Le Monde dans un Jeu Vidéo Otome est difficile pour la Populace – Tome 9 – Chapitre 9

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Chapitre 9 : Le destin de Zola et de sa progéniture

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Chapitre 9 : Le destin de Zola et de sa progéniture

Partie 1

Les épaules de Finley tremblaient à chaque respiration haletante. Son déchaînement l’avait complètement épuisée, et maintenant elle était couverte d’encore plus de sang. Je n’avais jamais été terrifié par ma petite sœur auparavant, mais maintenant ? Elle était pratiquement assoiffée de sang, comme une sorte de berserker alimenté par la bataille. Zola et Merce gisaient sur le sol, transpercés par d’affreuses blessures.

« Les petites sœurs font peur », avais-je marmonné.

« Ta sœur a l’étoffe d’une guerrière impressionnante », dit Luxon. « Cependant, elle sera plus indisciplinée à partir de maintenant. »

« Encore plus indiscipliné ? Peut-on faire plus indiscipliné que cela ? »

« Gardons cette discussion pour une autre fois. Plus important encore…, » le regard de Luxon se porta sur Zola. Rutart avait repris connaissance et rampait vers elle.

« M-Mère… »

Essayait-il d’aider sa mère ? Il s’est avéré que même les monstres de ce genre avaient des sentiments. Je ne faisais que surveiller ces trois-là jusqu’à ce que les troupes arrivent pour les appréhender.

« C’est faible, mais je sens une armure démoniaque… » La voix de Luxon était d’abord basse, mais quelques secondes plus tard, elle explosa. « Maître, Zola a un fragment de combinaison démoniaque sur elle ! »

« Quoi ? Tout le monde se replie ! Oscar, protège mes sœurs ! »

J’avais attrapé Finley et l’avais poussée en arrière, levant mon fusil pour viser Zola. Je pouvais distinguer quelque chose dans sa main. Le bord était tranchant, comme un morceau de verre brisé — quand Rutart s’approcha, elle la planta dans son cou.

Rutart la regarda fixement. « Mère… Pourquoi ? »

Zola me jeta un coup d’œil et poussa un cri de triomphe. « Tu as baissé ta garde ! » Ses yeux se tournèrent à nouveau vers Rutart. « Mon fils, tu n’étais qu’un inutile gâchis d’espace, mais au moins tu pourras être utile à ta mère avant de mourir. Je vais m’enfuir pendant que tu les combattras. »

Zola se releva péniblement. Tandis que son fils souffrait de l’éclat qu’elle lui avait planté, elle ne pensait qu’à sa propre fuite.

Merce se leva à son tour. Elle se passa la main sur le visage, me regardant par la fente entre ses doigts. « Je vous tuerai. Je vous jure que je reviendrai un jour ou l’autre et que je vous tuerai tous ! » Elle allait s’enfuir comme sa mère.

Rutart tendit une main vers elle, l’attrapant par la cheville. « Aide-moi… Merce… »

Merce lui donna un coup de pied. « Lâche-moi, imbécile ! »

Les deux femmes se précipitèrent vers la sortie, abandonnant Rutart. Alors qu’il les regardait partir, il éclata d’un rire maniaque. De nombreux yeux réalistes se manifestèrent dans son dos. L’armure démoniaque commença à le consumer, allongeant ses jambes et ses bras en pointes acérées, tandis qu’une énorme bouche lui fendait l’estomac. Il était incapable de conserver sa forme humaine une fois la corruption commencée. En quelques secondes, il était devenu un monstre.

« Rutart… » J’avais commencé à parler avant de décharger toutes mes balles sur lui. Une fois mon chargeur vide, je l’avas rapidement remplacé.

Rutart ne m’avait pas prêté la moindre attention. Tout son corps était tourné vers sa famille en fuite. Lorsqu’elles comprirent qu’il les visait, elles s’étaient effondrées de peur sur le sol.

« N’approche pas ! »

« Va par là ! L’ennemi est là-bas ! »

Le cou de Rutart commença à s’allonger. Un sourire inquiétant se dessina sur ses lèvres. « Vous avez l’air… délicieusee. » Son corps entier était maintenant grossi. Il s’était jeté sur sa famille. Pendant qu’il s’occupait d’elles, je me tournai vers mes sœurs et Oscar.

