’inondation de la rivière qui avait servi de frontière entre les deux pays et qui avait été causée par des pluies torrentielles.

Premièrement, les victimes du déluge s’étaient empressées de pointer du doigt l’autre pays en disant : « Tout cela, c’est parce que ces personnes là-bas n’ont pas fait leur travail avec la rivière, » ce qui avait servi d’étincelles pour rallumer les braises de la guerre.

Après ça, les deux pays, ayant été sollicités par les victimes, avaient maintenu la position selon laquelle « il y a des problèmes avec leurs solutions de contrôle des inondations », ce qui avait attisé encore plus les flammes de l’hostilité et avait finalement abouti à un conflit à grande échelle.

Si cela n’avait été que cela, Tigre n’aurait pas dû être convoqué sur le champ de bataille.

« Les forces ennemies contiennent environ cinq mille hommes, mais nos propres forces comptent plus de vingt-cinq mille combattants. C’est vraiment une bonne nouvelle que nous avons là, » celui qui parlait avec du sarcasme dans sa voix se tenait à côté de Tigre. Il s’agissait d’un chevalier qui avait déjà passé le milieu de sa vie, Mashas Rodant. Mashas était un ami du père de Tigre, et avait souvent pris soin de Tigre en tant que bienfaiteur.

« Avez-vous entendu la nouvelle ? » demanda Tigre. « Ils disent que c’est ainsi, car Son Altesse Royale le Prince participera au combat pour la première fois. »

« Cela risque d’être vrai. Après tout, Sa Majesté l’adore tellement, » répondit Mashas.

Le corps musclé de Mashas était équipé d’une armure de fer et d’un casque, et il caressait souvent sa moustache. « Le conflit de cette fois-ci est presque comme une querelle entre enfants, ce qui oblige leurs parents à intervenir. Ce n’est pas quelque chose qui changerait radicalement l’avenir du pays. Sur cette base, nous ne sommes que des décorations pour Son Altesse le prince Regnas comme première participation à une bataille. Pour être précis, cela a été fait ainsi pour qu’il puisse acquérir de l’expérience. »

Pour la première bataille de son fils bien-aimé, le roi devait avoir voulu qu’il remporte une glorieuse victoire.

Le roi avait envoyé tous les chevaliers directement sous ses ordres. Les nobles qui vivaient près des plaines de Dinant avaient tous reçu l’appel à la guerre et cela incluait également les nombres mineurs du royaume tels que Tigre et Mashas.

Tout cela avait fait qu’ils avaient ainsi pu rassembler plus de vingt-cinq mille hommes pour une bataille si peu importante. Les troupes commandées par Mashas étaient fortes d’environ trois cents hommes. Dans ce nombre, il y avait une cinquantaine de chevaliers. Bien que le nombre ne soit pas petit, comparé à l’armée entière de vingt-cinq mille hommes, ils n’étaient qu’une goutte dans l’océan, et il en fut de même pour Tigre. C’est pour cette raison que les deux nobles avaient été affectés à l’arrière de la formation.

« La chance favorise ceux qui rassemblent la plus grande armée, il s’agit là des bases de la guerre. Un jour, le Prince Regnas succédera sur le trône. Sa Majesté n’avait donc pas tort de le faire, n’est-ce pas ? » Tigre avait tapoté le vieux chevalier sur l’épaule afin de le consoler.

Ces mots qu’il avait dits étaient uniquement de la rhétorique. S’il ne l’avait pas dit à haute voix, il aurait peut-être perdu la volonté de se battre.

« Nul doute que nous ne sommes que de nobles mineurs. Nous devons seulement attendre docilement à l’arrière. Si tout le monde a le même état d’esprit comme quoi c’est une victoire assurée et fonce la tête la première dans la bataille pour la gloire… cela me fait penser à un truc, Tigre, avez-vous entendu parler des princesses de la guerre ? » Demanda Mashas comme s’il s’était soudainement rappelé quelque chose.