« On se tire d’ici ! » leur dis-je en les forçant tous les trois à me suivre. Nous nous étions précipités vers les escaliers pour sortir de la cave. Des cris de femmes résonnaient derrière nous, ainsi que d’autres sons horribles que j’aurais préféré ne pas entendre du tout.

« Qu’est-ce que c’est que cette créature ? » cria Finley.

Oscar portait Jenna dans ses bras comme une princesse alors qu’il courait derrière moi. « Je n’en ai certainement pas la moindre idée ! »

« Dépêchez-vous, les gars ! » dit Jenna, tout en profitant de l’occasion pour se rapprocher d’Oscar.

Nous avions atteint le dernier étage avant de nous précipiter hors du bâtiment. La lumière commençait à colorer le ciel, la nuit cédait la place à l’aube.

« Luxon, qu’en est-il de Rutart ? » demandai-je.

La lentille rouge de Luxon brilla. « Il est sorti des souterrains. » Il avait à peine fini de parler que le bâtiment derrière nous s’écroulait en poussière et que la forme monstrueuse de Rutart émergeait. Il ne restait plus aucune trace de l’homme qu’il avait été. « Rutart » désignait désormais une masse de chair avec une bouche et cinq tentacules dépassant de son corps. Il se lécha les babines en nous voyant.

J’avais frémi. « Oscar, emmène ces deux-là avec toi ! Sors d’ici ! »

« D’accord ! » Il prit Jenna dans ses bras. Avec Finley à ses côtés, ils coururent tous les trois pour se mettre à l’abri.

L’attention de Rutart se concentra sur moi. Ses lèvres monstrueuses s’entrouvrirent et j’imaginais sa voix s’érailler :" C’est à moi. Ton statut, ta richesse, ton pouvoir… tout cela. » Puis il commença à s’approcher.

« Il doit s’agir d’une manifestation de sa jalousie à ton égard, Maître », fournit Luxon en guise d’explication. « Il pensait avoir droit à ton statut de noble, à tous tes biens, et aussi à mon pouvoir. Il est vraiment incorrigible. »

« Comme tu l’as dit. »

J’esquivais les attaques des tentacules de Rutart tout en tirant sur lui avec mon fusil. Chaque coup faisait éclater sa peau. Lorsque je faisais exploser l’un de ses tentacules, il se mettait à tituber. Il avait atteint une taille de plus de quatre mètres à ce stade, et son déchaînement a décimé les bâtiments environnants. Des débris et de la poussière s’étaient éparpillés partout.

« J’ai un peu d’empathie pour toi, alors je vais faire vite », dis-je en visant à nouveau avec mon fusil. Rutart se jeta en l’air, avec l’intention de m’écraser puis de me consumer. Je m’esquivai aussitôt.

Rutart s’écria : « Tout est à moi ! Tout ce que tu as est à moi ! Tout ! Même ces trois poussins ! »

J’avais tiré sur lui, énervé par les conneries qu’il débitait — en particulier la dernière partie. Je ne lui avais pas tiré une seule balle, mais tout le chargeur. Chaque balle avait détaché un autre morceau de son corps jusqu’à ce qu’il ait disparu en grande partie.

« Gaaaaah ! » Il se tordit de douleur, gémissant. Un liquide noir jaillissait de son corps. Bientôt, son corps s’immobilisa.

« C’est fini », avais-je dit.

« As-tu perdu ton sang-froid parce qu’il a dit qu’il éloignerait Anjelica et les autres filles de toi ? » demande Luxon avec dédain.

« Tais-toi. »

« Si de telles menaces te mettent en colère, puis-je te conseiller de t’abstenir de faire des avances à Mylène en leur présence ? »

« Je te l’ai déjà dit, j’ai dit ça pour la rassurer. »

« Ce qui ne serait pas un problème si tu ne flirtais pas régulièrement avec elle. Mais, tes indiscrétions mises à part, il semble que cette affaire soit arrivée à son terme. »

« Heeeey ! » La voix de Greg retentit au loin. Il était à l’arrière de la moto aérienne de Jilk. J’avais également aperçu Chris dans son armure et Einhorn dans le ciel. Apparemment, ils avaient tous terminé leur mission.

Rutart avait complètement disparu. La seule trace qu’il avait laissée était le fragment de l’armure démoniaque.

« Où ont-ils bien pu trouver quelque chose comme ça ? » me suis-je demandé à haute voix.

« Le coupable le plus probable serait le Saint Royaume de Rachel. Mais passons…, » Luxon envoya un signal à son corps principal, qui projeta un laser qui détruisit complètement le fragment devant nous. « Voilà, c’est beaucoup mieux. »

« Je vois que tu ne changeras jamais. »

J’avais jeté un coup d’œil au-dessus de nous. L’énorme vaisseau de Luxon se fondait dans le paysage grâce à sa technologie d’occultation. Je ne l’avais remarqué que parce que je savais où regarder et que je pouvais voir qu’il y avait une distorsion à peine perceptible autour de lui. Pour les autres, le ciel semblait parfaitement normal.

J’avais posé mon fusil sur mon épaule. « On dirait que les autres armures démoniaques ne sont pas une menace réelle, à l’exception de Hering. Cela nous rappelle à quel point le Chevalier noir était terrifiant, tu ne crois pas ? »

« La taille du fragment entre également en ligne de compte, mais je pense que la compétence au combat de l’utilisateur a une influence majeure », théorisa Luxon.

« Donc en fait, puisque Rutart était faible au départ, il est resté chétif même après être passé en mode monstre grâce à la puissance du fragment ? »

« Tel est le prix à payer lorsqu’on tente d’exercer un pouvoir qui dépasse de loin ses capacités. Cela dit, c’est une erreur pour un humain de se fier aux armures démoniaques. »

Le prix à payer… ? Alors, quel prix ai-je payé pour mettre la main sur Luxon ? Ou ne l’ai-je pas encore payé ? Rester sur cette inquiétude ne m’apporterait rien de bon, décidai-je. Ce n’était pas mon genre de réfléchir à ces vagues éventualités.

 

☆☆☆

 

« Tu m’as piégé, Roland ! »

Roland était assis sur son trône dans la salle d’audience royale, une jambe croisée sur l’autre. J’avais monté les marches et j’avais saisi le col de sa chemise. J’avais cru tout ce temps qu’il était à l’article de la mort, et pourtant, dès que tout ce bazar avait été éclairci, il s’était présenté en pleine forme. On aurait dit qu’il n’avait jamais été empoisonné !

Roland semblait s’amuser malgré la façon dont je le malmenais. « Et moi qui m’apprêtais à te décerner des honneurs pour tes actes, ton comportement actuel frise le blasphème. Heureusement pour toi, je suis de bonne humeur aujourd’hui. Je passerai outre cette transgression. »

Comme il l’avait mentionné, une cérémonie de remise de prix avait lieu au palais, ce qui expliquait la présence d’autres aristocrates et soldats dans la salle d’audience pour recevoir leur dû. Comme moi, ils avaient été stupéfaits de voir Roland arriver en pleine forme, alors qu’il n’était pas en pleine forme auparavant.

Les autres membres de la famille royale n’étaient pas moins choqués. Mlle Mylène se couvriait la bouche des deux mains, tandis que Julian et Jake ricanaient, comme pour dire : « Oui, je me doutais bien que ça se passerait comme ça ». Tous deux pensaient que Roland était trop têtu pour mourir. Comme un cafard. (D’accord, ils ne le voyaient probablement pas comme ça, mais moi, je le voyais comme ça).

Le ministre Bernard avait un regard vide, comme s’il avait dépassé le stade du choc et que tout était fini.

« Tu es en train de me dire que toute la partie où tu as frôlé la mort après avoir été empoisonné était un mensonge ? », avais-je demandé.

« Imbécile. Il est vrai que j’ai été empoisonné, et il est vrai aussi que ma santé s’en est ressentie. Mais, curieusement, je me suis immédiatement rétabli une fois l’affaire réglée. Cela m’a fait de la peine, bien sûr, sachant à quel point vous avez tous travaillé dur en mon absence. »

Son mensonge éhonté m’avait encore plus énervé.