Tigre pencha la tête. « Voulez-vous parler des sept Vanadis de Zhcted ? »

« Oui, c’est bien de celles-là dont je parle. Il semble que les forces ennemies sont menées par l’une des Vanadis. Même si elle n’a que seize ans, elle est invaincue, remportant victoire après victoire. Une excellente épéiste, elle se tient à la pointe de la bataille, abattant tout ce qui est devant elle. Elle est connue et crainte sous le surnom de Meltis, la “Danseuse de l’Épée” et de Silvfrahl, la “Princesse des Vents du Flash d’Argent”. »

Le Royaume de Zhcted était gouverné par un roi et les sept Vanadis.

Elle a le même âge que moi, pensa Tigre.

Tigre avait un sentiment inexplicable à propos de cet ennemi général qu’il n’avait encore jamais rencontré. Même s’ils avaient le même âge, et même si elle était une femme, elle avait beaucoup plus d’expérience de combat et avait accompli de nombreux exploits héroïques, et elle commandait une armée de cinq mille hommes.

Dans le Royaume de Brune, les femmes n’étaient pas autorisées à devenir chevalières, sauf celles qui étaient nées de la noblesse.

Jusqu’à présent, dans cette guerre, Tigre n’avait pas vu une seule femme chevalière. Mais à cause de cela, il se sentait excité à l’idée d’en voir une.

« Quel est son nom à cette Vanadis ? » demanda Tigre.

« Si ma mémoire ne me trompe pas, elle s’appelle Eleanor Viltaria. Les rumeurs disent qu’elle est une véritable beauté. Si l’on plaçait une précieuse pierre précieuse à côté d’elle, elle serait pâle en comparaison de cette femme, » répondit Mashas.

« Est-elle vraiment si belle que ça ? » demanda Tigre.

« C’est génial que tu sois heureux d’entendre parler de beautés, mais souviens-toi d’agir avec modération. Sinon, Titta deviendra jalouse, » la moustache grise de Mashas avait tremblé de rire après avoir dit ça.

« Pourquoi le nom de Titta a-t-il été mentionné ? » demanda Tigre d’un ton maussade. « Elle est seulement comme une sœur… »

« Depuis que vous êtes enfants, les personnes ont toujours dit que vous étiez tous les deux comme un grand frère paresseux et une petite sœur capable…, » répliqua Mashas.

Même s’il avait dit ça, Tigre ne pouvait pas faire une réfutation face à ça.

Tout en frottant ses cheveux roux, Tigre avait changé le sujet. « Si la Vanadis est vraiment aussi géniale que les rumeurs le disent, alors nous sommes tombés dans une bataille difficile, n’est-ce pas ? »

« C’est peut-être vrai, mais la différence de force militaire est tout simplement trop importante, » répondit le vieil homme. « Même avec un spécialiste de la guerre à leur tête, ils ne seraient probablement pas en mesure de surmonter cette disparité. »

Peu importe à quel point les Vanadis se battaient, elles ne pourraient pas compenser l’énorme différence de nombre.

Tigre aurait voulu exprimer son accord, mais pour une raison inconnue, il ne pouvait pas le faire. Il avait un sentiment d’inquiétude quant à une menace qui planait sur cette bataille. Dans la zone autour de la nuque, il avait alors ressenti une sensation comme s’il avait été brûlé. Ce n’était pas la première fois qu’il éprouvait ce genre de sentiment. C’était comme à l’époque où, alors qu’il chassait, il avait été entouré de loups à cause de son insouciance, ou lorsqu’il tombait sur des dragons alors qu’il était dans les montagnes.

Ou quand il s’était réveillé le matin et qu’il arborait une érection matinale, et que Titta était venue le réveiller comme elle l’avait toujours fait.

En tout cas, quand il avait ce genre de sentiment, quelque chose de mauvais allait se produire.

« Vous ne semblez pas trop fou de joie, » déclara Mashas.

Il semblerait qu’il avait affiché ses véritables sentiments sur son visage, car Mashas le regardait avec de l’inquiétude clairement visible dans ses yeux.