« Sois honnête… tu m’as piégé », avais-je grogné.

« Permets-moi de te donner une leçon que je te conseille de garder près du cœur, morveux : c’est la faute des crédules de se faire piéger si facilement, pas celle de l’auteur de la tromperie. Néanmoins, je dois t’accorder une certaine reconnaissance pour ton dévouement. Je reconnais par la présente tes accomplissements dans l’expulsion des éléments radicaux qui se cachent dans la capitale et pour avoir mis fin aux ambitions malveillantes de Rachel. »

Des perles de sueur froide coulaient le long de mon dos. J’avais un mauvais pressentiment sur la tournure des événements. « Arrête-toi là », avais-je dit d’une voix tremblante.

« Je ne peux pas accéder à une telle demande, je le crains. À partir de maintenant, je te nomme Duc Bartfort ! »

« Qu’est-ce que tu as dit ? »

J’avais été si stupide. J’étais tellement persuadé qu’aucune autre promotion n’était à prévoir. Aujourd’hui, j’étais encore plus haut placé qu’auparavant.

Roland écarta ma main de son col et se leva de son trône. « Réjouis-toi, morveux ! Le Saint Royaume de Rachel est furieux que tu aies vaincu son saint chevalier. La prime sur ta tête est passée à l’équivalent de 10 millions de dia ! Une telle somme est inconnue dans les pays voisins. C’est incroyable ! Tu es tristement célèbre ! »

Dix millions de dia, c’était l’équivalent de 100 millions de yens. Apparemment, Rachel avait doublé le prix de ma tête dès qu’il avait appris l’échec de son projet.

« Je n’arrive pas à y croire… A ce point… ? » Roland souriait comme un imbécile en faisant cette révélation, attisant le feu du dégoût dans mon estomac à de nouveaux sommets. Je reculai de quelques pas chancelants.

Roland s’était approché de moi pour poser une main sur mon épaule. Il s’était ensuite penché vers mon oreille et avait chuchoté : « Bon travail de nettoyage de ce désordre ennuyeux. Qu’est-ce que ça fait de monter encore plus haut dans la hiérarchie, de se tenir côte à côte avec la Maison Redgrave ? J’aimerais bien savoir ce que tu en penses. »

« C’est écœurant », j’avais craqué en lui lançant un regard noir.

Son sourire s’élargit encore. « En t’entendant dire cela, tout cet affreux calvaire en valait la peine. »

Toutes les autres personnes présentes dans la salle regardaient Roland d’un air perplexe. Pendant ce temps, je jurais de me venger. Si c’était la dernière chose que je faisais, je réglerais le problème.

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Partie 2

« Roland est mon ennemi. »

Une fois la cérémonie terminée, je m’étais retiré dans une antichambre, où je m’étais jeté sur une chaise, courbant le dos. Je restai là, à réfléchir à la manière dont je pourrais me venger.

Le sourire de Livia était troublé. « Monsieur Léon, je crains que tu sois probablement la seule personne à avoir le culot de traiter Sa Majesté d’ennemie. »

« Crois-moi, beaucoup de gens le détestent. Ils parlent tous derrière son dos. »

Ce bâtard de rat m’avait refilé tout le travail pénible pendant qu’il profitait d’un moment de répit. Lorsque tous les autres avaient appris la vérité, ils avaient eu des regards amers. Le visage impassible de Mlle Mylène ne s’était jamais démenti, mais ses yeux étaient d’une froideur arctique lorsqu’elle lança un regard noir à Roland. Sa Majesté était parfaite en tous points, à l’exception d’un défaut flagrant : son mari.

Noëlle était assise sur une chaise voisine, tournée vers l’arrière et serrée contre le dossier. Elle s’esclaffa devant mon expression méprisante. « Peut-être que tu ne veux pas entendre ça, mais voir comment tu te comportes avec le roi et que tu t’en sors prouve à quel point tu es précieux pour le royaume. »

« Oui, et grâce à cela, je suis un duc maintenant. J’ai le même rang que la famille d’Anjie. Où est-ce que j’ai si mal tourné dans la vie pour finir duc ? » Je regardais distraitement par la fenêtre.