« Êtes-vous inquiet à propos de quelque chose ? Vous ne semblez pas avoir votre insouciante habituelle, » demanda Mashas.

« Quel moi insouciant ? » demanda Tigre qui n’était pas vraiment content. « N’y a-t-il pas d’autres façons de me décrire, comme imperturbable ? »

Mashas avait souri face à cette demande. « C’est bien, même si vous essayez de le balayer en utilisant un vocabulaire compliqué. Pour ma part, je me souviens comme si c’était hier du jour où vous avez succédé à Urs il y a deux ans. »

« Ai-je… déclaré quelque chose de spécial, ce jour-là ? » demanda Tigre.

Mashas répondit alors. « Quand les représentants des villes et des villages vous ont demandé comment gérer l’Alsace, ne leur avez-vous pas répondu avec un “Eh bien, ça marchera d’une façon ou d’une autre ?” Si ce n’est pas de l’insouciance, qu’est-ce que c’est ? »

Tigre n’avait rien répondu face à ça, il avait seulement baissé les épaules.

Cependant, Mashas ne s’était pas arrêté là. « Quand Urs était encore avec nous, il faisait toujours des éloges comme quoi vous étiez quelqu’un de “calme et inébranlable, mais un peu trop optimiste. Il fait de bons jugements et a un corps fort.” C’était exactement les mots d’un père qui approuve son fils, n’est-ce pas ? »

« Même si vous me dites ça, j’ai confiance quand à ma façon de faire les choses, » après que Mashas eut fini de parler, Tigre répondit à ses remarques.

C’était une vérité qu’aucun problème majeur n’avait eu lieu en Alsace.

Bien que lentement, leurs actifs avaient progressé à un rythme soutenu. Les représentants qui avaient été stupéfaits de sa déclaration désinvolte s’entendaient plutôt bien avec lui après ça.

« À part ces jours où vous allez chasser, êtes-vous capable de vous réveiller tout seul, sans l’aide de Titta ? » demanda Mashas.

« … Eh bien ! À propos de ça…, » commença Tigre.

« J’ai entendu dire par Titta que si vous avez deux ou trois jours de repos, vous attrapez votre arc et votre carquois et partez dans les forêts ou les montagnes pour aller chasser, » déclara Mashas.

Les épaules de Tigre s’affaissèrent dans son silence, il ne pouvait pas réfuter ce fait.

« Faites comme si je n’avais rien dit. C’est très bien que vous remplissez vos fonctions en tant que dirigeant, » continua Mashas. « Et ça, on peut le dire simplement en regardant leurs visages. »

Mashas regarda par-dessus ses épaules dans la direction des soldats qui les accompagnaient.

Leurs esprits combatifs étaient faibles par le simple fait qu’ils avaient été déployés à l’arrière, mais pas une seule personne n’avait exprimé son mécontentement ou sa colère à ce sujet.

« Tigre, notre travail est de ramener ces hommes à la maison en toute sécurité, et non à penser à la façon de gagner cette bataille. Je ne suis pas sûr de ce à quoi vous pensez, mais ne vous en faites pas trop pour tout ça, » déclara Mashas.

« Merci pour votre préoccupation, » Tigre avait exprimé sa gratitude.

C’était comme il l’avait dit : il était inutile de trop y penser. Bien que cela soit frustrant, ils n’avaient été appelés sur le champ de bataille que comme décorations pour le Prince royal. Personne ne s’attendait à ce qu’ils contribuent à la bataille, et Tigre ou Mashas n’attendaient de personne qu’ils fassent usage de leurs forces.

Quelques jours plus tard, Tigre et les autres étaient arrivés à Dinant.

La force principale de vingt mille hommes agissant comme l’avant-garde était alignée au pied de la colline. L’arrière-garde de cinq mille hommes était commandée par le prince Regnas et était en attente au sommet de la colline. Tigre et Mashas faisaient partie de l’arrière-garde.

En partant de ce seul fait, les chances d’avoir à entrer dans la mêlée étaient minuscules.

Notes

  • 1 Mashas : Prononcé « Mah-ss-ha-ss ».

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