Noëlle haussa les épaules. « Est-ce vraiment si terrible de monter en grade ? Tu as déjà grimpé assez haut. Ça ne peut pas être très différent, n’est-ce pas ? »

« Il y a une énorme différence entre être un duc et un marquis ! » aboyai-je, avant de me raviser. « Euh. Je veux dire, je suis sûr qu’il y en a une. N’est-ce pas ? »

Anjie se tenait près du mur, les bras croisés sur la poitrine. Lorsque j’avais cherché de l’aide auprès d’elle, elle m’avait expliqué : « En effet, la différence n’est pas négligeable. Parmi les seigneurs régionaux du royaume de Hohlfahrt, seuls trois sont des maisons ducales. L’une est celle des Redgrave, ma maison, et l’autre est la maison Fanoss, autrefois considérée comme la famille royale de la Principauté. Et maintenant, les Bartfort rejoignent leurs rangs. Permets-moi d’insister sur ce point : Tu es désormais l’une des trois seules maisons ducales. »

Le seul titre supérieur à celui de duc est celui d’archiduc, qui était en quelque sorte le roi de son propre domaine. Personne dans le royaume de Hohlfahrt ne portait actuellement ce titre. Mon dernier titre n’était accordé qu’à une extrême minorité au sein du royaume.

Je m’étais pris la tête dans les mains. « C’est trop cruel. J’ai travaillé si dur, et il se retourne et m’impose une responsabilité encore plus grande ? C’est un démon. »

Les lèvres d’Anjie se crispèrent. « On peut dire que tu as été promu parce que tu as fait beaucoup de travail. D’ailleurs, tu as dépassé les bornes. Quel est l’intérêt de montrer les capacités de Luxon comme ça ? »

Tous les regards se tournèrent vers Luxon. Avec une grande lassitude, il déclara : « C’est votre erreur de penser que le Maître a une grande capacité de réflexion dans ses actions. Sa folie, dans ce cas, a été de tout mettre en œuvre après avoir vu à quel point Roland était émacié — il a supposé qu’il s’agissait de son dernier souhait sur son lit de mort. »

« Ne me dis pas que tu savais que Roland allait bien et qu’il faisait semblant », avais-je répondu.

« Non. Il a été véritablement empoisonné. »

« Hein ? »

 

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Tandis que Léon était occupé à se morfondre sur son nouveau poste, Roland se retira dans sa chambre pour boire un peu d’alcool.

« Tu as vu la tête de ce morveux, Fred ! Gah ! Aah ! L’alcool d’aujourd’hui est meilleur que jamais ! »

Fred, l’homme chargé de concocter le poison utilisé sur le roi, sirotait avec lui. Curieux, non ? Pourquoi ces deux hommes se retrouveraient-ils si tôt dans l’après-midi pour trinquer ? En fait, il y avait une bonne raison à cela.

« Je ne veux plus jamais faire une chose pareille ! » Fred hurla sur Roland, en larmes. « J’ai sérieusement douté de ta santé mentale quand tu m’as dit de préparer ce poison et de le donner à cette fille. » Il suivait les ordres de Roland depuis le début.

Roland contempla le liquide ambré dans son verre, se félicitant du succès de leur stratégie. « Et quel poison incroyable ! J’ai réussi à tromper la vigilance de ce morveux et j’ai pu me prélasser au lit, évitant ainsi les retombées de tout ce gâchis ! »

Le roi avait prédit très tôt ce qui allait se passer et avait utilisé son ami Fred pour manipuler l’ennemi. Il avait bu le poison de sa propre volonté afin de pouvoir rejeter la responsabilité de cette affaire sur Léon.

« Je me demandais si tu allais vraiment t’en remettre et t’en sortir vivant ! » Fred avala son verre d’un trait, comme s’il voulait noyer son chagrin. Lorsqu’il fut vide, Roland le lui remplit à nouveau.

« Eh bien, ce n’est que le début, et notre succès ici garantit que nous avons franchi la première étape de notre plan. Je t’en suis reconnaissant, Fred. »

Fred n’avait pas l’air très content malgré le compliment. « Encore des magouilles ? On dirait que tu ne te lasses jamais de ces bêtises. »

Roland sourit. « C’est un plan pour mettre fin à tous les plans, je te l’assure. Les choses sont devenues de plus en plus inquiétantes ici ces derniers temps. Au moins, je m’assurerai que ce morveux travaille encore plus pour moi à l’avenir. »

Quelles que soient les machinations qu’il avait en réserve, elles tournaient autour de Léon.

 

☆☆☆

 

Marie arpenta l’un des couloirs de l’académie, la tête haute. Creare la suivait de près, tandis qu’Erica marche à ses côtés.

« Il semblerait que nous ayons réussi à traverser cet incident sans encombre », déclara Marie.

« Oui, » acquiesce Creare. « Et comme d’habitude, le maître a obtenu une autre promotion qu’il ne voulait pas. »

« Il est tellement bête. Il devrait en être heureux. Qu’est-ce que c’est que cette histoire de ne pas vouloir être plus haut placé ? Je ne comprends pas ce qu’il trouve de si terrible à cela. »

« Le maître dit qu’il ne sait pas non plus d’où tu viens, Rie. Vous vous ressemblez tellement. C’est un plaisir de vous observer. »

« Argh. Pardonne-moi, mais ce n’est pas très flatteur d’entendre que nous nous ressemblons. » Marie fronça les sourcils.

Erica souriait à leur échange, semblant l’apprécier. Son affection mettait Marie un peu mal à l’aise. Argh, comment suis-je censée lui parler ? Elle a l’air beaucoup plus jeune que moi, mais à l’intérieur, elle est encore plus âgée que moi.

Elles avaient en commun d’être arrivées d’un monde différent, mais la maturité d’Erica avait creusé un fossé entre elles que Marie n’avait pas pu franchir.

Creare observa les deux filles, l’air aussi amusé qu’une IA pouvait l’être. « C’est incroyable que Rica soit venu d’un autre monde comme tu l’as fait. Il y en a des tonnes comme vous, hein ? Je me demande s’il n’y a pas une sorte de règle universelle en jeu ici… Il faudra bien que vous me laissiez vous examiner attentivement à un moment ou à un autre. »

Marie jeta un coup d’œil à son enthousiaste compagnon robot. » Tu donnes un surnom à la princesse maintenant ? »

« Cette histoire de hiérarchie royale n’a pas d’importance pour moi. »

Erica se força à sourire. « Quand le temps le permettra, je suppose que vous pourrez faire votre examen. »

« Vraiment ! Super ! »

« Grand Frère t’a grondé pour ce genre de choses très récemment, ou tu as oublié ? » Marie lui fit un signe du doigt. « Si tu tentes quelque chose de problématique, il risque de te démonter complètement cette fois-ci. »

« Je vais faire un examen détaillé ! C’est tout. D’ailleurs, l’aboiement du maître est bien pire que sa morsure. »

Erica regarda les deux se chamailler, son intérêt piqué par la mention de Léon. « Quel genre de personne est le duc ? »

La façon dont elle inclina la tête rappelait à Marie sa fille, et sa poitrine se serra. C’est vrai. Elle faisait ça tout le temps…

Après un moment d’hésitation, elle répondit : « Eh bien, je suppose qu’il est gentil. Ou plutôt naïf ? C’est un grand frère génial tant qu’il danse à mon rythme, mais une fois qu’il s’enfonce, il n’y a plus moyen de le sauver. J’ai dû faire face à des choses assez horribles à cause de lui. »

« Oui, le maître a donné beaucoup de fil à retordre à Rie. À de nombreuses reprises. »

« Oh, tais-toi », grommela Marie, irritée par ce commentaire injustifié. « Quoi qu’il en soit, mon frère et moi avons tous deux joué à ce jeu vidéo otome lorsque nous étions vivants, et après notre mort, nous nous sommes réveillés ici. C’est la même chose pour toi, je suppose ? »

« Oui, même si je n’ai joué qu’au troisième volet. »

« Le deuxième jeu est le seul que j’ai vraiment joué du début à la fin. Le premier était si difficile que j’ai forcé mon grand frère à le terminer. Mais cet idiot a passé une nuit blanche à le jouer, a fait une mauvaise chute dans les escaliers et a fini par mourir. Sérieusement, quel idiot ! » Marie avait beau se moquer de Léon pour la façon stupide dont il était mort, son expression était sombre lorsqu’elle raconta les détails. Elle regrettait le rôle qu’elle avait joué dans sa mort.

Erica perçut les véritables sentiments de Marie. « Tu devais adorer ton grand frère. »

« Quoi ? Tu écoutais au moins ? C’est un gros con ! Entre ce monde et le précédent, je n’arrive pas à m’en débarrasser. »

« Mais tu as toujours regretté ce que tu lui as fait, n’est-ce pas ? Tu as l’impression d’avoir créé les circonstances qui ont conduit à sa mort », observa Erica.

« Eh bien, je… »

« De mon point de vue, vous avez l’air d’être des frères et sœurs très proches. »

« Nous ne sommes plus parents ! » Le fait que l’on ait souligné sa relation étroite avec Léon troubla Marie, et comme elle n’avait pas d’autre moyen de gérer ses émotions, elle nia catégoriquement l’affirmation d’Erica. Non pas que son refus ait un sens lorsqu’elle y réfléchit. Elle se mit à bouder.

Erica, quant à elle, semblait heureuse d’avoir confirmé ses soupçons. « La façon dont tu exprimes ta colère n’a pas changé. »

« Qu’est-ce que tu racontes ? » Marie lui lança un regard noir. Elle n’apprécie pas la façon dont Erica parlait, comme si elles se connaissaient depuis des années.

Erica s’arrêta brièvement tandis que Marie continuait à faire quelques pas de plus sans s’en apercevoir. « Ce que je veux dire… c’est que je suis heureuse de voir que tu vas si bien, maman. »

Marie s’était figée, incapable de comprendre les mots qu’elle entendait. Elle se retourna. En scrutant Erica, elle réalisa enfin ce qui lui trottait dans la tête depuis leur rencontre. En temps normal, elle aurait balayé Érica d’un regard agacé, mais au lieu de cela, elle sentit des larmes chaudes couler sur ses joues.

« Tu dois te moquer de moi. »

Erica secoua la tête, ses longs cheveux ondulés dansant avec le mouvement. « Tu es la même que dans mes souvenirs. Gentille, mais le genre de fille qui s’emporte facilement. Je m’en doutais au début, mais je ne pouvais pas en être sûre. Ce n’est que lorsque je t’ai entendu parler de ton frère — ou plutôt de mon oncle — que j’ai su que c’était toi. »

Les circonstances entourant la mort de Léon étaient trop uniques pour qu’il s’agisse de quelqu’un d’autre.

Marie s’était mis la main sur la bouche, essayant d’étouffer ses larmes. Elle ne se souvenait même plus du nom de sa fille, mais elle la voyait dans le visage d’Erica. « Comment as-tu… »

Comment l’as-tu su ? était la question qui restait en suspens sur ses lèvres, mais sa voix refusait obstinément de terminer la phrase.

 

 

« J’avais un pressentiment depuis très longtemps. La nouvelle concernant la fausse Sainte et le baron Bartfort — ou plutôt le duc Bartfort — est parvenue au palais il y a quelque temps. Les détails que j’ai découverts m’ont fait penser à vous. Lorsque nous nous sommes rencontrés, j’ai remarqué que tu avais les mêmes manies que celles que j’avais reconnues chez elle. »

Marie se jeta sur Erica et l’entoura de ses bras. « Tu aurais dû le dire plus tôt ! Je n’ai pas… ! » Elle s’accrocha à sa fille et se mit à sangloter.

Erica l’enlaça tendrement. « Je suis désolée, maman. » Elle avait l’air ironique d’un parent qui réconfortait son enfant inconsolable.

Creare tourna autour des deux, gazouillant, « Rie ressemble beaucoup plus à l’enfant ici ! »

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Claramiel

Bonjour, Alors que dire sur moi, Je suis Clarisse.

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